
PRÉFACE
La finance est un élément indispensable de l’économie: elle permet le développement
des entreprises, des PME et start- ups aux entreprises du CAC 40, et leur offre égale-
ment la possibilité de couvrir leurs risques. Elle intermédie entre des épargnants peu
informés et les emprunteurs. Enfin, elle participe à une réallocation des fonds dispo-
nibles vers les entreprises qui feront le meilleur usage de ces fonds.
Les crises bancaires et souveraines en cours depuis six ans amènent de
nombreux observateurs à s’interroger sur la rationalité des marchés financiers et
de leurs participants et plus généralement à remettre en cause la finance. De nom-
breuses observations anciennes ou récentes, sous- tendent cette vision: fluctuations
rapides des prix des actions et des produits de taux, gel soudain de marchés finan-
ciers jusque- là très actifs, bulles immobilières, forte volatilité des taux de change ou
des spreads souverains, faillites bancaires, larges profits et rémunérations récemment
observés sur les marchés financiers (en particulier aux États- Unis), et enfin et sur-
tout conséquences catastrophiques des crises bancaires et souveraines sur des écono-
mies entières. Auregard de telles observations, pouvons- nous toujours faire reposer
nos politiques économiques sur une analyse économique de la finance basée en par-
tie (mais pas uniquement) sur une présomption de rationalité des acteursdes marchés
financiers ?
Le vieux débat entre une croyance forte en l’efficacité des marchés financiers
et une vision d’irrationalité de ces marchés est aujourd’hui dépassé. Il est maintenant
admis que l’hypothèse de rationalité est un bon point de départ pour l’analyse des mar-
chés financiers, mais qu’elle doit être enrichie pour arriver à une bonne compréhen-
sion des phénomènes observés. La frontière a été abolie en faveur d’une vision plus
fine du fonctionnement des marchés et institutions financières basée sur les écarts des
prix des actifs par rapport à leur valeur fondamentale (par exemple du fait de l’exis-
tence de bulles), les coûts d’information, les problèmes d’agence et d’occasionnels
biais cognitifs.
Indispensable à un bon fonctionnement de l’économie, la finance peut deve-
nir dysfonctionnelle. Les impacts de crises bancaires sur les investisseurs individuels,
sur les entreprises–notamment les PME–dépendantes de l’intermédiation financière
pour leur financement, et sur les finances publiques justifient la surveillance par les
autorités publiques d’un sous- ensemble des établissements financiers.