Prise en charge des complications infectieuses de la maladie

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M ini-revue
Management of colonic
diverticular disease
infectious complications
Richard Douard, Philippe Wind
^pital Avicenne
Ho
service de chirurgie g
enerale et digestive,
125, rue de Stalingrad,
93006 Bobigny ;
UFR SMBH,
Universit
e Paris XIII,
Bobigny
e-mail : <[email protected]>
sume
Re
La maladie diverticulaire serait dans les pays d
evelopp
es li
ee au r
egime pauvre en
fibres. C’est un enjeu de sant
e publique, puisque la fr
equence de la diverticulose
colique augmente avec l’^
age et atteint une fr
equence de plus de 60 % a l’^age de
80 ans dans la population g
en
erale. La maladie diverticulaire touche le sigmoı̈de
dans plus de 90 % des cas. Les complications infectieuses sont les plus
fr
equentes et rev^
etent divers tableaux depuis la diverticulite non compliqu
ee
jusqu’
a la p
eritonite stercorale. Le traitement a vis
ee curative des pouss
ees non
compliqu
ees repose sur le traitement antibiotique. Celui des pouss
ees compliqu
ees peut associer au traitement m
edical un drainage radiologique ou justifier
une intervention chirurgicale en urgence en cas de p
eritonite. La voie d’abord
laparoscopique a et
e r
ecemment d
evelopp
ee pour traiter les p
eritonites
diverticulaires non stercorales chez des malades immunocomp
etents. Sa place
r
eelle reste a d
efinir. L’intervention de Hartmann reste la r
ef
erence dans la
p
eritonite stercorale et lorsque les conditions ne sont pas favorables. Une
meilleure connaissance de l’histoire de la maladie a permis de remettre en cause
les indications de chirurgie prophylactique a distance de plusieurs pouss
ees de
diverticulite. En effet, les pouss
ees graves sont inaugurales, les pouss
ees
equence faible et une mortalit
e comparable a celle de la
ulterieures ont une fr
chirurgie prophylactique. Les malades transplant
es, immunod
eprim
es ou devant
prendre des traitements qui augmentent le risque de perforation (AINS,
corticoı̈des. . .) pourraient n
ecessiter une r
esection sigmoı̈dienne prophylactique
m^
eme si le b
en
efice de cette attitude n’a pas et
e d
emontr
e. La chirurgie a
distance des pouss
ees a maintenant pour but de traiter les complications de la
maladie (fistule, st
enose symptomatique), en cas de doute diagnostique avec un
cancer colique ou d’exceptionnelles pouss
ees it
eratives invalidantes par leur
fr
equence. La laparoscopie est la voie d’abord privil
egi
ee dans les sigmoı̈dectomies r
ealis
ees a distance des pouss
ees.
s : diverticule colique, diverticulite, peritonite, sigmoı̈dectomie, traitement, lavage
n Mots cle
peritoneal laparoscopique
Abstract
Diverticular disease is due to the low fiber diet in developed countries. This is a
public health issue since the frequency of diverticular disease increases with age
and reached a frequency of more than 60% at the age of 80 years in the general
population. Diverticular disease affects the sigmoid colon in 90% of cases.
Infectious complications are the most frequent with various presentations from
the uncomplicated diverticulitis to faecal peritonitis. Curative treatment of
uncomplicated diverticulitis is based on antibiotic treatment. The treatment of
complicated diverticulitis may involve medical treatment associated to a
radiological drainage or to emergency surgery especially in cases of peritonitis.
HEPATO GASTRO
et Oncologie digestive
y
doi: 10.1684/hpg.2012.0737
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017.
Prise en charge des
complications infectieuses
de la maladie diverticulaire
Tir
es-
a-part : R. Douard
Pour citer cet article : Douard R, Wind P. Prise en charge des complications infectieuses de la
maladie diverticulaire. Hepato Gastro 2012 ; 19 : 419-425. doi : 10.1684/hpg.2012.0737
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 6, juin 2012
419
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017.
The laparoscopic approach has been recently developed to treat non-faecal
peritonitis in immunocompetent patients. The real place of this new technique
remains to be defined. The Hartmann procedure is the procedure of choice in the
fecal peritonitis and when conditions are not favourable. A better understanding
of the history of the disease has led to question the indications for prophylactic
surgery after several bouts of diverticulitis. Indeed, complicated diverticulitis are
inaugural, diverticulitis recurrence have a low frequency and a low mortality,
which is comparable to that of prophylactic surgery. Transplant patients,
immunocompromised patients or patients who need treatments that increase
the risk of perforation (NSAID, steroids...) may be proposed for prophylactic
sigmoid resection even if the benefit of this approach has not been
demonstrated. Elective surgery for diverticular disease is now intented to treat
complications (fistula, symptomatic stenosis), persistent diagnostic doubt with
colon cancer) or for rare patients having recurrent and disabling bouts of
diverticulitis. Laparoscopy is the preferred surgical approach in elective
sigmoidectomies.
n Key words: colon diverticular disease, diverticulitis, peritonitis, sigmoidectomy, treatment,
laparoscopic peritoneal lavage
el proble
me
a maladie diverticulaire pose un re
de sante publique en raison de sa grande frequence
qui augmente avec l’^
age et atteint plus de 60 % de la
population de plus de 80 ans [1]. C’est une maladie de
civilisation liee a la modification des habitudes alimentaires
dans les pays developp
es, qui touche principalement le
^lon gauche dans les pays occidentaux et le co
^lon droit
co
dans les pays asiatiques [2].
L
‘‘
La maladie diverticulaire pose un réel
problème de santé publique en raison de sa
grande fréquence qui augmente avec l’âge
’’
Généralités, histoire de la maladie
Plus de 99 % des malades atteints de diverticulose ont une
atteinte du sigmoı̈de [3]. Cette atteinte est responsable de
^mes qu’il est difficile de diff
sympto
erencier d’une colopathie fonctionnelle et de complications infectieuses et
hemorragiques. La complication infectieuse la plus courante est la diverticulite sigmoı̈dienne. La prise en charge
des poussees de diverticulite non compliqu
ees est domin
ee
par le traitement m
edical, alors que les p
eritonites d’origine
diverticulaire requi
erent un traitement chirurgical. Depuis
1969 et les travaux de Parks [4], la chirurgie prophylactique
de la maladie diverticulaire etait d
efendue chez les malades
ayant eu plusieurs pouss
ees ou une pouss
ee s
ev
ere
pour prevenir la survenue de nouvelles pouss
ees r
eput
ees
moins sensibles au traitement m
edical. Il etait consid
er
e
que le risque de recidive apres une premiere pouss
ee
de sigmoı̈dite etait de 20 % et apr
es deux pouss
ees
de 40 %. Les pouss
ees s
ev
eres etaient r
eput
ees r
ecidiver
dans pres de 40 % des cas [5]. Cette attitude avait
inspire les recommandations notamment am
ericaines et
420
cemment, une meilleure connaissance
françaises [4-7]. Re
de la maladie a permis de remettre en cause le bien-fond
e
des indications prophylactiques, ce qui entraı̂ne un certain
d
ecalage entre les recommandations professionnelles et les
donn
ees scientifiques actuelles.
Le but de la pr
esente revue est de faire le point sur la prise
en charge curative et pr
eventive des pouss
ees de
diverticulites et de leurs complications a la lumi
ere des
donn
ees r
ecentes de la litt
erature.
Les connaissances sur l’histoire de la maladie
ont beaucoup évolué
Un diverticule colique est une hernie de la muqueuse a
travers la paroi colique au niveau des points de faiblesse
que constitue le passage des vaisseaux dans la musculeuse
[8]. Une hyperpression dans la lumi
ere colique en serait la
cause [8], favoris
ee par les habitudes alimentaires des pays
d
evelopp
es, c’est-
a-dire un r
egime riche en viande rouge et
pauvre en fibres [9]. Les complications infectieuses
appel
ees diverticulites touchent 25 % des malades porteurs d’une diverticulose colique [8]. Ces pouss
ees seraient
dues a l’obstruction d’un diverticule par impaction de
selles. Du fait de la s
ecr
etion de mucus au sein du
diverticule obtur
e, l’augmentation de la pression produirait
une ulc
eration, une isch
emie locale voire une perforation
de la muqueuse diverticulaire. La prise de corticost
eroı̈des
(OR 2,74), d’AINS (RR 2,97) et d’antalgiques opiac
es (OR
2,16) sont des facteurs de risque d
emontr
es de perforation
diverticulaire [10]. Le tabac a aussi et
e evoqu
e comme
facteur de risque de diverticulite compliqu
ee [11].
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 6, juin 2012
Diverticulite colique
‘‘ ’’
Les diverticulites touchent 25 %
des malades porteurs d’une diverticulose
colique
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fendu, Le dogme, longtemps de
etait que les pouss
ees
successives etaient de moins en moins sensibles au
traitement medical et de plus en plus compliqu
ees [4] ce
qui legitimait les r
esections chirurgicales prophylactiques.
la lumiere de la litt
A
erature r
ecente, l’histoire de la maladie
est differente de ce qui avait et
e rapport
e initialement.
Plusieurs faits marquants sont maintenant bien etablis :
– une premiere pouss
ee de diverticulite est suivie d’un taux
de recidive faible de 2 % par an et d’un risque d’une
intervention en urgence de 1 cas pour 2 000 patientsannees de suivi [12]. Le taux de mortalit
e li
e
a une r
ecidive
compliquee est inf
erieur a celui de la chirurgie prophylactique. Dans une s
erie de 2010, le taux de pouss
ees
compliquees apres un premier episode non compliqu
ea
et
e mesure a 5 % avec un suivi de 5 ans [13] ;
– apres un episode de diverticulite, 20 % des malades
auront une recidive et 5 % auront deux nouveaux episodes
ou plus [13] ;
– les recidives sont plus fr
equentes dans les 12 mois apr
es
une premiere pouss
ee [13] ;
– les formes compliqu
ees sont inaugurales de la maladie
dans plus de 75 % des cas [14] ;
– les formes compliqu
ees sont suivies d’un taux de r
ecidive
faible en aucun cas sup
erieur a celui des pouss
ees non
compliquees [13]. Les s
eries de lavage colique laparoscopiques pour peritonite par perforation diverticulaire sans
sigmoı̈dectomie prophylactique ult
erieure rapportent des
taux de recidive de seulement 2 % [15]. Dans une s
erie de
2008, le taux de r
ecidive apr
es pouss
ee compliqu
ee a et
e
mesure a 24 % contre 23 % apr
es pouss
ee non compliqu
ee
[13] ;
– la maladie n’a pas une evolution plus agressive chez les
sujets jeunes. Le risque de r
ecidive est li
e
a une plus grande
duree d’evolution de la maladie en raison de l’esp
erance de
vie superieure et non a une evolutivit
e diff
erente [16] ;
es et sous corticoı̈des ont des taux
– les patients transplant
de diverticulites sup
erieurs et la mortalit
e associ
ee a ces
poussees est superieure a la population g
en
erale [17].
e
peuvent ^
etre associ
es en cas de diverticulite complique
d’une perforation ou d’un abc
es. On distinguera la
diverticulite sigmoı̈dienne non compliqu
ee des formes
compliqu
ees de perforation (abc
es, p
eritonites) (figures 1
et 2). Le diagnostic positif et l’
evaluation du degr
e
de severite reposent sur les signes cliniques et sur la
TDM abdominale (tableau 1) [18], qui a une sp
ecificit
e de
100 % et une sensibilit
e de 97 % dans le diagnostic
de diverticulite [19]. On ne peut pas parler de pouss
ee
de sigmoı̈dite prouv
ee sans disposer d’un examen
tomodensitom
etrique. Plusieurs classifications ont et
e
d
evelopp
ees pour d
ecrire les stades des diverticulites, mais
la plus utilis
ee est celle d’ Hinchey [20] qui classe les
ees en quatre stades (tableau 2).
pouss
ees compliqu
‘‘
‘‘
Une poussée n’est prouvée que si
elle est affirmée par un scanner
’’
Le diagnostic de diverticulite sigmoı̈dienne
repose sur le classique tableau
d’appendicite à gauche
’’
Traitement curatif des diverticulites
Le traitement antibiotique est la base
du traitement des diverticulites
Le traitement des pouss
ees de diverticulite non compliqu
ees repose sur une antibioth
erapie de 7 a 10 jours qui
peut ^
etre administr
ee par voie orale en ambulatoire en
l’absence de signe de gravit
e. Les antibiotherapies
<3>
R
Diagnostic des diverticulites
Le diagnostic de diverticulite sigmoı̈dienne repose cliniquement sur une douleur de la fosse iliaque gauche (93100 % des cas) associ
e
a de la fi
evre (57-100 %) et a un
syndrome inflammatoire biologique. L’hyperleucocytose
est observee dans 69 a 83 % des cas [8]. C’est le classique
tableau d’appendicite a gauche. Des signes localis
es ou
g
eneralises d’irritation p
eriton
eale et des signes de choc
Figure 1. Coupe tomodensitometrique montrant une diverticulite
perforee localement (air extradigestif).
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 6, juin 2012
421
Tableau 2. Classification scannographique
des diverticulites [18]
<3>
Constatations
Poussée modérée
Poussée sévère
Épaississement de la
paroi colique < 5 mm
Infiltration de la graisse
péricolique
Abcès
Air extradigestif
Produit de contraste
extradigestif
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R
Figure 2. Reconstruction frontale tomodensitometrique du me^me
malade montrant l’air extradigestif au contact du foyer de sigmoı̈dite.
nicilline A et acide clavularecommandees associent pe
en
eration et imidazol
e. En
nique ou cephalosporine de 3e g
cas d’allergie une fluoroquinolone est propos
ee en
association avec un imidazol
e. L’hospitalisation est proposee en cas de gravit
e clinique et/ou tomodensitom
etrique. Il est classique d’associer un r
egime sans r
esidu
pendant la diverticulite. Le taux de succ
es est de 70 a
100 % pour les diverticulites non compliqu
ees [6, 7].
L’avenement de la TDM a permis de mettre en evidence la
presence d’air extradigestif au contact du diverticule
incrimine dans de nombreux cas. Lorsqu’une bonne
tolerance clinique de ces pouss
ees compliqu
ees est
observee, l’extension des indications du traitement m
edical
est possible avec d’excellents r
esultats. Les abc
es de moins
de 5 cm repondent r
eguli
erement au traitement m
edical
seul eventuellement prolong
e. Les abc
es de plus de 5 cm
peuvent justifier d’un drainage radiologique percutan
e en
association avec le traitement m
edical. Le recours au
drainage a permis de r
eduire les indications chirurgicales
pour les poussees Hinchey I. En cas d’
echec du traitement
medical drainage radiologique, une intervention de
Tableau 1. Classification des diverticulites
compliquées selon Hinchey [20]
422
Stade
Description
I
Abcès péricolique ou mésentérique
II
Abcès pelvien collecté
III
Péritonite purulente généralisée
IV
Péritonite stercorale généralisée
ee ou
r
esection sigmoı̈dienne avec anastomose, proteg
non, reste indiqu
ee. Les abc
es pelviens de plus de 5 cm
(Hinchey II) peuvent ^
etre drain
es radiologiquement mais le
succ
es est moins r
egulier [6]. En cas d’
echec du traitement
m
edical drainage radiologique, plusieurs techniques
sont propos
ees : une r
esection-anastomose, proteg
ee ou
non, un lavage-drainage laparoscopique. Lorsque le petit
bassin est trop inflammatoire et qu’un lavage-drainage
n’est pas envisageable, la r
ealisation d’une intervention de
Hartmann peut s’av
erer n
ecessaire [6].
‘‘
Les abcès de plus de 5 cm peuvent justifier
d’un drainage radiologique percutané
en association avec le traitement médical
’’
Le lavage-drainage laparoscopique est une
technique prometteuse
L’av
enement de la laparoscopie a permis le d
eveloppement
d’une nouvelle technique de prise en charge des complications de la diverticulite. Un lavage laparoscopique sans
r
esection peut-^
etre propos
e, mais sa place parmi les autres
techniques reste a d
efinir. Dans une s
erie de 100 malades
inclus prospectivement [15], le lavage a et
e propos
e en cas
d’abc
es r
esistant au traitement m
edical ou de peritonite
non stercorale en remplacement du Hartmann ou de la
r
esection sigmoı̈dienne avec r
etablissement prot
eg
e ou
non. Aucune resection sigmoı̈dienne a distance n’a et
e
propos
ee conform
ement aux connaissances r
ecentes sur
cette maladie. Quatre-vingt douze pour cent des lavages
ont et
e effectu
es apr
es exclusion des p
eritonites stercorales, 2 malades ont et
e r
eop
er
es et 3 malades sont morts
dont deux etaient immunod
eprim
es. Le lavage laparoscopique semble indiqu
e en cas d’
echec du traitement d’un
abc
es ou en cas de p
eritonite purulente chez des malades
etents capables de supporter une deuxi
eme
immunocomp
intervention en cas d’
echec.
Les diff
erents traitements chirurgicaux n’ont et
e que
rarement compar
es entre eux, aussi les choix restent-ils
indicatifs, li
es a l’exp
erience des chirurgiens et surtout aux
co-morbidit
es du malade op
er
e. L’existence d’une
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vol. 19 n8 6, juin 2012
Diverticulite colique
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faillance multivisc
de
erale et de comorbidit
es importantes
doivent conduire a eviter les anastomoses a risque. Dans de
rares cas, la mise en colostomie de la perforation peut
s’averer facile et constituer une alternative a l’intervention
de reference.
En cas de peritonite purulente (Hinchey III), la r
esectionanastomose prot
eg
ee ou non est recommandee. Le
lavage-drainage laparoscopique a egalement et
e propos
e
avec des resultats prometteurs. En cas d’instabilit
e
h
emodynamique et/ou chez des patients ayant de lourdes
comorbidites, une intervention de Hartmann reste souvent
proposee [6].
‘‘ ’’
L’intervention de Hartmann reste
la référence dans la péritonite
stercorale
En cas de peritonite stercorale (Hinchey IV), l’intervention
de Hartmann qui comprend la r
esection sigmoı̈dienne sans
r
etablissement de la continuit
e est l’intervention de
r
eference.
Traitement prophylactique des poussées
de diverticulite
Traitement médical
te
propose
s pour pre
venir
Des traitements m
edicaux ont e
la survenue de pouss
ees de diverticulites en pr
evention
primaire chez des malades porteurs de diverticules n’ayant
jamais fait de pouss
ees de diverticulites ou en pr
evention
secondaire apres la survenue d’une premi
ere pouss
ee. Le
r
egime riche en fibres, les d
eriv
es du 5-ASA, des
probiotiques et des antibiotiques peu absorb
es par le tube
digestif ont ete propos
es dans ces indications.
Seul ou en association, le r
egime enrichi en fibres a montr
e
^mes li
une diminution des sympto
es a la diverticulose
colique [21]. Un r
egime enrichi en fibres a egalement
montre son efficacit
e en pr
evention primaire de la survenue
de poussees de diverticulites.
‘‘
Chirurgie prophylactique
‘‘
Les indications de chirurgie prophylactique
doivent devenir exceptionnelles
’’
Les nouvelles donn
ees sur l’histoire de la maladie
permettent de mieux cibler les indications de la chirurgie
prophylactique. Cette chirurgie n’a plus d’indication dans
la pr
evention de la survenue de pouss
ees compliqu
ees
ult
erieures apr
es une ou plusieurs pouss
ees. M^
eme apr
es
une pouss
ee compliqu
ee, les donn
ees de la litt
erature ne
permettent pas de proposer une r
esection prophylactique.
Ce dernier point reste pourtant encore d
ebattu et les
recommandations permettent de le proposer [6]. En effet
la chirurgie prophylactique s’accompagne d’une mortalit
e
de 1 a 2,3 % et d’une morbidit
e de 25 a 55 % [22] alors
que :
– (i) la mortalit
e li
ee a la maladie diverticulaire chez les
malades ayant un ant
ec
edent de pouss
ee est tr
es basse ;
– (ii) la premi
ere pouss
ee est celle qui se complique le plus
souvent puisque 75 a 96 % des perforations surviennent
chez des malades sans ant
ec
edent ;
– (iii) des r
ecidives de diverticulite surviennent chez 313 % des malades op
er
es ;
– (iv) 25 % des malades op
er
es d’une sigmoı̈dectomie
pour maladie diverticulaire auraient des s
equelles fonctionnelles de leur op
eration [23].
‘‘
La chirurgie prophylactique n’a plus
d’indications dans la prévention
de la survenue de poussées compliquées que
ce soit après une ou plusieurs poussées
Seul ou en association, le régime enrichi
en fibres a montré une diminution
des symptômes liés à la diverticulose colique
’’
limit
e puisque pour eviter une pouss
ee de diverticulite par
an il faut traiter 57 malades par un r
egime enrichi en fibres
et des cures discontinues de rifaximine [21]. En pr
evention
secondaire, l’utilisation de mesalazine en association a de la
rifaximine semble plus efficace encore que la rifaximine
seule et les probiotiques sont plus efficaces que le placebo
[21]. L’ensemble de ces donn
ees reste insuffisante pour
proposer en pr
evention primaire ou secondaire en routine
l’un quelconque de ces traitements [6].
L’association a des cures discontinues de rifaximine
(antibiotique peu absorb
e par le tube digestif) est plus
efficace encore dans la pr
evention de la survenue des
diverticulites. L’association du r
egime a un d
eriv
e du 5-ASA
(Mesalazine) serait sup
erieure a la prise discontinue de
rifaximine. Neanmoins, l’int
er^
et de ces traitements reste
’’
La chirurgie prophylactique chez le sujet de moins de 50
ans apr
es une pouss
ee qu’elle soit grave ou pas ne semble
pas plus fond
ee [16]. La chirurgie prophylactique chez le
sujet transplant
e, immunod
eprim
e ou sous corticoı̈des
repose sur des preuves mais il n’est pas etabli que cette
r
esection doive ^
etre propos
ee apr
es une ou deux pouss
ees
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 19 n8 6, juin 2012
423
et si cette chirurgie prophylactique dans cette population
s’accompagne d’un b
en
efice.
‘‘
T ake home messages
L’intervention de Hartmann reste la r
ef
erence dans le
traitement des peritonites stercorales.
&
La chirurgie prophylactique chez le sujet
de moins de 50 ans après une poussée
qu’elle soit grave ou pas ne semble pas plus
fondée
& Le lavage-drainage laparoscopique est une technique prometteuse dans le traitement des pouss
ees de
diverticulite compliqu
es chez des malades immunocomp
etents a l’exclusion des p
eritonites stercorales.
’’
& Le risque de r
ecidive apr
es une ou plusieurs pouss
ees
de diverticulite ne justifie pas de sigmoı̈dectomie
prophylactique m^
eme chez les malades jeunes.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 03/06/2017.
Chirurgie des complications
de la diverticulite
traiter les
La chirurgie apres diverticulite vise clairement a
^mes et les cons
sympto
equences des pouss
ees pr
ec
edentes
et non plus a prevenir les pouss
ees ult
erieures.
‘‘
La chirurgie après diverticulite ne vise plus
à prévenir les poussées ultérieures
’’
cessitent
Les stenoses sigmoı̈diennes symptomatiques ne
une resection car souvent longues et donc inaccessibles a
un traitement endoscopique. Le doute avec une affection
maligne est souvent une indication suppl
ementaire a cette
intervention. Les fistules avec le vagin, la paroi abdominale
ou la vessie necessitent un traitement, au mieux, effectu
e
a
distance d’un episode inflammatoire pour permettre soit
une guerison spontan
ee, soit une r
esection sans stomie de
derivation [24].
^mes digestifs qui persistent apr
Le traitement des sympto
es
les poussees doit ^
etre interpr
et
e avec beaucoup de
prudence. La distinction avec une colopathie fonctionnelle
est difficile et la colectomie peut ne pas traiter les
^mes attribu
sympto
es a la maladie diverticulaire. Des
resections coliques ne peuvent donc pas ^
etre recom^mes en dehors de
mandees pour traiter ce type de sympto
cas particuliers. Les pouss
ees it
eratives qui par leur
frequence alterent la qualit
e de vie peuvent justifier de
proposer des resections digestives mais le b
en
efice doit ^
etre
mis en balance avec les cons
equences fonctionnelles d’une
sigmoı̈dectomie [23], le risque de fistule digestive et son
incompressible mortalit
e.
froid reste indique pour
& Un traitement chirurgical a
traiter les complications des pouss
ees de diverticulite
(fistule, st
enose symptomatique), en cas de pouss
ees
r
ep
et
ees invalidantes ou de doute diagnostique persistant avec un cancer colique.
prime
s, transplante
s et sous
qu’aux malades immunode
corticoı̈des. La chirurgie elective de la maladie diverticulaire
a maintenant pour but de traiter les cons
equences et
complications des pouss
ees. La chirurgie d’urgence pour
les pouss
ees compliqu
ees est propos
ee en cas d’
echec des
traitements m
edicaux ou de p
eritonite av
er
ee. L’arsenal
th
erapeutique s’est enrichi de la technique de lavagedrainage laparoscopique dont la place et les indications
restent a
evaluer.
re
^ts : aucun
Conflits d’inte
&
Références
Les r
ef
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Conclusion
Une meilleure connaissance de l’histoire naturelle de la
diverticulose sigmoı̈dienne permet de remettre en cause les
recommandations quant aux indications de la chirurgie
prophylactique. Cette chirurgie ne doit plus ^
etre propos
ee
424
& Les malades immunod
eprim
es ou sous AINS,
corticoı̈des au long cours pourraient b
en
eficier de la
chirurgie prophylactique.
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