Forêts - Our Planet

publicité
notre
planète
Zhou Qiang
Transformer le
développement
Emmanuel Ze Meka
Un prix bien justifié
Ray C. Anderson
C’est la nature
Revue du Programme des Nations Unies pour l’environnement – June 2011
Yolanda Kakabadse
Une croissance verte
grâce aux forêts
Forêts
La nature à votre service
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
1
page 4
ZHOU QIANG : Transformer le développement
L’augmentation de l’étendue du couvert forestier, grâce à des efforts constants et à la coopération, permet
de construire une société respectueuse de l’environnement et de promouvoir l’investissement.
EMMANUEL ZE MEKA : Un prix bien justifié
Une gestion durable des forêts est possible, tant que les biens et les services qu’elles procurent sont correctement évalués et rémunérés.
page 6
page 8
FRANCES SEYMOUR : Surexploitées, sous-évaluées
Il est temps de comprendre tous les avantages que constituent les forêts pour les communautés locales comme pour le monde entier.
page 12
YEMI KATERERE : Une occasion unique
Comment le Programme REDD+ a remis la conservation et la gestion durable des forêts sur le devant de la scène.
SATINDER BINDRA : Sur le feu
Comment l’amélioration des fourneaux de cuisine peut réduire la déforestation, sauver des vies humaines et combattre les changements climatiques.
page 14
et aussi
réflexions
livres
Le PNUE à l’œuvre
produits
people
prix et événements
star
page 3
page 11
page 18
PAGE 21
RAY C ANDERSON : C’est la nature
Comment le fait d’imiter la manière de faire d’une forêt a produit un succès commercial éclatant.
page 24
page 30
PAGE 34
page 22
YOLANDA KAKABADSE : Une croissance verte grâce aux forêts
Une meilleure gestion des forêts permettra de créer un climat environnemental et économique ne faisant que des gagnants.
MARYANNE GRIEG-GRAN et STEVE BASS : Les arbres, sources d’économies
Les forêts peuvent jouer un rôle primordial dans l’économie verte à condition que les nombreux avantages
qu’elles offrent soient évalués à leur juste valeur.
ANDREW W. MITCHELL : Investir dans le capital naturel
Un investissement proactif est nécessaire pour payer pour les services écosystémiques et contribuer ainsi à sauver les forêts.
2
PNUE
page 16
TENSIE WHELAN : Visiter les forêts, c’est aussi les conserver
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
La certification du tourisme durable peut être un moyen puissant de stimuler la conservation des forêts.
page 31
page 26
page 28
L’Inde a lancé avec succès des projets permettant de suivre la
santé des plantes, des animaux, des ressources en eau et d’autres
ressources naturelles du pays, dont notamment les Sundarbans —
la plus grande forêt deltaïque de mangroves du monde qui abrite
l’une des espèces fauniques les plus emblématiques de l’Inde : le
tigre. Parallèlement, le pays est de plus en plus à l’avant-garde de
certaines initiatives favorisant la transition vers une économie
verte qui émergent dans le monde entier.
De la fabrication de turbines à énergie solaire et éolienne à
l’adoption de la Rural Employment Guarantee Act assurant
un travail rémunéré à des millions de ménages par le biais
d’investissements dans des domaines allant de la conservation
de l’eau à la gestion durable des terres, les fondations sont en
train d’être posées pour une nouvelle voie de développement
fondamentale et ambitieuse.
réflexions
Achim Steiner
Secrétaire général adjoint de l’ONU et Directeur exécutif
du PNUE
Cette année marque une première dans les relations de longue
date entre l’Inde et l’Organisation des Nations Unies. Pour la
toute première fois, l’Inde accueillera les célébrations de la Journée
mondiale de l’environnement. Peuplée de 1,2 milliard de personnes,
dotée d’une économie rapidement croissante et caractérisée par
un passé, un présent et un avenir culturels variés, l’Inde dispose
d’un potentiel considérable pour catalyser et promouvoir le
développement durable aux niveaux national et international.
Cette année, le thème la Journée mondiale de l’environnement
s’intitule « Les forêts : la nature à votre service ». Il souligne le lien
intrinsèque entre les conditions de vie et le bien-être humain et la
santé des forêts et des écosystèmes forestiers.
L’Inde a joué un rôle de chef de file, par exemple, en instituant un
système de plantation d’arbres pour lutter contre la dégradation
des sols et la désertification par l’utilisation de brise-vent et de
rideaux-abris pour protéger les terres agricoles. La « Mission
pour une Inde verte », récemment lancée dans le cadre du
Plan d’action national sur les changements climatiques, vise à
améliorer le couvert forestier, sur plus de 10 millions d’hectares,
tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif, avec un
investissement d’environ 10 milliards de dollars au cours des dix
prochaines années.
Dans son récent rapport intitulé « A Transition to Green Economy:
Pathway to Sustainable Development and Poverty Eradication »,
le PNUE souligne qu’une telle transition est non seulement
possible mais appropriée pour les pays en développement comme
pour les pays développés.
La Journée mondiale de l’environnement 2011 a lieu avant la
tenue de la Conférence des Nations Unies sur le développement
durable (Rio+20) en 2012 qui portera sur les deux thèmes que sont
l’économie verte dans le contexte du développement durable et
de l’élimination de la pauvreté, et le cadre institutionnel pour le
développement durable.
Rio+20 se déroulera dans un contexte marqué par l’épuisement
rapide des ressources naturelles et l’accélération du changement
climatique, depuis la perte des récifs coralliens et des forêts jusqu’à
la pénurie croissante de terres productives, la nécessité urgente
de nourrir les populations et de stimuler les économies, et les
incidences probables d’un changement climatique non maîtrisé.
L’Inde compte parmi la série de pays mettant en lumière différents
choix qui représentent une occasion de tenir les promesses
du Sommet « Planète Terre » de Rio de 1992 afin d’assurer un
développement pouvant répondre aux besoins de 7 milliards
d’individus, qui atteindront 9 milliards d’ici à 2050.
Un développement qui favorise la croissance, une plus grande
équité et des possibilités d’emploi : un développement qui tente
de garder l’empreinte carbone de l’humanité dans des limites
acceptables pour la planète afin que la Nature demeure à notre
service pour le bien des générations présentes et futures.
JAIRAM RAMESH
Ministre indien de l’environnement et des forêts
« Nous avons besoin de solides fondements éthiques en matière de
conservation et la Journée mondiale de l’environnement peut, à cet
égard, jouer un puissant rôle de catalyseur et de plaidoyer. Nous
devons fixer des limites à la manière dont nous empiétons sur la
nature, car sans elle les habitats seront bétonnés, les fleuves pollués,
les coraux blanchis et les forêts inconsidérément détruites pour faire
place à l’agriculture ».
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
3
© John Lund/Getty Images
Zhou Qiang
Secrétaire du Parti de la Province du
Hunan et Champion de la Terre du PNUE
Transformer
le développement
L’adoption d’une approche durable qui, à la fois, réponde à
la dynamique économique de la société et protège l’écologie
est devenu un défi international majeur. Dans la province
du Hunan, en Chine centrale, nous sommes déterminés à
atteindre cet objectif et nous collaborerons avec tous ceux
qui sont concernés dans le monde pour y parvenir.
Le Hunan est une province bénie des dieux – son couvert
forestier est étendu, son climat excellent et les chutes de pluie
y sont abondantes – mais elle se heurte à de graves problèmes
environnementaux du fait de son industrialisation et de son
urbanisation rapides. Ces dernières années, elle a répondu
positivement et par l’action aux appels lancés pour une gestion
des forêts propre à renforcer leur rôle de puits de carbone et à
contrebalancer en partie les émissions de dioxyde de carbone
comme le prévoit le Protocole de Kyoto. Conformément
aux prescriptions du Gouvernement chinois et aux mesures
qu’il a prises pour accélérer la transformation du mode de
développement du pays, le principe fondamental que défend
4
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
la province, et son objectif, est
un développement économique
et social durable, écologique et
à faible intensité de carbone.
En conséquence, nous promouvons
globalement un nouveau style
d’industrialisation, de modernisation
de l’agriculture et d’urbanisation.
Notre but est de construire
une société respectueuse de
l’environnement et économe en
ressources, axée sur la réalisation
d’une province « verte ».
Pour atteindre cet objectif, il est
essentiel d’amener la population à
aimer les arbres et les forêts. Pendant
plus de 30 ans, les dirigeants de la
province ont été à l’avant-garde de
la plantation volontaire d’arbres et
de la mobilisation de la population
du Hunan pour l’y engager – créant
ainsi un programme de boisement
à plusieurs niveaux faisant appel
à des agents multiples. Pendant
14 années consécutives, la ville de
Zhangjiajie, située au nord-ouest
du Hunan, a organisé le Festival
international pour la protection
des forêts, sur le thème « Écologie
pour la Terre et des forêts pour
l’humanité » : ce n’est pas seulement
un des dix festivals écologiques de
la Chine mais le seul qui ait pour
thème « la protection de la forêt ».
« Ceux qui possèdent quelques biens
fonciers et sont plus persévérants »,
comme disait le vieil érudit
chinois Mencius, « planifient en
général méthodiquement leur
production et leurs moyens de
subsistance ». Depuis 2008, le
Hunan a vigoureusement encouragé
la réforme du système de droits
forestiers collectifs de manière à
protéger les intérêts des planteurs
et à les inciter à la fois à planter
des arbres et à protéger les forêts.
Ainsi, ils peuvent tous recevoir
des certificats d’utilisation des
terres forestières précisant leur
appartenance et ils sont encouragés à
« Notre but est de
construire une société
respectueuse de
l’environnement et
économe en ressources,
axée sur la réalisation
d’une province ‹ verte ›.
Pour atteindre cet objectif,
il est essentiel d’amener
la population à aimer
les arbres et les forêts »
gérer les terres sous contrat de façon
à pouvoir bénéficier de l’abattage
rationnel de leurs propres arbres.
Cette initiative a suscité un grand
enthousiasme parmi les cultivateurs :
beaucoup d’entre eux traitent les
arbres avec attention comme de
jeunes plants de céréales et ils sont
prêts à en planter partout où il y
a des terres désertes inutilisées.
Nous sommes également
déterminés à renforcer la protection
environnementale des forêts en
milieu urbain pour compenser
les effets de l’abattage et de la
réquisition de terres boisées en
période d’urbanisation rapide.
Par ailleurs, la province a fait
du groupe de villes ChangshaZhuzhou-Xiangtan (CZT) une forêt
viennoise – le couvert forestier étant
supérieur à 45 % – en promulguant
une loi pour sauvegarder le mont
Zhaoshan, le cœur vert de ce groupe
de villes, et en protégeant la zone
centrale par sa transformation en
un modèle de société respectueuse
de l’environnement et de la
conservation des ressources.
Nous essayons aussi de transformer
le fleuve Xiangjiang en Rhin
d’Orient en traitant ensemble le
fleuve et le lac Dongting et en
construisant une ceinture touristique
du Xiangjiang. Ainsi, la conservation
et la protection du noyau du district
écologique CZT seront assurées,
la superficie du couvert forestier
augmentera et les terres humides
du Yangtze, du Xiangjiang et autres
seront conservées et bien protégées.
Les efforts constants déployés pour
construire un « Hunan vert » ont
donné des résultats remarquables.
Les forêts du Hunan ont une
superficie qui a atteint environ 12,87
millions d’hectares auxquels s’est
ajouté un volume d’entreposage de
402 millions de mètres cubes. Le
couvert forestier représente plus de
50 %, et il absorbe 60 millions de
tonnes de dioxyde de carbone par an.
En même temps, la qualité de plus
de 90 % des eaux de surface de la
province répond aux normes relatives
à l’eau potable, tandis que celle de
l’air de toutes ces villes et préfectures
est conforme à la deuxième norme
nationale sur la qualité de l’air
ambiant. Cet environnement
écologique a amené beaucoup
d’entreprises bien connues - tant
nationales qu’étrangères – à investir
au Hunan, ce qui à son tour favorise
son développement économique
et social rapide et rationnel.
Pour parvenir au développement
durable, une coopération en
profondeur et des efforts concertés,
ayant une portée mondiale,
s’imposent. Ces dernières années
par exemple, le Gouvernement
indonésien a adapté sa stratégie
de développement pour améliorer
la protection des forêts tropicales
humides et il envisage de planter
1,5 milliard d’arbres chaque année.
Ceci a inspiré notre vision du
« Hunan vert ». À notre tour, nous
sommes prêts à partager l’expérience
que nous avons acquise dans des
domaines tels que la protection des
forêts et le développement durable
avec l’Indonésie et d’autres pays et à
renforcer la promotion des échanges
mutuels et de la coopération
pour protéger la planète - patrie
de l’humanité toute entière.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
5
© Johner RF/Getty Images
Un prix
bien justifié
Emmanuel Ze Meka
Directeur exécutif
Organisation internationale des bois tropicaux
Bon nombre d’études récentes, dont celle du PNUE sur l’économie
des écosystèmes et de la biodiversité, soulignent la valeur élevée des
services écosystémiques que procurent les forêts, notamment les
forêts tropicales. Elles montrent que la valeur économique des biens
forestiers traditionnels, en particulier le bois, semble dérisoire par
rapport à ses autres valeurs – à savoir l’entretien du cycle de l’eau, du
stockage de carbone, des sols, de la préservation de la biodiversité,
et d’autres fonctions écosystémiques. On estime que les forêts valent
donc des milliards, ou plutôt des milliers de milliards de dollars.
Pourtant, entre les années 2000 et 2010, environ 13 millions d’hectares
de forêts tropicales, ainsi que leur précieuse biodiversité et les autres
services écosystémiques, sont détruits chaque année. Pourquoi?
La réponse est simple. En effet, si de récents rapports répertorient et
évaluent la grande valeur des services écosystémiques grâce à des outils
économiques sophistiqués, les marchés de transfert de paiements
visant à rémunérer ces services, quand ils existent, n’en sont qu’à
leurs balbutiements. Exception faite du marché mondial émergent
du carbone, les pays tropicaux ne disposent pas de mécanismes de
rémunération pour la valeur potentielle des forêts. Personne n’entend
payer pour ces services. Il n’est donc guère surprenant que les
propriétaires de forêts, majoritairement les États, mais aussi parfois
le secteur privé, continuent de défricher leurs terres et les forêts qui
s’y trouvent au profit d’activités économiques plus rentables, telles
que l’agriculture.
6
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
L’Organisation internationale des
bois tropicaux (OIBT), organisation
intergouvernementale
basée
à
Yokohama (Japon), a vu le jour il
y a un quart de siècle. Elle vise à
promouvoir les marchés des bois
tropicaux produits de manière
durable. Cet objectif est toujours
valable, mais l’organisation souhaite
aider davantage les pays à gérer les
forêts tropicales de manière durable
et à valoriser tous les services qu’elles
procurent. Elle est consciente que
les revenus issus de ces services ne
parviennent pas à compenser les
bénéfices générés par des activités
concurrentes, aux cycles de récolte
relativement courts et nécessitant
des gestions plus simples, telles que
les cultures ou la production d’huile
de palme.
Le bois d’œuvre reste la plus
importante source de revenus
provenant des forêts tropicales.
Ces dix dernières années, les pays
tropicaux en ont tiré chaque année
plus de 20 milliards de dollars
en recettes d’exportations, si l’on
compte l’ensemble des produits
primaires et secondaires (comme les
meubles). En effet, la contribution du
secteur forestier au développement
économique est bien supérieure si
l’on considère les millions d’emplois
et les revenus créés par les marchés
nationaux. La gestion durable des
forêts et la production durable de
produits ligneux sont donc une
réponse pour valoriser les forêts
tropicales et mettre un terme à leur
défrichage, tout en favorisant le
développement économique. Ainsi,
selon l’OIBT, il demeure essentiel
d’intégrer la gestion durable des
forêts, dont la production durable,
aux activités approuvées dans le
cadre des nouveaux programmes de
financement en cours d’élaboration
pour lutter contre le changement
climatique (tels que le programme
REDD+ de réduction des émissions
liées à la déforestation et la
dégradation des forêts).
Nous avons acquis une expérience
substantielle, en partie grâce aux
projets menés par l’OIBT sur le
terrain, en termes de production
durable de bois d’œuvre et d’autres
« La gestion durable
des forêts et la production
durable de produits ligneux
sont donc une réponse
pour valoriser
les forêts tropicales et mettre
un terme à leur défrichage,
tout en favorisant
le développement
économique »
produits forestiers - en prenant en
compte l’écologie des différentes
espèces d’arbres, en utilisant la
technologie pour réduire l’impact de
l’exploitation du bois, en restaurant
ou en reboisant les forêts par la suite,
et en diffusant des informations sur
les tendances du marché pour assurer
le juste prix des produits et le retour
de fonds à la forêt. Il faut, bien sûr,
lutter contre la corruption et la
mauvaise gouvernance, qui touchent
de nombreux secteurs et pays, pour
mettre en place un système efficace
et pour éviter les détournements
de fonds. Des travaux importants
sur la lutte contre ces fléaux ont
été menés au niveau mondial ces
dernières années.
Depuis sa création, l’OIBT suit les
progrès en matière d’aménagement
forestier durable (AFD) dans les
régions tropicales. Une des premières
études de l’organisation, publiée
en 1989 dans l’ouvrage de Duncan
Poore « Pas de bois sans arbres »,
montre qu’à la fin des années 80,
seul un pourcentage infime des
forêts tropicales bénéficiait d’un
aménagement durable. Une étude de
suivi menée par l’OIBT, Situation de
l’aménagement des forêts tropicales
en 2005, montre que, malgré des
améliorations, la zone relevant
de l’AFD ne représentait à cette
date qu’environ 5 % de la superficie
forestière des pays tropicaux
conservée pour la production et la
protection. L’étude la plus récente de
l’OIBT, Situation de l’aménagement
des forêts tropicales en 2011, constate
que les progrès se sont poursuivis
au cours des cinq dernières années :
chaque année, trois millions d’hectares
supplémentaires sous les tropiques
bénéficient de l’AFD. Il n’en demeure
pas moins que plus de 90 % des forêts
tropicales du monde restent peu ou pas
aménagées. De toute évidence, il faut
accélérer les progrès accomplis dans le
cadre de l’AFD pour atteindre notre
objectif commun, à savoir préserver
de garantir l’avenir des ressources
mondiales en forêts tropicales.
Le PNUE, principal organisme des
Nations Unies chargé de promouvoir
la viabilité environnementale, porte
une attention particulière aux forêts
tropicales et à la valeur de leurs
écosystèmes, qui auront une grande
place lors du prochain Sommet
de la Terre, Rio+20, l’an prochain.
Cependant, il convient de rappeler la
déception de nombreux acteurs, en
particulier les pays en développement,
où se situe la quasi-totalité des
forêts tropicales, qui attendaient
de la communauté internationale
des ressources « nouvelles et
additionnelles » pour faire appliquer
les principes non contraignants pour la
forêt adoptés lors du premier Sommet
de la Terre en 1992. Au cours des deux
décennies suivant cet événement
historique, de nombreux services
offerts par les forêts tropicales, tels
que l’écotourisme, la bio-prospection,
et plus récemment la REDD et le
carbone, ont été identifiés comme
susceptibles d’inverser la tendance
à un appauvrissement constant.
Des organismes tels que l’OIBT et
le PNUE doivent collaborer avec
les gouvernements, les ONG, le
secteur privé et les autres parties
prenantes pour développer des
marchés justes et équitables pour les
biens et services forestiers. Ainsi,
nous pouvons contribuer à adresser
à la communauté internationale un
message clair : la gestion durable
des forêts est une option viable pour
l’utilisation des terres, à condition que
la valeur des forêts soit clairement
établie et qu’une rémunération soit
mise en place pour les nombreux
biens et services qu’elles procurent.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
7
© Stringer/Corbis
Surexploitées,
sous-évaluées
Frances Seymour
Directeur général du Centre pour
la recherche forestière internationale (CIFOR)
2011 devrait être une année cruciale pour les forêts du monde.
Cette année, proclamée par l’ONU Année internationale des
forêts, a été précédée par un accord de bon augure en faveur
de la réduction des émissions liées à la déforestation et à la
dégradation des forêts (REDD) à la seizième réunion de la
Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies
sur les changements climatiques (CCNUCC) qui s’est tenue en
décembre à Cancún, qui lancera le tant espéré mécanisme pour
intégrer les forêts dans le régime mondial de protection du climat.
Les forêts du monde doivent également bien se positionner
pour tirer parti de la nécessité de passer à une économie verte.
Nous savons depuis longtemps que la valeur économique
des forêts s’étend bien au-delà du bois qu’elles produisent.
8
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
© Nacivet/Getty Images
« Avec
13 millions
d’ hectares de forêts
perdus
chaque année,
l’urgence
se fait sentir »
l’artisanat, la décoration, etc. sont
autant de sources de revenus.
Malheureusement, très peu de ces
revenus sont pris en compte dans
les enquêtes statistiques nationales
ou sont comptabilisés, de sorte
qu’ils restent imperceptibles aux
responsables politiques nationaux.
Les enquêtes menées par les
bureaux nationaux de statistiques
doivent être perfectionnées pour
apporter un nouvel éclairage sur
l’importante contribution des
forêts aux revenus de certaines des
communautés les plus pauvres et
les plus vulnérables du monde.
La diversité biologique, les produits
forestiers non ligneux, les services
écosystémiques, et le réconfort
spirituel qu’elles procurent sont tout
aussi importants. Et maintenant
plus que jamais, elles sont appréciées
pour leur contribution à l’atténuation
des changements climatiques et à
l’adaptation à ces changements.
Pourtant, beaucoup de ces valeurs
restent imperceptibles aux décideurs
politiques et au grand public,
surtout au regard des rapides profits
que l’on peut tirer de l’agriculture
commerciale et de l’extraction
minière. L’importance des forêts
restera longtemps fragile dans
l’imagination du grand public et des
politiques, tant que leur contribution
économique demeurera invisible
ou sous-évaluée. Et mettre au jour
le montant de cette contribution
nécessitera une évolution de la
gouvernance et des marchés.
Les chercheurs présument depuis
longtemps que les communautés
qui vivent à l’intérieur et autour des
forêts tirent une grande partie de
leurs revenus de la consommation
et de la vente directe des produits
forestiers. Une nouvelle base de
données présentant les résultats
d’enquêtes sur les revenus de plus
de 8 000 ménages (www.cifor.cgiar.
org/pen) confirme qu’en moyenne
24 % de leur revenu provient de
produits forestiers. Le bois de
feu et le bois d’œuvre, le gibier,
les fruits, les noix, le miel et les
champignons comestibles ainsi
qu’un large éventail de produits
utilisés pour les médicaments,
Une autre raison de cette opacité est
qu’une grande partie du revenu est,
au moins techniquement, illégale –
et qu’une proportion importante de
celui-ci est versée sous forme de pots
de vin. Lorsque les négociations ont
commencé il y a plusieurs années sur
un accord entre le Gouvernement
camerounais et la Commission
européenne, afin de s’assurer
que le bois exporté vers l’Union
européenne était d’origine légale,
on pensait que le bois abattu de
manière informelle pour le marché
intérieur représentait une part
inférieure à la part du secteur formel.
Or, les recherches menées par le
CIFOR ont révélé qu’elle est en fait
environ quatre fois plus importante
qu’on ne l’avait cru au départ,
fournissant des emplois et des
revenus à quelque 45 000 personnes.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
9
« Tout le monde se
porterait mieux si le
La répression de l’abattage illégal
du bois a tendance à cibler les
bûcherons armés de tronçonneuses,
plutôt que les grands exploitants
dotés de comptes bancaires. Tout le
monde se porterait mieux si le bois
produit de manière informelle pour
le marché intérieur entrait dans
un cadre réglementaire approprié
qui protège à la fois la viabilité
de l’environnement et les moyens
de subsistance des producteurs
locaux. La professionnalisation
plutôt que la criminalisation
constitue un bon moyen d’avancer.
Les mécanismes du marché pour
protéger les forêts jouent un rôle,
mais ils ne s’avèrent pas suffisants
pour inverser la déforestation et la
dégradation des forêts. Les systèmes
de certification - par exemple par
le Forestry Stewardship Council
- reconnaissent les producteurs
qui prennent en compte la valeur
réelle des ressources forestières
dans la pratique. Mais les dirigeants
industriels se plaignent que la
plupart des consommateurs ne
semblent pas encore prêts à payer un
prix majoré couvrant les coûts de la
protection des ressources forestières.
Les modes de consommation
reflétant la préoccupation au
sujet de la durabilité des forêts
du monde sont plus motivés
par le souci de réputation des
détaillants que par la préférence
des petits consommateurs. Plus
d’attention devrait être accordée
aux interventions politiques pour
uniformiser les règles du jeu
afin de favoriser les producteurs
soucieux de la durabilité.
Les forêts dites « dégradées »
continuent d’être des cibles de
choix pour être converties à d’autres
usages - en dépit des richesses
qu’elles renferment souvent, en
carbone, en biodiversité, et en tant
que moyen de subsistance pour les
communautés locales (gibier).
Une planification spatiale plus
réfléchie et plus responsable devrait
10
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
bois produit de manière
informelle pour le marché
intérieur entrait dans
un cadre réglementaire
approprié qui protège
à la fois la viabilité de
l’environnement et
les moyens de subsistance
des producteurs locaux »
orienter l’expansion agricole vers les
zones incontestablement dégradées,
et reconnaître aux utilisateurs
actuels le droit de profiter tant
des opportunités existantes que
de celles qui peuvent être créées
par la REDD, et aussi du paiement
pour les services écosystémiques.
La possibilité d’utiliser un tel régime
pour sauver la forêt impliquerait
qu’il y ait un « vendeur » officiel
des services environnementaux en
question, mais elle est compromise
par le manque de clarté et les conflits
concernant les droits de propriété.
Les recherches du CIFOR ont mis
en lumière l’ampleur de ces obstacles
pour l’utilisation des outils de
l’économie verte dans les conditions
caractéristiques de la plupart des
forêts tropicales. Selon lui, la moitié
seulement des forêts de l’Amazonie
brésilienne serait économiquement
viable grâce aux paiements pour
services écosystémiques dans le
cadre de la réduction des émissions
ayant des incidences sur le climat,
tant le régime foncier est chaotique.
La fragilité du soutien pour la
protection des forêts, en l’absence
de preuves tangibles de leur valeur
économique réelle, est peut-être
mieux illustrée par les récents
débats sur la façon d’assurer la
sécurité alimentaire. Ces débats ont
tendance à présenter la préservation
des forêts comme un obstacle a
l’expansion agricole - et ne mettent
pas en évidence le rôle important
qu’elles jouent dans la sécurité
alimentaire, non seulement
en fournissant des moyens de
subsistance et des revenus, mais aussi
en soutenant la productivité agricole
durable. Les produits forestiers
sont une composante essentielle des
moyens de subsistance en milieu
rural. C’est ainsi que 80 % du bois
abattu en Afrique subsaharienne sert
à produire de l’énergie; la viande de
gibier provenant des forêts du Bassin
du Congo équivaut à la production
de l’industrie du bœuf au Brésil.
Et les services écosystémiques des
forêts indispensables à l’agriculture
- comme ceux nécessaires au
maintien des flux hydrologiques et
à la pollinisation - seraient coûteux,
voire impossible à remplacer.
Même ceux qui comprennent la
nécessité de préserver les forêts
dans le cadre de stratégies intégrées
de gestion des paysages, se
concentrent presqu’exclusivement
sur l’accroissement de la productivité
agricole comme moyen de réduire
la pression qui s’exerce sur elles.
De tels gains de productivité
sont certainement nécessaires, et
souhaitables pour d’autres raisons,
mais ils ne constituent pas une fin en
soi. En effet, la recherche a montré
que, en fonction des prix et des
marchés, accroître la productivité
agricole peut au contraire inciter
à accélérer la déforestation. Ces
efforts doivent donc aller de pair
avec la réforme de la gouvernance
forestière afin de créer parallèlement
des incitations à protéger les forêts.
Alors que nous célébrons l’Année
internationale des forêts, les
gouvernements et autres décideurs
doivent reconnaître leur vraie valeur
pour les communautés locales, les
pays et le monde entier. Avec
13 millions d’hectares de forêts perdus
chaque année, l’urgence se fait sentir.
livres
www.unep.org/publications
Rapport annuel 2010 du PNUE
www.unep.org
0U[LNYH[LK(ZZLZZTLU[
VM)SHJR*HYIVU
HUK;YVWVZWOLYPJ6aVUL
:\TTHY`MVY+LJPZPVU4HRLYZ
ANNUAL REPORT
2010
;OPZKVJ\TLU[Z\TTHYPaLZMPUKPUNZHUKJVUJS\ZPVUZVM[OLHZZLZZTLU[YLWVY[!0U[LNYH[LK
(ZZLZZTLU[VM)SHJR*HYIVUHUK;YVWVZWOLYPJ6aVUL;OLHZZLZZTLU[SVVRZPU[VHSSHZWLJ[Z
VMHU[OYVWVNLUPJLTPZZPVUZVMISHJRJHYIVUHUK[YVWVZWOLYPJVaVULWYLJ\YZVYZZ\JOHZ
TL[OHUL0[HUHS`ZLZ[OL[YLUKZPULTPZZPVUZVM[OLZLZ\IZ[HUJLZHUK[OLKYP]LYZVM[OLZL
LTPZZPVUZ"Z\TTHYPaLZ[OLZJPLUJLVMH[TVZWOLYPJWYVJLZZLZ^OLYL[OLZLZ\IZ[HUJLZHYL
PU]VS]LK"KPZJ\ZZLZYLSH[LKPTWHJ[ZVU[OLJSPTH[PJZ`Z[LTO\THUOLHS[OJYVWZPU]\SULYHISL
YLNPVUZHUKLJVZ`Z[LTZ"HUKZVJPL[HSYLZWVUZLZ[V[OLLU]PYVUTLU[HSJOHUNLZJH\ZLKI`[OVZL
PTWHJ[Z;OL(ZZLZZTLU[L_HTPULZHSHYNLU\TILYVMWV[LU[PHSTLHZ\YLZ[VYLK\JLOHYTM\S
LTPZZPVUZPKLU[PM`PUNHZTHSSZL[VMZWLJPMPJTLHZ\YLZ[OH[^V\SKSPRLS`WYVK\JL[OLNYLH[LZ[
ILULMP[ZHUK^OPJOJV\SKILPTWSLTLU[LK^P[OJ\YYLU[S`H]HPSHISL[LJOUVSVN`(UV\[SVVR\W
[VPZKL]LSVWLKPSS\Z[YH[PUN[OLILULMP[ZVM[OVZLLTPZZPVUTP[PNH[PVUWVSPJPLZHUK
TLHZ\YLZMVYO\THU^LSSILPUNHUKJSPTH[L;OL(ZZLZZTLU[JVUJS\KLZ[OH[YHWPKTP[PNH[PVU
VMHU[OYVWVNLUPJISHJRJHYIVUHUK[YVWVZWOLYPJVaVULLTPZZPVUZ^V\SKJVTWSLTLU[JHYIVU
KPV_PKLYLK\J[PVUTLHZ\YLZHUK^V\SKOH]LPTTLKPH[LILULMP[ZMVYO\THU^LSSILPUN
;OL:\TTHY`MVY+LJPZPVU4HRLYZ^HZWYLWHYLKI`H^YP[PUN[LHT^P[OPUW\[ZMYVT[OL
TLTILYZVM[OL/PNOSL]LS*VUZ\S[H[P]L.YV\WHUK^P[OZ\WWVY[MYVT<5,7HUK>46
0[PZPU[LUKLK[VZLY]LKLJPZPVUTHRLYZH[HSSSL]LSZHZHN\PKLMVYHZZLZZTLU[WSHUUPUNHUK
THUHNLTLU[MVY[OLM\[\YL
United Nations Environment Programme
0:)5! 1VI5V!+,>5(
Donnant un aperçu général des activités du PNUE en 2010, ce rapport examine un
large éventail d’activités menées par l’organisation dans le cadre de son mandat :
assurer le leadership dans le contexte de l’environnement et promouvoir le
développement durable. Le Rapport annuel trace le début d’une ère nouvelle de
stratégie et de transformation pour le PNUE qui a commencé à mettre en œuvre
sa Stratégie à moyen terme pour 2010-2013 dans six domaines : changements
climatiques, catastrophes et conflits, gestion des écosystèmes, gouvernance
environnementale, substances et déchets dangereux, efficience de l’utilisation
des ressources, consommation et production durables.
Évaluation intégrée du carbone noir et de l’ozone
troposphérique – Résumé à l’intention des décideurs
Vers une économie VERTE —
la voie du développement durable et de l’élimination de la pauvreté
Ce rapport a pour objectif de donner des avis fondés sur des données
scientifiques concernant les mesures propres à réduire les conséquences
de polluants dangereux pour l’atmosphère comme le carbone noir, l’ozone
troposphérique et ses précurseurs. Ces polluants sont souvent appelés
agents climatiques éphémères car, en comparaison avec le dioxyde de
carbone, ils ont une courte durée de vie dans l’atmosphère; le rapport
fait une analyse détaillée des agents responsables des émissions, des
tendances des concentrations et des incidences de ces polluants sur le
climat, la santé des êtres humains et les écosystèmes.
Ce rapport a pour but de déboulonner plusieurs mythes et idées fausses au sujet de
l’aspect économique du processus visant à rendre l’économie mondiale plus écologique et il
donne opportunément, aux responsables de l’élaboration des politiques, des orientations
pratiques sur les réformes qu’ils doivent entreprendre pour débloquer le potentiel d’une
économie verte dans les secteurs de la production et de l’emploi. Le rapport présente des
arguments économiques et sociaux convaincants en faveur d’un investissement de 2 %
du PIB mondial pour rendre plus écologiques 10 secteurs importants de l’économie afin
de réorienter le développement et de libérer des flux de capitaux publics et privés vers
une voie économe en ressources et à faible intensité de carbone.
Climat Action 2010-2011
Climat Action offre une tribune importante aux
gouvernements, guides d’opinion internationaux,
experts du secteur, universitaires et écologistes
pour discuter du développement durable et de la
neutralité carbone. Climat Action 2010-11 aide
les entreprises et les organisations à réduire leur
empreinte carbone, en soulignant que des opérations
environnementalement responsables peuvent aussi
être rentables. Il donne
Glaciers de haute montagne et changements climatiques —
un aperçu des questions
Défis pour les moyens de subsistance de l’homme et adaptation
pressantes concernant les
Compilé par le PNUE en partenariat avec des scientifiques et des centres de recherche du
changements climatiques
monde entier, notamment le Polar Institute et Norut Alta de Norvège, ce rapport met en
et la viabilité tout en
évidence une tendance générale de la fonte des glaciers liée au réchauffement climatique.
présentant des « mesures »
Le rapport signale les conséquences de cette tendance, par exemple diminution saisonnière
pratiques, permettant pode la disponibilité de ressources en eau dans les zones arides, accélération de la fonte de
tentiellement de faire des
nombreux glaciers moins étendus de faible altitude qui constituent souvent une ressource
économies, qui peuvent
en eau d’importance cruciale dans les zones sèches, augmentation des inondations dues au
être prises pour réduire les
débordement des lacs glaciaires dans de nombreux pays au cours des 40 dernières années.
empreintes carbone.
The ocean has become a global repository for much of the waste we produce. Scientists are concerned that
plastic debris in the ocean can transport toxic substances which may end up in the food chain,
causing potential harm to ecosystems and human health. The Year Book also explores the wider implications
of the use of phosphorus in food production. Phosphorus is an essential nutrient whose supply is
limited. Since demand for fertilizer in agriculture rocketed in the 20th century, large amounts of phosphorus
are flowing into the environment. New perspectives are also emerging on how biodiversity conservation can
be integrated in forest management. Forests are receiving increasing attention, not least because of their
role in climate change mitigation. Halting loss of forest biodiversity is essential if forests are to adapt
to mounting pressures, including climate change and pest outbreaks.
L’Annuaire du PNUE a pour objectif de
renforcer l’interface entre la science et
la politique. Il présente les faits récents
et ouvre de nouvelles perspectives ayant
un intérêt particulier pour les décideurs.
L’Annuaire 2011 examine, entre autres,
les progrès accomplis dans la gouvernance
environnementale, les effets de la
dégradation et de la perte constantes
des écosystèmes du monde, leur impact
sur l’atmosphère qui est à l’origine de
changements climatiques, les substances
et les déchets dangereux qui affectent la
santé des êtres humains et l’environnement,
les catastrophes et les conflits liés à
l’environnement et l’utilisation non viable
des ressources.
The Year Book’s overview of events and developments during 2010 shows how cutting edge
science reveals new opportunities to mitigate climate change while improving air quality. Stimulated by
technological innovation and green investments, renewable energy supply is growing rapidly. This and
other developments are summarized in key environmental indicators that present the latest data
and trends for the global environment.
www.unep.org
81(3<($5%22.(0(5*,1*,668(6,1285*/2%$/(19,5210(17
Annuaire 2011 du PNUE :
questions émergentes concernant
notre environnement mondial
81( 3
<($5
% 22.
(0(5*,1*,668(6
,1285*/2%$/(19,5210(17
United Nations Environment Programme
Améliorer la compétitivité au niveau
mondial grâce à la gestion durable de
l’environnement
Subhash C. Jain et Ben L. Kedia (Edward Elgar)
Cet ouvrage examine l’impact que les changements
climatiques et autres facteurs environnementaux ont
sur les affaires. C’est une collection de résultats de
recherche qui montre que les entreprises qui prennent
proactivement des mesures pour atténuer leur
exposition aux risques des changements climatiques en tireront de nouvelles
possibilités de profit et auront, sur leurs concurrents, un avantage compétitif
dans un avenir sur lequel pèsent les limites imposées par le carbone.
Politiques environnementales mondiales
sur les forêts – Comparaison internationale
Constance McDermott, Benjamin Cashore et Peter
Kanowski (Earthscan)
Cet ouvrage offre une comparaison extrêmement détaillée
et systématique des politiques environnementales sur
les forêts et leur application dans 20 pays développés,
à économie en transition et en développement. L’objectif
visé est d’améliorer les enseignements qu’il est possible de tirer de ces politiques et
de promouvoir des solutions politiques bien documentées et soigneusement adaptées
qui, il faut l’espérer, conduiront à une plus grande responsabilité internationale en
matière de gestion des forêts
PNUE NOTRE PLANÈTE la nature à votre service 11
© Image Werks/Corbis
Une occasion
unique
Réduire les émissions de carbone des
forêts, voilà peut-être la raison d’être
du Programme des Nations Unies sur
la réduction des émissions liées à la
déforestation et à la dégradation des
forêts, appelé REDD+. Il est toutefois
généralement admis que c’est aussi une
occasion de relever nombre des défis liés
aux causes sous-jacentes de la disparition
de la forêt tropicale dans le monde. C’est
donc potentiellement un instrument
politique puissant à utiliser pour exercer
une influence sur la gestion et l’évaluation
des forêts tropicales. Et pourtant, bien
qu’il n’y ait dans cette option ni gagnant
ni perdant, du moins en apparence - ou
peut-être pour cette raison même – des
12
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
Yemi Katerere
Chef du Secrétariat du
Programme ONU-REDD
débats passionnés se poursuivent sur
la façon dont le mécanisme REDD +
devrait être conçu et mis en œuvre.
Sa complexité est une explication.
Chaque pays a une structure
institutionnelle qui lui est propre, ses
capacités, ses engagements politiques
et sa dotation en ressources forestières. Tous
les pays essaient de voir comment, par le
biais du Programme REDD+, ils pourront
parvenir à équilibrer leurs objectifs
sociaux et environnementaux, tout en
réduisant les émissions de gaz à effet de
serre. Le caractère unique de chaque
nation exige de comprendre l’importance
relative des différents mobiles du
déboisement et les rôles que les divers
acteurs y jouent. Il n’existe assurément
pas de réponses ou de solutions simples
à ces questions.
En même temps, il y a lieu de croire que
le mécanisme REDD+ pourra profiter
de la même manière à toutes les forêts,
à toutes les communautés et à tous les
pays, et que ces avantages pourraient être
substantiels. D’aucuns sont convaincus
par exemple que ce programme offre
des moyens financiers sans précédent
pour la conservation des forêts et de
la biodiversité. L’élargissement récent
du champ d’application du mécanisme
REDD+ par rapport à son objectif initial,
à savoir réduire les émissions dues à la
déforestation et à la dégradation des
forêts, pour y inclure la conservation
et l’amélioration des stocks de carbone
forestier et la gestion durable des
forêts – d’où le signe + ajouté à REDD
– est considéré comme offrant à un plus
grand nombre de pays la possibilité de
participer au Programme et d’en tirer
profit. Mais il sera difficile de concilier
toutes ces attentes, d’autant plus que,
dans certains contextes nationaux la
stratégie REDD+ pourrait ne pas être
aussi bon marché qu’on le pensait :
ceci est particulièrement vrai si les
petits agriculteurs n’opèrent pas dans
un système de marché qui fonctionne
bien et s’ils ne sont pas prêts à assumer
le risque potentiellement important
d’abandonner leurs sources de revenu
actuelles
pour
d’hypothétiques
compensations carbone que personne
ne peut encore garantir. Ajoutez à cela
l’inquiétude que suscite le fait que le
financement du mécanisme REDD+
est encore loin d’atteindre le niveau
nécessaire pour réduire les émissions
liées à la perte de forêts, et nous
nous retrouvons avec un mécanisme
qui nécessitera probablement des
tractations difficiles.
Il est à la fois sain et important de
mettre en évidence les problèmes que
pose ce mécanisme car ceci oblige ceux
qui participent aux premières étapes de
sa conception et de sa mise en œuvre
à passer au crible toute la gamme des
problèmes connexes. En effet, c’est grâce
à une telle ouverture que la valeur globale
du mécanisme tient bon, à en juger par les
premiers enseignements tirés des pays qui
élaborent des stratégies REDD+. Pour
progresser, il est important que toutes
les parties prenantes soient prêtes à
abandonner les modèles habituels qu’elles
utilisent depuis longtemps.
La stratégie REDD+ a remis les forêts
sur le devant de la scène, forcé le débat
et obligé à réexaminer des questions liées
à la gestion durable des forêts. Elle a par
exemple progressé beaucoup plus
vite et fait davantage l’unanimité que
pratiquement toute autre solution
d’atténuation proposée dans le
cadre des négociations au titre de la
Convention-cadre des Nations Unies
sur les changements climatiques au
cours des deux dernières années.
Le mécanisme REDD+ a aussi
mobilisé des ressources financières
importantes de « démarrage rapide »,
qui permettent de voir d’un œil neuf
les problèmes associés à un mode
de gestion des forêts susceptible
d’aider à réduire les émissions au
niveau mondial tout en profitant
aux populations et aux services
écosystémiques forestiers. Il permet
effectivement aux pays d’approfondir
leur réflexion pour définir le rôle
des forêts dans leur développement
économique national, déterminer les
superficies de forêts qu’ils doivent
préserver et transformer leur
économie pour qu’elle soit à faible
intensité de carbone.
Dans les pays riches en forêts, par
exemple, il peut servir de catalyseur
pour négocier un équilibre entre
la conservation de forêts intactes
et la promotion du développement
économique par le biais de
concessions de terre pour de grandes
plantations d’hévéas, de palmistes et
de canne à sucre, créant de nombreux
emplois, générant des revenus et ayant
un potentiel d’exportation. Il peut de
même servir de catalyseur pour examiner
d’un œil critique les choix difficiles que
les gouvernements doivent faire entre
différentes options politiques.
Le
mécanisme
REDD+
pourrait
également
offrir
des
possibilités
de
synergies
entre
avantages
environnementaux et sociaux. Il a offert
une tribune à beaucoup de peuples
autochtones
et
de
communautés
tributaires de la forêt, leur permettant
d’intervenir aux niveaux national et
international. Si les premiers résultats
obtenus n’ont pas répondu aux attentes,
il facilite néanmoins le dialogue et
renforce la confiance entre eux, l’État et
les organisations de la société civile.
Enfin, les questions d’importance
critique pour la réussite du Programme
REDD+ sont celles que les pays devraient
aborder pour parvenir à la viabilité,
que ce mécanisme existe ou non.
Indépendamment de la question de savoir
si une nation échange une seule tonne de
carbone, il est indispensable qu’il y ait un
débat à l’échelon du pays pour déterminer
la place de ses forêts dans ses politiques
de développement économique national :
le Programme REDD+ est le meilleur
catalyseur qui soit à cette fin.
Le lancement du concept REDD+
en 2008 est venu à point nommé, car
il était visionnaire. La conception
de ce mécanisme et les accords de
Cancún donnent une idée de l’ampleur
de l’engagement de la communauté
internationale. Il présente donc une
occasion unique de relever le défi de la
réduction des émissions de carbone des
forêts tout en limitant les effets négatifs
que pourraient avoir sa conception et sa
mise en œuvre sur l’environnement et
les hommes.
Le Programme ONU-REDD
est l’initiative de collaboration
des Nations Unies sur la
réduction des émissions
liées à la déforestation et
à la dégradation des forêts
(REDD+) dans les pays
en développement.
Ce Programme, lancé en
2008, fait fond sur le rôle et les
connaissances techniques de
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO), du Programme des Nations Unies pour le développement
(PNUD) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement
(PNUE). Le Programme ONU-REDD soutient des initiatives REDD+
nationales et favorise la participation valable et en connaissance
de cause de toutes les parties prenantes, y compris les peuples
autochtones et autres collectivités tributaires de la forêt, à la mise en
œuvre de ce programme à l’échelon national et international.
PNUE
NOTRE PLANÈTE LA NATURE À VOTRE SERVICE
13
Satinder Bindra
Directeur de
la communication, PNUE
« La recherche
incessante
de combustible met une
pression énorme
sur les forêts :
la plupart des
700 millions d’Indiens
y prennent leur bois »
J’ai grandi en Inde et un de mes
plus anciens souvenirs d’enfance
est que je regardais ma grandmère près du « chulha » qui fumait.
Le « chulha », c’est ce fourneau
rudimentaire en terre glaise à trois
côtés qui sert encore de foyer à
des millions de familles rurales
en Asie du Sud. Non pas que j’y
restais longtemps : toute la fumée
et la suie que dégageait ce fourneau
inefficace garantissaient que je ne
m’attardais jamais plus d’une minute
dans la cuisine de ma grand-mère.
Cette image de mon passé
correspond encore à la réalité
d’aujourd’hui en Asie du Sud
et dans de nombreux pays en
développement. Environ 1,6 milliard
de personnes à travers le monde n’ont
toujours pas accès à l’électricité et
quelque 3 milliards utilisent toujours
des fourneaux inefficaces qui brûlent
de la biomasse traditionnelle pour
la cuisson comme le bois de feu,
les résidus de récoltes et la bouse.
14
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
Sur le feu
Les inefficacités du fourneau se
situent à de nombreux niveaux.
Leur structure de glaise est un
piètre isolant, entraînant une
consommation de combustibles
plus importante que nécessaire.
Ensuite, l’arrivée d’air ne peut être
contrôlée : trop peu d’air produit une
fumée épaisse, trop d’air affaiblit
les flammes. Tout cela représente
un lourd fardeau social pour les
femmes et met leur santé – et celle
de leurs enfants – en danger. Je me
rappelle encore de manière très
nette la journée habituelle de ma
grand-mère, dont elle passait une
grande partie à se préoccuper de
ses réserves de combustibles.
Elle dépendait de la bouse de
vache, qu’il fallait minutieusement
ramasser, puis mélanger avec
du foin et faire sécher en forme
de petites pizzas. Dans un
certain sens, elle avait de la
chance : dans certaines régions
d’Asie du Sud, les femmes doivent
aller chercher le bois de feu
dans des jungles lointaines et courent
souvent le risque de se faire agresser,
malmener voire blesser lorsqu’elles
quittent la sécurité de leurs maisons.
Dans les collines du Népal par exemple,
les femmes passent près de 2,5 heures
par jour à ramasser du fourrage, de
l’herbe et du bois de feu. À cause de la
déforestation, elles doivent aller plus
loin, ce qui augmente leur fardeau de près
d’1,1 heure par jour, leur laissant moins
de temps à consacrer à l’agriculture, à
l’éducation de leurs enfants ou à des
activités génératrices de revenus.
La recherche incessante de combustible
met une pression énorme sur les forêts :
la plupart des 700 millions d’Indiens y
prennent leur bois. La déforestation au
Pakistan voisin est parmi les plus élevées
au monde. De nombreux activistes pensent
qu’elle a joué un rôle crucial en aggravant
les inondations dévastatrices de 2009, qui
ont fait près de 2 000 morts, ont déplacé
18 millions de personnes et provoqué
des milliards de dollars de dégâts.
© oytun karadayi/iStockphoto
© Bartosz Hadyniak/iStockphoto
© Gawrav Sinha/iStockphoto
Plus ravageuses encore sont les
émissions de suie, constituées
de particules de carbone noir.
L’Organisation mondiale de la Santé
estime que l’exposition domestique
à ces particules provoque 1,6 million
de morts prématurées par an,
principalement parmi les femmes
et les enfants. Des études en Inde
montrent que les femmes qui ont
cuisiné pendant des années sur
des fourneaux consommant de la
biomasse présentent une prévalence
accrue de maladies pulmonaires
chroniques, par rapport aux autres.
Le carbone noir provoque ou
aggrave également les pneumonies,
les bronchites, les cataractes, les
maladies cardiaques, l’hypertension
et un faible poids à la naissance.
Les effets des chulhas dépassent le
foyer et la maison. Lorsque la fumée
s’échappe à l’extérieur, elle subit des
transformations chimiques sous l’effet
du rayonnement solaire, formant
des nuages bruns et de l’ozone.
Rien qu’en Asie, les nuages bruns
peuvent provoquer 500 000 morts
supplémentaires chaque année, alors
que l’ozone provoque des milliards
de dollars de dégâts aux cultures.
Le carbone noir est également
responsable de 10 à 40 % du
réchauffement planétaire, étant donné
que les particules réchauffent l’air
comme de minuscules pull-overs noirs
qui absorbent la chaleur. Et lorsque
ces particules se déposent sur la neige
ou la glace, elles rendent celles-ci
plus foncées, accélérant la fonte.
Cependant, du changement s’annonce.
Des fourneaux beaucoup plus efficaces
sont actuellement mis au point.
Une étude récente de la Banque
mondiale menée au Rwanda montre
que – pour juste quelques dollars
de plus – ces fourneaux peuvent
ramener l’utilisation de charbon
de bois de 0,51 kg à 0,33 kg par
personne par jour. Une famille
pourrait économiser annuellement
84 dollars en combustibles – un
montant substantiel puisque le
revenu annuel moyen dans les pays
d’Afrique centrale et orientale
varie entre 300 et 370 dollars.
En Inde, pays qui accueillera cette
année les festivités de la Journée
mondiale de l’environnement,
le PNUE participe à un projet
passionnant appelé « Surya » (lumière
du soleil), qui permettra d’équiper
une région rurale, d’environ 100 km 2
et comptant 50 000 habitants, de
fourneaux plus propres. Le PNUE
documentera l’impact sur la qualité
de l’air, le climat et la santé, en
utilisant des téléphones portables
et une technologie avancée de la
NASA, et prévoit d’utiliser cette
information pour tenter d’obtenir
des compensations pour des crédits
carbone, afin de promouvoir
l’utilisation de ces fourneaux.
En septembre dernier, le PNUE
s’est rallié à l’Alliance mondiale pour
des fourneaux de cuisine propres,
lancée par la Secrétaire d’État
américaine Hillary Clinton. Le
Gouvernement américain a donné
50 millions de dollars de capital
de démarrage pour le projet, qui
devrait permettre de distribuer
100 millions de fourneaux propres
dans des villages d’Afrique, d’Asie
et d’Amérique du Sud d’ici 2020.
Une étude publiée dans The Lancet
montre qu’un programme décennal
visant à introduire 150 millions de
fourneaux à faibles émissions en Inde
pourrait éviter quelque deux millions
de morts prématurées. Par ailleurs, les
études de terrain du PNUE démontrent
que pour ralentir le réchauffement
global, réduire les émissions d’à peine
une tonne de carbone noir équivaut
à réduire les émissions de 250 à
3 000 tonnes de dioxyde de carbone.
Contrairement au dioxyde de carbone
qui reste dans l’atmosphère pendant
de nombreuses années, la suie retombe
après quelques semaines à peine.
L’amélioration des fourneaux de cuisine
doit maintenant devenir une politique
générale. Des millions de fourneaux
plus propres ont été distribués
gratuitement en Inde au cours des
20 dernières années, par le biais de
campagnes gouvernementales, mais en
raison du manque d’informations sur
leurs avantages, beaucoup d’entre eux
sont restés inutilisés. Institutionnaliser
le changement en faveur des « chulhas
verts » doit devenir une priorité
nationale, grâce à une campagne de
sensibilisation publique mettant en
lumière la sécurité pour la santé,
la qualité de l’air, la réduction des
changements climatiques et, en fin de
compte, la création d’une économie
verte et le développement économique
général pour les populations rurales
en Inde et dans le monde.
Ma grand-mère a vécu jusqu’à l’âge
avancé de 97 ans, et si elle a infirmé
la tendance en ne développant aucune
maladie pulmonaire, le temps passé
auprès du foyer lui a donné de très
nombreux maux de dos. Actuellement,
les femmes indiennes, les gardiennes
du chulha, ont la possibilité
d’améliorer à la fois leur propre vie
et l’état du monde en général.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
15
© Nacivet/Getty Images
C’est
la nature
Ray C. Anderson
Fondateur et Président
de la société Interface, Inc.
Lorsque je m’adresse à des auditoires,
je demande souvent à tout le monde
de fermer les yeux et d’imaginer
un endroit de paix et de repos, de
tranquillité et de créativité, l’endroit
qui les fait se sentir les plus heureux
– leur parfaite zone de confort.
Ensuite, tout le monde ayant toujours
les yeux fermés, je demande à ceux
qui pensent à un endroit extérieur de
lever la main. Je demande ensuite à
tout le monde d’ouvrir les yeux et de
regarder autour de soi.
Que voient toutes ces personnes ?
Une salle pleine de mains levées et
beaucoup d’expressions étonnées.
16
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
Presque tout le monde pensait qu’il
ou elle seul(e) imaginait une forêt, une
prairie ou une rivière bondissante. En
fait, c’était le cas de presque tout le
monde. Dans des centaines de cas,
avec des publics différents partout
dans le monde, la réaction est toujours
la même.
Alors, qu’est-ce que la nature a à
dire à une société comme la nôtre
– le plus grand fabricant mondial
de dalles de moquette commerciale
– sur la manière dont nous menons
nos affaires et créons nos produits ?
Pas mal de choses en fait, comme je
l’explique dans mon livre, Business
Lessons from a Radical Industrialist, où
je raconte toute l’histoire.
Nous nous sommes demandé :
« Comment la nature crée-t-elle
ses propres tapis et sols ? » et il y a
cinq ans, notre équipe de créateurs
a organisé un séminaire avec Janine
Benyus, Présidente du Biomimicry
Institute et Championne de la Terre
du PNUE. Elle a introduit le concept
de biomimétisme – utiliser la nature
comme guide dans la création et
comme source d’inspiration – nous
mettant au défi d’intégrer les principes
de la nature dans la conception des
dalles de moquette.
Suite à cela, notre créateur principal
de produit, David Oakey, envoya son
équipe dans la forêt pour voir ce qu’ils
pouvaient apprendre sur la manière
dont la nature concevrait un revêtement
de sol. Ils étaient déconcertés au début,
pensant devoir copier des fleurs et des
feuilles, mais ils ont ensuite découvert
quelque chose de bien plus intéressant.
Ce qu’ils nous ont ramené était le
« chaos organisé ». Le sol de la forêt
ne présente pas deux mètres carrés
identiques et pourtant ceux-ci se
confondent tous parfaitement en un
tout harmonieux. Nos créateurs ont
réalisé qu’il n’y a pas de fleur parfaite
ni de couleur parfaitement unie: c’est
juste un système varié, caractérisé par
le terme « entropie ».
Ils ont alors entrepris de créer une
moquette modulaire de la même façon.
Dans la nature, le motif et la couleur
sont légèrement différents sur chaque
« module », et c’est là que résidait toute
la difficulté. Il était difficile pour les
créateurs d’abandonner l’esthétique
de la « perfection » et de la monotonie.
Ils avaient également besoin de l’aide
de nos ingénieurs. Comment faire
pour que dans une même chaîne de
production, la couleur et le dessin
de chaque dalle individuelle soient
légèrement différents ?
Ceci nous a amené à réunir les
créateurs et les ingénieurs pour trouver
des solutions, quelque chose que nous
n’avions jamais fait auparavant. Le
problème fut résolu et ainsi fut lancée
une nouvelle gamme de produits,
appelée – en l’honneur de cette
promenade une après-midi dans la
forêt de Géorgie – Entropy.
Créer des moquettes à la façon de
la nature comporte de nombreux
avantages. Nous pouvons poser les
dalles au hasard plutôt que de le faire
de façon systématique. Nous avons
découvert qu’il est facile de faire des
réparations, puisque que les dalles
ne sont pas exactement identiques.
Cela ne fait rien si l’aspect est un peu
différent, en fait, c’est mieux.
Les articles de mauvaise qualité ont
quasiment disparu; les inspecteurs
« Le sol de la forêt
ne présente
pas deux mètres
carrés identiques et
pourtant ceux-ci
se confondent
tous parfaitement
en un tout harmonieux »
ne peuvent trouver des défauts dans
cette « imperfection » délibérée de ne
pas fabriquer deux dalles identiques.
Et cela a pratiquement éliminé les
déchets lors de la pose. Désormais,
chaque dalle peut trouver une place
dans une symphonie de couleurs
et de motifs, tous différents, tous
harmonieux et agréables, dont aucun
ne doit être rejeté comme étant
« mauvais ». Les bains de teintures
différents se confondent maintenant
de manière indiscernable, et il
est donc devenu inutile de garder
quelques dalles supplémentaires
de chaque bain en cas de besoin.
L’utilisateur peut changer ses dalles
de place pour égaliser l’usure, de la
même manière que nous changeons
les pneus de place sur nos voitures
pour en prolonger la durée de vie.
Pareillement, alors que la réparation
de moquettes traditionnelles exige
le recours à des professionnels
spécialement formés, la nature
aléatoire du concept d’Entropy
permet une souplesse bien plus
grande. Ainsi par exemple, si une dalle
est endommagée dans une chambre
d’hôtel, le personnel d’entretien peut
la remplacer – sans se soucier du
sens dans lequel il faut la poser – et
la chambre est de nouveau prête en
quelques minutes.
Comment le marché a-t-il accueilli
tout cela ? En un mot, de façon
spectaculaire ! Entropy est devenu le
produit le plus vendu dans la période de
temps la plus courte dans toute l’histoire
de la société Interface. Et ceci n’est pas
dû seulement aux nombreux avantages
techniques qui découlent de l’imitation
de la nature. Ce succès est aussi très
étroitement lié à cet endroit parfait que
je demande à mes auditoires d’imaginer.
« Les motifs de la nature sont organiques »
déclare David Oakey. « Les formes
naturelles dépendent de leurs fonctions.
Elles ne sont pas linéaires. Elles ne sont
pas basées sur des lignes et ne sont
donc pas limitées par celles-ci. Ainsi,
ces dalles sont belles sur un sol pour la
même raison qu’un tapis de fleurs, de
brindilles, de terre et de pierres est beau
sur le sol de la forêt ». En d’autres termes,
Entropy reproduit cet endroit parfait
que nous imaginons tous lorsque nous
fermons les yeux et il amène de manière
inconsciente pour nous l’extérieur à
l’intérieur. Pas étonnant que ce produit
se vende aussi bien !
Lorsque vous créez votre motif sur la base
d’un modèle naturel, les résultats sont
positifs et les gens sont enthousiastes.
Nous disons parfois : « C’est la nature »
pour désigner la façon correcte de faire
quelque chose, et « Ce n’est qu’humain »,
pour parler d’une erreur – et il y a une
différence essentielle entre la manière
dont nous faisons les choses et la manière
dont les fait la nature. La nature apprend
de ses erreurs et élabore une meilleure
réponse. Nous, les humains, trouvons
parfois difficile de nous libérer du statu
quo, même si celui-ci peut nous mener
à la faillite voire nous tuer. Combien
de temps, selon les lois de la nature, un
organisme qui refuserait d’apprendre
pourrait-il survivre ?
La responsabilité des industriels est
de trouver des manières de travailler
avec ce que la nature nous a donné, et
d’en imiter les aspects les plus efficaces
afin d’éliminer le concept même de
déchets, pour fabriquer ce dont nous
avons besoin à partir des ressources
renouvelables disponibles, boucler
la boucle et alimenter nos chaînes
de production pour fabriquer nos
produits avec des matières premières
renouvelables ou recyclées. A long terme
– et peut-être même bien avant cela –
il n’y a pas d’autre issue.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
17
Le PNUE à l’œuvre
© BTC/UNEP
Le PNUE mène un large éventail d’activités pour promouvoir et faciliter le développement et l’adaptation
de technologies propres. Vous trouverez ci-après un certain nombre d’exemples récents. Pour avoir plus de
renseignements sur le travail que fait le PNUE dans le domaine des changements climatiques, vous pouvez
consulter le site www.unep.org/unite/30Ways
Planter une graine
pour protéger le climat
Le problème :
L’utilisation effrénée des forêts produit environ
17 % des émissions mondiales de gaz à effet de
serre. En Afrique, les moyens de subsistance de
quelques 600 millions de personnes sont assurés
par les forêts et les bois. Malgré le développement
rapide des transactions financières sur le carbone,
il arrive souvent qu’en Afrique sub-saharienne des
projets soient tout simplement ignorés à cause
de l’idée fausse très répandue que le potentiel de
cette région est limité.
La solution :
Le Mécanisme pour un développement
propre (MDP), établi au titre du Protocole
de Kyoto, permet aux pays industrialisés de
recevoir des crédits carbone pour financer
des projets d’atténuation et de piégeage
du carbone dans des pays moins avancés.
Depuis 2007, le Programme CASCADe
du PNUE — Financement carbone pour
l’agriculture, la sylviculture, la conservation et
des mesures de lutte contre le déboisement
— a ouvert aux pays africains des possibilités
de participation au Mécanisme et aux
marchés volontaires du carbone.
18
PNUE
NOTRE PLANÈTE la
lanature
natureààvotre
votreservice
service
Ce qu’a fait le PNUE :
La mise en œuvre du Programme CASCADe est assurée
par le PNUE et son Centre Risoe, avec l’appui du FFEM
(le Fonds français pour l’environnement mondial). Au
Bénin, au Cameroun, en République démocratique du
Congo, au Gabon, à Madagascar, au Mali et au Sénégal,
le Programme a aidé à produire des crédits carbone en
fournissant une assistance technique et une formation
aux concepteurs de projets, aux communautés et aux
institutions nationales concernées par les changements
climatiques. Le Programme CASCADe a soutenu plus de
20 projets de reboisement communautaires, de foresterie
commerciale, de construction de fours et d’installations
de fumage du poisson énergétiquement efficaces ainsi
que dans le domaine de la bioénergie, et il a évité le
déboisement de sept pays africains.
Le succès :
Le succès des projets pilotes du Programme CASCADe
est garant de son expansion dans d’autres pays pour
renforcer encore les cadres règlementaires nationaux
pour des projets de financement carbone. Le PNUE
envisage la mise en place d’un programme de suivi qui
soutiendra toute une gamme de projets susceptibles
d’ouvrir des possibilités de participation des pays africains
au MDP et aux marchés volontaires du carbone.
© Sung-Il Kim/Corbis
Des cartes pour un Programme
REDD+ plus écologique
La solution :
Le problème :
La REDD+ (sur la réduction des émissions liées au
déboisement et à la dégradation des forêts) est un
mécanisme ayant pour objectif de donner une valeur
financière au carbone emmagasiné dans les forêts,
en offrant des incitations aux pays en développement
pour qu’ils réduisent les émissions provenant des terres
boisées et investissent dans des programmes à faible
intensité de carbone afin de parvenir au développement
durable. Mais l’opinion n’a pas encore vraiment pris
conscience du potentiel de la REDD+, et bien souvent les
pays n’ont pas les moyens d’assurer sa mise en œuvre.
Le Programme ONU-REDD aide notamment les
pays à reconnaître le potentiel de la REDD+ et
à l’exploiter avec un appui technique. L’un des
principaux outils qu’il propose est la capacité de
réaliser des relevés cartographiques du carbone
indiquant les quantités de carbone stockées dans
les écosystèmes, en mettant en évidence les
zones importantes du point de vue de la diversité
biologique et des services écosystémiques et les
dangers pour les forêts elles-mêmes. Associée
à d’autres outils d’appui à la prise de décisions,
cette capacité aide les pays à élaborer des
stratégies nationales de REDD+ qui optimisent le
potentiel de développement qu’offrent les forêts.
Ce qu’a fait le PNUE :
Le Programme ONU-REDD est un partenariat entre
la FAO, le PNUD et le PNUE ayant pour but d’aider
les pays en développement à préparer et mettre en
œuvre des stratégies et mécanismes nationaux de
REDD+. Dans le cadre de ce programme, le PNUE
fournit un appui financier, technique et stratégique
et collabore étroitement avec des spécialistes des
systèmes d’information géographique des institutions
nationales et provinciales de nombreux pays en
développement, afin de rassembler et collationner des
informations qui servent d’outils d’analyse spatiale à
l’appui de l’élaboration des stratégies de REDD+.
Le succès :
Au niveau mondial, le Programme ONU-REDD
soutient les pays dans les efforts qu’ils déploient pour
intégrer des avantages multiples dans leurs stratégies
de REDD+ et leurs plans de développement. Des
initiatives qu’il est possible de reproduire, activités
d’analyse spatiale par exemple, permettent de
garantir que les forêts continuent de fournir de
multiples avantages, qu’il s’agisse de moyens de
subsistance ou de conservation de la biodiversité
de la planète, et de servir de dépôts importants
de carbone.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
19
Protéger et évaluer
les mangroves de Guinée-Bissau
Composées d’arbres, de buissons, de palmiers ou de
fougères, les forêts de mangroves se sont adaptées aux
eaux salées des régions tropicales. À la frontière entre
terre et mer, elles jouent un rôle important pour la
subsistance des communautés avoisinantes et procurent
des services écosystémiques précieux, tels que la
protection des littoraux contre les tempêtes et l’érosion,
la stabilisation des sols en retenant les sédiments,
la préservation de la qualité de l’eau, le piégeage du
dioxyde de carbone, la sécurité alimentaire pour les
pêches vivrières et commerciales, le miel, les matériaux
de construction, la médicine traditionnelle, les revenus
du tourisme. Ces services se traduisent en bénéfices
économiques directs. Selon le Centre mondial de
surveillance de la conservation de la nature (WCMC)
du PNUE, la valeur des mangroves peut atteindre
500 000 dollars par km2 par an.
D’après l’Atlas mondial des mangroves, publié en 2010 par
le PNUE-WCMC, la mangrove de Guinée-Bissau s’étend
sur près de 3 000 km2, soit la plus grande superficie
dans la région après celle du Nigéria. Cette mangrove
est essentielle pour la biodiversité puisqu’elle abrite
180 espèces d’oiseaux, 40 espèces de mammifères
terrestres et 5 espèces de tortues de mer, en plus des
hippopotames, des lamantins, des dauphins et des
crocodiles nains. Elle est aussi essentielle pour la pêche.
Les huîtres, les crabes, les crevettes et les poissons sont
sources de revenus et de nourriture, et près de 70 %
de la production nationale de poissons dépend des
mangroves. Pourtant, les mangroves sont menacées par
la surexploitation et par l’expansion agricole et urbaine.
Afin de protéger ces ressources naturelles, le
Gouvernement de la Guinée-Bissau a créé un système
de zones protégées couvrant 12 % de la superficie
du pays. Elles englobent les riches mangroves du Parc
20
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
naturel des mangroves du Rio Cacheu et le Parc national
des îles d’Orango. Cependant, il était jusqu’ici difficile de
préserver ces espaces protégés et de mettre un terme au
braconnage et à l’exploitation forestière illégale, faute de
surveillance, de personnel et d’infrastructures suffisants.
Dans le cadre du projet espagnol Lifeweb, le PNUE
travaille en collaboration avec l’Union internationale pour
la conservation de la nature (UICN) pour améliorer la
gestion de ces parcs. Il mène un travail de formation et de
sensibilisation auprès des gardes-forestiers nationaux et
des communautés locales de pêcheurs qui participeront
à la gestion des parcs.
Le PNUE s’est associé à l’UICN pour l’achat de trois
bateaux à moteur et des équipements GPS et radio
indispensables pour assurer l’application des règlements
dans les parcs. Les autorités locales et les ONG disposent
ainsi de données satellites indiquant l’étendue actuelle
et passée des mangroves et le taux de déboisement.
Protéger les mangroves contre le déboisement et la
surexploitation, cela signifie préserver une riche diversité
biologique et d’importantes ressources halieutiques et
assurer ainsi le bien-être futur des populations locales.
En plus des efforts visant à renforcer le suivi et la mise en
œuvre des projets, le PNUE s’attache à estimer la valeur
économique des mangroves de Guinée-Bissau et des
services écosystémiques qu’elles offrent. Ce travail mettra
à la disposition des décideurs et des communautés
locales les données et les justifications économiques
nécessaires pour protéger ces précieuses forêts.
En mesurant le piégeage du carbone dans les forêts
de mangroves, il sera possible de développer des projets
pour les mangroves dans le cadre de la REDD + et donc
d’avoir accès à un financement carbone international
pour la conservation des mangroves en Guinée-Bissau.
Gabriel Grimsditch
produits
Un cerf-volant sub-aquatique
« Deep Green » se comporte exactement comme un cerf-volant qui vole avec les courants des marées
au lieu de le faire avec le vent. Attaché au plancher océanique par un long filin, il glisse d’un côté à
l’autre. L’eau qui l’entoure fait tourner une turbine placée sous son « aile » et produit de l’électricité.
Plus d’énergie tirée d’un plus petit système et la capacité de maîtriser l’énergie produite par des eaux qui
bougent lentement sont au nombre des avantages qu’il a sur d’autres concepts d’énergie marémotrice.
Il en est encore au stade du prototype mais, selon les estimations, un système Deep Green installé sur les
côtes du Royaume-Uni pourrait produire assez d’électricité verte pour répondre aux besoins annuels de
4 millions de ménages britanniques environ.
www.minesto.com/
Une voiture à vent traverse l’Australie
La Wind Explorer est le premier véhicule électrique , propulsé par le vent, à traverser un continent.
Ce véhicule léger a traversé l’Australie, de l’océan Indien à l’océan Pacifique – soit 4 800 kilomètres –
en 18 jours. Piloté par les sportifs allemands de l’extrême Dirk Gion et Stefan Simmerer, cette voiture qui
pèse 200 kg a enregistré trois nouveaux records : première traversée d’un continent par un véhicule
fonctionnant à l’énergie éolienne, plus longue distance globale couverte par un véhicule terrestre
propulsé exclusivement par l’énergie éolienne et distance la plus grande parcourue en 36 heures.
La Wind Explorer était dotée d’un moteur électrique alimenté par une batterie Lithium Ion, rechargée
lorsque les conditions le permettent par une éolienne télescopique portable qui fonctionne à l’arrêt.
www.wind-explorer.com
Un ordinateur portable intégralement recyclable
Aux États-Unis, environ 2 millions de tonnes de produits électroniques sont devenus obsolètes en
2005, mais moins de 380 000 tonnes ont été recyclées. Aussi, l’idée à l’origine du Bloom Laptop était
de réduire la quantité de déchets électroniques jetés dans les décharges. Cet ordinateur portable peut
être entièrement recyclé en deux minutes, en suivant 10 étapes simples— point n’est besoin d’avoir un
tournevis. Tous ses composants peuvent aisément être séparés du cadre pour être recyclés sans difficulté.
Il est l’invention d’un groupe d’étudiants en construction mécanique de l’Université Stanford, aux
États-Unis, et de l’Université Aalto, en Finlande. Les auteurs de ce projet ont reçu le Prix de l’invention
du mois décerné par Autodesk, le géant du logiciel.
http://inhabitat.com
Les robes bleues sont vraiment vertes
La toge bleue revêtue pour la cérémonie de remise des diplômes de l’Université de Caroline du
Nord est devenue verte. Encouragé par des étudiants respectueux de l’environnement préférant
que la toge qu’ils ne porteront probablement qu’une seule fois dans leur vie soit fabriquée dans
des matériaux recyclés, le styliste primé Alexander Julian, ancien élève de l’Université, a collaboré
avec les fabricants Oak Hall Cap & Gown, pour créer la première toge de cérémonie de remise
des prix. Outre le fait qu’il a la couleur « bleu californien », ce vêtement est fabriqué à partir de
bouteilles vides en plastique, recyclées à 100 %. Pour chaque robe il faut vingt-trois bouteilles en
plastique. L’étiquette est imprimée directement sur le vêtement au lieu d’être cousue séparément.
http://uncnews.unc.edu/content/view/4310/75/
Le navire porte-conteneurs le plus vert jamais construit
La compagnie de navigation Maersk a annoncé qu’elle allait acheter dix des navires porte-conteneurs les plus
grands et les plus performants jamais construits. Curieusement, ces bateaux de transport maritime seront
à la fois les plus grands et les plus écologiques qui aient jamais pris la mer. Ils sont plus respectueux de
l’environnement pour des raisons d’économie d’échelle — ils transportent plus de cargaison mais il y a moins
d’émissions par conteneur. Ces énormes bateaux produisent moitié moins de CO2 que la norme industrielle
pour les trajets Asie-Europe et leur consommation de carburant par conteneur est de 35 % inférieure. Ils
auront 400 m de longueur, 59 m de largeur, 73 m de hauteur et transporteront 16 % de plus que la normale.
http://inhabitat.com/
Des planches de surf en détritus tirés de l’océan
Le surfer Kevin Cunningham a trouvé un moyen tout à fait génial de recycler les détritus qui polluent les
océans. Fatigué de voir tous les débris qui jonchent les plages locales, il a décidé d’en faire des planches de
surf. Des fragments de débris d’origine humaine comme le plastique et le verre sont recyclés et réutilisés
dans la couverture de la planche de surf, des sacs en plastique sont tissés pour en faire une toile de renfort,
des bouteilles en plastique sont découpées et réassemblées pour en faire des ailerons et il y a encore bien
d’autres possibilités à explorer, dit Cunningham. Sa société Spirare Surfboards produit une série limitée
de planches fabriquées à partir de débris récupérés qui seront présentées dans une exposition publique;
elle sera suivie d’une ligne de 100 planches qui seront vendues sur commande.
PNUE NOTRE PLANÈTE
http://spiraresurfboards.com/
la nature à votre service
21
© Pete McArthur/Corbis
Une croissance verte
grâce aux forêts
animaux et les ressources naturelles,
pendant combien de temps encore
continuera-t-il à fonctionner pour les
quelques privilégiés dont les modes
de vie sont les moins viables?
Yolanda Kakabadse
Présidente du
WWF International
« À quoi ressemblera l’économie verte? ».
C’est un sujet brûlant qui passionne
autant les petits comptables que
les écolos.
De plus en plus on se rend compte que
le modèle économique actuel ne donne
pas les résultats escomptés. Il ne répond
pas aux attentes des quelque 3 millions
de personnes dans le monde qui vivent
avec l’équivalent de 2 dollars par jour ou
moins, ni à celles des espèces. L’indice
Planète vivante du WWF montre
que la biodiversité a diminué de 30 %
depuis 1970. Il ne répond pas non plus
aux attentes dans le cas des forêts, dont
13 millions d’hectares disparaissent
chaque année.
Donc, si ce modèle ne donne pas les
résultats qu’en attendent les pauvres, les
22
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
Réponse : pour bien peu de temps
encore. Le rapport Planète vivante
du WWF montre que les pays riches
continuent à dépendre des ressources
d’autres pays et contribuent ainsi
à un appauvrissement alarmant
de la biodiversité dans les pays à
faible revenu. De fait, les nations
les plus pauvres et les plus
vulnérables subventionnent le
train de vie des nantis. Dans son
ensemble, l’humanité utilise les
ressources d’une planète et demie.
Point n’est besoin d’être économiste
pour savoir que tôt ou tard il
faudra payer la note.
C’est pour cela que le concept
d’économie verte présente un tel
intérêt. Les PDG et les chefs d’État,
les écologistes et les dirigeants
communautaires jettent enfin
les bases d’un système qui assurera
le bien-être et pas uniquement
la richesse.
Les forêts ont une importance cruciale
parce que leurs produits et les services
rendus par leurs écosystèmes touchent
tous les secteurs de l’économie. On
peut établir une corrélation entre leur
situation périlleuse et les imperfections
de notre modèle économique actuel :
mauvaise gouvernance, avidité des
grosses entreprises, déni de leurs droits
aux pauvres. Un modèle économique vert
permettrait de corriger ces défauts grâce
à de nouvelles mesures d’incitation et de
progrès.
L’Indonésie offre un exemple intéressant
de la manière dont ces mutations
pourraient fonctionner. Elle s’est engagée
publiquement à assurer une croissance
de 7 % du PIB et à une réduction de ses
émissions de carbone de l’ordre de
41 % (avec une aide internationale)
d’ici à 2020. Ces objectifs ambitieux ne
pourront être atteints que grâce à une
gestion plus responsable des forêts et à la
planification de l’utilisation plus durable
des terres. Plus de la moitié
des émissions de carbone de l’Indonésie
étant imputable au déboisement et à
la dégradation des forêts – et 15 % de
son PIB provenant de la sylviculture
et de l’agriculture – il est indispensable
« Nous avons encore
de belles forêts
parce que les gens savent
que leur vie en dépend.
Si nous avons besoin
de nourriture, nous allons
à la rivière ou dans la forêt »
que ce pays réajuste sa politique dans
ce domaine.
Si nous gaspillons les forêts, c’est qu’il
est certes plus facile de couper des forêts
naturelles d’origine que de confronter
une bureaucratie tatillonne peu encline
à autoriser l’utilisation de terres déjà
déboisées. Si les problèmes fonciers
concernant ces terres dégradées - dont
la superficie est estimée à 30 millions
d’hectares en Indonésie – étaient réglés,
les perspectives de leur développement
pour de nouvelles plantations produisant
de l’huile de palme ou du bois d’œuvre
seraient nettement améliorées. Ce genre
de réformes politiques - assorties des
incitations créées par un marché qui fait
de plus en plus preuve de discernement
en ce qui concerne l’empreinte
carbone des produits et qui est prêt à
récompenser les réductions d’émissions
– créera un climat environnemental
et économiques ne faisant que des
gagnants.
Pour leur part, beaucoup d’entreprises
ont déjà réalisé que leur résultat financier
dépend de forêts saines et elles ont
volontairement adopté des normes telles
que celles du Forest Stewardship Council
et de la Table ronde pour l’huile de
palme durable. À court terme, ces
normes peuvent atténuer les pertes
dues à une mauvaise gestion des
forêts. (Tout comme une personne
responsable ne se transforme pas
en voleur simplement parce que le
propriétaire du magasin ne regarde
pas, les entreprises responsables
ne profitent pas d’une mauvaise
gouvernance pour faire des bénéfices).
À long terme, ces groupements des
secteurs public et privé amènent à de
meilleures politiques qui valent pour
toutes les sociétés.
Il est possible, en Indonésie, de
reconnaître la valeur traditionnelle de
la conservation, qui est le produit de
générations de dépendance à l’égard
de la générosité des forêts, des fleuves
et des mers – et de les récompenser
comme il se doit. Le Programme
REDD+, qui comprend de fortes
mesures de protection sociale,
pourrait marquer un important
pas en avant dans la prévention de
changements climatiques galopants
et la réduction du fardeau de la
pauvreté.
Alors même que nous nous efforçons
d’améliorer le mécanisme REDD+,
quelques étincelles de progrès
jaillissent, qui prouvent que les
communautés autochtones peuvent
tirer parti de leur gestion de
l’environnement dans le cadre d’une
nouvelle économie verte. Prenez par
exemple Long Pahangai à Bornéo,
dans le Kalimantan oriental. Les
Dayaks qui le peuplent vivent
encore comme leurs ancêtres et
entretiennent des liens très forts avec
la terre. « Nous avons encore de belles
forêts parce que les gens savent que
leur vie en dépend. Si nous avons besoin
de nourriture, nous allons à la rivière
ou dans la forêt », dit Iskander Idris, le
secrétaire du village.
La conservation de Long Pahangai a
encore d’autres avantages. Les forêts
intactes ont protégé tout le bassin
versant, y compris un affluent qui coule
à proximité du village vers le fleuve
Mahakam et qui produira de l’énergie
électrique pour amener l’électricité au
village. En créant ce genre de petites
installations hydroélectriques, le
WWF et ses partenaires tentent de
rendre la conservation rentable pour les
communautés rurales. Il y a globalement
1,4 milliard de personnes qui n’ont pas
accès à une source fiable d’électricité;
ceci a des répercussions sur leur état de
santé, leur éducation, leurs possibilités
de revenu et leur capacité à participer
pleinement à la vie de la société.
« Ce projet est un partenariat entre le
gouvernement provincial, les autorités
locales, la communauté et le WWF», dit
Data Kusuma, dirigeant du projet pour
le WWF. « Au départ, le gouvernement
provincial avait proposé d’installer la
micro-turbine hydraulique dans une
autre communauté. Mais le WWF leur
a fait comprendre que la forêt était trop
dégradée – la rivière était envasée et ne
coulait même pas toute l’année. Cette
communauté aurait été très déçue d’avoir
un système ne fonctionnant pas bien ».
« À Long Pahangai, la rivière peut
supporter la micro-turbine et cela
peut servir de modèle à d’autres
communautés; si elles remettent en état
et reboisent leurs bassins versants, des
micro-turbines pourraient aussi leur être
utiles ».
Le Chef du sous-district, Tigang
Himang, ajoute encore : « Les villages
de ce sous-district sont tributaires de la
nature et vivent en harmonie avec leur
environnement. Mais nous devons aussi
nous développer économiquement.
Ici, nous faisons tout à la sueur de
notre front. Avec l’électricité, nous
pourrons produire davantage et tirer
parti de la technologie ».
Nous ne comprenons peut-être
pas encore très bien ce qui fait une
« économie verte » mais ceci est
certainement un bon point de départ.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
23
people
Champion du climat, le Président Calderon
du Mexique a dit très clairement lors de la dernière réunion
de Cancún qu’il voulait faire de son pays le leader mondial
des mesures prises en faveur du climat et il s’est montré
très actif pour promouvoir l’économie verte, en particulier
en ce qui concerne les forêts.
Mme Olga Speranskaya, scientifique russe, a fait la une des
journaux du monde entier pour ses travaux visant à réduire les effets
néfastes des substances chimiques toxiques en Europe orientale, au
Caucase et en Asie centrale; en 2009, elle a remporté le prestigieux Prix
Goldman pour son travail d’identification et d’élimination des substances
chimiques toxiques dans l’environnement, héritage soviétique.
24
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
Angélique Kidjo, Bénin. Des milliers
d’admirateurs du monde entier adorent la voix
de la chanteuse et chansonnière Angélique
Kidjo qui est également un ardent défenseur du
changement humanitaire et environnemental.
Décrite par le Time Magazine comme la « première
diva de l’Afrique », Kidjo, née au Bénin, se sert
de son statut de célébrité pour s’exprimer
franchement en faveur d’un certain nombre de
causes importantes, en particulier l’éducation des
filles et le développement durable.
Zhang Yue – Président et fondateur du
Groupe BROAD en Chine. « La responsabilité est
plus importante que la croissance » : c’est l’une
des devises du Groupe. Diplômé des beaux arts,
Zhang Yue a fait appel à son pouvoir créateur et il
se concentre maintenant sur la construction, dans
le monde entier, de bâtiments durables ayant une
efficacité énergétique cinq fois supérieure à celle
des bâtiments conventionnels.
L’aventurier suisse Louis Palmer, donnant une
orientation verte au fameux voyage de Jules Vernes, a réussi
à faire le tour du monde l’année dernière avec une flottille
de voitures électriques. Les équipes de la « Zero Race »
ont traversé le globe en quatre-vingt jours, mettant en
évidence deux des principaux problèmes environnementaux
auxquels est confronté le monde d’aujourd’hui : la nécessité
de disposer de moyens de transport plus durables et de
sources d’énergie plus propres.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
25
© BASE/Corbis
Maryanne Grieg-Gran
Économiste principale,
de l’Institut international pour
l’environnement et le développement
Steve Bass
Chef du Groupe marchés durables,
de l’Institut international pour
l’environnement et le développement
Les arbres,
sources d’économies
Face à la récession et à la difficulté
de réduire leur dette publique,
de nombreux pays commencent à
repenser leurs stratégies économiques.
L’économie verte permet de sortir
de la récession, grâce à des modes de
développement utilisant efficacement
les
ressources,
respectueux
de
l’environnement
et
équitables,
sources d’un véritable bien-être. En
considérant l’ensemble des services
écosystémiques fournis par les forêts,
et non pas seulement la production de
bois et de fibres, on leur permet de jouer
un rôle économique primordial.
Les statistiques économiques relatives
aux forêts se limitent au bois et aux
produits fibreux, qui ne représentent
que 1 % du PIB mondial et 0,4 % de
l’emploi dans le secteur formel. Dans
certains pays africains, ils tiennent
26
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
une place plus importante, jusqu’à
13 % du PIB. Mais cette contribution,
non négligeable, est inférieure à
la réalité. Plus de 2 milliards de
personnes utilisent du bois pour la
cuisine, le chauffage et la conservation
des aliments. Les forêts assurent
l’emploi et la subsistance de centaines
de millions de personnes (entre
119 millions et 1,4 milliard selon les
estimations). Les services assurés
par les écosystèmes forestiers sont
beaucoup moins visibles. Pourtant,
plus de 50 % des espèces terrestres
vivent grâce aux forêts, qui régulent
le climat mondial par le stockage du
carbone et la protection offerte par
les bassins versants. De plus, elles ont
une grande importance culturelle.
Les forêts sont une ressource renouvelable, fournissant des produits
recyclables et biodégradables. L’efficacité de la transformation de ces
produits a fait des progrès, y compris
l’utilisation de résidus de bois et le
recyclage des produits du bois et du
papier. Nous serons donc en mesure
de répondre à une demande mondiale
de bois et de fibres qui va doubler
d’ici 2030 avec seulement 40 % de
croissance dans le secteur du bois.
De plus, la réponse à cette plus forte
demande viendra majoritairement des
forêts plantées, dont la production a
également augmenté.
Grâce à cette utilisation efficace des
ressources, le secteur forestier reflète
parfaitement l’économie verte en
action. Toutefois, la création d’une
économie verte ne va pas sans le
renoncement aux mauvaises pratiques.
Actuellement, une bonne partie des
arbres ne sont pas remplacés, cédant
la place aux cultures de rapport et à
l’élevage, beaucoup plus rentables.
La déforestation, jugée alarmante
par l’Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO), touche environ 13 millions
d’hectares par an, essentiellement
sous les tropiques. De mauvaises
pratiques d’exploitation et l’abattage
illégal, très répandu, entraînent la
dégradation de vastes étendues de
forêts et, avec elle, la disparition de
précieux services écosystémiques et
de réelles perspectives économiques.
Aucune rémunération n’a été
déterminée pour ces services et, par
conséquent, les décisions en matière
de gestion n’en tiennent pas compte,
sauf dans les rares innovations que
sont les systèmes de paiements pour
les services environnementaux (PSE).
Pourtant, le bilan de ces dix
dernières années n’est pas si sombre.
Investir dans la réduction de la
déforestation pour atténuer les
changements climatiques est un bon
choix économique, comme cela est
de plus en plus reconnu. Selon les
estimations, les avantages pour la
régulation du climat d’une réduction
de moitié de la déforestation valent
trois fois les investissements engagés.
Cela contribue à privilégier une
atténuation basée sur la forêt lors
des négociations internationales
sur le climat, tout d’abord avec le
programme REDD (réduction des
émissions liées à la déforestation
et à la dégradation des forêts) puis,
plus récemment, avec le mécanisme
REDD+ (inscrivant la conservation,
la gestion durable des forêts et le
renforcement des stocks de carbone
sur la liste des activités éligibles).
L’attrait des investissements forestiers
est d’autant plus évident si l’on prend
en compte non seulement le bois et
les fibres mais aussi l’ensemble des
services écosystémiques forestiers. Il
faut donc investir d’avantage dans la
protection des forêts, principalement
en assurant plus d’avantages aux
communautés locales; en améliorant la
gestion des forêts de production pour
minimiser les impacts sur les services
écosystémiques, et en intensifiant la
plantation des types de forêts capables
de fournir le plus grand nombre de
services écosystémiques. Qu’il s’agisse
de la production de bois certifié
et des marchés pour les services
écosystémiques, ou des partenariats
récompensant les populations locales
pauvres protégeant les forêts, nous
disposons d’exemples suffisamment
probants pour attirer une plus grande
attention politique sur l’économie
verte basée sur les forêts. Il faut
évaluer toutes les possibilités, les
services écosystémiques qu’elles
offrent et la répartition des coûts,
leurs avantages et leurs risques afin de
les promouvoir plus largement dans le
cadre des négociations REDD+.
« Les décideurs et le grand
public seraient plus à même
d’apprécier les nombreux
rôles des forêts, véritables
usines produisant une variété
de produits allant du bois
aux aliments, infrastructure
écologique régulant le climat et
les cycles de l’eau, et prestataires
de services d’ innovation et
d’assurance grâce à la résilience
de la biodiversité des forêts »
Le modèle économique utilisé dans
le rapport du PNUE sur l’économie
verte indique que les investissements
verts dans les forêts peuvent
stimuler les économies nationales,
tout en protégeant les services
écosystémiques. En ne consacrant que
0,035 % du PIB mondial annuel entre
2010 et 2050 à l’investissement public
pour rémunérer les propriétaires
des forêts afin de les conserver, et
en y ajoutant des investissements
privés pour le reboisement, la valeur
ajoutée du secteur forestier pourrait
augmenter de 20 % et la quantité
de carbone stockée pourrait croître
de 28 %.
Un accord mondial dans le cadre
du mécanisme REDD+ pourrait
être la meilleure solution pour
préserver les forêts et investir dans
leur rôle au sein de l’économie
verte. Jusqu’à présent, les projets
PSE ont été limités par le manque
de fonds. Mais un accord pourrait
marquer un changement radical en
termes de fonds disponibles. De
nouvelles perspectives s’ouvriraient
à nous en créant de nouveaux types
d’emplois liés aux forêts, des moyens
de subsistance et des revenus pour
rémunérer les populations locales,
gardiennes des forêts et des services
écosystémiques. Il faudra adopter des
mesures de protection pour garantir
aux populations tributaires des forêts
le respect de leurs droits, surtout
s’ils sont l’héritage de systèmes
traditionnels et non pas de cadres
juridiques formels, et ainsi s’assurer
que ceux qui prennent en charge les
coûts d’opportunité du mécanisme
REDD+ reçoivent la part des
avantages qui leur revient.
Une vision du rôle du secteur forestier
dans l’économie verte se dessine.
Les décideurs et le grand public
seraient plus à même d’apprécier les
nombreux rôles des forêts, véritables
usines produisant une variété de
produits allant du bois aux aliments,
infrastructure écologique régulant
le climat et les cycles de l’eau, et
prestataires de services d’innovation
et d’assurance grâce à la résilience de
la biodiversité des forêts. La portée
économique des forêts s’étendrait à
d’autres secteurs que les industries
du bois et du papier, qui auraient
une empreinte écologique plus faible
grâce au remplacement des métaux
non renouvelables, du béton et des
matières plastiques par des fibres
forestières renouvelables, et des
combustibles fossiles par du bois de
feu neutre en carbone. Le contrôle et la
gestion efficaces des forêts à l’échelon
local pourraient être encouragés par
plus d’incitations financières dans
le cadre d’un système international
solide et équitable destiné à rémunérer
les services dispensés par les forêts
au niveau mondial. Ces paiements
favoriseraient et récompenseraient
les partenariats avec les acteurs
locaux et communautaires tributaires
de la santé des forêts. Avec de telles
incitations et la promesse d’avantages
nombreux, les acteurs de la foresterie
procéderont à une évaluation régulière
de la valeur de l’ensemble des biens et
services forestiers et pourront, ainsi,
mieux la refléter.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
27
© Bill Ross/Corbis
Andrew W. Mitchell
Fondateur et directeur du programme mondial
pour la canopée et président du projet sur la
divulgation de l’empreinte forestière
Le dramaturge anglais, Oscar Wilde, a
un jour déclaré : le cynique est celui qui
connaît le prix de tout et la valeur de
rien. Aujourd’hui, beaucoup affirment
que la biodiversité a une valeur
« inestimable », mais peu semblent prêts
à en payer le prix. La valeur de son
existence seule n’a pas été en mesure
d’endiguer les forces économiques
du XXe siècle, responsables de la
destruction de la biodiversité et de
dommages collatéraux jugés acceptables
au nom de la prospérité. Et, trop
souvent, l’augmentation de la
population n’a guère laissé d’autre
choix aux pauvres que de piller la
biodiversité pour assurer leur survie.
Une vision très différente de la
conservation est nécessaire si l’on veut
avoir une chance d’atteindre, durant
ce siècle, l’Objectif du millénaire pour
le développement consistant à réduire
immédiatement la perte de biodiversité.
À la pointe du débat, la biodiversité
elle-même devrait être remplacée par les
services écosystémiques qu’elle fournit à
l’humanité. Les forêts nous font prendre
conscience à quel point le capital naturel
est indispensable à nos besoins les plus
élémentaires : climat, eau, nourriture,
énergie, santé et sécurité alimentaire.
Dans mon tout jeune âge, le monde
inconnu de la canopée de la forêt
tropicale de Bornéo fascinait déjà le
jeune zoologiste que j’étais. Atteindre
la cime des arbres - où les plus hauts
diptérocarpacées s’élèvent a plus de
90 mètres - était une opération
dangereuse impliquant soit des
catapultes et des cordes d’escalade,
soit des ballons à air chaud, selon
que l’on partait du sol ou du ciel.
C’est pourquoi j’ai depuis lors construit
de précaires passerelles aériennes pour
permettre aux équipes scientifiques
d’étudier aisément. Ce que nous avons
découvert nous a stupéfaits, nous
28
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
Investir dans le
capital naturel
révélant l’étendue de notre ignorance.
Peut-être que la moitié de la vie
terrestre s’y concentre, ne touchant
jamais le sol. Quelque 80 % des
insectes que les entomologistes ont
découverts dans la canopée d’Asie
n’avaient pas de nom, et environ 60 %
en Amérique centrale étaient encore
inconnus des scientifiques.
Trente ans plus tard, nous en savons
beaucoup plus, et ce nouveau
savoir est peut-être plus important
encore. Des experts en sciences de
l’atmosphère, des éco-physiologistes
brésiliens et la NASA ont financé
une expérience à grande échelle sur
l’atmosphère et la biosphère.
Des tours disséminées dans les
forêts de l’Amazonie mesurent les
flux de gaz, tels que le carbone et
l’oxygène, qui entrent et sortent de
la canopée. Cette étude a révélé que
les forêts éliminent de l’atmosphère
environ une tonne de carbone par
hectare et par an, en le stockant
dans les troncs et les racines. En
outre, les arbres rejettent dans l’air
de grandes quantités d’un riche mélange
de composés organiques volatils. Des
produits chimiques s’y oxydent au
contact de la lumière du soleil pour créer
de minuscules noyaux autour desquels
se forment des gouttelettes d’eau. Oui,
la canopée amazonienne génère sa
propre pluie. Ainsi, la biodiversité
pourvoit d’immenses services de
régulation à notre atmosphère.
Il faut imaginer les forêts tropicales
de la planète comme des éco-services
géants, telle une centrale électrique
ou une usine de traitement de l’eau,
fournissant les services écosystémiques
que nous utilisons tous, mais pour
lesquels personne ne paie encore. Elles
sont le plus grand système de capture et
de stockage du carbone (CSC) existant
sur la planète, débarrassant l’atmosphère
d’un milliard de tonnes de polluants
par an. Elles le font gratuitement,
tandis que les installations industrielles
comparables peuvent demander jusqu’à
300 dollars par tonne pour faire le même
travail. La déforestation et le brûlage des
forêts tropicales détruisent ce système
© Vaara/iStockphoto
unique en même temps qu’ils répandent
de la fumée, équivalente en quantité
aux émissions annuelles de carbone
de tous les transports dans le monde.
L’idée de payer pour enrayer la perte de
forêts a donné lieu à l’initiative REDD,
mécanisme proposé par la Conventioncadre des Nations Unies sur les
changements climatiques (CCNUCC)
pour réduire les émissions liées à la
déforestation et à la dégradation des
forêts, qui pourrait générer des milliards
de dollars pour les nations pauvres
propriétaires de forêts. La lenteur des
négociations au sein de l’ONU a certes
engendré un certain cynisme sur les
marchés du carbone, mais la Norvège
a offert 2,5 milliards de dollars pour
fixer le calendrier de la mise en œuvre
de ce qui promet d’être le moyen le plus
important, le moins cher et le plus rapide
de cette décennie pour lutter contre les
changements climatiques.
Les forêts fournissent également un
autre service écosystémique qui pourrait
s’avérer encore plus profitable. Selon le
Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat, les couronnes
des arbres d’Amazonie libèrent
8 000 milliards de tonnes de vapeur
d’eau par an. Elles sont recyclées
à plusieurs reprises par le couvert
forestier, qui agit comme une pompe à
eau, avant d’atteindre la Cordillère des
Andes. Une partie tombe sous forme de
neige, alimentant l’eau provenant de la
fonte des neiges dans les vastes bassins
fluviaux de l’Amazonie occidentale.
Les scientifiques conjecturent qu’un
courant d’air de basse altitude transporte
l’humidité qui se transforme en pluie
s’abattant sur les élevages de bovins
et les exploitations de soja dans le Sud
du Brésil, et éventuellement sur le
grenier économique que constitue le
bassin de La Plata.
et 4 500 milliards de dollars par an. Les
investisseurs prennent conscience du fait
que certaines entreprises accroissent les
risques par leurs activités, parce qu’elles
ne prennent pas en considération, dans
leurs modèles d’entreprises, l’utilisation
qu’elles font du capital naturel et des
services écosystémiques qu’il rend. Le
Projet sur la divulgation de l’empreinte
forestière invite les entreprises à signaler
leur utilisation de produits de base
responsables de la déforestation tels
que le bœuf et le cuir, le soja, l’huile de
palme et le papier ou la pâte à papier. En
deux ans seulement, 57 grosses sociétés
d’investissements gérant 5 700 milliards
de dollars d’actifs aux États-Unis, ont
approuvé ce projet. D’ailleurs, un rapport
du PNUD intitulé L’Amérique latine et
les Caraïbes – une superpuissance de la
biodiversité – montre que la région a une
grande opportunité économique dans le
commerce des services écosystémiques.
Qu’arriverait-il si cette pompe devait
perdre à jamais de son efficacité?
Est-ce que les lumières s’éteindraient
à São Paulo parce que les barrages
géants cesseraient de fonctionner
L’investissement proactif dans le capital
faute d’eau, est-ce que les prix des
naturel (PINC), expliqué dans le Petit
denrées alimentaires s’envoleraient
livre des finances de la biodiversité
en Europe du fait qu’elle n’aurait
du Programme mondial pour la
plus le soja d’Amazonie pour nourrir
canopée, offre une nouvelle vision
ses poulets, ses porcs et ses vaches?
économique pour la nature. Si la REDD
Les grandes sécheresses sont en
est inexorablement liée aux marchés
augmentation
émergents du carbone,
et ont été sans
le cadre PINC dispose,
« Valoriser le capital
précédent en
lui, de 17 mécanismes
Amazonie,
naturel et payer pour son qui pourraient procurer
notamment celles
à des investissements
de 2005 et 2010
entretien, sa disparition annuels pouvant atteindre
nous donnant
jusqu’à 140 milliards
ou sa restauration, devrait de dollars en 2020 la
un avant-goût de
ce qui pourrait
biodiversité et aux services
devenir aussi banal
arriver. Des
écosystémiques. Beaucoup
rivières s’étaient
de ces mécanismes sont
que d’utiliser le capital maintenant disponibles.
alors asséchées :
les barges utilisées
Valoriser le capital
financier ou social »
pour le transport du
naturel et payer pour son
soja, immobilisées
entretien, sa disparition
au sol, avaient dû faire un détour de
ou sa restauration, devrait devenir aussi
2 000 kilomètres pour atteindre les
banal que d’utiliser le capital financier
marchés; les poissons suffoquaient
ou social. Les garanties et le partage
sur les rives alors que des villages
équitable des bénéfices de ce processus
reculés souffraient de la faim; les
sont source de difficultés, mais le risque
admissions à l’hôpital augmentaient
de statu quo l’est encore davantage. Les
et les aéroports fermaient à cause de
nations possédant des forêts tropicales
la fumée due aux incendies de forêt.
et leurs peuples disposent de richesses
en capital naturel, et ils doivent être
Selon le rapport du PNUE intitulé
dûment récompensés pour l’entretien des
L’économie des écosystèmes et de
services écosystémiques. Si un moyen
la biodiversité, le coût de la perte
peut être trouvé pour faire cela, un
des services écosystémiques due à la
jour leurs forêts auront plus de valeur,
déforestation s’établirait entre 1 400
économiquement, sur pied, que mortes.
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
29
Nettoyons la Terre
événements
Prix Sasakawa du PNUE
prix
et
Prix du jeune journaliste
de l’environnement
Le Prix prestigieux du jeune
journaliste de l’environnement
a été décerné par le PNUE à la
journaliste de la radio ougandaise,
Patricia Okoed-Bukumunhe, pour
son rapport sur les changements
climatiques et l’Ouganda diffusé
sur Radio France International.
Les membres du jury ont qualifié
cet article de « reportage
original à la pointe des questions
environnementales ». Le Prix du
jeune journaliste de l’environnement
a été lancé en novembre 2010 par le
PNUE pour servir de vitrine d’excellence
dans le domaine du reportage sur
les questions environnementales et
favoriser le développement de nouveaux
talents qui aideront à former l’opinion
publique, en Afrique et ailleurs, au sujet
de l’environnement, pendant les années
à venir.
www.unep.org/yeja/
Journée mondiale de l’environnement
www.unep.org/sasakawa/
La Journée mondiale de
l’environnement est célébrée le 5 juin.
C’est une journée mondiale destinée
à prendre des mesures positives
en faveur de l’environnement et
l’une des principales initiatives de
l’Organisation des Nations Unies
ayant pour but de mieux sensibiliser
l’opinion mondiale aux problèmes
environnementaux et d’inciter les
hommes politiques à agir. La Journée
mondiale de l’environnement 2011 devrait être la plus importante de tous les
temps et les communautés du monde entier sont encouragées à prendre des
mesures pour prendre soin de leur environnement local. Cette année, l’Inde
est l’hôte de la Journée mondiale dont le thème, dans l’esprit de l’Année
internationale des forêts 2011, est « Les forêts : la Nature à votre service ».
Prix SEED 2010
www.unep.org/wed
Des projets environnementaux conçus par de
simples citoyens au Burkina Faso, en Chine, en
Colombie, au Ghana, au Kenya, au Rwanda, au
Sénégal, en Afrique du Sud et au Sri Lanka ont
reçu le Prix SEED 2010. Cette année, ces prix ont
été décernés en février par l’Initiative SEED qui
a pour mission de soutenir des entreprises de
développement durable. Ce Prix récompense
des start up locales prometteuses de pays en
développement qui s’efforcent d’améliorer les moyens de subsistance, de
lutter contre la pauvreté et de gérer durablement les ressources naturelles.
Chacun des lauréats bénéficiera de services de soutien adaptés à ses besoins
et de l’appui de partenariats, d’une valeur de 35 000 dollars pour lui
permettre de s’implanter et d’étendre son influence.
www.seedinit.org
Green Awards pour la
créativité et la viabilité
Nettoyons la Terre est une campagne
écologique communautaire, organisée en
partenariat avec le PNUE. Cette campagne
a pour but d’inspirer les particuliers et
les communautés de tous les coins du
globe et de leur donner les moyens de
nettoyer, remettre en état et conserver
leur environnement. Le slogan de la
campagne 2011, conforme au thème de
la Journée mondiale de l’environnement,
est le suivant « Notre pays… Notre
planète. Notre responsabilité ». Pour
découvrir comment participer au
week-end Nettoyons la Terre, du 16 au
18 septembre, et en savoir davantage,
consultez le site www.cleanuptheworld.
org et trouvez-nous sur :
Deux projets très prometteurs se
sont partagé les honneurs du Prix
Sasakawa 2011 pour des initiatives de
développement durable prises par de
simples citoyens. Les deux projets ont
été récompensés pour leurs travaux de
conservation des forêts et de promotion
du développement durable dans
des communautés rurales éloignées
d’Amérique latine et d’Asie. La Asociación Forestal Integral San Andrés, Petén
(AFISAP) au Guatémala et le Manahari Development Institute au Népal (MDINepal) sont les deux lauréats du prix de cette année dont le thème « Des
forêts pour les peuples, des forêts pour une croissance verte » correspond
à celui de l’Année internationale des forêts 2011. Les noms des lauréats
ont été annoncés en février et ils ont reçu chacun un prix en espèces de
100 000 dollars pour poursuivre le développement de leurs projets innovants.
Les Green Awards mettent en lumière les meilleurs
exemples de communication en matière de
commercialisation et de viabilité dans le domaine de
l’environnement qui ont réellement contribué à la
lutte contre le réchauffement de la planète. Les Green
Awards récompensent l’excellence dans 16 catégories,
depuis la Campagne internationale Best Green, pour
les candidats au niveau mondial, jusqu’au Best Green
Campaigner, pour des particuliers et de petits groupes
défenseurs de la viabilité. La Fondation chinoise pour
la protection de l’environnement a été le
lauréat 2010, en raison d’une campagne
novatrice et de plein air efficace lancée
par DDB Chine qui exhortait les gens à se
déplacer à pied plutôt qu’en voiture.
www.greenawards.co.uk/home
30
PNUE
NOTRE PLANÈTE la
lanature
natureààvotre
votreservice
service
© Pacuare lodge
© Huaorani Ecolodge
Tensie Whelan
Président de Rainforest Alliance
Pas moins de 1,6 milliard de
personnes - soit près d’un quart de
la population mondiale - dépendent
des forêts pour assurer leurs
moyens de subsistance. Les forêts
ont également une importance
critique pour maintenir la diversité
biologique, atténuer les effets
des changements climatiques
et permettre aux principaux
écosystèmes de fonctionner comme
régulateurs de la biosphère. De plus,
comme le reconnaît la résolution
des Nations Unies déclarant 2011
Année internationale des forêts,
la gestion durable des forêts peut
contribuer de manière significative
au développement durable, à
l’élimination de la pauvreté et
à la réalisation des objectifs du
Millénaire pour le développement.
Et pourtant, environ 45 % des forêts
de la planète ont déjà disparu.
PNUE NOTRE PLANÈTE
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
31
© Paul Souders/Getty Images
Visiter les forêts, c’est
aussi les conserver
Le tourisme durable fondé sur la visite
des forêts est un excellent moyen de
constater leurs contributions et d’exercer
une influence. Si ceci peut sembler
quelque peu futile comparé aux enjeux
planétaires de la conservation des forêts
qui restent encore, il suffit de considérer
les éléments économiques suivants.
Le commerce mondial du bois d’œuvre
représente plus de 150 milliards
de dollars par an. Ce montant a
souvent des effets pervers à court
terme - en particulier dans les pays
en développement - en les incitant
à abattre les forêts même si, à long
terme, leur gestion durable renforce les
économies nationales.
La valeur des forêts dépasse de loin celle
du commerce du bois. La valeur totale
des services écosystémiques qu’elles
fournissent – capture du carbone,
filtration de l’eau, fertilité des sols et
gestion des parasites par exemple – est
estimée à 4,7 trillions de dollars par an.
Plus de la moitié de la biodiversité de
la planète se trouve dans les forêts, et
environ 40 % de l’économie mondiale –
en particulier l’agriculture, la foresterie
et l’industrie pharmaceutique – en
dépendent directement. La valeur des
forêts, tout comme celle de la survie,
ne peut se calculer monétairement;
mais si nous les comparons à l’activité
économique de l’homme, elles ne
pourraient pas « valoir » moins de 20 %
du produit mondial brut, ou au moins
15 trillions de dollars – deux ordres de
grandeur supérieurs à la valeur du bois
qu’elles produisent.
Voyons maintenant quelle est la valeur
du secteur voyage et tourisme : c’est
l’un des plus importants du monde et
son développement est extrêmement
rapide. Il génère environ 6 trillions de
dollars au niveau mondial – soit plus
de 9 % du produit mondial brut – et
emploie 235 millions de personnes. Il
est particulièrement important pour les
économies des pays en développement
qui abritent la plus grande partie de la
diversité biologique forestière du monde.
De 1990 à 2006, les recettes du tourisme
international des pays en développement
ont quintuplé, passant de 43 milliards à
222 milliards de dollars. Globalement,
le secteur voyage et tourisme a continué
de se développer avec vigueur pendant
la récession économique : selon les
prévisions, il devrait d’ici à 2021 générer
32
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
plus de 13 % du produit
mondial brut ou 9,2
trillions de dollars et
employer un travailleur
sur dix dans le monde.
possibilités génératrices
de revenus ».
Bien entendu, le tourisme
des forêts,
de masse peut aussi
décimer les écosystèmes,
tout comme celle de depuis les récifs coralliens
On estime que
jusqu’aux forêts tropicales
la survie,
l’écotourisme augmente
humides; il est donc de
trois fois plus vite
la plus haute importance
ne peut se calculer
parmi ceux qui
que, comme la foresterie,
voyagent pour leur
il soit géré de manière
monétairement;
plaisir que le secteur
durable. La certification
dans son ensemble : il
du Forest Stewardship
englobe naturellement
Council (FSC) a un impact
mais
le tourisme axé sur la
considérable et positif sur
forêt – notamment l’hébergement
la gestion des forêts. Jusqu’à présent, 334
dans des lodges appartenant à
millions d’acres de terres boisées – soit
des zones protégées ou à des
environ 1 % de la superficie terrestre de
communautés forestières ayant
la planète, en gros deux fois la superficie
des activités
du Texas - relèvent
touristiques, situées
de l’administration
si
à proximité ou
responsable du FSC
à l’intérieur de
la moitié
nous les comparons (àdepeine
parcs nationaux
cette étendue est
et de réserves de
par Rainforest
à l’activité économique certifiée
biosphère. Bien que
Alliance). Le FSC se
ceci ne représente
développe rapidement
de l’ homme,
qu’une fraction du
et ses méthodes
marché total, la
influencent
elles ne pourraient durables
valeur économique
profondément et
potentielle des forêts
les pratiques
pas ‹ valoir › moins rapidement
comme destinations
du secteur – notamment
touristiques
abattage sélectif de
de 20 % du produit moins grandes quantités
pourrait nettement
dépasser leur valeur
de bois, replantation,
mondial brut,
marchande comme
établissement de grandes
stocks de bois,
zones de conservation,
ou au moins 15 trillions préservation des
et elles seraient
exploitées de manière
écosystèmes sensibles,
de dollars – deux ordres protection de l’habitat
beaucoup moins
destructrice et plus
des espèces menacées
de grandeur supérieurs d’extinction et maintien
rentable. Au niveau
de la conservation, le
du piégeage du carbone
à la valeur du bois pour réduire les émissions.
tourisme peut générer
des investissements
Aider les communautés
qu’elles produisent » à gagner leur vie tout en
massifs ayant une
forte rentabilité.
maintenant des forêts
productives et saines : c’est l’étalonLes valeurs du marché du tourisme
or de la foresterie écologiquement et
sont beaucoup plus en rapport avec
socialement responsable.
une vue plus large de ce que « valent »
les forêts (beaucoup de trillions de
Étant donné la valeur du secteur du
dollars). L’exploitation de ces valeurs
tourisme et la croissance rapide de
peut préserver la biodiversité des
l’écotourisme, un système analogue
forêts, les services écosystémiques
pour le tourisme durable pourrait
et d’autres actifs précieux. Selon
constituer un outil puissant en offrant
l’équipe de l’USAID pour les
aux communautés un moyen additionnel
forêts, le tourisme axé sur la nature
de bien gagner leur vie en conservant
contribue à la protection des forêts
leurs forêts sur pied. Le tourisme fait
« en faisant mieux prendre
appel à une main-d’œuvre relativement
conscience des ressources
abondante et peut donc aider à réduire
biologiques et de l’existence d’autres
la pauvreté et à assurer une plus grande
« La valeur
© Explorer’s Inn
© El Sombrero
Au Guatemala, l’écolodge
El Sombrero dans la région du
Petén aide les communautés
locales et des projets de
conservation du parc national de
Yaxha-Nakum-Naranjo, tandis que
la Tak’alik Maya Lodge protège
la forêt subtropicale humide qui
l’entoure et qui est l’habitat de
29 espèces connues d’amphibiens
et de reptiles, de neuf sources de
montagne, de rongeurs, chauvesouris, carnivores et ongulés, de
la loutre, du paca, du coati et de
l’ocelot. La Pacuare Lodge sur le
Pacuare, est située au cœur d’une
forêt primaire de 25 000 km2
qui héberge des jaguars, des
ocelots, des singes, des paresseux
et beaucoup d’autres espèces de
mammifères et d’oiseaux.
© Pacuare lodge
© Huaorani Ecolodge
© Huaorani Ecolodge
La certification du tourisme durable en
est encore à ses premiers balbutiements
mais elle a déjà donné la preuve de
son potentiel pour exploiter les forces
du marché et de la nécessité d’un
développement durable pour inciter à
conserver les forêts.
L’Auberge de l’explorateur a conservé une forêt
qui abrite une biodiversité record d’oiseaux et de
papillons le long de la rivière Tambopata au Pérou.
© Kapawi Ecolodge
Pour toutes ces raisons, Rainforest
Alliance encourage le tourisme
durable parallèlement à la foresterie
et à l’agriculture durables. Elle aide les
entreprises touristiques à se développer
en leur fournissant formation et
assistance technique et s’assure qu’elles
respectent les prescriptions en matière
de viabilité, de façon à ce qu’elles puissent
obtenir leurs certificats d’accréditation.
Nous avons soutenu le lancement du
Conseil mondial pour le tourisme durable
qui défend des principes et critères
universels, en connectant entre eux
diverses entreprises, des gouvernements,
des institutions des Nations Unies,
des instituts scientifiques et
universitaires, des organisations non
gouvernementales dans les domaines
social et environnemental et des
programmes de certification du monde
entier. Nous avons aussi lancé le site
Internet SustainableTrip.org, qui
rassemble des entreprises vérifiées
par des programmes de certification
de tourisme durable indépendants
sur une base de données accessible
où les voyageurs peuvent trouver des
destinations de forêt durables.
© Explorer’s Inn
égalité économique des femmes qui
représentent 46 % des employés de
ce secteur, soit plus que la moyenne
mondiale. Les emplois dans le secteur
du tourisme sont relativement bien
rémunérés et ont un effet multiplicateur.
Ainsi, une étude récente du Center
for Responsible Travel a relevé que les
salariés des écolodges de la péninsule
d’Osa au Costa Rica – dont le National
Geographic dit que c’est l’endroit de la
terre « biologiquement le plus riche »
mais aussi l’une des régions les plus
pauvres du pays – gagnent le double
(710 dollars par mois) des travailleurs
dans bien d’autres domaines.
Au Nicaragua, où le tourisme est axé
essentiellement sur l’environnement
naturel, Rainforest Alliance estime
que chaque emploi dans le secteur
du tourisme crée un emploi local
supplémentaire dans un autre
secteur, avec un salaire supérieur à la
moyenne nationale.
En Équateur, les écolodges Kapawi et Huaorani sont situées dans
des régions éloignées et bien protégées de l’Amazonie, au cœur des
grands territoires de la première nation des Achuar et des Huaorani,
respectivement. Ces deux peuples ont choisi le tourisme comme un
autre moyen efficace de protéger leur terre et leur patrimoine, et –
dans le cas des Huaorani – de la sauver de l’exploitation pétrolière.
PNUE
33
NOTRE PLANÈTE la
la nature
nature àà votre
votre service
service 33
« Il nous faut commencer même avec de petits
changements dans notre façon de vivre »
34
PNUE
NOTRE PLANÈTE la
lanature
natureààvotre
votreservice
service
LI BING
« Si vous détruisez les forêts aujourd’hui, les déserts
vous engloutiront demain ». L’actrice chinoise bien
connue, Li Bingbing, rappelle cette phrase lorsqu’on
l’interroge sur l’importance des forêts. « C’est très
simple mais tellement vrai », dit-elle. Et ses actes
sous-tendent ses déclarations.
L’année dernière, désignée Ambassadrice itinérante
de bonne volonté du PNUE, elle a créé sa propre
association philanthropique, Love Green, « pour
promouvoir des écosystèmes verts, une économie
verte et un mode de vie écologique ». Son premier
projet - lancé avec l’ancien Premier Ministre
britannique, Tony Blair, et réalisé en collaboration
avec le Groupe sur le climat – consistait à planter
des arbres pour lutter contre la désertification dans
le nord-ouest de la Chine.
Ce projet dépasse ses espérances. « Il n’a fallu que neuf
mois, au lieu des deux années prévues, pour planter
le premier million d’arbres » dit-elle à Notre Planète.
Depuis son plus jeune âge, elle est écolo. « Lorsque
j’étais jeune, je veillais à éteindre le climatiseur lorsque
nous quittions la maison. Adolescente, j’ai choisi de
marcher ou d’utiliser les transports publics dans toute
la mesure du possible et, depuis, je trie mes déchets
pour les recycler. Je crois que si nous assumons
tous sérieusement nos responsabilités à l’égard de
la Terre et si nous prenons soin de notre planète
dans notre vie quotidienne, nous pourrions faire de
grands progrès pour la préserver pour les générations
futures. Il nous faut commencer même avec de petits
changements dans notre façon de vivre ».
Née en février 1973 dans la province de Heilongjiang,
dans le nord-ouest de la Chine, Li Bingbing n’avait
à l’origine aucune intention de devenir actrice; elle
s’était inscrite dans une école de formation de futurs
enseignants. Mais après avoir obtenu son diplôme,
elle n’était pas satisfaite de cette carrière et, en 1993,
une amie a fini par la persuader de s’inscrire à l’Institut
dramatique de Shanghai. En 1999, elle a gagné le
premier des nombreux prix de la « meilleure actrice »
au Festival du film de Singapour pour son premier film
et, par la suite, elle en a reçu bien d’autres : le Golden
Rooster Awards en 2005, le Huabiao Awards en 2007,
GBING
le Hundred Flowers Awards en 2008 et le
Golden Horse Film Awards en 2009.
Mais les forêts restent sa véritable passion.
« Chaque fois que je voyage le long du
Yangtze » dit-elle, « je me souviens de l’été
1998. Pendant trois mois, la région a été
ravagée par de terribles inondations qui
ont balayé treize millions d’habitations et
causé 26 milliards de dollars de dommages.
Ces inondations ont montré combien la
nature peut être destructrice lorsqu’il n’y
a pas de forêts. Et pourtant, pendant des
décennies nous avons essayé de récolter
des avantages économiques au prix de
l’exploitation non viable des forêts, l’atout
le plus précieux de notre environnement ».
Le Gouvernement chinois a pris bonne
note des inondations de 1998, dit-elle, et un
peu plus tard dans l’année il a diligenté une
campagne nationale pour mettre fin au
déboisement; le résultat c’est que plus de
la moitié des forêts naturelles du pays sont
maintenant protégées.
« Nous avons appris à nos dépens que
nos forêts soutiennent notre style de vie
moderne. Sans elles, la nature peut causer
des ravages. Avec elles, la nature peut nous
protéger et enrichir nos écosystèmes.
« Les forêts nous rendent tant de services.
J’ai vu de mes propres yeux la beauté et la
force d’une forêt saine qui fournit l’eau que
nous buvons et nous protège pendant les
saisons des pluies contre les glissements de
terrain et les inondations. Et une forêt saine
ramène la faune et la flore sauvages ».
Elle aime citer la déclaration restée célèbre
du Mahatma Gandhi : « vos croyances
deviennent vos pensées, vos pensées
deviennent vos paroles, vos paroles
deviennent vos actions, vos actions
deviennent vos habitudes, vos habitudes
deviennent vos valeurs, vos valeurs
deviennent votre destinée ».
« Nous pouvons changer le destin de notre
planète, un pays à la fois, une communauté
à la fois, une personne à la fois, une action
à la fois. Chacun peut avoir une influence
sur ceux qui l’entourent. Ceci aura un effet
positif et exponentiel et pourra attirer
de plus en plus de gens qui viendront se
joindre à nous ».
PNUE
NOTRE PLANÈTE la nature à votre service
35
Le PNUE encourage
les pratiques respectueuses de
l’environnement au niveau mondial et dans
ses propres activités. Cette revue est imprimée
sur du papier 100 % recyclé, en utilisant des encres
d’origine végétale et d’autres pratiques respectueuses
de l’environnement. Notre politique de distribution a
pour objectif de réduire l’empreinte carbone du PNUE.
www.unep.org/ourplanet
Notre Planète, la revue du Programme des
Nations Unies pour l‘environnement (PNUE)
P.O. Box 30552 Nairobi (Kenya)
Tél. : (254 20) 762 1234
Fax : (254 20) 762 3927
Mél : [email protected]
Les numéros de Notre Planète peuvent être
consultés sur le site du PNUE
www.unep.org/ourplanet
ISSN 1013 - 7394
Directeur de publication : Satinder Bindra
Rédacteur : Geoffrey Lean
Coordonnatrice : Mia Turner
Collaborateur spécial : Nick Nuttall
Responsable marketing : Manyahleshal Kebede
Graphisme : Amina Darani
Éditeur : Division de la communication et
de l‘information du PNUE
Impression : Progress Press
Distribution : SMI Books
Les articles figurant dans cette revue ne reflètent pas
nécessairement les opinions ou les politiques du PNUE
ou des rédacteurs; ils ne constituent pas non plus un
compte rendu officiel. Les appellations employées dans
la présente publication et la présentation des données
qui y figurent n‘impliquent de la part du PNUE aucune
prise de position quant au statut juridique des pays,
territoires, ou zones ou de leurs autorités, ni quant au
tracé de leurs frontières ou limites.
* Dollars ($) s‘entend des dollars des États-Unis.
Photo de couverture : © Corbis
Téléchargement