Homère dans la Baltique

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Homère dans la Baltique
Essai sur la géographie homérique
Par Felice Vinci
XIXe et dernier chapitre
ULTIMA THULE
Il est facile d’imaginer que les habiles navigateurs de l’Age de Bronze tirèrent
avantage de “l’optimum climatique" à son apogée, et réussirent à couvrir de grandes
distances sur mer. Parmi les nombreuses traces qu’ils ont laissées derrière eux, les similarités entre des mythologies extrêmement éloignées sont frappantes, comme nous
l’avons montré. Pour prendre un autre exemple, le dieu Hoori, c’est-à-dire le "Soleil
couchant" dans la trinité solaire japonaise, épouse une déesse de la mer qui plus tard se
transforme en crocodile et retourne à la mer (Kojiki, I, 42). Dans le Kalevala, le vieux
Väinäimöien connaît la même infortune : sa femme se transforme en poisson et le
quitte (rune V). Si l’on prête l’oreille aux "bavards" de l’Olympe, un sort similaire
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tombe sur Pélée et Thétis. La compétition entre Väinäimöien dans son bateau (qui possède certains traits du roi Pélias, le "roi pêcheur" du mythe du Graal) et Illmarinen
dans son traîneau (rune XVIII) nous rappelle celle entre Hoori sur mer et son frère sur
terre (Kojiki, I, 39 ; il faut noter que dans les duels entre gladiateurs romains, l’un a un
filet et l’autre un glaive). Cette légende japonaise peut aussi être comparée à l’un des
plus importants mythes de l’ancienne Egypte, à savoir le combat entre Horus et Seth,
qui rend l’homonymie entre Hoori et Horus extrêmement curieuse. Nous sommes tentés d’ajouter un troisième personnage que nous avons rencontré avant les deux autres.
D’une part il présente aussi des caractéristiques "solaires", et d’autre part son nom est
très similaire ; nous parlons bien sûr d’Orion, le chasseur, et la similarité entre ces trois
personnages est encore plus étonnante puisque le Hoori japonais apparaît aussi dans le
rôle d’un chasseur (Kojiki, I, 39).
Nous rencontrons une autre homonymie de Horus-Hoori-Orion dans l’Edda en
prose, où le personnage principal d’une triade de dieux (où Odin est caché) est connu
sous le nom de Hàr. La similarité entre les noms de Hoori et Hàr est encore plus remarquable si l’on prend en compte que Hoori est l’un des membres de la trinité solaire
japonaise (dont un autre membre, Ho-deri, frère de Hoori, est presque un homonyme
de Hödhr, un autre personnage de la mythologie nordique). De plus, Odin et Horus
sont tous deux borgnes. Hàr est également connu par le surnom de "Thrigg", "triple".
Incidemment, le nom d’Hamlet a une résonance similaire au nombre "trois" en ancien
égyptien (hmt). Dans ses aventures nous trouvons le thème du jeune homme qui tue
son oncle pour venger son père, tout comme Horus punit Seth qui avait tué son père
Osiris. D’autre part, Osiris a des traits à la fois "orioniques" et solaires.
Cependant, un autre " Hamlet " – un personnage qui, sous différents noms, appartient à l’héritage de nombreux peuples, pas seulement nordique, mais aussi romain,
perse, etc. (Hamlet’s Mill – ["Le moulin d’Hamlet"]) – est à notre avis discernable
même dans un ancien oracle chinois connu sous le nom de Yi-King : "Le prince Chi
vivait à la sinistre cour du tyran Hsin (…) Le prince Chi était un parent de ce tyran et
ne pouvait pas quitter la cour. Il dissimula donc son bon sens et fit semblant d’être fou.
Bien qu’il fût gardé comme serviteur, il ne permettait pas à l’iniquité extérieure de
corrompre ses bonnes intentions… " (Yi-King, 36, "Ming I, l’affaiblissement de la
lumière", version de R. Wilhelm). Incidemment, l’un des plus parfaits " prototypes " du
Prince du Danemark, qui échappa aussi aux auteurs du Moulin, se rencontre dans la
littérature celtique : nous parlons du personnage de Labràid, protagoniste du récit connu sous le nom de Orgain Denna Rig, c’est-à-dire La destruction du Dind Rig
(Anciens récits et contes irlandais). Revenant au Yi-King, nous rencontrons le personnage d’une oie sauvage, symbole de fidélité, qui se trouve devant une situation critique
où la paix familiale est menacée (Yi-King, 53, "Chien, le développement"). Il y a ici un
parallèle stupéfiant avec l’Odyssée (de plus, "Pénélope" signifie "oie sauvage" en grec).
Ce n’est pas tout : plus loin, dans le style oraculaire brillamment rendu par Wilhelm, le
texte dit que "le jeune fils est en danger", "le mari quitte le foyer et ne revient pas",
"il est bon de repousser les voleurs". Il est naturel de supposer que des facteurs externes influencèrent les sources mythologiques dont s’inspirèrent les auteurs du Yi-King.
Ici nous pouvons noter qu’une population connue sous le nom de Tokhariens
– grands, blonds avec des traits européens, parlant une langue indo-européenne – vivait dans le bassin du Tarim (au nord-ouest de la Chine) à partir du début du second
millénaire avant JC. Pline les appelle les " Thocari " (Histoire naturelle, VI, 20). Cette
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datation nous fournit une corroboration de plus de l’étroite relation entre le déclin de
“l’optimum climatique" et la dispersion indo-européenne. De plus, il est étonnant que
l’Age de Bronze ait commencé en Chine entre les XVIIIe et XVIe siècles av. JC
(dynastie Tchang), en même temps que l’arrivée des Mycéniens, des Aryens, des
Hyksos, des Hittites et des Kassites dans leurs établissements respectifs. Quant au Nouveau Monde, les Olmèques semblent avoir atteint la côte sud du Golfe du Mexique à
peu près à la même époque ; ainsi, on pourrait en déduire qu’il s’agissait d’une population ayant autrefois vécu dans l’extrême nord des Amériques (reliée à la civilisation
indo-européenne par l’Océan Arctique, qui n’était pas gelé à cette époque), et qui descendit ensuite vers le sud quand le climat changea (cela, bien sûr, pourrait aider à expliquer certaines similarités avec l’Ancien Monde, en-dehors d’autres contacts possibles).
En revenant à la Chine, on ne peut qu’être frappé par la similarité entre les termes yang et yin – qui expriment deux principes complémentaires de la philosophie
chinoise : yang est masculin, yin féminin – et les racines grecques andr- et gyn- respectivement, qui font aussi référence à l’homme et à la femme (" anér edé gyné " ; Od. VI,
184). Ce qui est encore plus étonnant est l’idéogramme chinois "wang", signifiant
"roi". Il est presque identique à "wanax", le "roi" mycénien, qui correspond au "anàx"
homérique.
Revenons au Japon. L’appellatif donné aux premiers empereurs japonais était
"Sumera", et nous rencontrons un remarquable parallèle entre le premier Sumera,
Jimmu Tenno – qui descendait d’ancêtres " solaires ", mourut à l’âge de 127 ans et
fut enterré près du Mont Unebi après avoir conduit son peuple dans une longue migration (Nihongi, III, 35 ; sa tombe n’a jamais été retrouvée) – et Moïse, qui fut transporté bébé dans un panier comme un Soleil nouveau-né et qui, après avoir conduit les
Hébreux vers la Terre Promise, mourut à l’âge de 120 ans et fut enterré près du Mont
Nebo, où son corps ne fut jamais retrouvé (Deutéronome, 34, 1-7). Nous rencontrons
aussi un "Vieil homme de la Mer" dans les plus anciens mythes du Japon (Nihongi, II,
28 ; 32), qui nous ramène à l’Odyssée (incidemment, les déesses japonaises de la Mer
ont le pouvoir de changer de forme, elles aussi). Néanmoins, le parallèle le plus extraordinaire concerne la convergence entre deux personnages de ces mythologies géographiquement éloignées, le Inaihi "japonais" et l’Inachus "grec". En plus d’être virtuellement homonymes et fils d’une déesse, tous deux, se sentant tourmentés par les dieux,
commirent un suicide de la même manière, le premier en se jetant dans la mer
(Nihongi, III, 9), le second dans une rivière (Dictionary of Classical Mythology, voir
"Inachus"). Inaihi avait un frère nommé Mikenu, alors que Inachus avait une fille, la
"Mykene [Mycène] bien couronnée" (Od. II, 120 ; la même racine, "Myken", se
trouve dans les noms de certaines îles nordiques, de Mykines dans les Iles Féroé à
Myken dans la mer de Norvège).
Mikenu, en mourant dans la mer, devint un dieu. La même chose est vraie de Ino
Leucothée (la déesse qui protège Ulysse pendant la tempête au large de la côte phéacienne) : elle était auparavant une femme qui "maintenant, dans l’étendue de la mer,
partage la dignité des dieux" ("theôn èx émmore timês" ; Od. V, 335). Ces récits semblent être extrêmement archaïques (comme le sont beaucoup d’autres d’Homère se
référant à la mer : il nous suffit de penser à Protée et Egéon). Ici ces mythologies semblent se fondre en une "soupe primordiale", qui pourrait remonter à une époque extrê-
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mement archaïque et à une civilisation maritime commune.
Nous pouvons aussi noter que le nom de Ino est très similaire à Hina, la grande
déesse polynésienne (J. Guiart, Les religions de l’Océanie). De plus, d’une part Hina
est la déesse de la lune, d’autre part Ino est appelé "Leucothée", la "déesse blanche".
Nous pouvons en déduire que Ino était une déesse de la lune adorée par les marins de
l’Age de Bronze. Un autre sens est peut-être caché derrière son voile magique : cela
pourrait faire allusion à un phénomène particulier appelé "la lumière cendrée", c’est-àdire le halo trouble qui, avant et après la nouvelle lune, nous permet de discerner le
disque solaire entier, y compris la partie qui n’est pas illuminée par le soleil mais qui est
éclairée par le "clair de terre", qui brille comme une lampe dans la nuit lunaire et qui
est donc la cause de ce phénomène. En fait la lumière cendrée, si différente de la
brillance du croissant, suggère l’idée d’un "voile" couvrant la face de notre satellite.
Cela survient quand le ciel est clair et sans nuages ; cela était donc certainement considéré comme un bon présage par les anciens marins, puisque c’est le signal de la fin des
tempêtes : voilà la métaphore, ou l’une des métaphores, cachée derrière ce "voile" magique (il serait aussi tentant d’y associer l’origine de la danse traditionnelle des sept
voiles, faisant référence aux sept jours que la lune met pour enlever complètement son
"voile").
Ino-Hina devint probablement "Anna" en latin : Anna Perenna était une très
ancienne déesse romaine, dont Ovide dit : "Certains disent qu’elle est la Lune, qui
compose l’année avec les mois" ("Sunt quibus haec Luna est, quia mensibus inpleat
annum" ; Fasti III, 657). Nous notons aussi que certains noms de la lune en grec et en
latin, à savoir "Séléné" et "Diane" respectivement, pourrait cacher la même racine.
En fait, le préfixe de Séléné vient probablement de "sélas", c’est-à-dire "splendeur"
(cette racine est la même que le "sol" latin, c’est-à-dire "solei") ; quant à Diane, son
préfixe a le même sens ("dius" en latin, "dîos" en grec, "diviyah" en sanscrit). Par conséquent, Sel-ene et Di-ana signifient peut-être tous deux "brillante Ino", c’est-à-dire
"la lune brillante".
Calypso était probablement liée à la lune aussi. Son voile, appelé "kalyptre" en
grec (Od. V, 232), et son manteau, qui est "brillant comme de l’argent" (argyphéon,
c’est-à-dire "de lumière argentée", Od. V, 230), suggèrent tous deux cette analogie.
Par conséquent son nom (en grec Kalypso) ne signifierait pas “La Dissimulatrice”
mais “La (lune) Voilée”. Elle pourrait avoir été une déesse de la lune qui était adorée
par les marins des Féroé et qui avait un lieu de culte sur l’île d’Ogygie (incidemment,
jusqu’à des temps récents beaucoup de marins avaient une vénération particulière pour
la Vierge Marie). Ainsi, le poète de l’Odyssée donna à son héros l’amante la plus convoitée qu’un homme pouvait désirer, à savoir la Déesse de la Lune ! Nous pourrions
aussi supposer que, étant donné la similarité entre Calypso et Sidhuri, la rencontre de
ce dernier avec Gilgamesh, c’est-à-dire un héros solaire, avait peut-être une signification astronomique (!).
En revenant à Ino-Hina, on pourrait suspecter que les intrépides marins préhistoriques réussirent à atteindre la Polynésie. Les énigmatiques vestiges mégalithiques dispersés dans tous les archipels du Pacifique, avec toute une constellation de récits et de
légendes qui rappellent souvent les mythes du Monde Antique, semblent corroborer
cette idée. Il nous suffit de penser au Déluge* et à la Tour de Babel, que le Pr. Caillot
rapporte, démontrant son antiquité, dans ses Mythes, légendes et traditions des Poly-
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nésiens. Le nom d’un dieu polynésien, Yewea, rappelle Yahva-Yahvé-Jové. D’une manière similaire on pourrait expliquer l’origine de l’ancienne société secrète appelée les
"Arioi", fondée par le dieu Oro, dans les Iles de la Société. De plus, concernant les Iles
Marquises, "il est attesté que 7,2 % des hommes marquisiens et 9,5 % des femmes ont
les yeux bleus : ce fait prouve l’influence du sang européen, bien que cela ne soit pas
prouvé par comparaison génétique" (Treccani, voir " Polinesiani, anthropologia ").
Les Marquises sont un groupe d’îles situées dans l’immense Océan Pacifique, au
nord de Tuamotu. Elles sont influencées par le grand Courant sud-équatorial, qui traverse l’océan d’est (c’est-à-dire des côtes sud-américaines) en ouest, nous apportant
ainsi une indication précise de l’origine de ce "sang européen" (c’est aussi la route que
prit le radeau Kon-Tiki de Thor Heyerdahl, du Pérou à la Polynésie, pour prouver
l’origine de ces populations). Nous notons aussi que le rectangle de tissu que les Polynésiens portent comme une jupe ou un pagne, connu sous le nom de "pareu", est presque homonyme du "paréion" homérique (II. IV, 142), qui est une sorte de tissu de selle
en couleur. Il est aussi tentant de lier le concept de "tabou" (ou tapu), signifiant "sacré"
ou "interdit", au mot grec tàphos, "tombe" (le mot sicilien tabutu, signifiant "cercueil",
a très probablement la même origine). La danse appelée "hula" pourrait rappeler le
terme grec choros, et le mot aekai ("plage") est similaire à aigialos. Le nom "Samoa"
sonne comme celui d’une île grecque (ici il y a aussi certains noms de lieux avec une
consonance grecque). Dans ce contexte, il est remarquable que « dans les Iles Fiji, les
aventures de Longa Poa rappellent étrangement celles d’Ulysse » (Treccani, voir
"Maleopolinesiache, lingue"). Le nom des Fiji, non loin de Samoa, sonne vaguement
comme les Phéaciens, les "fameux navigateurs" de l’Odyssée, et la rivière Figgjo : on
pourrait imaginer qu’ils atteignirent Fiji, tirant parti de “l’optimum climatique", où
leurs légendes maritimes furent transmises jusqu’à nos jours ; plus tard, quand
“l’optimum climatique" commença à tirer à sa fin, ils descendirent de la Norvège du
Nord à celle du Sud, comme le dit Homère, où un poète achéen tira son inspiration de
leurs récits et les utilisa pour créer les aventures d’Ulysse (qui, d’après l’Odyssée, les
raconte aux Phéaciens ! Ce poète était non moins astucieux que son personnage…)
Passons de la Polynésie à l’Indonésie, où l’île de Nias se trouve à l’ouest de Sumatra. Ici on trouve des monuments mégalithiques et une population à la peau claire
dont la langue contient certains mots à la consonance grecque comme botulu, c’est-àdire "lance", et bale, c’est-à-dire "lieu de rencontre" (en grec, bàllein et boulé signifient respectivement "jeter" et "conseil" ; de plus, Nias lui-même sonne très grec).
On y rencontre aussi certains contes populaires extrêmement intéressants (Scarduelli,
L’île des ancêtres de pierre). L’un de ces contes, en particulier, qui est aussi mentionné dans les Mythes et Légendes de Pettazzoni (qui le prit dans le Nias de Schröder,
Leyden 1917), est remarquablement similaire au mythe de l’androgyne (rapporté dans
le Symposium de Platon), l’être primordial qui fut divisé en deux par Zeus, créant ainsi
le premier couple humain. Ainsi ce récit, qui en Grèce était devenu un conte pour enfants au 4ème siècle av. JC, remonte à une époque éloignée, avant le temps où les ancêtres des habitants actuels de Nias partirent pour l’Extrême-Orient.
Dans ce contexte, les innombrables parallèles entre mythes et légendes, présentant souvent des caractères "solaires", venant du monde entier (et donc bien au-delà du
contexte indo-européen), pourraient ramener à la civilisation qui s’épanouit pendant
“l’optimum climatique" en Scandinavie. Si nous gardons à l’esprit le niveau que l’art
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de la navigation atteignit en Europe du Nord, comme le prouvent les inscriptions rupestres en Scandinavie et les poèmes homériques (ainsi que le fait que les grandes routes maritimes eurent une période extrêmement favorable d’un point de vue climatique), on peut légitimement présumer que le premier centre de dispersion des cultes lunaires et solaires, des mythes stellaires (qui étaient probablement liés à la navigation) et
des techniques de travail du métal se développa en Europe du Nord, de l’Age Néolithique à la dispersion indo-européenne, qui accrut la diffusion mondiale de cette culture.
-t-il une trace des voyages océaniques des navigateurs achéens dans la mythologie grecque ? Pour répondre à cette question, nous devrions commencer par examiner
le passage où Platon dans sa description de la position de l’Atlantide fait une référence
précise à un continent situé au-delà de l’Océan Atlantique : « Dans les temps anciens
les navigateurs pouvaient passer par d’autres îles pour atteindre le continent qui
s’étend sur le bord opposé de la mer » (Timée, 24e). Cela nous ramène à l’indication
de Plutarque dans De facie quae in orbe lunae apparet, d’où partit notre recherche et
qui doit donc être considérée comme très fiable : « Il y a d’autres îles au-delà d’Ogygie qui sont à la même distance l’une de l’autre », après quoi on atteint « le grand
continent qui entoure l’océan. »
Après avoir noté qu’un point de liaison entre ces deux passages se trouve dans
l’Odyssée, où il est dit que Calypso, la déesse d’Ogygie, était la "fille du terrible Atlas"
(I, 52), on ne peut qu’être étonné par la stupéfiante concordance de ces descriptions
avec la géographie réelle de l’Atlantique Nord (nous avons déjà mentionné les courtes
nuits d’été). Pourtant, l’affirmation suivante de Plutarque se révèle encore plus surprenante : « La côte de ce continent est habitée par les Grecs le long des rivages d’un
golfe ayant au moins la taille du Méotis, qui s’écoule dans la mer à environ la même
latitude que l’embouchure de la mer Caspienne. Ils s’appellent eux-mêmes ‘les Continentaux’ » (De Facie, chap. XXVI ; le Méotis est l’actuelle Mer d’Azov, un bras peu
profond de la Mer Noire).
Ce passage de Plutarque (qui trouve un référent géographique précis dans le
Golfe canadien du Saint-Laurent) semble d’abord être une absurde fantaisie, si l’on
suppose que ces "Grecs" venaient de la Méditerranée. Inversement, c’est une tout autre question si nous considérons la possibilité d’un établissement achéen primitif en
Scandinavie (trouvé par une indication dans le même chapitre de De Facie). Nous vérifierons bientôt à quel point cela s’accorde naturellement avec la thèse de ce livre.
Nous devons considérer le fait que les navigateurs Vikings, que nous avons reliés aux Achéens homériques, réussirent à traverser l’Océan Atlantique. Ils partirent
des côtes norvégiennes et utilisèrent des escales comme les Shetlands, les Féroé, l’Islande et le Groenland pour atteindre le continent américain vers l’an 1000 avant JC, tirant avantage de la "période médiévale chaude", quand les glaces polaires s’étaient retirées et que les icebergs avaient presque disparu (nous avons déjà mentionné Leif
Eriksson qui débarqua au Vinland, le nom qu’ils donnèrent au pays outre-mer). Après
cette période le climat redevint rude, et cette route fut bloquée.
Tout cela tend à montrer que la route de l’Atlantique Nord est sûrement à la
portée de très bons navigateurs tant que les conditions climatiques sont favorables. Elle
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est beaucoup plus courte et plus facile (étant donné la possibilité de faire halte en divers
points) que l’interminable traversée sans escale que Colomb dut accomplir des Iles Canaries aux Bahamas avec un petit équipage (son navire la Santa Maria avait un équipage de seulement 39 hommes, moins que les bateaux achéens). Par conséquent, on
peut supposer qu’en partant de la région baltique, la civilisation maritime avancée décrite dans les poèmes homériques fut capable d’atteindre et de coloniser les côtes américaines, en faisant escale dans les îles intermédiaires mentionnées par Platon et Plutarque. Ils profitèrent de l’" optimum climatique ", qui était beaucoup plus doux et plus
durable que celui qui permit aux Vikings d’atteindre le même but des milliers d’années
plus tard.
En d’autres mots, navigateurs habiles et ingénieux comme les Achéens
l’étaient, ils étaient tôt ou tard destinés à traverser l’Océan Atlantique en partant des
côtes scandinaves. Cela est certifié sans équivoque par la précision de la description par
Plutarque d’un monde qui lui était inconnu ainsi qu’à ses contemporains. Nous rencontrons une autre trace de leurs exploits de navigateurs avec le nom de la plus à
l’ouest des Iles Féroé, à savoir Mykines, qui doit avoir été un ancien établissement
achéen sur la route nord-atlantique. D’autre part, dans l’Odyssée nous trouvons plusieurs allusions à des bateaux qui avaient l’habitude de traverser « l’immense abysse
méga laîtma de la mer. » Cela est mentionné en relation avec la traversée d’Ogygie à
Schérie (Od. V, 174), dans une phrase qu’Ulysse adresse à Polyphème : « Nous sommes des Achéens, qui après avoir quitté Troie furent détournés de leur route / par tous
les vents sur “l’immense abysse de la mer" méga laîtma thalàsses » (Od. IX, 259260) et en référence au mât d’un noir et grand navire marchand / avec vingt rameurs,
qui traverse “l’immense abysse" (Od. IX, 322-323).
Plutarque nous dit aussi qu’il y eut des vagues successives de colonisation. En
suivant les traces du mythique "peuple de Cronos", qui donna à cette mer le nom de
chronienne (sur l’une des Féroé du Nord, du nom de Bordhoy, il est tentant d’interpréter le nom de lieu "Krùnufjall " par " Mont de Cronos "), les derniers à arriver furent « les compagnons d’Héraclès » 1 qui « ranimèrent l’étincelle grecque avec une
forte et brillante flamme, qui avait été presque éteinte par la langue, les coutumes et le
style de vie des barbares » (De Facie, chap. XXVI). Cette image vivement réaliste
émerge des brumes d’une époque préhistorique éloignée (qui peut être identifiée avec
l’âge heureux de Cronos). Nous avons déjà rencontré les traces de cet Hercule nordique dans la Germanie de Tacite.
A ce point, on ne peut pas exclure la possibilité que ces anciens navigateurs
aient aussi été capables de s’aventurer au-delà du Passage Nord-Ouest (qui se révéla
fatal à Sir John Franklin en 1845, mais qui était libre de glaces au 3ème millénaire av.
JC), atteignant ensuite les côtes du Pacifique et du Japon après avoir traversé le détroit
de Behring (importantes sont ici les analogies avec la mythologie japonaise et les étonnants parallèles entre Inachus et Inaihi ; de plus, mais pas nécessairement comme alternative, nous pouvons admettre l’origine commune à partir d’un pays arctique). Ils allèrent peut-être jusqu’en Amérique du Sud où le Courant Sud-Equatorial les porta jusqu’aux archipels du Pacifique. Cela expliquerait les monuments mégalithiques à cet endroit, la similarité entre les mythes polynésiens et ceux de l’Antiquité, et surtout les
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Notes R&T : Les compagnons d’Héraclès, les “Héraclides”…
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yeux bleus et le "sang européen" des Marquisiens. En d’autres mots, en gardant à l’esprit ce qui a émergé concernant le foyer d’origine des Achéens, et en prenant en
compte la connaissance moderne de “l’optimum climatique”, les observations de Plutarque dans son De Facie pourraient ouvrir la voie à de nouvelles recherches sur
"l’histoire de la préhistoire".
Une autre corroboration de cette théorie pourrait surgir d’une recherche plus
approfondie sur les similarités entre les cultures européenne et précolombienne. Quant
à la mythologie, pensons aux parallèles entre Prométhée et le héros lunaire nord-américain que les Ménominis appellent Menebus (Schmidt, cité par Kerényi). Il y a un autre remarquable "Prométhée amérindien" trouvé parmi les Catlo’ltqs (une tribu de Colombie Britannique sur la côte pacifique canadienne), dont les caractéristiques sont stupéfiantes : « Nous avons ici un mythe grec miraculeusement conservé qui apparaît
soudain parmi les tribus des Indiens d’Amérique » (Hamlet’s Mill). On trouve aussi
l’image aztèque d’un aigle avec un serpent dans son bec, qui est l’ancien symbole de
Tenochtitlan, en plein milieu d’une des batailles de l’Iliade (XII, 201). A ce moment,
nous sommes presque tentés de lier le terme honorifique maya Ahau, signifiant
"Seigneur", aux Achéens, Achaioi en grec). La même chose s’applique au nom de la
tribu Iowa, qui fut donné à l’un des Etats : il a une consonance très similaire aux Ioniens ou Iavana (" Iàones ", Il. XIII, 685), c’est-à-dire l’un des noms des Grecs dans
l’Antiquité. Nous devrions aussi noter que le nom du Potomac est très similaire au mot
grec potamos, signifiant "fleuve".
En outre, on pourrait même comparer l’énigmatique rite romain consistant à
faire rôtir un poisson vivant en l’honneur de Vulcain, pendant la fête des "Volcanalia",
à un mythe des Tsimshians de la Colombie Britannique (mentionné par C. Levi-Strauss
dans sa Voie des masques) : ils associent le travail du cuivre à un poisson 2 (peut-être à
cause de l’aspect métallique des écailles : Vulcain est le dieu romain de la métallurgie).
Ici on pourrait aussi émettre l’hypothèse d’une corrélation avec le monde celtique,
puisque « dans la mythologie celtique (…) des saumons vivent dans la fontaine de la
connaissance et celui qui mange leur chair devient sage et visionnaire » (Chiesa Isnardi,
Légendes et mythes des Vikings).
Cependant, l’un des parallèles les plus étonnants se trouve entre la légende
d’une jeune fille rendue enceinte par une plante, racontée par les Quichés du Guatemala (Popol Vuh, II, 3) et la légende trouvée dans le Kalevala finnois (rune L) où la jeune
fille est rendue enceinte par un buisson de myrtilles. Les deux contes ont beaucoup de
détails en commun : par exemple, la désapprobation des parents et les dangers menaçant les bébés, qui sont tous deux destinés à devenir des chefs (d’après le Kalevala, le
bébé est nommé « Roi des Caréliens, gardien de tout le royaume »). En outre, comme
le note Recinos, le récit quiché « rappelle le mythe mexicain de la naissance de Huitzilopochtli qui fut conçu par une boule de plumes ; elle tombe sur sa mère Coatlicue, qui
la met sur son sein. » Ce thème se trouve aussi dans le monde celtique, où le personnage principal de l’Histoire de Taliesin fut conçu dans les mêmes circonstances.
Finalement (bien que cette liste de parallèles pourrait continuer), les Indiens
d’Amérique liaient aussi la constellation que nous connaissons sous le nom de Grande
Ourse avec un ours (P. Bianucci, Etoile par étoile). Comme l’arrangement de ces étoi2
Poisson : Saumon –> peut-être aussi le nom d’un lingot…
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les ne ressemble en fait à aucune sorte d’animal, c’est un indice de plus de très anciens
liens entre les cultures du Nouveau Monde et du monde antique.
Revenons au récit de Plutarque, où nous trouvons que ses informations sur la
géographie de l’Océan Atlantique et sur le continent au-delà de la mer se révèlent être
irréfutablement exactes. Il s’ensuit que l’auteur s’inspirait clairement de sources bieninformées, bien qu’elles soient inconnues de nous. Elles se référaient sûrement à une
tradition extrêmement ancienne, considérant que lorsque les poèmes homériques furent composés, le déclin de “l’optimum climatique", accompagné de terribles tempêtes, avait rendu presque impossible le voyage vers Ogygie, « le terrible, immense /
abysse de la mer, pas même les bateaux bien équilibrés / ne le traversent » (Od. V,
174-176). Par conséquent, la route nord-atlantique doit avoir été abandonnée depuis
lors. Son souvenir demeure dans les exploits mythiques d’Héraclès, qui se situent souvent dans l’ouest lointain (nous avons vu que Plutarque se réfère à lui dans le contexte
d’un voyage océanique par delà les mers), et dans un passage énigmatique de la Médée de Sénèque : « Venient annis saecula seris / quibus Oceanus vincula rerum /
laxet et ingens pateat tellus / Tethysque novos detegat orbes / nec sit terris ultima
Thule : "Dans le futur un temps viendra / où l’Océan révèlera son secret / un immense
continent apparaîtra / Thétis découvrira de nouveaux mondes / et Thulé ne sera plus
l’extrémité de la terre".
En tous cas, pendant que les Achéens combattaient à Troie, les "Grecs continentaux" d’outre-mer de Plutarque avaient probablement perdu tout contact avec leur
lieu d’origine. Les cultures amérindiennes préexistantes avaient commencé l’irréversible processus d’assimilation, auquel se réfère le passage susmentionné de Plutarque.
Toutefois, les descendants des intrépides navigateurs qui s’étaient aventurés au-delà des
Colonnes d’Hercules de nombreuses années auparavant, quand “l’optimum climatique" était à son apogée, contribuèrent probablement à la naissance et à l’épanouissement de ces civilisations précolombiennes qui devaient étonner les Européens qui arrivèrent ici des milliers d’années plus tard. Bref, comme l’écrivit Horace : Graecia capta
ferum victorem cepit, "La Grèce conquise conquit ses vainqueurs". Sur ce sujet, Brögger émet l’hypothèse que « la route de l’Amérique fut découverte durant l’Âge de
Bronze, alors que la navigation était à son apogée. Cela pourrait nous aider à expliquer
pourquoi les populations américaines vivaient à l’Age de Bronze quand les Européens
les atteignirent durant l’époque ultérieure des grandes découvertes » (The Testimony
of the Spade).
Pour conclure, la mention des Grecs "continentaux" par Plutarque, bien qu’elle
semble d’abord incroyable, est probablement l’indice, qui s’est étonnamment maintenu
à travers les âges, d’établissements préhistoriques sur le continent américain de peuples
venus du Nord de l’Europe pendant “l’optimum climatique". Par conséquent, cela cadre parfaitement (et en même temps apporte un nouvel appui) avec le contexte nordique vers lequel l’écrivain grec nous orienta initialement, en indiquant la localisation
réelle de l’île d’Ogygie, qui était la clé du monde d’Homère.
CONCLUSIONS
« Notre but était de rassembler tous les faits qui pouvaient jeter quelque
lumière sur cette question, ou qui pouvaient être reliés à elle. Si certains des
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faits que nous avons mentionnés semblent moins convaincants que d’autres,
nous sommes néanmoins sûr qu’ils seront du moins considérés comme intéressants et que même si on les écarte, il restera une vaste documentation pour
étayer la thèse principale. »
Cette phrase, incluse dans la préface de l’Orion de Tilak, est à notre avis la
manière la plus appropriée de conclure notre recherche (qui en fait n’est pas conclue,
puisqu’elle requiert d’autres corroborations archéologiques, après quoi un immense
travail d’investigation dans tous les domaines concernés attend les experts). Nous soulignons à nouveau que son point de départ fut une affirmation précise trouvée dans un
texte "classique" de Plutarque, et la recherche s’est développée en suivant les informations fournies par les poèmes homériques. Ensuite une sorte de "Révolution copernicienne" a graduellement évolué jusqu’à ce que la localisation des aventures d’Homère
et l’origine de la civilisation grecque elle-même soient concernées : la véritable scène
de l’Iliade et de l’Odyssée peut être identifiée non dans la mer Méditerranée, où elle
se révèle affaiblie par de nombreuses invraisemblances, mais dans le Nord de l’Europe. Les sagas qui donnèrent naissance aux deux poèmes venaient des régions baltiques, où l’Age de Bronze s’épanouit au second millénaire avant JC, et de nombreux
lieux homériques, comme Troie et Ithaque, peuvent encore être identifiés. Les blonds
navigateurs qui fondèrent la civilisation mycénienne au XIIe siècle av. JC apportèrent ces récits de la Scandinavie à la Grèce après la fin de “l’optimum climatique".
Ils reconstruisirent ensuite leur monde d’origine, où la guerre de Troie et beaucoup
d’autres événements mythologiques avaient eu lieu, dans le monde méditerranéen ; à
travers de nombreuses générations, le souvenir de l’âge héroïque et des exploits accomplis par leurs ancêtres dans leur patrie perdue fut préservé, et transmis aux époques suivantes.
En-dehors des indices archéologiques de l’origine nordique des Achéens, la saisissante cohérence géographique, morphologique et climatique de ce nouveau scénario
est le principal facteur à l’appui de cette théorie, sans parler du fait qu’elle résout toutes les contradictions (sur lesquelles les savants grecs antiques se creusèrent la cervelle)
qui surgissent lorsqu’on tente de placer la géographie homérique dans la Méditerranée.
Par conséquent, le vieil adage selon lequel « Homère est un poète mais pas un
géographe », dû aux innombrables et flagrantes incohérences entre les deux poèmes et
la géographie des lieux connus des anciens Grecs, se retrouve inversé.
Cela est particulièrement évident dans la région de Troie, pour ne pas mentionner Ithaque, où nous avons rencontré de nombreuses traces des cadres respectifs de
l’Iliade et de l’Odyssée. Par exemple, le simple fait qu’en suivant cette ligne d’enquête
on puisse aisément identifier l’énigmatique Doulichion, mentionnée à de nombreuses
occasions dans les poèmes homériques mais jamais retrouvée dans la Méditerranée, est
une remarquable confirmation de notre théorie, spécialement en considérant que cette
"île longue" est correctement située en face du plat "Péloponnèse", dans un groupe
d’îles qui correspond parfaitement aux détails donnés dans les deux poèmes.
Nous avons aussi la confirmation que les deux poèmes couvraient des territoires plus éloignés, qui sont toutefois complémentaires en un certain sens. Le Catalogue
des Navires de l’Iliade nous permet de reconstruire complètement les établissements
achéens le long de la Baltique au début de l’Age de Bronze. A son tour l’Odyssée, à
travers les voyages d’Ulysse, nous donne une image cohérente des informations que
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ces anciennes populations possédaient sur le "monde extérieur", qui apparaît fascinant
mais plein de dangers et d’étranges phénomènes comme le soleil de minuit, pour ne
pas mentionner la grande marée atlantique, qui d’une part met en danger la vie
d’Ulysse dans le tourbillon de Charybde, mais qui d’autre part l’aide à accoster dans
l’embouchure du fleuve dans le pays des Phéaciens (en tous cas, cela porte la
"marque" indiscutable d’une localisation nordique).
Pour résumer, l’information géographique extraite de tout l’univers homérique
trouve sa localisation naturelle dans quelques "ensembles" principaux : le monde
d’Ithaque (dans les îles danoises), les aventures d’Ulysse (dans l’Océan Nord-Atlantique), le monde de Troie (en Finlande du Sud) et le monde achéen (le long des côtes
baltiques). Chacun d’entre eux présente des connexions extraordinaires avec les régions correspondantes choisies en Europe du Nord, contrairement aux incohérences
de la localisation traditionnelle en Méditerranée. En outre, ils sont caractérisés par
l’image météorologique d’un temps humide, brumeux, froid et instable, qui décrit parfaitement un environnement nordique.
Cette théorie – qui a déjà subi un test positif par des inspections menées sur les
territoires concernés, et qui répond à l’exigence de "falsifiabilité" de Popper – résout
aussi de nombreux problèmes internes du récit homérique, comme les deux jours de
bataille ininterrompue entre les Achéens et les Troyens, ce qui ne peut être expliqué
que par les nuits claires des hautes latitudes durant le solstice d’été. Nous avons aussi
résolu des problèmes concernant les références à d’autres phénomènes typiquement
nordiques, comme l’aurore boréale et les aurores tournoyantes. De plus, à coté des
correspondances géographiques, il y a la concordance remarquable entre la fin de
“l’optimum climatique" en Europe du Nord et l’arrivée des Mycéniens dans la mer
Egée.
D’autres questions qui ont été clarifiées sont : le retard de la civilisation homérique comparée à celle des Mycéniens ; l’absence de référence à la mythologie grecque
dans le monde minoen-crétois ; la présence d’une ancienne population
"hellespontienne" dans l’est de la Baltique ; les incohérences entre la morphologie de
certaines cités homériques et leurs homonymes grecques ; les absurdités concernant la
région du Péloponnèse ; la distance entre les alliés des Troyens et la région des Dardanelles, etc. D’autre part, comment pourrait-on oublier les analogies entre les mythologies grecque et nordique auxquelles nous pouvons ajouter celles trouvées entre le
monde des Achéens et celui des Vikings ? Il nous suffit de penser à la similarité entre
leurs navires. En un mot, cette clé nous permet d’ouvrir facilement de nombreuses
portes qui étaient restées solidement fermées jusqu’à maintenant, et aussi de considérer
l’immémoriale question de la dispersion indo-européenne selon une nouvelle perspective.
Il y a deux autres aspects des deux poèmes qui semblent très étranges dans le
monde grec, mais qui sont à leur place dans le monde nordique, comme par exemple
l’importance particulière du bœuf comparé à d’autres animaux, et les ustensiles de table faits seulement en métal ou en bois. Cela peut aussi expliquer la perplexité des anciens Grecs devant les deux poèmes (en-dehors de leurs énigmes géographiques, qui
rendirent Strabon fou) : il nous suffit de penser à leurs erreurs quant au sens de certaines expressions, comme “l’hécatombe" et les "Naïades" (sans parler de la structure du
bouclier d’Achille). De nombreux indices corroborent la distance entre la civilisation
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homérique et celle des Grecs – par exemple, le panthéon d’Homère est différent de celui d’Hésiode – l’ancienneté des deux poèmes et leur incohérence temporelle avec la
culture grecque : ils appartiennent en fait à une civilisation européenne "barbare", très
éloignée de celle des Egéens, comme l’ont noté des spécialistes réputés.
Et l’archéologie ? En plus du fait que, d’après des savants de premier plan,
l’origine nordique des Mycéniens est basée sur les traces archéologiques trouvées sur
le sol grec (ce que, par ailleurs, cette théorie confirme), nous devons considérer les similarités, datant de l’Age de Bronze, entre les objets nordiques et égéens ; les tumulus
de l’Age de Bronze et les dessins sur rocher représentant des bateaux, trouvés exactement à l’endroit où, en suivant Homère à la lettre, les navigateurs phéaciens étaient
établis ; les analogies entre les remarquables vestiges de l’Age de Bronze scandinave
(Kivik) et les vestiges égéens de la même époque ; la ressemblance entre l’omphalos de
Delphes et le cercle de pierres suédois dans la région de la Pytho homérique, qui corrobore aussi les liens entre les Delphiens et les Hyperboréens mentionnés par les auteurs classiques, sans parler des traces que les Mycéniens laissèrent dans le Wessex pas
moins de 300 ans avant de s’établir en Grèce.
Par conséquent, il est temps de commencer des investigations archéologiques
spécifiques dans la région de Toija (en particulier sur les hauteurs derrière le village de
Kisko) et sur l’île de Lyö, qui correspondent à la Troie et à l’Ithaque homériques sur
les plans géographique, topographique, morphologique et climatique. Ceci mis à part,
il s’agit de sites archéologiques très prometteurs, comme le confirment les tumulus de
Salo et le dolmen de Lyö.
En tous cas, la correspondance entre les poèmes homériques et les traits géographiques de l’Europe du Nord, associée à la cohérence de toute l’image donnée par
la mythologie grecque lorsqu’on la situe dans cette région, est si stupéfiante qu’on ne
peut pas l’ignorer. Même si les investigations menées sur ces sites ne produisent pas de
résultats favorables, ces correspondances demandent néanmoins une explication.
D’autre part, si des tests positifs confirment cette théorie, de nouveaux et fascinants horizons s’ouvriront quant à l’origine et la préhistoire de toute la civilisation européenne, en plus de jeter la lumière sur les populations du début de l’Age de Bronze
scandinave, sur leur vie, leur culture, leur religion et leur histoire, qui sont restées presque totalement inconnues jusqu’à aujourd’hui.
Finalement, cette redécouverte d’Homère favorisera une nouvelle approche culturelle de l’idée de l’unité européenne et contribuera à la naissance d’un
"nouvel humanisme" dans la culture occidentale, de manière à intégrer les
traits technologiques de l’Homo Faber à la veille de la grande aventure, digne
d’Ulysse, qui au troisième millénaire attend l’humanité au-delà du "terrible et
immense abysse" : la conquête des étoiles.
Nous pensons en avoir assez dit. Le temps est maintenant venu de laisser parler
les pelles des archéologues. »» Felipe Vinci, Omere nel Baltico.
Ce texte constitue le dernier et XIXe chapitre et la Conclusion du livre de Felice Vinci,
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Omero nel Baltico . Il peut être commandé en italien, ou en traduction anglaise en
contactant l’auteur :
Dr. Felice Vinci
Via Cola di Rienzo 180
00192 Roma (Italie)
Telefon: ++39.06.6877696 ou ++39.06.83040321;
E-mail: [email protected]
Pour les autres, pris en sandwich entre l’intoduction et la conclusion, notre petit doigt
nous dit qu’une version française est probablement en cours de traduction…
http://web.infinito.it/utenti/a/abydosgate/html/06_a.htm
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