- 7 -
COMMISSARIAT GÉNÉRAL
DU PLAN
Avenirs des métiers
Rapport du groupe « Prospective des métiers
et qualifications »
Présidé par
Claude Seibel
Rapporteur général
Christine Afriat
Novembre 2002
- Avant-propos -
- 8 -
Avant-propos
Par Claude Seibel
Président
Le groupe de « Prospective des métiers et qualifications », créé en 1997, a été
renouvelé par le Commissariat général du Plan, à la suite de la mission qui m’a été
confiée par le Premier ministre le 6 mars 2000, en vue d’éclairer le champ des
possibles en matière d’évolution des ressources en main-d’œuvre de notre pays,
tant sur le plan quantitatif que qualitatif.
Pour atteindre cet objectif, le groupe de prospective a mené trois investigations,
confiées à des « Ateliers » : la première sur les conséquences de l’évolution
démographique pour le renouvellement des professions et la dynamique du marché
du travail ; la seconde sur les conséquences de la diffusion des technologies de
l’information et de la communication (TIC) sur les emplois ; la troisième sur les
mobilités professionnelles, en analysant la nature de leurs transformations depuis
vingt ans et les déterminants qui influencent aujourd’hui les trajectoires
individuelles.
Le rapport du groupe plénier, qui doit beaucoup au travail remarquable de son
rapporteur général Christine Afriat, chargée de mission au Service des Affaires
Sociales du Commissariat général du Plan, fait, dans sa première partie, la
synthèse des travaux conduits par ces trois ateliers, qui seront publiés à
l’automne 1. La seconde partie tire les principaux enseignements du diagnostic que
(1) L’atelier « Les effets démographiques sur l’offre de travail » est présidé par Michel
AMAR de la DARES ; l’atelier « Les effets des TIC sur les emplois et les métiers » est
présidé par Michel GOLLAC du Centre d’Études de l’Emploi (CEE) ; l’atelier
« Mobilités professionnelles » est présidé par Jean-François GERME, directeur
du CEE. Leurs travaux seront publiés à l’automne 2002 dans la collection
- Avant-propos -
- 9 -
ces travaux ont permis d’établir, diagnostic qui appelle des changements
importants dans les comportements collectifs ; elle propose des orientations
stratégiques pour renouveler et accroître la population active ; elle esquisse ensuite
un programme de travail en vue de poursuivre et d’approfondir les analyses
produites dans ce cadre ; elle suggère des modalités d’action destinées à
sensibiliser et, plus ambitieusement, à impliquer tous les acteurs concernés. La
dernière partie aborde la question du devenir du groupe de prospective lui-même.
Avant de restituer les principaux éléments de diagnostic et de proposition contenus
dans le rapport de synthèse, il est essentiel de souligner les défis démographiques
que nous aurons à relever dans un proche avenir.
Les bouleversements de la population active qu’entraîneront les départs en retraite
des générations importantes de l’après-guerre sont aujourd’hui mieux perçus, mais
la conséquence souvent prédite d’une baisse mécanique du chômage ne va pas de
soi. Comme le montrent les évolutions connues par certains pays européens
voisins, il n’y a pas de relation directe, automatique, entre la baisse de la
population active et la baisse du chômage.
Or, si l’action publique se fonde sur des anticipations erronées ou si les
comportements des acteurs ne s’adaptent pas à la situation nouvelle, il existe un
risque que l’emploi soit fortement touché par la baisse de la population active :
soit, les partants ne seront pas remplacés dans certaines spécialités ; soit, les
difficultés de recrutement conduiront à des hausses salariales qui limiteront
l’emploi ; soit, enfin, pour certains segments de la production, des décisions de
délocalisation seront accélérées en réponse à des pénuries de main-d’œuvre.
Certes, les difficultés conjoncturelles actuelles exacerbent l’ampleur des
restructurations de certaines branches industrielles et polarisent le débat sur les
problèmes économiques du court terme. Pourtant, elles rendent encore plus
nécessaire de préparer l’avenir puisque le risque est de voir, à terme, coexister
des pertes d’emplois dans les secteurs les plus exposés et d’importants besoins de
renouvellement qu’il faut prendre en considération dès aujourd’hui.
Ce sont ces défis qui sont au cœur de l’analyse et des propositions du groupe de
« Prospective des métiers et qualifications » : les relever demandera une prise de
conscience et des efforts considérables de la part des partenaires sociaux, des
chefs d’entreprises et des pouvoirs publics.
« Qualifications et Prospective » du Commissariat général du Plan, à la Documentation
française.
- Avant-propos -
- 10 -
Les principaux éléments du diagnostic
Prospective et démographie de la population active : des situations
diversifiées, des tensions prévisibles à court et moyen termes
Le groupe a bénéficié de travaux importants conduits par la DARES (ministère
du Travail) et la DPD (ministère de l’Éducation nationale). Fondés sur des
hypothèses analogues de croissance économique située entre + 2,4 et + 3 %
par an sur la période des dix années à venir, ils font apparaître des créations
nettes d’emplois qui s’élèveraient à 2,8 millions dans l’hypothèse la plus
favorable et à 1,2 million pour l’hypothèse la plus basse. Les créations
d’emplois profiteraient essentiellement au secteur tertiaire, mais les secteurs
industriels et la construction renoueraient également avec la croissance,
notamment dans l’hypothèse la plus favorable. L’évolution du chômage est
naturellement plus favorable dans l’hypothèse haute : le taux de chômage se
situerait entre 5 et 6 % ; il se réduirait à 8 % environ dans l’hypothèse basse.
Pourtant, les embauches nettes seront beaucoup plus élevées du fait des flux
attendus de départs en retraite à partir de 2005-2006.
Entre 2000 et 2005, environ 480 000 personnes et entre 2005 et 2010, 650 000
personnes par an en moyenne partiront à la retraite. Tous les secteurs ne
seront pas cependant confrontés de la même manière à ce phénomène. Si
les métiers de l’enseignement et de la fonction publique, de la formation, de la
santé, des banques et des assurances, des professions juridiques connaîtront des
besoins de recrutement importants, les métiers de l’hôtellerie-restauration, de
l’alimentation, du bâtiment et des travaux publics enregistreront des départs à
la retraite situés dans la moyenne. En revanche d’autres secteurs, comme les
métiers des études et de la recherche, de l’informatique, des services aux
particuliers connaîtront des tensions sur le marché du travail dues
essentiellement à leur dynamique propre de développement. Malgré la
diversité des situations, des tensions ne manqueront donc pas d’apparaître
dans les années qui viennent 1.
(1) « Entre chômage et difficultés de recrutement : se souvenir pour prévoir »,
collection « Qualifications & Prospective », La Documentation française, décembre
2001.
- Avant-propos -
- 11 -
Une diffusion généralisée des technologies de l’information et de la
communication (TIC) dans la majeure partie des métiers
Si la création nette d’emplois liée directement aux technologies de
l’information et de la communication devrait se poursuivre à un rythme voisin
de celui du passé, la diffusion de ces technologies dans les organisations de
travail modifiera profondément les postes de travail et agira, dès lors, sur
l’évolution des métiers : innovations technologiques et innovations
organisationnelles transforment en effet les logiques de métiers préexistantes.
Certes de nouveaux métiers émergent, de nouvelles compétences et de
nouvelles fonctions sont mises en œuvre. Mais les métiers totalement
nouveaux sont rares. Lorsqu’apparaît une nouvelle profession, elle naît le
plus souvent de l’hybridation de compétences relevant de champs
professionnels initialement distincts, comme dans le cas des « bio-
informaticiens ». Les « vieux métiers » résistent dans leurs identités à l’arrivée
des nouveaux outils, ils modifient certes les pratiques professionnelles mais ne
disqualifient pas nécessairement les savoirs de base du métier.
L’élargissement des compétences requises pour l’exercice d’un métier
nécessite de nouveaux concepts, de nouvelles qualifications
L’opposition entre « anciens » et « nouveaux » métiers est, dans le nouveau
contexte, réductrice : au concept de « nouveaux métiers », il est proposé de
substituer celui de « nouvelles logiques professionnelles », entendues comme de
nouvelles combinaisons de connaissances, de compétences et de caractéristiques
de champs professionnels autrefois considérés comme distincts, exprimant de
nouveaux rapports à l’organisation et au marché du travail.
L’accent mis sur la polyvalence des postes de travail traduit cet élargissement des
compétences requises au-delà de la maîtrise des outils techniques nécessaires à
l’exercice de chacun des métiers : la plupart des postes de travail, notamment
dans les activités de services, nécessitent des compétences « techniques », des
compétences « organisationnelles » et des compétences de « marché »
1. Leur
reconnaissance dans une qualification redéfinie est un des enjeux de l’avenir,
quelles que soient les modalités de leur acquisition ( formation initiale ou
formation tout au long de la vie, formation informelle ou « sur le tas »,
expérience professionnelle, expérience sociale ).
(1) « Services : organisation et compétences tournées vers le client », collection
« Qualifications & Prospective », La Documentation française, Février 2001.
1 / 189 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !