La transparence et la régulation au chevet de la Bourse de Casablanca.
Et puis, presque d’un seul coup, l’optimisme a commencé à céder la place au doute, voire au
risque. L’embellie, pourtant pressentie comme un phénomène complètement acquis et
irréversible, n’a malheureusement pas tenu plus d’une décennie. A qui la faute? La grisaille
économique mondiale? La surévaluation du foncier? La crise de l’investissement interne? Le
surendettement ? L’absence de l’épargne? Les trop grosses prises de risques? La
manipulation malveillante de certaines valeurs par de très gros donneurs d’ordre? Aucun
analyste n’a réellement pu expliquer comment, en quelques années, la Bourse de Casablanca a
commencé à chanceler, en «lâchant » les heureux financiers qu’elle a contribué à faire.
Des boursicoteurs de plus en plus frileux…
«J’avais un portefeuille de quarante cinq millions de dirhams exclusivement constitué de
valeurs sûres, sur des sociétés qui avaient toujours d’excellents fondamentaux, avec des gains
annuels inédits dans des secteurs liés à l’immobilier qui est en plein boom au Maroc »,
rapporte un ex banquier reconverti à la Bourse. «
Je n’ai investi que dans le ciment, le fer à béton, les grands groupes de promotion immobilière
qui affichent de gros gains annuels et se fixent des projets de plus en plus importants, et donc
on ne peut pas dire que j’ai pris trop de risques. Depuis 2007, sans raison apparente, en quatre
ou cinq ans, j’ai presque tout perdu. J’ai gardé mon portefeuille, avec les mêmes valeurs, mais
à partir d’un certain moment j’ai été obligé de commencer à vendre juste pour payer les intérêts
sur mes crédits. Je peux vous avouer qu’il me reste le dixième de ce que j’avais au départ.
»
Il ne s’agit pas là d’une simple mésaventure isolée. Beaucoup d’investisseurs financiers se
trouvent aujourd’hui de moins en moins rassurés. «Nous sommes pourtant au Maroc »,
explique un autre investisseur. «
Tous ces produits financiers toxiques et hyper complexes comme les Swaps, toutes ces
banques d’affaires qui font la pluie et le beau temps sur Wall Street et qui ont été à l’origine de
la crise aux Etats-Unis n’existent pas ici. Nous avons une économie bâtie sur des valeurs
matérielles sûres et les banques sont des acquis solides et ne mettent jamais un client sur une
piste risquée. Je ne comprends pas comment les choses ont mal tourné à ce point…
»
La Bourse a tout de même créé des fortunes.
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