batimetiers

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METIERS
BATI
LA REVUE DES BÂTISSEURS
NUMÉRO 21
DÉCEMBRE 2010
GRAND TÉMOIN
Michel Havard
Les nouveaux
enjeux de la
construction
durable
DOSSIER
RT 2012
Les fondations du BBC
ENVELOPPE
Isolation thermique :
à l’épreuve de la mise
en œuvre
ÉQUIPEMENTS
TECHNIQUES
Choisir, installer
et entretenir
un système
de ventilation
FINITIONS/
AMÉNAGEMENT
Carrelage : la fin de
la pose scellée
en hypermarché
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
UNE SURELEVATION
DANS L’AIR DU TEMPS
La structure épouse les lignes existantes
tout en respectant la construction
SOMMAIRE
B ÂT I M É T I E R S • R E V U E T R I M E S T R I E L L E • N U M É R O 2 1 • D É C E M B R E 2 0 1 0
2
Rénovation énergétique : trois
nouveaux outils pour les « Pros »
• Clubs Bâtir avec l’environnement :
un lieu d’échanges et de progrès •
Eurocodes : 12 guides d’application
déjà publiés • Solar Decathlon : un
projet français au pied du podium •
Accessibilité : vers les « maisons de
l’autonomie »
GRAND TÉMOIN
GROS ŒUVRE/
STRUCTURE
10
Michel Havard : les nouveaux
enjeux de la construction durable
52
INNOVATION
58
DOSSIER
RT 2012
14
LES FONDATIONS
DU BBC
ENVELOPPE
Deux nouveaux Pass’Innovation
attribués à des entreprises
du bâtiment
NORMALISATION
60
Comment est organisée la
normalisation
FORMATION
61
Des formations pour bien aborder
le marché de l’accessibilité • ITE :
trois formations pour une activité en
développement
ENVIRONNEMENT 65
Pros de la performance
énergétique : une dynamique bien
lancée
ZOOM CHANTIER
66
Enveloppe maîtrisée
et accessibilité hors pair
LA PAROLE À
68
ALINE MERIAU
La technique,
un nouveau
challenge
pour les groupes
femmes ?
RT 2012, la révolution
énergétique en marche
Étaiement : haute technicité
pour conservation stratégique 13
Réhabilitation patrimoniale :
l’atout prémur
14
Surélévation en bois : une
solution dans l’air du temps
17
Plates-formes suspendues :
une sécurité bien encadrée
19
Parkings enterrés : prévenir
la fissuration du béton
20
Étude : les nouveaux
ciments allégés en clinker
21
R
Pare-vapeur et écran de soustoiture : des membranes
à ne pas confondre
23
Isolation thermique :
la performance théorique à
l’épreuve de la mise en œuvre 24
Accessibilité : la mise
en conformité des petits ERP 26
Couvertures en petits éléments :
prévenir la condensation
28
Métallerie : quand le bureau
24
d’études devient le moteur
de l’activité
29
ITE : de l’importance
de la préparation du chantier 30
ÉQUIPEMENTS
TECHNIQUES
RÉGLEMENTATION 62
Désenfumage naturel : un élément
clé de la prévention incendie
• Amiante : une obligation de
certification ou de formation
• Réglementation parasismique :
nouvelles dispositions au 1er mai 2011
ÉDITORIAL
MÉTIERS
38
Les chaudières micro-cogénération
prêtes à conquérir le marché 33
Choisir, installer et entretenir
un système de ventilation
34
Chauffe-eau solaire : identifier
les bonnes pratiques
36
Domotique : au service
de l’accessibilité
38
Réseaux d’eau potable : désinfecter
avant la mise en service
39
Radiateurs à eau chaude :
bien les dimensionner
40
Carrelage : la fin de la pose
scellée en hypermarché
43
Conjuguer pluridisciplinarité
et professionnalisme
44
Ouvrages en staff : levée de
voile sur le prochain DTU
46
SEL en locaux humides :
une nouvelle version
des Règles professionnelles
47
Fiche accessibilité : les éléments
d’éveil de vigilance dans les escaliers
43 des bâtiments d’habitation
collectifs et des ERP
48
Nettoyage des brosses et rouleaux :
limiter les rejets polluants
49
Nouvelles dalles textiles :
une plus grande valeur
ajoutée pour le solier
50
Enduits d’intérieur en
plâtres : un DTU révisé
50
FINITIONS/
AMÉNAGEMENT
© O. ROUX
L’ACTUALITÉ
éaliser en moins de cinq ans
l’équivalent de trente années
de réglementation thermique
ou diviser par trois les consommations
énergétiques des bâtiments neufs :
cette ambition portée par le Grenelle
de l’environnement se concrétise.
La RT 2012 va commencer à entrer
en vigueur dès 2011, donnant aux
principales exigences des labels
volontaires, tel que le label BBC, un
statut réglementaire.
Viser 50 kWh/m2/an en moyenne, quel
que soit le bâtiment à construire : le
ton est donné ! Atteindre cet objectif
ne va pas se faire sans une réorganisation complète de la filière. Bien
que laissant une plus grande liberté
de moyens, la RT 2012 renforce les
contrôles et prévoit la vérification
a posteriori de la perméabilité à l’air
des bâtiments. Au travers de cette
mesure, c’est la qualité de la mise en
œuvre qui est passée au crible. L’entreprise est donc en première ligne !
Au-delà de la technique, c’est bien
d’une petite révolution qu'il s’agit et la
culture des métiers séparés va devoir
laisser place à plus de transversalité.
Au cœur de cet enjeu, les entreprises
de bâtiment devront répondre sans
ambiguïté aux nouvelles obligations
et prendre ainsi toutes leurs responsabilités.
À cette fin, la FFB encourage les entreprises à s’investir dans la formation
qui reste l’élément clé pour la montée
en compétence des professionnels de
la filière, dans des domaines tels que
l’approche globale et la
gestion des interfaces.
Le dispositif de formation FEEBat verra
très prochainement
son périmètre s’élargir
au BBC. L’heure est à
l’action. Faisons la différence et engageons-nous
pour des prestations de
qualité !
BENOÎT LOISON,
PRÉSIDENT DE
LA COMMISSION
ENVIRONNEMENT
ET CONSTRUCTION
DURABLE
L ’ A C T U A L I T É
Performance
énergétique : le tribut
des locataires
Le propriétaire d’un immeuble qui
a procédé à des travaux d’amélioration énergétique peut demander
à son locataire une contribution
financière, en sus du loyer, au
titre du partage des économies de
charges. À trois conditions : que le
locataire bénéficie directement du
fruit des travaux ; que le propriétaire
ait justifié leur utilité et prouvé leur
efficacité au préalable ; que les
travaux soient de même nature que
pour l’éco-prêt à taux zéro (bouquet
ou performance énergétique globale). La contribution du locataire,
mensuelle et non-révisable, est
alors fonction de la date d’achèvement du bâtiment : forfaitaire
et fixe pour les logements d’avant
1948 ; au plus égale à la moitié de
l’économie d’énergie mensuelle
en euros (calculée à partir de la
méthode conventionnelle du DPE
ou, au mieux, de la méthode Th-C-E
ex) pour les immeubles construits
après le 1er janvier 1948.
Qualibat : un site
Internet grand public
Travaux.qualibat.com : c’est
l’adresse Internet du site de
Qualibat dédié aux particuliers
désireux de réaliser des travaux. Un
site qui valorise les entreprises du
bâtiment qualifiées auprès de leurs
futurs clients, et accompagne ces
derniers dans leurs travaux via des
fiches pratiques génériques avec
une terminologie adaptée. Parmi
les thématiques abordées : le devis,
les garanties, les aides financières
lors d’achat ou de rénovation, les
démarches administratives… Mais
surtout, le site référence 16 000 entreprises qualifiées sur l’ensemble
du territoire, pouvant être sélectionnées – par critères géographique,
de métier ou par type de travaux.
2
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE
Trois nouveaux outils pour les « Pros »
F
ace à la montée en puissance des impératifs
d’économies d’énergie, un
nombre croissant d’entreprises se positionnent sur le marché de la rénovation énergétique. Pour les accompagner, la
FFB a lancé les « Pros de la
performance énergétique »
(voir p. 65), une démarche qui
leur permet d’améliorer leurs
compétences dans ce domaine,
puis d’en faire état auprès de
leurs clients.
Depuis octobre dernier, elles
peuvent aussi s’appuyer sur
les nouveaux logiciels BAO
(boîte à outil), nés d’un partenariat entre la FFB et l’association Promodul, et vendus
sous licence.
La gamme se décline en trois
logiciels : BAO Pro Eval permet, de manière simple,
d’évaluer les performances
énergétiques d’une maison
individuelle et de définir les
travaux d’amélioration, ainsi
que le retour sur investissement à en attendre ; BAO Pro
Expert permet d’entrer davantage dans les problématiques
techniques de chaque logement, d’apporter des réponses personnalisées dans le
cadre d’un devis par exemple,
et de s’engager sur une
consommation énergétique
conventionnelle ; enfin, BAO
Pro Travaux, le logiciel le plus
perfectionné, est un outil
complet de simulation avec
lequel il est possible de concevoir et de comparer dans le
détail un ensemble de scénarios de travaux d’amélioration énergétique, aussi bien
en maison individuelle qu’en
immeuble collectif.
Ces trois logiciels utilisent des
méthodes d’évaluation des
consommations énergétiques
agréées par les pouvoirs
publics.
AIDE PRÉCIEUSE
À LA DÉCISION
PDG de la société BDSA – qui
gère le réseau de franchises
FCA (douze agences en
France), spécialisé dans les
travaux d’amélioration énergétique en maison individuelle –, Bertrand Demenois
se félicite d’avoir fait l’acquisition de BAO Pro Eval :
« C’est un outil très convivial.
Sans entrer dans le détail des
volumes ou des matériaux de
construction, il permet à nos
technico-commerciaux de
procéder à une évaluation
rapide des déperditions énergétiques d’un bâtiment et de
proposer à nos clients des
solutions fiables. C’est une
aide précieuse à la décision. »
Suite à ce diagnostic, BAO
Pro Eval permet de classer les
travaux en fonction de leur
efficacité énergétique et de
leur coût. Il intègre aussi les
aides financières possibles, le
tout dans une grande transparence de nature à créer un
climat de confiance entre le
client et l’entreprise.
Utilisateur de BAO Pro Travaux, Étienne Moureu – qui
dirige une entreprise de gros
œuvre d’une trentaine de personnes à Clamart, en région
parisienne – situe cette acquisition dans une perspective
d’expertise technique : « Après
avoir suivi plusieurs formations à la performance énergétique, dont les modules de
FEEBat (1), j’ai voulu avec ce
logiciel approfondir la question avant de parler rénovation à mes clients. Je constate
que BAO Pro Travaux est à la
fois complet et performant, et
qu’il permet d’aller très loin
dans la définition des scénarios de travaux. »
Cet outil très élaboré valorise
le savoir-faire de l’entreprise
et enrichit son image, mais il
reste ouvert à toutes les hypothèses, ce qui ne met pas à
l’abri d’erreurs d’appréciation. Il s’adresse donc à des
professionnels du bâtiment
déjà formés aux questions de
la performance énergétique,
qui souhaitent développer
leurs capacités d’études. (1) Formation aux économies d’énergies des entreprises et artisans du bâtiment – voir p. 8.
POUR EN SAVOIR PLUS
Les logiciels BAO sont
disponibles auprès de la SEBTP,
tél. : 01 40 69 53 05
VOUS CHERCHEZ
UN ARTICLE
DE BATIMETIERS ?
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espace adhérents
L ’ A C T U A L I T É
CLUBS BÂTIR AVEC L’ENVIRONNEMENT
Un lieu d’échanges et de progrès
D
irigeant de Néobati – une
entreprise de maçonnerie
spécialisée dans les extensions et
la rénovation de l’habitat,
implantée à La Chaize-leVicomte en Vendée, où elle
compte une dizaine de compagnons – Olivier Morin est
devenu l’un des animateurs du
club Bâtir avec l’environnement
(BAE) mis en place par la FFB
du département.
Pourquoi cet engagement ?
«Venir au club permet d’échanger entre professionnels sur les
questions techniques, de comprendre les problématiques des
autres corps d’état et de mesurer l’impact de chaque solution
technique sur la performance
environnementale du bâtiment.
Les échanges d’expériences sont
toujours enrichissants pour tout
le monde, et se passent dans une
ambiance informelle et conviviale.» En créant les clubs BAE
dans toute la France, la FFB
s’était fixé pour objectif de donner aux artisans et entreprises
un cadre qui leur permette de
progresser ensemble sur le chemin de la performance énergé-
« Comprendre les problématiques
des autres
corps d’état »
OLIVIER MORIN, LA
CHAIZE-LE-VICOMTE (85).
tique et plus généralement sur
toute question relative à l’environnement. Un objectif atteint
en Vendée : toutes les entreprises
ayant suivi les formations FEEBat ont intégré le club, qui
compte des représentants de
toutes les professions concernées, du chauffagiste au plombier, de l’électricien au maçon,
en passant par le peintre et le
couvreur… Deux ans après sa
création, le club a atteint sa
vitesse de croisière et regroupe
aujourd’hui plus de soixante
professionnels. Des réunions
thématiques, attirant généralement vingt à trente entreprises,
sont organisées à intervalle régulier, sur les questions techniques
ou commerciales touchant aux
différents métiers, avec parfois la
présence d’un intervenant extérieur pour parler fiscalité, assurance ou qualification. « Ces
échanges ont déjà débouché sur
de nombreux partenariats, formels ou informels, et sur la mise
en place d’offres globales en
réponse à des marchés publics
ou privés», ajoute Olivier Morin.
Pour lui, les clubs BAE sont
aussi un levier pour convaincre
les maîtres d’ouvrage de diriger
leur choix vers les entreprises les
mieux-disantes en matière environnementale.
POUR EN SAVOIR PLUS
Contactez la FFB de votre
département.
AGENDA
DU 20 AU 21 JANVIER 2011
Salon Géotherma, parc floral
de Paris – bois de Vincennes
Rendez-vous national
des professionnels de la
géothermie.
DU 27 AU 28 JANVIER 2011
Business forum BaTICEco, Agora
Einstein – Sophia-Antipolis
Premier business forum dédié
aux bâtiments intelligents,
à la construction performante
et à l’urbanisme.
9 FÉVRIER 2011
Deuxième édition de la
Journée de la Prévention
La FFB, l’OPPBTP et la CRAM
se mobilisent pour sensibiliser
salariés et chefs d’entreprise
aux bonnes pratiques
pour améliorer la prévention
des risques professionnels.
DU 9 AU 11 FÉVRIER 2011
Sabine, parc des expositions
de Reims
Salon du bâtiment innovant
du Nord-Est.
DU 15 AU 18 FÉVRIER 2011
Eurobois, Enéo et Bluebat,
Eurexpo Lyon
COLLOQUE PRDM L’outil de recherche
professionnnelle de la FFB en vedette
Trois salons en un : bois dans
la construction ; énergies,
confort climatique et eau ;
performance du bâtiment et
construction durable.
E
DU 3 AU 5 MARS 2011
Ecobat, Paris, porte de Versailles
ngagée depuis ses débuts
dans le soutien à l’innovation, la FFB poursuit cette
démarche dans le cadre de son
Programme recherche développement métiers (PRDM)
depuis 2003. Doté d’importants moyens financiers (plus
d’un million d’euros par an),
cet outil performant lui permet
de conduire une cinquantaine
de projets chaque année, seule
ou en association. Sept ans
après le premier colloque, tenu
l’année même du lancement
du PRDM, ces projets ont été
au cœur de la rencontre organisée le 2 décembre dernier au
siège de la FFB à l’intention des
adhérents, des collaborateurs
et des partenaires de la Fédération, ainsi que de la presse.
Sous l’intitulé « Nouvelles techniques, nouveaux métiers », la
présentation s’est organisée en
cinq chapitres : gros œuvre ;
enveloppe ; aménagements et
finitions ; équipements techniques ; performance énergétique. Elle a mêlé les recherches
menées à l’échelle des unions
de métiers pour répondre aux
besoins des adhérents (logiciel
Vision Bois pour le calcul thermique des fenêtres bois, essais
d’équipements nouveaux du
type chauffe-eau thermodynamique, édition de guides, etc.)
et les recherches transversales
conjuguant différentes problématiques métiers (gestion des
interfaces et autocontrôles
dans les opérations de rénovation en petit tertiaire), qui forment les deux grandes familles
des projets soutenus par le
PRDM. Le chapitre « performance énergétique » a, sans
surprise, été l’un des temps
forts du colloque, mettant en
lumière la capacité de la profession à structurer les axes de
recherche répondant aux
besoins des métiers et à préparer l’avenir dans le contexte
nouveau créé par le Grenelle de
l’environnement.
Salon de l’éco–construction et
de la performance énergétique.
DU 16 AU 18 MARS 2011
Batimed, parc Chanot, Marseille
Salon des professionnels du
bâtiment et des travaux publics
du Sud.
DU 23 AU 25 MARS 2011
Baticap, espace Encan,
La Rochelle
Rendez-vous atlantique
des professionnels de la
construction.
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
3
A C T U A L I T É
EPI : un guide de
synthèse par métier
Villavenir® fait des émules
© ESPACE CONCEPT
uatre ans après le lancement
de l’opération, les six maisons BBC de Villavenir® NordPas-de-Calais (voir Bâtimétiers
n° 12, p. 70) sont aujourd’hui
occupées, avec un suivi des
consommations d’énergie. Inspirés par ce modèle, de nombreux
projets voient le jour dans
d’autres régions (Rhône-Alpes,
Picardie, Champagne-Ardenne).
Il ne s’agit pas de faire un «copiercoller » de Villavenir®, mais de
reprendre par des expériences
locales les grands principes développés lors de l’opération
conduite dans le Nord-Pas-deCalais. À savoir : répondre aux
enjeux environnementaux, techniques, économiques et pédagogiques par des actions de formation. Aujourd’hui, le projet le plus
abouti est celui de la région
Champagne-Ardenne. Il comporte, pour chaque département,
entre une et trois opérations de
logements, que ce soit dans le
cadre de constructions neuves ou
de réhabilitations de logements
collectifs ou individuels groupés.
Toutes les opérations visent bien
sûr une qualité environnementale poussée avec, au minimum,
le respect de la démarche HQE
et une performance énergétique
niveau BBC (bâtiment basse
consommation). Les entreprises
intervenantes seront systémati-
© GRZESZCZAK RIGAUD ARCHITECTES
Q
PROJETS VILLAVENIR® de la région Champagne-Ardennes.
quement formées. Les formations, après une présentation
détaillée du projet pour en identifier les points critiques, porteront entre autres sur l’étanchéité
à l’air et sur la réalisation de chantiers à faibles nuisances. Il faut
noter que le projet, piloté par la
FFB Champagne-Ardenne, se
veut un véritable partenariat
entre entreprises, architectes et
maîtres d’ouvrage, qui sont tous
acteurs du logement social. POUR EN SAVOIR PLUS
www.villavenir.fr
EUROCODES 12 guides d’application déjà publiés
P
our accompagner les entreprises dans l’assimilation du
nouveau corpus de justification
des ouvrages de structure, une
trentaine de guides d’application
des Eurocodes sont en cours
d’élaboration dans le cadre du
Plan Europe. Ces documents
présentent de manière synthétique de nombreux exemples de
conception et de calcul difficiles
4
BÂTIMÉTIERS
à appliquer en raison de leur
nouveauté ou de leur complexité.
Les douze premiers titres de la
collection sont d’ores et déjà disponibles, parmi lesquels : Action
du vent sur les bâtiments (d’après
l’Eurocode 1), Assemblages des
pieds de poteaux en acier (Eurocode 3), Dimensionnement des
éléments en béton précontraint par
fils adhérents (Eurocode 2) ou
DÉCEMBRE 2010
encore Justification des planchers
bois résidentiels (Eurocode 5). Ces
guides sont accompagnés de
grilles de calculs types qui permettent d’appliquer les Eurocodes à des cas concrets.
POUR EN SAVOIR PLUS
Guides disponibles sur
www.cstb.fr,
rubrique « Boutique du CSTB ».
À l’initiative du Service de santé
au travail du BTP de Besançon,
les professionnels du bâtiment
disposent désormais d’un guide
pour les aider à choisir leurs
équipements de protection
individuelle (EPI). Il se compose
de douze fiches métier, chacune
structurée en trois volets
décrivant successivement les EPI
nécessaires pour la protection
du corps (pluie, froid, gilet haute
visibilité…), de la tête (casque,
lunettes…) et des membres
(chaussures de sécurité, gants…).
Le guide mentionne aussi à
quelles références normatives les
EPI doivent être conformes, les
pictogrammes correspondants
et les différents marquages
existants.
Pour en savoir plus :
Guide disponible gratuitement
sur www.sstbtp-besancon.fr
ou www.oppbtp.fr
Visio BTP :
une formation pour
les dirigeants
Depuis 2009, l’École supérieure
des jeunes dirigeants
d’entreprises du bâtiment
(ESJDB) a enrichi son offre d’une
formation destinée aux dirigeants
en poste : Visio BTP. Ce cursus
court (dix-huit jours à raison d’une
journée par quinzaine) propose
aux stagiaires d’acquérir une
méthodologie pour développer
une vision stratégique et préparer
l’avenir de leur entreprise. En
complément de la formation, les
dirigeants peuvent bénéficier de
l’accompagnement personnalisé
des formateurs.
Pour en savoir plus :
Tél. : 01 30 85 25 31,
www.esjdb.com
L ’ A C T U A L I T É
SOLAR DECATHLON Un projet français au pied du podium
e projet français Armadillo
Box, qui était en compétition dans le cadre du premier
Solar Decathlon à se tenir en
Europe, a obtenu une très honorable quatrième place en septembre dernier à Madrid. Organisée tous les deux ans par le
Département de l’Énergie des
États-Unis depuis 2002, cette
compétition universitaire internationale consiste à concevoir
une maison de 75 m2 n’utilisant
que le soleil comme source
d’énergie, avec pour objectif de
sensibiliser le grand public et
former les étudiants aux énergies renouvelables.
Porté par l’École nationale d’architecture de Grenoble – en partenariat notamment avec l’Institut national de l’énergie solaire
et le CSTB – et accompagné par
des entreprises adhérentes à la
FFB (plomberie et génie climatique ont été réalisés par l’entreprise Streiff de Saint-Martinle-Vinoux, en Isère et les
menuiseries triple vitrage par
l’entreprise Menuiserie André,
basée à Tournon en Ardèche), le
projet Armadillo Box est une
© JC RIFFLARD / INES
L
unité d’habitation inspirée du
métabolisme du tatou, ce petit
animal à carapace qui parvient
à autoréguler sa température.
Composé d’un « cœur » contenant notamment cuisine et salle
de bains, d’une « peau » en ossature bois et terre pour son inertie thermique, et d’une « carapace » en ossature acier
accueillant panneaux solaires
photovoltaïques et thermiques,
ce concept donne des bâtiments
à énergie positive – sous forme
individuelle ou en bande – ou
conformes au label BBC – en
logements collectifs à étages
(30 kWh/m2/an, trois niveaux
maximum).
POUR EN SAVOIR PLUS
www.solardecathlon.fr
SÉCURITÉ INCENDIE DES ERP
Nouvelles prescriptions pour l’ITE
L
es modifications apportées
par le ministère de l’Intérieur à l’Instruction technique 249 relative aux façades, inscrites dans l’arrêté du 24 mai
2010, ont été publiées au Journal
Officiel du 6 juillet dernier. Les
nouvelles dispositions concernent les systèmes d’isolation par
l’extérieur mis en œuvre sur les
façades en béton ou en maçonnerie comportant des baies. Ainsi,
pour les systèmes d’isolation sans
lame d’air, les systèmes sur isolant
classé au moins A2-s3, d0 ne
6
BÂTIMÉTIERS
nécessitent pas, sous l’angle de la
sécurité contre l’incendie, de disposition constructive particulière.
Lorsque l’isolant n’est pas classé
au moins A2-s3, d0, les dispositions suivantes sont applicables:
- les isolants en polystyrène
expansé ou extrudé doivent comporter un marquage CE et faire
partie de l’euroclasse E;
- l’industriel doit pouvoir apporter
la preuve du suivi d’ignifugation
chez le producteur de la matière
première, avec un niveau de performance équivalent à l’euro-
DÉCEMBRE 2010
classe D pour l’épaisseur conventionnelle de 60 mm pour les
polystyrènes expansés (ou 40 mm
pour les polystyrènes extrudés).
Une certification par un organisme indépendant est considérée comme preuve suffisante portant sur cette caractéristique.
Ces dispositions s’appliquent également aux panneaux composites de type sandwich, constitués
d’une plaque de polystyrène
expansé ou extrudé comprise
entre deux plaques de laine de
bois classée B-s1, d0.
Un carnet de chantier
pour les chevilles
et fixations
Mettre à plat les bonnes pratiques,
tel est l’objectif que s’est fixé l’Union
des métalliers avec la publication
d’un carnet de chantier consacré à
la mise en œuvre des chevilles et
fixations. Un document présenté
à l’occasion de Métal Expo, en
novembre dernier, qui s’adresse
aux métalliers bien sûr, mais aussi
à tous ceux qui sont amenés par
leur activité à s’intéresser à ces
questions. Au sommaire : critères
de choix, étapes de mise en œuvre
et recommandations diverses. Un
document disponible auprès des
différentes unions de métier.
Une attestation pour
les conducteurs
dispensés de formation
Depuis septembre 2009
2009, tout
conducteur de véhicule de plus de
3,5 t de PTAC (poids total autorisé
en charge), qu’il soit salarié ou non
salarié, doit être formé à la conduite
en sécurité sur route, d’abord par
le biais d’une formation initiale
(FIMO), puis par le biais d’une
formation continue obligatoire
(FCO), en recyclage tous les cinq ans.
Seuls échappent à ces obligations
de formation les conducteurs
de véhicules transportant du
matériel ou de l’équipement
qu’ils utilisent dans l’exercice de
leur métier, et à condition que la
conduite du véhicule ne soit pas
leur activité principale. Pour aider
ces conducteurs à justifier de leur
situation, la FFB a réalisé un modèle
d’attestation sur l’honneur, à remplir
et signer par l’employeur et le
conducteur occasionnel, document
que celui-ci peut présenter en cas de
contrôle routier.
Pour en savoir plus :
Adressez-vous à votre fédération
départementale.
L ’ A C T U A L I T É
Fluides frigorigènes :
formation obligatoire
Avant le 4 juillet 2011, tous les
opérateurs manipulant des fluides
frigorigènes devront être titulaires
d’une attestation d’aptitude.
Celle-ci est délivrée par un organisme certificateur, après une formation
suivie d’une évaluation des compétences théoriques et pratiques.
C’est seulement en fonction des
résultats de cette évaluation que
l’attestation nominative, d’une durée
illimitée, est délivrée. Sont particulièrement concernés les agents et
techniciens de maintenance et de
mise en service.
Deux nouveaux
guides SMABTP
Il y a un an,
étaient publiés
les premiers
guides assurance du groupe
SMABTP pour
les métiers
du bâtiment.
Depuis, la
collection s’est
étoffée et compte vingt guides
i
lles principaux
i i
traitant
métiers. Dans
le même esprit et en partenariat avec
les unions de métiers, la SMABTP
propose deux nouveaux guides :
Rénovation énergétique et Entreprises artisanales : 100 réponses à vos
questions.
Première pierre
des Rubans
du patrimoine 2011
Chaque rentrée depuis 1995, le
palmarès des Rubans du patrimoine,
qui récompensent les plus belles
opérations de restauration réalisées
dans les communes de France, met
en valeur les métiers de la construction. L’édition 2011 a été lancée à
l’automne. Les dossiers d’inscription
sont à retirer avant le 31 janvier 2011 :
c’est le moment pour les professionnels d’inciter sans tarder leurs
communes à concourir.
Pour en savoir plus :
Une synthèse des palmarès 2010,
ainsi que les dossiers d’inscription
pour l’édition 2011 sont disponibles
sur www.batiportail.com
8
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
ACCESSIBILITÉ Vers les «maisons de l’autonomie»
L
a loi Handicap du
11 février 2005 a institué
les Maisons départementales
des personnes handicapées
(MDPH). Ouvertes dans chaque département depuis la
promulgation de la loi, elles
offrent aux personnes handicapées et à leurs familles un
ensemble de services pour les
accompagner dans leurs
démarches administratives,
leurs problématiques d’insertion professionnelle, l’évaluation de leurs besoins liés
notamment à la vie quotidienne et à l’habitat, et la
recherche de solutions appropriées. Pour apporter une
réponse encore plus pertinente aux attentes de la
société, plusieurs départements ont décidé d’aller plus
loin en créant, de façon expérimentale, des « maisons de
l’autonomie » où convergent
les services consacrés aux personnes handicapées et aux
personnes âgées. Ces initiatives ont retenu l’intérêt des
pouvoirs publics et de la
Caisse nationale de solidarité
pour l’autonomie (CNSA),
qui a décidé de soutenir trois
de ces projets dans les départements du Cantal, de la Corrèze et de la Côte-d’Or, ainsi
que deux sites expérimentaux
de Maisons pour l’autonomie
et l’intégration des malades
d’Alzheimer (MAIA) dans le
Pas-de-Calais et le Gers. Parallèlement, de nombreux salons
consacrés à la question de
l’autonomie voient le jour
partout en France, qui sont
autant d’opportunités pour
les professionnels du bâtiment de faire connaître leurs
solutions d’aménagement de
l’habitat. Autant d’évolutions
qui confirment l’important
potentiel du marché des travaux d’accessibilité et l’intérêt
pour les artisans et entrepreneurs du bâtiment de s’y positionner.
FEEBAT Prolongation jusqu’en 2012
et élargissement de l’offre de formation
R
éunis le 14 juin dernier,
les acteurs du dispositif
FEEBat – ministère de l’Environnement, Ademe, ATEE,
FFB, Capeb, FNSCOP et EDF
– ont signé une convention
pour sa reconduction sur la
période 2011-2012.
L’objectif initial, fixé en 2008,
de 50 000 stagiaires formés à
la fin 2010, a été porté à
120 000 pour la fin 2012. Il
est à la mesure de l’objectif
de réduction des consommations énergétiques du bâtiment visé par le Grenelle
de l’environnement, des
efforts d’adaptation que doi-
vent réaliser les professionnels pour répondre à une
demande de plus en plus exigeante, et de l’investissement
des partenaires.
L’Ademe a financé sur l’année une importante campagne de communication pour
sensibiliser les publics
concernés, artisans et entreprises.
De son côté, la FFB place le
cycle FEEBat au cœur de sa
démarche des « Pros de la
performance énergétique ».
Quant au dispositif de formation, il est maintenu et
sera renforcé. Dans le volet
LA MENTION « EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE » S’ADAPTE
Pour prendre en compte l'évolution du dispositif FEEBat, le
référentiel de la mention « économie d'énergie » délivrée par
Qualibat, jusqu'ici limité à la rénovation de logements, s'élargit
à la rénovation de bâtiments tertiaires et à la construction de
bâtiments BBC. Conséquence logique, son nom évolue et
devient la mention « efficacité énergétique ». Rappelons que
cette mention est l'une des conditions pour devenir un « Pro de
la performance énergétique ». Plus de 650 entreprises en sont
titulaires à ce jour.
« résidentiel », suite aux attentes exprimées par les stagiaires, sera intégrée en 2011 une
formation complémentaire
déjà proposée dans le réseau
FFB, qui traitera des questions juridiques et d’assurance liées aux offres de
travaux d’amélioration énergétique et à leur commercialisation. Le volet « tertiaire »
s’enrichira quant à lui de
trois formations dans le cadre
du module 3 (groupes de
technologies performantes
d’amélioration énergétique
des bâtiments). Enfin, un
volet « BBC » composé de
deux formations sera créé.
Bâtimétiers reviendra en
détail sur ces différentes formations au fur et à mesure
de leur lancement.
POUR EN SAVOIR PLUS
Contactez votre fédération départementale ou www.feebat.org
G R A N D
ENTRETIEN
AVEC MICHEL HAVARD,
PRÉSIDENT
DE L’ASSOCIATION HQE
T É M O I N
les quatorze cibles permettent de
structurer la réponse technique,
architecturale et économique aux
objectifs du maître d’ouvrage.
Quant à la certification, c’est le
« tampon » qui prouve que la
démarche HQE a bien été mise
en œuvre. Un tiers extérieur, indépendant du maître d’ouvrage
et des parties prenantes, vient
contrôler que la démarche est bien
appliquée à chaque étape et délivre à la fin un certificat HQE. Les
certifications se développent et se
diversifient en même temps que
les différentes démarches HQE.
Elles ont concerné d’abord les
bâtiments tertiaires et s’étendent
aujourd’hui à la maison individuelle, au logement, à la rénovation… Nous travaillons actuellement sur une certification HQE
Exploitation, qui permettra de
vérifier, en phase réelle de fonctionnement, que le bâtiment corLa performance environnementale des bâtiments ne se limite pas
respond bien aux attentes des
à la facture d’énergie, explique le président de l’association Haute Qualité
concepteurs. Nous sommes aussi
Environnementale. Il insiste sur la nécessité, pour tous les acteurs
en train de lancer la démarche
du secteur, de davantage travailler ensemble en amont des projets et de faire
HQE Aménagement, pour la réalisation non plus seulement de
valoir l’approche de la construction durable française à l’international.
bâtiments mais de quartiers, de
morceaux de ville. Là encore, il
lité de vie, le confort et la santé de Comment la démarche HQE
Pouvez-vous nous rappeler
s’agit de mettre en place un sysle principe et l’esprit de la
ceux qui vivent et travaillent dans est-elle mise en œuvre et qu’en tème de management qui réunisse
démarche HQE ?
les bâtiments. De même, au-delà est-il des certifications HQE ?
tous les acteurs d’une opération
La démarche HQE vise à de la construction, nous nous Sur ce point, l’important est d’aménagement urbain et qui les
construire des bâtiments de posons la question de la vie du d’abord de souligner la trans- incite à réfléchir, anticiper et trahaute qualité environnementale, bâtiment, ce qui implique d’éva- versalité de la démarche HQE, vailler ensemble.
c’est-à-dire à offrir des ouvra- luer son impact environnemental qui réunit tous les acteurs de la
ges sains et confortables, dont tout au long de son cycle de vie. construction – maîtres d’ouvrage, Que répondez-vous à ceux
les impacts sur l’environnement Nous travaillons d’ailleurs actuel- architectes, bureaux d’études, qui disent que la démarche
sont les plus maîtrisés possible. lement sur la notion de mesure de entreprises de construction, voire HQE génère des contraintes,
C’est une démarche multicritè- la performance environnemen- fabricants de matériaux. Attein- des délais et des coûts
res. La performance énergétique tale, qui était l’un des thèmes des dre les objectifs que se fixe le maî- supplémentaires ?
n’est que l’un des quatorze cri- 7e assises de l’association HQE, en tre d’ouvrage à travers la démar- Je leur réponds tout d’abord que
tères pris en compte, aux côtés, décembre dernier. Le sujet n’est che HQE – qui est une démarche se poser les questions utiles avant
notamment, du choix des maté- pas simple, notamment quand il volontaire – implique que tous les la réalisation, cela prend certes
riaux, de la limitation des nuisan- s’agit de mesurer la qualité de l’air partenaires d’un projet se posent du temps, mais c’est du temps
ces du chantier, de la gestion de intérieur – sachant que la ques- les bonnes questions et confron- gagné sur la résolution des évenl’eau et des déchets, du confort tion de ce que l’on respire dans tent leurs points de vue le plus en tuels litiges qui pourraient résulhygrothermique ou encore de la les bâtiments sera à mon sens amont possible, c’est-à-dire dès ter ultérieurement d’une absence
qualité de l’air. Bien au-delà de la l’une des plus prégnantes pour la conception, puis tout au long de dialogue. Ensuite, il est clair
facture énergétique, la démarche les années qui viennent, surtout de la construction. La démarche que la démarche HQE est en
HQE se préoccupe de tous ces si l’on construit des « boîtes » très HQE est, en somme, un système phase avec les attentes du marché.
aspects déterminants pour la qua- confinées.
de management des opérations, et Aujourd’hui, les clients deman-
Les nouveaux
enjeux de la
CONSTRUCTION
DURABLE
10
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
Comment vous situez-vous
dans la dynamique du Grenelle
de l’environnement ?
La démarche HQE était novatrice
lorsqu’elle a été lancée en 1996. Elle
est aujourd’hui l’un des vaisseaux
porteurs de la dynamique du Grenelle, car 100 % des acteurs de la
construction sont concernés par
la révolution environnementale et
énergétique. La vocation de l’association HQE – reconnue d’utilité
publique depuis 2004 – est d’être
en anticipation sur ces problématiques, d’animer la réflexion, en
dépassant les intérêts particuliers
de chacun de ses membres pour
élaborer un consensus d’intérêt
général et faire progresser l’ensemble du secteur. Les défis, pour
les entreprises comme pour tous
les acteurs de la construction, sont
à la hauteur de la révolution en
cours, qu’il s’agisse des défis techniques, de l’apprentissage de nou-
© M. HAVARD
dent que les bâtiments répondent à des standards environnementaux et énergétiques – et ils en
demandent la preuve. Ce n’est pas
un hasard si la démarche HQE
est davantage utilisée dans le bâtiment tertiaire et si la certification
HQE est de plus en plus demandée, par les investisseurs comme
par les utilisateurs.
En 2009, 50 % des bâtiments
tertiaires livrés en Île-de-France
étaient certifiés HQE, et la tendance est plutôt à la hausse.
C’est bien le signe que le marché
demande aujourd’hui une garantie de la bonne qualité environnementale.
Mais il n’y a pas que le bâtiment
privé. Les référentiels HQE sont
adoptés aussi par les collectivités,
qui les intègrent dans les référentiels de construction qu’elles prescrivent et qui s’imposent à l’ensemble de ceux qui construisent
sur leurs territoires. La plupart des
nouveaux collèges et lycées, notamment, sont construits aujourd’hui
selon cette démarche.
Député de la première
circonscription du
Rhône, conseiller
municipal de Lyon,
Michel Havard a été élu
en juin 2009 président
de l’association
Haute Qualité
Environnementale, qui
fédère depuis 1996 les
organismes publics et
privés représentant
l’ensemble des acteurs
de la construction
en France. Membre
de la commission du
développement durable
et de l'aménagement
du territoire à
l’Assemblée nationale,
il a participé aux
conférences mondiales
sur le changement
climatique – dont
celle de Copenhague –
réalisé à la demande
du président de la
République une
mission sur la mise
en œuvre des bilans
carbone, et présidé
un groupe de travail
préparatoire au plan
national d’adaptation
au changement
climatique.
velles collaborations transversales
et en amont des projets, ou de la
nécessité de développer la formation – enjeu dont la FFB a pleinement pris la mesure en lançant
un programme comme les « Pros
de la performance énergétique ».
Et il y a aussi, ce qu’on oublie trop
souvent en France, l’enjeu international.
Précisément, quelle est
l’action de l’association HQE
à l’international ?
Je considère comme l’une de nos
missions essentielles de faire valoir
la position française en matière
de construction durable. La
France n’est pas une île et nous
ne sommes pas les seuls à bouger sur le sujet. Si nous voulons
que les référentiels de construction, qui s’harmoniseront avec le
temps, prennent en compte l’expérience française, nous devons
être présents aux niveaux européen et international. C’est dans
cet esprit que nous avons soutenu un regroupement d’acteurs
pour créer le France Green Building Council et intégrer l’organisation internationale du même
nom. Il est d’ailleurs intéressant de noter que si, en France,
le débat est actuellement centré
sur la performance énergétique,
avec notamment l’actualité de la
nouvelle réglementation thermique, l’approche à l’international est davantage multicritères et
intègre les volets carbone, eau, air,
déchets, etc. La démarche HQE
est en phase avec cette tendance
– et elle est le label français le plus
connu à l’international en matière
de construction durable.
Comment l’élu de la République
que vous êtes en est-il venu à
s’intéresser à la construction
durable ?
J’avais déjà un métier dans le
domaine de l’environnement
avant de m’engager en politique,
et aujourd’hui, étant élu d’une
grande ville, je suis très impliqué
dans les problématiques d’environnement, d’aménagement
urbain et de construction durable, ce qui m’a amené à rencontrer l’association HQE et à en
devenir le président. Je suis très
investi également sur ces questions-là dans mon activité parlementaire. Pour moi, l’environnement est à la fois une sensibilité et
un engagement, que je m’efforce
de concrétiser au service de mes
concitoyens et de mon pays à travers mes différents mandats. DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
11
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
ÉTAIEMENT
Haute technicité
pour conservation
stratégique
C
omment définir la
meilleure
méthode
d’étaiement pour une
aile de bâtiment dont les planchers reposent sur un îlot central voué à être successivement
démoli puis reconstruit, et dont le
chantier est enclavé dans un périmètre historique ? Tel est le défi
auquel ont été confrontés le maître
d’œuvre CALQ Architecture et
l’entreprise GTM Bâtiment lors
de la restructuration lourde d’un
ensemble tertiaire situé avenue Kléber, à quelques encablures de l’Arc
de triomphe.
Cette opération, dont le maître
d’ouvrage est Beacon Capital, avait
pour but d’optimiser la surface de
ce bâtiment R + 6 en forme de H
(22 400 m2 de SHON). Pour y parvenir, les deux grandes ailes du H
– dont l’une se voit rajouter un
sixième niveau – ont été conservées,
tandis que l’îlot central a été démoli
puis reconstruit (du niveau - 4 au
niveau + 6), en réorganisant ses circulations verticales de façon à en
accroître la surface disponible. Le
projet comporte aussi la création
d’un niveau supplémentaire au rezde-chaussée du jardin intérieur, et
permettra l’implantation d’équipements nouveaux, dont un restaurant interentreprises au deuxième
sous-sol.
L’INGÉNIERIE AU SERVICE
DE L’ÉTAIEMENT
La solution d’étaiement a été élaborée pendant la phase de préparation de chantier. Les opérations
ont commencé en septembre
2009, avec un curage et un désamiantage du bâtiment qui a duré
six mois. À partir de décembre
2009, l’îlot central a été démoli
au moyen d’une pelle mécanique
équipée d’une pince coupante,
descendue d’étage en étage par
la grue.
Pour étayer l’aile Kléber, dont les
planchers perdaient au fur et à
mesure leur porteur en béton
armé, le constructeur a écarté la
solution des tours d’étaiement
classique : « Avec cette méthode,
il aurait fallu étayer jusqu’au
sixième sous-sol, fermer le parking
et interrompre des installations de
Climespace (1) qui devaient rester
en fonctionnement, explique Philippe Miguet, ingénieur travaux
gros œuvre chez GTM Bâtiment.
D’autre part, les tours d’étaiement auraient entravé l’évacuation des gravats vers l’avenue Kléber, mettant en péril nos délais de
chantier. »
La réflexion s’est orientée vers
une autre solution, consistant à
reprendre les planchers au moyen
de poutres métalliques de grande
© G. MAUCUIT-LECOMTE
Fruit de trois mois de maturation technique,
un étaiement hors norme a permis de
réaliser une restructuration lourde sur un
bâtiment tertiaire situé avenue Kléber
à Paris, en conservant son intégrité et en
augmentant sa surface exploitable.
REPRENDRE LES
PLANCHERS à
l’aide de poutres
métalliques de
grande portée,
complétées de flèches
additionnelles : une
solution innovante
qui nécessite une
importante phase de
calcul et un mode
opératoire rigoureux.
portée (15 m), amenées à la grue,
glissées à l’intérieur du bâtiment
à l’aide de chariots à roulettes,
puis positionnées sur les porteurs
existants, situés aux deux extrémités des planchers à étayer. Une
contrainte de taille restait à prendre en compte pour que le système fonctionne : « Pour prévenir
la déformation des poutres, une
flèche additionnelle à leur flèche
naturelle a été appliquée grâce à
des vérins hydrauliques, adaptée
à la pression exercée par le plancher à reprendre, détaille Philippe
Miguet. Cet étaiement innovant,
développé par l’entreprise Locapal, a nécessité une importante
phase de calcul – pour déterminer précisément les pressions à
exercer sur les poutres afin que le
plancher reste parfaitement horizontal au moment de la suppres-
sion du mur porteur – puis un
mode opératoire rigoureux. »
À partir de septembre 2010, la
reconstruction de l’îlot central a
permis de rétablir un à un les porteurs des planchers de l’aile Kléber
et de supprimer, étage par étage,
les poutres d’étaiement, dirigées
vers des filières de recyclage. Dans
le cadre d’une démarche HQE, la
mise en œuvre de façades performantes sur le plan de l’isolation
permettra de réduire la consommation énergétique du bâtiment,
qui sera de 10 % inférieure à la
consommation de référence de
la RT 2005. Leur végétalisation
donnera une nouvelle respiration
urbaine aux abords de l’avenue
Kléber. Le nouveau bâtiment sera
livré en mai 2011.
(1) Réseau de froid urbain de la ville de
Paris.
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
13
RÉHABILITATION PATRIMONIALE
L’ATOUT PRÉMUR
Le Grand Hôtel de Toulouse est partiellement reconstruit
en prémur. Une technique adaptée aux chantiers enclavés, qui
implique de mettre en place des procédures de qualité
rigoureuses entre l’entreprise et son fournisseur industriel.
L
e programme de réhabilitation du Grand Hôtel de
Toulouse, dont la livraison est prévue au printemps 2011,
fait partie de ces chantiers complexes qui demandent une réponse
très étudiée en matière de gros
œuvre. Construit en 1901, ce vaste
édifice d’architecture haussmannienne, qui occupe tout un îlot au
cœur de la Ville rose, a d’abord été
un palace à la Belle Époque, réputé
pour ses lits à baldaquin et ses salles de bains en marbre. Après la
Seconde Guerre mondiale, il a
accueilli les administrations départementales et préfectorales, avant
d’être plus récemment squatté par
un collectif d’artistes toulousains.
Porté par la société Pitch Promotion, le programme de réhabilitation en cours vise à faire du Grand
Hôtel un site multifonctionnel qui
accueillera deux enseignes haut de
gamme en rez-de-chaussée (Habitat et Hugo Boss), des bureaux au
premier étage, ainsi qu’un ensemble résidentiel mixte composé de
24 appartements en accession et
38 logements sociaux gérés par
l’office Habitat Toulouse.
Pour l’entreprise de gros œuvre
en charge du chantier, Thomas &
Danizan (groupe Pastorello), qui
emploie une centaine de personnes
à Toulouse, il s’agit de réaliser une
réhabilitation complète du bâtiment tout en conservant son âme.
« Les architectes des Bâtiments de
France ont souhaité la conservation en l’état des trois façades extérieures, des trois patios intérieurs
14
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
et des murs de refend, explique
Thomas Clauzel, le conducteur
de travaux responsable du chantier pour Thomas & Danizan. À
l’exception de cette enveloppe,
qui a fait l’objet d’un contreventement et d’étaiements élaborés, et
de 20 % environ des planchers en
bois proches des mitoyens, tout a
été recréé à neuf. »
L’entreprise a opté pour une structure classique composée de micropieux et têtes de micropieux en
infrastructure, et majoritairement
de poteaux-poutres en béton armé
et prédalles en superstructure.
1
Plus de la moitié de ces éléments
– 5 000 m2 de prédalles précontraintes, 1 200 ml de poutres de
différentes sections en béton précontraint – ont été préfabriqués en
usine, l’autre moitié de la structure
ayant été réalisée en béton coulé
sur place.
PRÉMUR : UNE EXIGENCE
DE CONFORMITÉ
Pour la réalisation de deux nouvelles cages d’escalier et d’ascenseur différentes, desservant d’une
part les logements en accession et
d’autre part les logements sociaux
– soit une surface totale de voiles de 1 800 m2 –, l’entreprise a
fait le choix du prémur. Ce procédé constructif correspond à un
mur préfabriqué en usine et livré
sur le chantier, composé de deux
« peaux » en béton réunies par des
aciers, entre lesquelles on coule
du béton pour assurer la cohésion
de l’ensemble. « Les voiles de ces
deux noyaux centraux sont quasiment les seuls que nous ayons
eu à réaliser, le reste de la structure étant essentiellement constitué de portique poteaux-poutre, argumente Thomas Clauzel.
D’autre part, l’utilisation de banches aurait occupé une grande
partie de nos emprises de chantier, limitées par notre situation en
centre-ville. Enfin, couler le béton
en place nous aurait contraints à
des déplacements de banches par-
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
travaux. À la livraison, il suffit d’un
contrôle au mètre laser pour vérifier ses dimensions et le positionnement des réservations. Ce système est une procédure de suivi
de la qualité : les non-conformités sont rares et se voient tout de
suite. »
De même, les caractéristiques
mécaniques – résistance, degré
coupe-feu, charges par ml –
demandées au voile en béton armé
sont transmises par l’entreprise à
l’industriel. En jouant sur l’épaisseur des deux « peaux » en béton –
de 4,5 à 7 cm, l’épaisseur totale du
prémur variant de 18 à 40 cm – et
sur le type d’aciers situés à l’inté-
1 LE RECOURS AUX PRÉMURS
permet de composer avec des
emprises de chantier exiguës.
2 GRÂCE À UNE
ORGANISATION MÉTHODIQUE
avec le fournisseur, la
conformité de chaque prémur
est vérifiée dès sa livraison
sur le chantier.
rieur, l’industriel peut ainsi définir bout à bout ou en angle, elles se
le prémur qui répond aux exigen- font en général au moyen d’aciers
standard – soit treillis, soit épingles
ces de l’ouvrage.
préfabriquées – conformément au
MISE EN ŒUVRE SOUS ATEX plan de pose du fabricant.
Pour garantir une manutention et Après avoir positionné les préun positionnement en toute sécu- murs, on procède au coulage du
rité, les prémurs sont équipés de béton en respectant les prescripcrochets de levage et de douilles tions du fournisseur. Le matériau
prévues pour fixer les étais tirant- mis en œuvre au Grand Hôtel de
poussant, qui permettent de les Toulouse est un béton de classe
stabiliser. La liaison entre les pré- C25/30, de consistance classique
murs et les fondations est encore S4 ou S5, dont les granulats ne
une affaire de coordination entre doivent pas dépasser 10 mm de
l’entreprise et son fournisseur : diamètre pour un prémur de 18 à
« Le fabricant de prémur peut y 20 cm (pas plus de 16 mm pour
intégrer des aciers adaptés à ceux les prémurs plus épais), afin d’asqui sont en attente dans les fonda- surer une répartition homogène
tions, afin de bien assurer la liaison du béton entre les peaux. Pour le
fondation-prémur et la transmis- conducteur de travaux, ce procédé
sion des efforts. Mais le bureau constructif – qui fait aujourd’hui
d’études gros œuvre peut lui aussi l’objet d’une Atex (Appréciation
concevoir des attentes adaptées, technique d’expérimentation) du
par exemple concentrées sur l’axe CSTB, en raison de son caractère
du mur, de façon à ce que les aciers non traditionnel – fonctionne très
se glissent entre les deux peaux du bien. Il exige cependant un imporprémur », détaille Thomas Clauzel. tant travail de préparation en
Quant aux liaisons entre prémurs, amont et, quand on est en réhabilitation, un contrôle des relevés et
des cotes de l’existant, pour éviter
les surprises de dimensionnement
lors de la pose des prémurs. Plus
cher qu’un voile coulé en place,
le prémur permet de faire l’économie de la location des banches,
demande moins de main d’œuvre
que les voiles béton coulés en place
et réduit le coût des finitions, grâce
à un parement de haute qualité
obtenu par une excellente vibration contrôlée en usine. Au-delà
de son intérêt technique pour certains ouvrages ou certaines parties
d’ouvrage, sa pertinence économique doit donc être déterminée par
une analyse globale des coûts de
construction.
2
© THOMAS & DANIZAN
dessus la façade, qui mesure
20 m de hauteur. Cet ensemble
de raisons, sans oublier le gain de
temps lié à la préfabrication, nous
a orienté vers une utilisation de
murs préfabriqués. »
Une décision qui s’est accompagnée d’une organisation de chantier méthodique entre l’entreprise
de gros œuvre et son fournisseur.
Un mois avant la mise en œuvre,
les plans des ouvrages en béton
sont adressés par le bureau d’études à l’industriel, qui en déduit un
plan de découpe des éléments préfabriqués, en intégrant l’ensemble
des réservations et points singuliers. Ce plan de découpe retourne
ensuite à l’entreprise, qui en vérifie la conformité avec les plans
initiaux avant de donner son aval
au lancement de la fabrication.
« Chaque prémur qui arrive sur le
chantier bénéficie, parallèlement
au bon de commande, d’un marquage et d’un numéro qui permet de l’identifier sur le plan de
découpe, ajoute le conducteur de
POUR EN SAVOIR PLUS
UMGO-FFB (Union de la maçonnerie
et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59,
www.umgo.ffbatiment.fr
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
15
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
Légèreté, délais de chantier courts et valorisation esthétique
du bâtiment justifient le choix du bois pour cette surélévation d’un
pavillon réalisée en banlieue parisienne.
L
a problématique rencontrée
par la famille francilienne propriétaire de ce pavillon de quatre
pièces en pierre meulière, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), est tout
à fait courante : à l’adolescence des
deux enfants, les parents décident
d’agrandir. La réponse de l’architecte Ludmila Pernot (cabinet
APA) est nettement moins banale :
« Nous avons imaginé une structure en bois posée au sommet de
la maison, qui épouse les lignes de
la maçonnerie existante et respecte
l’intégralité de la construction, mis
à part la dépose du toit », expliquet-elle. Grâce à cette surélévation
de 50 m2 SHON réalisée courant
2009, le pavillon s’agrandit d’un
étage supplémentaire, gagnant une
chambre, une salle d’eau, un salon
de musique et un bureau bibliothèque. Ce qui porte sa surface habitable totale de 141 à 191 m2.
1 LA SURÉLÉVATION, sorte
de maison-meuble emboîtée
sur la maison existante, a été
préfabriquée en atelier puis mise
en place au moyen d’une grue.
2 LE BOIS HUILÉ NON-RABOTÉ
de la surélévation rappelle la
meulière de la maison d’origine.
© ANDRIEU PERNOT ARCHITECTURE
UNE «MAISON-MEUBLE»
Réalisée par assemblage de portiques en lamibois (1), d’entretoises
et de panneaux en bois, la surélévation est une sorte de « maisonmeuble », suffisamment légère
pour se contenter du seul renforcement du plancher supérieur de la
maison, ce qui est le premier argument en faveur de la solution bois.
Les pignons se composent d’un
double panneau en lamibois enfermant 20 cm d’isolant (laine minérale) et revêtu d’un bardage extérieur. Côté rue et côté jardin, on
a mis en œuvre une façade rideau
composée de doubles vitrages insérés dans des châssis en aluminium,
revêtue au sud d’un claustra et de
stores extérieurs, afin de garantir
une protection solaire. La structure est recouverte d’une toitureterrasse avec étanchéité sur support bois et équipée de capteurs
solaires pour la production d’eau
chaude sanitaire. L’étanchéité de
l’interface bois/maçonnerie est
assurée par une bande résiliente
recouverte d’un pare-pluie et d’une
bavette en aluminium. Autre spécificité du projet, les portiques et
entretoises en lamibois, laissés
apparents à l’intérieur de la maison, ont été conservés comme des
éléments d’agencement – montants de bibliothèques, étagères…
– exploitant en creux la forte épaisseur des pignons en meulière.
« Cette surélévation a demandé au
final plus d’études que de réalisation, commente Rodolphe Maufront, chargé d’études chez Asselin
SAS, l’entreprise de charpente bois
en charge du projet, qui emploie
120 personnes à Thouars (DeuxSèvres) et dont l’agence de Vitrysur-Seine, en région parisienne,
a réalisé l’ouvrage. Notre bureau
d’études a dû réaliser un calepinage
très élaboré des éléments de structure utilisés pour l’agencement, et
mettre au point une méthode pour
pouvoir implanter la structure au
sommet d’une maison aux deux
pignons mitoyens. »
UN CHOIX CONFORTÉ
PAR LA LOI GRENELLE 2
Faute d’accès sur les côtés du bâtiment, les deux pignons finis en atelier – avec isolant intégré, alimentation électrique et bardage – ont
été acheminés sur le chantier par
camion puis levés et mis en place
au moyen d’une grue. Cette préfabrication a permis de réduire considérablement les délais de chantier – moins de six semaines pour
l’assemblage de la structure –, ce
qui est le second argument qui a
joué en faveur de la construction
bois. Le projet se révèle homogène
grâce au choix judicieux des matériaux et finitions : « Pour s’harmoniser avec la meulière à dominante
ocre et brute, c’est un bois massif non raboté, avec un traitement
thermo-huilé, qui a été choisi, et
les châssis en aluminium ont été
laqués en fonction de ces tonalités », commente Ludmila Pernot.
Rodolphe Maufront constate que
ce type de projet est en développement : « Étant donné les prix élevés
de l’immobilier, les gens préfèrent
agrandir plutôt que d’acheter plus
grand. » D’autre part, la loi Grenelle 2, promulguée cet été, favorise
ce type de projets puisqu’elle modifie le code de l’urbanisme en rendant désormais illégal, en dehors
des secteurs protégés, tout refus de
permis de construire ou d’aménager fondé sur l’utilisation du bois
en façade. Une formidable opportunité, en neuf comme en réhabilitation, pour le développement du
bois dans la construction.
(1) Matériau composé de placages minces de
bois recollés à fil parallèle, à vocation essentiellement structurelle.
POUR EN SAVOIR PLUS
FFB Pôle bois construction,
tél. : 01 40 69 57 40,
www.polebois.ffbatiment.fr
ASSELIN SAS, THOUARS (79)
Entreprise
titulaire
de la marque
1
2
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
© B. TEILLET
SURÉLÉVATION EN BOIS
Une solution dans l’air du temps
17
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
PLATES-FORMES SUSPENDUES
Une sécurité bien encadrée
© FIXATOR
Plébiscitées par les entreprises pour la réalisation de travaux légers
de façade, les plates-formes suspendues ont bénéficié ces dernières années d’un ensemble
de mesures qui permettent de les utiliser en toute sécurité.
L
es plates-formes suspendues
sont un partenaire précieux
pour les entreprises qui réalisent
des travaux – nettoyage, rénovation, sablage, peinture… – sur les
façades des bâtiments. Composées d’un plancher de travail avec
étriers et garde-corps, suspendu
à des câbles en acier fixés au sommet de l’immeuble, ces plates-formes se déplacent verticalement à
l’aide d’un treuil tantôt manuel,
tantôt électrique, offrant un poste
de travail à niveau variable pouvant être déplacé à volonté (1).
Pour Michel Ameline, dirigeant
de la société Ema – spécialisée
dans l’imperméabilité de façades,
les joints de calfeutrement et l’isolation par l’extérieur, implantée à
Alfortville (Val-de-Marne) et Fontainebleau (Seine-et-Marne) –,
les plates-formes suspendues
présentent de nombreux points
forts : « Elles offrent un accès à
toute la façade beaucoup plus
rapidement qu’un échafaudage,
par l’arrêté du 1er mars 2004
relatif aux vérifications des appareils et accessoires de levage,
ainsi que par la circulaire DRT
n° 2005-04 du 24 mars 2005.
Quant aux plates-formes qui
étaient équipées de moufles à
corde, elles ne répondent pas
aux exigences techniques et de
sécurité imposées par le décret
du 2 décembre 1998 et l’article
R 4324-29 du code du travail,
et leur utilisation est désormais
interdite.
« Grâce aux dispositions apportées par ces différents textes, les
plates-formes suspendues sont
L’ENTREPRISE EN CHARGE DE CES
aujourd’hui utilisées en toute sécuTRAVAUX DE FAÇADE a pu accéder
rité, commente Michel Ameline.
au retour des balcons en toute
Ces matériels sont notamment
sécurité grâce à des plates-formes
suspendues motorisées, dont
équipés d’un câble, qui maintient
l’une était équipée d’une section
leur stabilité et leur contact avec la
d’angle réglable.
façade, et d’un dispositif antichute
et permettent d’évaluer à distance automatique, qui font partie des
l’avancée et le résultat des travaux. exigences du marquage CE. »
D’autre part, la plate-forme est
repliée après usage, ce qui supprime tout moyen d’accès à la
façade et améliore la sécurité du
bâtiment. » Attention toutefois,
ce type de matériel ne peut pas
être mis en œuvre partout : il faut
que la partie haute de l’immeuble
offre des points d’ancrage d’une
résistance suffisante, ou permette
d’accueillir un dispositif de sus- La plate-forme peut aussi être
pension lesté, et que la façade soit assurée par un câble relié à des
points d’ancrage, fixés dans la
simple et rectiligne.
façade à mesure qu’elle descend
et décrochés à mesure qu’elle
TEXTES RÉGLEMENTAIRES
remonte. Pour que la sécurité
ET RECOMMANDATIONS
Les plates-formes suspendues, soit garantie, il est nécessaire de
couvertes par la directive euro- respecter à la lettre la notice de
péenne « machines », voient leur montage du constructeur et de
utilisation encadrée notamment produire une note de calcul pour
L’utilisation des
plates-formes
équipées de
moufles à corde
est désormais
interdite.
déterminer le contrepoids nécessaire au dispositif de suspension,
en prenant en compte les différents paramètres comme la capacité des treuils et le chargement.
Cet ensemble de dispositions a
été complété par la recommandation R 433 « Exploitation, installation, utilisation et repli des
plates-formes suspendues motorisées » de la CNAMTS (2), adoptée
en novembre 2007, qui préconise
un ensemble de règles à respecter
par les utilisateurs, notamment
un contrôle de la plate-forme par
une personne compétente, ainsi
que des tests avant utilisation portant sur sa résistance au chargement et son dispositif antichute.
La recommandation R 433 définit
aussi le référentiel de compétences
auquel doit répondre tout monteur de plate-forme ou opérateur
travaillant sur ces systèmes. Il est
à noter que le Syndicat français de
l’échafaudage (SFECE-FFB) a mis
en place depuis 2003 des formations ainsi qu’un certificat de qualification professionnelle (CQP)
de « monteur en plates-formes
suspendues ».
(1) Les plates-formes suspendues, installées
temporairement pour la réalisation d’un
chantier, répondent à la norme produit
NF EN 1808 d’août 1999, qui est actuellement en cours de révision. Elles ne doivent
pas être confondues avec les appareils d’entretien de façades, composés d’une plateforme suspendue à un chariot motorisé, installés de manière permanente pour assurer
la maintenance des bâtiments, et qui répondent à la norme produit NF P 95-201.
(2) Caisse nationale d’assurance maladie
des travailleurs salariés.
POUR EN SAVOIR PLUS
SFECE-FFB (Syndicat français de
l’échafaudage, du coffrage et de
l’étaiement), tél. : 01 40 55 13 00
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
19
© CBC
PARKINGS ENTERRÉS Prévenir la fissuration du béton
1
2
Le respect d’un ensemble de points clés au niveau
de la conception et de la mise en œuvre permet d’éviter la fissuration
des structures porteuses en béton dans les parkings enterrés.
L
es structures porteuses en
béton des parkings enterrés
connaissent fréquemment des fissurations au niveau des poutres et
planchers. Ces désordres peuvent
être simplement inesthétiques,
générant des dépôts de calcite au
droit des fissures, avec des risques
de coulures susceptibles d’attaquer les peintures des carrosseries
des véhicules. Mais les conséquences peuvent être plus graves, jusqu’à
la rupture complète de la ou des
poutres en béton avec risque d’effondrement, entraînant des réparations lourdes et coûteuses.
PRÉVENIR LE RETRAIT
ET LES CHOCS THERMIQUES
Il est possible de prévenir ces désordres, en respectant tout d’abord
un certain nombre de règles dès la
conception du parking enterré. La
plus importante est certainement la
mise en œuvre de joints de dilatation, conformément à ce que préconisent les règles BAEL (1) pour les
ouvrages de grandes dimensions –
tous les 40 m par exemple en région
parisienne(2). Les règles BAEL sont
en effet souvent mal interprétées: si
elles indiquent que le prolongement
des joints de superstructure n’est pas
obligatoire en infrastructure pour
20
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
les ouvrages enterrés, elles ajoutent
clairement que « quand les soussols comportent de grandes surfaces en plan, il convient de les prolonger». Ces joints de dilatation ont un
rôle essentiel: d’une part, ils préviennent le retrait du béton (de l’ordre
de 2 cm pour 50 ml), et leur absence
peut provoquer des fissures importantes; d’autre part, ils permettent
de prévenir la dilatation et la rétractation dues aux variations thermiques subies par le béton. «Contrairement à ce qui est communément
admis, le béton des parkings enterrés subit de véritables chocs thermiques, liés à la ventilation forcée
pour évacuer les fumées d’échappement, analyse Didier Eymard,
responsable du service après-vente
chez Campenon Bernard Construction (groupe Vinci). Ces variations
sont plus brutales que celles qui
se produisent à l’air libre, notamment en hiver quand le système
aspire de l’air très froid.» De l’ordre
de 7,5 mm pour 50 ml à 15°C, ces
variations atteignent même 15 mm
pour 50 ml à 30°C! Pour limiter la
fissuration, il convient aussi de privilégier les bâtiments de forme simple, et de multiplier les joints de dilation et de construction en fonction
de la complexité de l’ouvrage – en
prenant en compte les poussées du
sol et de l’eau, ainsi que les éventuelles poussées horizontales dissymétriques, liées à la juxtaposition de
parties de bâtiment de hauteurs différentes. «Il revient au bureau d’études d’imposer ces joints, même s’ils
ont un coût, ajoute Didier Eymard.
L’observance de ces règles permettrait de supprimer la grande majorité des fissurations dans les parkings enterrés.»
RESPECTER
LES IMPÉRATIFS
DE MISE EN ŒUVRE
Même si une fissuration limitée
est inhérente au matériau béton,
l’entreprise de gros œuvre a aussi
un rôle important à jouer dans le
traitement des points singuliers,
comme les corbeaux, les appuis
glissants, etc., dont la réalisation
doit être soignée et conforme aux
plans et à la réglementation technique. L’entreprise doit soigner aussi
les reprises de bétonnage – rugosité, armatures en attente, propreté
– et veiller au respect des conditions
climatiques requises, en différant
le coulage du béton quand la température est inférieure à 5 ° C, par
exemple, même si cela demande
un aménagement du planning du
3
POUR RÉPARER LES
FISSURATIONS apparues sur
cet ouvrage (1), l’entreprise
a eu recours à une charpente
métallique. Des poteaux
métalliques ont été moisés
sur les poteaux en béton
existants, et des poutres
HEB utilisées pour soutenir
les planchers précontraints
fissurés (2). La finition a
ensuite été appliquée (3).
chantier. Les éléments préfabriqués
en béton doivent faire l’objet d’un
contrôle qualité, et les prescriptions
du fournisseur en matière de stockage, de manutention et de mise
en œuvre doivent être respectées.
Enfin, il faut s’assurer de la conformité du béton mis en œuvre par
rapport à la commande, interdire
l’addition d’eau au béton livré prêt
à l’emploi et respecter le plan et
la durée d’étaiement. La prévention de la fissuration dans les parkings enterrés passe donc par une
conception réfléchie de l’ouvrage et
une mise en œuvre rigoureuse du
béton.
(1) Remplacées par la NF EN 1992-1-1 depuis
mars 2010.
(2) Cette distance varie en fonction des régions,
de 50 m dans l’Ouest de la France à 25 m dans
les départements voisins de la Méditerranée.
POUR EN SAVOIR PLUS
• « Parkings enterrés : prévention de
la fissuration des structures porteuses
en béton », plaquette de l’AQC
publiée en février 2010, disponible sur
www.qualiteconstruction.com
• Entreprises générales de
France-BTP (EGF-BTP),
tél. : 01 40 69 52 78, www.egfbtp.com
GROS ŒUVRE/STRUCTURE
Travaux en béton, le DTU 21 révisé
L
a mise à disposition de la
norme européenne NF
EN 13670 « Exécution des travaux en béton » s’accompagne de
la rédaction d’une annexe nationale française, actuellement en
cours de finalisation. Elle comportera, conformément au texte
européen, les dispositions que la
France souhaite voir apparaître
pour application sur son terri-
toire. En particulier, on y retrouve
le renvoi à deux documents
que les entreprises connaissent
bien : le NF DTU 21 et le fascicule 65A.
En conséquence, ces deux textes ne disparaîtront pas, bien au
contraire. Ils trouveront toute leur
raison d’être en s’articulant avec
la norme NF EN 13670. Cependant, une mise à jour doit être
effectuée pour rendre compatibles les textes existants et la nouvelle norme européenne. Concernant le NF DTU 21, les travaux
sont déjà engagés, avec l’objectif
de supprimer du DTU actuel tous
les éléments repris dans la norme
NF EN 13670, et de n’y laisser que
ce qui est nécessaire (catégories
de chantier, par exemple). Ce
système aura l’avantage de main-
tenir en vigueur le NF DTU 21 –
qui traduit l’approche française
de l’exécution des ouvrages en
béton – à la fois maîtrisé par les
entreprises et reconnu par les
assurances.
POUR EN SAVOIR PLUS
UMGO-FFB (Union de la maçonnerie
et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59,
www.umgo.ffbatiment.fr
ÉTUDE Les nouveaux ciments
allégés en clinker
P
© UMGO
our améliorer leur empreinte
carbone, en réponse à des
attentes environnementales de
plus en plus fortes, les cimentiers
développent des nouveaux produits : ce sont des ciments composés (CEM III et CEM V selon
la classification de la norme
NF EN 197-1), qui comportent,
en substitution d’une partie du
clinker, des additions telles que
laitiers de hauts-fourneaux ou
cendres volantes… En effet, c’est
lors du processus de fabrication
du clinker – par cuisson vers
1 450 ° C des matières premières
(le cru) – que le dégagement de
CO2 se produit.
Indépendamment de la conformité à leur norme, ces nouveaux
ciments ont-ils un comportement identique, pour ce qui est
de leur aptitude à l’usage, à celui
d’un ciment traditionnel ? Quelles
conséquences peuvent-ils avoir sur
l’activité des maçons ? C’est pour
répondre à ces questions que, à la
demande de l’UMGO-FFB, une
étude comparative a été lancée en
2008, dans le cadre du Programme
recherche développement métiers
de la FFB, avec le concours de
Cimbéton (1) et l’Atilh (2). L’étude
Des nouvelles règles
parasismiques en
maison individuelle
a consisté à construire des corps
d’épreuve (murets en briques et
en blocs béton sur chapes) en utilisant – pour la réalisation de la
chape, du mortier de hourdage et
du mortier d’enduit – d’une part,
un ciment traditionnel (CEM II),
d’autre part, des ciments nouveaux (CEM III et CEM V), puis
à comparer les ouvrages réalisés.
Le laboratoire chargé de l’analyse,
Ginger-CEBTP, a constaté des performances mécaniques identiques
pour les différents ciments et mortiers. Achevés au printemps 2010,
les différents ouvrages font l’objet depuis d’un suivi régulier. Ginger-CEBTP n’a constaté à ce jour
aucun problème particulier avec
les ciments CEM III et CEM V :
ces produits nouveaux semblent
donc être au point. Il ne s’agit
cependant que d’un bilan d’étape :
l’expérimentation se poursuit et
les auteurs de l’étude ne livreront
leurs conclusions qu’à l’issue de
l’hiver 2011.
Les PSMI, règles constructives
qui s’appliquent aux maisons
individuelles en zone sismique,
sont actuellement en cours
de révision, dans le but de les
rendre compatibles avec les
Eurocodes. À la différence des
règles actuelles, qui font état
de dispositions constructives
générales, les nouvelles règles
entreront davantage dans le
détail du calcul nécessaire à la
justification des ouvrages, tout
en se limitant à une déclinaison
simplifiée des Eurocodes,
adaptée à la maison
individuelle et exploitable
par le plus grand nombre de
constructeurs, maçons et
charpentiers. Ces nouvelles
règles, dont la publication est
attendue au premier semestre
2011, concernent aussi bien
la filière humide que la
construction bois et métallique,
et remplaceront à la fois les
PSMI et les CPMI spécifiques
aux Antilles françaises.
(1) Centre d’information sur le ciment et
ses applications.
(2) Association technique de l’industrie des
liants hydrauliques.
POUR EN SAVOIR PLUS
Les résultats complets de l’étude
seront consultables prochainement
sur le site de l’UMGO-FFB,
www.umgo.ffbatiment.fr
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DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
21
ENVELOPPE
PARE-VAPEUR ET ÉCRAN DE SOUS-TOITURE
Des membranes à ne pas confondre
Le transfert de la vapeur d’eau à travers
une paroi peut provoquer des désordres liés à
la condensation. Bien utilisés, pare-vapeur
et écran de sous-toiture permettent de limiter
les flux ou d’évacuer la vapeur excessive.
DOMAINE D’UTILISATION
Dans tous les cas, son utilisation
impose l’installation d’une ventilation pour évacuer la vapeur d’eau.
Pour les ouvrages de couverture,
l’installation systématique du parevapeur est recommandée. Elle est
obligatoire en zone climatique H1
(Nord, Est, Massif central, Alpes)
et pour les maisons à ossature bois,
où l’enveloppe doit impérativement
être imperméable à l’air. L’écran de
sous-toiture, quant à lui, protège
QUELQUES NOTIONS
Tous les matériaux ne présentent pas la même capacité à être traversés
par la vapeur d’eau. Chacun peut ainsi être caractérisé par
une valeur de perméabilité (è), qui mesure la quantité de vapeur d’eau
traversant une épaisseur de 1 m de matériau par heure,
pour une différence de pression partielle de 1 mm de mercure (mmHg)
entre ses faces.
Plus généralement, on parle non pas de perméabilité mais de
perméance (Wp) : c’est le rapport de la perméabilité du produit
et de son épaisseur, et s’exprime également en g/m2.h.mmHg.
Des valeurs de perméance sont imposées pour l’isolation des
couvertures par les NF DTU 40.13, 40.14 ou 40.25.
Dans la pratique, pour choisir un pare-vapeur, on s’intéresse
au coefficient Sd (mesuré en mètre), qui représente la résistance
à la diffusion de la vapeur d’eau par rapport à une couche
d’air d’épaisseur équivalente. Le Sd est déterminé à partir du
facteur de résistance à la diffusion de vapeur d’eau (μ) et de l’épaisseur
du matériau (e) selon la formule Sd= μ.e.
© ONDULINE
est de rendre une paroi résistante
à la vapeur d’eau. Or, la migration
de vapeur d’eau dépend des températures de part et d’autre de la
paroi, et se fait toujours du côté où
la température et le taux d’humidité sont les plus forts vers le côté
où ils sont les plus faibles. Le parevapeur doit donc être appliqué sur
le côté intérieur de la paroi.
© DOERKEN
D
ifférents types de membranes sont disponibles
pour traiter les parois
de l’enveloppe et répondre aux
enjeux de plus en plus sensibles de
la perméabilité à l’air du bâtiment.
Parmi ces produits, le pare-vapeur
et l’écran de sous-toiture ont des
propriétés distinctes, qui nécessitent de bien différencier certaines
notions comme la perméabilité,
la perméance ou la résistance à la
diffusion de la vapeur d’eau (voir
encadré). Concernant la prévention des phénomènes de condensation à l’intérieur des parois, il
importe aussi de rappeler que ce
sont des phénomènes complexes
où interviennent différents facteurs
(hygrométrie du local, ventilation,
chauffage) et qui ne peuvent pas
toujours être maîtrisés par la seule
utilisation d’un pare-vapeur. La
première fonction du pare-vapeur
L’ÉCRAN DE SOUS-TOITURE (en haut) est positionné entre la paroi et le rampant
de couverture, alors que le pare-vapeur (en bas) est appliqué sur le côté intérieur
de la paroi.
l’isolant des agressions extérieures
(eau, vent, neige poudreuse, poussières, animaux…) et son utilisation
n’a pas de caractère obligatoire. Il
peut être de deux types: «respirant»
– hautement perméable à la vapeur
d’eau (HPV) – ou non-respirant. Il
doit être positionné entre la paroi et
le rampant de couverture.
conduite) devra être soigneusement calfeutrée pour garantir l’imperméabilité à l’air de l’enveloppe.
Avec les écrans de sous-toiture, il
faut veiller à ce que la ventilation
de la sous-face des tuiles et de leur
support soit correctement assurée
par une lame d’air d’environ 2 cm.
Une lame d’air identique devra être
ménagée entre l’isolant et l’écran
MISE EN ŒUVRE
dans le cas d’un écran non-resDans l’installation d’une mem- pirant. Un écran HPV pourra en
brane pare-vapeur, le profession- revanche être appliqué directement
nel suivra les indications de l’Avis au contact de l’isolant.
technique. Il s’assurera en particulier que le pare-vapeur n’est pas POUR EN SAVOIR PLUS
abîmé (percé ou déchiré) et que les • UNCP-FFB (Union nationale des
syndicales de couverture
recouvrements entre lés sont suffi- chambres
et de plomberie de France),
sants pour empêcher tout passage www.uncp.ffbatiment.fr
(Union des métiers
d’air. Dans les maisons à ossature •duUMPI-FFB
plâtre et de l’isolation),
bois, toute traversée du pare-vapeur tél. : 01 40 69 52 14,
par un réseau (gaine électrique, www.umpi.ffbatiment.fr
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
23
1 2
© A. VERRIÈRE
© CVI-Y. LAUNAY / UMPI
ISOLATION THERMIQUE
LA PERFORMANCE THÉORIQUE À L’ÉPR
Pour répondre aux nouvelles attentes de la réglementation thermique, le choix de matériaux
d’isolation (voir Bâtimétiers n° 20) est une des conditions nécessaires mais pas suffisante,
pour atteindre les performances visées. Ces évolutions remettent effectivement au premier
plan l’importance de la mise en œuvre, diversement impactée selon les métiers, comme en
témoignent les professionnels.
P
our opérer des choix pertinents dans une offre de
produits et de systèmes
d’isolation de plus en plus étendue, et réaliser des installations
performantes, les professionnels,
on l’a vu, doivent d’abord trouver des repères pertinents dans le
foisonnement des certifications de
produits et autres critères très disparates. Sur le chantier, les choses
ne sont pas vraiment plus simples
et une situation nouvelle se présente à eux. D’une part, parce que
l’exigence de résultat posée par la
réglementation à venir bouleverse
leur approche métier. D’autre part,
et de façon très immédiate, parce
que les objectifs de performances
font évoluer la donne technique
des chantiers et impliquent systématiquement le traitement des
interfaces entre les ouvrages. Dans
24
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
ce contexte nouveau – qui n’a pas
fini d’évoluer –, il n’est pas sûr que
l’expérience et les références traditionnelles des professionnels
suffisent, à elles seules, à ce qu’ils
assurent les prestations attendues
et tiennent les objectifs de performance. En tout cas, tous ne sont
pas logés à la même enseigne et
n’ont pas la même manière de voir
et de faire.
Pour Denis Vigneron, responsable
de l’entreprise de couverture Charles et Cie (Maine-et-Loire), dont
l’isolation thermique par bardage
représente un tiers de l’activité,
les fondamentaux de la mise en
œuvre restent inchangés : « Nous
nous appuyons sur nos savoirfaire, sur les DTU, sur les notices
techniques et les conseils de nos
fournisseurs de produits. Et nous
considérons que la base d’une exé-
cution réussie reste un cahier des que le support, s’il s’agit de briques
par exemple, reçoive la finition
charges bien fait et intelligent. »
qui le rendra étanche à l’air ; que
les interstices soient colmatés, etc.»
IMPORTANT TRAVAIL
Ce principe, appliqué dans la réaliPRÉPARATOIRE
Jean-Luc Wiedemann, le responsa- sation de l’isolation des toitures par
ble de Wiedemann et Fils, implan- procédé de type Sarking, reste vrai
tée à Gries (Bas-Rhin), partage dans l’exécution du bardage. Mais
ce dernier point : « Pour atteindre là, le professionnel n’a pas la même
l’objectif, la conception et l’exécu- maîtrise de son ouvrage. Les intertion nécessitent un important tra- faces de l’isolation avec la menuivail préparatoire. Avant chaque serie ou le lot électricité nécessitent
chantier, pour éviter qu’une mau- une attention particulière pour ne
vaise mise en œuvre soit source de pas créer de pont thermique ou
déperdition thermique, j’organise de rupture dans l’étanchéité à l’air
un briefing pour les compagnons et de l’enveloppe. « J’ai assisté à des
je leur remets un carnet de détails. tests d’étanchéité à l’air sur trois
En travaux neufs, lors des réunions chantiers, souligne Jean-Luc Wiede chantier, j’insiste pour que tous demann, et ce qui m’a vraiment
les détails soient vus avant le lance- frappé c’est que pour deux d’enment de l’exécution : que l’implan- tre eux, les tests réalisés à mi-chantation d’une lucarne ne vienne pas tier, au stade clos et couvert, étaient
contrarier la continuité de l’isolant ; meilleurs que ceux réalisés à l’achè-
ENVELOPPE
3 4
© AAIP
© J.M. BRUJAILLE
EUVE DE LA MISE EN ŒUVRE
vement des travaux.» Ce qui met
bien en évidence l’impact du travail de l’ensemble des corps d’état
sur la qualité de mise en œuvre et
la performance de l’isolation – et
la nécessité qu’ils y apportent un
soin collectif.
PROFESSIONNEL «PILOTE»
Les interfaces et leur gestion ont
une incidence encore plus importante dans d’autres métiers. Au
point d’amener le professionnel,
en plus de sa prestation, à jouer
un rôle de « pilote ». C’est le cas de
Frédéric Tardy, qui exerce le métier
de la finition à Saint-Chamond
(Loire) et réalise entre 50 et 60 %
de son activité à travers des chantiers d’isolation. « Isolation thermique par l’intérieur uniquement,
insiste-t-il d’emblée, tant qu’un
DTU n’aura pas ramené la technique de l’isolation thermique par
l’extérieur dans le domaine traditionnel. En neuf, nous intervenons une fois le hors-d’eau horsd’air réalisé, et nous arrivons sur
le chantier en même temps que
l’électricien, le plombier-chauffagiste et les autres corps d’état
techniques. Or, tout doit avoir été
prévu et organisé en amont si l’on
veut éviter de refaire le travail du
fait d’une mauvaise coordination
entre corps d’état. Il est nécessaire,
par exemple, de prévoir correctement les traversées intérieurextérieur ou les traversées de
plafond pour qu’elles soient exécutées avec précaution.» Réaliser une
installation de qualité, conforme à
la RT 2005 aujourd’hui et à la RT
2012 demain, impose donc à Frédéric Tardy de s’impliquer très en
amont du projet avec le client pour
éviter les ponts thermiques dès le
stade de la conception, en regroupant autant que possible tous les
réseaux au centre de la maison. Et
son engagement ne s’arrête pas là.
En phase chantier, c’est lui qui sollicite une réunion avec les autres
corps d’état sitôt qu’est achevé le
clos et couvert. « Nous prenons
connaissance des plans et les vérifions ; j’explique ensuite ce que je
vais faire et j’attire leur attention
sur les traversées, qui doivent passer dans le sol, sur les réseaux, qui
doivent être positionnés devant
l’isolant, etc. Ce travail prépara-
toire nous amène naturellement
à définir un ordre de passage et
un planning, donc à prévenir le
risque de retard du chantier. C’est
aussi une façon de travailler main
dans la main plutôt que chacun
pour soi.»
FRÉDÉRIC TARDY, SAINT-CHAMOND (42)
Entreprise
titulaire
de la marque
PRISE EN COMPTE DES
POINTS SINGULIERS (1, 2 et
4), réservations pour les lots
techniques (3) : qu’il s’agisse
d’ITE ou d’isolation intérieure,
la préparation du chantier
est cruciale pour anticiper
les points sensibles de
l’étanchéité de l’enveloppe.
POUR EN SAVOIR PLUS
• UMPI-FFB (Union des métiers
du plâtre et de l’isolation),
tél. : 01 40 69 52 14,
www.umpi.ffbatiment.fr
• UNCP-FFB (Union nationale des
chambres syndicales de couverture
et de plomberie de France),
www.uncp.ffbatiment.fr
«OFFRE GLOBALE» ET «PROS»
L’heure n’est pas à l’« offre globale » pour tous les
professionnels. « C’est une perspective qui nous intéresse,
admet Denis Vigneron, mais qui porte sur un marché
de particuliers différent des marchés publics qui sont
l’essentiel de notre activité. Et l’offre globale nécessite une
organisation que nous n’avons pas, jusqu’à maintenant, la
possibilité de mettre en place. »
Pour Frédéric Tardy, elle s’impose au contraire comme
le prolongement naturel de son engagement sur les
projets, qui l’a amené, comme Jean-Luc
Wiedemann, à adhérer à la démarche « Pros
de la performance énergétique ». « C’est un
formidable atout en termes d’image auprès
des clients, encore plus si l’offre associe
les prestations d’autres Pros appartenant à
d’autres corps de métiers dans la région ! »
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
25
ENVELOPPE
ACCESSIBILITÉ La mise
en conformité des petits ERP
SCHÉMA DE PRINCIPE D'UNE BANQUE D'ACCUEIL
ger avant le 1er janvier 2015 des
travaux de mise aux normes pour
rendre accessible l’ensemble de
leurs prestations et services. Sont
notamment visés par les contraintes d’accessibilité dans les ouvrages
bâtis : les cheminements extérieurs,
le stationnement des véhicules, les
conditions d’accès et d’accueil, les
circulations intérieures horizontales et verticales, les locaux intérieurs et les sanitaires ouverts au
public, les équipements mobiliers
intérieurs, les dispositifs d’éclairage et d’information des usagers
(article R. 111-19-3) et, dans les
établissements qui en sont équipés, les cabines d’essayage et les
caisses de paiement disposées en
batterie (art. R. 111-19-3).
CALENDRIER DES OBLIGATIONS POUR LES ERP
AIDES
Deux grands types d’aides à la mise
en conformité peuvent être apportées aux commerces :
• une aide financière peut être
accordée dans le cadre du fonds
d’intervention pour les services,
l’artisanat et le commerce (Fisac) ;
• un diagnostic des travaux à réaliser peut être établi par certaines
Chambres de commerce qui s’y
sont formées ou envisagent de le
faire, telle, récemment, la Chambre de commerce et d’industrie de
Reims (Marne).
P
our presque 300 000 commerces et quelque 515 000 établissements recevant du public (ERP)
territoriaux en France, il restera,
début 2011, moins de quatre ans
pour se mettre en conformité
avec la loi du 11 février 2005, plus
connue sous le nom de loi sur l’accessibilité(1). Celle-ci leur impose en
effet, d’ici le 1er janvier 2015, d’avoir
réalisé ou engagé des travaux afin
que toute personne handicapée –
déficient visuel, auditif, personne à
mobilité réduite, etc. – puisse accéder comme tout citoyen à leurs services. Cette exigence, qui concrétise le droit à l’égalité, préfigure, au
sein de ces établissements, un vaste
chantier d’aménagement de rampes d’accès et de banques d’accueil,
d’installation de portes, de systèmes
de commande et d’équipements,
de garde-corps, de mains courantes, etc. Ces travaux concernent
tous les métiers du bâtiment. Ils
représentent un marché considérable, estimé à 30 milliards d’euros
TTC, soit un potentiel d’activité de
7 milliards d’euros chaque année
jusqu’en 2015.
DIAGNOSTIC
À la fin 2010 – date à laquelle les
« grands » ERP (catégories 1 à 4)
devaient avoir réalisé un diagnostic
des aménagements à prévoir –, le
« chantier de l’accessibilité » n’a toutefois pas encore vraiment démarré
dans l’immense majorité des cas
(80 %), représentés par les commerces et les « petits » ERP, dits de
catégorie 5. Ne disposant pas d’une
vision suffisante des travaux à réaliser et de leur impact financier, les
maîtres d’ouvrage hésitent en effet
26
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
© CEP
D’ici le 1er janvier 2015, les établissements recevant du public comme
les petits commerces doivent se mettre en conformité avec la loi
sur l’accessibilité. Le point sur un marché de 30 milliards d’euros.
Catégorie 1 à 4
Avant 2015
En cas de travaux
Catégorie 5
Maintien des conditions d’accessibilité existantes
Les parties crées (extensions, mezzanines) sont accessibles
Les parties touchées
sont accessibles
Pas d’exigences
sur parties touchées
Au 1er janvier 2011
diagnostic
Pas d’exigences
de diagnostic
Au 1er janvier 2015
L'ERP est accessible
Une partie de l’ERP
où peuvent être rendues
l’ensemble des prestations
est accessible
Une partie des prestations peuvent être
fournies par des mesures de substitution
Au-delà
Les parties touchées sont accessibles
à s’engager seuls dans des opérations relevant presque de l’aménagement urbain, et les ont jusque-là
différées. Ce temps n’est pas perdu,
car petit à petit, les collectivités territoriales, les Chambres de commerce ou de métiers et les organisations professionnelles mettent
en place des dispositifs d’aide (diagnostic, financement, recommandations) et d’information. Partie
prenante de ces initiatives, la FFB
encourage des interventions coordonnées et s’y associe partout où
elle le peut. Bâtimétiers, qui reviendra sur ce sujet, résume l’essentiel
de ce que chacun doit savoir.
CE QUE DIT LA LOI
Les ERP de catégorie 5 comme les
petits commerces de détail ou de
services doivent réaliser ou enga-
DÉROGATIONS
Des dérogations sont prévues pour
les maîtres d’ouvrage lorsque certains travaux de mise en conformité représentent des difficultés
techniques ou un coût excessif, ou
s’ils s’engagent à mettre en place des
mesures de substitution (par exemple un service de livraison aux personnes à mobilité réduite).
(1) Loi du 11 février 2005 ; décret n° 2006555 du 17 mai 2006 ; arrêtés des 26 février
2007, 21 mars 2007 et 22 mars 2007.
POUR EN SAVOIR PLUS
FFB DAT (Direction des affaires
techniques), tél. : 01 40 69 57 60
COUVERTURES EN PETITS ÉLÉMENTS
Prévenir la condensation
Indispensable pour éviter les désordres causés par l’eau, la ventilation de la
sous-face des couvertures se met en œuvre différemment selon les matériaux.
P
our prévenir la condensation,
les transferts de vapeur d’eau
doivent être gérés de part et d’autre
de la paroi. Côté intérieur, la présence d’un pare-vapeur peut être
exigée selon l’hygrométrie du local
recouvert. Côté extérieur de l’isolation, l’espace entre les éléments de
couverture et la paroi en sous-face
(comble non aménagé, isolation
sous rampant avec ou sans écran
de sous-toiture) doit être ventilé
afin, notamment, de maintenir
l’état de siccité indispensable à la
bonne conservation des bois supports. Les dispositions et sections
de ventilation à respecter varient
en fonction des dimensions de la
couverture et de sa configuration.
Elles figurent dans les NF DTU(1)
(voir tableau ci-dessous), qui mentionnent aussi les spécificités liées
aux matériaux. Voici les principales :
• Couverture en bardeaux bitumés
(NF DTU 40.14). Ce type de couverture n’offrant pas de possibilité
de ventilation entre les éléments de
couverture, les lames d’air et sections de ventilation sont importantes. Les orifices de ventilation doivent être répartis pour moitié sur la
partie basse et pour moitié au voisinage du faîtage. En haut de ver-
sant, la ventilation peut être assurée
par des ouvertures dans les murs
pignons, si ceux-ci ne sont pas distants de plus de 15 m.
• Couverture en tuiles de terre
cuite (NF DTU 40.21, 40.211,
40.23) (2). Les dispositions restent
identiques pour la répartition des
ouvertures en partie basse et au
voisinage du faîtage. En revanche,
avec les tuiles plates ou à emboîtement en terre cuite (comme avec
les tuiles béton et les ardoises en
fibres-ciment), le calcul de la section des orifices de ventilation doit
être effectué à partir de la surface
projetée horizontalement du ram-
SECTION DE VENTILATION ET LAMES D’AIR.
COUVERTURE EN PETITS ÉLÉMENTS AVEC ISOLATION SOUS RAMPANT
Type
de couverture
NF DTU 40.13
Sans écran
Isolation sous rampant
Avec écran
S ö 1/800 (cas courant)
S ö 1/2 000 (zones très froides*)
Perméance õ 0,05 (cas courant)
Perméance õ 0,02 (zones très froides*)
S1 ö1/3 000 S2 ö 1/500 (cas courant)
S1 ö1/3 000 S2 ö 1/1 200 (zones très froides*)
Perméance õ 0,02
NF DTU 40.14
S ö 1/500 de la surface de couverture
• e ö 4 cm (rampant de longueur õ 12 m)
• e ö 6 cm (rampant de longueur 12 m)
perméance de la paroi plafond õ 0,06 g/m2.h.mmHg
NF DTU 40.21
NF DTU 40.211
NF DTU 40.23
S1 = 1/3 000
e ö 2 cm
S1 = 1/5 000
S2 = 1/3 000
e1 ö 2 cm
e2 ö 2 cm
NF DTU 40.24
NF DTU 40.241
e ö 2 cm (ce cas n’est pas traité
spécifiquement dans le DTU)
S1 ö 1/3 000
e1 ö 2 cm
e2 ö 2 cm
NF DTU 40.25
e ö 2 cm
S1 = 1/5 000
S2 = 1/1 200
• e1 ö 2 cm
• e2 ö 2 cm (écran souple)
• e2 ö 4 cm (écran rigide en bois
ou panneaux dérivés du bois)
S = 1/1 250 (cas courant)
S = 1/3 000 (zones très froides*)
Perméance õ 0,05 (cas courant)
Perméance õ 0,02 (zones très froides*)
Perméance õ 0,02
* Zones où la température de base (règles Th.) est inférieure à – 15 °C et zones d’altitude supérieure à 600 m situées en zone climatique H1 uniquement.
28
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
pant. Pour la ventilation par ouverture en pignon, la distance entre les
murs ne doit pas dépasser 12 m.
• Couverture en tuiles béton (NF
DTU 40.24, 40.241, 40.25). Dans
le cas d’utilisation de chatières, les
NF DTU 40.24 et 40.241 précisent
qu’il y en a au moins trois par rampant (deux en bas et une en haut),
leur section utile étant de 10 cm2
minimum. Si les entrées d’air sont
assurées de façon linéaire en égout
et si les sorties d’air ne sont pas
assurées de façon linéaire par des
faîtages spéciaux, les tuiles chatières devront être disposées en ligne
horizontale à proximité du faîtage,
leur section d’ouverture cumulée
étant au moins égale à 1/6 000e de
la surface projetée du comble sur
un plan horizontal.
Pour les combles non aménagés,
les NF DTU 40.24 et 40.241 précisent également qu’au faîtage, on
peut prévoir une ventilation en
partie haute par des grilles disposées en pignon si ceux-ci ne sont
pas distants de plus de 15 m.
Pour les tuiles plates en béton, le
NF DTU 40.25 établit une distinction entre les zones courantes et
très froides (voir tableau).
• Couverture en ardoises en fibresciment (NF DTU 40.13). Le DTU
opère là aussi une distinction entre
les zones courantes et très froides.
Avec une ouverture en pignon, la
distance entre les murs doit rester
inférieure à 12 m. Avec des combles
isolés, la ventilation par ouvertures
en pignon nécessite, au faîtage, un
espace libre sous les chevrons de
50 cm minimum.
(1) À l’exception du NF DTU 40.11 « Couverture en ardoises » qui ne précise pas de section de ventilation.
(2) Pour les tuiles canal, le NF DTU 40.22 précise que ce type de couverture assure une ventilation suffisante de la sous-face et du support si
les tuiles ne sont pas entièrement maçonnées.
POUR EN SAVOIR PLUS
UNCP-FFB (Union nationale des
chambres syndicales de couverture
et de plomberie de France),
www.uncp.ffbatiment.fr
ENVELOPPE
MÉTALLERIE Quand le bureau d’études
devient le moteur de l’activité
Contrainte ou opportunité ? Avec l’intensification de la réglementation, l’intégration de bureaux
d’études qui concerne aujourd’hui 20 % des entreprises de métallerie leur permet de se positionner
sur une activité à plus grande valeur ajoutée. Exemple avec Perraud Associés, dans l’Ain.
D
PROFILS MULTICOMPÉTENCE
Pour Perraud & Associés, comme
pour les autres, le « tournant des
études » a été négocié dans un
contexte très concret, mêlant
étroitement les contraintes de
l’activité (charpente métallique
pour 60 % et serrurerie pour
40 %) et les orientations stratégiques. « Ce qui m’a amené à “pousser” les moyens d’études, explique
Franck Perraud, a été la volonté de
recentrer l’activité sur la métallerie
acier et de traiter des projets à plus
forte valeur ajoutée. Cela impliquait de renoncer à certains types
de production – portes sectionnelles, portillons, échelles à crinoline, etc. –, où nous ne pouvons
pas rivaliser avec les industriels, et
à gagner en productivité en géné-
© PERRAUD ET ASSOCIÉS
ans la constellation que
représente la profession de
métallier en France, où l’artisan
voisine avec l’entreprise de plus de
vingt salariés, le développement
de la réglementation est à l’origine d’une évolution majeure du
métier et de ses perspectives. « La
multiplication des normes depuis
une quinzaine d’années et l’obligation d’accompagner toutes les
productions d’une note de calcul
ont bouleversé nos organisations
en mettant les études au premier plan, alors que notre activité
était traditionnellement centrée
autour de la fabrication, donc de
l’atelier (1) », résume Franck Perraud, responsable d’une entreprise d’une quarantaine de salariés située à Saint-Jean-le-Vieux
(Ain).
ralisant l’utilisation des machines jusque-là réservées à l’activité
charpente. »
En 1994-1995, les ateliers charpente et serrurerie, jusque-là distincts, ont été réunis et un réseau
informatique a été créé pour piloter les machines depuis le bureau
d’études. En moins de cinq ans,
celui-ci est devenu le moteur
de l’activité. « Le temps où les
bureaux d’études étaient des
tours d’ivoire est terminé, analyse
Franck Perraud, car à présent,
nos productions ne doivent pas
seulement être conformes mais
apporter une aide à la conception aux architectes, tenir compte
des conditions de chantier pour
s’adapter aux ouvrages, et économiser la matière et le temps de
fabrication pour assurer une rentabilité. En d’autres termes, nos
ingénieurs d’études doivent travailler en binôme avec nos chargés d’affaires, rencontrer les architectes, assister aux réunions de
chantier et travailler main dans
la main avec le chef d’atelier, qui
connaît ses machines sur le bout
des doigts et sait ce qui peut être
réalisé et de quelle façon. Dans la
pratique, les choses ne sont pas si
simples, car les entreprises doivent
contribuer à former ces nouveaux
profils multicompétence. »
NOUVEAU TYPE
D’OUVRAGES MIXTES
Cette nouvelle configuration de
la société, qui a vu l’effectif du
bureau d’études doubler pour
atteindre six collaborateurs, s’est
traduite par d’importants gains de
productivité (les temps de fabrication en serrurerie ont pu être
considérablement réduits par
l’utilisation des machines) et s’est
répercutée sur la nature des productions. La combinaison des
compétences en conception et
des moyens techniques a en effet
permis à l’entreprise d’aborder
la réalisation d’un nouveau type
d’ouvrages mariant charpente et
métallerie.
« Ces ouvrages mixtes sont pour
beaucoup des ossatures rapportées sur les bâtiments et leurs équipements (brise-soleil, coursives,
auvents, balcons, escaliers, etc.).
Ils illustrent le retour en grâce de
l’acier dans la construction et l’intérêt que lui portent les architectes, qui apprécient ses capacités
expressives. On les voit aussi se
multiplier sur les bâtiments de
“ l’après-Grenelle ”, où leur utilisation permet de supprimer les
ponts thermiques et d’améliorer les performances énergétiques des constructions, souligne
Franck Perraud. Ils représentent
donc un créneau porteur pour
nous, qui sera relayé demain grâce
à la RT 2012. Et comme ce sont
des ouvrages sur mesure, nous ne
craignons pas la concurrence des
industriels. »
(1) Voir dossier Bâtimétiers n° 20.
POUR EN SAVOIR PLUS
FFB Métallerie (Union des
métalliers), tél. : 01 40 55 13 00,
www.metallerie.ffbatiment.fr
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
29
ENVELOPPE
ITE De l’importance
de la préparation du chantier
Calculer les économies
d’énergie avec ou
sans protection solaire
Dans les travaux d’isolation thermique par l’extérieur (ITE)
comme ailleurs, un chantier réussi est un chantier
mené de bout en bout sans imprévu. Témoignage de Jean-Marc
Blandin, responsable de Blandin Façades.
ans le métier des enduits, il
n’y a pas si longtemps, il était
encore possible de s’approvisionner
la veille pour lancer un chantier le
lendemain. En isolation thermique
par l’extérieur (ITE), ce genre d’improvisation est totalement exclu »,
assure Jean-Marc Blandin, responsable de Blandin Façades, qui propose ses savoir-faire en ravalement
et en ITE dans la région de Rennes
(Ille-et-Vilaine) depuis trente ans.
La disponibilité des matériaux, dont
certains doivent être commandés
un mois à l’avance, est une raison de
cette impossibilité, mais pas la seule:
«En fait, chaque chantier est unique,
et la préparation est le seul moyen de
prévenir la difficulté qui va ralentir
ou bloquer l’exécution, parfois obliger à refaire le travail, voire à rappeler d’autres corps d’état – ce qui
peut très rapidement compromettre la réussite d’une opération. J’intègre évidemment, dans la préparation de chantier, des étapes comme
la réception du support ou les essais
d’arrachage pour le choix des chevilles de fixation de l’isolant et des
équipements (volets, stores, etc.),
qui sont indispensables pour éviter les mauvaises surprises après le
chantier.» La préparation démarre
avec l’étude du devis : « Tout commence là et peut mal commencer
si l’on ne connaît pas la technique,
parce qu’on va appliquer un ratio
au mètre carré, comme pour un
chantier d’enduit, ou oublier des
choses.» Chez Blandin Façades, le
devis est donc réalisé par un commercial formé à l’ITE, validé par le
chef d’entreprise, et aucun point ne
30
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
© J.M. BRUJAILLE
«D
LA GESTION DES COMMANDES ET DES STOCKS – donc la disponibilité
et l’adéquation des locaux – est une facette très concrète de la préparation
de chantier pour l’entreprise.
reste dans l’ombre : matériel (isolant, rails, enduit, etc.), points singuliers (appuis de fenêtre, déport de
gonds de volets, etc.), interventions
spécialisées des cotraitants (électricité, adaptations de toiture, descentes d’eaux pluviales, etc.).
NEUF OU RÉNOVATION, DEUX
APPROCHES DISTINCTES
Ce n’est pas tout. La réussite d’une
isolation tenant à la bonne coordination avec les autres corps d’état,
ceux-ci sont intégrés dans la préparation, avec une approche différente en neuf et en rénovation.
« En rénovation, c’est au moment
où l’on rencontre le client que l’on
doit savoir s’il envisage d’autres travaux d’amélioration énergétique,
du type changement de fenêtres. Si
c’est le cas, nous lui indiquons alors
comment ces travaux devront être
faits pour bien s’harmoniser avec
l’ITE. Sinon, c’est notre devoir de
conseil de lui suggérer certains travaux complémentaires, voire de
faire procéder à un diagnostic énergétique. Dans tous les cas, je pro-
voque une réunion avec les autres
corps d’état avant le démarrage du
chantier, ce qui permet de se mettre d’accord sur le traitement des
interfaces, le phasage des interventions et le planning.»
En travaux neufs, cette démarche
s’élargit aux architectes, pour qui
l’ITE est à la fois quelque chose de
nouveau et un enjeu important au
regard des évolutions réglementaires. « L’entreprise s’intègre naturellement aux réunions préparatoires.
Elle est écoutée, ce qui est valorisant
et motivant pour nous et montre
que nous nous acheminons peutêtre vers un fonctionnement en
commun de la maîtrise d’œuvre
et de l’entreprise au sens large. En
tout cas, le métier évolue à vitesse
grand V et nécessite que nous nous
adaptions. La préparation de chantier est une clé essentielle de cette
adaptation.»
POUR EN SAVOIR PLUS
UNEEF-FFB (Union nationale des
entrepreneurs d’enduits de façade),
tél. : 01 40 69 51 69
Pour mesurer les économies
d’énergie rendues possibles
par l’utilisation de stores, les
professionnels pouvaient
jusqu’alors consulter le site
www.textinergie.org. Depuis la
fin 2010, ils peuvent, s’ils sont
adhérents à la FFB Fermeture et
store, utiliser un outil beaucoup
plus complet qui concerne
toutes les protections solaires
(volets, stores intérieurs ou
extérieurs). Celui-ci est dérivé
d’un outil de calcul thermique
développé par le bureau
d’études Cardonnel Ingénierie
pour la FFB Fermeture et store,
dans le contexte des travaux
préparatoires à la RT 2012 menés
avec le ministère de l’Écologie,
de l’Énergie, du Développement
durable et de la Mer (MEEDDM).
Simplifié pour être mis à la
disposition des professionnels,
il fonctionne sous Excel et
se compose de différents
tableaux dans lesquels
doivent être sélectionnés les
paramètres de l’ouvrage : type
de bâtiment, surface, nombre
de niveaux, orientation, nature
et dimensions des baies
vitrées, etc., ainsi que le type
de protections solaires et leur
mode de commande. Il permet
d’évaluer par comparaison les
économies d’énergie pouvant
être réalisées en chauffage, en
éclairage et en climatisation, et
fournit des données utiles en
matière de confort (température,
éclairage naturel…).
Pour en savoir plus :
FFB Fermeture et store
(Syndicat national de la
fermeture, de la protection
solaire et des professions
associées), tél. : 01 40 55 13 00,
www.fermeture-store.ffbatiment.fr
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
LES CHAUDIÈRES MICRO-COGÉNÉRATION
prêtes à conquérir le marché
systèmes: «Il s’avère moins important que celui nécessaire à une installation solaire photovoltaïque. En
outre, les économies sur la facture
d’électricité sont immédiates, puisque à l’inverse du photovoltaïque,
l’électricité n’est pas vendue sur le
réseau mais consommée sur place.»
Dans un contexte de hausse de tarifs,
c’est en effet un argument de poids
dans la mesure où une chaudière
micro-cogénération permet de couvrir entre 20 à 25% des besoins électriques. Autre avantage lorsqu’elle
vient remplacer une chaudière existante: «Le client conserve son installation de chauffage et les travaux
sont limités.» Résultat: Emmanuel
Martin propose désormais systématiquement cette option en alternative sur ses devis.
Après une nécessaire phase d’expérimentation, les chaudières
gaz micro-cogénération ont tous les atouts pour séduire les
prescripteurs. Il faut dire que ces systèmes, en plus d’être
performants pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire, couvrent
jusqu’à 25 % des besoins électriques d’un foyer.
C
© VIESMANN
hauffage, eau chaude sanitaire (ECS), jusqu’à 25 %
des consommations électriques d’un ménage. Voilà ce que permettent les chaudières gaz microcogénération pour des installations
domestiques. Des chaudières testées depuis quelques années maintenant et qui ont fait une apparition remarquée en début d’année
à Interclima. Il semble aujourd’hui
que cette technique soit suffisamment mature pour conquérir le
marché. C’est en tout cas l’opinion
d’Emmanuel Martin, gérant de
l’entreprise Celcius, entrepreneur
missionné par un fabricant pour
assurer la mise en service des installations : « Il y a une clientèle prête
à se lancer, j’ai des clients qui n’attendent que ça.» De fait, les incerti-
DOUBLE TECHNOLOGIE
Unité compacte, les chaudières
micro-cogénération sont dotées
d’une double technologie : une
chaudière gaz condensation
traditionnelle couplée à un moteur
Stirling fonctionnant au gaz
naturel. Un procédé qui permet à
une chaudière domestique de
produire simultanément de la
chaleur (chauffage et eau chaude
sanitaire) et de l’électricité, via
le moteur Stirling. Ce dernier
délivre, lorsque la demande de
chauffage est supérieure à 6 kW,
un courant alternatif à 50 Hz d'une
puissance de 1 kW, d’une manière
mécanique par le mouvement
alternatif d’un piston. Courant
immédiatement redistribué.
tudes actuellement portent davantage sur la volonté d’EDF à donner
son feu vert et sur l’ampleur du
crédit d’impôt qui sera accordé
par le gouvernement que sur la
fiabilité technique des systèmes :
« Une chaudière à micro-cogénération revient, hors installation, à
environ huit à dix mille euros. À
ce niveau de prix, les clients attendent un retour sur investissement
rapide ; or, il est de trois à six ans sur
la partie chaudière à condensation
et de huit à dix ans pour la production d’électricité.» Un crédit d’impôt significatif serait certainement
le bienvenu pour rendre ces chaudières plus attractives.
20 À 25 % DES BESOINS
ÉLECTRIQUES
Pour autant, l’entrepreneur n’estime
pas cet investissement de départ
démesuré si on le compare à d’autres
FORMATION INDISPENSABLE
Sur le plan de l’installation proprement dite, ces techniques ont passé
le stade expérimental avec succès.
Néanmoins, les inclure dans son
offre commerciale demande en
amont une formation indispensable : «Au début, il est préférable de
se faire aider et de maîtriser parfaitement le fonctionnement des
systèmes et la réglementation gaz.
C’est une responsabilité importante.» Idem sur le plan de l’installation électrique. Dans l’entreprise
d’Emmanuel Martin, plusieurs
salariés possèdent toutes les qualifications requises. Dans le cas
contraire, il est indispensable, soit
de former ses salariés, soit de s’associer à un électricien qui s’occupera du raccordement et de la mise
en place d’un deuxième compteur.
Sur le plan administratif enfin,
les choses semblent plus simples :
«Aujourd’hui les dossiers ne sont
pas aussi complexes que pour les
installations photovoltaïques.» POUR EN SAVOIR PLUS
UECF-FFB (Union des entreprises
de génie climatique et énergétique
de France), www.uecf.fr
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
33
CHOISIR, INSTALLER ET ENTRETENIR
UN SYSTÈME DE VENTILATION
Réussir une installation de ventilation, c’est l’adapter au bâtiment concerné, maîtriser
sa conception et sa mise en œuvre. C’est aussi prévoir l’entretien de l’installation.
«
S
ouvent considérée auparavant comme accessoire, l’installation d’un
système de ventilation est un élément essentiel d’une construction », constate Laurent AubertCouturier, dont la société Grenon
& fils (Paris) est, entre autres, spécialisée dans ce domaine. « Deux
raisons à cela : des préoccupations
grandissantes quant à la qualité de
l’air dans les logements, et le respect des nouvelles exigences d’ef-
ficacité énergétique. » Cependant,
la question n’est pas encore systématiquement prise en compte :
« Les chargés d’affaires ne sont
pas sensibilisés ; rares sont ceux
qui attirent l’attention de leurs
clients sur la nécessité de ventiler
correctement. »
Pour l’entrepreneur, la solution
réside dans la formation : « C’est
une culture qui s’est perdue et
qu’il faut retrouver. »
De fait, dans des constructions de
VENTILATION NATURELLE ASSISTÉE (VNA)
Le système, plutôt dédié à la rénovation de logements collectifs,
repose sur la circulation de l’air dans le logement sous l’effet du vent
et du tirage thermique. Il est constitué d’une entrée principale et d’une
extraction d’air par conduit vertical dans chaque pièce de service.
plus en plus étanches à l’air, il est
inconcevable aujourd’hui de ne
pas ventiler. Et ce, que l’on soit
dans le neuf – avec des bâtiments
basse consommation (BBC) –
ou dans l’ancien. Pour ces deux
marchés bien distincts, les solutions techniques existent. « Fiables et éprouvées, elles sont à
même de répondre aux enjeux »,
assure Laurent Aubert-Couturier.
Mais si, dans le neuf, le système
de ventilation est facile à prévoir
dès la conception, les choses peuvent être plus compliquées dans
l’existant : « Les solutions double
flux, en raison du double réseau
de gaines, peuvent s’avérer extrêmement complexes à mettre en
œuvre avec, par exemple, la nécessité d’installer des gaines dans les
parties communes. »
ÉTUDE PRÉALABLE
Neuf ou ancien, pour que la ventilation ne soit pas contre-pro-
VENTILATION MÉCANIQUE CONTRÔLÉE (VMC)
SIMPLE FLUX
C’est encore aujourd’hui le système de référence dans la construction neuve.
Son principe est simple: entrée d’air dans les pièces principales, transit de l’air
vers les pièces techniques. Lesquelles sont dotées de bouches d’extraction qui
véhiculent l’air, par le biais d’un réseau, vers un extracteur mécanique.
AVANTAGES
• Solution simple à mettre en place (pas de réseau de gaines).
• Compte tenu des faibles dépressions engendrées par la mise en
place d’un système stato-mécanique (entre 5 et 35 pascals),
il est possible de conserver les conduits existants – après avoir vérifié
leur état d’étanchéité, bien sûr.
• Pas toujours facile à installer dans les maisons à étages,
en raison du réseau de gaines.
• Demande la création
de gaines techniques.
• Impossibilité de maîtriser
les débits qui, en fonction
des conditions climatiques,
sont souvent soit trop
élevés, soit trop faibles.
COMMENTAIRES
COMMENTAIRES
En rénovation, on peut
installer un procédé de VNA
avec la mise en place, en
débouché, d’un extracteur
stato-mécanique. Il est
possible également d’utiliser
les conduits existants de
ventilation naturelle pour
mettre en place un système
de ventilation mécanique.
BÂTIMÉTIERS
• Solution fiable et éprouvée avec un seul réseau de gaines pour l’air extrait.
• Régulation du débit d’air.
• Solution hygroréglable bien adaptée au Sud de la France.
INCONVÉNIENTS
INCONVÉNIENTS
34
AVANTAGES
DÉCEMBRE 2010
Pièce principale
Pièce
humide
Seule l’extraction est assurée
mécaniquement. Possibilité de
rendre le système plus
performant en installant des
entrées et sorties d’air
hygroréglables pour réguler le
débit d’air extrait en fonction de
l’humidité. Deux options : type A,
entrées d’air autoréglables et
sorties hygroréglables ; type B,
entrées et bouches d’extraction
hygroréglables.
Pièce principale
Pièce
humide
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
ductive, il est primordial d’engager une réflexion globale par le
biais d’une étude préalable. C’est
le seul moyen de valider ou non la
solution ventilation par rapport
à son impact sur les consommations d’énergie et de définir le système le plus adapté.
Il peut s’agir aussi d’évaluer les
économies de chauffage réalisables par la récupération d’énergie sur l’air extrait et, bien sûr,
de valider le taux de renouvellement de l’air dans le bâtiment,
car c’est bien le premier objectif d’un équipement de ventilation. L’étude préalable doit également prendre en compte les
risques liés à la « cohabitation »
d’un système de ventilation avec
des équipements de chauffage à
combustion, tels qu’inserts, poêles ou chaudières non-étanches
(ces équipements, conformément
à la réglementation, devant posséder leur propre amenée d’air).
Pour les chaudières, le choix d’un
équipement étanche à ventouse
règle le problème.
Autre élément capital lié à
la conception et à la mise en
œuvre, l’aspect acoustique, avec
le contrôle de la vitesse de l’air
dans les conduits et la mise en
place de plots antivibratiles.
Enfin, un aspect à ne pas négliger dans le logement collectif :
la sécurité incendie. Le système
doit répondre aux exigences de
l’arrêté du 31 mars 1986 : utilisation de matériaux incombustibles, mise en place de clapets
pare-flammes…
Dans le neuf, la VMC simple flux
hygroréglable et la ventilation
double flux sont aujourd’hui les
VENTILATION MÉCANIQUE CONTRÔLÉE (VMC)
DOUBLE FLUX
L’introduction de l’air, ainsi que son extraction sont assurées par des
dispositifs mécaniques. L’air entrant peut être préchauffé par un
récupérateur de chaleur sur l’air extrait, et filtré. Les bouches
d’insufflation sont disposées dans les pièces principales et des bouches
d’extraction dans les pièces de service.
née d’une manière ou d’une autre
aux occupants. Il y a des expériences en Allemagne où l’on remet
aux usagers des consignes de
ventilation, y compris celle
d’ouvrir ses fenêtres. Pour ma
part, je pense qu’il faudrait prévoir des prélèvements réguliers
sur les installations existantes
ENTRETIEN
pour mesurer la qualité de l’air,
ET MAINTENANCE
dans les lieux publics par exemMais le plus important réside ple. Mais cela reste à codifier. » selon Laurent Aubert-Couturier dans l’entretien et la maintenance des installations : « Il y a
dans ce domaine un vrai manque, et des installations mal ou
pas entretenues posent des problèmes de pollution de l’air intérieur. Nettoyer régulièrement les POUR EN SAVOIR PLUS
conduits, les grilles d’entrée et UECF-FFB (Union des entreprises
génie climatique et énergétique
d’extraction est indispensable. de
de France), www.uecf.fr
Cette information doit être don-
VENTILATION MÉCANIQUE RÉPARTIE (VMR)
Les entrées d’air sont dans les pièces à vivre. Les pièces de service
sont équipées d’un petit extracteur (aérateur). À la différence d’un
groupe d’extraction, l’aérateur, installé dans une pièce à chauffer, est
équipé d’un ventilateur qui met en dépression la pièce où il est
installé et rejette l’air à l’extérieur.
AVANTAGES
AVANTAGES
• Source d’économie sur le poste chauffage (jusqu’à 30 %).
• Sensation de courant d’air froid supprimée.
• Permet un meilleur niveau d’isolement acoustique par la suppression
des entrées d’air en façade.
• Ce système, simple à
mettre en place, permet
de s’affranchir des conduits.
INCONVÉNIENTS
• Présence d’un groupe
d’extraction dans chaque
pièce (encombrement,
esthétique).
• Certains ventilateurs
peuvent être bruyants.
INCONVÉNIENTS
• En rénovation, travaux
importants pour le passage
du double réseau de gaines.
• Bruit des bouches d’insufflation,
en particulier dans les chambres,
en cas de mauvaise conception.
• Solution la plus onéreuse pour
le client.
COMMENTAIRES
COMMENTAIRES
Solution adaptée aux bâtiments
BBC et aux rénovations lourdes
visant un niveau de performance
BBC. Il est possible de la
coupler à un puits canadien.
systèmes les plus pertinents. En
rénovation, qu’il existe déjà ou
non un système de ventilation,
dans les deux cas, et après des
travaux d’isolation, mieux vaut
tout revoir : soit en modernisant
le système existant, soit en créant
un système neuf.
Pièce principale
Pièce
humide
C’est le système
mécanique
le plus simple à installer
en rénovation de
bâtiments complexes,
lorsqu’il n’existe aucun
système au préalable.
Pièce principale
DÉCEMBRE 2010
Pièce
humide
BÂTIMÉTIERS
35
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
CHAUFFE-EAU SOLAIRE
Identifier les bonnes
pratiques
Fluide caloporteur, traversée de toiture, vase
d’expansion, raccordement électrique…
L’installation des chauffe-eau solaires
individuels (CESI) implique de multiples
points de vigilance pour atteindre le niveau
de qualité attendu.
e succès des chauffe-eau solaires individuels (CESI) implique que la qualité des installations
soit à la hauteur des attentes des
clients. Car il s’agit là de procédés
plus complexes qu’on ne le croit,
avec de nombreux points sensibles.
Bonne nouvelle : les audits réalisés
dans le cadre de l’appellation Qualisol montrent que la qualité est
plutôt au rendez-vous.
Depuis quatre ans que ces audits
existent, cette qualité ne cesse
d’ailleurs d’augmenter. Deux exemples : en 2007, sur plus de 20 % des
installations, le type et la marque
de l’antigel n’étaient pas affichés ;
en 2009, ce défaut mineur concernait à peine 10 % des installations
auditées. De son côté, le défaut
majeur relevé sur les installations
– des pénétrations en toiture non
conformes, car ne se faisant pas par
le biais d’une chatière ou d’un dispositif équivalent – est passé de 7 %
en 2007 à moins de 2 % en 2010.
Pour autant, il convient de rester
vigilant sur plusieurs points importants de l’installation.
PÉNÉTRATION
ET VASE D’EXPANSION
Ainsi, la pénétration des canalisations, réalisée au travers de la toiture, doit être effectuée au moyen
d’accessoires adaptés : à l’aide
d’une crosse pour les toituresterrasses, et d’une chatière supplémentaire ou d’une tuile à douille
pour les couvertures inclinées
(NF DTU 43.1). Cette pénétration
doit être réservée exclusivement au
passage des tuyauteries : en aucun
cas elle ne peut être utilisée pour le
passage de câbles (électriques, d’antennes…), à l’exception des câbles
de sonde de régulation propres au
procédé. Autre point sensible : le
vase d’expansion. Fermé, à pression
variable et raccordé en amont de la
pompe de circulation, sur la canalisation de « retour » de la boucle de
ATTENTION À L’ALIMENTATION ÉLECTRIQUE
La mise en œuvre de l’installation doit être réalisée
conformément aux prescriptions de la norme NFC 15-100 (en
particulier la partie 7-771). Il est notamment indispensable
de vérifier la conformité de l’installation électrique générale.
Le raccordement de l’alimentation électrique du ballon et de
la régulation doit être situé en aval d’un différentiel de haute
sensibilité (30 mA) et du disjoncteur, tandis que toute masse
métallique (capteurs, canalisations métalliques…) doit être
reliée à la liaison équipotentielle principale du bâtiment.
36
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
POINT SENSIBLE DE
L’INSTALLATION :
le vase d’expansion,
qui doit comporter un
dispositif manœuvrable
de purge d'air et un
dispositif d'isolement.
captage, il doit être mis en œuvre
pour compenser les variations de
pression dans le circuit hydraulique.
Son installation, conforme au NF
DTU 65.11, doit notamment comporter un dispositif manœuvrable
de purge d'air et un dispostif d'isolement pour toute intervention (à
noter : pour les installations à capteurs autovidangeables, le vase
d’expansion est inutile lorsque le
dispositif de vidange est conçu pour
assurer ce rôle). Enfin, le vase ainsi
que sa conduite de raccordement
ne doivent pas être calorifugés.
CALORIFUGEAGE
ET FLUIDE ANTIGEL
Pour le calorifugeage, justement,
il faut respecter le NF DTU 45.2 :
les matériaux utilisés doivent donc
pouvoir, en plus d’assurer la protection contre le gel, résister à la déformation et aux températures maximales du circuit. En outre, ceux
utilisés à l’extérieur doivent offrir
une résistance aux UV et être protégés contre les intempéries et les
animaux. Ce qui implique notamment d’utiliser des isolants qui
supportent des températures d’au
moins 150 ° C (capteurs plans) ou
© DR
L
170 ° C (capteurs sous-vide).
Pour les installations de CESI à
circuit indirect assurant une production d’eau chaude sanitaire par
simple échange, le fluide antigel et
les additifs doivent être choisis en
respectant les exigences de la circulaire du 9 août 1978 modifiée
(règlement sanitaire départemental type) et être classés en liste «A »
des fluides caloporteurs pouvant
être utilisés dans les installations de
traitement thermique des eaux destinées à la consommation humaine
(circulaire du 2 juillet 1985). L’utilisation d’un liquide caloporteur prêt
à l’emploi est recommandée. Dans
le cas contraire, le dosage conforme
aux préconisations du fabricant
doit être préparé en dehors du circuit hydraulique. La concentration
d’antigel et le pH du mélange doivent être vérifiés avant le remplissage du circuit de captage.
POUR EN SAVOIR PLUS
• UECF-FFB (Union des entreprises
de génie climatique et énergétique
de France), www.uecf.fr
• UNCP-FFB (Union nationale des
chambres syndicales de couverture
et de plomberie de France),
www.uncp.ffbatiment.fr
DOMOTIQUE Au service de l’accessibilité
S’il est un usage où la domotique trouve tout son sens, c’est celui de l’aide
aux personnes handicapées. La résidence des Noisetiers en est l’exemple type : la domotique
donne de l’autonomie aux résidents, même lourdement handicapés.
our les personnes atteintes
d’un handicap lourd, voire
très lourd, l’accessibilité n’est pas
un vain mot. Pourtant, telle qu’on
l’entend aujourd’hui, elle ne permet pas toujours d’atteindre l’autonomie. C’est ce qu’explique Roger
Pineau, gérant de l’entreprise
Oudon Développement (Livré-laTouche, Mayenne), qui a participé
à un chantier pilote de construction
d’un foyer de sept logements pour
des personnes fortement handicapées : la résidence des Noisetiers, à
Laval, où il a eu en charge la partie domotique. « Nous savons aménager les bâtiments pour permettre à une personne de bouger. En
revanche, nous avons des difficultés à cerner ce qu’il faut faire pour
que ces personnes soient autonomes dans leur logement.» C’est là
qu’intervient la domotique – « plutôt que de parler de domotique, je
préfère parler d’aide à la gestion de
l’énergie et de la personne, car nous
utilisons ces techniques pour gérer
au mieux le bâtiment et accompagner la mobilité réduite », précise
l’entrepreneur.
choix techniques, de cibler correc- Cela permet également d’adapter
tement les besoins : « Il y a, avant la n’importe quel appareil, il n’y a
phase de conception, tout un travail pratiquement pas de limites aux
d’écoute et d’échange avec les futurs fonctionnalités que l’on peut prooccupants. Il faut aussi prévoir des poser.»
adaptations en cas de changement
de locataire, ce qui implique la mise DIX-HUIT ACTIONS DE BASE
en place d’une installation évolu- Concrètement, les locataires peutive.»
vent, par le biais d’une télécomAprès cette étape de concertation mande à infrarouge, d’un bouse pose la question des choix tech- ton-poussoir, d’un système de
nologiques, avec deux options : reconnaissance vocale ou même
système ouvert ou fermé. Ici, c’est au souffle, faire les gestes de la vie
la deuxième option qu’a retenue quotidienne : ouvrir une porte,
Roger Pineau : « J’ai préféré un sys- allumer la télé ou la cafetière électème fermé de type IHC (Intelligent trique, commander l’éclairage ou
Home Control), car ceux-ci obéis- les volets roulants, ouvrir le robiCIBLER LES BESOINS
Pour ce chantier, la demande était sent à des ordres en contacts secs (1). net de la douche… En tout, dixon ne peut plus claire : « Les personnes à l’origine de ce projet, toutes les deux lourdement handicaUN SYSTÈME CENTRALISÉ
pées, souhaitaient vivre comme
Les procédés de type IHC (Intelligent Home Control), dédiés à
avant. C’est-à-dire seules dans leur
la gestion des installations électriques, autorisent une grande
logement », explique Roger Pineau.
variété de fonctionnalités, des plus simples au plus complexes.
Dans ce cas, le rôle de la domotique
Centralisés, ils sont construits autour d’un petit automate, le
est simple : « Faire communiquer
contrôleur IHC, qui envoie les ordres d’exécution aux sorties
l’utilisateur avec le système qui gère
(lampes, volets roulants…) selon sa programmation. Celle-ci se
l’habitat, ce qui peut se faire par un
fait par le biais d’un logiciel dédié, en fonction des commandes
reçues depuis les entrées (bouton-poussoir, détecteurs de
clin d’œil, par Internet ou tout autre
mouvement et autres capteurs).
moyen, en fonction du handicap.»
Cela implique, avant de définir les
38
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
© DRUAIS/ANDIA
P
GRÂCE À UNE
TÉLÉCOMMANDE À
INFRAROUGE, le locataire
peut par exemple
commander les volets
roulants.
huit actions de base plus des actions
optionnelles, comme la possibilité
de commander un rail au plafond
pour se déplacer de la chambre à
la salle de bains sans utiliser le fauteuil. Tout a été prévu, y compris
l’éventualité d’une panne électrique. Pour y remédier, les concepteurs, plutôt que de prévoir un
groupe électrogène, ont opté pour
des panneaux solaires photovoltaïques, dont une partie de l’électricité
produite est vendue et l’autre stockée sur batteries pour alimenter,
en cas de panne, les équipements
domotiques et les appareillages spécifiques.
(1) Un contact est sec à partir du moment
où il est libre de tout potentiel. Un simple
interrupteur est un contact sec, tant qu’il
n’est pas branché.
POUR EN SAVOIR PLUS
FFIE-FFB (Fédération française
des entreprises de génie électrique
et énergétique), tél. : 01 44 05 84 00,
www.ffie.fr
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
RÉSEAUX D’EAU POTABLE Désinfecter
avant la mise en service
La désinfection des installations
d’eau potable est une étape importante
avant la mise en service.
Pour qu’elle soit efficace, il convient
de respecter toute la procédure.
É
preuve d’étanchéité, épreuve
de résistance mécanique, rinçage préalable, contrôle des filtres… Autant d’étapes indispensables avant la livraison d’une
installation de distribution d’eau
destinée à la consommation
humaine. Lorsqu’il est demandé
une désinfection du réseau, celleci intervient après ces opérations
de contrôle et avant la mise en service. La désinfection suit une procédure stricte, formalisée dans le
guide technique de conception
et de mise en œuvre des réseaux
d’eau destinés à la consommation humaine publié par le CSTB.
Cette procédure comporte un rinçage préalable, la préparation de
l’installation pour l’injection de
produits désinfectants, la désin-
fection proprement dite, le rinçage final et un contrôle de la qualité de l’eau après désinfection.
Le rinçage des canalisations est
effectué avec l’eau du réseau à une
vitesse supérieure à 1 m/s pendant deux heures. Il se déroule
en trois phases : mise en pression
du réseau ou du tronçon à désinfecter ; ouverture de tous les exutoires au débit le plus important ;
enfin, au moins cinq pressions
consécutives des robinets à fermeture temporisée. Après ce rinçage, le réseau doit être préparé à
la désinfection : il s’agit de s’assurer de la compatibilité des matériaux avec le désinfectant, et de
la présence des organes d’isolement et d’injection en amont du
réseau. Il convient aussi de retirer
– et, éventuellement, désinfecter –
les périphériques de distribution
(pommes de douches, brise-jet)
et, bien sûr, d’installer le dispositif
d’injection (compteur volumétrique ou doseur proportionnel).
REMPLISSAGE PROGRESSIF
Après ces opérations de préparation, la désinfection peut débuter. Elle repose sur l’injection
d’un désinfectant, en général
une solution chlorée, éventuellement mélangée à du permanganate de potassium (traceur). Une
«PROPOSER AU CLIENT
fois que la solution désinfectante
DES CONTRÔLES RÉGULIERS
est homogène, le réseau est remDE LA QUALITÉ DE L’EAU»
pli progressivement, de manière
à éviter les poches d’air, en s’asFrançois Rougnon, président du groupe
surant que l’injection de la soluRougnon.
tion se déroule pendant toute la
« La grande majorité des désinfections que nous réalisons est
durée de remplissage de l’instaleffectuée lors de la mise en service des installations. On ne
lation – pas question d’introduire
désinfecte que très rarement après, sauf s’il y a une obligation.
la solution en une seule fois. Pour
Il est très difficile de vendre quelque chose qui n’est pas obligatoire.
y parvenir, les robinets et exutoiEn revanche, je pense qu’il n’est pas inutile de proposer à son
res placés en bout d’antenne doiclient des contrôles réguliers de la qualité de l’eau, du branchement
d’eau aux points de puisages : analyse de pH, recherche de bactéries
vent être légèrement ouverts en
ou de plomb si le réseau est ancien. Mais, avant même de parler
allant des branches les plus basses
de désinfection, la conception de l’installation est un paramètre
vers les plus hautes (de l’amont
essentiel pour éviter les contaminations. Ainsi, des bras morts ou des
vers l’aval du réseau ou du trontempératures d’eau insuffisantes dans les réseaux d’eau chaude
çon considéré). L’utilisation d’un
peuvent provoquer le développement de bactéries. Il est donc
essentiel que le réseau d’eau soit correctement conçu. »
traceur coloré permet de visuali-
ser au point de soutirage la bonne
diffusion de la solution désinfectante jusqu’au point le plus éloigné.
Le réseau est ensuite isolé en fermant le point de raccordement.
La solution désinfectante est alors
laissée en place le temps nécessaire à la désinfection (lequel
dépend du taux de concentration
du désinfectant utilisé). La solution est ensuite évacuée et les robinets ouverts au maximum pendant deux heures environ, pour
rincer énergiquement, puis pendant vingt-quatre heures à débit
modéré. La phase finale consiste
à faire réaliser par un laboratoire agréé une analyse de l’eau
du réseau portant sur divers paramètres : pH de l’eau, concentration résiduelle en désinfectant,
présence d’ammonium, de nitrite
ou de fer, et tous les paramètres
microbiologiques (streptocoques,
bactéries…).
POUR EN SAVOIR PLUS
UNCP-FFB (Union nationale des
chambres syndicales de couverture
et de plomberie de France),
www.uncp.ffbatiment.fr
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
39
ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES
Diagnostic gaz : de
nouvelles modalités
RADIATEURS À EAU CHAUDE
Bien les dimensionner
La parution d’un guide traitant du dimensionnement des radiateurs
à eau chaude est l’occasion de rappeler les bonnes pratiques. Objectifs :
compatibilité et adéquation entre les émetteurs et les générateurs
pour un parfait fonctionnement de l’installation de chauffage.
A
vec la généralisation de générateurs basse température
tels que chaudières à condensation ou pompes à chaleur (PAC),
le dimensionnement des radiateurs à eau chaude devient plus
que jamais un élément crucial de
l’installation de chauffage. C’est
en partant de ce constat que, sous
l’égide de l’association Énergies
& Avenir – et avec, entre autres,
la participation de l’UNCP-FFB
et l’UECF-FFB – un guide de
dimensionnement des radiateurs
à eau chaude a été réalisé (1).
Élaboré à partir d’exemples
concrets, il ne vise qu’un objectif : la mise en adéquation des
émetteurs avec les générateurs
pour, lors d’une rénovation, trouver le bon équilibre et réduire de
manière optimale les consommations énergétiques et les émissions
de gaz à effet de serre.
Une bonne approche passe par
une analyse de l’installation,
laquelle repose sur quatre paramètres : la vérification de l’adéquation entre le dimensionnement des radiateurs, le type de
générateur et les besoins de chauffage des locaux ; le dimensionnement des radiateurs en cas de
changement de ceux-ci, s’ils sont
vétustes ou inadaptés au nouveau
générateur ; le choix d’une régulation adéquate ; l’équilibrage de
l’installation. Ces paramètres doivent être évalués en fonction du
type d’installation, bi- ou monotube.
La puissance des radiateurs est
mesurée selon la norme euro40
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
péenne EN442, laquelle permet
de définir la pente d’émission du
radiateur. Cette pente d’émission
est utilisée pour déterminer la
puissance émise du radiateur en
fonction de la température d’eau
dans celui-ci.
ÉVALUER L’INSTALLATION
EXISTANTE
Le guide est associé à un tableur
Excel, qui permet d’évaluer l’installation de chauffage existante
pour déterminer la température
optimale de départ de chauffage.
Un calcul réalisé en plusieurs étapes pour les installations bitubes:
– description de l’installation
(caractéristiques du bâtiment, de
l’enveloppe, de la zone géographique…) avec les coefficients
moyens de déperdition des différents types de parois en fonction
de l’année de construction;
– calcul des déperditions : cha-
que pièce doit être décrite
(superficie, hauteur
sous plafond, présence
d’ouvrants…) et les températures de consignes précisées ;
– description des émetteurs
et calcul de la température
optimale de départ d’eau ;
– l’avant-dernière étape
consiste à prendre en
compte les pertes de la distribution avec un recalcul
de la température optimale
de départ d’eau, pièce par
pièce, en tenant compte des
diamètres et longueurs du
circuit aller et du type de robinet ;
– le calcul se termine par l’optimisation et la vérification du
dimensionnement des radiateurs
en fonction d’une température
imposée de départ de l’eau.
À ce stade, deux options seulement sont envisageables : conservation des émetteurs, si ceux-ci
sont compatibles avec la nouvelle
installation, ou remplacement.
L’outil calcule alors la taille minimale de l’émetteur permettant
d’avoir la température de départ
indiquée.
(1) Le guide d’évaluation de l’installation est disponible sur le site d’Énergies &
Avenir : www.energies-avenir.fr
POUR EN SAVOIR PLUS
• UECF-FFB (Union des entreprises
de génie climatique et énergétique
de France), www.uecf.fr
• UNCP-FFB (Union nationale des
chambres syndicales de couverture
et de plomberie de France),
www.uncp.ffbatiment.fr
Un arrêté (1) fixe de nouvelles
modalités et propose une
méthode pour la réalisation de
l’état de l’installation intérieure
de gaz lorsqu’il y a vente
ou location d’un logement.
Principal changement, l’arrêté
modifie le modèle de rapport
de l’état de l’installation gaz,
afin de le mettre en adéquation
avec la norme NF P 45-500 de
mars 2010.
Bien sûr, les installateurs ne
sont pas ceux qui réalisent
ce qui s’apparente à un
diagnostic de sécurité, puisque
celui-ci doit être réalisé par
un opérateur de diagnostic.
Néanmoins, il est important
de s’informer sur le référentiel
utilisé de manière à pouvoir
le lire et l’interpréter, car c’est
aux entreprises qu’il revient de
réaliser la mise en conformité
de l’installation s’il y a lieu.
En effet, le référentiel utilisé
par les diagnostiqueurs diffère
sensiblement du référentiel de
contrôle des professionnels
du gaz. Il convient notamment
d’être particulièrement attentif
au libellé de l’anomalie, ainsi
qu’au niveau d’anomalie
relevé. La réalisation de cet
état de l’installation intérieure
gaz ne modifie en rien le devoir
de conseil de l’entreprise
qui réalisera les travaux
de remise en conformité, à
l’issue desquels elle est tenue
de délivrer un certificat de
conformité. Il sera notamment
important d’expliquer au
propriétaire de l’installation
que la mise en conformité ne
se limite pas au résultat d’un
diagnostic de sécurité.
(1) Arrêté du 24 août 2010, paru
au JO du 31 août 2010, modifiant
l’arrêté du 6 avril 2007.
Pour en savoir plus
UNCP-FFB ( Union nationale
des chambres syndicales de
couverture et de plomberie de
France), www.uncp.ffbatiment.fr
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
CARRELAGE La fin de la pose scellée
en hypermarché
© MAPEI
C’est une petite révolution dans le monde du carrelage.
La révision du NF DTU 52.1, qui régit la pose scellée traditionnelle
de revêtement carrelé, a supprimé cette mise en œuvre dans les
hypermarchés. Objectif : réduire le taux de sinistralité dans ces locaux.
L
a pose de carrelage en
hypermarchés ne relève
plus du NF DTU 52.1
« Revêtements de sols scellés ». Une
modification qui permet de résoudre une problématique liée en particulier aux chantiers de rénovation : la pose scellée nécessite de
respecter un délai minimum de
quinze jours avant d’autoriser une
circulation lourde ; or, pour éviter
les pertes d’exploitation, la remise
en service des locaux d’hypermarchés doit être très rapide. « Le délai
n’était pas respecté par les maîtres
d’ouvrage et de nombreux désordres ont été générés », indique Jacques Vinet, président du conseil
de surveillance du groupe Vinet
SA, entreprise de carrelage et revêtements de sols implantée à Poitiers et employant 300 personnes.
Autre problématique liée à la mise
en œuvre de carrelage en hypermarchés selon le NF DTU 52.1,
ce dernier limitait la pose au format 20 x 20 cm. Pour mettre en
œuvre un 30 x 30 cm, il fallait réaliser une dalle en béton armé selon le
NF DTU 13.3 « Dallage » pour coller directement le carrelage.
DANS CE SUPERMARCHÉ, la chape
à prise rapide a été mise en œuvre
à l’aide d’une règle à chape. Le
carrelage a ensuite été posé à la
grille à l’aide d’un mortier colle
fluide à prise rapide.
CSTB afin de mettre en œuvre du
30 x 30 en pose scellée. Le CSTB a
souhaité mettre fin à cette démarche qui, d’ailleurs, s’éloignait du
caractère originel de la procédure.
UNE RÉPONSE TECHNIQUE
Une réponse technique devait donc
S’IMPOSAIT
être trouvée.
Or, cette mise en œuvre onéreuse « Face à ces différentes contrainfreinait les maîtres d’ouvrage. Ils tes, une des solutions consiste à
ont donc effectué de nombreu- remplacer la pose scellée tradises demandes d’Atex (1) auprès du tionnelle par une pose collée avec
mortier-colle à prise rapide sur une
chape à retrait compensé, également à prise rapide », poursuit JacPOSE COLLÉE : LES RÈGLES DE L’ART
ques Vinet. Ainsi, la circulation est
Désormais, la mise en œuvre de carrelage en hypermarché
possible au bout de quatre jours,
relève du Cahier des prescriptions techniques (CPT)
contre quinze en pose scellée traqui régit la pose collée de revêtements de sols intérieurs ou
ditionnelle. Un atout de taille pour
analogues collés au moyen de mortiers-colles dans
le secteur des hypermarchés. Car
es locaux P4 et P4S en travaux neufs (Cahier du CSTB 3526_V2
« s’il s’en construit peu aujourd’hui,
de mai 2006), et du CPT Revêtements en carreaux céramiques
leur rénovation représente un marcollés en rénovation de sols intérieurs dans les locaux
P4 et P4S (Cahier 3530_V2 de mai 2006).
ché considérable ». En outre, cette
technique autorise des revêtements
carrelés de 35 x 35 cm, « à condition qu’ils correspondent au classement NF-UPEC (2) P4S requis
pour ces locaux ». Si la réponse
technique existe, avant d’enclencher la révision du NF DTU 52.1,
il a fallu engager les procédures
nécessaires pour que la chape à
retrait compensé et à prise rapide
– auparavant technique non courante, qui nécessitait une extension
du contrat d’assurance – bénéficie
de la procédure d’Avis technique.
C’est chose faite aujourd’hui, pour
pas moins de cinq fabricants. Reste
que les carreleurs vont devoir être
vigilants et « s’attacher à mettre en
œuvre des produits effectivement
sous Avis technique », souligne Jacques Vinet. Dans le cas contraire, la
qualité des additifs dans le mortier
n’est pas garantie, donc la résistance
mécanique de la chape est en jeu.
« Les sols sont très fortement sollicités par le roulage d’engins qui
pèsent jusqu’à deux tonnes. Or, le
carrelage doit tenir dans de bonnes
conditions pendant toute la durée
de la garantie décennale », précise
le chef d’entreprise. D’autant que
l’objectif prioritaire de la révision
du NF DTU 52.1 est de « réduire la
sinistralité sur ces ouvrages, face à
un nombre important de désordres
qui ont porté préjudice à la profession de carreleur ».
(1) Appréciation technique d’expérimentation, créée à l’initiative du CSTB. Cette procédure rapide d’évaluation technique, formulée par un groupe d’experts sur tout produit,
procédé ou équipement ne faisant pas encore
l’objet d’un Avis technique, facilite l’innovation dans la construction.
(2) Classement qui définit, pour un carrelage, la résistance à l’usure, au poinçonnement dû au mobilier et objets fixes ou mobiles,
au comportement à l’eau et au comportement
aux agents chimiques courants. Un carreau est
adapté à un local quand le classement UPEC
de ce carreau est au moins égal à celui du
local considéré.
POUR EN SAVOIR PLUS
UNECB-FFB (Union nationale
des entrepreneurs céramistes
du bâtiment), tél. : 01 40 69 58 20,
www.unecb.ffbatiment.fr
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
43
CONJUGUER
PLURIDISCIPLINARITÉ ET
PROFESSIONNALISME
Pour répondre aux lots groupés des maîtres d’ouvrage, la plupart
des entreprises de finitions optent pour la polyvalence
technique. Elles ne doivent pas oublier que les activités de carrelage,
peinture ou sols souples ont en commun une reconnaissance
du support, qui doit s’effectuer selon les règles de l’art.
D
© UMPI
ans le cadre des appels
d’offres, depuis une vingtaine d’années, les maîtres d’ouvrage aussi bien publics
– conseils généraux ou régionaux, communautés de communes… – que privés ont tendance à
regrouper les lots « finitions » correspondant aux travaux de carrelage, sols techniques et peinture
en un seul lot. Cette formule leur
permet d’avoir un interlocuteur
unique qui concentre tous les travaux de finition et, ainsi, d’optimiser l’organisation du chantier.
« Pour environ 50 % des affaires
que nous traitons, le lot carrelage
44
1
est regroupé avec le lot sols souples, et dans environ 40 % des cas,
nous avons affaire à des lots séparés – soit carrelage, soit sols souples –, selon une culture encore
très ancrée en territoire pour des
petits marchés », explique Daniel
Hoursiangou, directeur général de
Plamursol, une entreprise de carrelage, marbre et revêtement de
sols souples qui emploie quarantecinq compagnons à Canejan, près
de Bordeaux. « Dans les 10 % de
cas restant, en général des affaires
moins importantes, nous prenons
en charge un lot carrelage ou sols
souples et un lot peinture. » Pour
répondre à cette demande de pluridisciplinarité, Plamursol a aussi
créé une activité de chape fluide et
réalise chaque année 80 000 m2 de
surface avec cette technique.
L’évolution vers la pluridisciplinarité a pour conséquence d’écarter
d’un grand nombre d’appels d’offres les petites structures, qui ont
des difficultés à réunir les effectifs nécessaires au traitement des
lots groupés. Quant aux structures plus importantes, elles ont dû
s’organiser pour acquérir la polyvalence nécessaire, ce qui ne se
fait pas sans risque : « Un grand
nombre d’entreprises ont acquis
2
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
des compétences et des cultures
complémentaires de leur métier
d’origine, et sont devenues des
entités vraiment polyvalentes,
observe Yves Couteau, longtemps
entrepreneur en sols techniques,
aujourd’hui expert judiciaire.
Mais on constate malheureusement beaucoup de malfaçons
pour des travaux qui ont une
technicité importante, comme les
revêtements de sols souples dans
les cuisines collectives, les salles
de bains ou les systèmes de douches en milieu hospitalier et maisons de retraite, dont les lés doivent être soudés à chaud selon les
règles de l’art. »
À l’origine de tels problèmes : le
fait d’avoir confié la réalisation de
certains sols textiles, notamment
à base de dalles de moquette autocollantes, à des entreprises non
1 TEST À L’ARRACHEMENT, réalisé
avec un dynamomètre.
2 TEST DE RAYURE.
3 MESURE DE L’HYGROMÉTRIE
réalisée grâce à une sonde (3)
ou à la bombe au carbure (4).
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
formées, une dérive qui s’est éten- support en bonne et due forme
due par la suite à d’autres travaux peut garantir la qualité des traplus complexes.
vaux de finition, dont certains
– salles de bains en revêtement
UNE PROBLÉMATIQUE
PVC, par exemple – doivent
COMMUNE:
répondre à une garantie décenLA RECONNAISSANCE
nale. Pour Yves Couteau, les clés
DU SUPPORT
de la qualité et de la lutte contre
Or, pour Daniel Hoursiangou, la sinistralité résident avant tout
les métiers de la finition com- dans la formation : « Il existe
portent une exigence technique : aujourd’hui une offre efficace,
« Nos métiers ont une problé- avec par exemple un pôle de formatique commune, la recon- mation aux métiers du revêtenaissance du support, que ce ment de sol technique dans chasoit sur le sol ou sur les murs. que région, mis en place par tous
Qu’il s’agisse de contrôler par les acteurs directs et indirects du
exemple l’hygrométrie pour la métier de solier, et le contenu de
réalisation d’un sol souple, ou la ces formations est régulièrement
conformité d’un support mural actualisé en fonction des innovaen plâtre, ciment ou béton ban- tions. » Par ailleurs, les métiers
ché destiné à recevoir un revê- de la peinture sont enseignés en
tement PVC, le professionnel formation initiale et en formadoit respecter les règles de l’art tion continue, et les carreleurs
dictées par les textes normatifs, disposent également de modunotamment les DTU 52.1 “ Revê- les de formation continue distements de sols scellés ” ou 53.2 pensés sous l’égide d’AFECBAT
“ Revêtements de sol PVC col- par exemple.
lés ”. » Ce diagnostic peut être
comparé à l’examen d’un ani- FINITIONS: LA PARTIE
mal par le vétérinaire, qui doit VISIBLE DES OUVRAGES
identifier la maladie sans pou- Pour maîtriser les règles de l’art,
voir parler à son patient. Mais les entreprises peuvent égalece diagnostic est indispensable, ment se tourner vers une panocar seule une reconnaissance de plie d’outils, dont les plus récents
sont le nouveau CQP (certificat
de qualification professionnelle)
de solier et le DTU 53.2 « Revêtements de sol PVC collés révisé ».
Ce nouveau texte intègre une
annexe normative sur la reconnaissance des supports, donnant
lieu à un rapport contradictoire
opposable, qui permet au professionnel de refuser, le cas échéant,
tout support non conforme aux
critères requis. Il devient alors
force de proposition technique face aux donneurs d’ordres.
Cette disposition normative permet aussi d’établir les responsabilités de chaque corps d’état
en cas de sinistre et, en cas de
difficultés, elle protège l’entreprise qui aurait dépassé les délais
d’éventuelles pénalités réclamées
par le maître d’ouvrage.
Enfin, la qualité des travaux de
finition dépend de leur bonne
intégration dans le planning du
chantier. Si les travaux de carrelage se déroulent dans de bonnes conditions parce qu’ils interviennent en début de chantier,
avant le passage du peintre et du
plombier, il n’en va pas toujours
de même pour les travaux de
sols souples en fin de chantier. Il
faut exiger qu’ils soient effectués
dans les règles de l’art, notamment dans le respect des conditions climatiques requises, même
si on peut être tenté d’en compresser les délais pour compenser un retard pris précédemment.
« N’oublions pas que la finition
est, au bout du compte, la partie
visible de l’ouvrage, concluent
conjointement Yves Couteau et
Daniel Hoursiangou. Si on perçoit à l’issue des travaux un spectre de ragréage, des traces de peigne à colle en transparence, une
soudure mal arasée ou un sol
brûlé à la jointure de deux lés, la
sanction est le refus pur et simple
des travaux à la réception. » Un
enjeu qui justifie que les entreprises, même pluridisciplinaires,
soient irréprochables dans tous
les savoir-faire qu’elles mettent en
œuvre.
POUR EN SAVOIR PLUS
• UNECB-FFB (Union nationale
des entrepreneurs céramistes du
bâtiment), tél. : 01 40 69 58 20,
www.unecb.ffbatiment.fr
• UNRST-FFB (Union nationale des
revêtements de sols techniques),
tél. : 01 40 69 51 45, www.unrst.com
• UPPF-FFB (Union professionnelle
peinture finitions), tél. : 01 40 69 53 73,
www.uppf.ffbatiment.fr
3
4
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
45
OUVRAGES EN STAFF
Levée de voile sur le prochain DTU
© G. MAUCUIT-LECOMTE
Le nouveau NF DTU 25.51 « Mise en œuvre des ouvrages
en staff traditionnel » est en cours de publication, avec des évolutions
importantes. Mais les très attendus plâtres GRG (1)ne sont pas
pris en compte dans cette nouvelle version.
L
’entrée en vigueur des normes
européennes et du marquage
CE, en septembre 2006, a nécessité la révision du NF DTU 25.51
afin d’adapter les normes françaises aux normes européennes.
L’occasion aussi, à travers le nouveau texte, d’inciter à améliorer
la qualité et la sécurité des ouvrages. Ainsi, la version 2010 apporte
une plus grande précision sur les
accrochages, notamment en ce qui
concerne les suspentes antivibratiles. « Le nouveau DTU 25.51 précise que, lorsque ces pièces sont
utilisées, elles doivent être conformes à leur Avis technique, indique Christian Werey, à la tête de
Werey Plâtre et Staff à Gunsbach
(Haut-Rhin). Le compagnon doit
aussi vérifier que ces éléments
rapportés sont bien prévus pour
un usage avec du staff, en vérifiant que les matériaux utilisés
sont bien compatibles. » Une pré-
46
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
est important de poser les questions en amont, afin que le staffeur soit plus vigilant par rapport aux travaux qu’il va devoir
exécuter. C’est à ce moment que
l’on peut organiser son intervention. Une bonne planification est
essentielle pour la garantie de nos
ouvrages. » D’autant que le staff
n’est pas uniquement réservé à
l’aménagement et à la décoration
intérieure. Son autre marché : la
protection incendie, pour réaliser par exemple des gaines ou
conduits résistant au feu pour la
ventilation ou le désenfumage des
MIEUX GÉRER
locaux. De tels ouvrages font l’obLES INTERFACES
jet de procès-verbaux coupe-feu,
Autre évolution importante établis après essais par un labodu nouveau NF DTU : « Il rap- ratoire indépendant. La mise en
pelle aux staffeurs qu’il ne faut œuvre sur le chantier doit être
pas négliger les cellules de syn- conforme à ces documents ; elle
thèse lors des chantiers, pour est ensuite vérifiée par un bureau
bien gérer les interfaces, ajoute de contrôle. « Quand ils doivent
Christian Werey. Très souvent, il satisfaire à des critères de tenue au
caution à prendre également au
moment de l’exécution de joints
de dilatation et de rupture, lors du
changement de matériaux. « Si le
DTU, dans son ancienne version,
était déjà bien fait, nous avons
remis l’accent sur ce point. Il faut
même ne pas hésiter à aller plus
loin en se posant la question de
savoir s’il vaut mieux désolidariser ou non, par exemple face à des
plafonds de grandes dimensions
où il est important de ne pas bloquer l’ouvrage contre les parois
verticales. »
feu ou de résistance mécanique,
les ouvrages des staffeurs doivent
encore plus être pris en compte
dans les interfaces », appuie Christian Werey.
LE GRG TOUJOURS PAS
VISÉ PAR LE DTU
S’il était question d’intégrer de
nouvelles techniques dans le
champ du NF DTU, « celle liée à
la réalisation d’ouvrages en plâtre
GRG n’a finalement pas été prise
en compte car la profession n’est
pas encore prête, indique Christian Werey. Le GRG, pourtant, est
porteur d’avenir pour notre profession, nous ne pouvons pas le
négliger ». En effet, ce matériau
plâtre, plus résistant que le staff
traditionnel, est aussi plus léger
car plus mince : 5 à 6 mm contre
15 mm. La mise en œuvre est plus
rapide car ces éléments préfabriqués en fibre de verre se posent
comme une plaque de plâtre, par
vissage sur ossature métallique. Du
coup, relevant de la construction
sèche, le GRG est aussi plus propre. Plus résistant, il présente un
intérêt pour des ouvrages de grandes dimensions ou pour des ornements situés à hauteur d’homme,
car sa dureté lui permet de mieux
résister aux chocs. « Il peut aussi
être mis en œuvre par des plaquistes qui souhaitent apporter une
vision artistique à leur ouvrage.
Mais le GRG demeure encore
peu utilisé en France, poursuit
Christian Werey, et nous n’avons
qu’une dizaine d’années de recul
par rapport à cette technique. »
Elle devra donc encore faire
ses preuves avant d’intégrer le
NF DTU 25.51.
(1) GRG : Glass Reinforced Gypsum.
POUR EN SAVOIR PLUS
UMPI-FFB (Union des métiers
du plâtre et de l’isolation),
tél. : 01 40 69 52 14,
www.umpi.ffbatiment.fr
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
SEL EN LOCAUX HUMIDES
Une nouvelle
version des Règles
professionnelles
D
epuis mars 2010, une seconde
édition des Règles professionnelles concernant les travaux
d’étanchéité à l’eau réalisés par
application de systèmes d’étanchéité liquide (SEL) sur planchers
intermédiaires et parois verticales de locaux intérieurs humides est disponible. Une révision
orchestrée par les professionnels
de l’Apsel (1) et de la CFSE-FFB (2)
pour tenir compte de la sortie de
l’arrêté ministériel du 29 octobre 2007, qui dispose que les kits
d’étanchéité liquide relèvent du
marquage CE, comme le précise le
guide d’agrément technique européen ETAG 022, partie 1.
Or, il s’avère que ce guide a un
domaine d’application plus réduit
que les Règles professionnelles. Si
les critères d’aptitude à l’emploi
évalués selon le guide ETAG 022
prennent en compte les contraintes liées à l’usage dans le domaine
d’emploi considéré, elles ne vérifient pas celles sortant de son
champ d’application, ni celles liées
à la mise en œuvre. Afin de rester
au même niveau technique que la
première édition des Règles professionnelles, cette seconde version définit également des exigences complémentaires. Car un
SEL disposant d’un marquage CE
atteste uniquement de sa confor-
mité aux spécifications de performances de l’ETAG 022. Or, en
France, il doit aussi faire l’objet
d’un dossier technique descriptif
des domaines d’emploi et des dispositions de mise en œuvre revendiqués. Ces procédés peuvent faire
l’objet d’une procédure d’évaluation telle qu’un Avis technique, un
Document technique d’application (DTA) ou encore l’examen
par un organisme tiers réputé
compétent.
NOUVELLE QUALIFICATION
Par conséquent, ces Règles professionnelles nouvelle version
définissent à la fois les exigences
sur les procédés et leur mise en
œuvre. Elles constituent un tronc
commun dans l’exécution des
travaux, tout en étant plus larges
au niveau des locaux traités par
rapport à la précédente édition.
En outre, cette seconde version
des Règles professionnelles est
classée sur la liste verte depuis le
1er juillet 2010 par la commission
Prévention produits de l’AQC (3).
Elle s’adresse à tous les acteurs
concernés par la conception et la
réalisation de SEL sur planchers
intermédiaires et parois verticales de locaux intérieurs humides : en priorité aux entreprises
d’étanchéité, mais également aux
© MAPEI
Afin de se mettre en conformité avec
le marquage CE et le guide d’agrément
technique européen, la bible des
travaux d’étanchéité à l’eau réalisés par
application des systèmes d’étanchéité
liquide (SEL) en intérieur a été révisée.
UNE FOIS LA CHAPE RÉALISÉE (en haut) et après séchage, l’étanchéité est
réalisée en utilisant un SEL (ici, produit appliqué en deux passes avec une
trame marouflée dans la première couche).
métiers connexes (gros œuvre,
plomberie et carrelage).
Rappelons également que Qualibat s’est enrichi d’une nouvelle
qualification : la 6343 « Carrelages – Travaux d’étanchéité ». Elle
s’adresse aux entreprises qui assurent la mise en œuvre d’un système d’étanchéité liquide régi par
les règles professionnelles ou d’un
système d’étanchéité de plancher
intermédiaire (SEPI) bénéficiant
d’un Avis technique, dans les
locaux EB+ privatifs, c’est-à-dire
à forte hygrométrie.
Cette qualification est une
bonne nouvelle pour les carreleurs. Jusqu’à présent, ces travaux
étaient couverts par la qualification 3242, qui vise l’application de
SEL en intérieur et extérieur. Seuls
quelques carreleurs la détenaient,
les autres n’étaient pas couverts
par leur assurance en cas de sinistre. Or, marché de l’accessibilité
des bâtiments d’habitation oblige,
les carreleurs vont de plus en plus
être confrontés à la réalisation de
travaux d’étanchéité en intérieur,
notamment lors de la mise en
œuvre de douches à l’italienne. (1) Association professionnelle des systèmes
d’étanchéité liquide.
(2) Chambre syndicale française de l’étanchéité.
(3) Agence qualité construction.
POUR EN SAVOIR PLUS
• CSFE-FFB (Chambre syndicale
française de l'étanchéité),
tél. : 01 56 62 13 20,
www.etancheite.com
• UNECB-FFB (Union nationale
des entrepreneurs céramistes du
bâtiment), tél. : 01 40 69 58 20,
www.unecb.ffbatiment.fr
• Qualibat, www.qualibat.com
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
47
F I C H E
A C C E S S I B I L I T É
Les éléments d’éveil de vigilance dans les escaliers
des bâtiments d’habitation collectifs et des ERP
La présence d’une descente d’escalier sur un cheminement
extérieur (trottoir ou espace public) ou dans un bâtiment est
un risque important de chute pour les personnes aveugles ou
malvoyantes. Les bandes d’éveil de vigilance (BEV) sont des
dispositifs tactiles destinés à les alerter d’un danger imminent sur
leur cheminement, tel que traversée de chaussée, bordure de quai
ferroviaire ou escaliers. Les personnes détectent les reliefs des BEV
au pied ou à la canne longue.
d’ailleurs perturbant pour quelqu’un qui descend un escalier
proche d’un mur. De même, les demi-paliers ne sont pas visés.
• Dans le cas d’une marche isolée, il est jugé suffisant de marquer
la présence de la dénivellation par un bon contraste visuel par
rapport au revêtement environnant du nez de marche et de la
contremarche.
Il est inutile de poser une BEV.
QUE DIT LA RÉGLEMENTATION ?
• La norme NF P 98-351 d’août 2010 définit un type de bande d’éveil
de vigilance dont la mise en œuvre s’impose en bordures de quais
ferroviaires et aux abaissements de trottoirs face à des traversées
de rues protégées pour les piétons. Si la décision d’équiper le haut
d’un escalier d’une telle BEV est prise par un maître d’ouvrage, il est
important que son implantation soit conforme à la norme.
– Dans ce cas, la pose du dispositif d’éveil de vigilance doit être
réalisée sur toute la largeur de l’escalier et en maintenant le pas
de freinage (espace entre la bande d’éveil et la zone de danger qui
permet au piéton de s’arrêter en sécurité) par rapport au nez de la
première marche (500 ± 20 mm). La largeur de la bande peut être
réduite à l’intérieur d’un ERP ou pour des trottoirs étroits.
– Largeur standard (hors tout, ligne de 8 plots) : (587,5 ± 5,0) mm.
– Largeur réduite (hors tout, ligne de 6 plots) : (400 ± 5) mm.
– Les produits peuvent être réalisés dans tous types de matériaux.
• Contre-indication : dans le cas de marches qui rattrapent des niveaux
dans le sens longitudinal d’un trottoir, la pose de BEV ne s’impose
pas et serait même perturbatrice. Il est préférable de poser des
lisses parallèles au nez le long de la plus haute marche, à intervalles
réguliers, qui pourront servir de rampe d’appui aux personnes.
© CEP ECKBOLSHEIM/A.AUGST
50
0
m
m
±
20
m
m
• La pose de BEV s’applique à chaque volée d’escaliers de trois
marches et plus, c’est-à-dire qu’il faut en poser sur un palier
intermédiaire de façon à annoncer les marches suivantes, en
respectant le pas de freinage par rapport à la marche à descendre.
Ainsi, on ne posera pas de BEV en bas des escaliers ; cela serait
Exemple d’un élément d’éveil et de vigilance.
POUR EN SAVOIR PLUS
• UNECB-FFB (Union nationale des entrepreneurs
céramistes du bâtiment), tél. : 01 40 69 58 20,
www.unecb.ffbatiment.fr • UNRST-FFB (Union
nationale des revêtements de sols techniques),
tél. : 01 40 69 51 45, www.unrst.com • UPPF-FFB
(Union professionnelle peinture finitions),
tél. : 01 40 69 53 73, www.uppf.ffbatiment.fr
RÉFÉRENCES
• Décret 2006-555 du 1er août 2006.
• Décret n°2006-1657 du 21 décembre 2006 relatif
48
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
QUELLE MISE EN ŒUVRE ?
LES SOLUTIONS EN INTÉRIEUR ERP ET PARTIES
COMMUNES DES IMMEUBLES D’HABITATION
Dans les bâtiments, l’éveil de la vigilance peut être obtenu
par différents moyens ou dispositifs constatés visuellement et
tactilement, notamment par un simple changement de texture du
revêtement de sol (voir illustration ci-contre).
Dans tous les cas, il convient qu’il soit conçu et mis en œuvre de façon
homogène pour tous les escaliers du même bâtiment.
De plus, son relief ne doit pas créer de risque de chute. L’éveil de
vigilance doit être présent sur toute la largeur de l’escalier.
Ces exigences sont à vérifier pour chaque volée d’escalier.
à l’accessibilité de la voirie et des espaces publics.
• Décret n° 2006-1658 du 21 décembre 2006 relatif
aux prescriptions techniques pour l’accessibilité de
la voirie et des espaces publics.
• Arrêté d’application du 15 janvier 2007 relatif aux
prescriptions techniques pour l’accessibilité de la
voirie et des espaces publics.
• Norme NF P98-351 Cheminements. Insertion des
handicapés. Éveil de vigilance – Caractéristiques,
essais et règles d’implantation des dispositifs
podo-tactiles au sol d’éveil de vigilance à l’usage
des personnes aveugles ou malvoyantes.
• Fiches CERTU : http://www.certu.fr
– Le contraste visuel pour les personnes
malvoyantes, appliqué aux bandes d’éveil de
vigilance.
– Les bandes d’éveil de vigilance, caractéristiques.
– Les bandes d’éveil de vigilance, implantation sur
voirie.
– La déficience visuelle et les déplacements à pied.
• Voir fiches Bâtimétiers sur les escaliers
intérieurs (n°9,octobre 2007 et n°17, décembre
2009).
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
NETTOYAGE DES BROSSES ET ROULEAUX
Ce que le peintre
doit savoir
sur son assurance
Limiter les rejets polluants
Les peintres disposent aujourd’hui de nouveaux matériels
dédiés au nettoyage des brosses et rouleaux.
En plus de permettre un traitement efficace des rejets polluants,
ils favorisent la qualité de certains travaux.
ettoyer brosses et rouleaux
après les travaux de peinture, en limitant la consommation
d’eau et sans rejets polluants : rien
de plus facile grâce à une nouvelle
gamme de matériels, des stations
de lavage spécialement conçues. « Il
s’agit d’une machine fonctionnant
en circuit fermé, que l’on remplit
avec 120 litres d’eau environ, équipée d’une pompe qui alimente un
jet pour laver les brosses et un dispositif pour nettoyer les rouleaux.
À l’issue du cycle de lavage, le matériel ressort en parfait état de fonctionnement », précise Jean-Pierre
Dellasette, dirigeant de Folghera
Belay, une entreprise de peinture,
plâtrerie, ravalement et isolation
thermique qui emploie cinquantequatre compagnons à Vaulx-enVelin (Rhône).
CHANTIERS PROPRES
En faisant l’acquisition de ce matériel en 2009, ce chef d’entreprise
très sensible aux questions environnementales a trouvé une solution
efficace pour éviter des rejets polluants issus du nettoyage des outils
utilisés. En effet, l’eau de lavage présente dans la machine est additionnée d’un floculent qui entraîne le
dépôt au fond de la cuve de toutes les particules amalgamées aux
brosses et pinceaux. À l’issue du
cycle de lavage, ces particules solides – 300 g environ après le lavage
de cinquante rouleaux – sont récupérées dans un filtre et traitées avec
les déchets spéciaux, tandis que
l’eau filtrée est conservée pour réaliser le cycle suivant. « On pense
© FOLGHERA BELAY / DR
N
souvent, à tort, que les peintures en
phase aqueuse – vinyles ou acryliques – ne sont pas polluantes. Or,
elles contiennent encore des composants chimiques qui doivent être
traités comme des déchets et éviter de rejoindre les réseaux d’eaux
usées ou les égouts. L’utilisation
d’une station de lavage pour les
brosses et rouleaux est un moyen
d’être en phase avec les orientations du Grenelle de l’environnement (améliorer la qualité de
l’eau) et de le faire savoir », ajoute
Jean-Pierre Dellasette. La réalisation d’un chantier phare pour l’entreprise – celui du palais de justice
de Lyon – a entraîné l’acquisition
de trois stations de lavage portatives utilisées sur le site, plus petites
mais fonctionnant exactement de
la même manière que la grande,
qui reste à demeure dans les locaux
de l’entreprise. Pour l’entrepreneur
lyonnais, le fait de pouvoir montrer
qu’il réalise des chantiers « propres »
est aujourd’hui un argument commercial, susceptible de peser lors
des appels d’offres et qui répond
aux attentes de ses clients – notamment universités, écoles ou mairies.
Le nettoyage efficace des brosses et
rouleaux est aussi un passage obligé
pour certains travaux : « La réalisation de laques, qui doivent avoir un
rendu impeccable, s’accommode
mal des rouleaux neufs, qui perdent leurs poils, révèle Jean-Pierre
Dellasette. Les peintres préfèrent au
contraire utiliser du matériel qui
s’est déjà fait à leur main et conservent le même jeu de rouleaux et
brosses. C’est au chef d’entreprise
de leur donner les moyens de bien
les nettoyer ». En plus de permettre
une action concrète des peintres sur
l’environnement et de contribuer à
l’amélioration de leur image, les stations de lavage des brosses et rouleaux peuvent donc aussi participer
à la qualité des prestations.
POUR EN SAVOIR PLUS
UPPF-FFB (Union professionnelle
peinture finitions),
tél. : 01 40 69 53 73,
www.uppf.ffbatiment.fr
Pour aider les peintres à
souscrire le bon contrat
d’assurance, l’UPPF-FFB a conçu
un document qui synthétise les
points essentiels à maîtriser
pour bien assurer son activité.
Ce document rappelle que le
contrat d’assurance souscrit
doit tenir compte de la taille
de l’entreprise, des différentes
activités exercées et de la
situation du chef d’entreprise.
Il existe différents types
d’assurances, recouvrant
chacune des risques précis :
responsabilité civile de
l’entreprise, assurance des
travaux avant et après réception,
assurances concernant les
locaux, les véhicules, les engins
et matériels.
S’agissant de l’assurance
qui couvre les travaux après
réception, le document rappelle
que les peintures décoratives
(intérieures ou extérieures) ne
constituent pas un ouvrage
relevant du régime décennal,
à l’inverse des revêtements
d’imperméabilité, anticorrosion
et de l’isolation thermique par
l’extérieur, qui peuvent relever
de ce régime. Il permet enfin de
balayer certaines idées reçues :
par exemple, la « biennale »
(garantie de deux ans de bon
fonctionnement des éléments
d’équipement) n’existe pas
pour la peinture, car celle-ci
est inerte, indissociable et ne
« fonctionne pas ». La fiche
« Les travaux de peinture et
l’assurance » est téléchargeable
sur le site de l’UPPF-FFB.
Pour en savoir plus :
UPPF-FFB (Union
professionnelle peinture
finitions), tél. : 01 40 69 53 73,
www.uppf.ffbatiment.fr
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BÂTIMÉTIERS
49
FINITIONS/AMÉNAGEMENT
NOUVELLES DALLES TEXTILES
Une plus grande valeur ajoutée pour le solier
F
ini l’unique format 50 x 50 cm
en angle droit pour les dalles
textiles dans le secteur du tertiaire.
Les nouvelles gammes des fabricants
élargissent la palette des formats et
des géométries, avec les 60 x 60,
25 x 100, 50 x 100, 100 x 100 cm…
Des dalles qui jouent aussi la carte
de la variété dans les coloris, les
motifs, les qualités de tissage et
touffetage : bouclé, velours frisé,
imprimé, uni, tissé Jacquard…
Prenant le pas dans les bâtiments
tertiaires sur les rouleaux, les nouvelles dalles textiles deviennent
ainsi un élément de décoration.
Elles permettent aux soliers d’amplifier leur maîtrise technique et
décorative, valorisant ainsi le travail de mise en œuvre, comparable
ici à celui du carreleur. Après le dessin du sol par un architecte – ou par
le solier lui-même grâce à un petit
calepin papier spécifique fourni par
les fabricants – la pose des dalles
doit suivre précisément le plan de
calepinage. Les nouvelles dalles textiles se mettent en œuvre comme
une dalle plombante traditionnelle,
conformément au DTU 53.1.
Les industriels mettent aussi en
avant les atouts environnementaux
de leurs produits. Les textiles choisis sont généralement recyclables –
et les résidus de fabrication intégrés
après recyclage dans les processus
de fabrication. De plus, quand les
dalles seront déposées lors de futurs
projets de rénovation, elles seront
collectées et leurs déchets valorisés
dans le cadre du programme Optimum by UFTM (1), copiloté par
l’UNRST-FFB et l’Union française
des tapis et moquettes. L’argument
santé est aussi invoqué : l’un de recommandé contre l’asthme et
ces nouveaux produits est estam- les allergies pour ses qualités antipillé « hypoallergénique » par un particules fines !
bureau de contrôle allemand, et (1) Lire Bâtimétiers n°20, page 39.
© FORBO SARLINO
Avec des formats et coloris combinables, les nouvelles dalles textiles permettent
toutes les compositions d’architecture du sol et revalorisent le métier du solier.
POUR EN SAVOIR PLUS
UNRST-FFB (Union nationale des
revêtements de sol techniques),
tél. : 01 40 69 51 45, www.unrst.com
ENDUITS D’INTÉRIEUR EN PLÂTRES Un DTU révisé
«L
e NF DTU 25.1 a connu un
dépoussiérage dans le but
d’intégrer les nouvelles techniques et matériaux », explique Michel Martin, président
de la commission de normalisation du NF DTU 25.1. Un toilettage lié à la directive européenne
sur les produits de construction,
qui impose l’adaptation des règles
nationales de construction au fur
et à mesure de la production des
normes européennes harmonisées.
« Il s’agit plus d’une mise à jour
que de grandes transformations »,
modère Michel Martin. La récente
projection mécanique apportant
plus de confort au travail a ainsi
50
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
été intégrée, à côté des plâtres jetés
manuels. « Il reste quelques situations où les plâtriers utilisent des
techniques à l’ancienne. Même
si elles sont rares, nous avons
conservé les articles correspondants dans le DTU.»
ments historiques. De manière
générale, les enduits manuels
demeurent l’apanage des ouvrages de décoration. Grattés, décorés
ou cirés, « désormais nous n’avons
plus à mélanger les couleurs, car
nous disposons d’une palette
séduisante de plâtres industriels
« Il s’agit plus d’une mise prêts à l’emploi ». Ces techniques,
à jour que de
récentes ont aussi été introduites
grandes trans- dans le nouveau NF DTU 25.1.
« Ainsi, les enduits d’intérieur ne
formations. »
sont plus uniquement techniques
MICHEL MARTIN, PRÉSIDENT
DE LA COMMISSION DE
mais aussi de décoration.»
NORMALISATION.
Autre mutation des métiers du plâC’est le cas de la réalisation de plâ- tre prise en compte : la disparition
tre sur roseaux, encore employée de la plaque perforée au profit de la
lors de la restauration de monu- plaque pleine. Mais Michel Martin
tient à rappeler : « Si une mise à
jour a été effectuée au niveau des
matériaux et matériels, la façon de
faire reste la même pour les plâtriers. Le nouveau NF DTU a le
mérite de susciter un rafraîchissement des règles de l’art dans certaines entreprises, qui seront incitées
à le consulter afin de voir ce qui a
changé.» Elles peuvent le faire dès
maintenant puisqu’il a été publié
en novembre 2010.
POUR EN SAVOIR PLUS
UMPI-FFB (Union des métiers
du plâtre et de l’isolation),
tél. : 01 40 69 52 14,
www.umpi.ffbatiment.fr
RT
201
2
LES FONDATIONS
DU
BBC
Après deux ans de
gestation, la RT 2012
est enfin prête.
Une réglementation
« performancielle », qui
privilégie les exigences
de résultats et consacre
l’avènement de la
conception bioclimatique.
Avec elle, le BBC
ne sera bientôt plus
l’exception mais la règle.
Explications.
52
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
DOSSIER RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC
E
lle descend en ligne directe du Grenelle
de l’environnement. Présentée en juillet
dernier par Jean-Louis Borloo, alors
ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer (MEEDDM),
et Benoît Apparu, secrétaire d’État au Logement,
la RT 2012, qui succédera bientôt à la RT 2005,
est le fruit de deux ans de préparation et d’une
large concertation auprès de tous les acteurs du
secteur. Pas moins de 13 groupes de travail thé-
matiques, 120 représentants des collèges issus du
Grenelle et 40 bureaux d’études thermiques et
centres techniques ont été associés à sa gestation.
Après notification à la Commission européenne,
l’aboutissement du processus a vu le jour avec la
publication(1) du décret et de l’arrêté d’application. En ligne de mire, deux dates clés pour tous
les acteurs de la construction: entrée en application de la RT 2012 le 26 octobre 2011 pour les
bâtiments tertiaires à usage de bureaux et d’en-
seignement, pour les établissements d’accueil
de la petite enfance, ainsi que tous les bâtiments
résidentiels en zone ANRU (2), et le 1er janvier
2013 pour les autres bâtiments résidentiels. Des
arrêtés complémentaires viendront, en début
d’année, préciser les exigences pour les autres
catégories de bâtiments tertiaires. Tous les permis
de construire déposés après ces dates devront s’y
conformer. Avec la RT 2012, le bâtiment basse
consommation, que l’on ne désigne déjà plus
que par ses initiales BBC, ne sera plus l’exception, mais la règle. Conformément à l’article 4 de la loi Grenelle 1, tous les bâtiments
construits sous le régime de la nouvelle
réglementation thermique devront respecter une exigence de consommation d’énergie primaire (dénommée Cep) inférieure à
50 kWh/m2/an en moyenne. Soit le même
niveau de performance énergétique que
celui déjà fixé pour obtenir le label actuel
BBC-Effinergie.
CONSOMMATIONS RÉDUITES
D’UN FACTEUR 2 À 4
Comme la RT 2005, la RT 2012 prend en compte
cinq usages pour le calcul de la consommation
énergétique : chauffage, refroidissement, eau
chaude sanitaire, éclairage et auxiliaires (ventilateurs, pompes). Cette consommation est évaluée
en énergie primaire, mode de calcul incluant
l’énergie nécessaire pour produire et distribuer
l’énergie utilisée au final par le consommateur.
Ainsi, pour l’électricité, on obtient le montant en
énergie primaire en partant de l’énergie finale
(celle affichée sur le compteur) et en lui affectant
un coefficient de 2,58 pour prendre en compte
les pertes occasionnées lors de la distribution
de l’électricité: les 50 kWh de consommation
en énergie primaire de la RT 2012 correspondent donc à 19 kWh enregistrés au compteur.
Ce coefficient multiplicateur est de 1 pour
le fioul et le gaz. Jusqu’à présent, la RT 2005
fixait, pour les bâtiments résidentiels, un seuil
de consommation d’énergie primaire de
110 kWh/m2/an lorsqu’on utilise des énergies
fossiles et de 190 kWh/m2/an lorsqu’il s’agit
d’énergie électrique. Atteindre aujourd’hui les
50 kWh/m2/an de la RT 2012 implique donc,
par rapport à la RT 2005, de diviser par deux
la consommation lorsqu’il s’agit de gaz ou de
fioul, et par quatre lorsqu’il s’agit d’électricité.
Par ailleurs, dans un souci de clarté, l’exigence
de performance énergétique globale est uniquement exprimée, dans la RT 2012, en valeur absolue de consommation et non plus en valeur relative comme dans la RT 2005, où il s’agissait de
comparer chaque bâtiment à un bâtiment de
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
53
« UN CHANGEMENT CULTUREL»
CATHERINE DI COSTANZO, CONSEILLER TECHNIQUE ÉNERGIE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE, UNION SOCIALE POUR L’HABITAT
« La dynamique
du BBC est déjà
lancée dans le
logement social
avec une forte croissance, ces
derniers mois, du nombre
d’opérations – dont les
premières sont aujourd’hui
livrées. Plusieurs constats
émergent des premières
évaluations que nous
avons réalisées : la phase de
conception est plus longue
qu’en bâtiment traditionnel,
notamment en raison de la
dimension bioclimatique,
qui doit être prise en compte
très en amont. Au stade de la
mise en œuvre, le traitement
de l’étanchéité à l’air est un
point ultrasensible : l’à-peuprès n’a plus sa place, tout
doit être fait au millimètre.
Il apparaît aussi que les
solutions pour produire,
distribuer et émettre la
chaleur, au regard des faibles
besoins – de l’ordre de 15 à
20 kWhep/m²/an –, ne sont
pas optimisées : il existe des
marges de progrès du côté
de l’offre des industriels.
Et puis, pour tous, le BBC
introduit un changement
culturel : on entre dans l’ère
de l’ingénierie concourante
et d’un fonctionnement plus
transversal entre les parties
prenantes de la construction,
de l’exploitation et les
habitants. Et on apprend
en marchant – à marche
forcée… Il nous faut
rapidement mener une
évaluation globale des
premières opérations livrées,
vérifier si les performances
initialement prévues sont
bien atteintes, identifier les
raisons d’écarts éventuels
et, bien entendu, mesurer la
satisfaction des habitants.
Ce sera l’une des actions
du plan Développement
54
BÂTIMÉTIERS
durable pluriannuel mis en
place par l’Union sociale
pour l’habitat. Dès à présent,
nous devons approfondir
une problématique dont on
ne mesure pas encore tous
les enjeux : la maintenance.
On va nous proposer des
systèmes énergétiquement
très performants, mais nous
devons nous préoccuper
aussi de leur performance
économique, du coût
d’entretien. C’est aussi un
challenge pour les entreprises,
qui devront être en capacité
d’intervenir
sur les équipements
mis en œuvre. »
DÉCEMBRE 2010
référence théorique, le coefficient variant ainsi
en fonction des paramètres propres au projet. Désormais, la Cep est indépendante de la
forme du bâtiment et de ses installations énergétiques.
SEUILS MODULABLES
Le nouveau seuil de Cepmax sera modulable. Tout
d’abord, selon la zone climatique et l’altitude,
comme dans le cas de la RT 2005: de 60 kWh/
m2/an, en moyenne, en zone H1 – c’est-à-dire
dans l’Est et le Nord de la France – à 40 kWh/
m2/an en zone H3, pourtour méditerranéen.
Ensuite, selon l’usage des bâtiments – résidentiel ou tertiaire. Enfin, pour les bâtiments résidentiels, selon la surface, pour ne pas pénaliser les petits logements en raison de certains
postes de consommation non directement liés
à la superficie, comme l’eau chaude sanitaire.
Ainsi, la Cepmax pourra varier de 62 kWh/m2/
an pour une maison de 70 m2 à 40 kWh/m2/
an pour une maison de plus de 200 m2. Quant
aux logements collectifs, pour lesquels la performance de 50 kWh/m2/an est plus difficile à
atteindre, car elle requiert des investissements
proportionnellement plus importants que pour
les maisons individuelles, la Cepmax est augmentée de 7,5 kWh/m2/an jusqu’au 1er janvier 2015:
un délai que la filière industrielle devra mettre
à profit, selon le MEEDDM, pour faire évoluer
ses offres en proposant notamment des pompes à chaleur adaptées au logement collectif, performantes et à coûts maîtrisés. Enfin, l’exigence
de consommation sera également modulée en
fonction des émissions de gaz à effet de serre des
bâtiments – afin d’encourager le recours aux
énergies les moins émettrices, tel le bois-énergie –, la modulation pouvant atteindre 30% de
la Cepmax.
EXIGENCES DE RÉSULTATS
PLUS QUE DE MOYENS
Comme l’a souligné Jean-Louis Borloo lors de
la présentation officielle, la RT 2012, contrairement à la RT 2005, «fixe les objectifs à atteindre avec très peu d’obligations de moyens, ces
derniers doivent être par la suite la préoccupation des professionnels». De fait, la RT 2012 est
d’abord une réglementation «performancielle»,
qui entend laisser libre cours aux concepteurs et
acteurs de la construction pour élaborer les solutions répondant aux objectifs de performance.
DOSSIER RT 2012
«ENLEVER LA TOUCHE COPIER/COLLER»
ANDRÉ POUGET, CRÉATEUR DU BUREAU D’ÉTUDES THERMIQUES POUGET CONSULTANTS
Ses exigences minimales portent bien leur nom:
elles concernent principalement l’obligation de
traiter les ponts thermiques et l’étanchéité à l’air,
l’instauration d’une surface minimale de baies
vitrées – supérieure ou égale à un 1/6e de la surface habitable d’un logement –, le comptage de
l’énergie, et le recours obligatoire aux énergies
renouvelables en maison individuelle (voir p. 56).
Quant aux exigences de résultats, qui constituent
le cœur de la RT 2012, elles sont au nombre de
trois: la consommation maximale (Cepmax), déjà
abordée ci-dessus, l’efficacité énergétique du bâti
(Bbio) et le confort d’été.
à l’éclairage naturel, captage du soleil grâce à
un maximum de surfaces vitrées orientées au
sud… – et sa capacité à minimiser les déperditions de chaleur.
De fait, les trois usages retenus pour le calcul du
Bbio (chauffage, refroidissement et éclairage artificiel) sont tous liés au bâti et confirment l’accent mis sur la qualité de la conception. Le coefficient Bbio est exprimé en nombre de points. Il
est calculé, sur une année, en utilisant des données climatiques conventionnelles pour chaque
zone climatique, selon des modalités définies par
l’arrêté d’application.
LE BESOIN CLIMATIQUE OU BBIO
Si le coefficient Cepmax s’inscrit dans le prolongement de la RT2005, le Bbio est une innovation – la principale de la RT 2012. Ce coefficient vise à qualifier la qualité énergétique du
bâti avant de considérer les systèmes qui l’équiperont – chauffage, refroidissement, eau chaude
sanitaire, photovoltaïque… Remplaçant le coefficient Ubat de la RT 2005, qui ne prenait en
compte que l’isolation, le Bbio valorise non seulement une isolation performante mais aussi la
conception bioclimatique du bâtiment – accès
CONFORT D’ÉTÉ
Troisième exigence de résultat de la RT 2012,
l’exigence de confort d’été dans les bâtiments
non climatisés concerne la température intérieure atteinte au cours d’une séquence de cinq
jours chauds. Elle se concrétisera par une température intérieure conventionnelle de référence à ne pas dépasser: TIC < TIC réf (dito
RT 2005). Ce mode de calcul pourrait ne pas
être le plus pertinent pour bien apprécier les
ambiances estivales. Conscients de cette situation, les pouvoirs publics ont prévu de mettre en
« Le nouvel indicateur Bbio,
qui qualifie en quelque
sorte la performance
durable du bâtiment, est
particulièrement intéressant
à faire valoir dès les esquisses
du projet. À travers lui, on
« officialise » enfin le travail
en équipe pluridisciplinaire
des architectes, économistes
et thermiciens ! Mais le
Bbio ne sera réellement
opérant, donc pertinent,
que si l’exigence maximale
s’avère bien calée : ni trop
laxiste, ni trop contraignante,
ce qui reste à vérifier… La
bonne conception attendue
dépend donc directement du
niveau exigé sur ce nouvel
indicateur !
Plus généralement, il est
évident que la nouvelle
réglementation va impacter
fortement les habitudes de
travail de tous. Il va falloir
vite assimiler ses nouveautés
et ses spécificités, éviter
les bévues sur les choix,
les dimensionnements…
Côté maîtres d’œuvre,
l’exigence sur la bonne
conception Bbio impose une
prise en compte en amont
de l’environnement, du
climat, et impose de bien
concevoir avant le dépôt du
permis. Côté entreprises, la
mesure de la perméabilité
à l’air suppose que les
différents corps de métiers
se rencontrent, se concertent
et prennent ensemble les
dispositions pour que le
résultat attendu soit au
rendez-vous.
En résumé, enlever la touche
« copier/coller » du clavier,
apprendre, comprendre les
nouvelles solutions, bien
concevoir et construire
ensemble : voilà le challenge
de la nouvelle RT 2012 ! »
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
55
« VALORISER NOS MODES CONSTRUCTIFS»
ALEXANDRE ANGER, SARL PATRICE ANGER, CHARPENTE-MENUISERIE, AVREMESNIL
« Nos maisons
à ossature bois
sont depuis
plusieurs années
déjà orientées BBC, ce qui
correspond à la sensibilité
environnementale de nos
clients, et nous n’étudions
plus aujourd’hui que ce type
de projets. Faire du BBC
implique non seulement de
renforcer l’isolation – avec
des épaisseurs d’isolant qui
peuvent aller au-delà de
30 cm – mais surtout de
bien se coordonner avec
l’architecte et les autres corps
de métier, pour satisfaire
au final les exigences
d’étanchéité à l’air. Nous
dessinons nos maisons en
3D, en anticipant avec les
lots électricité et plomberie les
difficultés éventuelles, nous
proposons ensuite telle ou
telle solution au thermicien.
La mise en œuvre doit être
impeccable aussi, avec des
contrôles intermédiaires
point par point, car c’est
avant le test de la porte
soufflante, et non après, qu’il
faut être efficace. À ce sujet,
il est très impressionnant
de constater, lors du test, où
peuvent se loger les fuites
d’air, par exemple dans un
minuscule bourrelet d’adhésif
ou à l’intérieur d’un nœud
de bois…
Ce qu’on nous annonce
de la RT 2012 me paraît
positif dans la mesure où elle
mettra davantage l’accent
sur la qualité de l’enveloppe,
ce qui valorise nos modes
constructifs. L’efficacité
énergétique, c’est d’abord une
boîte efficace, et ensuite du
matériel. Et, avec un bâti à la
hauteur, nos clients pourront
investir, dans cinq ou dix
ans, dans des équipements
de nouvelle génération
56
BÂTIMÉTIERS
qui augmenteront encore
l’efficacité énergétique de leur
maison et leur permettront,
pourquoi pas, de passer
au bâtiment
à énergie
positive ! »
DÉCEMBRE 2010
place un groupe de travail pour proposer une
approche plus adaptée. La nouvelle formulation sera très attendue. Quoi qu’il en soit, pour
respecter in situ cette exigence, c’est, là encore,
la bonne conception des bâtiments – distribution des baies vitrées, protections solaires,
possibilité d’aération des espaces, inertie thermique… – qui permettra d’apporter les bonnes réponses.
L’IMPORTANCE DE L’ÉTUDE
THERMIQUE
La nouvelle réglementation prévoit que le maître d’ouvrage, afin de justifier de l’application
des exigences de la RT 2012, établira au plus
tard à l’achèvement des travaux un récapitulatif standardisé d’étude thermique, en version
informatique. L’étude thermique devient ainsi
la norme pour le bâtiment BBC. Au-delà de
son caractère obligatoire, elle est surtout une
nécessité. Outre la conception bioclimatique
du bâti, elle permettra d’élaborer le bouquet
énergétique et les solutions techniques adaptées
à chaque projet. À charge ensuite aux entreprises, par la qualité de leur travail de mise en
œuvre, de confirmer que le BBC est un objectif tout à fait accessible !
EXIGENCES MINIMALES DE LA RT 2012
Énergie renouvelable La RT 2012 prévoit
que toute maison individuelle devra recourir
à une source d’énergie renouvelable. Le maître d’ouvrage devra opter pour l’une des solutions suivantes:
• produire l’eau chaude sanitaire à partir d’un
système solaire thermique, doté de capteurs
solaires disposant d’une certification CSTBat,
Solar Keymark ou équivalente. Dans ce cas, le
logement sera équipé a minima de 2 m2 de capteurs solaires, d’orientation sud et d’inclinaison
entre 20° et 60°;
• être raccordé à un réseau de chaleur alimenté
à plus de 50% par une énergie renouvelable ou
de récupération;
• démontrer que la contribution des énergies
renouvelables à la Cepmax du bâtiment est supérieure ou égale à 5 kWh/m2/an.
Autres solutions alternatives:
• recourir à une production d’eau chaude sanitaire assurée par un appareil électrique thermodynamique (association d’une pompe à chaleur
et d’un chauffe-eau);
• recourir à une production de chauffage et/ou
d’eau chaude sanitaire assurée par une chaudière
à micro-cogénération à combustible liquide ou
DOSSIER RT 2012
« FAIRE DES CHOIX TECHNIQUES ADAPTÉS »
DIDIER BROSSE, SAS BROSSE, MAÇONNERIE-GROS ŒUVRE,CHAZELLES-SUR-LYON
« Il faut démystifier la RT 2012.
Dans nos métiers
du gros œuvre, elle
ne modifiera pas nos modes
constructifs – et pour une
entreprise comme la nôtre,
elle est déjà le standard de
tous les projets en cours. Notre
profession doit faire face aux
problèmes d’étanchéité à l’air
et aux ponts thermiques tout
en proposant des matériaux à
haut pouvoir isolant durable
dans le temps, en intégrant
le meilleur bilan carbone
possible. On sait réaliser
une très bonne étanchéité
à l’air pérenne, conforme à
la RT 2012 , en utilisant les
matériaux des filières béton et
terre cuite. À condition bien
sûr de respecter les règles de
l’art dans leur mise en œuvre,
et de gérer avec attention les
interfaces avec les corps d’état
gazeux, dont le rendement thermique, à pleine
charge ou à charge partielle, est supérieur à 90%
et le rendement électrique supérieur à 10%.
Mesure des consommations d’énergie par
usage Les bâtiments d’habitation devront être
équipés de systèmes permettant de mesurer ou
d’estimer la consommation d’énergie de chaque
logement, et d’informer les occupants, au minimum chaque mois, de leur consommation par
type d’énergie et par usage: chauffage, refroidissement, production d’eau chaude sanitaire,
réseau de prises électriques, autres.
Étanchéité à l’air Les exigences d’étanchéité à
l’air de l’enveloppe, déjà associées à l’obtention
du label BBC-Effinergie, sont en toute logique
entérinées par la RT 2012 et constituent pour les
entreprises le principal enjeu au stade de la mise
en œuvre des bâtiments. La perméabilité à l’air se
quantifie par la valeur du débit de fuite traversant
l’enveloppe sous un écart de pression donné. Elle
est exprimée en m3/(h.m2) d’enveloppe sous une
dépression de 4 pascals. La surface de l’enveloppe
considérée est celle des parois déperditives ATbat
du bâtiment, dont on exclut les planchers bas. Le
niveau exigé pour les maisons individuelles doit
être inférieur ou égal à 0,6 m3/(h.m2). Pour les
immeubles collectifs d’habitation, il doit être inférieur ou égal à 1 m3/(h.m2) sous 4 pascals. À titre
de comparaison, les valeurs par défaut fixées par
la RT 2005 sont de 1,3 pour le logement individuel et de 1,7 pour le logement collectif.
Traitement des ponts thermiques
Le ratio de transmission thermique linéique moyen global – ratio Ȍ – des ponts thermiques du bâtiment ne pourra excéder
0,28 W/(m2SHONRT.K). Ce ratio est la somme
des coefficients de transmission thermique linéique multipliés par leurs longueurs respectives,
pour l’intégralité des ponts thermiques linéaires du bâtiment. Le coefficient de transmission
thermique linéique moyen des liaisons entre
les planchers intermédiaires et les murs donnant sur l’extérieur ou un local non chauffé –
Ȍ9 – n’excèdera pas 0,6 W/(ml.K). Autrement
dit, cette disposition oblige à traiter les ponts
thermiques!
(1) Décret 2010-1269 du 26 octobre 2010 et arrêté du 26 octobre 2010.
(2) Zone ANRU (Agence nationale pour la rénovation
urbaine) : zone d’aménagement et de rénovation urbaine,
ouvrant droit, pour les primo-accédants, à la TVA à 5,5% au
lieu de 19,6% pour l’acquisition d’un logement neuf.
secondaires (incorporations,
canalisations, liaisons avec
les ouvertures, charpente…).
Pour les ponts thermiques, les
industriels ont conçu des rupteurs avec compléments d’isolation au niveau des dalles,
appuis d’ouvertures, linteaux
et coffrets de rideaux roulants.
Malgré tout, certains points
singuliers, tels que les balcons,
deviennent compliqués car
nous devons aussi intégrer
les règles de l’accessibilité.
Pour faire du BBC, il ne s’agit
pas d’inventer de nouveaux
matériaux mais de faire des
choix techniques adaptés à la
physionomie des bâtiments :
l’isolation par l’extérieur est
bien adaptée pour des bâtiments d’habitat collectif ; la
brique monomur et le béton
cellulaire sont très compétitifs
pour l’habitat individuel et
le tertiaire. Toutefois, le BBC
implique souvent d’augmenter l’épaisseur des matériaux
porteurs et isolants utilisés
dans nos principes constructifs
actuels (en passant par exemple, pour la brique monomur
et le béton cellulaire, de 37 à
50 cm) pour aller au-delà de
la RT 2012. Nous incitons
aussi les concepteurs de projets
à utiliser au maximum l’inertie thermique des matériaux
pour apporter confort en été et
bonne restitution des calories
en hiver. Mais nous souhaiterions que le développement
technique de nos matériaux
nous permette de construire
encore plus rapidement, avec
des réponses adaptées à tous
types de problématiques –
architecturales, structurelles,
spécificités régionales… –,
en valorisant encore plus les
salariés de nos entreprises
pour remettre certains clichés
au placard ! »
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
57
I N N O V A T I O N
Deux nouveaux Pass’Innovation
attribués à des entreprises du bâtiment
’innovation n’est pas seulement
le fait des industriels. Deux
Pass’Innovation accordés récemment par le CSTB montrent que
les entreprises du bâtiment sont
elles aussi capables de porter des
projets novateurs, qui plus est en
phase avec les objectifs du Grenelle
de l’environnement. Les établissements Lespiaucq Bois et Habitat,
dans les Landes, et la société Maison naturelle en béton de chanvre (MNBC), en Sologne, ont reçu
un Pass’Innovation pour un système constructif semi-industrialisé
développé en interne. Le premier
concerne des panneaux de structure dédiés à la construction bois, le
second des panneaux de façades en
béton allégé (mur porteur) et béton
de chanvre (isolation).
C’est en faisant un constat simple
qu’Éric Lespiaucq, gérant de l’entreprise qui porte son nom, a eu l’idée
de développer son propre système
constructif : « Dans la construction
bois, l’épicéa a envahi le marché.
Or, il s’agit de bois acheté à l’étranger, dont le transport a un impact
important en termes de bilan carbonne. Il y a aussi une concurrence
importante de panneaux constructifs importés de l’étranger. J’ai donc
choisi de me démarquer avec une
gestion durable du produit en utilisant une essence locale.» Un choix
courageux car, pour le moment, la
filière forestière landaise n’est pas la
plus adaptée au bois de construction : « 85 % de la production part
dans l’industrie papetière, le reste
58
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
intéresse les parquets et lambris.
En outre, le pin landais est un bois
nerveux, de petites sections et de
petites longueurs. C’est aussi un
bois noueux qui n’est pas de premier choix.» Ces particularités ont
imposé le développement d’un
panneau spécifique réalisé avec de
petites sections.
PANNEAUX BOIS
STRUCTURAUX
Appelé « Mur Bois Landais », le
procédé est un système constructif semi-industrialisé structure bois,
permettant la réalisation de murs
porteurs en panneaux de grandes
dimensions. Il est dédié à la réalisation, en France métropolitaine
(hors zone sismique), de murs porteurs de façade et de refends de maisons individuelles (éventuellement
jumelées ou en bande) comportant
au plus un étage sur rez-de-chaussée. Les panneaux structuraux sont
prévus pour une utilisation en classes de service 1 et 2 (NF EN 19951-1) et en classes d’emploi 1 et 2
(NF EN 335). Ils sont constitués
d’une alternance de planches en
pin maritime et d’isolant rigide
en laine de roche. Les planches en
bois massif de 27 mm d’épaisseur
sont empilées en sept plis croisés à
90 ° et fixées mécaniquement entre
elles par des pointes. L’épaisseur
totale des panneaux est de 200 mm.
Les parois présentent des dimensions de 2,50 m de hauteur et de
1,20 m de largeur. Elles sont destinées à être revêtues intérieurement
1
1 HABITATION réalisée avec
le procédé « Mur Bois Landais ».
2 PANNEAUX EN BÉTON DE
CHANVRE proposés par la société
MNBC.
2
par un doublage en plaques vissées
sur ossature, conformément aux
prescriptions du NF DTU 25.41
« Ouvrages en plaques de plâtre »,
et, extérieurement, par un bardage
bois conformément aux prescriptions du NF DTU 41.2 « Revêtements extérieurs en bois ».
PANNEAUX BÉTON
DE CHANVRE
De son côté, Laurent Charvoz,
créateur de la société MNBC, s’est
intéressé à l’industrialisation de la
construction en béton de chanvre.
Avec, explique-t-il, « la volonté de
faire du beau, de la performance
avec des matériaux naturels et peu
consommateurs en énergie grise ».
Ainsi, le procédé qu’il a développé
est une préfabrication de panneaux
mixtes, à base de béton léger en
pouzzolane et de béton de chanvre, solidarisés pour la réalisation
des murs porteurs. Les panneaux
standard ont des épaisseurs comprises entre 36 et 43 cm dans le
cadre d’une construction BBC.
© MNBC
L
Les murs intérieurs en chanvre sont
destinés à être revêtus d’un enduit
à la chaux ou de tout autre revêtement dont la compatibilité avec le
support a été vérifiée. À l’extérieur,
les murs doivent être revêtus d’un
enduit à la chaux dont la réalisation
est conforme aux indications du
NF DTU 26.1 « Travaux d’enduits
de mortiers ». Pour le moment, le
procédé est destiné à la réalisation
de murs porteurs de maisons individuelles en rez-de-chaussée dans
les zones de sismicité 1a, 1b et II,
et dans les conditions d’applications décrites par les règles PS-MI
89 révisées 92. Les Pass’Innovation
obtenus par ces deux sociétés ont
encore une durée de validité d’environ un an, cette période devant être
mise à profit pour rassembler les
éléments manquants qui leur permettront de déboucher sur un Avis
technique.
POUR EN SAVOIR PLUS
www.cstb.fr
© LESPIAUCQ
En mettant en place les Pass’Innovation, le CSTB
n’imaginait peut-être pas que les entreprises
du bâtiment se montreraient aussi novatrices
que les industriels. C’est pourtant le cas !
La preuve avec deux établissements distingués
pour un système constructif développé en interne.
N O R M A L I S A T I O N
Comment est organisée la normalisation
en France et dans le monde?
INSTANCES ET CIRCUIT DE DÉCISION
FRANCE
EUROPE OU INTERNATIONAL
CN
BN
CN
BN
AFNOR
CN
CN
BN
TC
TC
CEN
ou
ISO
CN
CN
TC
CN
BN : bureau de normalisation – CN : commission de normalisation – TC : technical committee (comité technique)
U
ne norme est un document établi par consensus
entre tous les acteurs concernés
et édité par un institut de normalisation. Par exemple, les normes de travaux de bâtiment NF
DTU, éditées par l’Afnor(1) qui
est le responsable de la normalisation en France, sont le résultat
d’un consensus entre les entreprises de bâtiment, les maîtres
d’ouvrage et maîtres d’œuvre, les
fabricants, les contrôleurs techniques…
Dans la pratique, les discussions
sur un projet de norme s’effectuent lors de réunions organisées
par un bureau de normalisation
ou directement par l’Afnor. Il y
a actuellement, en France, vingtcinq bureaux de normalisation
qui fonctionnent par délégation d’Afnor. Ainsi, par exemple, la grande majorité des NF
DTU sont discutés dans les réunions organisées par le Bureau de
normalisation des techniques et
60
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
équipement de la construction
du bâtiment, le BNTEC, financé
et animé par la FFB et ses unions
et syndicats de métier. Le regroupement des personnes qui participent à ces réunions sur un sujet
donné est appelé une commission de normalisation. Le BNTEC
gère environ quatre-vingts commissions de normalisation, dont
un peu plus de la moitié sont actives en même temps. Elles concernent de nombreux sujets tels que
les travaux de couverture, l’exécution des ouvrages en béton, les
travaux de revêtements de sols,
les installations de gaz, les fermetures et stores…
Parfois appelés « experts », sans
pour autant être experts d’assurance ou judiciaires, les membres des commissions de normalisation sont avant tout des
personnes qui connaissent bien
leur métier, tant au niveau de la
technique que des enjeux stratégiques et économiques. Quicon-
que le souhaite peut demander à
être membre d’une commission
de normalisation. Les artisans et
entrepreneurs peuvent prendre
contact à cet effet avec leur fédération locale ou l’union ou le syndicat national de leur métier.
La plupart des normes relatives
aux produits sont maintenant élaborées au niveau européen, voire
international. Les discussions sur
un projet de norme s’effectuent
alors à deux niveaux : au niveau
français et au niveau européen
ou international. Des représentants des différents pays sont réunis dans des comités techniques
(en abrégé TC comme Technical
Committee) qui sont, à l’échelle
européenne ou internationale,
l’équivalent des commissions de
normalisation. Chaque représentant va défendre la position qui a
été préalablement décidée dans
son pays. En France, ce sont les
membres de la commission de
normalisation française qui vont
discuter de la position à défendre
et décider qui va aller la défendre lors des réunions des comités
techniques. Sans nécessairement
se déplacer dans les réunions
européennes ou internationales,
un membre d’une commission
de normalisation française peut
donc influer sur le contenu d’une
norme européenne ou internationale en étant membre de la commission française qui suit les travaux du comité technique. Les
comités techniques sont gérés par
les instituts de normalisation (les
équivalents de l’Afnor) des différents pays(2). Ces instituts sont
regroupés dans des organisations
non gouvernementales de normalisation européenne (CEN(3))
et internationale (ISO(4)). Une
norme internationale est donc
publiée par l’ISO et chaque institut de normalisation membre
de l’ISO peut l’adopter en tant
que norme nationale, mais ce
n’est pas une obligation. Ainsi,
certaines normes ISO sont reprises par l’Afnor en norme NF ISO.
D’autres ne portent pas le préfixe
NF et cela signifie que les experts
français n’ont pas jugé utile de
l’inclure dans la collection des
normes françaises ou ne sont pas
d’accord avec son contenu. Les
normes européennes (EN) ne
sont pas publiées par le CEN, mais
sont mises à la disposition des
instituts de normalisation membres du CEN, qui doivent obligatoirement les publier en tant
que norme nationale. En France,
toutes les normes européennes
sont donc publiées par l’Afnor en
norme NF EN. Certaines normes
internationales peuvent être reprises en normes européennes. En
France, elles deviennent alors des
NF EN ISO.
(1) Association française de normalisation.
(2) BSI au Royaume-Uni, DIN
en Allemagne, UNI en Italie, AENOR en
Espagne, NBN en Belgique…
(3) Comité européen de normalisation.
(4) International organization
for standardization (Organisation internationale de normalisation).
F O R M A T I O N
Des formations pour bien aborder
le marché de l’accessibilité
’échéance du 1er janvier
2015 (voir p. 26) et l’importance du volume de travaux estimés (30 milliards d’euros) pour
la mise en conformité des ERP (1)
inscrivent le « marché de l’accessibilité » dans une perspective à
court terme pour la profession.
De même, le vieillissement de la
population européenne, couplé
avec la recherche d’une autonomie la plus longue possible de nos
aînés, entraîne une opportunité
nouvelle d’activité pour les entreprises. Comme celui de la rénovation énergétique, le marché de
l’accessibilité relève toutefois d’une
approche particulière, dont la première étape, aux yeux de la FFB,
L
ne peut être que la formation. Ce
constat, qui avait orienté l’élaboration des premières formations
« accessibilité » en 2006, a guidé la
rédaction de nouveaux cahiers des
charges pour des formations centrées notamment sur les ouvrages
résidentiels et les ERP.
Ces formations mettent toutes
l’accent sur l’importance, dans
ce marché, de connaître le client
et de tenir compte de sa spécificité. Elles distinguent les approches « client » et « mise en œuvre ».
Dans la première approche, le
professionnel apprend à se positionner comme interlocuteur
unique « accessibilité » des maîtres d’ouvrage publics, mais aussi
preuve d’une vraie capacité
d’écoute, savoir respecter un cahier
des charges ou l’engagement sur
un délai, réduire au minimum les
nuisances, etc. Savoir regrouper
les travaux afin d’éviter leur éparpillement fait également partie
de cette compétence. Les nouvelles formations devraient être proposées par les instituts de formation et de recherche du bâtiment
(IFRB) dès le début 2011. Elles
pourront, à l’initiative des professionnels, être valorisées en appui
de la qualification Qualibat 9171
« Travaux d’accessibilité de logements ».
des particuliers, personnes âgées
ou handicapées. Allant au-devant
de la demande pour proposer ses
services d’études, il doit maîtriser l’environnement technique et
réglementaire des projets, savoir
dans quels cas s’applique la réglementation, identifier les prestations à réaliser et les corps d’état
concernés, voire proposer et piloter des « offres globales ».
La mise en œuvre, qui ne relève
pas de savoir-faire techniques
nouveaux, nécessite elle aussi
une formation, car les travaux se
déroulent le plus souvent – pour
les logements – en milieu occupé,
en interface étroite avec d’autres
corps d’état. Il faut là aussi faire
(1) Établissement recevant du public.
ITE Trois formations pour une activité en développement
oyen privilégié de réduire
les consommations énergétiques du bâtiment, l’isolation
thermique par l’extérieur (ITE)
a été remise au goût du jour par
le Grenelle de l’environnement.
Depuis 2008, un groupe de travail
spécifique ITE, qui réunit les professionnels des différentes unions
et syndicats de la FFB, s’attache
à mieux faire connaître et mieux
structurer cette technique que les
maçons, peintres, couvreurs, etc.
pratiquent de plus en plus comme
une activité à part entière.
Une étape importante dans la
démarche a été franchie en juillet
dernier avec le lancement d’appels d’offres pour des formations.
Dans un domaine où n’existait
qu’une seule proposition, centrée
sur l’exécution des enduits minces sur isolant, la FFB a l’ambition
d’élaborer un dispositif complet.
Celui-ci comprendra trois modules, ouvrant un accès « marché » et
pas seulement « technique » aux
© UNEEF-FFB
M
LES PLATES-FORMES mises à la disposition des compagnons doivent
permettre de s’exercer sur de grandes surfaces ainsi que sur les points
singuliers en matière d’ITE.
entreprises. Le premier module
(d’une durée de deux jours) donnera toutes les clés nécessaires
aux dirigeants et chefs d’entreprise pour cerner ce marché – et
ses enjeux financiers, réglemen-
taires, commerciaux –, procéder
à l’analyse d’un chantier et structurer une offre autour d’une ou de
plusieurs techniques.
Le deuxième module (deux jours)
s’adresse aux dirigeants et respon-
sables opérationnels ; il traitera
des trois aspects capitaux d’un
chantier que sont la préparation,
la coordination et l’évaluation. Le
troisième module (cinq jours)
est destiné aux compagnons et se
subdivise en quatre sous-modules correspondant aux différentes
techniques d’ITE (enduits minces ; enduits hydrauliques épais ;
bardage ; vêture et vêtage).
Réalisé sur plates-formes opérationnelles, ce dernier module
s’intéresse à toutes les facettes de
l’exécution (réception et préparation de support, mise en œuvre,
traitement des points singuliers,
etc.) et intègre un volet autocontrôle.
Les premières offres, réceptionnées début septembre, sont à
l’étude avec le réseau des IFRB
(Instituts de formation et de
recherche du bâtiment). L’objectif est de lancer les premières
sessions dès le début de l’année
2011.
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
61
R E G L E M E N T A T I O N
DÉSENFUMAGE NATUREL
Un élément clé de la prévention incendie
Pour assurer l’évacuation des fumées, la réglementation
française accorde une place importante au désenfumage naturel.
La fiabilité des dispositifs est garantie par
le respect des instructions techniques et normes en vigueur.
D
ans 80 % des cas, les décès
suite à un incendie sont dus
aux fumées et gaz chauds générés.
En effet, ceux-ci présentent des
risques liés à leur température, à
leur opacité, à leur toxicité (dégagement de monoxyde de carbone
CO), ainsi qu’un risque d’asphyxie
par manque d’oxygène. Le désenfumage – naturel (ouvrants/exu-
toires sur l’extérieur) ou mécanique – constitue donc un point
essentiel en matière de prévention
des risques d’incendie, en remplissant plusieurs fonctions : rendre praticables les cheminements
d’évacuation des occupants, sans
panique et en sécurité ; permettre
aux services de secours de découvrir rapidement le foyer et de
procéder à l’extinction ; limiter la
propagation de l’incendie en évacuant vers l’extérieur chaleur, gaz
et fumées de combustion.
UN DISPOSITIF TRÈS
RÉGLEMENTÉ
La question du désenfumage est
encadrée par les textes réglementaires en vigueur pour tous les bâti-
EXUTOIRES : LES EXIGENCES FRANÇAISES SUPÉRIEURES AU MARQUAGE CE
Obligatoire pour les exutoires de désenfumage depuis le 1er janvier 2007, le
marquage CE garantit leur conformité
à un ensemble d’exigences minimales
qui permet leur libre circulation dans
l’Union européenne. Cependant, des
exigences supplémentaires peuvent
être imposées par les réglementations
nationales. Ainsi, les exutoires mis
en œuvre en France métropolitaine
doivent supporter 25 kg/m2 de neige –
50 kg/m2 de neige au-dessus de 400 m
d’altitude – tandis qu’un dispositif
pare-neige est obligatoire au-dessus
de 800 m. Le marquage CE – SL250
(25 kg/m2) et SL500 (50 kg/m2) – permet d’identifier les produits répondant
à ces exigences françaises.
Lille
Rouen
Caen
Rennes
Paris
Amiens
Metz
Châlonsen-Ch.
Strasbourg
Orléans
Dijon
Nantes
Besançon
Poitiers
Limoges
ClermontFerrand
Lyon
Bordeaux
Montpellier
Toulouse
Marseille
Ajaccio
Sur l’étiquette CE
de l’exutoire,
vérifiez ici les
caractéristiques
« neige ».
62
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
Le marquage CE des
exutoires doit comporter
la mention suivante :
CE-SL250 (altitude # 400 m)
CE-SL500 (altitude entre
400 et 800 m)
CE-SL500 + pare-neige
(altitude % 800 m)
ments, avec des dispositions particulières en fonction de chaque
activité et de chaque type d’établissement. Ces règles ont pour
objectif la protection des occupants, le désenfumage des escaliers, le désenfumage des circulations horizontales, le désenfumage
des locaux accessibles au public.
Ces prescriptions réglementaires n’excluent pas la possibilité
d’adopter d’autres solutions de
désenfumage, sous réserve d’obtenir des résultats équivalents –
notamment qu’un balayage satisfaisant de la zone concernée soit
assuré – et que la stratification et
le mouvement naturel des fumées
ne soient pas contrariés.
La réglementation se traduit dans
les faits par la réalisation d’un exu-
RISQUE INCENDIE :
LES REPÈRES
Identique pour tous les
bâtiments, quel que soit le
matériau de construction
utilisé, le risque incendie
est lié à différents facteurs
comme l’aménagement
intérieur, la nature du
mobilier – en général fortement combustible dans
les logements – et l’état
des équipements, 34 %
des incendies d’habitation
étant dus à une défaillance
électrique. Il dépend aussi
du comportement des
occupants. Ainsi, 14 % des
250 000 incendies domestiques qui se produisent
chaque année en France
sont déclenchés par des
enfants. Selon les statistiques des assureurs, le coût
des incendies domestiques
s’élève à environ 1,3 milliard d’euros – supérieur de
160 % au coût des vols et
de 30 % à celui des dégâts
des eaux.
R E G L E M E N T A T I O N
toire de désenfumage naturel (voir
encadré p. 62), obligatoire pour
tous les escaliers sur les lieux de
travail, les escaliers des immeubles collectifs construits après
1986 et les escaliers des établissements recevant du public. En
outre, tous les locaux de plus de
300 m2 au rez-de-chaussée ou en
étage – et de plus de 100 m2 en
sous-sol ou aveugles – doivent
être désenfumés. La fiabilité des
dispositifs est garantie par une
mise en œuvre très précise, qui
doit respecter l’instruction technique 246 : ainsi, les escaliers doivent
bénéficier d’une surface minimum de désenfumage de 1 m2 et,
pour les locaux, un ratio de surface de désenfumage par mètre
carré de surface à désenfumer doit
être appliqué.
DÉSENFUMAGE ET
ÉCRAN DE CANTONNEMENT
Ce ratio dépend de la position
de l’ouvrant ou du coefficient de
l’exutoire (voir encadré). Enfin, les
mécanismes de déclenchement
des dispositifs de fermeture et de
désenfumage sont encadrés par
des textes réglementaires (instruction technique 247) et normatifs
(NF S 61 937). Ces textes sont
actuellement révisés, avec la participation de la FFB et du GimssiFFB(1), afin notamment de définir
les exigences minimales à imposer aux mécanismes de désenfumage à commande automatique
ou manuelle, ainsi qu’aux dispositifs d’écrans de cantonnement.
Ces derniers permettent, en cas
d’incendie, de limiter l’extension
du sinistre et de cantonner les
fumées grâce à un écran résistant
au feu situé sous le plancher. (1) Gimssi : Groupement des installateurs
et mainteneurs des systèmes de sécurité
incendie.
POUR EN SAVOIR PLUS
GIMSSI-FFB, tél. : 01 40 69 51 73,
www.gimssi.fr
AMIANTE Une obligation de certification
ou de formation
D
epuis la publication de l’arrêté «formation amiante» du
22 décembre 2009, toutes les entreprises qui interviennent sur des
chantiers en présence d’amiante
doivent répondre à des obligations.
Elles doivent, soit détenir une qualification (pour pouvoir réaliser
des travaux avec retrait), soit procéder à la formation de leur personnel et établir un mode opératoire (pour pouvoir réaliser des
travaux sans retrait de l’amiante).
La nature du chantier, avec ou
sans retrait de l’amiante, doit être
précisée dans le DTA (Document
technique amiante) qui est remis
par le maître d’ouvrage aux entreprises. Le tableau ci-après synthétise
les obligations des professionnels. POUR EN SAVOIR PLUS
www.gna.ffbatiment.fr
OBLIGATIONS LIÉES À LA PRÉSENCE D’AMIANTE
Confinement et retrait d’amiante (sous-section 3)
Activités
Interventions sans retrait
(sous-section 4)
Amiante non friable
Amiante friable
Cas particulier
(milieu extérieur)
Cas général
Respect des procédures décrites dans
le référentiel des normes NF X 46-010 et
NF X 46-011 et notamment :
- établir une notice par poste exposé,
Obligations - établir une fiche de poste pour chaque salarié,
- former le personnel exposé (formation
encadrée par les normes citées ci-dessus),
- établir un plan de retrait un mois avant.
Évaluation des risques :
- établir une notice par poste exposé,
- établir une fiche de poste
pour chaque salarié,
- former le personnel exposé,
- établir un mode opératoire.
- former le personnel exposé,
- établir un plan de retrait un mois avant.
Certification au qualification obligatoire,
Pas d’obligation (pour l'instant…).
délivrée par :
Certifications - Qualibat n° 1513 (friable) ou 1512 (non friable),
- AFAQ/AFNOR (friable ou non friable).
Pas d’obligation.
Selon normes NF X 46-010 et NF X 46-011
Source : Code du travail, section 3 – Risques d’exposition à l’amiante.
RÉGLEMENTATION PARASISMIQUE
Nouvelles dispositions au 1er mai 2011
A
ttendus avec impatience
par les professionnels
depuis plusieurs années, les textes(1) portant sur la réglementation parasismique ont été signés
par les ministres concernés et
promulgués au Journal Officiel
le 24 novembre dernier, remplaçant le précédent décret du
14 mai 1991 qui faisait référence
aux règles PS 92 (NF P 06-013).
Ils instituent le nouveau zonage
dans lequel les constructions
devront satisfaire aux exigences parasismiques et entérinent
l’entrée en vigueur des Eurocodes. La nouvelle réglementation entrera en application au
1er mai 2011. Cependant, l’arrêté
accorde aux maîtres d’œuvre une
période transitoire de deux ans,
durant laquelle il leur sera possible de justifier leurs ouvrages soit
avec les règles PS 92, soit avec
les Eurocodes. À l’issue de cette
période, ils seront tenus d’utiliser les seuls Eurocodes. Cette
réglementation a pour principal
intérêt d’assurer une meilleure
prise en compte du risque sismique, tout en mettant fin à l’ambiguïté qui touchait l’utilisation
des Eurocodes en zone sismique.
Elle élargit également considérablement les impositions sismiques sur l’existant, notamment
vis-à-vis de l’ajout ou du remplacement d’éléments non structuraux. Les difficultés anticipées
concernant la déclinaison de ces
dernières impositions réglementaires ont amené la FFB à solliciter le ministère en charge de la
Construction pour une clarification rapide de ces éléments. (1) Décrets n°2010-1254 et 2010-1255 du
22 octobre 2010 ; arrêté du 20 octobre 2010
relatif à la classification et aux règles de
construction parasismique (bâtiments à
risque normal).
POUR EN SAVOIR PLUS
• www.planseisme.fr
• FFB DAT (Direction des affaires
techniques), tél. : 01 40 69 52 65
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
63
E N V I R O N N E M E N T
PROS DE LA PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE
Une dynamique bien lancée
Le label « Pros de la performance énergétique » fait chaque jour des émules
auprès des entrepreneurs et artisans !
L
es entrepreneurs et artisans
labellisés « Pros de la performance énergétique » sont, avec
l’appui de la FFB, mieux armés
pour relever le défi de l’efficacité
énergétique, quel que soit le type
de marché traité. Depuis octobre,
Qualibat est chargé de la gestion
et de l’attribution de la marque
intégrant un audit sur chantier,
gage supplémentaire de crédibilité. La signature en décembre 2010 d’une convention entre
la FFB et la Fédération nationale des agences immobilières
(Fnaim) va dans le même sens.
En préconisant aux particuliers,
bailleurs ou syndics de choisir
les « Pros » pour effectuer les travaux, la Fnaim met en avant la
carte de la sécurité et de la qualité des prestations.
SITE INTERNET DÉDIÉ
Autre nouveauté : la mise en ligne
en janvier 2011, d’un site Internet
destiné à la fois aux particuliers
et aux professionnels. L’objectif
principal ? Les faire se rencontrer, donc créer des opportunités de développement pour les
entreprises. L’espace grand public
fournit des réponses aux questions que chacun se pose lorsqu’il
souhaite engager une rénovation
énergétique ou faire construire
un bâtiment BBC ou mieux
encore, à énergie positive. Il permet de concrétiser son projet en
fonction de ses propres besoins.
Cet espace grand public propose, en particulier, une application qui, sur le modèle des jeux
de gestion ou de stratégie, fait
passer de manière ludique des
messages essentiels sur les bons
réflexes, la planification des travaux, les équipements ou encore
les financements, pour atteindre
l’efficacité énergétique attendue.
Enfin, il permet surtout d’accéder à l’annuaire des « Pros »,
via une recherche géolocalisée.
Quant à l’espace réservé aux
« Pros », il contient notamment
une base documentaire complète
(techniques constructives, assurances, modèles de contrat avec
ou sans engagement de performance…) qui aide l’entreprise à
remplir pleinement son devoir de
conseil. Il propose également de
véritables scénarios d’entraînement à la relation commerciale :
échanges d’e-mails, conversations
téléphoniques, entretiens formels
ou informels… Complément
très attendu du kit d’outils déjà
mis à leur disposition, conçu avec
et pour les « Pros », ce site augmente fortement la visibilité de
la marque et contribue à chan-
LES CONDITIONS POUR OBTENIR
LA MARQUE «PROS»
• Signer la charte Bâtir avec l’environnement de la FFB
• Détenir une qualification Qualibat, Qualifelec ou, sous certaines
conditions, une appellation Qualit’EnR
• Se former avec les programmes FEEBat (voir p. 8).
L’obtention de la mention « efficacité énergétique » justifie qu’une
partie du personnel est formée.
www.feebat.org
ger l’image du métier. Il verra
prochainement son impact
démultiplié par des liaisons avec
les réseaux sociaux les plus fréquentés.
POUR EN SAVOIR PLUS
• Contactez votre fédération départementale ou Qualibat.
• www.performance-energétique.
lebatiment.fr
« UN LEVIER QUI NOUS A PERMIS
D’AUGMENTER DE 30 % NOTRE
CHIFFRE D’AFFAIRES »
Stéphane Lonjon, gérant de la société SO.GE.
BA (charpente, couverture, maçonnerie…),
Saugues (Haute-Loire).
« Les questions d’efficacité énergétique sont inscrites
dans l’histoire de notre société depuis sa création, dans
les années 80. Avec les formations FEEBat suivies dès
2008, nous avons franchi un cap. Cette approche élargit
notre vision, nous permet d’apporter au client un conseil
fondé sur un argumentaire techniquement plus robuste,
donc plus crédible.
Dans la restauration de maisons anciennes (environ
70 % de notre activité), nous pouvons proposer une
offre plus globale. Cela se traduit dans les chiffres,
avec une progression de 30 % du chiffre d’affaires sur
le dernier exercice, et l’embauche de deux personnes.
Ma priorité est maintenant de créer un groupement
d’entreprises (électriciens, chauffagistes, etc.), afin de
vendre un service complet. En tant qu’ambassadeur des
« Pros », j’espère convaincre ces partenaires – et d’autres
entreprises – de s’engager à leur tour dans la démarche.
Simple d’accès, peu coûteux, le dispositif « Pros »
montre que l’entreprise avance, s’ouvre à d’autres
manières de travailler. En ce sens, il constitue un facteur
de motivation en interne. De plus, la marque représente
un atout indéniable, dès les premiers contacts, pour
raisonner avec le client, moins en termes de prix que de
prestations, dont la qualité se juge sur vingt ans, voire
davantage. En Haute-Loire, les acheteurs de résidences
secondaires sont sensibles à ce discours, qui passe aussi de
mieux en mieux auprès de la population locale.
Une grande partie du territoire se situe à 1 000 m d’altitude :
l’isolation et le chauffage restent de vrais enjeux. Les
politiques nous ont lancé
un défi majeur. C’est
SO.GE.BA., SAUGUES (43)
aujourd’hui qu’il faut
Entreprise
prendre le train en marche.
titulaire
de la marque
Après, il sera trop tard. »
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
65
© CENTRE LE BELLOY
ZOOM CHANTIER
ENVELOPPE MAÎTRISÉE
ET ACCESSIBILITÉ HORS PAIR
Compact avec des espaces rationalisés limitant les déperditions par l’enveloppe, le centre
de formation des apprentis du BTP Le Belloy, à Saint-Omer-en-Chaussée en Picardie, est tout
aussi exemplaire au niveau de la gestion des espaces adaptés au handicap. Un bâtiment
où conception et réalisation sont représentatives de ce que sera la construction post-Grenelle.
L’orientation du bâtiment a
été particulièrement travaillée
par Franck Van Der Henst,
architecte du programme. Les chambres orientées est ou ouest bénéficient à plein des apports solaires. Les
pignons sud et nord étant réservés
aux accès. Structure en sapin massif
et vêture en clins de sapin traités par
autoclave. L’option bois a permis
d’optimiser la gestion des ponts thermiques, l’objectif conceptuel étant
de réaliser une enveloppe compacte,
chaude et étanche en supprimant
toute forme de déperdition. À noter :
l’utilisation de matériaux locaux limitant l’impact carbone (sapin de pays
en majorité et briques terre cuite).
66
BÂTIMÉTIERS
DÉCEMBRE 2010
© CENTRE LE BELLOY
1
Conception
2
Enveloppe
E
4
A
Accessibilité
des espaces
d
C
C’est
l’un des points forts de la
cconstruction, une enveloppe chaude
ssans aucune traversée susceptible de
nuire à l’étanchéité à l’air. L’isolation en paroi est
obtenue, de l’extérieur vers l’intérieur, par 200 mm
de laine minérale, un pare-vapeur parfaitement
étanche à l’air et un complément de 100 mm de
laine minérale sur structure métallique désolidarisée pour éviter les ponts thermiques. En toiture,
une double couche de panneaux de mousse
polyuréthanne (150 mm) complète les 200 mm de
laine minérale. Une toiture végétalisée couvre l’ensemble, cette dernière apportant un complément
d’isolation non pris en compte dans les calculs.
3
Équipements
ttechniques
basiques
Résultat d’une isolation performante et d’une étanchéité à l’air maîtrisée, des équipements techniques
simples et efficaces : ventilation double flux avec
échangeur, limitant les besoins calorifiques liés au
renouvellement de l’air, plancher chauffant mis en
œuvre sur un isolant de 55 mm – continuité de l’enveloppe oblige – et pompe à chaleur par aérothermie
(PAC air/eau) avec un COP moyen standard de trois,
soit une puissance calorifique restituée trois fois
supérieure à celle consommée. Une solution jugée
acceptable tant sur le plan environnemental que sur
le plan économique. L’objectif étant d’atteindre la
THPE (Très haute performance énergétique) sans avoir
recours à des équipements techniques sophistiqués
et sujet à un entretien régulier.
D
Destiné
à recevoir des personnes en
ssituation de handicap, le bâtiment a
été travaillé de façon à faciliter l’accessibilité :
circulations généreuses, portes coulissantes
pour les salles de bains, cuvette de toilette
allongée, plans vasques spécifiques… Autant
d’équipements qui, tout en répondant scrupuleusement à la réglementation, assurent un
confort optimal pour les utilisateurs. À noter
sur le plan de la conception, le patio central qui
constitue un apport de lumière naturelle et dont
la structure bois symbolise des troncs d’arbres.
DÉCEMBRE 2010
BÂTIMÉTIERS
67
© V. LELOUP
LA PAROLE À
continué à progresser. Ils rassemblent
aujourd’hui quelque 3000 femmes
et, malgré quelques résistances masculines, sont présents dans la quasitotalité des départements.
2002 a été un tournant important dans ce parcours. Cette annéelà, le président Christian Baffy
invite Marie-Renée Bordeau, la
première présidente des groupes
femmes, à siéger au comité exécutif de la FFB, et la campagne
« 30 000 femmes sur les chantiers »
marque l’engagement de la Fédération en faveur de la féminisation
de la profession. Depuis juin 2008,
date à laquelle le président Didier
Ridoret m’a demandé d’accepter de
présider ce réseau, les groupes femmes poursuivent leur travail de partage et de mutualisation et sont associés à toutes les grandes initiatives de
la FFB. Un de leurs récents temps forts
a été, en décembre 2009, le séminaire
«Bâtir avec l’environnement: soyez
prêtes». Il leur a donné l’occasion de
montrer comment elles accompaaux appels d’offres, le
ggnent ce bouleverMERIAU
choix d’une assurance, ALINE
ssement du métier
EN BREF
le contact client, etc.) et
eet s’y impliquent.
d’une
Mieux, à travers
de se familiariser avec Cogérante
M
entreprise d’électricité
les nouvelles techno- créée en 1998, Aline
lles témoignages
Meriau s’implique
des premières femlogies, entre autres depuis plus de dix ans
d
les groupes
mes ambassadeurs
dans le cadre du pro- dans
m
femmes de la FFB.
des Pros de la perjet e-bat (dématériali- Elle en a été nommée
d
en 2008. Elle
formance énersation, numérisation, présidente
f
préside par ailleurs un
centre de formation des
géolocalisation, etc.).
ggétique, elles ont
apprentis du bâtiment
montré qu’elles
De premières avan- du Loiret. Elle est aussi
m
de la
se forment (FEEcées ont marqué cette administratrice
s
Chambre de métiers et
Bat) et s’engagent
période, telle la créa- de l’artisanat du Loiret.
B
d’ores et déjà dans
tion du BCCEA (bred
vet de collaborateur de
ll’acquisition de la
chef d’entreprise artisanale) par les technique pour une élévation des
Chambres de métiers. Les femmes ont compétences de leurs entreprises,
ainsi construit peu à peu le socle de afin de relever les défis du Grenelle
leur reconnaissance, et les groupes ont de l’environnement.
LA TECHNIQUE, UN NOUVEAU
CHALLENGE POUR
LES GROUPES FEMMES ?
Personne ne s’étonne aujourd’hui de
voir des femmes siéger dans les instances dirigeantes de la FFB, exercer un
mandat – et souvent plusieurs – dans
telle ou telle instance (Prud’hommes, Chambre de métiers, etc.) ou
être les premières à se mobiliser dans
une initiative de la profession. Il faut
s’en réjouir, sans oublier que la reconnaissance de la place et du rôle des
femmes dans nos entreprises et nos
organisations est une conquête que
l’on doit pour beaucoup au travail des
«groupes femmes» de la FFB. Cette
longue histoire a commencé en 1981
– il y aura trente ans en 2011 –, à l’initiative des femmes conjointes ou collaboratrices d’entrepreneurs, vouées
à la gestion et aux tâches administra-
tives des entreprises. Ces femmes se
réunissaient de façon conviviale et
s’entraidaient en mutualisant leurs
savoir-faire et en partageant des informations pour mieux utiliser les services de la profession.
Sous la pression des besoins, ces groupes ont pris leur essor au milieu des
années 90, trouvant un terreau fertile à leur réflexion et à leur activité
dans deux programmes européens:
Perle (Professionnelles et responsables dans leur entreprise), puis AIMS
(Adaptation, innovation, management et savoir-faire). Ceux-ci ont
permis aux femmes de développer
des outils pour traiter des sujets quotidiens de la vie des entreprises (l’embauche d’un apprenti, la réponse
Revue éditée par IT-FFB (Institut technique de la Fédération française du Bâtiment). 9 rue La Pérouse 75784 Paris Cedex 16 Tél. : 01 40 69 52 58 - www.ffbatiment.fr - Association déclarée – Siret 301 652 673 0015 - Code APE 913E –ISSN 1772-3078 - Dépôt légal à
parutionDIRECTEURDELAPUBLICATION :DidierRidoretDIRECTEURDELARÉDACTION :Jean-PierreRocheCOMITÉDERÉDACTION:Membres
de la Fédération française du Bâtiment, de ses Fédérations départementales et régionales, de ses Unions et Syndicats de métiersJOURNALISTES : Jean-Marc Brujaille, JeanFrançoisNicolas,StéphanieLacaze,StéphaneMiget,FrançoisSalanneCONCEPTIONETRÉALISATIONIDÉÉDITION :AndréHaillotte,PierreSalanne,NellyHurlé,CarolinePalma,ChristopheBajot,KatiaBoudetFABRICATION :Sphinx/Sib(Imprimésurdupapierissudeforêtgéréedurablement)TIRAGEDECENUMÉRO :72 000exemplairesPHOTO DE
COUVERTURE : B. Teillet/Andrieu Pernot Architecture PRIX DU NUMÉRO : 25 € TTC ABONNEMENT ANNUEL : 80 € TTC (4 numéros) SERVICE
ABONNEMENT : SEBTP - Tél. : 01 40 69 53 05 RÉGIE COMMERCIALE : IT-FFB –Tél. : 01 40 69 57 68 ANNONCEURS : Ademe (3e couv), CGI Bâtiment (p64), EBP (p64), Eco-systèmes (p51), EDF (4e couv), GDF Suez, Dolce Vita (2e couv, p5), Gestion BTP (p37), Kiloutou (p42), MC Sécurité
(p31), Océan (p31), Orange (p59), PK1 (p12), Pro BTP (p41), Rector (p18), Sage (p27), SMABTP (p22, p33), Weber (p7), Wolsley Batimob (p16)
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