l’éthique personnelle, singulière, reflétant une philosophie de la vie radicale où les valeurs
ultimes sont en jeu pour un être unique : celui qui prendra la décision.
Je suis du même avis que Michel Maffesoli lorsqu’il dit que la morale « représente un monde
qui n’est plus » après la phase de déconstruction philosophique post-nietzschéenne et
l’aventure de la post-modernité qui instaure l’ère de la pluralité des visions du monde. La
morale issue des Lumières, celle du Progrès, de la Science ou de l’Eglise s’est terminée en
« moraline » (Nietzsche) et en hécatombes, en holocaustes et en génocides au XXe siècle. Il
ne reste plus que le retour à la conscience individuelle de la personne qui prend toute la valeur
et l’enjeu du « vouloir-vivre » et de « l’instant éternel » en reconnaissance une éthique de
l’esthétique. Il s’agit de « créer sa vie, créer dans sa vie. Jouir au présent de ce qui est donné à
vivre »3. L’attitude philosophique conduit dans ce cas à l’émergence d’éthiques particulières
multiples dans lesquelles « Au-delà ou en deça des universaux – l’Humanité, la Classe, le
Parti, la Race, le Marché, dont le fondement est rationnel -, elles mettent l’accent, pour le
meilleur et pour le pire, sur le partage de valeurs spécifiques, et sur le sentiment
d’appartenance que cela ne manque pas d’induire ». (p.20)
Il me semble que nous pouvons, en vérité, réfléchir à trois orientations éthiques ;
- La première est celle du discours absolutisant et abstrait, élaboré et conceptualisé, qui veut
systématiser une morale fondée sur la raison raisonnante et l’impérialisme de valeurs prônées
par l’Occident. C’est la Morale, avec un grand M issue de la philosophie des Lumières, de la
Raison comme absolu et de la mise à l’écart de la vie affective et sensible.
- La deuxième s’inscrit dans un registre complètement singulier et dans la reconnaissance de
ce qui avait été perdu : la nature, la puissance des pulsions, la joie de la vie dionysiaque et de
l’effervescence sociale, comme Michel Maffesoli le décrit depuis des années dans toute son
oeuvre, mais que Michel Onfray vient également étayer à sa manière.
- La troisième, qui a ma préférence, sans refuser la précédente, la nuance en faisant remarquer
que sous le monde des apparences et des phénomènes multiples, émiettés, particuliers et
souvent recomposés en formes « tribales », réside un niveau plus secret, plus intime, à
découvrir par l’expérience de conscience holistique et noétique et que j’appelle la profondeur
de la non-dualité. Michel Maffesoli depuis longtemps, comme d’ailleurs d’autres chercheurs
en éducation (Michel Lobrot, Georges Lapassade, Patick Boumard, Remi Hess, Gabriele
Weigand) insistent pour valoriser la dissociation ordinaire et dénoncent « le mythe de
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3 Michel Maffesoli, Le réenchantement du monde. Une éthique pour notre temps, Paris, La Table Ronde, 206
pages, page 93.