Fiche : la balance des paiements – B. Papon-Vogler – 2012-2013 Page 4
4. Pour approfondir l’analyse …
a) L’explosion des investissements de portefeuille
La libéralisation des économies (en particulier dérégulation, décloisonnement, désintermédiation sur les marchés
financiers) d’une part, le vieillissement de la population et les difficultés de financement de la protection sociale (avec les
inquiétudes sur l’avenir du système de retraite par répartition) d’autre part, ont fortement contribué au développement des
investissements de portefeuille.
La généralisation des systèmes de capitalisation (les actifs préparent leur retraite en épargnant eux-mêmes durant leur
vie active), couplée avec le développement de la mondialisation et des investissements directs à l’étranger, a ainsi entraîné une
véritable explosion des échanges financiers.
Cette envolée des marchés financiers semble en partie atténuée dans la balance des paiements car celle-ci ne retrace
que le solde net des opérations. Par exemple, si un agent économique résidant en France achète des actions étrangères pour un
montant de 400 € (signe – dans la colonne « avoirs » [crédit] dans le compte financier au poste investissements de portefeuille),
les revend pour un montant de 450€ (signe + dans la même colonne), puis en rachète pour un montant de 550€ (signe -), on lira
simplement au final -500€ (= -400 +450 -550) dans la colonne « avoirs ».
b) Les déséquilibres des transactions courantes
On peut observer trois grands types de configuration : un pays peut être en équilibre (solde de la balance des
transactions courantes ≈ solde de la balance des capitaux [balance des capitaux = balance du compte de capital + balance du
compte financier]) ; en capacité de financement (excédent de la balance des transactions courantes, donc déficit de la balance
des capitaux) ou en besoin de financement (déficit de la balance des transactions courantes, excédent balance des capitaux).
Un excédent de balance courante peut s’expliquer :
- par des facteurs conjoncturels : un pays exportateur de biens ou de services assez peu dépendant de l’extérieur pour ses
approvisionnements est positivement touché par une croissance importante de l’économie mondiale et au contraire
négativement affecté par une période de récession (exemple : Irlande)
- par des facteurs structurels : certains pays bénéficient d’avantages de compétitivité importants en raison de la qualité de leur
produit (compétitivité hors-prix : Allemagne ou Japon) ou de la faiblesse de leurs coûts de production, souvent liée à une main-
d’œuvre faiblement rémunérée ou un taux de change attractif pour les consommateurs étrangers (compétitivité-prix : Chine).
Un déficit de la balance courante peut s’expliquer par des raisons inverses. Toutefois, même si on établit souvent un
lien entre déficit de la balance commerciale et besoin de financement, il ne faut pas confondre balance commerciale et balance
des transactions courantes. En effet, d’autres facteurs que le commerce international (exportations et importations) entrent en
jeu. Ainsi, un pays peut présenter en même temps un déficit de sa balance commerciale et une capacité de financement (excès
d’épargne, balance des capitaux en déficit) s’il perçoit d’importants revenus (intérêts, dividendes) liés à ses investissements
passés.
c) Les processus de régulation : variation des taux de change et taux d’intérêt
Comptablement, un pays ne peut pas être en même temps en situation d’excédent des transactions courantes et
d’excédent des capitaux. Par contre, il peut connaître une tendance à l’excédent des transactions courantes (par exemple, c’est
un pays compétitif, qui exporte davantage qu’il n’importe) et une tendance à l’excédent de sa balance des capitaux (les
échanges de capitaux sont aujourd’hui beaucoup plus développés que les échanges de biens et services, et un pays peut
« attirer » fortement les capitaux extérieurs, par exemple car les taux d’intérêt y sont plus élevés, ou car les investisseurs
étrangers pensent que son économie est plus forte, que ses institutions sont plus solides, …). Dans les deux cas, la monnaie du
pays en question est plus demandée par les résidents étrangers que les devises étrangères ne sont demandées par les résidents
du pays. Sur le marché des changes, comme le prix de la monnaie varie en fonction des offres et des demandes, le taux de
change de la monnaie s’apprécie.
L’appréciation du taux de change entraîne alors une désincitation à investir dans le pays concerné ou à acheter ses
produits, qui deviennent alors relativement plus chers pour les agents étrangers. En sens inverse, les agents du pays concernés
sont davantage incités à investir à l’étranger ou à consommer des produits étrangers (qui eux deviennent relativement moins
onéreux).
Par contre, si les investisseurs étrangers ont des comportements très rigides et souhaitent toujours acquérir des
capitaux du pays, quel que soit le taux de change, alors l’équilibre de la balance des paiements passera par un déficit de la
balance des transactions courantes (en d’autres termes, les producteurs du pays seront fortement pénalisés par la hausse du
taux de change qui nuit à la compétitivité – Exemple de l’euro « fort » et de certains pays européens). Eventuellement, les
autorités monétaires peuvent alors décider de réduire les taux d’intérêt directeurs, afin que les investisseurs étrangers (au
moins à court terme) trouvent moins attractifs les placements dans la devise du pays considéré.