ÉDITION SPÉCIALE COP21
La Seine-Saint-Denis ne se
contentera pas d’accueillir
la COP21, elle sera elle-
même partie prenante de l’évé-
nement. Peut-être parce que plus
qu’aucune autre, elle connaît les
risques liés au réchau ement cli-
matique. Quelques chi res suf-
sent à rappeler la fragilité de ce
territoire très densément urbani-
et parfois socialement fragili-
sé: en 2003, la Seine-Saint-Denis
a été le 3e département français
le plus touché par la canicule en
termes de surmortalité. Et les Sé-
quano-Dionysiens consacrent en
moyenne près de 220 euros par
mois aux dépenses énergétiques
quand le revenu net moyen men-
suel excède à peine 1400 euros.
ÊTRE UNE FORCE
DE PROPOSITION
Dans ces conditions, répondre
présent à l’occasion de la COP21
coule de source. Ou pour le dire
comme le président du Conseil
départemental de Seine-Saint-
Denis, Stéphane Troussel: «Ici,
il faut continuer d’agir sur les
transports, la qualité de l’habitat,
les modes dalimentation. Car c’est
dans les territoires populaires que
les risques de l’inaction sont les
plus importants, compte tenu de
la vulnérabilité de certaines popu-
lations. Agir pour le climat, c’est
aussi agir pour le social.»
Les mois qui ont précédé cette
conférence mondiale l’ont mon-
tré: la Seine-Saint-Denis a aussi
son mot à dire en matière d’amé-
lioration de l’habitat, d’éducation
à l’environnement ou de change-
ment de nos modes de vie. As-
sociations, entreprises, établis-
sements scolaires, habitants:
comme on le verra dans ces pages,
ils sont nombreux à être force
de proposition dans cette lutte
contre le changement climatique.
Et durant la COP21, le Départe-
ment compte bien les accompa-
gner en rappelant que le combat
pour le climat se joue aussi en
grande partie là, dans nos péri-
phéries urbaines.
Nous y voici donc. Durant quinze jours, le monde entier va avoir les yeux rivés sur la
21econférence climat de l’ONU, mais aussi sur la Seine-Saint-Denis. Car le département et
ses habitants se revendiquent bien comme des acteurs à part entière de ce rendez-vous.
en énergies positives
Un département riche
Avant la COP, la COY
Du 26 au 28 novembre au Parc des Expositions de Villepinte,
le département accueillera la Conférence de la jeunesse
(COY) en avant-goût de la COP21. Organisé par une coalition
d’organisations non gouvernementales, cet événement trouve
toute sa place en Seine-Saint-Denis, collectivité territoriale la
plus jeune de France. Durant trois jours, 5000 jeunes venus du
monde entier présenteront ainsi des projets de lutte contre le
réchauffement climatique ou organiseront des tables rondes.
«Agir pour le climat, c’est
aussi agir pour le social.»
STÉPHANE TROUSSEL, président du Conseil
départemental de Seine-Saint-Denis
LE CHIFFRE
40 000
participants attendus
à la COP21,
dont 20 000 personnes
accréditées pour la
zone des négociations.
LA MISSION
Réduire
nos émissions de gaz
à effet de serre
de 40 % à 70 %
d’ici 2050
Le réchauffement
climatique sous l’œil
du scientifique
La COP21 à Paris
mais avant tout
en Seine-Saint-Denis
Tous acteurs pour
un monde de demain
éco-responsable
Le Département
au cœur de la transition
écologique
Observez sur le terrain
les actions concrètes
du Département
SEINE-SAINT-DENIS
On aimerait que les enfants soient au courant de ce qui se passe
autour d’eux. Le dérèglement climatique, on leur en parle beaucoup,
mais on ne leur explique jamais vraiment tout.»
Mélanie Perrin, professeure de sciences de la vie et de la Terre
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13
N°42 JANVIER - FÉVRIER 2015 SEINE-SAINT-DENIS
48 M¤70%
C’EST LE MONTANT AFFECTÉ
DANS LE BUDGET
PRÉVISIONNEL 2015
du Département à des actions
en faveur du climat : transports,
rénovation énergétique, actions
de sensibilisation.
IL FAUT RÉDUIRE LES
ÉMISSIONS DE GAZ À
EFFET DE SERRE
de 40 % à 70 % d’ici à 2050,
pour contenir la hausse
des températures à 2°C
d’ici à 2100.
«Mais monsieur, je suis pas scientifi que moi!»,
se justifi e Mohammed, questionné par Julien Au ret,
de l’association des Petits Débrouillards. La réponse
de l’animateur est immédiate: «Mais si tu l’es , c ’est
juste que tu ne le sais pas encore!» À raison de quatre
séances, cette classe de 4
e
du collège Raymond-
Poincaré de La Courneuve réfléchit sur le change-
ment climatique, sur le lien entre émissions de CO
2
et
hausse des températures.
En ce mercredi de décembre, Asma, Marwane ou Mouna
ont donc pu comprendre les conséquences du dérègle-
ment climatique sur la planète à partir de petites expé-
riences scientifi ques: «Par exemple, on a prouvé que
le CO
2
acidifi ait les océans. On a pu le démontrer avec
du jus de chou rouge qui réagit au dioxyde de carbone.
C’était marrant», explique Mohammed, devenu plus
bavard.
Les tests scientifiques proposés par les Petits Dé-
brouillards s’inscrivent au sein d’un parcours plus
large, proposé cette année à plusieurs établissements
par le Conseil général de la Seine- Saint-Denis: après
le volet scientifi que, les élèves travailleront ensuite sur
les enjeux économiques et politiques du débat sur le
climat, jusqu’à organiser une mini COP21 où ils joue-
ront à défendre les intérêts de di érents pays.
Par Christophe Lehousse
Photographies Eric Garault,
Franck Rondot
«On aimerait que les enfants soient au courant de ce qui
se passe autour d’eux. Le dérèglement climatique, on
leur en parle beaucoup mais on ne leur explique jamais
vraiment tout. Du coup, quand on a appris que le Conseil
général proposait ce genre de parcours, on a postulé»,
explique Mélanie Perrin, leur professeure de SVT.
Parce que la Seine-Saint-Denis est le territoire le
plus jeune de France, le Conseil général a décidé de
sensibiliser les citoyens de demain à la nécessité de
se battre pour le climat. C’est pourquoi il intervient
aussi dans d’autres établissements, comme le col-
lège Marais-de-Villiers à Montreuil, dont une classe
passera cette année encore une semaine au parc
départemental Georges-Valbon à la maison Edouard-
Glissant, spécialisée dans les thématiques du dévelop-
pement durable.
Lutter contre la précarité énergétique
Mais lutter pour le climat, c’est aussi travailler sur
d’autres domaines-clés, parmi lesquels l’habitat. Pa r
manque de moyens, trop de familles connaissent
encore une forme de précarité énergétique qui grève
leur facture et leur fait dépenser trop d’énergie. Le
Conseil général soutient les particuliers pour amélio-
rer leur isolation ou leur moyen de chau age. Depuis
septembre, l’aide au propriétaire occupant a ainsi été
remplacée par la subvention Rénov’habitat93, dont
peuvent bénéficier tous les propriétaires à revenus
modestes.
C’est par exemple le cas de Marie Adao et de Mohamed
Bekkaye, qui viennent d’emménager avec leurs enfants
à Noisy-le-Sec. Grâce au cumul des aides de l’Agence
nationale pour l’habitat (Anah) et du Conseil général, ils
ont pu engager chez eux des travaux conséquents.
En route pour la COP21
Pour le climat,
fédérer les énergies
À un an de la Conférence internationale sur le climat
(COP21) qui se déroulera au Bourget, le Département
agit pour le respect de l’environnement et le développement
durable. Parce que la préservation de la planète passe
par chacun de nous.
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Avril / Juin 2015
Le
parcs
calendrier
des
c
l
i
m
a
t
Partagez
#SSD93
DES SCIENCES PARTICIPATIVES POUR MIEUX COMPRENDRE
LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
24H
POUR LA BIODIVERSITÉ
PARTOUT EN SEINE-SAINT-DENIS ET AU PARC DÉPARTEMENTAL DU SAUSSET.
AU PROGRAMME : DES PROTOCOLES SCIENTIFIQUES, DES ANIMATIONS NATURE, DES DÉBATS SUR LES LIENS
ENTRE CLIMAT ET BIODIVERSITÉ, DES SPECTACLES... INSCRIPTION ET PROGRAMME COMPLET SUR :
PARCSINFO.SEINE-SAINT-DENIS.FR
Avec le soutien du :
Collectif National
Sciences Participatives-Biodiversité
GRATUIT
ÉDITION SPÉCIALE
COP21
SAMEDI 30 ET DIMANCHE 31 MAI 2015
SEINE-SAINT-DENIS
23
4
7
8
Du lundi 30novembre
au vendredi 11 décembre
Stand du Département sur les
Espaces Générations Climat.
2
Réchauffement,
mais encore ?
Pour le scientifique Hervé Le Treut, deux éléments seront
cruciaux : la volonté des nations de diminuer leurs émissions de
gaz à effet de serre et la disponibilité des pays du Nord à financer
l’adaptation des pays du Sud au changement climatique.
«
Les événements qu’on observe aujourd’hui, sont les
premiers symptômes de ce qui s’aggravera si nous
ne faisons rien. L’e et de chau ement qui se fait
sentir globalement sur l’ensemble de la planète se mani-
feste par des signes désormais bien clairs: la fonte de la
banquise en été, celle des grands glaciers de montagne et
polaires qui, associé à la dilatation des océans, entraînent
une montée des eaux. Certains dérèglements climatiques
plus di ciles à interpréter à ce stade, tempêtes, cyclones
ou sécheresses, tendent aussi à corroborer les prévisions
des modèles pour le futur.
Or, comme l’a démontré notamment le GIEC, ce réchau e-
ment est, sans équivoque, provoqué par les émissions bien
trop importantes de gaz à e et de serre (GES). Le but de
cette COP21, c’est d’arriver à stabiliser la hausse de la tem-
pérature terrestre sous un niveau de 2 degrés d’ici la n du
siècle. Et pour cela, il faudra réduire drastiquement nos
émissions de gaz à e et de serre de 40 à 70% d’ici 2050
Au Bourget, deux éléments forts seront donc en discus-
sion: les objectifs de diminution des GES et aussi l’alimen-
tation des «fonds verts». Ces fonds verts, qui devraient
être de 100 milliards de dollars, sont des aides qui de-
vraient être versées par les pays industrialisés aux pays
les plus vulnérables et les plus pauvres pour s’adapter aux
conséquences prévisibles et partiellement inévitables des
changements à venir.
Évidemment, tout cela peut paraître très lointain au ci-
toyen lambda… Mais les gaz à e et de serre se mélangent
dans l’atmosphère, mêlent aussi ce qui est local et global.
Plusieurs exemples peuvent illustrer ces enjeux locaux.
Par exemple, parmi les grands émetteurs de gaz à e et
de serre gurent aussi les systèmes de transports qui dé-
pendent aussi des échelons de décisions locaux, munici-
paux, régionaux. Et le simple citoyen a lui aussi son rôle à
jouer, par son mode de vie par exemple, et parce que com-
prendre ce qui se passe, c’est déjà participer à la recherche
de solutions.»
21
USA
20,9
Canada
19,2
Arabie
Saoudite
16,6
Russie
13,8
Corée
du Sud
11,3
Allemagne
10,2
Japon
9,5
Iran
9,1
Argentine 8,9
Afrique du sud
8,9
Angleterre
8,2
Italie
7,8
Chine
7, 5
France
5,9
Mexique
5,7
Brésil
3,4
Indonésie
2
Inde
25,2
Australie
Émissions par
habitant des
principaux pays
émetteurs de GES
en 2011 (tCO2 par
habitant) Selon
le 5e rapport du
GIEC, les émissions
de GES induites
par les activités
humaines dans
le monde se sont
élevées à 49Gt*
d'équivalent CO2
en 2010.
*1 gigatonne = 1
milliard de tonnes
Sources EAA (pays
européens) CAIT/
WRI (autres pays)
HERVÉ
LE TREUT
est spécialiste du
climat et directeur
de l’Institut Pierre-
Simon Laplace
(IPSL). Membre du
GIEC, le Groupe
d’experts inter-
gouvernemental
sur l’évolution du
climat, il suivra
les négociations
à la COP21 pour
le climat, du
30 novembre
au 11 décembre
au Bourget.
La température terrestre
a déjà augmenté
de 0,8°C depuis
le début du 20e siècle.
C’EST VRAI : La température globale
a bien augmenté de 0,85°C en un
siècle. Et si l’on restait sur un cycle
d’émissions carbone inchangé, le
GIEC prévoit une hausse de 4,6°C à
la fin du siècle. Sachant qu’à partir
d’une augmentation de plus de
2degrés, de nombreuses ressources
(eau, cultures) seraient menacées.
PAROLES D’HABITANTS
«Le retour à
des pratiques plus
respectueuses
de lenvironnement
me paraît positif.
Moi, j’essaie de réduire
ma facture délectricité,
de faire attention
à ce que je mange.»
HUGUETTE BELMO,
participante à
l’atelier des
« Fourmis
Vertes » à
Montreuil sur les
bonnes pratiques
environnementales
Un extrait de « La Glace et le Ciel », documentaire de Luc Jacquet sorti en octobre sur le glaciologue Claude Lorius,
qui dès les années 80, avait alerté sur le réchauffement climatique.
CLIMAT SCIENTIFIQUE
SOUS L’ŒIL
EXPERT D’UN
LE
LE CHIFFRE
1 157 hectares
C’est la superficie du site
Natura
2000
de Seine-
Saint-Denis,
leseul en
Europe à être
intégralement
situé en ville. Comprenant
15 parcs et forêts, il abrite
des milieux naturels variés
et plus de 2500 espèces
végétales et animales.
© Eskwad - Wild Touch
La Seine-Saint-Denis
à l’heure de la COP21
La Seine-Saint-Denis est un département riche et innovant en matière d’écologie urbaine.
Stéphane Troussel, président du Conseil départemental, nous présente trois lieux
coups de cœur, tous emblématiques d’une vraie politique environnementale.
STÉPHANE
TROUSSEL
président du Conseil
départemental de
Seine-Saint-Denis
ÉCOLOGIE URBAINS
DESSINE LES
CONTOURS
L’
DU LUNDI 30 NOVEMBRE
AU VENDREDI 11 DÉCEMBRE
PARC DES EXPOSITIONS DU BOURGET
DE 10H30 À 19H
Stand du Département dans
l’Espace Générations Climat.
Les événements
du Département
durant la COP21,
demandez
le programme...
DU MERCREDI 2
AU MERCREDI 9 DÉCEMBRE
MUSÉE DE L’AIR DU BOURGET
Stand du Département à la Galerie
des Solutions. Pré-inscription
sur www.world-efficiency.com
DU JEUDI 26 NOVEMBRE AU VENDREDI 11 DÉCEMBRE
Les itinéraires découverte sont ouverts aux journalistes et participants de la COP21 pour
toute la durée de l’événement et au grand public le week-end des 5 et 6 décembre.
JEUDI 3 DÉCEMBRE
ESPACE GÉNÉRATIONS CLIMAT, SALLE 2
DE 11H15 À 14H15
Conférence sur l’agriculture urbaine.
MARDI 8 DÉCEMBRE
PAVILLON FRANCE / DE 17H À 19H
Conférence sur le rôle des périphéries
urbaines dans la lutte contre
le dérèglement climatique qui
réunira les représentants de trois
territoires populaires de périphéries,
ainsi que Stéphane Troussel.
3
Du bâti durable :
le collège Didier-Daurat
au Bourget
«Dans le cadre de notre programme de construction et de re-
construction de nouveaux collèges, nous avons été attachés à
faire des bâtiments au plus haut niveau d’exigence environne-
mentale pour des collèges qui durent et qui participent à la sen-
sibilisation des élèves. Le collège Daurat, récemment inaugu-
dans la ville-hôte de la COP21, est ainsi entièrement HQE
(Haute Qualité Environnementale), sobre en énergie et doté
de toitures végétalisées.»
Le parc départemental
Georges-Valbon : agir
pour la nature en ville
«Courneuvien depuis toujours, j’ai vu cet espace vert se déve-
lopper, s’agrandir et comme tous les Séquano-Dionysiens, j’y
ai des habitudes, des souvenirs. Ce parc, c’est plus qu’un sym-
bole, c’est un projet simple: chacun a le droit à sa part de nature.
Et la Seine-Saint-Denis n’a pas comme seul horizon les grands
ensembles urbains, mais aussi un réseau de grands parcs ex-
ceptionnels classés Natura 2000 pour la richesse de leur bio-
diversité. Dans la lutte pour l’adaptation de nos quartiers au ré-
chauement climatique, ils sont un atout considérable.»
Un réseau de transports
en commun digne de ce nom :
l’exemple réussi du T8
«La Seine-Saint-Denis est un immense espace urbain de 1,6 million d’habitants,
historiquement sous-doté en transports en commun. Des quartiers entiers sont
enclavés et l’usage de la voiture est bien souvent contraint. Développer un réseau
de transports en commun digne de ce nom est donc une exigence urbanistique, so-
ciale, économique et environnementale. Un tramway comme le T8 le montre bien:
c’est un vrai plus pour nos villes. Un autre exemple: le prolongement du T1 jusqu’à
Val-de-Fontenay permettra d’éviter l’émission de 800 tonnes de CO2 par an.»
JEUDI 10 DÉCEMBRE
ESPACE GÉNÉRATIONS CLIMAT - SALLE 5
DE 15H15 À 18H15
5e édition de la Conférence climat
départementale qui reviendra notamment
sur la transition écologique entamée
dans le territoire, à travers des thèmes
comme le réemploi des objets voués à la
destruction, l’agriculture urbaine ou encore
la lutte contre la précarité énergétique.
AXEL PARDESSUS
«Être curieux
et autonome»
«J’ai toujours vécu avec un vélo à
portée de main. J’aime sa rapidité, son
aspect bon marché, et évidemment le
fait qu’il ne pollue pas. Il faut dire que
j’ai eu la chance d’avoir des parents
qui m’ont sensibilisé à ça. La force de
la Cyclocine, c’est de rendre les gens
autonomes dans leurs réparations, de
les responsabiliser. En discutant avec
les gens, j’ai appris à resserrer des freins,
à mettre une rustine, à installer un
dérailleur… C’est beaucoup moins cher
que chez un réparateur et on apprend
nettement plus. Je roule assez souvent
en Seine-Saint-Denis. Je pense qu’en
matière de développement du vélo, il
y a encore des choses à faire, comme
sécuriser certains endroits dangereux
comme les Quatre-chemins. Très
franchement, on peut encore faire des
progrès, mais c’est déjà pas mal.»
ALICE BOIVIN
«Un côté
plus libre»
«Là, je viens d’adhérer à la Cyclocine.
J’ai récupéré le vélo de ma grand-mère.
Un peu délaissé, ce dernier avait besoin
d’un bon coup de jeune. N’ayant aucune
notion on m’a conseillé de faire un
tour ici pour apprendre à réparer seule
mon vélo. Le vélo, j’en faisais déjà à
Lyon, la ville d’où je viens, et je n’avais
pas envie d’abandonner ce moyen de
locomotion à Paris. Aller bosser ou
dans mon cas, aller étudier à vélo, c’est
un plaisir. Quand je me rends de chez
moi dans le 18e au conservatoire de
danse dans le 19e, ça m’aère la tête et
ça a un côté beaucoup plus libre.»
NICOLAS DOS SANTOS
«Essence et pollution,
je battais des records»
«Je suis passé au tout vélo à la rentrée
dernière. Parce que je me suis aperçu
qu’à la fois en terme d’essence et
de pollution, je battais des records.
C’était un peu bête parce quentre
les Courtillières, où j’habite et Fort
d’Aubervilliers où je travaille, c’est un
trajet de 5 minutes en deux roues. Mais
je m’étais habitué au confort de la voiture.
Là, ça fait 4 mois que je circule sur un
vélo de course que j’ai entièrement
retapé à la Cyclocine et je m’éclate.
Pour ce qui est des obstacles au vélo en
Seine-Saint-Denis, oui, il y en a; mais pas
forcément ceux qu’on croit. Les pistes
cyclables par exemple, existent, mais
on ne les voit pas parce que beaucoup
de gens ont la mauvaise habitude de
garer leur voiture dessus. C’est donc
plus un travail sur les mentalités
qu’il faudrait faire d’après moi.»
KIM PORTA
«La solution pour
décongestionner Paris»
«J’ai commencé le vélo lors d’un séjour
à Montréal. De retour à Paris, je n’avais
pas envie de reprendre un Pass Navigo.
En tant quétudiante en architecture,
je réfléchis pas mal aux questions de
mobilité urbaine et le vélo pour moi, c’est
une des solutions pour décongestionner
Paris. Les transports en commun sont
saturés, il faudrait éviter de prendre
la voiture, reste le vélo. Si on y ajoute
Cyclocine, ça fait un super cocktail.
Parce qu’ici, on apprend à bricoler,
recycler, récupérer, c’est un peu la
philosophie de la débrouille. Ca permet
à des gens qui n’ont pas les moyens
d’acheter un vélo neuf d’en avoir un. En
matière d’équipements, oui, il reste des
choses à faire en Seine-Saint-Denis: ça
manque de pistes cyclables et de routes
agréables. Mais plus on est de cyclistes
et plus on fera changer les choses.»
Ils voient la vie en deux-roues
Ils s’appellent Axel, Nicolas, Kim ou encore Alice. Ils partagent un même point commun :
celui d’être des utilisateurs fervents, voire militants du vélo. Rencontrés à la Cyclofficine de Pantin,
un atelier de réparation de vélos qui fait l’apologie de la récup’ et de la débrouille, ils expliquent
ce qui les a fait préférer la petite reine au moteur-roi.
4ASSOCIATIONS ÉCO-CITOYEN
POUR UN
MONDE PLUS
NOS
Le CO2 se dissipe rapidement
dans l’atmosphère.
C’EST FAUX : on estime qu’il faut environ 100 ans pour qu’une
molécule de dioxyde de carbone se dissolve. Problématique, quand
on sait que la concentration de CO2 est actuellement de 400parties
par million alors qu’elle n’était que de 270 ppm au 19e siècle.
9% des ménages en Seine-Saint-Denis ont un taux d’effort énergétique
(logement + transports) dépassant 15% des revenus disponibles.
C’EST VRAI : on parle alors de précarité énergétique. Pour lutter contre celle-ci, différents
dispositifs sont mis en place : des associations apprennent les bons éco-gestes, tandis qu’un
réseau d’Agences pour le climat, soutenues par le Département, renseignent aussi sur de
possibles subventions pour des travaux d’isolation ou de changement de chaudières.
Pour la planète,
chaque geste compte
Fourmillons d’initiatives
Les « Fourmis vertes », association subventionnée
par le Département, sillonne la Seine-Saint-Denis pour
sensibiliser ses habitants aux enjeux environnementaux.
M
alika se penche au-des-
sus d’une bouteille en
plastique pour y ver-
ser du savon noir li-
quide, ajouté à du blanc de Meudon
et du bicarbonate. Cette habitante de
Montreuil est enthousiaste à l’idée de
fabriquer une crème à récurer à par-
tir de produits non toxiques. Car tel
est bien le but de l’atelier du jour, or-
ganisé par l’association «Les Four-
mis vertes», au centre social SFM de
Montreuil: attirer l’attention des ha-
bitants sur les produits d’entretien
nocifs qui polluent au quotidien nos
foyers. «La Javel par exemple altère
le travail de nos stations dépuration
et nous abîme la santé. Elle est inter-
dite en Allemagne, en Suède…», ponc-
tue Marie-Noëlle Botte, la respon-
sable associative.
Partir des petits gestes du quotidien
pour sensibiliser les habitants à la
protection de l’environnement, voilà
le but des «Fourmis vertes», créées
en 2010 et subventionnées par le dé-
partement dans le cadre de l’appel à
projets COP21. Les économies d’eau
et d’énergie, la gestion des déchets
domestiques, l’alimentation... autant
de thèmes abordés par cette structure
d’éducation à l’environnement.
Aujourd’hui par exemple, Marie-
Noëlle Botte, équipée de son apparte-
ment pédagogique itinérant, a choisi
le thème du ménage en douceur. Une
porte d’entrée idéale pour rappeler
quelques vérités utiles sur la pol-
lution d’origine domestique. «Les
parfums dambiance, c’est du poi-
son. Saviez-vous qu’ils contribuent
à la pollution de l’air, chez vous mais
aussi dans latmosphère? Alors que ce
serait si simple de les remplacer par
des huiles essentielles… si vraiment
on ne peut pas se passer de parfums»,
souligne-t-elle.
Rachida, Huguette, Chantal ou encore
Colette écoutent avec intérêt. «C’est
di cile de changer ses habitudes, mais
ce n’est pas impossible», explique
Chantal Lorillère. Cette travailleuse
sociale à la CAF est venue puiser dans
la session du jour quelques idées de
bonnes pratiques. «Lécologie amène
aussi l’économie. Les familles sont sou-
vent à l’écoute des conseils qu’on peut
leur donner lorsquelles saperçoivent
que c’est dans leur intérêt.», argu-
mente-t-elle.»
La COP21 pour le climat, il en est
bien sûr aussi question dans ces
ateliers. Même si la philosophie de
l’association n’est pas de se reposer sur
les décisions prises par autrui pour
attendre le changement. «Bien sûr, le
combat se joue aussi à léchelle globale,
mais nous tous pouvons aussi appor-
ter notre pierre à l’édifi ce. Nous navons
qu’une planète, alors il est temps de
nous réveiller!», conclut Marie-Noëlle
Botte pendant que Malika note soi-
gneusement la recette de la crème à
récurer «maison» sur un papier.
INFOS PRATIQUES
Le Département a débloqué
200000 pour soutenir
50initiatives dans le cadre d’un
appel à projets COP21. Retrouvez ici
la liste complète sur www.seine-saint-
denis.fr/La-Seine-Saint-Denis-se-met-en-
mouvement-pour-la-COP21.html
5
Sensibiliser les habitants au tri des déchets est l’un des objectifs de l’association.
LE CHIFFRE
359 km
d’itinéraires cyclables en Seine-Saint-Denis
(avec le projet d’arriver à 600 km d’ici 15 ans)
La Cyclo,
kézako ?
Le jeudi soir, rue Magenta à Pantin, c’est le
rendez-vous des bikers. Mais de ceux sans
moteur s’il vous plaît. Pendant trois heures, de
19 h à 22 h, l’atelier deréparation de vélos de
l’association Cyclofficine ouvre ses portes à ses
adhérents dans un joyeux charivari. Et le samedi,
rebelote, dans une version plus familiale. « Ici, on
donne des conseils, on s’entraide, on est comme
une petit famille », explique, enjoué, Yohan, l’un
des deux bénévoles de la Cyclo de Pantin. Pour
15 par an, les fans de vélo ont accès à tous
les outils de l’atelier, ainsi qu’à toutes les
animations. Et pour les pièces détachées et les
vélos récupérés qui dorment au sous-sol, c’est
au bon coeur de l’adhérent. Lieu de sociabilité
autant que de réparation, la structure privilégie
latransmission de savoirs. Entre avertis du
biclou, onse refile de précieux tuyaux, on met
la main à la pâte pour le copain. Et on fait la
promotion du vélo, encore et toujours. « Le vélo,
c’est une grosse alternative dans la lutte pour
le climat. Ça, des pays, comme les Pays-Bas ou
l’Allemagne, l’ont bien compris. Si les pouvoirs
publics pouvaient aussi accélérer les choses en
France, ce serait top », ponctue Yohan avant
de glisser un astucieux conseil à un nouvel
arrivant : « pour les mains pleines de cambouis,
essaye le marc de café, tu verras,ça aide... »
INFOS PRATIQUES
Outre Pantin, la Cyclo compte aussi
trois autres antennes, deux dans le 20e
arrondissement et une autre à Ivry.
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