Surveillance d’une gammapathie monoclonale
de signification indéterminée
Du fait de leur potentiel évolutif et de l’absence de fac-
teurs prédictifs clairement définis, le suivi des GMSI
doit être rigoureux.
Pour les gammapathies monoclonales à faible risque
évolutif (pic inférieur à 15 g/l, pas de baisse des immu-
noglobulines polyclonales, pas de protéinurie de Bence-
Jones) la surveillance peut être annuelle. Pour les GMSI
ne répondant pas à tout ces critères, on recommande
un suivi semestriel.
L’évaluation d’une GMSI comporte :
- un examen clinique à la recherche de tout signe
d’hémopathie associée ;
- une numération formule sanguine, une calcémie, une
créatininémie et une mesure du pic monoclonal par
électrophorèse des protides.
On complète ce bilan par une recherche de protéinurie
de Bence-Jones et un myélogramme en cas d’appari-
tion de signes cliniques ou biologiques évocateurs d’une
hémopathie associée ou en cas de majoration significa-
tive du pic (augmentation de plus de 50 % ou > 30
g/l).
Il est important d’expliquer au patient que la GMSI est
une anomalie bénigne mais ayant un risque évolutif (de
l’ordre de 25 %) à long terme (> 10 ans) afin que son
adhésion au suivi soit bonne.
De même, il est capital de recommander au patient de
consulter rapidement en cas de symptome pouvant
évoquer une hémopathie associée (asthénie, pâleur,
douleurs osseuses, paresthésies…). En effet, l’appari-
tion d’une hémopathie associée, et plus particulière-
ment d’un myélome, peut être brutale.
MYÉLOME ______________________________________
Le myélome est une pathologie fréquente : il repré-
sente 1 % de l’ensemble des pathologies malignes et
10 % des hémopathies malignes.
C’est une pathologie touchant préférentiellement les
sujets âgés. L’incidence annuelle du myélome est 15
fois plus élevée chez les patients de plus de 80 ans
(60/100 000) que dans la population générale. Lors du
diagnostic de myélome, 75 % des patients sont âgés de
plus de 60 ans et 45 % de plus de 70 ans.
Les quinze dernières années ont été marquées par une
meilleure compréhension des mécanismes physiopa-
thologiques du myélome, par l’identification de nou-
veaux facteurs pronostiques et par des avancées théra-
peutiques : emploi des biphosphonates, clarification du
rôle de l’interféron, intensification thérapeutique avec
autogreffe.
Physiopathologie
Aux stades initiaux du myélome, la croissance tumorale
se fait surtout par accumulation cellulaire et repose sur
l’inhibition de l’apoptose. L’évolution de la maladie est
marquée par des modifications phénotypiques, cytogé-
nétiques et moléculaires des cellules myélomateuses.
Ces modifications se traduisent par une capacité crois-
sante de prolifération du clone plasmocytaire.
Origine du clone plasmocytaire
Le précurseur du clone plasmocytaire est un lympho-
cyte B mémoire, ayant été activé dans les centres ger-
minatifs ganglionnaires ou spléniques. L’événement cri-
tique initial survient lors du réarrangement de la région
du chromosome 14 codant pour les gènes des chaines
lourdes des immunoglobulines.
La cellule clonale initiale , prémédullaire, circule dans le
sang et va se loger dans la moelle osseuse. Cette fixa-
tion médullaire est possible grâce à des interactions
entre des antigènes membranaires plasmocytaires (en
particulier VLA-4) et des molécules d’adhésion pré-
sentes sur les cellules du stroma médullaire et dans la
matrice médullaire extracellulaire.
L’activation des plasmocytes monoclonaux est provoquée
par des interactions entre certains de leurs antigènes
membranaires, en particulier le CD 40, et leurs ligands
présents dans le stroma médullaire. Cette activation abou-
tit à l’expression membranaire de molécules d’adhésion
qui vont renforcer le contact entre plasmocytes et cellules
du stroma médullaire et favoriser leurs interactions.
Interactions clone plasmocytaire et stroma médul-
laire (figure 3)
Au cours des dernières années, de nombreux auteurs
ont insisté sur l’importance des interactions entre
stroma médullaire et plasmocytes dans la physiopatho-
logie du myélome.
Ces interactions mettent en jeu de nombreuses cyto-
kines dont les plus importantes sont :
- L’interleukine-1ß (IL-1ß) sécrétée par les plasmocytes
myélomateux. Les plasmocytes ne produisent jamais
d’IL-1 ß à l’état normal et exceptionnellement lors des
GMSI. L’apparition d’une production d’IL-1 ß par les
plasmocytes semble être un événement initial et essen-
tiel de l’évolution d’une GMSI vers un myélome.
L’IL-1 ß est le principal facteur activant les ostéoclastes.
Elle stimule la différenciation ostéoclastique des CFU-
GM médullaires et la production d’enzymes ostéoly-
tiques par les ostéoclastes. Elle joue aussi un rôle essen-
tiel dans l’expression des molécules d’adhésion par les
plasmocytes. Enfin, l’IL-1 ß stimule la sécrétion d’IL-6
par les cellules du stroma médullaire.
Myélome et dysglobulinémie monoclonale.
La Revue de Gériatrie, Tome 25, N°4 AVRIL 2000 255
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