de société plus fort et de porter un projet bien défini.
Disons-le clairement et sans peur du débat: passé le vernis de la communication,
nous ne voyons, aujourd’hui, aucune vision d’avenir derrière le concept de maison
commune. La modernité ce n’est pas l’aventure, c’est de renouveler nos méthodes
de travail. L’alliance des forces de gauche est souhaitable, mais elle ne sera pas
possible sans un respect mutuel entre les partenaires et surtout sans un immense
travail sur les principes, sur les valeurs et sur le projet de société.
Toute notre énergie doit aller dans le même sens: recréer le lien entre les socialistes
et le peuple de gauche, redonner de la visibilité à nos valeurs et de la fierté aux
militants. Pour cela il faut lever le voile qui brouille nos repères. Tant qu’il y aura des
inégalités, le mot “socialiste” sera d’un cruel présent. L‘accumulation de richesses par
une frange sans cesse plus étroite au détriment du reste de la planète conforte
malheureusement son actualité.
Être socialiste au 21ème siècle ?
Au gré des événements qui ont façonné le mouvement socialiste depuis le congrès
de Tours en 1920, c’est la social-démocratie, qui s’est progressivement installée au
cœur du mouvement socialiste français. Certains réclament un aggiornamento, un
Congrès à la Bad-Godesberg, parce qu’ils ne connaissent pas notre histoire, nos
statuts et nos déclarations de principes.
Nous nous inscrivons dans une ligne claire: nous sommes attachés à la social-
démocratie et nous rejetons dos-à-dos les théories marxistes ou libérales,
apparemment opposées, mais qui partagent une même vision d’un rapport de force
et de violence permanent entre les individus.
Notre vision du socialisme est directement inspirée de ces 3 piliers portés par Aristote
: “L’homme est un animal politique”, “la communauté est affective” et “toute mise en
commun se fonde sur la justice”. L’individu n’est pas qu’un être égoïste, qui se
regroupe en société par calcul opportuniste. La société n’est donc pas un poids ou
une contrainte pour les individus, mais un espace d’échanges, d’épanouissement et
de fraternité, permettant de se reconnaitre en tant que citoyens et membres d’une
même communauté affective. Notre vision de l’individu n’est pas celle des libéraux,
car elle conçoit que les individus peuvent se réunir autour de projets et de grandes
causes, sans être dans le calcul et la marchandisation systématique des relations et
des liens avec les autres.
Être socialiste, c’est faire le pari d’un individu éduqué et autonome, acteur éclairé
d’une société apaisée, juste et propice à une multiplication des liens de solidarité et
de coopération entre les citoyens. Ne sacrifions pas notre projet de société, et
préservons la place de l’éducation et de la justice. “Être socialiste, c’est ne pas se
satisfaire du monde tel qu’il est, c’est vouloir changer la société. L’idée socialiste
relève, à la fois, d’une révolte contre les injustices et du combat pour une vie
meilleure” dit notre déclaration de principe, depuis 2008.
Le socialisme est donc une volonté d’élévation de l’individu et de la société par
l’émancipation.
Le socialisme est une révolte.
“De quoi est né le socialisme ? De la révolte de tous ces sentiments blessés par la
vie”, écrivait Léon Blum, qui a su impulser une dynamique de progrès social au
bénéfice de tous, dans un pays ravagé par les suites de la crise financière de 1929.
La révolte est une respiration nécessaire de la démocratie, car la révolte contre
l’injustice permet d’activer une dynamique de changement. Face à ce besoin de
révolte, on ne doit pas abdiquer chaque jour devant les impératifs d’une gestion
technocratique. Bien sûr, “l’Etat ne peut pas tout”. Les indignations successives non-
suivies de mesures correctrices sont vaines. Mais, il est nécessaire de porter la voix et
la révolte de ceux qui n’ont rien ou si peu, dans le but de créer une société plus juste
Pour Léon Blum, “on est socialiste à partir du moment où l’on a cessé de dire : Bah !