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Les AP ont une valeur d’usage directe pour les collectivités rurales.
Ainsi, il a été constaté, par exemple, que les aires protégées marines
et les zones d’interdiction de la pêche sont des réservoirs importants
de poissons qui se dispersent dans les zones environnantes, au profit
des populations locales.
On sait à l’heure actuelle que les aires protégées, outre leur fonction
de conservation, permettent souvent de créer des sources durables
de revenus, tant sur le plan individuel que social, notamment par
l’intermédiaire du tourisme, d’investissements publics et d’un accès
plus large aux marchés pour les produits et services locaux.
A l’heure du bilan, les AP sont souvent à l’origine d’avantages nets plus
importants que ceux d’autres choix de développement. Ainsi, au Costa
Rica, des expériences ont montré que le maintien d’une AP forestière
à proximité d’une plantation de café augmentait le rendement de
cette dernière de 20%, grâce à l’apport de pollinisateurs, ce qui
se traduit annuellement par un gain économique de US$ 60,000.
Ce montant est supérieur aux revenus que l’on pourrait tirer de la
conversion agricole des terres forestières.
Afin d’assurer à ces zones une part équitable des avantages de
l’utilisation de la biodiversité, les évaluations d’impact doivent
tenir compte des points de vue et des besoins des pauvres. Nous
devons également respecter les droits et les pratiques traditionnels
des communautés autochtones et locales qui contribuent à la
conservation et à l’utilisation durable de la biodiversité, étendant les
droits de propriété et les droits aux ressources aux communautés
locales et encourageant la mise en place de marchés favorables
aux pauvres pour les services des écosystèmes. De telles mesures
peuvent par exemple porter sur la protection des récifs coralliens
et des mangroves, qui entretiennent des pêcheries importantes,
protègent le littoral et empêchent l’appauvrissement de la pêche
traditionnelle par des pêcheries commerciales à grande échelle.
Nouveaux outils : valeur économique et
marchés de la biodiversité
L’apport potentiel des marchés à l’utilisation durable et au
partage équitable des avantages permet d’envisager des mesures
économiques visant à protéger la biodiversité. Cette approche est
fondée sur une notion élargie de la valeur économique, au-delà de
l’étroitesse des définitions classiques ; elle comprend des éléments
matériels ou autres permettant d’améliorer le bien-être des humains.
Il nous faut mieux connaître et calculer la valeur de la biodiversité et
de ses composantes, ainsi que son rôle dans le maintien des services
écosystémiques. Nous devons présenter ces informations d’une
façon utile aux décideurs.
Les Parties à la CDB ont perçu le besoin de prêter plus d’attention aux
enjeux et aux analyses socio-économiques, y compris la détermination
de la valeur de la biodiversité et la promotion de marchés pour les
services des écosystèmes. Afin de réaliser les trois objectifs de la CDB
– conservation, utilisation durable et partage équitable des avantages
– la biodiversité doit être systématiquement prise en compte dans
les activités des secteurs économiques concernés et jouer un rôle
dans les décisions d’investissement du secteur public et privé. Pour
y parvenir, il faut mieux saisir les liens de cause à effet à l’œuvre
en matière de développement économique et de modifications
environnementales. Lors de la prise de décisions, les coûts liés à la
dégradation environnementale et à la perte de la biodiversité doivent
être pleinement pris en compte.
La conservation des ressources biologiques ne peut être assurée
sur le long terme si les deux autres objectifs de la CDB liés au
développement ne sont pas atteints. Conscientes de ce défi, les 188
Parties à cet instrument juridique unique ont décidé, en 2006, de
conclure les négociations sur le régime international d’accès et de
partage des avantages en 2010. Un accord sur cet objectif central
fera des ressources biologiques un atout très important de paix,
de sécurité, de développement et de prospérité partagée pour la
planète.
Vers une alliance planétaire afin de sauver la
vie sur la Terre
Les ressources naturelles sont essentielles au maintien de la vie et aux
processus économiques. Leur pénurie ou leur abondance peuvent
rapprocher les peuples afin d’associer leurs efforts de gestion et
d’utilisation durable des ressources, mais elles peuvent aussi être
source de conflits si elles sont mal gérées ou si les coûts et les
bénéfices sont mal répartis. Les effets de la perte de la biodiversité
renforcent encore ces tendances. Moteurs directs de la destruction de
la biodiversité (surexploitation, modification des habitats, pollution,
espèces exotiques envahissantes, changements climatiques), nous
sommes de plus en plus conscients de l’existence de liens étroits
entre les décisions économiques prises sur le plan individuel, local et
national et les enjeux mondiaux.
Trop souvent, nos institutions et nos programmes nationaux ne sont
pas adaptés à la gestion durable des ressources et des enjeux. La
conservation et l’utilisation durable de la biodiversité doivent être
pleinement incorporées dans les processus nationaux de planification
en vue de l’élimination de la pauvreté et du développement
économique. Les stratégies nationales de réduction de la pauvreté
et celles de mise en œuvre des Objectifs de développement du
millénaire sont des outils centraux en la matière. En outre, des
accords internationaux plus performants sont nécessaires afin de
réglementer l’utilisation de ressources telles que la pêche, pour le
plus grand bien de tous.
Bien évidemment, l’engagement actif de chacun est indispensable
afin d’arrêter la perte de la biodiversité. C’est pour cette raison que les
Parties à la CDB ont décidé de promouvoir l’engagement de parties
prenantes importantes, telles que les communautés locales, les ONG,
les entreprises, les cercles scientifiques, les femmes, les jeunes, les
enfants, et les autorités.
Cet objectif stratégique est crucial pour l’avenir de l’humanité. Il
nécessite une nouvelle ère de collaboration, fondée sur un esprit
de partenariat et de coopération renforcés. Lancée à Curitiba, cette
nouvelle phase renforcée de mise en œuvre de la CDB fournit un
cadre permettant la mise en place de ce nouveau partenariat, cette
alliance planétaire pour la protection de la vie sur la Terre.
Lettre d’information du Bureau régional de l’UICN pour l’Europe
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