octobre'o4 20 rghoo
21 2oh3o
Me
Je O Connaissez-vous Evguéni Schwartz ? Stallne a tout fait pour nous le cacher,
sans parvenir à étouffer tout à fait sa volx. Car Schwartz appartient, comme Boulgakov,
Daniil Harms et tant d'autres, à une grande génératron sacrifiée de la littérature rus-
se, celle d'une époque où les livres qui compiaient vraiment se conftaient de la main
à la main. Mais s'il est urgent de s'ouvrir aujourd'hui à l'ceuvre de Schwartz, ce n'est pas
simplement pour s'acqurtter d'un devoir de mémoire, c'est d'abord que ce théâtre-
là est une fête de l'intelligence et du rêve, oiL la satire sociale et politique est d'autant
plus mordante et âprement réjouissante qu'elle se donne des airs de conte pour
enfants. Ecrrte en r934, alors que l'hitlérisme se déchaîne en Allemagne, la fable du
Roi nu, sous-titrée <<Lo Princesse et le porcher», emprunte en effet à Andersen une
trame rapide et fantaisiste, parsemée de sourires qui parfois se font ambigus.
Schwartz y raconte comment Henriette et Henri, la prtncesse ingénue et le porcher
débroulllard, voient leurs amours bucoliques compromises par la volonté du roi, qui
tient à donner sa fllle au souverain du royaume voisin, despote grotesque qui tyrannise
ses sujets. Chassés de leur tendre paradis de pastorale, les deux amants devront s'en
remettre à la ruse pour faire échouer ces horribles noces... Sous la figure de la brute
qui se revêt complaisamment, pour son mariage, d'un vêtement de cérémonie censé
être invisible aux yeux des idiots et des traîtres (vêtement qu'il est donc le premier
à farre mine de voir), Schwartz voulait d'abord, dlt-on, prendre Hitler pour cible. Mais la
soupçonneuse bureaucratie stalinienne avatt le regard trop argu pour ne pas percer
à jour une telle trame et se sentir visée à son tour: ce conte pour enfants n'autortsatt
que trop une lecture d'adultes, cet humour-là invltalt à des réflexions bien sérieuses,
cette fantaisie bariolée avait tout l'air d'avorr pour envers un réeld'une étoffe trop
noire... Evguéni Schwartz, mort en r958, dut attendre vingt-trois ans la création de
sa pièce. Et en France, ilfallut patienter près d'un demi-siècle de plus avant qu'André
N/arcdwicz, grand traducteur et spéciallste de théâtre, en propose une version
nouvelle, restituant à merveille la truculence poétique,la bigarrure verbale et les jeux
de mots de l'original. Laurent Pelly, le dtrecteur du Centre Dramatique National des
Alpes, étalt fait pour être sensrble à ce ton sl particulier, qui«mêle le cabaret, le
théâtre et la farce pour développer et imbriquer des intrigues et des univers différents».
Avec Le Roinu,schwartz réussit ce qu'ilaime par-dessus tout, «parler de choses
profondes, graves et humaines, sans niaiserte mais à travers une forme drÔle
et ludique». À la tête d'une troupe formidable d'engagement et d'entrain, Pelly s'est
emparé de la fantaisre de Schwartz pour créer un spectacle bien dans sa manière -
énergique et subtile, pétillant d'une verve sans cesse renouvelée - dont Ia légèreté
entraînante et la poignante joie ont enchanté la critique et les publics de Crenoble
et de Bruxelles.
Grande salle
« Un tissu invisible aux gens qui sont
inaptes àleur
idiots finis »
ou qui sont desfonction
LE ROl",N^[r_DE'ïAl's
Dr Evguéni Schwartz
Texre rnauçars oe André Markowicz*
Mrse eru scÈrrre Laurent Pelly
AvEc Emmanuel Daumas, Grégory Faive, Audrey Fleurot, Rémi
6ibier, Sacha Kremer, Caëtan Lejeune, Eddy Letexiet Karim Qayouh,
Jérôme Ragon, Patrick Zimmermann
DRananruncre Agathe Mélinand, Sorrr Eric Fodil, ScÉruocnapnre Chantal
Thomas, Cosrunltes Laurent Pelly en collaboration avec Donate
Marchand, LunlrrÈnes Joël Adam, Mnseur Véronique Genet,
Mneutt-uces Suzanne Pisteur, Musrque oe u <<Chanson du chaudron>>
Camille Cermser, Assrsmrurs À u nltrse eru scÈrue Jean-Christophe
Hembert & Grégory Faive, Assrsmrure À ll scÉuocRepnre
lsabelle 6irard-Donnat, CollaeonAroN AUx cosruues Jean-Jacques
Delmotte, Frédérique Payot-Zanolla assistés de Marie Hubert,
Marianne Varale & Virginie Debauge
Production
Centre Dramatique National des Alpes - Crenoble
Er,r copnooucrroru rvEc le Théâtre National de la
Communauté Wallonie Bruxelles
*Edition Les Solitaires lntempestifs