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Une licence de l’école supérieure de commerce en poche, cette jeune
femme décide de sinvestir dans le secteur du tourisme. Elle qui rêvait
de faire une école hôtelières sest retrouvée stagiaire à l’ONAT dans la
capitale. A la fin de son stage, elle est affectée comme chef dagence de
l’ONAT à Sidi Bellabès, sa ville natale. Un poste quelle a occupé de
1987 à 1997 et dont elle dira garder un très bon souvenir. Son métier,
elle la appris sur le terrain. Elle le revendique. En 1997, cette jeune
femme qui a voué sa carrière au tourisme et à la promotion de sa
région, décide douvrir sa propre agence de voyage. Elle innove en
créant la formule “manger chez lhabitant” dans sa région et “loger chez
l’habitant” dans les régions du grand sud. Une façon de concilier tou-
risme et découverte de la culture et des traditions de notre pays.
Tourisme magazine :Pourquoi le nom de
Mekerra ?
Zahera Gadi :Mekerra c’est un fleuve,
pour ne pas dire un oued, qui traverse toute
la ville de Sidi Bellabès. Dailleurs, on nous
appelle les enfants de la Mekerra.
Tourisme magazine :Quest ce qui a motivé
votre choix douvrir une agence de voyage ?
Zahera Gadi :C’était la meilleure période.
C’était le moment de sinstaller, il fallait le
faire alors je l’ai fait.
Tourisme magazine :cétait une époque
difficile sur le plan sécuritaire…
Zahera Gadi :Exactement, jai eu beau-
coup de courage de le faire. J’avais peur
bien sûr.
Tourisme magazine :En quoi consistait
votre activité ?
Zahera Gadi :Tout ce que je faisais à
lONAT, je le fais pour Mekerra.
Tourisme magazine :Le secteur public a
été une bonne école ?
Zahera Gadi :Exactement ! J’ai beaucoup
aimé ce que j’ai fait. J’ai voulu tout appren-
dre et jai voulu tout faire.
Tourisme magazine :Hormis les voyages
“Omra, quelles sont vos activités actuelles ?
Dans la réceptif par exemple, qu’est-ce qui
se fait ?
Zahera Gadi :J’ai commencé à faire le
réceptif en 2002. J’ai travaillé au niveau
national avec des hommes daffaires, des
pieds-noirs et des touristes français. J’ai
même reçu un petit groupe daméricains
que jai emmené au Sud il y a une année. Ils
sont venus dans le cadre d’un congrès.
Tourisme magazine :Il semblerait quAlain
Afflelou soit venu en Algérie ? …
Zahera Gadi :Oui, il est venu quatre fois
déjà et là il a séjourné du 29 au 30 avril à
Sidi Bellabès. Il est venu avec une déléga-
tion de journalistes pour faire un docu-
mentaire sur sa jeunesse, là où il a vécu. Il
est né à Mascara et à lâge de deux ans ses
parents se sont installés à Bellabès. Il se
considère comme un bellabèssien.
Tourisme magazine :Est-ce qu’il y a des
retombées promotionnelles sur la ville quand
un homme dune telle célébrité y séjourne ?
Zahera Gadi :Bien sûr ! Vous savez lors-
que lon reçoit un groupe de touristes et
quon leur dit la semaine dernière Alain
Afflelou était là. Ils sont étonnés. Même
nos partenaires à létranger. Quand on leur
dit que lon reçoit Afflelou, ils disent “Ah
mais comme se fait-il que les gens disent
quil ny a pas de sécurité ?” Cela les met en
confiance. Ils pensent si une personnali
comme Afflelou se permet de venir en
Algérie, pourquoi pas nous ? Dailleurs,
après lui, jai reçu presque toute sa famille.
Tourisme magazine :On dit souvent des
agences de voyage quelles sont plutôt
exportatrices. Qu’elles soccupent plus de
l'envoi des algériens au Maroc et en Tunisie
plutôt que de sinquiéter de débloquer les
recettes, donc le réceptif. Qu’est ce qui
explique cela ?
Zahera Gadi :Je pense, et je le dis à titre
personnel, que cest parce que c’est plus
facile. C’est plus facile de traiter un groupe
Zahera Gadi
Agence Mekerra voyage
Tout pour le receptif
Photo A. Madoun
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sur la Tunisie ou sur le Maroc que de trai-
ter un groupe sur l’Algérie. Il y a quelques
années à peine, nous navions pas dhôtels
adéquats, nous navions pas de transpor-
teurs… On navait rien. Mais il est plus dif-
ficile de gérer un groupe chez-nous que de
gérer un groupe à létranger. A Bellabès par
exemple, moi je nai quun seul hôtel qui est
un trois étoiles “aux normes locales.
Tourisme magazine :Que voulez-vous dire
par “normes locales” ? Est-ce que cela
signifie toilettes et douches collectives ?
Zahera Gadi :Tout à fait ! En plus les
chambres sont trop petites et elles sont au
même niveau de prix que Le Bel Air ou
l’Eden Airport ! Il est seul donc il a le
monopole. Depuis que je reçois du monde,
j'ai développé une formule “se restaurer
chez lhabitant. Je les loge à l’hôtel mais
quand jorganise des repas traditionnels, je
le fais chez l’habitant. Cela se passe très
bien et cest moins cher quà l’hôtel et de
meilleure qualité.
Tourisme magazine :Est-ce que l’héberge-
ment chez l’habitant est envisageable dans
un cas de figure où il n’y a pas assez d’hô-
tels ?
Zahera Gadi :jai commencé à développer
cette formule au niveau du Sud.
Je lai fait à Ghardaïa, Taghit, Tamanrasset
et cela se passe très bien aussi.
Tourisme magazine :Vous avez une liste
d’habitants chez qui vous pouvez héberger
les touristes ? Comment cela se passe-t-il ?
Zahera Gadi :Il y a une agence de voyage
qui a développé cela. Je madresse à elle.
Tourisme magazine :Pensez-vous que le
tourisme saharien est l’avenir du tourisme
en Algérie ?
Zahera Gadi :C’est le point le plus impor-
tant, cest même essentiel pour notre pays.
Si on arrive à développer ce tourisme, c’est-
à-dire à investir un peu plus pour plus de
lits à commercialiser au niveau du sud, plus
de facilités aussi. Lavion sur Béchar, par
exemple, au départ d’Alger, décolle très tard
le soir. Je voulais faire un voyage à partir
dAlger, je nai pas pu le faire. Lavion est à 23
heures. Il y a les retards. Déjà les clients
arrivent fatigués. Pour moi le sud est la des-
tination la plus belle dAlgérie, ou parmi les
plus belles.
Tourisme magazine :Vous êtes pour la
libéralisation du ciel ?
Zahera Gadi : Et comment ? Ce que je vis
au niveau de l’ouest est différent de ce que
vivent mes collègues au niveau d’Alger. Au
niveau de louest, on na quAir Algérie,
Aigle Azur et Tunis Air tandis quà Alger il
y a d’autres compagnies.
Tourisme magazine :Des perspectives
pour la saison estivale ?
Zahera Gadi :Nous avons programmé
trois charters sur Agadir, un charter sur
Tunis. Pour ce qui est de l’Algérie, nous
allons essayer de vendre les stations bal-
néaires. Nous ne sommes pas aidés par les
responsables commerciaux.
Entretien réalisé par Slimane Seba
Zahera Gadi en compagnie d’Alain Afflelou lors de sont récent voyage à Sidi-Bellabès.
Photo A. Madoun
Photo A. Madoun
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