Commerce agricole et agroalimentaire avec la Russie : quelques éléments En représailles aux sanctions qui lui sont imposées par l’Europe et les USA en raison de son intervention en Ukraine, la Fédération de Russie veut notamment interdire certaines importations agricoles et agroalimentaires en provenance d’UE. Cet embargo concerne en fait non seulement les Pays de l’Union européenne, mais également les USA, le Canada, l’Australie et la Norvège. La Russie a donc décrété un embargo pour une durée d’un an révisable sur les viandes, les poissons et crustacés, les fruits et légumes, le lait et les produits laitiers ainsi que les produits transformés charcuterie… Au total, le Commerce entre l’Union européenne et la Russie n’est pas négligeable, l’ensemble du commerce de l’Union européenne représente 120 milliards d’euros à l’exportation et 210 milliards d’euros à l’importation soit 7% des échanges européens avec le monde. En matière agricole et agroalimentaire, le commerce de l’UE 28 représente 12 milliards d’euros à l’export (soit 10% du commerce européen avec la Russie) et 1,6 milliard d’euros à l’importation. Le solde est très positif pour l’Union européenne : 10 milliards d’euros. La Russie absorbe 10% des exportations européennes agricoles et agroalimentaires et est la seconde destination mondiale pour les produits agricoles et agroalimentaires européens, derrière les USA (13%). Les exportations vers la Russie augmentent de 10% par an depuis 10 ans (4,3% en 2013), de même que les importations en provenance de Russie même si elles ont reculé de près de 10% en 2013. Les principaux produits exportés par l’Union européenne vers la Russie sont les fruits et légumes avec 16% du total devant les fromages (8%) et la viande de porc (8%) ; loin devant les vins (5%) et spiritueux (6%). Pour ce qui est de la France, les exportations agricoles et agroalimentaires vers la Russie représentent de l’ordre de 8% des exportations françaises vers ce pays. Le chiffre se situe entre 700 millions d’euros (sources françaises) et 1 milliard d’euro par an (sources Russes). Les vins et spiritueux en représenteraient de 40% à la moitié (a priori non concernés par l’embargo). Au cours des dernières années une progression des produits laitiers et des pommes françaises vers la Russie avait été constaté. Dans le détail, les exportations directes de fruits français vers la Russie (environ 1,7% des exportations françaises de fruits) représentent les valeurs suivantes : Données 2012 Valeur exportée totale (millions d'euros) Part des exportations vers la Russie Valeur exportée vers la Russie (millions d'euros) Poires 16,9 10% 1,69 Pommes 534,9 4% 21,396 Prunes 23,3 3% 0,699 Pêches-nectarines 76,8 1% 0,768 Cerises 11,2 1% 0,112 Abricots 84 1% 0,84 Raisins de table 30,2 1% 0,302 Autres fruits 708,1 0% 0 Total 1485,4 1,7% 25,807 Conclusion La Russie est un marché très important pour l’agriculture et l’agroalimentaire européen. La fermeture du marché russe aux origines européennes conduira de fait à alourdir dans des proportions importantes un marché européen déjà déstabilisé cette année notamment en fruits et légumes (Pêches et nectarines notamment), mais avec également des conséquences à attendre sur d’autres marchés. Rappelons qu’il y a déjà un embargo sur le porc en raison de la présence de cas de fièvre porcine africaine dans quelques États membres. Ce seront les effets indirects qui seront les plus lourds pour l’agriculture française. Les pays européens les plus directement concernés par cet embargo en général seront notamment l’Allemagne et la Pologne mais l’Italie dispose également d’un courant important de fruits vers la Russie. A noter que la fermeture aux origines européennes et nord américaines ne devrait pas conduire à fermer le marché russe et donc les parts de marché seront prises par d’autres intervenants. La Chine était déjà loin devant l’Allemagne le premier fournisseur de la Russie. Le Brésil est sur les rangs pour approvisionner la Russie. Rappelons également que la Russie est membre de l’OMC et ne peut donc en principe prendre de mesures unilatérales de fermeture des marchés. Cependant les processus OMC sont longs et complexes à mettre en œuvre. Le panel porc intenté par l’Union européenne contre la Russie suite à la fermeture du marché russe le 25 janvier 2014 vient seulement d’être accepté à l’OMC (22 juillet) et n’est pas encore constitué.