IEP 1A/S2, 2012
INTRODUCTION AUX SCIENCES SOCIALES
(CM I – 24/01/12)
INTRODUCTION GÉNÉRALE AU COURS
1. Présentation générale du cours
1. Pourquoi ce cours
Posture intellectuelle permettant de relier trois éléments essentiels :
construction d'un problème, problématique
détermination/délimitation d'un terrain d'enquête concret
choix d'une méthode d'enquête et réalisation
2. Contextualisation et tentative d'objectivation
Remarque : face à un discours 1. qui parle ? Quel est lmetteur du discours et comment se
situe-t-il ? 2. Dans quel contexte ? 3. Quel est le statut et le support du discours/de l'action ? 4. Qui
sont les destinataires ?
Question de l'objectivité / subjectivité
L'analyse en sciences sociales peut-elle être objective ou est-elle cantonnée à la subjectivité ?
Faut-il chercher à tendre vers l'objectivité ?
tendre vers neutralité axiologique.
Éviter d'emprunter le discours des acteurs sociologiques.
2. Les sciences sociales comme sciences historiques
1. Qu'est-ce-qu'une science ?
Caractérisation d'une activiscientifique selon POPPER (K. Popper, Logique de la découverte
scientifique, 1934) : Vérificabilité (on se trouve face à un système de vérification d'hypothèses).
Falsifiabilité (une hypothèse doit pouvoir être réfutée ; pour Popper la science n'avance que par
réfutations successives).
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Paradigme (cf. KUHN1 une activité scientifique se développe dans le cadre d'un
paradigme donné ensemble des valeurs et des techniques qui sont partagées et qui font
consensus dans une communauté scientifique). Cf. « révolution » copernicienne, rupture
avec Einstein, etc.
Extériorité : une loi scientifique doit valoir en tout temps et en tout lieu. Il y a extériorité
entre la loi scientifique et ceux qui l'énoncent. Problème en sciences sociales.
Historiquement le rapport des Hommes à la science à beaucoup évolué. Chronologiquement
parlant les sciences « dures » précèdent les sciences « sociales ».
2. Conséquences de ces différences de régimes de scientificité
1. Sciences compréhensives : on cherche le comment avant le pourquoi.
Weber montre que les sciences sociales sont liées à l'interprétation (compréhensives), celle-ci
étant le plus souvent tirée d'une analyse empirique qui vise à valider ou invalider des hypothèses de
travail Sciences idiographiques (étude d'événements singuliers, contextualisés et donc non
reproductibles) opposées aux sciences nomothétiques (ou nomologiques, qui produisent des lois
scientifiques, cf. sciences exactes/dures). L'histoire des sciences sociales elle même est complexe
dans le sens ou, parmi les premiers sociologues (particulièrement les durkheimiens), on retrouve la
volonté de faire de la sociologie naissante une « vraie » science, exacte. Débuts contradictoires.
2. Rapport à l'objectivité
Les sciences sociales partent du principe que toute action humaine repose sur un mélange
d'objectivité et de subjectivité. Il est important de déterminer quels éléments relèvent de quelle
catégorie. MERTON une situation considérée par les acteurs comme réelle doit être prise en
compte car elle a des conséquences qui elles sont bien réelles même si la situation ne l'est en fait
pas.
3. Modes d'expérimentation et reproductibilité des expériences
On ne peut reproduire une situation sociale à l'identique pour reconduire une expérience.
BECKER : « nous [les sociologues] ne travaillons pas dans le monde des physiciens ou nous
pourrions prendre sur une étagère un échantillon de substance pure et savoir que c'est la même
substance que celle que n'importe quel autre scientifique de la planète pourra manipuler sous le
même nom […] Aucune de nos substances n'est pure ; elles sont une combinaison de processus
historiquement contingents et géographiquement déterminés […] aucune de ces substances n'est
identique à une autre ».
1 T. Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, 1962
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(CM II – 31/01/12)
PARTIE 1 : EXPLIQUER PAR LES CLASSES ET LES STRUCTURES SOCIALES
CHAPITRE PREMIER : KARL MARX, SOCIOLOGUE
Introduction générale
Il n'y a pas de date indiscutée de naissance de la sociologie comme « science sociale ». Pas de
quête des origines qui serait vaine. On attribue parfois à A. COMTE la création du mot sociologie.
Parfois on fait remonter la « vraie » sociologie à Durkheim et Weber. Durkheim institutionnalise la
sociologie comme discipline universitaire en France.
I. La pensée et les écrits de KM dans leur contexte d'énonciation
1. Le contexte : réflexions sur la société industrielle et ses maux sociaux
Pour que la sociologie puisse apparaître, il faut que certains auteurs se situent dans un certain
paradigme permettant sa naissance. Nécessité de fondements économiques et sociaux. Pour que ce
paradigme s'installe, il a fallu qu'il se produise un certain nombre de transformations majeures entre
la fin du XVIIIe et le début du XIXe. Pour Robert NISBET (La tradition sociologique, 1966), les
deux révolutions indispensables à l'apparition de la sociologie sont :
Une révolution politique, économique et sociale. Elle voit notamment la disparition de la
société d'ordres traditionnelle → exemple typique de la Révolution Française.
Une révolution intellectuelle entraînant un changement radical paradigmatique2. Les
représentations mentales des rapports humains et de la société elle-même doivent évoluer.
Chronologiquement, c'est la volution Industrielle qui va ouvrir la voie à cette nouvelle
époque dans laquelle la sociologie va trouver sa raison d'être. Les sociétés vivant la RI vivent de
très profondes et de plus ou moins rapides mutations cela provoque des interrogations sur
l'instabilité de la « nouvelle société ». En particulier on constate des phénomènes nouveaux de
mobilités sociale, géographique, professionnelle... ainsi qu'un changement dans ce qui fonde la
propriété, ce qui semble engendrer des pertes de repères et de marqueurs d'identité sociale.
Beaucoup d'auteurs du XIXe considèrent qu'on est face à un « corps social malade ». Société
perçue comme désorganisée, désagrégée par l'absence ou le manque de « corps intermédiaires »
entre les dirigeants et les dirigés. La Révolution Française aurait laissé « l'individu seul debout face
à l'Etat » → pas de corps social intermédiaire entre l'individu et la totalité.
2 À discuter...
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Partant de ces constats assez partagés, trois types de solutions sont alors envisagées :
1] réponse traditionaliste voire réactionnaire : volonté de retour à une société d'Ancien
Régime. Idée que la Révolution a brisé une dynamique sociale et que seul un retour en
arrière peut la relancer. Revendication de retour à l'ordre ancien, à la monarchie.
Auteurs : De Bonald, De Maistre, le Play...
2] réponse libérale : cf. Tocqueville. Réflexion sur les conditions de passage de la société
traditionnelle à la société moderne. Proposition d'adaptation par la technologie nouvelle et
des systèmes politiques nouveaux : monarchie constitutionnelle libérale, droit de vote
élargi...
3] réponse radicale : assume un héritage optimiste de la Révolution Française. Veut engager
un changement vers une société égalitaire. Marx s'y situe.
2. Aperçu synthétique de l’œuvre de Marx
Marx peut être vu comme un pré-sociologue. Il partage avec la plupart des penseurs du XIXe un
raisonnement visant à expliquer un système global.
Marx naît en 1818 à Trèves en Prusse-orientale ; il mourra en 1883. Il est élevé dans la tradition
protestante, son père juif s'étant converti pour pouvoir exercer sa profession d'avocat. Famille
libérale, bourgeoise, intellectuelle, francophile. Études à Bonn et Berlin en droit, philosophie,
histoire.
[… cf. n'importe quelle biographie de Marx …]
Rencontre de Proudhon à Paris en exil.
Écrit l'Idéologie Allemande en 1846 et le Manifeste du Parti Communiste en 147 avec Engels. Il
revient en Prusse en 1848-1849 en essayant de participer aux mouvements révolutionnaires, il
refonde un journal qui sera de nouveau interdit. Il se réfugie à Londres. Il y écrit Le Capital. En
1864 il fonde la première Internationale et joue un rôle important dans l'Association internationale
des travailleurs. Marx est financé par Engels.
« Philosophie » prônant une forme de dialectique mettant en débat les supposées contradictions
sociales discours « messianique ». Volonté de transformer le monde et non de l'interpréter
uniquement. Vision déterministe/évolutionniste de l'Histoire.
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II. La pensée de Marx confrontée à l'analyse des faits sociaux et historiques
1. Quelle analyse de l'Etat ?
Marx part de la pensée philosophique de Hegel (idéalisme allemand). Chez Hegel, la
philosophie a une finalité fondamentale : la conscience de soi en tant que communauté historique.
Comment Marx construit-il son rapport à l'Etat par dessus un substrat hegelien ? Deux grandes
théories de l'Etat dont seule la seconde sera adoptée par ceux qui se disent marxistes :
perception socio-historique de l'Etat → plusieurs types d'Etat → exemples = Aux USA, pays
neuf, l'Etat n'a pas eu à se dégager de structures féodales pour exister il n'a pas eu besoin de
prétendre à une indépendance vis à vis de la société civile, il est donc resté un Etat faible. Au
contraire, en Prusse, Marx parle d'Etat « policier », de « despotisme militaire à armature
bureaucratique et à blindage policier ». Dans les sociétés de passé féodal on voit apparaître
un Etat bureaucratisé qui doit dominer la société civile et qui a donc une certaine autonomie.
Etat comme instrument servile du capital, archétype = bonapartisme. La bureaucratie est
présentée comme une sorte de « parasite » oppresseur. Critique de l'Etat démocratique
libéral → selon Marx, cet Etat ne modifierait pas l'existence réelle des hommes mais créerait
une « fausse divinité » parlant au nom de l'intérêt général, etc.
L’État est alors présenté comme un appareil au service de la bourgeoisie. Marx présente donc un
processus révolutionnaire débutant par une phase de dictature du prolétariat. La révolution réussie,
l'Etat doit disparaître = contestable et pas vérifié. Marx se heurte aussi à une certaine difficulté dans
sa capacité à penser les droits de l'Homme car il a tendance à opposer les droits « réels » aux droits
« formels ».
2. Quelle analyse des classes et structures sociales ?
Pour marx les classes sociales sont déterminantes. Une classe sociale selon lui est un groupe qui
occupe une place déterminée dans le processus de production. Au départ marx et engels identifient 3
grandes classes dans la société capitaliste : la classe ouvrière, les capitalistes, les propriétaires
fonciers. Finalement, réduction à deux classes ouvrière (dispose de sa force de travail
uniquement) et propriétaire (capital).
La classe exploiteuse contrôle l'Etat et domine la société de trois manières distinctes :
exploitation de la [plus value de la] classe ouvrière, manipulation de l'appareil d'Etat, imposition de
son idéologie... pour marx, 1789 a permis à la bourgeoisie d'accéder à la situation de classe
exploitante. Classe exploitée aliénée = pas conscience de son exploitation. Rendre compte des idées
et des actions des individus c'est d'abord rendre compte de leur position sociale et donc de leur
position dans les rapports de production.
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