%58,76GH N° 34 Les coups de coeur des étapes du camion pédagogique COULEURS DE TERROIRS LA CHAPELLE D’ANGILLON Bourges Lycée Jacques Cœur du 01/10/2007 au 11/10/2007 ÉDITORIAL Pour nous tous, le nom de la Chapelle d’Angillon évoque l’écrivain Henri Alban Fournier, dit Alain-Fournier, mort trop jeune sous les bombes ennemies dans les tout premiers jours de la grande guerre. Il nous a laissé «Le Grand Meaulnes» et en le relisant, on se prend à regretter que son oeuvre soit ainsi restée inachevée. Mais La Chapelle d’Angillon est aussi un gros bourg au sein duquel trône un château fortifié au 11ème siècle par un envahisseur normand, Gillon de Seuly dont la ville porte le nom. Seules les douves, les tours rondes et le donjon surplombant l'étang, ont résisté à l’usure du temps. Le logis a été refait aux 15ème et 16ème siècles. Il s'ouvre sur l'extérieur par une galerie Renaissance dont les arcades retombent sur des chapiteaux au décor végétal. La demeure recèle quelques œuvres d'art telles qu'un cabinet d'ébène incrusté d'ivoire et une céramique émaillée dans la chapelle. Il fait un temps partie du domaine de Maximilien de Béthune, duc de Sully, ministre du roi Henri IV. Jusqu’à la Révolution française, les seigneurs de La Chapelle d'Angillon portent le titre de princes de Boisbelle. Le château est aujourd’hui le siège du musée Alain-Fournier. On y découvre la trop courte vie de l’écrivain au travers des livres, lettres, maquettes et photos du film Le Grand Meaulnes, inspiré de son ouvrage éponyme. Pour la 3ème année consécutive, le lycée Jacques Cœur de Bourges nous reçoit pour une quinzaine devenue presque une habitude. Deux classes vont nous être confiées : 1ère BTS et 1ère Bac Pro. L’accueil qui nous est réservé à cette occasion est des plus chaleureux, tant il est vrai que tout le monde, ou presque, connaît déjà l’opération. Nous nous retrouvons donc presque en famille. Nous n’allons donc pas bouder notre plaisir. Cette année, nous avons aussi le plaisir de retrouver des élèves que nous avons déjà côtoyés par le passé. Ils sont motivés et connaissent pour la plupart l’enjeu. Force nous est de constater qu’ils sont agréables et pour la plupart d’entre eux, vaillants et volontaires. Le dernier soir, alors que toute la communauté de l’établissement est réunie pour un ultime repas à bord de notre camion, nous nous quittons heureux et sur une seule phrase… Vivement l’année prochaine! Le Président Philippe Gombert 1 &28/(856GH LE CHÂTEAU DE VALENÇAY plus tard duchesse de Dino. Talleyrand ajoute le pavillon de la Garenne «pavillon de chasse» construit de 1805 à 1809 et fait créer un très joli petit théâtre, sur la suggestion de Napoléon qui pense à la distraction de ses prisonniers, les Infants d’Espagne. En revanche, il utilise le très élégant château de Veuil, déjà en mauvais état, comme carrière de pierre pour l’entretien et des travaux de restauration de son château de Valençay. éblouis. Talleyrand est à la Impressionnant de beauté et fois un diplomate et un très de majesté, le château de Vafin gourmet. Il s’attache les lençay est à l’image de son En passant par l’Histoire ... services d’Antonin Carême, plus illustre propriétaire, imle chef le plus brillant et le posant tout en étant élégant. plus inventif de sa généraC’est à la famille d'Estamtion, si bien que très rapidepes, dont la fortune remonte ment, la table de Valençay à Louis XIII, que l'on doit le devient la meilleure de l’EmChâteau actuel, subtil mépire, celle où il faut se monlange de style Renaissance trer, celle où sont servis les et de Classicisme. plats les plus raffinés, les Fort d’une nouvelle aile est plus recherchés. Même le bâtie à la fin du XVIII ème sièRoi d’Espagne Ferdinand cle et embellie par un maVII, pourtant retenu six ans gnifique parc de 12 000 à Valençay, en gardera un hectares, il devient la debon souvenir, en attendant meure du Prince de Talleyque le traité de Valençay lui rand en 1803, avec l’aide rende sa couronne d'Espagne. financière de Napoléon Bonaparte alors 1er et tout puisEtre invité à cette table était sant Consul. un honneur suprême. Une véritable étiquette règlait l’orAlors commence le temps donnancement de ces dîners, des réceptions fastueuses : auréolés de la présence de diplomates, grands politila nièce par alliance de Talques, gens en place, finanleyrand, Dorothée, devenue ciers se succèdent et sont 2 Talleyrand, séjournant plus souvent à Valençay à partir de la Restauration, s'intéresse de lors de près à la vie locale: il est maire de Valençay de 1826 à 1831 et conseiller général de l'Indre de 1829 à 1836. On trouve dans la ville de nombreux lieux rappelant sa présence ou son action. À la fin du «règne» de Talleyrand, sa propriété s'étend sur 23 communes du département de l'Indre. Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, le château est LE épargné par les Allemands, ce qui permettra de protéger des sculptures provenant du Musée du Louvre, comme la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace. Boson, dernier Duc de Valençay, n’ayant pas de descendance directe, il légue sa propriété et sa fortune à son beaufils qui vend le château, en 1979, à une association regroupant notamment le département de l'Indre et la commune de Valençay. CHÂTEAU DE VALENÇAY (SUITE) Le duc et son épouse reposent dans la crypte de la chapelle située près de la mairie de Valençay. Là se trouvent d'autres membres de la famille Talleyrand, dont le diplomate Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, prince-duc de Talleyrand, duc de Dino (1754-1838). L'un des nombreux intérêts de cet extraordinaire château est qu'il conserve une partie de son mobilier (notamment Empire), tout au moins dans les pièces qui se visitent. 3 ),*85(6GH CHARLES MAURICE DE TALLEYRAND OU LA DIPLOMATIE D’UN VISIONNAIRE Visionnaire politique, complètement indifférent au jugement de ses contemporains, ce personnage illustre, passionné de liberté et de paix sert, de la Révolution à la Restauration, des systèmes politiques aux destinées contradictoires qui disparaissent dans la fureur de l’époque. Prenant une part active et parfois décisive à la vie politique de son temps, il est qualifié d’opportuniste, d’intrigant, de cynique, de girouette, voire de corrompu et même de traître à Napoléon. On doit cependant reconnaître que dans la vie politique de ces époques tourmentées il demeurera fidèle toute sa vie à ses convictions et à la France. Ce diplomate talentueux et intelligent est considéré comme le père de la diplomatie moderne, il tient une place considérable dans l’histoire de la politique française et même européenne. 4 Charles-Maurice de TalleyrandPérigord naît à Paris le 2 février 1754, affublé d’un pied bot, hérité d’une maladie héréditaire connue sous le nom de «syndrome de Marfan». Issu d’une famille d’une très haute noblesse mais sans réelle fortune, ses parents lui ferment la carrière des armes, à cause de son handicap physique, et préfèrent l’orienter vers la carrière ecclésiastique. Un de ses oncles, Alexandre Angélique de Talleyrand-Périgord, successivement archevêque de Reims, cardinal et archevêque de Paris, aura ainsi un grande influence sur l’orientation du jeune Charles-Maurice. Grâce à cet oncle, il dispose des appuis nécessaires pour pouvoir envisager une brillante carrière et le «chapeau» de cardinal. Le 1er avril 1775, il est ordonné sous-diacre en l'église SaintNicolas-du-Chardonnet. Nommé abbé commendataire de l'abbaye de Saint-Denis de Reims il préfère s’installer à Paris et s'inscrit à la Sorbonne où, durant trois ans, il prépare une licence de théologie qu'il obtient le 2 mars 1778. Abbé mondain, il y mène une vie fort libertine, les jolies duchesses et la fréquentation des salons prenant alors une place importante dans son existence. Talleyrand est ordonné prêtre le 18 décembre 1779, puis l’année suivante, il est nommé pour cinq ans l’un des deux agents généraux du clergé auprès de l’administration royale. Dans tout ce qu’il entreprend, il est un travailleur acharné et ne laisse jamais rien au hasard. Le 21 avril 1785, naît Charles de Flahaut, enfant illégitime de sa longue liaison avec la comtesse Adélaïde de Flahaut. Cela ne l’empêche nullement d’être nommé évêque d’Autun le 2 novembre 1788, par le roi Louis XVI. Le 2 avril 1789, Talleyrand est élu député aux Etats Généraux par le clergé de son diocèse après une «campagne» rapide mais soigneusement menée. Habile, il sent les choses et précède les événements. Il comprend mieux et, avant tout le monde, qu’une révolution irréversible est en marche. Dès le 14 juillet 1789, Talleyrand est nommé membre du Comité de Constitution de l'Assemblée Nationale. En août 1789, il fait adopter sa propo- CHARLES MAURICE DE TALLEYRAND OU LA DIPLOMATIE D’UN VISIONNAIRE (SUITE) 1797, grâce à l’intervention pressante de Madame de Staël. Pendant le Directoire, profitant de l’ambiance politique quelque peu délétère, il mélange activité diplomatique et enrichissement personnel. Il fait rapidement fortune. sition de rédaction de l'article 6 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Le 10 octobre, Monseigneur l’évêque d’Autun donne sa «Motion sur la nationalisation des biens ecclésiastiques». Il sera aussi l’auteur d’un énorme «Rapport sur l’instruction publique», dans lequel il pose les principes qui en font l’ancêtre de l’école moderne. Le 16 février 1790, l'évêque d'Autun est élu à la présidence de l'Assemblée Nationale. Début 1792 la guerre est inéluctable et l’Assemblée Législative décide d’envoyer une mission à Londres pour se concilier les bonnes grâces de l’Angleterre. Talleyrand semble tout indiqué pour cette mission qu’il accepte avec empressement. Se sentant en danger pendant la Convention, Talleyrand estime prudent de quitter la France, pour l’Angleterre, puis pour les Etats-Unis où il fait de lucratives opérations immobilières. Il rentre à Paris le 20 septembre 1796 et réussit à obtenir de Barras le portefeuille des Affaires étrangères, le 16 juillet Le 20 juillet 1799, accusé de malversations, Talleyrand démissionne de son ministère. Pressentant que le régime court à sa perte, il décide alors de précipiter l’événement. Il encourage activement un jeune général, Bonaparte, à prendre le pouvoir et contribue à la préparation du coup d'État du 18 Brumaire. L’entreprise menée à bien, Bonaparte n’oublie pas Talleyrand qui retrouve son poste de Ministre des affaires étrangères sous le Consulat, poste qu’il conserve sous l’Empire, jusqu’en 1808. A partir de ce moment, Talleyrand tient une place importante auprès de Bonaparte. Il est un homme de paix, préconisant la stabilité des relations entre les Etats européens. Talleyrand est aussi l'inspirateur des articles organiques du Concordat de 1801. Il est, au sein de l’entourage de l’empereur, la seule personnalité qui ose lui tenir tête et lui faire connaître ses positions. Il tente à de nombreuses reprises, mais toujours en vain, de freiner ses ardeurs guerrières et l’incite à ne jamais humilier l’adversaire battu. En 1808, Talleyrand prend de la distance avec l’empereur, ne pouvant soutenir un homme toujours tourné vers de nouvelles conquêtes militaires et si peu soucieux de paix. Il pressent que le régime s’écroulera pour avoir été trop gourmand de conquêtes. Coïncidence ou conséquence, l’Empire entre alors dans une période difficile qui l’entraîne inexorablement vers sa fin. En janvier 1809, ayant envisagé avec Fouché la disparition de l’empereur, Talleyrand est l’objet de cette fameuse scène où Napoléon, revenu en catastrophe d’Espagne, lui exprime son mépris et l’accuse de trahison. Talleyrand tombe en disgrâce. Faisant la différence entre le service de la France et celui de l’Empire, il offre ses services à la Russie et l’Autriche. Le 31 mars 1814, Paris capitule. Talleyrand a fait quitter la capitale à l’impératrice. Le Tsar Alexandre s'installe chez lui, 2 rue Saint-Florentin; toute l’Europe accourt pour courtiser le Tsar Alexandre et Talleyrand, les deux maîtres du moment. Le 1er avril 1814, Talleyrand est élu président du Gouvernement provisoire par le Sénat. Le 2 avril 1814, à son instigation, le Sénat prononce la déchéance de Napoléon. Le 23 avril, la signature de l’armistice ramène la France à ses frontières de 1792. Le 3 mai 1814, le roi Louis XVIII entre dans Paris. Le 13 mai, Talleyrand, prince de Bénévent, est nommé ministre des Affaires étrangères. 5 CHARLES MAURICE DE TALLEYRAND OU LA DIPLOMATIE D’UN VISIONNAIRE (FIN) l'Angleterre, l'Autriche, la France, la Prusse, la Russie et les Pays-Bas. Elle doit statuer sur le sort de la Belgique. Il sera nommé ambassadeur extraordinaire à Londres par le roi Louis Philippe. Le 20 décembre 1830, l’indépendance de la Belgique est reconnue et le 20 janvier 1831, la conférence proclame la neutralité et l’inviolabilité perpétuelles de la Belgique. Le 30 mai, il signe le Traité de paix entre le Roi et les puissances alliées. La France est invitée au Congrès de Vienne pour se voir communiquer les décisions que les Alliés avaient déjà prises. Très rapidement Talleyrand redresse la situation grâce à sa diplomatie et grâce aussi à ses réceptions somptueuses où le tout-Vienne se presse; on y parle politique, théâtre, musique et même fromage! Cet homme est incroyable de rouerie et d’intelligence. Le 9 juillet 1815, après le départ de Napoléon pour Sainte-Hélène, le prince de Talleyrand, Pair de France, est nommé président du con- 6 seil des ministres et secrétaire d'État au département des Affaires étrangères. Le 24 septembre de la même année, il démissionne, refusant de signer le nouveau traité imposé par les Alliés après Waterloo, beaucoup plus dur que celui qu’il avait signé précédemment. Il est alors en butte à de nombreux adversaires politiques qui le poussent aussi vers la sortie. Retiré à Valençay, il jouera encore, à 76 ans, un rôle majeur lors de la conférence de Londres qui regroupe Le 13 novembre 1834, depuis Valençay, le prince de Talleyrand envoie sa lettre de démission d'ambassadeur extraordinaire à Londres. Le 12 mai 1838 au matin, le roi Louis-Philippe accompagné de Madame Adélaïde, sa soeur, rend visite au prince de Talleyrand, à l'article de la mort. A 3 heures 35 de l'après-midi, le prince de Talleyrand s'éteint à l'âge de 84 ans. Son corps repose à Valençay dans la crypte de la «chapelle des Sœurs». ),*85(6GH JEAN 1ER DE BERRY: UN MÉCÈNE FASTUEUX roi Charles VI conjointement avec ses deux autres frères, les ducs d'Anjou et de Bourgogne. Lorsque Charles VI devient fou, il partage l'autorité avec son frère, le duc de Bourgogne, Philippe II le Hardi, et son neveu, le duc d'Orléans Louis Ier. Les dissensions de ces princes vont faire le malheur de la France et l’emmènent au bord du chaos. Fils du roi de France Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg, il est apanagé du Berr y par son père, puis du Poitou en 1369, et devient, par son mariage, duc d 'A u ver g n e e t c o m te de Montpensier. Après la défaite désastreuse et honteuse de Poitiers, où son père est fait prisonnier, il est échangé contre celuici son père et reste ainsi prisonnier en Angleterre jusqu'en 1367. Mécène fastueux, il protége les arts et les lettres et posséde les plus beaux manuscrits de l'époque. Il se fait construire plusieurs palais, parmi lesquels, celui de Bourges, un château au bord de l'eau à Poitiers et celui de Mehun-surYèvre, sans dou- te le plus beau. Sur le modèle de la Sainte-Chapelle de Paris, il s’en fait, comme ses frères, édifier une dans ses domaines, pour bien montrer sa filiation avec le roi Saint Louis. Très proche de son frère, le futur Charles V, il sera son indéfectible soutien, son règne durant. Ils ont en commun, l’amour des arts, de la littérature et des beaux objets. Cependant, contrairement à Charles, Jean est plus un collectionneur qu'un créateur. On se souvient surtout de lui comme d'un très grand mécène. À la mort de son frère, il devient un des tuteurs du jeune 7 0(02,5(GH CHARLES VII À BOURGES plus tard par la mort de Jean, l'autre fils…; c'est ainsi que Charles devient héritier du trône de France en 1417, recevant alors le duché de Berry. Si l'Anjou est sensiblement calme, il n'en est pas de même du reste du royaume et la guerre complexe entre les Bourguignons et les Armagnacs fait rage. Charles, avant d'être fait prisonnier par les Bourguignons, s'enf u se réfugier à Bourges, dans son duché. Charles VII est né à Paris le 22 février 1403. Il se nomme tout d'abord Charles de Valois, comte de Ponthieu et n'a alors aucun rapport avec le Berry. Charles de Valois n'a au départ pas beaucoup de chance de régner puisque deux de ses frères sont plus âgés. La chance lui sourit à 10 ans lorsque la reine de Sicile Yolande d'Anjou, par pitié ou par calcul, le prend en charge, avec la ferme intention de le marier à sa fille Marie d'Anjou. 8 Charles quitte Paris qu'il n'aime pas, et s'en va auprès de Yolande en Anjou. Il y passe de merveilleuses années, jouant avec sa future épouse ; comme il est de santé fragile, il passe le plus clair de son temps à étudier et certains affirment qu'il a été un des hommes les plus lettrés du royaume. Le destin frappe en 1415, avec la mort de son frère, le dauphin Louis, suivi un an Charles se proclame alors régent, et à cette époque, il n'a que 15 ans, on le dit sans caractère, gentil et très modeste; il a horreur de la violence, bref! Il n’a rien d’un futur roi. La rumeur prétend même qu’il n’est qu’un bâtard. Sa mère, particulièrement «aimante», va même alors jusqu’à déclarer que le roi de France devrait être Henri V d'Angleterre…! Dans ces périodes difficiles, Charles devenu "de Berry", vit au palais ducal de Bourges mais aussi à Mehun sur Yèvre, dans le château de feu son oncle. Il n'a pas 20 ans quand il épouse au printemps à Bourges dans la cathédrale Saint Etienne, le 22 avril 1422, i CHARLES VII À BOURGES (SUITE) "Gentil dauphin, je te dis de la part de Messire Dieu que tu es vrai héritier du trône de France." On connaît bien la suite, une armée est confiée à Jeanne d'Arc qui délivre Orléans et emmène le roi se faire couronner "pour de vrai" à Reims le 17 juillet 1429, comme le voulait la tradition. sa «copine» de jeu, Marie d'Anjou, qui sera une reine aimante et fidèle. Quelques mois plus tard, le roi Charles VI meurt et la France se retrouve avec deux rois. L'un est anglais, c'est Henri VI, il est à Paris et règne sur une grande partie de la France. L'autre, c'est "notre petit roi de Bourges". Il règne sur le Berry et quelques autres provinces, entouré d'une poignée de fidèles. De 1422 à 1437, Charles VII fera de Bourges sa capitale, et surtout un havre de paix et de sécurité. Il devient un roi berrichon et tourangeau, avec une cour très pauvre. C'est au château de Chinon que le 25 février 1429, une jeune fille lui demande audience. Alors qu'elle n'a jamais vu Charles, la jeune personne se plante devant lui et doucement mais fermement lui déclare: Entre les combats, le roi passe la plupart de son temps à Bourges dans son palais. En 1437, finalement Charles VII se résout à retourner à Paris, qui redevient capitale du royaume, mais Bourges restera toujours chère au roi. Au mois de mai de cette même année, il a d’ailleurs accordé à ses habitants le privilège d'acquérir des biens nobles sans aucune indemnité envers l'Etat. lies filles et à la bonne chère, à la grande surprise de son entourage. Bourges est-elle fière de son «petit roi»? Rien n’est moins certain. En effet, chacun garde en mémoire qu’il n'a pas fait grand chose pour sauver Jeanne d'Arc qui l'avait pourtant «fait roi», pas plus qu’il ne soutiendra Jacques Cœur, en butte à la jalousie et à la haine de ses pairs, alors que ce dernier avec son argent lui avait permis de lever les troupes qui vont libérer la France. Et puis… ce sera le premier souverain à imposer à la cour, officiellement, sa maîtresse, Agnès Sorel. Ce sera le premier à le faire, mais pas le dernier... A partir de 1440, il entrera en conflit avec son propre fils, le futur Louis XI, trop pressé de régner et qui complote sans cesse contre lui. Se sentant plus en sécurité qu’à Paris, Charles VII séjourne alors de plus en plus à Bourges et en Berry. En moins de 3 ans, il reconquiert son royaume et le roi modeste qu’il a été prend alors goût au luxe, aux jo- 9 3$5)806GH LE SANCERROIS : UNE TERRE QUI FLEURE BON LE VIN Le vignoble de Sancerre trouve son origine dès l’avènement de notre ère. Les Romains le connaissent déjà et en 582, Grégoire de Tours mentionne l’existence du vignoble de Sancerre. Mais c’est au 12ème siècle qu’il acquiert ses lettres de noblesse, sous l’impulsion des moines Augustins de l’abbaye de Saint-Satur, des comtes de Sancerre et des moines Bénédictins pour le vin de MenetouSalon. A partir du règne de Philippe II Auguste, les vins de Sancerre figurent en bonne place à la table du Roi. Après la crise du phylloxéra qui, comme partout en France, décime le vignoble, les vignerons autochtones n’ont de cesse de replanter et d’améliorer la qualité de leurs vins. Leurs efforts seront récompensés par un 1er décret AOC en 1936 pour le vin blanc de Sauvignon 10 blanc, puis en 1959 pour les vins rouge et rosé, issus du cépage Pinot noir. Le vignoble de Sancerre s'étend sur environ 2750 hectares sur la rive gauche de la Loire, à l'est de Bourges, sur des sols calcaires (caillottes), argilo-calcaires (Terres blanches) ou encore argile à silex. Les vins blancs sont issus du seul cépage Sauvignon blanc. Leur robe vert-or pâle est lumineuse. La palette aromatique des blancs – les plus connus s’étend des notes florales aux notes fruitées telles que les agrumes (pamplemousse, pomelos), jusqu'aux notes de pierre à fusil. En bouche, ces vins blancs sont secs, assez ronds, équilibrés et dotés d’une belle fraîcheur. Ils peuvent se boire mais certains millésimes ont des potentiels de garde étonnants. Les vins rouges sont issus à 100% du Pinot noir. Dotés d’une belle robe cerise, ils dégagent des arômes floraux joliment prononcés… Ce sont des vins équilibrés, avec de la puissance et de la finesse. Mais le terroir de Sancerre n’a pas que le Sancerre à offrir aux connaisseurs. D’autres vins, peut être moins célèbres mais tout aussi intéressants, se conjuguent pour ravir les palais les plus exigeants. LE SANCERROIS : UNE Le vignoble de Mennetou-Salon est intimement lié à Jacques Cœur, tant le grand argentier du Roi l’affectionnait. Les vins blancs (cépage Sauvignon) sont des vins frais et fruités. Leurs nez marient des arômes d'agrumes et de fleurs. Le cépage Pinot noir produit des vins rouges de couleur rubis aux arômes de fruits mûrs qui révèlent en bouche une très grande richesse sur des finales de fruits confits. TERRE QUI FLEURE BON LE VIN (SUITE) Le vignoble de Reuilly remonte au début du 7ème siècle, lorsque le bon roi Dagobert fait don de Reuilly, de ses prairies, de ses champs et de ses vignes aux Moines de l'abbaye de Saint-Denis. Il propose des vins blancs racés, secs et fruités (cépage sauvignon blanc) d’une belle ampleur et d’une grande finesse. Les rouges et rosés (pinot gris et pinot noir) évoquent ceux de Sancerre. La réputation du Châteaumeillant s'est établie grâce à son célèbre "vin gris", issu du pressurage des raisins de gamay. Châteaumeillant produit des vins rouges et rosés issus des cépages gamay, pinot noir et pinot gris. Ce vin frais et gouleyant est à boire jeune. A proximité de Bourges et de Mehun-sur-Yèvre, Quincy et une partie de la commune de Brinay produisent un vin blanc sec, bouqueté et d'une grande finesse (cépage Sauvignon). 11 3$5)806GH LE CROTTIN DE CHAVIGNOL : LE GRAND Sancerre est sans doute l'une des rares localités de France – avec la voisine Valençay – pouvant se prévaloir de posséder plusieurs Appellations d'Origines Contrôlées. Après ses vins, c'est un fromage de chèvre, le "crottin de Chavignol", qui par décret du 13 février 1976 a été admis dans la noble famille des Origines Contrôlées. Son origine remonte aux grandes invasions du Moyen-Age. C'est en Sancerrois, avec sa capitale Sancerre et son village de Chavignol, que se situe le berceau du Crottin de Chavignol. La chèvre y a élu domicile depuis le 16 ème siècle. A la fin du 19 ème siècle, l'attaque du phylloxera sur le vignoble donne un coup de 12 DESTIN D’UN PETIT FROMAGE pouce au fromage local, au détriment du vin. Certaines parcelles sont en effet libérées pour le pacage des chèvres. Le développement de la production de lait de chèvre gagne alors la Champagne berrichonne, la Sologne Orientale et le Val de Loire. En 1998, devant la prolifération de "crottins" de toutes sortes et de tous lieux, les producteurs locaux souhaitent se démarquer pour maintenir l’intégrité et l’authenticité de leur petit fromage. Ils décident alors de bannir le mot «crottin» – non protégé et hélas non protégeable – de leur vocabulaire et de ne plus désigner leur délicieux fromage que sous le seul vocable "Chavignol". Il n’en reste pas moins que l’on ne peut effacer d’un trait de plume la mémoire du temps. C’est ainsi que lorsque le Chavignol rejoint la famille des fromages AOC, les deux appellations sont acceptées: «Chavignol» et «Crottin de Chavignol». Aujourd’hui, l’enfant chéri de Sancerre est produit à plus de 2 0 mil- LE CROTTIN DE CHAVIGNOL : LE GRAND DESTIN D’UN PETIT FROMAGE (SUITE) lions d’exemplaires, à partir de 14 millions de litres de lait fournis par près de 33000 chèvres. Peu après la traite, le lait est faiblement emprésuré. Le caillage dure entre 24 et 48 heures. Le caillé est ensuite pré-égoutté sur toile puis mis dans des faisselles à l'aide d'une louche où il sera fréquemment retourné. La qualité du caillage et le préégouttage sur toile donnent au Chavignol sa pâte si caractéristique. Après démoulage et salage, le fromage est séché puis affiné en hâloir pendant au minimum 10 jours. Avant 10 jours, il peut s'appeler crottin mais en aucun cas Crottin de Chavignol et il n'est pas AOC. L'affinage et le tour de main des fromagers sont irremplaçables pour que le Chavignol livre ses arômes au fil du temps. Le Chavignol est un fromage de chèvre au lait entier, de forme cylindrique, très légèrement bombé à la périphérie. Sa croûte fine et naturelle est fleurie d'une couverture blanche ou bleue. Sa pâte, blanche ou ivoire, lisse et ferme est fondante en bouche. Affiné au minimum 10 jours, le Chavignol offre selon son degré d'affinage, une gamme infinie de saveurs. On peut l'affiner au-delà de trois mois. Ainsi, les amateurs de ce petit trésor du Sancerrois, trouveront le chavignol le plus adapté à leur goût. Il suffit pour cela d’un peu de patience et de beaucoup d’amour. 1) Mi-sec: Il révèle une discrète saveur de chèvre. Il est apprécié pour sa douceur et sa fraîcheur. 2) Plus âgé, légèrement fleuri d'un pénicillium blanc ou bleu, il gagne et maturité et en finesse. 3) Bleu, sa saveur s'enrichit d'arômes de champignons et de sous-bois. 4) Sec, il dévoile des arômes de noix et de noisette. 5) Plus rare, le "repassé" est conservé dans des pots en grès. Il emplit le palais et ne laisse personne indifférent. 13 LE PODIUM DE L’ÉTAPE Lors de chaque étape, 8 menus thématiques sont servis aux 40 convives qui nous font le plaisir de participer aux soirées gastronomiques organisées à bord du camion Patrimoine et terroirs. Ces soirées sont autant d’occasions de faire un parcours initiatique dans la France des Terroirs, mais aussi, pour les élèves, de montrer l’étendue de leur talent, de leur volonté et de leurs progrès. Chaque soirée est consacrée à un terroir différent et donc à une des facettes de notre gastronomie. Tous ces menus sont notés par les convives, ce qui nous permet, au terme de l’étape, de dresser le bilan des préférences des invités, tant au niveau des mets que des boissons. Cela nous apporte également un bon instrument pédagogique pour débattre avec les élèves de la soirée de la veille. Le menu que nous vous proposons de découvrir ci-dessous est donc la synthèse des deux semaines passées en terre berrichonne, au lycée Jacques Coeur de Bourges. LE PALMARÈS CULINAIRE Brume de Chavignol aux copeaux d’agaric (Soirée Centre) Soupe d’écrevisses (Soirée Franche-Comté) Filet de truite à la Bleue de Fougerolles (Soirée Franche-Comté) Agneau de prés-salés de la Baie de Somme aux haricots de Soissons (Soirée Picardie) Feuilleté de Maroilles aux noisettes (Soirée Picardie) Granité de Macvin du Jura aux agrumes (Soirée Franche-Comté) LE PALMARÈS BA CCHIQUE BACCHIQUE Muscat de Beaumes de Venise (Vin Doux Naturel de Provence - Soirée Corse) AOC vin de Corse – Porto-Vecchio Bière blanche des plateaux (Vin rouge de Corse – Soirée Corse) (Soirée Franche-Comté) Champagne Mercier «Cuvée du fondateur» Chateauneuf-du-Pape blanc (Vin de Champagne - Soirée Normandie) (Vin blanc des Côtes du Rhône – Soirée Corse) 14 ILS SE SONT DISTINGUÉS LORS DE L’ÉT APE ÉTAPE Certains des élèves qui nous ont été confiés se sont particulièrement distingués, par leur envie, leur volonté et leur comportement général. La première semaine, nous avons travaillé avec la classe de Terminale Bac Pro et la deuxième semaine avec celle de 1ère Bac Pro. Rappelons ici que 16 élèves formeront la Promotion «Auguste Escoffier» (session de stage d’hiver) et 16 autres la Promotion «Joseph Favre» (session de stage de printemps). Ces stage sont donc réservés aux élèves de 1ère et Terminale Bac Pro. La sélection a débuté l’an passé au lycée d’Olivet et se poursuivra jusqu’à la Toussaint auprès des élèves de Bourges et de Tours, puis de Toussaint à Noël auprès des élèves de Rue, Amiens Edouard Gand, Amiens Saint-Martin, Soissons, Château-Thierry et Compiègne. La liste définitive des élèves sélectionnés pour le Région centre sera donc connue à l’issue de la dernière étape en Région Centre. Pour l’heure, 4 élèves du lycée «Jacques Coeur» de Bourges sont d’ores et déjà qualifiés: Julien DUBOIS (1ère Bac Pro cuisine) Marine RAUCAZ (1ère BTS cuisine) Céline ROUX (1ère BTS restaurant) Baptiste SOULAGNET (1ère Bac Pro cuisine) (cf leur photo page suivante) 15 ILS SE SONT DISTINGUÉS LORS DE L’ÉT APE ( SUITE) ÉTAPE (LAURÉATS DE L’ÉTAPE) 8 autres élèves ont été repérés mais leur sélection ne sera confirmée qu’à la fin du circuit de sélection qui s’achèvera juste avant les fêtes de Noël. Nous avons donc mis une option sur eux. Ces autres lauréats sont: Gaël BOUTHORS (1ère BTS cuisine), Tristan MICHEL (1ère BTS cuisine), Camille CLAISE (1ère BTS restaurant), Frédérique DOLLET (1ère BTS restaurant), Hadrien TAIEB (1ère BTS restaurant), Amaury TROUBAT (1ère Bac Pro cuisine), Selina SZLOSEK (1ère Bac Pro restaurant), Nicolas BIESSE (1ère Bac Pro cuisine). Ces stages intensifs sont l’occasion pour nos élèves de démontrer leurs qualités professionnelles, leurs capacités d’adaptation ainsi que leurs aptitudes à travailler en équipe. Tout au long de ces 6 semaines, ils auront l’occasion de rencontrer nombre de professionnels. Ils seront évalués tout au long de leur stage et tous ceux qui se seront distingués durant ces 6 semaines partiront avec une promesse d’emploi chez l’un de nos partenaires professionnels, dès l’obtention de leur diplôme. 16 ILS NOUS ONT HONORÉS DE LEUR PRÉSENCE Jean-Pierre PLANTUREUX – Principal de Collège Vincent CALENTIER – Proviseur lycée Jacques Cœur. Marie-Claude VERNEY – Directrice CIO Nicole BEDU – Proviseur Lycée Edouard Vaillant de Vierzon Jocelyne RUIZ – Proviseur LP Vauvert de Bourges Nicolas MENAGIER – Inspecteur Education Nationale Hubert BOUREAU - Inspecteur Education Nationale Christiane MAYADE – Proviseure – Lycée P.E Martin de Bourges Ainsi que les 303 autres convives qui sont venus dîner à bord de notre camion pédagogique itinérant. Qu’ils soient remerciés de leur présence. Sans eux, les élèves n’auraient pas pu exercer leurs talents ni montrer leur compétence. 2, rue de l’aubrac - V.1.P - 94595 Rungis Cedex 517 Tél.: 01.55.52.16.16 - Fax : 01.55.52.16.17 Site internet : http://www.patrimoine-et-terroirs.fr