%58,76GH
Les coups de coeur des étapes du camion pédagogique
1
Bourges
Lycée Jacques Cœur
du 01/10/2007 au 11/10/2007
N° 34N° 34
N° 34N° 34
N° 34
ÉDITORIAL
Pour la 3
ème
année consécutive,
le lycée Jacques Cœur de Bour-
ges nous reçoit pour une quinzai-
ne devenue presque une habitude.
Deux classes vont nous être con-
fiées : 1
ère
BTS et 1
ère
Bac Pro.
L’accueil qui nous est réservé à
cette occasion est des plus cha-
leureux, tant il est vrai que tout le
monde, ou presque, connaît déjà
l’opération. Nous nous retrou-
vons donc presque en famille.
Nous n’allons donc pas bouder
notre plaisir. Cette année, nous
avons aussi le plaisir de retrou-
ver des élèves que nous avons
déjà côtoyés par le passé. Ils
sont motivés et connaissent pour
la plupart l’enjeu. Force nous est
de constater qu’ils sont agréa-
bles et pour la plupart d’entre
eux, vaillants et volontaires.
Le dernier soir, alors que toute
la communauté de l’établisse-
ment est réunie pour un ultime
repas à bord de notre camion,
nous nous quittons heureux et sur
une seule phrase… Vivement
l’année prochaine!
Le Président
Philippe Gombert
COULEURS DE TERROIRS
LA CHAPELLE D’ANGILLON
Pour nous tous, le nom de la Cha-
pelle d’Angillon évoque l’écri-
vain Henri Alban Fournier, dit
Alain-Fournier, mort trop jeune
sous les bombes ennemies dans
les tout premiers jours de la gran-
de guerre. Il nous a laissé «Le Grand Meaulnes» et en le
relisant, on se prend à regretter que son oeuvre soit ainsi
restée inachevée.
Mais La Chapelle d’Angillon est
aussi un gros bourg au sein du-
quel trône un château fortifié au
11ème siècle par un envahisseur
normand, Gillon de Seuly dont
la ville porte le nom. Seules les
douves, les tours rondes et le don-
jon surplombant l'étang, ont ré-
sisté à l’usure du temps.
Le logis a été refait aux 15ème et
16ème siècles. Il s'ouvre sur l'exté-
rieur par une galerie Renaissan-
ce dont les arcades retombent sur
des chapiteaux au décor végétal.
La demeure recèle quelques œuvres d'art telles qu'un cabinet d'ébè-
ne incrusté d'ivoire et une céramique émaillée dans la chapelle. Il
fait un temps partie du domaine de Maximilien de Béthune, duc
de Sully, ministre du roi Henri IV. Jusqu’à la Révolution française,
les seigneurs de La Chapelle d'Angillon portent le titre de princes
de Boisbelle.
Le château est aujourd’hui le siège du musée Alain-Fournier. On y
découvre la trop courte vie de l’écrivain au travers des livres,
lettres, maquettes et photos du film Le Grand Meaulnes, inspiré de
son ouvrage éponyme.
2
En passant par l’Histoire ...
LE CHÂTEAU DE VALENÇAY
&28/(856GH
Impressionnant de beauté et
de majesté, le château de Va-
lençay est à l’image de son
plus illustre propriétaire, im-
posant tout en étant élégant.
C’est à la famille d'Estam-
pes, dont la fortune remonte
à Louis XIII, que l'on doit le
Château actuel, subtil mé-
lange de style Renaissance
et de Classicisme.
Fort d’une nouvelle aile est
bâtie à la fin du XVIIIème siè-
cle et embellie par un ma-
gnifique parc de 12 000
hectares, il devient la de-
meure du Prince de Talley-
rand en 1803, avec l’aide
financière de Napoléon Bo-
naparte alors 1er et tout puis-
sant Consul.
Alors commence le temps
des réceptions fastueuses :
diplomates, grands politi-
ques, gens en place, finan-
ciers se succèdent et sont
éblouis. Talleyrand est à la
fois un diplomate et un très
fin gourmet. Il s’attache les
services d’Antonin Carême,
le chef le plus brillant et le
plus inventif de sa généra-
tion, si bien que très rapide-
ment, la table de Valençay
devient la meilleure de l’Em-
pire, celle où il faut se mon-
trer, celle où sont servis les
plats les plus raffinés, les
plus recherchés. Même le
Roi d’Espagne Ferdinand
VII, pourtant retenu six ans
à Valençay, en gardera un
bon souvenir, en attendant
que le traité de Valençay lui
rende sa couronne d'Espagne.
Etre invité à cette table était
un honneur suprême. Une vé-
ritable étiquette règlait l’or-
donnancement de ces dîners,
auréolés de la présence de
la nièce par alliance de Tal-
leyrand, Dorothée, devenue
plus tard duchesse de Dino.
Talleyrand ajoute le pavillon de
la Garenne «pavillon de chas-
se» construit de 1805 à 1809
et fait créer un très joli petit
théâtre, sur la suggestion de
Napoléon qui pense à la dis-
traction de ses prisonniers, les
Infants d’Espagne. En revan-
che, il utilise le très élégant châ-
teau de Veuil, déjà en mauvais
état, comme carrière de pierre
pour l’entretien et des travaux
de restauration de son château
de Valençay.
Talleyrand, séjournant plus sou-
vent à Valençay à partir de la
Restauration, s'intéresse de lors
de près à la vie locale: il est
maire de Valençay de 1826 à
1831 et conseiller général de
l'Indre de 1829 à 1836. On
trouve dans la ville de nom-
breux lieux rappelant sa pré-
sence ou son action.
À la fin du «règne» de Talley-
rand, sa propriété s'étend sur
23 communes du département
de l'Indre.
Au cours de la Seconde Guer-
re Mondiale, le château est
3
LE CHÂTEAU DE VALENÇAY (SUITE)
épargné par les Allemands, ce
qui permettra de protéger des
sculptures provenant du Musée
du Louvre, comme la Vénus de
Milo ou la Victoire de Sa-
mothrace.
Boson, dernier Duc de Valen-
çay, n’ayant pas de descen-
dance directe, il légue sa pro-
priété et sa fortune à son beau-
fils qui vend le château, en
1979, à une association re-
groupant notamment le dépar-
tement de l'Indre et la com-
mune de Valençay.
Le duc et son épouse reposent
dans la crypte de la chapelle
située près de la mairie de Va-
lençay. Là se trouvent d'autres
membres de la famille Talley-
rand, dont le diplomate Char-
les-Maurice de Talleyrand-Péri-
gord, prince-duc de Talleyrand,
duc de Dino (1754-1838).
L'un des nombreux intérêts de
cet extraordinaire château est
qu'il conserve une partie de son
mobilier (notamment Empire),
tout au moins dans les pièces
qui se visitent.
4
Visionnaire politique, complè-
tement indifférent au jugement
de ses contemporains, ce per-
sonnage illustre, passionné de
liberté et de paix sert, de la
Révolution à la Restauration,
des systèmes politiques aux
destinées contradictoires qui
disparaissent dans la fureur de
l’époque.
Prenant une part active et par-
fois décisive à la vie politique
de son temps, il est qualifié
d’opportuniste, d’intrigant, de
cynique, de girouette, voire de
corrompu et même de traître à
Napoléon. On doit cependant
reconnaître que dans la vie
politique de ces époques tour-
mentées il demeurera fidèle tou-
te sa vie à ses convictions et à
la France.
Ce diplomate talentueux et in-
telligent est considéré comme
le père de la diplomatie mo-
derne, il tient une place consi-
dérable dans l’histoire de la
politique française et même
européenne.
où, durant trois ans, il prépare
une licence de théologie qu'il
obtient le 2 mars 1778. Abbé
mondain, il y mène une vie fort
libertine, les jolies duchesses et
la fréquentation des salons pre-
nant alors une place importan-
te dans son existence.
Talleyrand est ordonné prêtre
le 18 décembre 1779, puis
l’année suivante, il est nommé
pour cinq ans l’un des deux
agents généraux du clergé
auprès de l’administration roya-
le. Dans tout ce qu’il entre-
prend, il est un travailleur
acharné et ne laisse jamais rien
au hasard.
Le 21 avril 1785, naît Charles
de Flahaut, enfant illégitime de
sa longue liaison avec la com-
tesse Adélaïde de Flahaut. Cela
ne l’empêche nullement d’être
nommé évêque d’Autun le 2
novembre 1788, par le roi
Louis XVI.
Le 2 avril 1789, Talleyrand est
élu député aux Etats Généraux
par le clergé de son diocèse
après une «campagne» rapide
mais soigneusement menée.
Habile, il sent les choses et pré-
cède les événements. Il com-
prend mieux et, avant tout le
monde, qu’une révolution irré-
versible est en marche.
Dès le 14 juillet 1789, Talley-
rand est nommé membre du
Comité de Constitution de l'As-
semblée Nationale. En août
1789, il fait adopter sa propo-
),*85(6GH
CHARLES MAURICE DE TALLEYRAND OU LA DIPLOMATIE DUN VISIONNAIRE
Charles-Maurice de Talleyrand-
Périgord naît à Paris le 2 fé-
vrier 1754, affublé d’un pied
bot, hérité d’une maladie héré-
ditaire connue sous le nom de
«syndrome de Marfan». Issu
d’une famille d’une très haute
noblesse mais sans réelle fortu-
ne, ses parents lui ferment la
carrière des armes, à cause de
son handicap physique, et pré-
fèrent l’orienter vers la carrière
ecclésiastique. Un de ses on-
cles, Alexandre Angélique de
Talleyrand-Périgord, successive-
ment archevêque de Reims,
cardinal et archevêque de Pa-
ris, aura ainsi un grande influen-
ce sur l’orientation du jeune
Charles-Maurice. Grâce à cet
oncle, il dispose des appuis né-
cessaires pour pouvoir envisa-
ger une brillante carrière et le
«chapeau» de cardinal.
Le 1er avril 1775, il est ordon-
né sous-diacre en l'église Saint-
Nicolas-du-Chardonnet. Nom-
mé abbé commendataire de
l'abbaye de Saint-Denis de
Reims il préfère s’installer à
Paris et s'inscrit à la Sorbonne
5
CHARLES MAURICE DE TALLEYRAND OU LA DIPLOMATIE DUN VISIONNAIRE (SUITE)
sition de rédaction de l'article
6 de la Déclaration des Droits
de l'Homme et du Citoyen. Le
10 octobre, Monseigneur l’évê-
que d’Autun donne sa «Motion
sur la nationalisation des biens
ecclésiastiques». Il sera aussi
l’auteur d’un énorme «Rapport
sur l’instruction publique», dans
lequel il pose les principes qui
en font l’ancêtre de l’école
moderne.
Le 16 février 1790, l'évêque
d'Autun est élu à la présidence
de l'Assemblée Nationale.
Début 1792 la guerre est iné-
luctable et l’Assemblée Légis-
lative décide d’envoyer une
mission à Londres pour se con-
cilier les bonnes grâces de l’An-
gleterre. Talleyrand semble tout
indiqué pour cette mission qu’il
accepte avec empressement.
Se sentant en danger pendant
la Convention, Talleyrand esti-
me prudent de quitter la Fran-
ce, pour l’Angleterre, puis pour
les Etats-Unis où il fait de lucra-
tives opérations immobilières. Il
rentre à Paris le 20 septembre
1796 et réussit à obtenir de
Barras le portefeuille des Affai-
res étrangères, le 16 juillet
1797, grâce à l’intervention
pressante de Madame de Staël.
Pendant le Directoire, profitant
de l’ambiance politique quel-
que peu délétère, il mélange
activité diplomatique et enri-
chissement personnel. Il fait ra-
pidement fortune.
Le 20 juillet 1799, accusé de
malversations, Talleyrand dé-
missionne de son ministère.
Pressentant que le régime court
à sa perte, il décide alors de
précipiter l’événement. Il encou-
rage activement un jeune gé-
néral, Bonaparte, à prendre le
pouvoir et contribue à la pré-
paration du coup d'État du 18
Brumaire. L’entreprise menée à
bien, Bonaparte n’oublie pas
Talleyrand qui retrouve son pos-
te de Ministre des affaires étran-
gères sous le Consulat, poste
qu’il conserve sous l’Empire,
jusqu’en 1808.
A partir de ce moment, Talley-
rand tient une place importan-
te auprès de Bonaparte. Il est
un homme de paix, préconisant
la stabilité des relations entre
les Etats européens. Talleyrand
est aussi l'inspirateur des arti-
cles organiques du Concordat
de 1801.
Il est, au sein de l’entourage
de l’empereur, la seule person-
nalité qui ose lui tenir tête et lui
faire connaître ses positions. Il
tente à de nombreuses reprises,
mais toujours en vain, de frei-
ner ses ardeurs guerrières et l’in-
cite à ne jamais humilier l’ad-
versaire battu.
En 1808, Talleyrand prend de
la distance avec l’empereur, ne
pouvant soutenir un homme tou-
jours tourné vers de nouvelles
conquêtes militaires et si peu
soucieux de paix. Il pressent
que le régime s’écroulera pour
avoir été trop gourmand de
conquêtes. Coïncidence ou
conséquence, l’Empire entre
alors dans une période difficile
qui l’entraîne inexorablement
vers sa fin.
En janvier 1809, ayant envisa-
gé avec Fouché la disparition
de l’empereur, Talleyrand est
l’objet de cette fameuse scène
où Napoléon, revenu en ca-
tastrophe d’Espagne, lui expri-
me son mépris et l’accuse de
trahison. Talleyrand tombe en
disgrâce. Faisant la différen-
ce entre le service de la Fran-
ce et celui de l’Empire, il of-
fre ses services à la Russie et
l’Autriche.
Le 31 mars 1814, Paris capi-
tule. Talleyrand a fait quitter la
capitale à l’impératrice. Le Tsar
Alexandre s'installe chez lui, 2
rue Saint-Florentin; toute l’Eu-
rope accourt pour courtiser le
Tsar Alexandre et Talleyrand,
les deux maîtres du moment. Le
1er avril 1814, Talleyrand est
élu président du Gouvernement
provisoire par le Sénat. Le 2
avril 1814, à son instigation,
le Sénat prononce la déchéan-
ce de Napoléon. Le 23 avril,
la signature de l’armistice ra-
mène la France à ses frontières
de 1792.
Le 3 mai 1814, le roi Louis
XVIII entre dans Paris. Le 13
mai, Talleyrand, prince de
Bénévent, est nommé minis-
tre des Affaires étrangères.
1 / 17 100%