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CHARLES MAURICE DE TALLEYRAND OU LA DIPLOMATIE D’UN VISIONNAIRE (SUITE)
sition de rédaction de l'article
6 de la Déclaration des Droits
de l'Homme et du Citoyen. Le
10 octobre, Monseigneur l’évê-
que d’Autun donne sa «Motion
sur la nationalisation des biens
ecclésiastiques». Il sera aussi
l’auteur d’un énorme «Rapport
sur l’instruction publique», dans
lequel il pose les principes qui
en font l’ancêtre de l’école
moderne.
Le 16 février 1790, l'évêque
d'Autun est élu à la présidence
de l'Assemblée Nationale.
Début 1792 la guerre est iné-
luctable et l’Assemblée Légis-
lative décide d’envoyer une
mission à Londres pour se con-
cilier les bonnes grâces de l’An-
gleterre. Talleyrand semble tout
indiqué pour cette mission qu’il
accepte avec empressement.
Se sentant en danger pendant
la Convention, Talleyrand esti-
me prudent de quitter la Fran-
ce, pour l’Angleterre, puis pour
les Etats-Unis où il fait de lucra-
tives opérations immobilières. Il
rentre à Paris le 20 septembre
1796 et réussit à obtenir de
Barras le portefeuille des Affai-
res étrangères, le 16 juillet
1797, grâce à l’intervention
pressante de Madame de Staël.
Pendant le Directoire, profitant
de l’ambiance politique quel-
que peu délétère, il mélange
activité diplomatique et enri-
chissement personnel. Il fait ra-
pidement fortune.
Le 20 juillet 1799, accusé de
malversations, Talleyrand dé-
missionne de son ministère.
Pressentant que le régime court
à sa perte, il décide alors de
précipiter l’événement. Il encou-
rage activement un jeune gé-
néral, Bonaparte, à prendre le
pouvoir et contribue à la pré-
paration du coup d'État du 18
Brumaire. L’entreprise menée à
bien, Bonaparte n’oublie pas
Talleyrand qui retrouve son pos-
te de Ministre des affaires étran-
gères sous le Consulat, poste
qu’il conserve sous l’Empire,
jusqu’en 1808.
A partir de ce moment, Talley-
rand tient une place importan-
te auprès de Bonaparte. Il est
un homme de paix, préconisant
la stabilité des relations entre
les Etats européens. Talleyrand
est aussi l'inspirateur des arti-
cles organiques du Concordat
de 1801.
Il est, au sein de l’entourage
de l’empereur, la seule person-
nalité qui ose lui tenir tête et lui
faire connaître ses positions. Il
tente à de nombreuses reprises,
mais toujours en vain, de frei-
ner ses ardeurs guerrières et l’in-
cite à ne jamais humilier l’ad-
versaire battu.
En 1808, Talleyrand prend de
la distance avec l’empereur, ne
pouvant soutenir un homme tou-
jours tourné vers de nouvelles
conquêtes militaires et si peu
soucieux de paix. Il pressent
que le régime s’écroulera pour
avoir été trop gourmand de
conquêtes. Coïncidence ou
conséquence, l’Empire entre
alors dans une période difficile
qui l’entraîne inexorablement
vers sa fin.
En janvier 1809, ayant envisa-
gé avec Fouché la disparition
de l’empereur, Talleyrand est
l’objet de cette fameuse scène
où Napoléon, revenu en ca-
tastrophe d’Espagne, lui expri-
me son mépris et l’accuse de
trahison. Talleyrand tombe en
disgrâce. Faisant la différen-
ce entre le service de la Fran-
ce et celui de l’Empire, il of-
fre ses services à la Russie et
l’Autriche.
Le 31 mars 1814, Paris capi-
tule. Talleyrand a fait quitter la
capitale à l’impératrice. Le Tsar
Alexandre s'installe chez lui, 2
rue Saint-Florentin; toute l’Eu-
rope accourt pour courtiser le
Tsar Alexandre et Talleyrand,
les deux maîtres du moment. Le
1er avril 1814, Talleyrand est
élu président du Gouvernement
provisoire par le Sénat. Le 2
avril 1814, à son instigation,
le Sénat prononce la déchéan-
ce de Napoléon. Le 23 avril,
la signature de l’armistice ra-
mène la France à ses frontières
de 1792.
Le 3 mai 1814, le roi Louis
XVIII entre dans Paris. Le 13
mai, Talleyrand, prince de
Bénévent, est nommé minis-
tre des Affaires étrangères.