Cahiers du Genre, n° 57/2014
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la traduction de Refuser d’être un
homme de John Stoltenberg
(Syllepse, 2013) puis de l’ouvrage
phare de Raewyn W. Connell,
Masculinités. Enjeux sociaux de
l’hégémonie (éd. Amsterdam,
2014), dans la foulée de celui
dirigé par Anne-Marie Sohn, Une
histoire sans les hommes est-elle
possible ? (ENS éd., 2013). D’autre
part, les références très nombreu-
ses citées dans ces actes mettent
en évidence que l’implication des
hommes pour l’égalité des sexes
est étudiée de longue date. En
français, on peut notamment citer
Benoîte Groult qui avait ouvert la
voie, dès 1977, avec Le féminisme
au masculin (Denoël/Gonthier),
et, plus récemment, les travaux
d’Alban Jacquemart (par exemple,
son article « L’engagement fémi-
niste des hommes, entre contes-
tation et reproduction du genre »,
Cahiers du genre, n° 55/2013).
En dépit de cette relative
abondance éditoriale, ce recueil
apporte des éclairages nouveaux.
D’abord, il traite le sujet de façon
large, mettant au jour convergen-
ces et divergences diachroniques
et géographiques. Il démontre
aussi une grande réflexivité sur
l’historiographie de la question.
Ensuite, son interdisciplinarité
(de l’histoire à la sociologie en
passant par l’histoire de l’art, les
sciences de l’éducation, la philo-
sophie), invite à découvrir des
auteures peu publiées en français
sur le sujet (Ginevra Conti
Odorisio, Cristina Scheibe Wolff).
Enfin, ce livre aborde finement le
parcours de personnalités dédai-
gnées (Yves Guyot, ici réévalué
par Yannick Ripa) ou des pays
moins connus du lectorat français
(Belgique, Brésil, États-Unis,
Grande-Bretagne, Italie, Suède).
La contribution d’Hélène
Quanquin est la plus atypique du
recueil. Par sa forme d’abord, car
l’historienne part d’une peinture
de Benjamin Robert Haydon (Le
congrès contre l’esclavage de
Londres, 1840) puis en creuse le
contexte, les choix de représenter
qui et comment. Par son contenu
ensuite, puisque la lutte contre
l’esclavage et la participation
active de femmes à ce combat
fournit le terreau d’une comparai-
son avec le sexisme, près de cent
trente ans avant que Colette
Guillaumin ne forge le mot
« sexage ». Enfin, une autre force
de cette contribution réside dans
la confrontation des contextes
anglais et américains, où les ques-
tions de l’esclavage, du sexisme,
et de la mixité, se posent dans des
termes différents.
Quant à elle, Éliane Viennot
rappelle que la situation des
femmes en Europe se détériore à
partir du XVe siècle. Ainsi évite-
t-on une vision linéaire de
l’histoire, où la marche vers l’éga-
lité serait inéluctable. L’égalité
ne progressant pas spontanément,
il est nécessaire que des per-
sonnes la promeuvent. Les pre-
miers hommes mentionnés sont
qualifiés de « champions des
dames », expression parfois
moqueuse mais qui place les