Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (VII), n° 6, novembre/décembre 2003
Dossier
Diabète
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et cette anomalie débute in utero.
En effet, il a été mis en évidence
que les nouveau-nés qui présentaient
des mutations du gène codant pour
la glucokinase avaient un poids de
naissance inférieur d’environ 500 g
à celui des nouveau-nés non atteints.
Ce “petit poids” était alors directe-
ment en relation avec une insulino-
pénie déjà présente in utero.
On observe une altération modérée
de l’insulinosécrétion, associée à
une augmentation souvent modérée
de la glycémie à la 2eheure après
charge orale en glucose. Cette alté-
ration de l’insulinosécrétion est
relativement stable dans le temps ;
en effet, l’équilibre glycémique est
souvent, et pendant longtemps, bien
contrôlé par les anti-diabétiques
oraux, voir par les mesures hygiéno-
diététiques seules. Les patients insu-
linorequérants sont relativement
rares et représentent environ 2 %
des patients MODY 2.
Les complications micro- ou macro-
vasculaires sont relativement rares
dans le MODY 2. Ce pronostic rela-
tivement favorable du diabète de type
MODY 2 est un des arguments en
faveur de la réalisation du test géné-
tique. En effet, le diagnostic molé-
culaire permet alors de préciser le
pronostic de la maladie, mais égale-
ment de guider le dépistage familial.
Dans le MODY 2, la pénétrance du
gène est complète, c’est-à-dire que
tous les sujets porteurs de la muta-
tion sont hyperglycémiques. Le
pronostic relativement favorable
de ce type de diabète tempère cette
situation.
La présence de mutations homo-
zygotes du gène codant pour GCK
a été associée au diabète néonatal
sévère (4). En effet, de telles muta-
tions ont été mises en évidence chez
des nourrissons qui avaient présenté
un “diabète néonatal” : les mutations
retrouvées n’avaient encore jamais
été décrites. Ces auteurs proposent
l’hypothèse selon laquelle certains
diabètes néonataux transitoires cor-
respondraient à un diabète de type
MODY 2 qui se révélerait à l’âge
adulte.
Les caractéristiques
phénotypiques du MODY 3
Le MODY 3 est lié à une mutation
hétérozygote du gène codant un fac-
teur de transcription nucléaire, le
HNF-1a. Le HNF-1aest exprimé
dans de nombreux tissus et ne repré-
sentait pas a priori un gène candidat
du diabète. Une relation entre une
mutation du gène codant HNF-1a
et un diabète de type MODY a été
mise en évidence suite à la décou-
verte d’une liaison au niveau du
chromosome 12q au cours d’études
de criblage du génome chez des
patients présentant un phénotype de
MODY mais n’ayant pas de muta-
tion du gène GCK (5). Actuellement,
une centaine de mutations diffé-
rentes du gène codant HNF-1aont
été décrites dans différentes popula-
tions. Le MODY 3 représente la pre-
mière cause de MODY (plus de 60 %
des cas) en Angleterre et la deuxième
en France (environ 20 %).
La pénétrance des mutations du gène
HNF-1aest incomplète (76 %) à
l’âge de 30-40 ans, au contraire du
MODY 2, ce qui explique les variabi-
lités phénotypiques observées d’une
famille à l’autre. Si certains patients
qui sont porteurs de la mutation ne
présentent pas d’hyperglycémie à
jeun, on observe en revanche toujours
une altération de la réponse insulino-
sécrétoire à une charge en glucose.
Le début des anomalies métaboliques
est post-pubertaire et l’âge lors du
diagnostic est le plus souvent infé-
rieur à 25 ans. Toutefois, ce type de
diabète a été mis en évidence après
l’âge de 30 ans chez 26 % des patients
finlandais de la Botnia Study.
À l’inverse de ce qui est observé dans
le MODY 2, les anomalies de la
sécrétion d’insuline chez les patients
MODY 3 s’installent progressive-
ment, et s’aggravent aussi progres-
sivement avec les années, en se rap-
prochant de ce qui est constaté dans
le diabète de type 1 lent. Les com-
plications de la micro-angiopathie
(rétinopathie et néphropathie) sont
plus fréquentes et sévères chez les
patients MODY 3, par comparaison à
la relative “bénignité” du MODY 2,
probablement du fait de l’altération
progressive et sévère de l’insulino-
sécrétion.
Une particularité phénotypique des
patients porteurs d’un diabète de type
MODY 3 est représentée par une
sensibilité aux sulfamides hypogly-
cémiants. En effet, il a été rapporté
quelques cas d’hypersensibilité à ces
médicaments, avec survenue d’un
déséquilibre glycémique très sévère
lorsque ces traitements étaient stop-
pés. Ces éléments semblent justifier
la prescription en première intention
de ce type d’antidiabétiques oraux
et invitent par ailleurs à la vigilance
vis-à-vis du risque d’hypoglycémie
lors de l’introduction du traitement.
Les autres formes
de diabète MODY
Le MODY 1
Le diabète de type MODY 1 est une
forme rare de MODY liée à une muta-
tion du gène codant pour HNF-4a.
Ce facteur de transcription régule
HNF-1a, et la présentation phéno-
typique du MODY 1 est relativement
proche de celle du MODY 3. Les
mutations ont été décrites dans une
“super” famille américaine de dia-
bète de type MODY.
Le MODY 4
L’IPF1 est un facteur majeur néces-
saire au développement du pancréas
endocrine et à la régulation de la trans-
cription des gènes impliqués dans le
fonctionnement des cellules bpan-
créatiques. La première description
d’une mutation du gène codant ce
facteur de transcription concernait
un nouveau-né présentant une hyper-
glycémie majeure liée à une agénésie
du pancréas (6). Cet enfant présentait
une mutation homozygote du gène
de l’IPF1, qui est situé au niveau du
chromosome 13q. L’analyse clinique
familiale a révélé un diabète gesta-
tionnel chez sa mère et un diabète
non insulinodépendant chez son père.
Les parents étaient porteurs hétéro-
zygotes de la mutation. Cette mutation