Conclusion

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Le cardiomyocyte
et sa pathologie
Professeur Paul FORNES
Laboratoire d’anatomie pathologique
CHU, hôpital Robert Debré
Cardiomyocyte
Cellule musculaire striée
Diamètre 15 µm
Longueur : 100 µm
Bifurquée aux extrémités
Noyau unique central ovoïde
•Sarcolemme
•Système des tubules T
•Costamères
•Sarcoplasme
•Noyau
•Myofibrilles
•Mitochondries
•Golgi
•Glycogène, lipides
•Réticulum sarcoplasmique
Strie Z
Sarcomère
Bande I
(actine)
Bande A
(myosine)
SS
desmosomes
(desmine)
pas
d’HD
Jonctions gap
fascia adherens
lame basale
Desmosome
Jonction gap
coastamères
•
•
•
•
Les filaments épais sont formés de l’assemblage régulier de molécules de myosine (queue et tête de myosine à activité ATPasique).
Chaque molécule de myosine est formée de 2 chaînes lourdes identiques et
de 2 paires de chaînes légères.
Les deux chaînes lourdes de la myosine sont identiques et accolées l'une à
l'autre : leur longue queue forme un axe torsadé, et leur pôle globulaire
émerge du filament épais sous la forme d'une tête double. La partie distale
des têtes de myosine, appelé domaine moteur, possède une poche de
fixation de l'ATP (à sa face interne) et un site d'interaction avec l'actine
caractérisé par la présence d'une profonde crevasse (à sa face externe). La
myosine possède une activité ATPasique qui s'accroît au contact de l'actine
(activité ATPasique actine-dépendante).
Les deux paires de chaînes légères sont situées à la base des têtes de
myosine, dans une région appelée domaine de transmission, dont elles
assurent la rigidité.
•
Les myofilaments fins sont composés de polymères d’actine. L'actine est une molécule polypeptidique de forme globulaire. La polymérisation des monomères
d'actine se fait sous une forme filamentaire. Les polymères d'actine s'accolent par
deux pour former une longue double hélice. Les filaments fins sont formés de
l'association de cette double hélice d'actine et de deux protéines régulatrices: la
tropomyosine, dimère filamenteux rigide de renforcement, et la troponine, complexe
de trois sous-unités polypeptidiques, I, C et T, disposées à intervalles réguliers le
long des filaments d'actine, en regard de chaque tête de myosine, et impliquées dans
la régulation de la contraction musculaire par le calcium. Chaque extrémité libre des
filaments d'actine est coiffée par une molécule de tropomoduline, qui pourrait jouer
un rôle dans le maintien et la stabilisation de la longueur finale des filaments fins.
•Les disques M renferment des filaments de myomésine.
•Les disques Z sont formés de l’organisation quadratique de filaments d’alpha-actinine servant à relier les extrémités des filaments
fins de chaque sarcomère entre elles et avec les extrémités des
filaments fins du sarcomère adjacent.
La contraction musculaire, c'est à dire le raccourcissement des cellules musculaires,
résulte du glissement actif des filaments épais de myosine entre les filaments fins d'actine.
Dans l'unité élémentaire responsable de la contraction musculaire,
l'actine se comporte comme une crémaillère et la myosine
comme la partie active du moteur biologique
responsable de la progression du filament épais le long de la crémaillère actinique
Cytosquelette
•
•
Le cytosquelette endosarcomérique, est représenté
par la titine. La titine est une protéine qui, dans
chaque demi-sarcomère, relie chaque filament épais
à la strie Z. Composant élastique, elle maintient
l'alignement des filaments épais et oppose une
résistance à l'étirement excessif du sarcomère.
Le cytosquelette exosarcomérique comprend des
microtubules et des filaments intermédiaires de
desmine.
•
•
•
Le cytosquelette sous-sarcolemmique est représenté par le
complexe dystrophine-protéines associées à la dystrophine qui
sert à amarrer l'appareil contractile à la matrice extracellulaire.
La dystrophine est une protéine sarcoplasmique située sous la
membrane plasmique. Sa distribution n'est pas uniforme le
long de la face interne du sarcolemme, mais se fait sous la
forme d'arcs (ou costamères) dont les plus marqués sont
situés en regard des disques Z des myofibrilles.
L'accrochage de la dystrophine à la membrane plasmique du
myocyte se fait par l'intermédiaire d'un complexe de
glycoprotéines contenant des protéines intracytoplasmiques
(les syntrophines), des protéines transmembranaires: le
complexe des sarcoglycanes et du dystroglycane et d'une
protéine extra-cellulaire (dystroglycane).
Alpha-actinines
Téléthonine (titin-cap)
MLP (muscle LIM protein)
Titine
Myotiline
Filaments intermédiaires
Desmine
Lamines
Emérine
Sarcolemme
Dystrophine
Dystrobrévine
sarcoglycanes
Dysferline
Laminine 2
Costamères
alpha-actinines
Actine non sarcomérique
Fibronectine
Vinculine
Métavinculine
Intégrine
Spectrine/anchorine
Desmine
Cavéoline 3
Desmosomes
Plakophiline-2 et 4, desmoplakine, plakoglobine,
desmogléine 2, desmocolline.
Jonctions Gap
Connexines 40, 43, 45
Fascia adherens
N cadhérine, alpha, béta et gamma caténine, vinculine,
Voies de conduction
Cardiomyopathies
Définitions
• OMS 1995 : maladies du myocarde s’accompagnant d’insuffisance cardiaque. CM hypertrophiques, dilatées, restrictives, ventriculaire droite arythmogène
• AHA 2006
Maron BJ et al. Circulation 2006;113:1807-16
« A heterogeneous group of diseases of the myocardium
associated with mechanical and/or electrical dysfunction
that usually (but not invariably) exibit inappropriate
ventricular hypertrophy or dilatation and are due to a widely
variety of causes that frequently are genetic.
Cardiomyopathies either are confined to the heart or are part
of generalized systemic disorders often leading to
cardiovascular death or progressive heart failure-related
disability. »
•
Classification
Cardiomyopathies primitives
– Génétiques
•
•
•
•
•
CMH
CVDA
VG non compacté
Maladies du tissu de conduction
–
–
–
Maladie de Lenègre
Sick sinus syndrome
WPW
Canalopathies
–
–
–
–
–
Syndrome du QT long
Syndrome de Brugada
TV polymorphe catécholaminergique
Syndrome du QT court
FV idiopathique
– Cardiomyopathies mixtes (génétiques et non génétiques)
•
•
CMD
CM primitive restrictive non hypertrophique
•
•
•
Myocardites
Takotsubo
Autres (péripartum)
– Acquises
•
Cardiomyopathies secondaires
–…
Classification moléculaire des
cardiomyopathies
Les structures histologiques
Sarcomère
Les cardiomyopathies
CMH
CMR
Sarcolemme
Filaments intermédiaires
CMD +/myopathie
périphérique
Système T
Stries scalariformes
CVDA
DAVD
syndromique et
non syndromique
Cardiomyopathie
hypertrophique
Poids du cœur normal
Hypertrophie physiologique
Cardiomyopathie hypertrophique
• Le poids du cœur doit être interprété en tenant compte du poids corporel.
– Kitzman et al. Mayo Clinic Proc 1988;63:137-46
• L’hypertrophie cardiaque est un phénomène •
•
•
physiologique d’adaptation en réponse à des contraintes.
Paradoxalement, l’HVG est un facteur de risque de mort subite, quelle qu’en soit la cause.
L’hypertrophie cardiaque devient un substrat anatomique arythmogène
La fibrose est le substrat histologique
arythmogène
Cardiomyopathie hypertrophique primitive
• Prévalence de 1 sur 500
• Dix gènes sarcomériques ; > 300 mutations
– Chaîne lourde ß de la myosine
– Protéine C de liaison à la myosine
– Troponines T, C, I
– α actine
– Chaînes légères
– α tropomyosine
– Titine
– Chaîne lourde α
• Rendement des analyses génétiques chez un
cas index : 70 % environ
Hétérogénéité génétique dans la CMH
Gène













Locus
Protéine
Fréquence
Mutations
MYH7
14q12 b myosin heavy chain
20-35%
TNNT2
1q32
troponin T
5-15
TPM1
15q22.1 a tropomyosin
<5
MYBPC3
11p11.2 cardiac protein C 20-40
96
MYL3 3p
essentiel light chain
<1
MYL2 12q23
regulatory light chain
1-5
TNNI3
19p13.4
troponin I
5
ACTC15q11-q14 cardiac actin < 2
6
TNNC1
3p21.3-p14.3 cardiac troponin
rare
TTN
2q31
titin
rare
MYH6
14q12 a myosin heavy chain
rare
CSRP3
11p15.1 muscle LIM protéine
rare
TCAP17q12
telethonin
rare
Charron & Komajda. Expert Rev Mol Diagn 2006;6:65-78.
134
23
8
5
10
23
1
1
2
3
2
Cardiomyopathie hypertrophique
Cardiomyopathie hypertrophique
avec surcharge glycogénique
Mutation du gène de la sous-unité γ
de la protéine kinase K,
Association à un syndrome de WPW
Définition
•
•
•
•
•
Cardiomyopathie caractérisée par le remplacement du myocarde ventriculaire
droit par du tissu adipeux et de la fibrose.
1736, …1961,…1982,…1988,…2001-8
Prévalence de 1 / 5000
40 % de formes familiales
Diagnostic cardiologique très difficile, s’appuyant sur des critères majeurs et mineurs : antécédents personnels et familiaux, ECG, imagerie
Diagnostic anatomo-pathologique également très difficile en raison de
frontières mal délimitées entre ventricule droit normal, remplacement adipeux
pur et cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène
Ventricule droit normal
et remplacement adipeux pur du myocarde
Burke AP, et al. Arrhythmogenic right ventricular cardiomyopathy
and fatty replacement of the right ventricular myocardium:
are they different diseases? Circulation 1998 ;97:1532-5
Cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène
Cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène
Atteinte biventriculaire
Cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène
Atteinte biventriculaire
Cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène
et inflammation
Cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène
Génétique
•
•
•
40 % de formes familiales
CVDA non syndromiques à transmission autosomique
dominante et pénétrance incomplète
CVDA syndromiques à transmission autosomique
récessive : maladies de Naxos et de Carvajal
Maladie de Naxos
“Cardiomyopathie desmosomale”
Plakophiline-2 et 4, desmoplakine (Carvajal),
plakoglobine (Naxos), desmogléine 2, desmocolline.
TGFb3 et récepteur cardiaque ryanodine 2 (RyR2) (2001)
Intérêt des investigations génétiques post mortem
si la maladie est diagnostiquée à l’autopsie
Famille G.
Cancer colique
Aurore , pas d’atcd
MS à 13 ans
Autopsie: CVDA
Légende :
: CVDA
: Sain
Famille K.
Cancer colique
37 ans
asympto.
Bilan : CVDA
mineure
A. , pas d’atcd
MS à 13 ans
Autopsie: CVDA
Bilans cardiaques normaux
C. née 1994
ECG, Echo normaux
Légende :
E. né 2000
ECG, Echo normaux
: CVDA
: Sain
Famille K.
Cancer colique
Pas de mutation
: mutation
A., pas d’atcd
MS à 13 ans
Autopsie: CVDA
: mutation
Pas de mutation
37 ans
Asympto.
Bilan: CVDA
mineure
Bilans cardiaques normaux
C. née 1994
ECG, Echo normaux
No mutation
E. né 2000
ECG, Echo normaux
Légende :
: mutation
: CVDA
: Sain
Modalités des prélèvements post mortem
Guidelines for Autopsy Investigation of Sudden Cardiac Death.
C. Basso, M. Burke, P. Fornes, P. Gallagher, M. Sheppard, G. Thiene, van der Wal
on behalf of the Association for European Cardiovascular Pathology.
Virchows Archiv, 2008;452:11-8.
•
Prélèvements
– Fragments congelés : coeur, 5 g ; rate, 5 g
–
–
Azote liquide et congélation à – 80 C
(RNA later)
– (Tissus inclus en paraffine)
– Tissus formolés non utilisables
•
•
Extraction d’ADN
Analyse des gènes d’intérêt
•
Vérification causalité variant génétique
– Amplification PCR, et séquençage ou dHPLC
Conclusions
•
•
•
Les cardiomyopathies génétiques sont la cause la plus fréquente de
mort subite chez le sujet jeune, d’où l’importance d’un diagnostic précis pour permettre la prise en charge adaptée de la famille.
La démarche diagnostique s’appuie d’abord sur l’autopsie avec examen anatomo-pathologique spécialisé.
La démarche est complétée dans tous les cas par un bilan
cardiologique familial et des investigations génétiques.
Conclusions
•
•
•
•
Les analyses génétiques doivent être pratiquées soit chez
le sujet décédé, soit chez un apparenté porteur de la
cardiopathie.
Les analyses génétiques permettent un diagnostic prédictif
chez les apparentés et guident ainsi la surveillance et la
thérapeutique au sein de la famille
La prise en charge d’une famille après une mort subite nécessite de recourir à des compétences
pluridisciplinaires (cardiologue, généticien clinicien,
biologiste moléculaire, psychologue...).
Le plan Maladies Rares du Ministère de la Santé a
récemment labellisé des Centres de Référence.
Cardiomyopathie dilatée
•
•
•
•
•
•
•
Prévalence : 36/100.000
25 – 35 % de formes génétiques à transmission variable
souvent autosomique dominante
Autres étiologies :
– Virales, toxique, métabolique
Association possible à une myopathie périphérique
> 15 gènes : cytosquelette (ex: dystrophine), sarcomère
(ex: chaîne lourde béta myosine); mb nucléaire
(ex:lamines A/C);; bande Z (MLP);; canal ionique (SCN5A)…
Mutations nombreuses mais aucune ne prédomine
(mutations privées)
Rendement des analyses génétiques dans une famille de
CMD:
• ~ 20 %, si CMD commune
• ~ 50%, si CMD + BAV (+/- myopathie)(gène LMNA)
Cardiomyopathie dilatée
Amylose
Maladie de Fabry
Cardiopathies
non structurales
Mort subite chez le sujet jeune
3%
Sportifs
Maron et al. JAMA
1996;276:199-204
Série italienne
Corrado et al.
Cardiovascular Research
2001;50:399-408
Structure normale
Cardiomyopathies
Myocardites
Valvulopathies
Athérosclérose
Anévrysmes ou dissections
Malformations coronaires
Autres
29%
Série australienne
Puranik et al. Heart Rythym
2005;2:1282
6%
40%
Série américaine militaire
Eckart et al. Annals of Internal
medicine 2004;141:829-834
Syndrome du QT long
•
•
•
•
•
Gènes : KCNQ1 (LQT1), KCNH2, SCN5A, KCNE1, KCNE2,
ANK2, KCNJ2
Perte de fonction des canaux potassiques et diminution
du courant de repolarisation ( LQT1, LQT2, LQT5, LQT6,
LQT7
LQT3 et SCN5A : gain de fonction de canal sodique
responsable du courant de dépolarisation
ANK2 et LQT4 gènes codant pour la tankyrine (ankyrine 4)
Plus de 300 mutations dont 80% concernent les gènes
KCNQ1 (LQT1) et HERG (LQT2)
AFSSAPS – Centre de pharmacovigilance
•
Liste de 12 neuroleptiques susceptibles de prolonger l’intervalle QT et d’entraîner des torsades de pointes en clinique :
–
chlorpromazine, cyamémazine, lévomépromazine, thioridazine, trifluopérazine, amisulpride,
sulpiride, sultopride, tiapride, dropéridol, halopéridol et pimozide.
•
« L’hypokaliémie et la bradycardie sont des facteurs favorisant la survenue des torsades de pointe. »
•
« Dans tous les cas, un suivi médical strict mérite d’être exercé, incluant des contrôles du ionogramme plasmatique et de l’ECG, lorsqu’il est fait recours à de telles associations. »
•
•
•
« Antiarythmiques de classe Ia (quinidine, hydroquinidine, disopyramide) et de classe
III (amiodarone, ibutilide, dofétilide, sotalol), bépridil, cisapride, diphémanil,
érythromycine par voie I.V., vincamine par voie I.V., mizolastine.
FDA Adverse Events Reporting System Database
AzCERT : > 130 médicaments classés en 4 catégories : médicaments à risque certain,
médicaments avec risque possible, médicaments à risque si facteur(s) surajouté(s),
médicaments à risque en cas de syndrome du QT long génétique.
Observation
•
•
•
•
•
•
M. H, 35 ans
Découvert décédé lors d’une hospitalisation
Schizophrénie
Plusieurs jours avant le décès : douleurs abdominales,
vomissements, diarrhée, fièvre, asthénie, anorexie
Conclusion clinique : « Torsades de pointe par complications
des interactions médicamenteuses »
Autopsie après exhumation, 1,5 mois après le décès.
– Absence de lésions viscérales expliquant la mort
Observation
Expertise toxicologique
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Tropatépine : 0,11 µg/mL
(concentrations thérapeutiques : 0,01 à 1 µg/ml)
Venlafaxine : 0,45 µg/ml
(concentrations thérapeutiques : 0,07 à 0,4 µg/ml)
Venlafaxine métabolite
Cyamémazine : 0,06 µg/ml
(concentrations thérapeutiques : 0,05 à 0,4 µg/ml)
Paracétamol : 23 µg/ml
(concentrations thérapeutiques : 2,5 à 20 µg/ml)
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Traitement de M. H. :
Effexor (venlafaxine), 150 mg/l
Imovane, 7,5 mg le soir
Lepticur (tropatépine), 20 mg/j
Risperdal, 12 mg/j
Rivotril, 0,5 mg injectable IM «si agitation»
Sulfarlem, 40 gouttes/J
Tercian (cyamamézine), 400 gouttes/j
Tercian 1 ampoule IM «si agitation»
Observation
Synthèse
•
•
Mort subite par arythmie ventriculaire
Circonstances du décès
–
–
Gastro-entérite
Une hypokaliémie causée par les vomissements et la diarrhée a
pu favoriser la cardiotoxicité de la cyamémazine, et à un moindre
degré (?) de la venlafaxine (« médicaments avec risque possible »).
– Rôle d’un syndrome du QT long génétique ?
Femme, 23 ans
Diarrhée et hypokaliémie
Pentamidine
Homme, 62 ans
FA et HTA
Digoxine et hydrochlorothiazide
Kaliémie : 3,2 meq/l
TdP 12 heures après 4 comprimés de
gluconate de quinidine
Homme, 64 ans
Procainamide pour fréquentes ESV
Conclusions
•
•
•
•
•
•
•
•
Une mort subite par torsades de pointe peut survenir dans le contexte
d’un traitement qui entraîne un trouble de la repolarisation se traduisant par un allongement de l’intervalle QT.
Le toxicologue doit bien connaître les médicaments à risque.
Il doit alerter le médecin légiste sur le risque de mort subite.
Ainsi le médecin légiste recherchera les éventuels facteurs
susceptibles d’avoir favorisé la mort subite : hypokaliémie, bradycardie, interactions médicamenteuses, cardiopathie (substrat
anatomique).
L’analyse des résultats toxicologiques doit être menée conjointement par le médecin légiste et le toxicologue.
Une expertise anatomo-pathologique est indispensable avec un
examen spécialisé du cœur.
Un connaissance approfondie de la pathologie et de la pharmacologie
cardiaque est indispensable.
Chez le sujet jeune, la question d’un syndrome du QT long génétique doit être soulevée et des prélèvements congelés doivent être pratiqués
pour analyse génétique lors de l’autopsie.
Modalités des prélèvements post mortem
Guidelines for Autopsy Investigation of Sudden Cardiac Death.
C. Basso, M. Burke, P. Fornes, P. Gallagher, M. Sheppard, G. Thiene, van der Wal
on behalf of the Association for European Cardiovascular Pathology.
Virchows Archiv, 2008;452:11-8.
O
F3C
H
N
O
N
H
O
CF3
• Pharmacologie
• Toxicologie analytique post-mortem
• Observations
• Difficultés d’interprétation des résultats toxicologiques et implications médico-légales
Pharmacologie
•
Antiarythmique de classe IC
–
–
–
–
Bloque le canal sodique
Elargissement de QRS et allongement de QT
Ralentit la conduction
Inotrope négatif
•
Indications : tachyarythmies supraventriculaires, (arythmies ventriculaires)
•
•
•
•
•
•
Pic plasmatique : 2 - 4 h (0,5 – 6)
Biodisponibilité : 90 %
Volume de distribution : 7 – 10 l / kg
Fixation protéique : 40 %
Demi-vie : 12 - 27 h
Elimination hépatique (CYP, 2D6) et urinaire
•
Concentration thérapeutique : 0,2 – 1 mg/L
–
Posologie moyenne : 200 mg/j, maximum : 300 mg/j
Pharmacologie
•
•
Interactions médicamenteuses :
–
–
Effets indésirables :
–
–
–
–
–
•
•
Augmente l’activité de la digoxine et du propranolol
Activité augmentée par la cimétidine, le propranolol, l’amiodarone, et la quinidine
Insuffisance cardiaque
Troubles de la conduction
Arythmies
Troubles neurologiques : vertiges, vision floue, tremblements, instabilité,
céphalées, asthénie
Troubles digestifs : nausées
Contre-indications :
–
infarctus du myocarde / cardiopathie ischémique, insuffisance cardiaque, blocs
Précautions / risques d’arythmie en cas d’hyper/hypokaliémie, hypomagnésémie, insuffisance rénale, et chez le sujet âgé
•
Syndrome du QT long
•
Effets proarythmiques à doses suprathérapeutiques et thérapeutiques.
•
•
•
•
Toxicologie analytique
HPLC / MS
Concentration thérapeutique : 0,2 – 1 mg/L
–
Concentration toxique : > 1,5 mg/L
–
–
Arythmies ventriculaires, défaillance cardiaque, blocs auriculo-ventriculaires
Vertiges, vision floue, tremblements, instabilité, céphalées, asthénie, nausées
Les concentrations sanguines post-mortem (sang veineux périphérique) sont
supérieures à celles mesurées ante-mortem, atteignant les valeurs toxiques.
–
–
•
Posologie moyenne : 200 mg/j ; maximum : 300 mg/j
O’Sullivan et al. Hum Exp Toxicol 1995 ; 14 : 605-8
•
•
PM : 3,3 mg/L ; AM : 0,9 mg/L
PM / AM : 3,6
Romain et al. Forensic Sci Int 1999 ; 106 : 115-23
• 7,3 mg/L ; 7,7 mg/L ; 13 mg/L ; 16,3 mg/L ; 93,7 mg/L ; 100 mg/L
Redistribution post-mortem…
Le toxicologue doit alerter le médecin légiste sur la difficulté de l’interprétation
des concentrations sanguines post-mortem. L’analyse des résultats doit être
menée conjointement. L’expertise anatomo-pathologique et les données de
l’enquête sont indispensables. Nous considérons indispensable une
connaissance approfondie de la pathologie et de la pharmacologie cardiaque.
Observation 1
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Mme B., 73 ans
Chute de sa hauteur à son domicile
Intervention des pompiers
Pas d’hospitalisation
Découverte décédée le lendemain à son domicile
Le corps mesure 1 m 56 et pèse 119 kg
Poids du cœur : 440 g, modérément augmenté
Athérosclérose coronaire modérée, sans sténoses significatives
Histologie :
– Inflammation aiguë épicardique focale, sans épanchement, avec rares et
–
–
•
petits foyers inflammatoires sous-épicardiques
Fibrose interstitielle modérée
Congestion et œdème pulmonaire
Une expertise toxicologique est indispensable
Observation 1
•
•
Concentration sanguine de flécaïnide :
–
–
Sang veineux périphérique
Sang cardiaque
: 3,723 mg/L
: 2,300 mg/L
Concentration thérapeutique : 0,2 – 1 mg/L
–
Posologie moyenne : 200 mg/j
•
Concentration toxique : > 1,5 mg/L
•
Bile : 41,3 µg/L ; Contenu gastrique : 34,3 µg/L
•
Sang veineux périphérique :
–
–
•
Sang périphérique vs sang cardiaque, 4,5 mois après la première analyse :
–
–
–
•
Concentrations infra-thérapeutiques de paracétamol (traces), codéïne (8 µg/L),
bromazépam (19 µg/L; toxique >300, coma : >1000),
Concentration thérapeutique de paroxétine (31 µg/L; toxique >400).
Flécaïnide
•
Sang veineux : 3,703 mg/L ; Sang cardiaque : 2,418 mg/L
Bromazepam
Paroxétine
: 70 µg/L vs 83 µg/L
: 10 µg/L vs 14 µg/L
Traitement : flécaïne 200 mg/j, aldalix, veinamitol, imovane, lexomil et
efferalgan codéïné.
Synthèse
•
•
•
73 ans, chute inexpliquée et inhabituelle la veille du décès
Obésité très importante
– « un peu de diabète »
– « légers problèmes cardiaques » : HTA ? Arythmie ?
•
Hypertrophie ventriculaire gauche avec fibrose interstitielle
modérées (HTA probable). Inflammation aiguë épicardique
focale.
Concentrations sanguines de flécaïnide > 1 mg/L
•
Conclusion :
– O’Sullivan et al. Hum Exp Toxicol : PM / AM : 3,6 (3,3 vs 0,9)
– Sang périphérique : 3,7 mg/L
– Redistribution post-mortem non démontrée / non confirmée
– Mort subite cardiaque par arythmie ventriculaire
– Toxicologie et circonstances du décès compatibles avec un
–
surdosage de flécaïnide
Absence d’indices médico-légaux de crime ou de délit.
Observation 2
•
•
•
•
•
•
•
•
M. C, 61 ans
Découvert décédé dans l’escalier de son immeuble
Fracture de C5 sans déplacement ni lésion médullaire
Alcoolémie : 2,25 g/L
Flécaïnide (sang cardiaque) : 0,9 mg/L et 0,54 mg/L à J+7; urine : 17 mg/L ;
métabolites : 3,34 mg/L ; présence dans contenu gastrique
Cardiopathie ischémique sévère.
Deux autopsies, une expertise anatomo-pathologique, deux expertises
toxicologiques, une expertise de synthèse (médecin légiste - anatomopathologiste, cardiologue, toxicologue)
Conclusion
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–
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Cause du décès : arythmie ventriculaire
Circonstances du décès : chute par perte de l’équilibre résultant soit de l’état d’ébriété, soit d’un « malaise cardiaque » (arythmie, accident coronaire). Il est
impossible d’établir si l’arythmie a été à l’origine de la chute ou une conséquence (stress).
En dépit du risque potentiel d’arythmie ventriculaire de l’association flécaïnide et cardiopathie ischémique sévère, il n’est pas possible d’établir formellement un rôle éventuel de la flécaïnide dans la chute et le décès.
Absence d’indices médico-légaux de crime ou de délit.
Observation 3
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M. G., 32 ans
Mort subite sans prodromes au cours d’une bagarre
Lésions traumatiques au visage
Cœur normal
Conclusion autopsique : mort subite cardiaque avec cœur morphologiquement normal
Alcoolémie : 1,75 g/L
Dossier médical
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fibrillation atriale chronique congénitale.
L’ablation par radiofréquence, 3 ans avant le décès, n’avait pas permis de guérir sa maladie. Il recevait un traitement, qu’il avait arrêté spontanément.
Traitement : préviscan, aprovel, flécaïne LP200, aténolol 50.
Conclusion :
–
Mort subite par arythmie ventriculaire déclenchée par un stress émotionnel résultant
de violences. L’arythmie ventriculaire est survenue dans le contexte d’une FA chronique, non traitée, par non compliance.
Conclusions
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La flécaïnide est un antiarythmique de classe IC très utilisé pour le traitement
des arythmies supraventriculaires, mais le traitement doit être surveillé avec
une très grande vigilance (ECG, dosages en cas de symptômes faisant
suspecter des effets secondaires).
•
La flécaïnide a des effets proarythmiques, favorisés principalement par une
cardiopathie ischémique, et/ou une insuffisance cardiaque, et/ou des
troubles de conduction. Une hyper/hypokaliémie ou une hypomagnésémie
peuvent favoriser une arythmie. Chez le sujet âgé, la surveillance doit être
particulièrement vigilante.
•
•
Des interactions médicamenteuses doivent être recherchées.
L’association d’un syndrome du QT long génétique ou d’origine médicamenteuse doit être considérée.
Conclusions
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•
Les concentrations sanguines post-mortem doivent être interprétées
avec la plus grande prudence, car une concentration supérieure à la
concentration thérapeutique peut être d’origine criminelle ou délictuelle, mais également « artéfactuelle ».
Le toxicologue doit alerter le médecin légiste sur la difficulté de
l’interprétation des concentrations sanguines post-mortem. L’analyse des résultats doit être menée conjointement. L’expertise anatomo-pathologique et
les données de l’enquête sont indispensables en complément de l’autopsie et de la toxicologie. Nous considérons indispensable une connaissance
approfondie de la pathologie et de la pharmacologie cardiaque.
Syndrome du QT court
• Trois gènes : HERG, KCNQ1, KCNJ2
• Canaux potassiques
Syndrome de Brugada
• Elevation du segment ST dans les
•
dérivations précordiales droites
Gène SCN5A codant pour la sous-unité
alpha du canal sodique
Intrications entre myocardite et
maladie génétique monogénique
Cardiomyopathie
Syndrome de Brugada
hypertrophique
• biopsie chez 18 pts
• Biopsie chez 119 pts (42
• Myocardite localisée, n = 7 avec décompensation aigue
et 77 stables)
• Mutation SCN5A, n = 4
•
lymphocytes CD45RO+
• CVDA intriquée, n = 1
(>14/mm2) avec nécrose
focale: 66% groupe Aigu vs
Frustaci et al. Circulation 2005;112:3880 0% stables
• Genome viral présent: 50%
des pts avec myocardite vs
0% autres pts
Frustaci et al. Eur Heart J 2007; 28:733
Tachycardie ventriculaire
paroxystique catécholaminergique
• Gène RyR2 : 50% des formes familiales
•
ave transmission autosomique dominante
CASQ2 : isoforme cardiaque de
calséquestrine
Enjeux médicaux du test génétique
chez les apparentés
Mutation identifiée dans la famille (chez le cas index)
- Pas de suivi médical ++
Test génétique chez
l’apparenté « sain »
-Pas de risque de transmission
-à la desendance ++
Dépistage
précoce
de l’expression cardiaque
Pas de
mutation
Présence
d’une
mutation
Suivi médical ++
(écho, ECG…)
Discuter restriction
sportive (CVDA, CMH)
Discuter ttt médical
Mise en place
traitement
(ex IEC si CMD)
Prévention
(BêtaBloq /QTL)
Décès cardiaque
Liste Md contre indiqués ++
(QTL, Brugada)
Modalités du test génétique post mortem
•
Recueil matériel
–
RNA later (kit Quiagen): tissus frais mis dans solution,
conservation à température ambiante pdt 7 jours, envoi
laboratoire moléculaire
– Tissu frais dans sérum physiologique et adresser au
laboratoire les jours suivants (à tester)
– Tissus congelés dans azote liquide, puis transfert
– Tissus inclus dans paraffine: ADN en faible quantité
– Tissu mis dans formol: Non utilisable ++
•
•
Extraction d’ADN
Analyse des gènes d’intérêt
•
Vérification causalité variant génétique
– Grand nombre / plusieurs pathologies testées
– Amplification PCR, et séquençage ou dHPLC
Prélèvements autopsiques
• Fragments frais:
• 0.5 cm dans 1 ml RNA later
• Sang sur EDTA
• Fragments congelés :
• Azote liquide
• Sang sur EDTA à -20
or -80
• Fragments fixés dans du formol
Conclusions
•
•
•
•
La mort subite chez le sujet jeune relève essentiellement de maladies
cardiaques héréditaires, d’où l’importance d’un diagnostic precis de façon à permettre la prise en charge adaptée de la famille.
La démarche diagnostique passe d’abord par l’autopsie avec examen anatomo-pathologique spécialisé.
La démarche est complétée dans tous les cas par le bilan cardiaque
familial, adapté à la pathologie diagnostiquée, ou bien non spécifique
en l’absence de diagnostique autopsique
Les maladies cardiaques structurales (cardiomyopathies...) sont les
plus fréquemment en cause. Néanmoins l’impact des maladies électriques pures apparaît grandissant (QT long, TV
catécholaminergique, Brugada)
Conclusions
•
•
•
Le test génétique doit être pratiqué soit chez un apparenté
avec cardiopathie, soit chez le sujet décédé en post
mortem
Le résultat du test génétique peut parfois permettre
d’identifier la cause du décès (post mortem), et il permet
un diagnostic prédictif chez les apparentés et guide ainsi la
surveillance et la thérapeutique au sein de la famille
La prise en charge d’une famille après une mort subite nécessite de recourir à des compétences
pluridisciplinaires (cardiologue, généticien clinicien,
biologiste moléculaire, psychologue...). Le plan Maladies
Rares du Ministère de la Santé a récemment labellisé des
Centres de Référence.
Coordonnateur du centre:
Ph. Charron
Réseau inter CHU, AP-HP
www.cardiogen.aphp.fr
CHU Pitié-Salpêtrière
(R. Frank, M. Komajda)
 CHU Lariboisière (I. Denjoy, A. Leenhardt)
 CHU A. Paré (O. Dubourg)
 CHU HEGP (JY. Le Heuzey, M. Desnos)
 CHU R. Debré (JM. Lupoglazoff)
 CHU Necker (D. Bonnet, D. Sidi)
Label du Ministère de la
Santé (2005-2009)
Consultation Pluridisciplinaire de Cardiogénétique
CHU Pitié-Salpêtrière
Tél : 01 42 16 13 95 ou 46
[email protected]
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