Chapitre 2 - L`évolution du système monétaire international (SMI)

CHAPITRE 2 - L’EVOLUTION DU SYSTEME MONETAIRE
INTERNATIONAL (SMI)
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Un système monétaire international se caractérise par le type de monnaies utilisées
dans les échanges et par le degré de flexibilité des taux de change.
Le système d’avant 1914 (étalon-or) reposait sur la fixité du taux de change, sur la
référence à l’or dans la définition des monnaies et sur l’utilisation de la Livre Sterling. Dans
l’Entre-deux-guerres, la monnaie britannique perd son rôle et les gouvernements vont utiliser
les changements de parité pour tenter de résoudre les difficultés induites par la crise de 1929.
Le système instauré en 1944 par les accords de Bretton Woods sera fondé sur la fixité des
taux de change et l’utilisation du dollar. Les crises de confiance dans la monnaie américaine
aboutissent en 1971 puis en 1973 à abandonner le système de Bretton Woods (ce qui
n’entraînera pas la stabilisation souhaitée). Au sein de ce système, les pays européens de la
CEE vont constituer une zone de changes fixes (le SME) la coordination des politiques
économiques (convergence nominale) a précédé la mise en place d’une monnaie unique,
l’euro.
Dans ce chapitre, deux questions seront traitées : d'une part, une présentation du marché
des changes et des théories explicatives de l’évolution du taux de change, d'autre part, les
problèmes soulevés par l'instabilité du SMI et, dans un tel contexte, les difficultés rencontrées
pour mettre en place une coopération internationale efficace.
Section 1 - L'instabilité du SMI contemporain : la persistance de
déficits globaux
Analysons tout d’abord le marché des changes et les déterminants du taux de
change.
A - Marché des changes et déterminants du taux de change
Le change est l'acte par lequel on échange les monnaies de différentes
nations. Le taux de change est le prix de la monnaie d'un pays en termes de la monnaie d'un
autre et il est établi sur le marché des changes qui fonctionne selon certaines règles. De plus,
plusieurs théories peuvent être proposées pour expliquer la détermination des taux de change.
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1 - Le fonctionnement du marché des changes
Le paiement des transactions internationales nécessite des opérations de
change, c’est-à-dire des opérations de conversion d’une monnaie en une autre. Le taux de
change d’une monnaie peut être exprimé au certain (une unité de monnaie nationale = x
unités de monnaie étrangère) ou à l’incertain (une unité de monnaie étrangère = y unités de
monnaie nationale). Par définition :
x = 1/y
Exemple : 1 = 1,20 $ correspond à 1$ = 1/1,20 = 0,83 €. Lorsque l’euro s’apprécie par
rapport aux autres devises, son cours côté au certain s’élève et, en revanche, son cours côté à
l’incertain diminue.
De plus, il existe deux types de taux de change, selon la date de l'échange
effectif des monnaies : le taux de change au comptant et le taux de change à terme. Le
premier est le prix pour une transaction "immédiate" (un jour ou deux au maximum pour les
grosses transactions) et le second est le prix pour une transaction qui interviendra à un certain
moment dans l'avenir, dans 30, 90, 180 jours. Les transactions au comptant ne représentent
que 40 % des transactions : le marché des changes est donc nettement un marché à terme.
L’importance de l’activi du marché des changes s’apprécie au volume des transactions
réalisées : en 1995, les transactions quotidiennes s’élevaient à 1500 milliards de dollars, ce
qui représentait environ 60 fois la valeur du commerce mondial de biens et services. En 2004,
cette valeur atteignait 1900 milliards de dollars (dont un peu moins de 1 % concernait les
transactions commerciales). En avril 2013, la BRI estimait le volume quotidien des échanges
à près de 5 300 milliards de dollars (soit presque trois fois plus qu’en 2004 et 6 fois plus
qu’en 1992). Cela en fait le marché le plus vaste et le plus liquide au monde en termes de
volume de transactions. Selon la BRI, en 2004, 52% des transactions journalières sur le
marché des changes relevaient de transactions interbancaires, 32% de transactions réalisées
par des institutions financières non bancaires et 16% de transactions effectuées par des
institutions non financières.
Indiquons enfin que le marché des changes est un marché-réseau dominé
par quelques places financières A la différence des marchés boursiers, qui ont une localisation
géographique précise, le marché des changes ne connaît pas de frontières : il y a un seul
marché des changes dans le monde. Les transactions sur devises se font aussi bien et en même
temps à Paris, Tokyo, Londres ou New York. De par son caractère planétaire, le marché des
changes est donc une organisation économique sans véritable réglementation ; elle est auto-
organisée par les instances publiques et privées qui y interviennent. Le marché des changes
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est géographiquement très concentré sur les places financières de quelques pays. En 2000, le
Royaume-Uni représentait 32 % des opérations, les Etats-Unis 18 %, le Japon 8 %,
l'Allemagne 5 % et la France 4%.
a - le comportement des intervenants sur le marché des changes
Plusieurs agents économiques sont acteurs sur le marché des changes. A
l’origine, la clientèle privée (particuliers, entreprises) n’intervient pas directement sur ce
marché mais passe des ordres d’opérations sur devises (achats ou ventes) à des banques ou à
des courtiers.
Les banques répercutent les ordres de la clientèle privée et agissent pour leur
propre compte. Quelques banques (en nombre limité) donnent au marché le sens de son
évolution du fait de l’importance des opérations réalisées : ce sont les market makers. Ils
vont proposer pour toutes les grandes devises (dollar, yen, euro) un prix acheteur et un prix
vendeur. Ces prix sont les prix auxquels ils sont prêts respectivement à acheter et à vendre
une devise contre celle de leur propre pays. Le prix vendeur est toujours supérieur au prix
acheteur et la différence (appelée spread) apporte un revenu aux banques qui obtiennent ainsi
une rémunération de leur activité d’intermédiaire sur le marché.
Les courtiers (brokers) interviennent seulement en tant qu’intermédiaires, c’est-à-
dire qu’ils n’agissent pas pour leur propre compte. Leur rôle est la mise en relation des agents
à besoins complémentaires (acheteurs-vendeurs) et préservent leur anonymat.
Les Banques centrales vont réaliser des opérations sur le marché des changes pour
faire varier le taux de change de la monnaie nationale dans un sens conforme aux objectifs
poursuivis par les responsables de la politique économique (pratique de la politique de benign
neglect de la BCE, par exemple). La situation est différente selon le régime de change adopté
(changes fixes ou changes flexibles).
Enfin, dans les années 90, de nouveaux intervenants ont pris une place croissante sur
le marché des changes : les institutions financières non bancaires. Par exemple, les filiales
financières des groupes industriels ; les grandes fortunes privées (G. Soros, par exemple) et
les investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension, les caisses de retraite et les
sociétés d’assurance.
Quels sont les comportements que l’on peut observer sur le marché des changes ?
Tout d’abord, indiquons qu’une firme ou une banque possède à tout instant des avoirs et des
engagements en devises. Les avoirs sont des actifs libellés en devises, détenus ou à recevoir à
des dates certaines et les engagements (ou dettes) sont des devises empruntées ou des
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obligations à verser des devises à des tiers à des dates certaines. La différence entre avoirs et
engagements constitue la position de change de l’agent. Si les créances dépassent les
engagements, on dit que la position est longue, sinon elle sera courte. Trois types d’opérations
permettent d’agir sur cette position de change :
- la couverture (ou hedging) ;
- la spéculation ;
- l’arbitrage.
- la couverture de change
Le caractère imprévisible des variations des taux de change (et aussi des taux
d'intérêt) fait courir des risques aux intervenants qui, pour se prémunir contre les pertes,
peuvent réaliser des opérations de couverture. Détaillons cette question. Un agent
économique se couvre lorsqu’il prend sur le marché une position inverse de celle engendrée
par l’opération qu’il veut couvrir. Prenons l’exemple suivant : un importateur français doit
payer ses achats à l’étranger en dollars (1 000 000 $) dans 3 mois. Il est confronté à une dette
en euros dont le montant est aléatoire puisqu’il peut varier en fonction de la valeur du dollar
en euros jusqu’à l’échéance des 3 mois. Si l’importateur anticipe une hausse du dollar par
rapport à l’euro, il va chercher à se couvrir contre cette hausse en achetant immédiatement
des dollars contre euros. Dès lors, la valeur de sa dette en euros devient certaine et non plus
aléatoire. Si le dollar s’établit à 0,80 € et que l’importateur anticipe qu’il va passer à 0,90 €, il
va acheter dès aujourd’hui 1000 000 $ avec 8 00 000 : il va donc se couvrir contre la hausse
de la monnaie américaine. Autrement dit, il compensera ainsi sa dette en dollars verser
dans 3 mois) par un actif en dollar (achat aujourd’hui de dollars sur le marché). Le jour de
l’échéance, sa couverture se trouvera ou non justifiée en fonction de l’appréciation ou pas du
dollar.
- La spéculation
Le spéculateur prend, quant à lui, volontairement un risque pour obtenir un gain du
fait de l'évolution du cours du change. Un agent anticipant une hausse du dollar en termes
d’euros achète du dollar contre euros et attend la hausse de la monnaie américaine pour la
revendre contre euros et percevoir le bénéfice en euros, égal à la différence des cours. Le gain
spéculatif est la rémunération du risque pris. Ajoutons que l’anticipation faite par la majorité
des spéculateurs fait évoluer le taux de change dans un sens conforme à cette anticipation,
sauf si les Banques centrales interviennent pour freiner cette évolution. L’anticipation à la
hausse provoque la hausse (intensification d’achats de dollars qui fait monter son cours).
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- L’arbitrage
Les opérations d'arbitrage proviennent de l'imperfection des marchés, liée en
particulier aux coûts de transaction et aux coûts d'information. Les agents qui identifient
certains écarts de cours et/ou certains écarts de taux d'intérêt (rapportés par des actifs libellés
dans des monnaies différentes) vont tenter de tirer profit de ces écarts par des opérations
d’arbitrage. Celles-ci, en modifiant les caractéristiques des marchés (taux de change, taux
d’intérêt), font disparaître les écarts qui leur ont donné naissance. Lorsque les écarts
disparaissent, l’arbitrage cesse.
b - Les compartiments du marché
Sur le marc des changes, les transactions sont effectuées par les cambistes qui
agissent pour leurs employeurs, les banques. Ceux-ci communiquent, par téléphone, télex ou
Ntic, les conditions des contrats fixés oralement, engageant totalement les contractants. Les
diverses transactions concernant deux monnaies ont des taux de change proches, voire
totalement semblables, eu égard à la spécificité des marchés des changes qui se caractérisent
notamment par une circulation extrêmement rapide de l’information. Ces taux évoluent
toutefois dans la journée en fonction des anticipations des cambistes.
Le marché des changes comporte plusieurs compartiments régis pour chacun d’entre
eux par des règles spécifiques et qui ne sont pas cloisonnés en raison des comportements
d’arbitrage des opérateurs.
- Le marché des changes au comptant (spot) et à terme (forward)
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