1962-1973 : La détente Dates clés Le duopole américano-soviétique 22 novembre 1963 : Assassinat du président John F. Kennedy. Ses successeurs sont son vice-président Lyndon B. Johnson (1963-1968) et le républicain Richard Nixon (1968-1974). 1964 : Chute de Khrouchtchev. Début du long règne de Leonid Brejnev (qui décède le 10 novembre 1982). Pénétration de l’Union soviétique dans le Tiers Monde pendant cette période. Période d’augmentation considérable des armements, surtout du côté soviétique pour rattraper le retard sur les EU. Course aux armements dans le domaine : - Des missiles à moyenne portée (2 000 à 4 000 km) IRBM (Intermediate Range Ballistic Missile). - Des missiles à grande portée (10 000 km) ICBM (Intercontinental Ballistic Missile). - Des missiles lancés à partir d’un sous-marin SLBM (Submarine Launched Ballistic Missile). Après avoir pris une avance scientifique dans les années 50, les Soviétiques accumulent les retards sur les Américains sur le plan des technologies de pointe. Les EU sont les premiers à marcher sur la lune le 21 juillet 1969, et en 1973 à lancer un laboratoire spatial. Recherche d’accords entre les EU et l’URSS. Sorte de cogestion dans les affaires internationales. Chaque Grand se reconnaît le droit de faire régner l’ordre dans son propre camp et évite tout affrontement direct. ● Les accords de limitation des armements 1er décembre 1959 : Accord pour le désarmement de l’Antarctique. La politique de l’arms control : Ne pas désarmer mais placer des limites au surarmement. 20 juin 1963 : Mise en place du téléphone rouge entre Moscou et Washington. 5 août 1963 : Traité de Moscou, signé par une centaine de pays, interdisant les expériences nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace extra-atmosphérique et sous la mer. La France et la Chine qui ont besoin d’expérimenter leur force atomique qu’ils sont en train de mettre en place refusent d’y adhérer. En réalité, accords qui ne limitent pas les pays déjà possesseurs d’armes nucléaires, mais invitent les autres pays à ne pas s’en doter. Portée militaire du traité est nulle. 27 janvier 1967 : Traité sur la non-militarisation de la Lune. 14 février 1967 : Traité de Tlatelolco qui doit aboutir à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine. 23-25 juin 1967 : Rencontre entre le président Johnson et le président du Conseil Kossyguine à Glassboro (New Jersey) qui permet de conclure en juillet 1968 un traité sur la non-prolifération des armes atomiques (TNP) signé par les EU, l’URSS et la GB, encore refusé par la France et la Chine. 11 février 1971 : Traité de dénucléarisation des fonds marins. 10 avril 1972 : Convention prohibant les armes biologiques. La limitation des armes stratégiques : Mise en place de systèmes de missiles anti-missiles (Anti Ballistic Missile ou ABM), capables d’arrêter en plein vol les missiles ennemis avant qu’ils ne touchent leur cible. Leur coût est extrêmement élevé. 26 mai 1972 : Signature à Moscou entre Nixon et Brejnev des Accords SALT (Strategic Arms Limitation Talks), comprenant un accord provisoire et un traité. L’accord consiste en un gel pour cinq ans des armements stratégiques, l’arrêt de la construction de rampes de lancement fixe pour ICBM. Le traité limite à deux sites, Washington et Moscou, les systèmes de défense antimissiles (ABM). Première fois que les deux Grands limitent la production de certains types d’armement, et que l’URSS accède à la parité. Mai 1972 : Nixon se rend à Moscou, première visite officielle d’un président américain en URSS. Déclaration commune en douze points qui définit « les bases des rapports mutuels entre les EU et l’URSS ». 18-25 juin 1973 : Visite de Brejnev aux EU. Signature de neuf accords ou conventions avec engagement de prévenir la guerre nucléaire. 27 juin – 3 juillet 1974 : Troisième rencontre Nixon-Brejnev qui signent notamment la limitation des expériences nucléaires souterraines. 23-24 novembre 1974 : Rencontre entre Brejnev et le nouveau président américain Gérald Ford à Vladivostok, dernier sommet de la détente. Développement des échanges pacifiques avec l’est : 1969 : Export Administration Act. Le Congrès des EU se prononce pour la croissance des transactions pacifiques avec l’Est. Entre 1970 et 1975, les exportations occidentales à destination de l’URSS quadruplent. Octobre 1972 : Accord commercial américano-soviétique qui concède à l’URSS la clause de la nation la plus favorisée (remise en question par la suite en décembre 1974 par l’amendement Jackson). ● La détente en Europe et l’ « Ostpolitik » Règlement du problème territorial : Trois questions n’avaient pas été résolues pendant la période de la guerre froide : - Situation territoriale issue de la guerre - Statut de Berlin - Existence de deux entités politiques allemandes A partir de 1969, développement de l’Ostpolitik (politique de rapprochement avec l’Est) par le chancelier Willy Brandt. Entrevues d’Erfurt le 19 mars 1970 et de Kassel le 21 mai 1970 entre Willy Brandt et le chancelier de la RDA Willy Stoph préparent le rapprochement des deux Allemagnes. 12 août 1970 : Traité de Moscou. Accord entre la RFA et l’URSS qui déclarent que l’objectif le plus important est le maintien de la paix et de la détente. 7 décembre 1970 : Traité entre l’Allemagne de l’Ouest et la Pologne reconnaissant la frontière Oder-Neisse (germano-polonaise). 3 septembre 1971 : Accord quadripartite sur Berlin, stipulant le maintien des droits des quatre puissances occupantes et la mise en place d’un statut spécial. 21 décembre 1972 : Signature à Berlin-Est du traité fondamental entre les deux États allemands. 19 juin 1973 : Traité Bonn-Prague qui annule les Accords de Munich. 18 septembre 1973 : La RFA et la RDA sont admises à l’ONU. La conférence d’Helsinki : 22 novembre 1972 – 8 juin 1973 : Pourparlers préparatoires à Helsinki, permis par la détente. 3-7 juillet 1973, puis septembre 1973 à juillet 1975 : Véritables négociations avec l’adoption par les 35 pays présents d’un Acte final le 1er août 1975, subdivisé en trois chapitres ou « corbeilles » : - Égalité des États, non-ingérence dans les Affaires intérieures d’un autre État, autodétermination des peuples, inviolabilité des frontières européennes et renonciation au recours à la force pour régler les conflits. - Développement de la coopération économique, scientifique et technique. - Défense des droits de l’homme, en particulier la notion de libre circulation des personnes et des idées. La crise des blocs ● La crise dans le bloc occidental Crainte d’une suprématie européenne : Stratégie des représailles massives => les intérêts collectifs des Alliés étaient protégés. Stratégie des représailles graduées => les Alliés peuvent craindre que seuls les intérêts américains soient pris en compte. 4 juillet 1962 : Le président Kennedy propose à Philadelphie une redéfinition des rapports de force entre les EU et leurs alliés (partnership). La politique française d’indépendance nationale : 14 septembre 1958 : De Gaulle, revenu au pouvoir, propose à Kennedy et MacMillan de créer un directoire à trois. Kennedy refuse en octobre 1958 par le fait qu’il ne veut pas que les autres alliés soient tenus à l’écart des décisions et que les EU n’aient pas les mains liées pour l’emploi éventuel de l’arme atomique. 14 janvier 1963 : Lors de sa conférence de presse, de Gaulle s’oppose à l’entrée de la GB dans le Marché commun et à l’intégration des forces atomiques nationales dans l’OTAN. 13 février 1960 : La France accède au club des puissances possédant l’arme atomique, puis au club thermonucléaire en août 1968. 1964 : Voyage de De Gaulle en Amérique latine, qui reconnaît la même année la Chine populaire. 24 juin 1964 : De Gaulle déclare que « la répartition du monde en deux camps répond de moins en moins à la situation réelle ». 21 février 1966 : Au cours de sa conférence de presse, de Gaulle annonce le retrait français de l’organisation intégrée de l’OTAN. Juillet 1966 : Voyage de De Gaulle en URSS => Rapprochement franco-soviétique perçu par les Américains comme un véritable renversement d’alliances. Septembre 1966 : Voyage de De Gaulle au Cambodge où il critique la politique américaine au Vietnam. Juillet 1967 : Voyage de De Gaulle au Canada. Il déclare à Montréal « Vive le Québec libre », ce qui fait scandale en Amérique du Nord, le gouvernement canadien y voyant un signe d’intervention dans les affaires intérieures canadiennes. Crise du système monétaire international : 15 août 1971 : Le président Nixon suspend brutalement toute convertibilité du dollar en or, ce qui revient à laisser flotter le dollar aboutissant à un marasme monétaire et commercial. En décembre 1971 et février 1973, les EU acceptent de dévaluer le dollar. La constitution de l’Europe des Neuf : Juillet 1965 – Janvier 1966 : Crise de la chaise vide. La France refuse de siéger aux instances européennes. Janvier 1966 : Compromis de Luxembourg. La France reprend sa place au Conseil en contrepartie du maintien de la règle de l’unanimité. 1er juillet 1968 : Achèvement du Marché commun. Décembre 1969 : Conférence de La Haye au cours de laquelle Pompidou propose le triptyque achèvement de l’Europe agricole, élargissement à la GB, approfondissement par la relance de la construction communautaire. 22 janvier 1972 : Signature à Bruxelles du traité d’adhésion de la GB, du Danemark, de l’Irlande et de la Norvège. Par la suite, les Norvégiens refuseront par référendum d’adhérer à la Communauté. 1er janvier 1973 : L’Europe des Six devient l’Europe des Neuf. ● La crise dans le monde communiste Années 60 => Ralentissement du développement économique en URSS. Brejnev confronté au problème de la modernisation de l’économie et de la société soviétique. Le schisme sino-soviétique : 1958 : Mao Zedong lance le « Grand bond en avant », qui s’achèvera en 1959 sans succès. 17 octobre 1961 : Congrès du PCUS consacrant la rupture avec la Chine. 1er octobre 1964 : La Chine accède au club atomique. 15 juin 1963 : Mao Zedong adresse une lettre à Khrouchtchev par laquelle, en 25 points, il récuse la prééminence du parti communiste de l’Union soviétique. 1966 : Révolution culturelle. La contestation en Europe orientale : 1968 : « Printemps de Prague » en Tchécoslovaquie. 3 janvier : Alexander Dubcek arrive au pouvoir. Février : Début du « printemps de Prague », libéralisation en Tchécoslovaquie. Orientation vers un « socialisme à visage humain ». 5 avril : Le comité central du Parti communiste tchécoslovaque approuve à l’unanimité le programme d’Alexander Dubcek. 20 juin : Début des grandes manœuvres des troupes du Pacte de Varsovie. 20-21 août : Écrasement du Printemps de Prague, les dirigeants soviétiques s’inquiétant de la libéralisation. 600 000 soldats du Pacte de Varsovie, à l’exception des Roumains, envahissent la Tchécoslovaquie. 17 avril 1969 : Dubcek est évincé et remplacé par Gustav Husak à la tête du PC. Celui-ci annule les réformes du Printemps de Prague. 14-15 décembre 1970 : En Pologne, émeutes de Gdansk sévèrement réprimées par Gomulka. Les troubles qui s’étendent aboutissent au remplacement de Gomulka par Édouard Gierek au poste de Premier secrétaire. Le Tiers Monde à l’ère de la détente Affirmation des pays nouvellement indépendants se fait par l’intermédiaire de l’ONU qui compte 135 membres en 1973. 1er – 6 septembre 1961 : Première conférence des pays non engagés à Belgrade. Les 25 États participants manifestent leur réprobation de la politique des blocs, du néocolonialisme et du surarmement des grandes puissances. De nouvelles conférences seront organisées au Caire en 1964 puis à Lusaka en 1970. Septembre 1973 : Conférence d’Alger. ● Les regroupements des États du Tiers Monde Décembre 1960 : Constitution du « groupe de Brazzaville » par tous les États francophones à l’exception du Togo, du Mali et de la Guinée. Ce groupe se transforme en Union africaine et malgache (UAM) au printemps 1961 et en Organisation commune africaine et malgache (OCAM) en février 1964. Groupe modéré favorable à la coopération avec la France. Janvier 1961 : Constitution du « groupe de Casablanca » comprenant le Maroc, le Ghana, la Guinée, le Mali et la République arabe unie. Groupe hostile au néocolonialisme et aux essais nucléaires français au Sahara. Mai 1963 : La Conférence d’Addis-Abeba groupant trente chefs d’États africains adopte la Charte de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) 3-15 janvier 1966 : Conférence « tricontinentale » à La Havane réunissant des délégués de gouvernements ou de mouvements révolutionnaires d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine engagés dans la lutte anti-impérialiste. ● Le développement économique et l’aide au Tiers Monde Conférences des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) : 23 mars – 15 juin 1964 : Première CNUCED à Genève réunissant 120 États dont 77 en développement. Organisme permanent des Nations Unies qui devait corriger les rapports de forces économiques mondiaux et faire du commerce international un outil de développement. 1er février – 29 mars 1968 : Seconde CNUCED à New Delhi. Elle propose le Système de préférences généralisées (réduction des droits de douane grevant les importations de produits manufacturés du Tiers Monde). 13 avril – 21 mai 1972 : Troisième CNUCED à Santiago du Chili. Elle lance l’idée d’un Programme intégré des produits de base, visant à stabiliser les cours de matières premières essentielles grâce à des stocks régulateurs financés par un Fonds commun. 15 septembre 1960 : Création de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) comprenant d’abord le Venezuela, l’Iran, l’Irak, l’Arabie Saoudite, le Koweit, le Qatar, puis la Libye, l’Algérie, le Nigeria, Abu Dhabi. Le but est de contrecarrer l’influence des compagnies pétrolières occidentales. La modification des rapports internationaux dans le Tiers Monde ● La guerre du Vietnam 16 décembre 1961 : Le président Kennedy décide d’élever à 15 000 les effectifs militaires américains au Vietnam. 1er novembre 1963 : Coup d’État à Saigon. 2-5 août 1964 : Incident naval du golfe du Tonkin. 7 août 1964 : Le Congrès adopte une résolution permettant une intervention américaine en Asie du Sud-Est. 7 février 1965 : Début des raids américains sur le Nord Vietnam. 12-19 février 1965 : Coup d’État militaire à Saigon : le général Thieu devient chef de l’État, le général Ky chef du gouvernement. Le 31 mars 1968, le président Johnson annonce un arrêt partiel des bombardements. En mai 1968, rencontre à Paris entre délégués américains et nord-vietnamiens. En novembre 1968, arrêt total des bombardements. Janvier 1969 : Début de la Conférence de Paris. 12 novembre 1969 : Manifestations aux EU contre la guerre. 26-31 décembre 1971 : Offensive américaine sur le Nord Vietnam. Reprises des bombardements américains en avril 1972. Le 30 décembre 1972, arrêt des bombardements et reprise des négociations. 27 janvier 1973 : Signature des Accords de Paris. 30 avril 1975 : Chute de Saigon. Réunification du Vietnam. ● Le rapport des forces en Asie Septembre 1965 : Coup d’état en Indonésie qui amène l’élimination sanglante du parti communiste indonésien, l’éviction du président Soekarno et la prise du pouvoir par l’armée. La suprématie de l’Inde dans le subcontinent indien : Conflit de frontières entre l’Inde et le Pakistan à propos du Cachemire. Heurts entre communautés en 1962. En 1963, le Pakistan conclut un accord de délimitation de frontières avec la Chine pour se prémunir contre la politique indienne. Août 1965 : Courte guerre à laquelle la rencontre de Tachkent organisée en janvier 1966 par l’Union soviétique met fin sans résoudre le problème du Cachemire. 26 mars 1971 : Sécession du Bangladesh. Le 17 avril 1971, les dirigeants de la Ligue Awami réfugiés à Calcutta proclament l’indépendance du Bangladesh. 9 août 1971 : Signature entre l’Inde et l’URSS d’un traité de paix, d’amitié et de coopération. 2-16 décembre 1971 : Intervention militaire indienne pour aider à la sécession du Bangladesh. Le Pakistan réagit en envahissant le Cachemire. Le Bangladesh obtient son indépendance le 16 décembre 1971. L’entrée de la Chine dans le système international : 27 janvier 1964 : La France reconnaît la Chine populaire. Avril 1971 : Début de la nouvelle politique extérieure chinoise => refus de l’hégémonie soviétique et rapprochement avec les EU. 10 avril 1971 : Tournée en Chine de l’équipe américaine de ping-pong (« ping pong diplomacy »). 9-13 juillet 1971 : Rencontre secrète entre Henry Kissinger et Zhou En Lai en Chine. 26 octobre 1971 : Sous pression du bloc soviétique, la Chine est admise à l’ONU. Elle obtient un siège permanent au Conseil de sécurité, remplaçant et évinçant la République de Chine (Taiwan). 21-28 février 1972 : Visite historique du président Nixon en Chine où il rencontre Mao Zedong. Dans un communiqué, les deux pays constatent qu’ils ont des objectifs stratégiques communs face à l’URSS. 25 septembre 1972 : Rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Japon. ● L’Amérique latine, nouvel enjeu entre l’Est et l’Ouest Échec de « L’Alliance pour le progrès » lancée par Kennedy contre le castrisme. Face à une situation trouble, les EU sont amenés à soutenir des dictatures ou à intervenir pour empêcher une subversion communiste. 27 juin 1973 : Coup d’État en Uruguay. Appuyé par l’armée, le président Juan Maria Bordaberry prend tous les pouvoirs. Il fait dissoudre le Parlement. 11 septembre 1973 : Coup d’état militaire au Chili soutenu par les EU et dirigé par le général Pinochet qui renverse le gouvernement. Le président Salvador Allende se suicide (officiellement) au moment de la prise d’assaut. ● Les suites de la décolonisation en Afrique Plus grave conflit de la période : la guerre du Biafra, au Nigeria. Tensions entre les musulmans du Nord et les chrétiens qui peuplent en majorité le Biafra. 30 mai 1967 : Proclamation de l’indépendance du Biafra => Guerre civile, le gouvernement fédéral n’acceptant pas la sécession de cette région riche en pétrole. Le Biafra, isolé sur la scène internationale, est vaincu et dépose les armes en janviers 1970. Le Proche-Orient d’une guerre à l’autre ● La guerre des Six Jours En juin 1967, elle apporte à Israël le contrôle de la Cisjordanie et du Golan. A la suite de la crise de Suez (1956), les Casques bleus stationnent le long de la frontière israéloégyptienne et Charm-el-Cheikh => paix instable. Les deux grands sont engagés dans la région : - L’URSS renforce ses liens avec Nasser. - Les EU sont les nouveaux protecteurs de l’État d’Israël. 18 mai 1967 : Nasser demande au secrétaire général de l’ONU, U Thant, de retirer les forces de l’ONU du territoire égyptien et interdit le golfe d’Akaba à tout trafic israélien. 5 juin 1967 : Israël déclenche une guerre préventive par une attaque de son aviation pour prendre de vitesse les Arabes, dont les préparatifs militaires sont transparents. Bombardement des aéroports égyptiens, clouant au sol l’aviation. Eclatante et rapide victoire d’Israël. Le 6 juin, les chars israéliens progressent en étoile vers les différents pays arabes alliés. Israël occupe le Sinaï, la Cisjordanie, la bande de Gaza, la partie jordanienne de Jérusalem. Les Israéliens prennent également le plateau du Golan aux Syriens. Le 8 juin, l’Égypte se résigne au cessez-le-feu. La Syrie en fait de même le 10 juin. Guerre qui permet à Israël de faire évoluer sa superficie de 20 300 km² à 102 400 km². L’État hébreu n’a perdu que 780 soldats contre 30 000 morts pour les pays arabes. 22 novembre 1967 : Vote de la résolution 242 des Nations Unies qui stipule qu’Israël doit se retire de tous les territoires occupés selon le texte français, et de certains territoires occupés selon le texte anglais. Cependant de chaque côté du canal, Egyptiens et Israéliens poursuivent une guerre d’usure. La mission Rogers (secrétaire d’État américain) permet la conclusion d’un accord de cessez-le-feu le 7 août 1970, prolongé jusqu’en mars 1971. ● Le problème palestinien La guerre des Six Jours ne règle rien, mais même elle déstabilise toute la région. Elle accélère l’affirmation de la résistance palestinienne qui se développe depuis la création de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) en mai-juin 1964. En 1968, le conseil national palestinien, organe directeur de l’OLP, adopte la Charte nationale qui prévoit notamment la disparition d’Israël. En 1969, Yasser Arafat devient président de l’OLP. La résistance palestinienne s’engage alors dans la voie du terrorisme. En septembre 1972, 11 membres de la délégation israélienne sont assassinés lors des Jeux Olympiques de Munich par un commando palestinien. ● Les bouleversements internes De la guerre des Six Jours à la guerre du Kippour, le Proche-Orient est secoué par des coups de force qui bouleversent l’échiquier régional. L’Union soviétique y marque des points. Soudan : Mai 1969 : Coup d’État qui amène au pouvoir le général Nemeiry qui met fin aux bonnes relations qui existaient avec l’URSS. Tentative de coup de force des communistes en juillet 1971, mais Nemeiry se maintient au pouvoir. Irak : Juillet 1968 : Le général Aref est renversé par le général Bakr, à la grande satisfaction de l’URSS. Le parti Baas (laïc, socialiste et nationaliste) revient au pouvoir. Un de ses dirigeants, Saddam Hussein, négocie un rapprochement avec Moscou qui aboutit à la signature d’un véritable traité d’alliance entre l’Irak et l’URSS le 9 avril 1972. Syrie : 13 novembre 1970 : Coup d’État qui amène au pouvoir Hafez el-Assad qui élimine les dirigeants prosoviétiques. Mais Moscou continue à fournir des armes en quantité à Damas, avec la volonté de maintenir des bonnes relations. Égypte : 28 septembre 1970 : Mort du colonel Nasser, remplacé par son adjoint Anouar el-Sadate. Les bonnes relations soviéto-égyptiennes se poursuivent. Le 27 mai 1971, un traité d’amitié est signé au Caire, les deux pays s’engagent à une non-ingérence réciproque dans leurs affaires intérieures. Mais l’Égypte s’inquiète d’une trop grande dépendance à l’égard de l’URSS. Le 18 juillet 1972, elle chasse les conseillers soviétiques et annonce une « fusion totale » avec la Libye et la Syrie. Libye : 1er septembre 1969 : L’armée fomente un coup d’État qui chasse du pouvoir le roi Idris et proclame la République libyenne. Le colonel Kadhafi devient le chef du gouvernement. Une révolution qui est anti-communiste. ● La guerre du Kippour En 1973, une guerre contre Israël paraît propice à Sadate, l’État hébreu étant désapprouvé par plusieurs États européens (dont la France) en raison de son obstination à garder les territoires conquis en 1967. 26 juillet 1973 : Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte un texte (abstention de la Chine) qui réclame l’application de la résolution 242. 6 octobre 1973 : Les armées syriennes et égyptiennes attaquent conjointement Israël le jour du Kippour (fête juive). L’État hébreu est frappé par surprise. Les Egyptiens avancent dans le Sinaï, les Syriens pénètrent dans le Golan. A partir du 12 octobre, les Israéliens regagnent du terrain. Le 19 octobre, ils ont reconquis tout le Golan et sont à 30 km de Damas. Dans la nuit du 15 au 16 octobre, la division d’Ariel Sharon engage la contre-attaque face aux Egyptiens qui sont repoussés de l’autre côté du canal. Les grandes puissances s’efforcent de parvenir à un cessez-le-feu. Dans la nuit du 21 au 22 octobre, le Conseil de sécurité adopte la résolution 338 : cessez-le-feu dans les douze heures, application de la résolution 242, négociations pour une paix juste et durable. L’armée israélienne poursuit cependant son action jusqu’au 23 octobre pour achever d’encercler l’armée égyptienne. Premier accord le 11 novembre 1973. Conséquences de la guerre du Kippour : vulnérabilité d’Israël, Sadate a réussi malgré la défaite à inquiéter l’État hébreu, égalité de valeur sur le champ de bataille entre Israéliens et Arabes. La guerre ne résout rien, elle incite donc à la négociation. Elle pousse les producteurs de pétrole à utiliser un moyen de pression sur le monde occidental 1973 : Le monde bascule dans la crise économique avec le premier choc pétrolier (le prix du pétrole quadruple en trois mois). Changement de contexte international. La déstabilisation gagne peu à peu pour aboutir à une « nouvelle guerre froide ».