Lorenzaccio - Page d`acceuil de la Compagnie L Exploitation Theatre

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Cie L'Exploitation Théâtre
- Lorenzaccio Dossier de Création
D'après la pièce de Alfred de Musset
Adaptation / Mise en scène Jesshuan Diné
Artistes Interprètes
Yann Capron
Sylvain Eymard
Jean-Baptiste Marlot
Érik Mismaque
Production Association L'Exploit
(Cie L'Exploitation Théâtre)
« La fin justifie les moyens? Cela est possible. Mais qui justifie
la fin ? À cette question, que la pensée historique laisse
pendante, la révolte répond: les moyens »
Albert Camus. L'Homme Révolté. 1951
« Ce que l’œuvre dramatique, ce que n'importe quel art,
cherche à comprendre n'est pas l'âme, la psychose, le
transcendant, mais la situation. »
Edward Bond. Extrait de La Trame Caché. 2000
« LORENZO — Tu ne veux voir en moi qu’un mépriseur
d’hommes, c’est me faire injure, je sais parfaitement qu’il y en
a de bons. Mais à quoi servent-ils ? que font-ils ? comment
agissent-ils ? Qu’importe que la conscience soit vivante, si le
bras est mort ? il y a de certains côtés par où tout devient bon :
un chien est un ami fidèle ; on peut trouver en lui le meilleur
des serviteurs, comme on peut voir aussi qu’il se roule sur ses
cadavres, et que la langue avec laquelle il lèche son maître
sent la charogne d’une lieue. Tout ce que j’ai à voir, moi, c’est
que je suis perdu, et que les hommes n’en profiteront pas plus
qu’ils ne me comprendront. »
Alfred de Musset. Lorenzaccio, Acte III, scène 3.
Lorenzaccio
Œuvre majeure du romantisme, Lorenzaccio est une pièce en 5 actes écrite en 1833 par
Alfred de Musset qui propose plusieurs intrigues et plus de 40 personnages. Elle parle de
compromission, de choix et d'actes politiques, mais aussi de conscience impossible à
consoler ni par l'idéalisme ni par le nihilisme.
Lorenzo, cousin du Duc Alexandre de Medicis, famille régnant impunément sur la ville de
Florence, a passé quinze années à s'immiscer dans le cercle très réduit et privé du Duc. Il
est devenu son compagnon de débauche, son émissaire, prince du complot et de
l'intrigue.
Sa réelle motivation n'est autre que de parvenir à le tuer.
Lorenzo ne parviendra pas à trouver son salut dans le meurtre d'Alexandre parce qu'il y a
« lui-même laissé sa peau » à cause de toutes ces années de débauches laissées
derrière lui, et parce qu'il ne croit plus ni en l'homme ni à son désir d'émancipation.
Avec ce drame historique, Musset dénonce aussi les travers de son époque : cette France
des années 1830 où la république échoue à s'instaurer.
ALFRED DE MUSSET
(1810 - 1857)
Lycéen brillant, Alfred de Musset abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à la
littérature. Il commence alors à mener une vie de débauche. Il écrit Les Caprices de
Marianne en 1833. Il écrit ensuite en 1833 Lorenzaccio, publié en 1834 (la pièce ne sera
représentée qu'en 1896) suite à sa liaison tumultueuse avec George Sand. Il écrit la même
année Fantasio et On ne badine pas avec l'amour.
Dépressif et alcoolique, au-delà de 30 ans, il écrit de moins en moins. Il reçoit la Légion
d'honneur en 1845 et est élu à l'Académie française en 1852. Il écrit des pièces de commande
pour Napoléon III. Sa santé se dégrade gravement et Alfred de Musset meurt à 46 ans, suite à
son alcoolisme.
Redécouvert au xxe siècle, Alfred de Musset est désormais considéré comme un des grands
écrivains romantiques français.
Intentions
La pièce de Musset a souvent été considérée comme impossible à monter,
du fait de sa longueur, ses nombreux changements de décors et le nombre
d'intrigues et de personnages.
Cette proposition d'adaptation est une version immersive, focalisée
essentiellement sur le personnage de Lorenzo et sa relation avec le Duc.
C'est aussi une transposition moderne. Les Médicis sont devenus une
famille de riches industriels, qui utilisent les nouvelles formes d'exploitation
actuelles : empire financier, placements en bourse, emplois de jeunes
traders jouant avec la vie des hommes comme s'ils jouaient à des jeux
vidéos...
Lorenzo et Alexandre sont donc de jeunes investisseurs à la tête d'un
empire qui les dépasse, sans aucune prise avec le monde réel. Des
« enfants » nantis dans le luxe et la luxure au bord d'un monde en crise
mais qui continuent à engranger des profits gagnés sur la misère du
monde.
Seuls quelques autres personnages indispensables viendront participer à
l'avancée de l'intrigue et des situations : le peintre Tebaldeo, le cercle privé
du Duc (ses conseillers proches) et Philippe, le vieil homme idéaliste. Ce
qui limite la pièce à 5 artistes sur scène, à la fois acteurs, musiciens,
techniciens.
Le cadre : l'appartement de Lorenzo, uniquement. Teinté de rouge et
d'opulence. Un mobilier en déséquilibre, car même la puissance des
grands de ce monde est ici précaire...
Sur l'écran vidéo : le monde extérieur avec ses usines peuplées ou
désertées, ses villes pleines de vie ou les soirées de beuverie et de
débauche de la vie nocturne étudiante.
La musique sera jouée directement sur scène. Ambiance angoissante, rock
fiévreux, elle ne sera pas dissocié du propos, des situations. Il ne s'agit pas
seulement de « meubler » des inter-scènes...
Nous retiendrons essentiellement de Musset l'illustration de l'acte politique
individuel, et des paradoxes qu'il souligne. Comment rendre le monde plus
juste à son échelle ? Comment agir sans se corrompre soi-même ?
Face au monde, à son injustice croissante, au dictat des technocraties
libérales, le que faire ? nous répond par plusieurs moyens : démocratie,
révolte pacifiste, terrorisme... Ici il s'agit de meurtre, de libération de l'âme.
Mais aussi de l'échec des démocraties à s'imposer véritablement, à trouver
des solutions de justice sans créer d'autres goulags.
Si l'on se demandait, comme Camus, la fin justifie-t-elle les moyens ?, pour
Lorenzo, la fin est de toutes façons hors-jeu, puisqu'il n'a plus aucune
illusion sur les conséquences possibles de son meurtre quant au retour
d'une république. Il ne lui reste qu'à se comprendre. C'est peut-être dans
cette compréhension de l'homme et du où réside son humanité que se
trouve la clé.
C'est aussi la vision moderne d'une génération : poursuivre l'idéal ou
« entrer dans le moule » ? Comment lutter face au monde ? Nous voulons
attraper au vol cette jeunesse à la fois idéaliste et désespérée, lui adresser
un message d'espoir, à l'inverse de la pensée pessimiste de Musset à la fin
de l’œuvre.
Un jeu de lumières crues et tamisées nous ramènera sans cesse à la
psyché de Lorenzo,: le ici et maintenant qu'il vit (qu'il invente?), mais aussi
le paradoxe humain qu'il tente de comprendre à travers des actes simples
et sans voix : comment est-il possible de sentir à la fois l'échec inexorable
de la tentative logique de compréhension du monde, et l'appel humain dont
nous parle Camus, la quête de sens qui fait de nous un homme absurde,
capable de soutenir cette fracture entre le monde et l'esprit ?
Il s'agira au final de faire surgir la puissance écorchée de cette œuvre
profonde, en dépeindre les implications politiques, et honorer cette flamme
qu'est l'action individuelle se transmettant au collectif, pour que nous
puissions retrouver nos armes face au désespoir.
Puisque qu'au théâtre, encore, il est toujours possible d'assassiner les
tyrans.
Jesshuan Diné, octobre 2013.
Scenographie
La scène représente une psyché en construction.
C'est l'appartement de Lorenzo, mais c'est aussi sa tête,
son mental.
Tout se joue à vue, aucune coulisse, même quand les
artistes deviennent musicien ou techniciens.
Un grand rideau rouge (4 à 5 mètre), comme suspendu
dans le vide, descend du grill. Il peut tout à la fois
représenter l'étendard des Médicis, ou un simple
élément de théâtralité.
Le mobilier est en fer brut, déstructuré (il manque
certains barreau aux chaises, à la table...). Chaque
élément repose sur 3 appuis. Tout est très instable. Il
sera possible en jeu de jouer sur cette instabilité, ce
fragile équilibre... mais aussi de « retourner » ce mobilier
pour transformer légèrement le cadre de l'action.
On pourra aussi ajouter un miroir, une douche, un évier,
un chevalet de peinture... pour satisfaire aux besoins de
la mise en scène et du jeu d'acteur.
Le vidéo-projecteur est orienté vers les deux pans de
toile noire tendues en fond. Les acteurs peuvent jouer
devant et derrière ces pans. Il est donc possible de jouer
à la fois avec le mouvement, la lumière des contres et la
vidéo pour donner plusieurs niveaux de profondeur à
une même scène.
Les hommes sont en costard-cravate noirs.
Equipe de Création
Jesshuan Diné, metteur en scène, comédien, musicien.
(Rôle du Cardinal Valori)
Comédien, il fut formé en grande partie à l'école Panama Théâtre, sous la
direction de Pascale Vardanega, mais auparavant il fut aussi élève de Sylvain
Eymard, devenu maintenant son associé. Quittant ses études de Mathématiques
et Physique (Math Sup/ Math Spé au Lycée Thiers de Marseille),Très
autodidacte, il s'est très vite porté sur un apprentissage du jeu d'acteur
polyvalent, aussi bien dans le registre dramatique, la comedia dell'arte ou même
le café-théâtre.
Également comédien sur des projets plus contemporains (le recueil expérimental
Hors de soi sous la direction artistique de Sylvain Eymard), il se passionne
pour l’œuvre d'Edward Bond et travaille en tant que comédien et metteur en
scène sur Onze Débardeurs, Sauvés, Mardi, Le Lendemain Matin....
En 2008, il entreprend la création de Rouge, Noir et Ignorant, qui devient la
pierre d'angle de la compagnie, elle aussi nouvellement créée. Il consacre
notamment un grande partie de ce temps de création à un travail de dramaturgie
sur l'écriture Bondienne.
Parallèlement, il écrit pour le théâtre depuis plus de dix ans.
Ses textes sont à la fois acerbes, incisifs et radicaux.
Il multiplie sans cesse les formes, passant du conte moderne psychédélique
avec La Société des Enfants Obèses (2005) à la (vrai) fausse comédie de
boulevard (Éducation en 2012), en passant par le réalisme hyper-violent (L'X,
qui raconte de manière morcelé le meurtre de quatre étudiants prenant un
étranger en auto-stop) ou encore des formes plus contemporaine et
expérimentales comme Une Rue (2008), décrivant les interactions possibles
entre des passants et un corps étendu par terre, voué à l'indifférence.
Usant toujours de symbolisme poussé à l'extrême, de situations sans issues et
de personnages limités dans leur langage, il se revendique de l'écriture de Bond,
Sarah Kane, Biljana Srbljanovic ou encore Ivan Viripaev après la découverte
du texte Oxygène qui reste pour lui un souvenir inoubliable de spectateur, puis
plus tard, de comédien. Mais également d'autres auteurs d'une nouvelle
génération : Ronan Chéneau pour Cannibales ou Frédéric Soontag pour SousContrôle.
Sa dernière expérience de mise en scène est Opéra Panique de Alejandro
Jodorowsky, dans le cadre d'un atelier d'échanges avec des lycéens.
Sylvain Eymard, co-metteur en scène, comédien, création lumière.
( Rôle du Duc Alexandre de Médicis)
Après un bref passage au Conservatoire de Toulon, Il fut formé par Christian
Benedetti au Conservatoire de Marseille entre 1998 et 2001.
Des stages répétés organisés par l'ERAC l'enmène aussi à travailler sous la
direction de Simone Amouyal, Albert Jaton et Alain Neddam.
Il travaille tout d'abord en tant que comédien dans la Cie des Fourmis Rouges
et joue Dans la sollitude des Champs de coton de B-M Koltès, dans la
compagnie du Théâtre de l'Adrets pour La Main verte (création pour le public
scolaire), puis devient assistant à la mise en scène sur la création des Lyriades
à Château-Vallon (Toulon).
Puis il s’intéresse à nouveau à sa première affection : le théâtre d'Edward Bond,
et monte Onze Débardeur.
En 2008, il souhaite ré-intégrer un cursus de formation pour parfaire sa vision du
métier. La Faculté de Lettres d'Aix-en-Provence (section Théâtre) lui permettra
de monter Du sang dans les ruines de Jesshuan Diné et le projet expérimental
Hors de soi.
C'est aussi l'année de création de la Cie du Théâtre de L'Exploitation qu'il codirigera avec Jesshuan Diné.
C'est d'abord avec ce dernier, puis avec Vincent Franchi (assistant metteur en
scène de Renaud-Marie Leblanc) qu'il mettra en scène Rouge, Noir et
Ignorant d'Edward Bond.
Sylvain Eymard est aussi intervenant théâtre depuis plus de dix ans dans des
ateliers tous niveaux.
Yann Capron, comédien.
(Rôle de Lorenzo de Médicis)
Sa passion pour le théâtre est née dès la classe de 3 ème. Il a joué dans les
spectacles amateurs de la Compagnie Olinda à Aix-en-Provence (Prête-moi
tes yeux Pinocchio de Christina Pontet, Les Pas Perdus de Denise Bonal). Il
joue ensuite dans l’atelier amateur de la compagnie Totem, animé par Sylvie
Beaujard, et participe à des ateliers d’improvisation dans l’association Sans
Retenue.
C’est après l’obtention du DUT, en 2012, qu’il décide de se tourner véritablement
vers le théâtre. Il intègre la formation du Théâtre des Ateliers dirigée par Alain
Simon. Il travaille tout au long de l’année sur des textes de Dimitris Dimitriadis.
Cette année est ponctuée de nombreuses représentations en public. Avec les
autres élèves il montera Chrysippe de Dimitris Dimitriadis. En parallèle, il
participe au projet de création l’Exercice du Pouvoir, d’Emilie Rajat, pour la
compagnie Le Chantier. Il travaille actuellement sur une reprise de Prête-moi
tes yeux Pinocchio pour la Compagnie le Mille-Feuilles avec Christina
Pontet.
Tout ce qu'il recherche, c'est le plaisir sur scène.
Erik Mismaque, comédien, concepteur vidéo.
(Rôle du peintre Tebaldeo/Scoronconcolo)
Né au sein d’une famille de comédiens, il grandit dans un univers de théâtre et
de création permanente. C’est donc naturellement qu’il se porte vers ce métier et
passe un Baccalauréat option Cinéma.
Passionné par le 7e art, il joue dans plusieurs courts-métrages et réalise de
nombreux projets cinématographiques notamment QCM, Tempus Fugit ou
Décompte.
Toutefois, il consacre une grande partie de son temps au théâtre et intègre le
Conservatoire de Toulon en 2001 où il multiplie les expériences scéniques.
Depuis sa sortie, en plus de ses activités de comédien et de réalisateur
indépendant, il pratique et enseigne les arts du cirque, le théâtre et l’audiovisuel.
Jean-Baptiste Marlot, comédien.
(Rôle de Sire Maurice et Philippes)
Jean-Baptiste est un passionné, amoureux du voyage, des rencontres, de la
nature.
E,n 1995, il troque le lycée contre le Conservatoire de Nîmes puis intègre celui
de Marseille en 1997 jusqu'en 2000 sous l'enseignement de Christian
Bennedetti. Il travaille sur Bond, Tchekov, Buchner, Racine,...
En 1999, il rencontre le metteur en scène marseillais Franck Dimech. Il se vois
offrir son premier grand rôle dans une piece d'Edward Bond ou il interprète le
rôle principale, celui de Scopey, dans Les noces du pape.
Il découvre l'écriture de Sarah Kane en 2000 et décide avec deux autres amis de
monter la pièce. Le travaille présenté dans un festival a paris leur donne les
droits... Christian Bennedetti signe la mise en scène.
Ils se produisent a Nanterre au Theatre des Amandiers puis au Theatre Studio
d'Alfortville. Il finit par intégrer la compagnie de Christian Bennedetti en 2001.
Puis les projets s’enchaînent entre Paris et Marseille : L'échange de Claudel
mis en scène par Franck Dimech, Les Naufragés de Patrick Declerc, Salat aljanaza de Fabrice Melquiot, Pitt Bul de Lionel Spicher...
Quelques expériences audiovisuelles et cinématographiques, un groupe de rock
créé sur Paris....
Puis il décide de quitter paris pour retrouver la taille de pierre, son premier
métier. Il quitte enfin la France pour l'Angleterre en 2008 ou il séjourne quelques
années avant de partir pour l'Asie, puis le Mexique...
C'est donc après cinq années passées a l'étranger qu'il revient, riche de deux
nouvelles langues et de nombreuse expériences pour se rendre à nouveau
disponible au métier de comédien.
Cie L'Exploitation Théâtre
/Historique
La Cie L'Exploitation Théâtre est une troupe de théâtre
professionnelle basée sur Marseille. Elle fut fondée en 2008 par deux
comédiens et metteurs en scènes : Jesshuan Diné et Sylvain Eymard.
Elle s’évertue à créer des spectacles tout public, à dépasser le
divertissement en faisant appel à l’imagination et à la réflexion, et à garder
un lien fort avec le tissu social, notamment par la mise en place de projets
de sensibilisation autour de ses créations.
Elle oeuvre pour un théâtre direct et sans détours qui suscite, éveille,
réveille les consciences.
Création en 2012
Rouge, Noir et Ignorant
- Edward Bond « Mort-né bombardé », être carbonisé
sorti des cendres, le Monstre nous
raconte l’histoire de la vie qu’il n’a pas
vécue. À travers une succession de
scènes de la vie quotidienne telles que
l’apprentissage, l’amour, le partage de
la nourriture et l’embauche, le
Monstre et les autres personnages
confrontent leurs idées de la justice à
la corruption du monde. Cette tragédie
moderne mêle images fortes, propos
radicaux et lyrisme poignant... »
Pour cette création, la Compagnie du Théâtre de L’Exploitation est
soutenue par :
- le Conseil Général des Bouches-du-Rhône pour la production et la
diffusion de cette création dans le cadre du dispositif 13 Initiative Jeune
Pro Jeune.
- la Compagnie Dramatique Parnas, le Théâtre de la Minoterie,
L'Antidote théâtre (pour plusieurs résidences), le Théâtre des
Argonautes (pour la création) ainsi que l'Association pour le
Dévellopement de Villecroze (pour actions de sensibilisations).
Elle est également soutenue par un mécène privé : la société Vector
Export.
CALENDRIER DE PROJET
/PLAN DE DIFFUSION
2013
18-19 Octobre
Novembre-Décembre
Répétitions ouvertes aux professionnels– La Distillerie (Aubagne)
Travail sur texte – Le Cercle des Arts (Aix-en-Provence)
2014
9 - 20 Janvier
Du 6 au 8 Février
20, 21 Février,
24, 31 Mars
Janvier→ Mars
24 Janvier
19 Février
28 Mars
date non fixée
Octobre-Novembre
Fin Novembre
/ Décembre
Fin Novembre /
Décembre
Résidence pour étape de création – Théâtre Toursky
Présentation étape de création – Théâtre Les Argonautes (Marseille)
Présentation étape de création - Espace Jeunesse Bellegarde (Aix-enProvence)
Représentations et interventions dans 4 établissements :
- Le Lycée Dumont-Durville (Toulon)
- Le Lycée Georges Dubuy (Luynes)
- Le Lycée Marseilleveyre (Marseille, 9ème)
- Le Lycée Paul Langevin (Martigues)
Résidence au Théâtre de Lenche (4 à 6 semaines)
Résidence et création à l'Espace des Arts (Le Pradet, 83)
Création au Théâtre Toursky (Marseille)
2015
Juillet
Septembre 2015 →
Avril 2016
Festival d'Avignon OFF
Diffusion régionale et nationale
LISTE DES PARTENAIRES
Partenaires de résidences :
La Distillerie – Aubagne
(20 Rue Louis Blanc 13400 Aubagne)
Lieu de création théâtrale régional, la Distillerie donne la possibilité aux compagnies :
- d’expérimenter sur un plateau des projets en voies de production
- d’offrir le choix aux artistes de confronter des étapes de travail avec un public.
- de mener à terme la création avec plusieurs présentations voire représentations du travail.
Dans le cadre d'une autre résidence autour du projet Puzzle, La Cie L'Exploitation Théâtre pourra
consacrer deux jours à un travail sur plateau autour de Lorenzaccio (répétitions ouvertes en partie aux
professionnels).
Le Théâtre de Lenche – Marseille
(4 Place de Lenche 13002 Marseille)
Le Théâtre du Quartier du Panier. Lieu de création et de diffusion, soutenu par les collectivités dans ses
initiatives de création.
Ivan Romeuf, directeur artistique du Théâtre, propose à la Cie L'Exploitation Théâtre une résidence de 4
semaines en 2014.
Le Toursky – Marseille
(16 Promenade Léo Ferré 13003 Marseille)
Théâtre indépendant emblématique de Marseille. Tenu par la Cie Richard Martin, ce lieu lutte pour une
éducation populaire ouverte à la culture du monde.
Richard Martin, directeur, a proposé à la Cie L'Exploitation Théâtre, une première résidence de dix jours
en janvier 2014, qui pourrait aboutir à une programmation au Théâtre Toursky fin 2014.
Le Cercle des Arts – Aix-en-Provence
(8 Rue Loubon 13100 Aix-en-Provence)
Le Cercle des Arts est une association Loi 1901 qui deviendra à terme un lieu culturel, un café-librairie, et un
lieu d'activités artistique.
Elle propose un espace de répétition de 30 m2 à la Cie L'Exploitation Théâtre pour le travail sur texte en
début de projet (de Septembre à Décembre 2013).
Le Théâtre des Argonautes – Marseille
(33 Bdv. Longchamps 13001 Marseille)
Le Théâtre des Argonautes est un petit théâtre de quartier situé entre les Réformés et le Palais Longchamps.
Il propose une programmation exigeante en théâtre contemporain.
Le Théâtre des Argonautes prévoit avec Cie L'Exploitation Théâtre une résidence d'une semaine début 2014
pour présenter une étape de création sur le projet. L'occasion de faire venir les classes de lycéens avec
lesquels ils ont l'habitude de travailler.
L'Espace Jeunesse Bellegarde – Aix-en-Provence
(37 Bis, Boulevard Aristide Briand 13100 Aix-en-Provence)
L'Espace Jeunesse Bellegarde est un pilier de l'éducation populaire à Aix-en-Provence, accueillant les jeunes
de la maternelle à l'âge adulte pour différentes activités sportives et culturelles.
Cet Espace accueille parfois des compagnies extérieurs pour des projets auprès du public scolaire, comme
cela sera le cas avec la Cie L'Exploitation Théâtre sur le projet Lorenzaccio.
Établissements scolaires en convention de partenariats pour le projet :
Le Lycée Marseilleveyre - Marseille
(83 Traverse Parangon 13008 Marseille )
Cadre du partenariat : Spectacle « Étape de création » dans l'établissement + interventions.
Demande CVLA auprès de la Région PACA dans le cadre du projet.
Contact : Laure Salina, Professeur de Littératures et Théâtre.
Le Lycée Georges Duby – Luynes, commune du Pays d'Aix
(200, rue G. Duby 13080 Luynes )
Cadre du partenariat : Spectacle « Étape de création » dans l'établissement + interventions.
Demande CVLA auprès de la Région PACA dans le cadre du projet.
Contact : Bernard Pardo, Coordinateur en charge des animations de l'établissement.
Le Lycée Dumont-D'Urville – Toulon
(00212 Rue Amiral Jaujard, 83000 Toulon )
Cadre du partenariat : Spectacle « Étape de création » dans l'établissement + interventions.
Contact : Frédérique Thys, Professeur de Littératures.
Le Lycée Paul Langevin – Martigues
(131 Avenue du Docteur Fleming 13500 Martigues)
Cadre du partenariat : interventions dans l’établissement + Venue de 2 classes aux Argonautes à Marseille.
Contact : Vicky Dimitriou, Professeur de Littératures.
Principaux autres établissements scolaires sollicités pour l'étape de création :
Sur Marseille :
- Le Lycée Diderot
- Le Lycée Victor Hugo
- Le Lycée de la Calade
- Le Lycée Saint-Exupery...
Sur Aix-en-Provence :
- Le Lycée Paul Cézanne
- Le Lycée Emile Zola
- Le Lycée Sacré-Coeur
- Le Lycée Vauvenarges
- Le Lycée de La Nativité...
Partenaires institutionnels et collectivités sollicitées :
La Ville de Marseille
Aide à la création (étape de création + production finale)
Contact : Cathy Berbon, chargée de mission Théâtre.
Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône (CG13)
Aide à la création (étape de création + production finale)
Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône a déjà soutenu la Cie L'Exploitation Théâtre sur sa précédente
création Rouge, Noir et Ignorant en 2012 dans le cadre du dispositif 13 Initiatives Jeunes Pro Jeunes, pour
une subvention d'un montant de 6000€.
Contact : Marion Morel, chargée de mission Théâtre.
La Communauté du Pays d'Aix (CPA)
Aide à la diffusion (étape de création)
Contact : Anne-Charlotte Michiels, chargée de mission Théâtre.
La Région PACA
Aide à la création (production finale)
Contact : Gwenaëlle Groussard, chargée de mission Théâtre.
La Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC PACA)
Deux demandes distinctes :
Aide à la création (production finale)
Aide à l'Action culturelle (projet de sensibilisation)
Contacts : Katell Pouessel, chargée de mission Théâtre, Laurence Paul, secrétaire et gestionnaire Actions
Culturelles.
L'ADAMI
L’Adami est une société de gestion collective des droits de propriété intellectuelle des artistes-interprètes. En
prélevant les droits sur les enregistrements, elle en redistribue une partie pour soutenir la création.
La SPEDIDAM
Société de Perception et de Distribution des Droits des Artistes Interprètes. En prélevant les droits sur les
enregistrements, elle en redistribue une partie pour soutenir la création.
Partenaires Privés :
Vector Export
(256 Chemin des Grands Louis 13190 Allauch)
Entreprise d'import/export de matériel de sécurité. Mécène régulier de la compagnie.
MediaGraph
(80 Cours Sextius 13100 Aix-en-Provence)
Entreprise d'impressions et papeterie. Remises régulières pour les projets de la compagnie.
Parrainage et conseils :
La Compagnie Dramatique Parnas
(Friche la Belle de Mai, 13331 Marseille)
La Cie Parnas est une compagnie de théâtre dramatique reconnu dans la région.
Contact : Michel Poinas, administrateur.
L'ARCADE PACA
(6 Place Barthélémy Niollon 13617 Aix-en-Provence)
Agence pour le développement en région du spectacle vivant.
Contact : Dominque Pranlong-Mars, chargé de mission Théâtre.
Autres Partenaires de la compagnie (sur d'autres projets) :
Le Théâtre de la Minoterie
(9,10 Rue d’Hozier 13002 Marseille)
Situé au cœur de la zone portuaire, le Théâtre de La Minoterie existe depuis plus de vingt ans. Sa
programmation, principalement axée sur l’expression contemporaine, est faite de théâtre, de danse, d’arts
plastiques. La Cie L'Exploitation Théâtre a effectué la majeure partie de ses résidences au Théâtre de La
Minoterie entre 2009 et début 2012.
L’ADV et le Festival du Mai Théâtrale
(Salle des Fêtes, Villecroze, 83690, Haut-Var)
L’Association pour le Dévellopement de Villecroze (ADV) organise depuis 22 ans chaque année le plus grand
festival de théâtre scolaire régional : Le Mai Théâtrale. Depuis 2008, la Cie L'Exploitation Théâtre est
partenaire de L’ADV, autant dans l’organisation du Festival, que dans des actions de sensibilisation autour de
ses créations.
Le Groupe Scolaire L'Allées des Pins – Marseille
(51 Allée des Pins 13009 Marseille)
L'association ABC organise des activités culturelles et sportives au sein de l'école primaire et maternelle. La
Cie L'Exploitation Théâtre y intervient pour des ateliers sur l'année.
Les Film du Corv'
(42 Rue Adam de Craponne 34000 Montpellier)
Association de production de film et de réalisation. A souvent capter et réalisé le montage des spectacles de la
compagnie.
L’ Antidote Théâtre
(13 Rue du 5_ème R.I. 84000 Avignon)
À deux minutes de la célèbre Rue des Teinturiers, ce beau théâtre ouvert à l'année propose régulièrement
des résidences à la compagnie sur ses projets.
La Réplique
(41 Rue Jobin, La Friche La Belle de Mai 13331 Marseille)
Collectif de comédiens sur la Région. Véritable vivier et outil de mise en réseau et de formation. La Réplique a
permis récemment au metteur en scène Jesshuan Diné de mener des projets d'ouvertures autour de ses
création.
Plan de l'adaptation et extrait
Voici, dans les grandes lignes, le contenu de l'adaptation du
spectacle joué par les comédiens :
- Acte I. Scène 1. Lorenzo, le Duc.
- Acte I. Scène 2. Le monologue de l'Orfèvre
- Acte I. Scène 4. Réunion entre le Duc et ses conseillers.
Provocation envers Lorenzo (épée)
- Acte II. Scène 2. Le peintre Tebaldeo.
- Acte I. Scène 6. Apparition de Marie, la mère de Lorenzo.
- Acte II. Scène 6. L'histoire de la cotte de maille.
- Acte II. Scène 1. Le monologue de Philippe.
- Acte III. Scène 1. L’entraînement de Lorenzo et
Scoronconcolo.
- Acte II. Scène 4. Évocation du rêve de Marie, arrivée de
Bindo et Venturi. Arrivée du Duc.
- Acte III. Scène 3. Dialogue entre Lorenzo et Philippe.
- Acte IV. Scène 1. Dialogue entre Lorenzo et le Duc.
- Acte IV. Scène 5. Apparition de Marie, convoitée par le
Duc. Lorenzo organise son meurtre.
- Acte IV. Scène 7. Lorenzo annonce à la cité qu'il va tuer le
Duc.
- Acte IV. Scène 9. Lorenzo, seul, délirant.
- Acte IV. Scène 10. Lorenzo vient chercher le Duc devant
ses conseillers.
- Acte IV. Scène 11. Meurtre d'Alexandre.
- Acte V. Scène 7. Le cardinal couronne Côme de Médicis.
- Acte V. Scène 2. Dialogue final entre Lorenzo et Philippes.
Voici maintenant un extrait de l'adaptation prise au
début :
1
Vision de Florence sur fond de violons angoissants... Lorenzo assis
au premier plan.
Noir.
Lumière.
Lorenzo, le Duc, revenant de soirée. En costard cravate élégants.
LE DUC — Qu’elle se fasse attendre encore un quart d’heure, et je m’en
vais. Il fait un froid de tous les diables.
LORENZO — Patience, Altesse, patience.
LE DUC — Elle devait sortir de chez sa mère à minuit ; il est minuit, et
elle ne vient pourtant pas.
LORENZO — Si elle ne vient pas, dites que je suis un sot, et que la
vieille mère est une honnête femme.
LE DUC — Entrailles du pape ! avec tout cela je suis volé d’un millier de
ducats.
LORENZO — Nous n’avons avancé que moitié. je réponds de la petite.
Deux grands yeux languissants, cela ne trompe pas. Quoi de plus curieux
pour le connaisseur que la débauche à la mamelle ? Voir dans un enfant
de quinze ans la rouée à venir ; étudier, ensemencer, infiltrer
paternellement le filon mystérieux du vice dans un conseil d’ami, dans
une caresse au menton ; — tout dire et ne rien dire, selon le caractère
des parents ; — habituer doucement l’imagination qui se développe à
donner des corps à ses fantômes, à toucher ce qui l’effraie, à mépriser ce
qui la protège ! Cela va plus vite qu’on ne pense ; le vrai mérite est de
frapper juste. Et quel trésor que celle-ci ! tout ce qui peut faire passer une
nuit délicieuse à Votre Altesse ! Tant de pudeur ! Une jeune chatte qui
veut bien des confitures, mais qui ne veut pas se salir la patte. Proprette
comme une Flamande ! La médiocrité bourgeoise en personne.
D’ailleurs, fille de bonnes gens, à qui leur peu de fortune n’a pas permis
une éducation solide ; point de fond dans les principes, rien qu’un léger
vernis ; mais quel flot violent d’un fleuve magnifique sous cette couche de
glace fragile, qui craque à chaque pas ! jamais arbuste en fleurs n’a
promis de fruits plus rares, jamais je n’ai humé dans une atmosphère
enfantine plus exquise odeur de courtisanerie.
LE DUC — Sacrebleu ! je ne vois pas le signal. Il faut pourtant que j’aille
au bal chez Nasi : c’est aujourd’hui qu’il marie sa fille.
Ils sortent.
Noir.
2
En Vidéo : Alexandre et Lorenzo dans les rues de Florence, au
milieu de la jeunesse, de l'ivresse, dans les bars, les boites de nuit,
les soirées privées.... Ambiance sonore rock-electro jouée en live...
On voit des ombres s'agiter sur la scène.
Puis, le « concert » est finie. Les images continuent à défiler,
montrant parfois des rues vides, des monuments, des images
d'archives de l'époque industriels, de grands pontes se serrant la
main, des manifestants ouvriers, des réunions de grands patrons...
Voix au micro :
L’ORFEVRE — La Cour ! le peuple la porte sur le dos, voyez-vous !
Florence était encore (il n’y a pas longtemps de cela) une bonne maison
bien bâtie ; tous ces grands palais, qui sont les logements de nos
grandes familles, en étaient les colonnes. Il n’y en avait pas une, de
toutes ces colonnes, qui dépassât les autres d’un pouce ; elles
soutenaient à elles toutes une vieille voûte bien cimentée, et nous nous
promenions là-dessous sans crainte d’une pierre sur la tête. Mais il y a de
par le monde deux architectes mal avisés qui ont gâté l’affaire, je vous le
dis en confidence, c’est le pape et l’empereur Charles. L’empereur a
commencé par entrer par une assez bonne brèche dans la susdite
maison. Après quoi, ils ont jugé à propos de prendre une des colonnes
dont je vous parle, à savoir celle de la famille Médicis, et d’en faire un
clocher, lequel clocher a poussé comme un champignon de malheur dans
l’espace d’une nuit. Et puis, savez-vous, comme l’édifice branlait au vent,
attendu qu’il avait la tête trop lourde et une jambe de moins, on a
remplacé le pilier devenu clocher par un gros pâté informe fait de boue et
de crachat, et on a appelé cela la citadelle. Les Allemands se sont
installés dans ce maudit trou comme des rats dans un fromage ; et il est
bon de savoir que tout en jouant aux dés et en buvant leur vin aigrelet, ils
ont l’œil sur nous autres. Les familles florentines ont beau crier, le peuple
et les marchands ont beau dire, les Médicis gouvernent au moyen de leur
garnison ; ils nous dévorent comme une excroissance vénéneuse dévore
un estomac malade ; c’est en vertu des hallebardes qui se promènent sur
la plate-forme, qu’un bâtard, une moitié de Médicis, un butor que le ciel
avait fait pour être garçon boucher ou valet de charrue, couche dans le lit
de nos filles, boit nos bouteilles, Casse nos vitres ; et encore le paye-t-on
pour cela.
Le violon accompagne la voix et les images. On retrouve
à la fin du texte Alexandre, seul errant dans les rues, en train de
casser les-dîtes vitres en balançant des bouteilles. Puis :
Lorenzo, à sa suite...
Noir.
3
Lumière.
Bruit de douche en fond.
Une table de réunion. Valori, Sire Maurice, Alexandre. Ce dernier
prend son petit-déjeuner avec difficulté. Lendemain de cuite.
Valori et Sire Maurice ont des dossiers ouverts devant eux.
LE DUC, à Valori — Votre Eminence a-t-elle reçu ce matin des nouvelles
de la cour de Rome ?
VALORI — Paul III envoie mille bénédictions à votre Altesse et fait les
vœux les plus ardents pour sa prospérité.
LE DUC — Rien que des vœux ?
VALORI — Sa Sainteté Craint que le duc ne se crée de nouveaux
dangers par trop d’indulgence. Le peuple est mal habitué à la domination
absolue ; et César, à son dernier voyage, en a dit autant, je crois, à votre
Altesse.
LE DUC — Voilà, pardieu, un beau costard, sire Maurice !
SIRE MAURICE — Superbe, Altesse.
LE DUC — Ainsi, cardinal, il y a encore quelques mauvaises branches à
élaguer. César et le pape ont fait de moi un roi ; mais, par Bacchus, ils
m’ont mis dans la main une espèce de sceptre qui sent la hache d’une
lieue. Allons, voyons, qu’est-ce que c’est ?
VALORI — Je suis un prêtre, Altesse ; si les paroles que mon devoir me
force à vous rapporter fidèlement doivent être interprétées d’une manière
aussi sévère, mon cœur me défend d’y ajouter un mot.
LE DUC — Oui, oui, je vous connais pour un brave. Vous êtes, pardieu,
le seul prêtre honnête homme que j’aie vu de ma vie.
VALORI — Monseigneur, l’honnêteté ne se perd ni ne se gagne sous
aucun habit, et parmi les hommes il y a plus de bons que de méchants.
LE DUC — Ainsi Donc, point d’explications ?
SIRE MAURICE — Voulez-vous que je parle, monseigneur ? Tout est
facile à expliquer.
LE DUC — Eh bien ?
SIRE MAURICE — Les désordres de la cour irritent le pape.
LE DUC — Que dis-tu là, toi ?
SIRE MAURICE — J’ai dit les désordres de la cour, Altesse ; les actions
du duc n’ont d’autre juge que lui-même. C’est Lorenzo de Médicis que le
pape réclame comme transfuge de sa justice.
LE DUC — De sa justice ? Il n’a jamais offensé de pape à ma
connaissance, que Clément VII, feu mon cousin, qui, à cette heure, est
en enfer.
SIRE MAURICE — Clément VII a laissé sortir de ses États le libertin qui,
un jour d’ivresse, avait décapité les statues de l’arc de Constantin. Paul III
ne saurait pardonner au modèle titré de la débauche florentine.
LE DUC — Cette mutilation revient toujours sur l’eau, à propos de ce
pauvre Renzo. Moi, je trouve cela drôle, d’avoir coupé la tête à tous ces
hommes de pierre, je protège les arts comme un autre, et j’ai chez moi
les premiers artistes de l’Italie. Mais je n’entends au respect du pape pour
ces statues qu’il excommunierait demain, si elles étaient en chair et en
os.
SIRE MAURICE — Lorenzo est un athée ; il se moque de tout. Si le
gouvernement de votre Altesse n’est pas entouré d’un profond respect, il
ne saurait être solide. Le peuple appelle Lorenzo, Lorenzaccio : on sait
qu’il dirige vos plaisirs, et cela suffit.
LE DUC — Paix ! tu oublies que Lorenzo de Médicis est cousin
d’Alexandre. Cardinal, écoutez un peu ces messieurs qui disent que le
pape est scandalisé des désordres de ce pauvre Renzo, et qui
prétendent que cela fait tort à mon gouvernement.
VALORI — Messire Francesco Molza vient de débiter à l’Académie
romaine une harangue en latin contre le mutilateur de l’arc de Constantin.
LE DUC — Allons donc, vous me mettriez en colère ! Renzo un homme à
craindre ! le plus fieffé poltron ! une femmelette, l’ombre d’un ruffian
énervé ! un rêveur qui marche nuit et jour sans épée, de peur d’en
apercevoir l’ombre à son côté ! d’ailleurs un philosophe, un gratteur de
papiers, un méchant poète, qui ne sait seulement pas faire un sonnet !
Non, non, je n’ai pas encore peur des ombres. Eh ! corps de Bacchus !
que me font les discours latins et les quolibets de ma canaille !
(Le bruit de la douche s'arrête.)
J’aime Lorenzo, moi, et, par la mort de Dieu, il restera ici.
VALORI — Si je craignais cet homme, ce ne serait pas pour votre cour, ni
pour Florence, mais pour vous, duc.
LE DUC — Plaisantez-vous, cardinal, et voulez-vous que je vous dise la
vérité ? (il lui parle bas.) Tout ce que je sais de ces damnés bannis, de
tous ces républicains entêtés qui complotent autour de moi, c’est par
Lorenzo que je le sais. Il est glissant comme une anguille ; il se fourre
partout, et me dit tout. N’a-t-il pas trouvé moyen d’établir une
correspondance avec tous ces Strozzi de l’enfer ? Oui, certes, c’est mon
entremetteur ; mais croyez que son entremise, si elle nuit à quelqu’un, ne
me nuira pas. Tenez !
(Lorenzo paraît au fond. Il a pris la douche sans retirer son costard,
tient à peine debout.)
Regardez-moi ce petit corps maigre, ce lendemain d’orgie ambulant.
Regardez-moi ces yeux plombés, ces mains fluettes et maladives, à
peine assez fermes pour soutenir un éventail ; ce visage morne, qui sourit
quelquefois, mais qui n’a pas la force de rire. C’est là un homme à
craindre ? Allons, allons, vous vous moquez de lui. Hé ! Renzo, viens
donc ici ; voilà sire Maurice qui te cherche dispute.
LORENZO — Bonjour, messieurs les amis de mon cousin.
LE DUC — Lorenzo, écoute ici. Voilà une heure que nous parlons de toi.
Sais-tu la nouvelle ? Mon ami, on t’excommunie en latin, et sire Maurice
t’appelle un homme dangereux, quant au bon Valori, il est trop honnête
pour prononcer ton nom.
LORENZO — Pour qui dangereux, Eminence ? pour les filles de joie ou
pour les saints du paradis ?
VALORI — Les chiens de cour peuvent être pris de la rage comme les
autres chiens.
LORENZO — Une insulte de prêtre doit se faire en latin.
SIRE MAURICE — Il s’en fait en toscan, auxquelles on peut répondre.
LORENZO — Sire Maurice, je ne vous voyais pas ; excusez-moi, j’avais
le soleil dans les yeux ; mais vous avez bon visage et votre habit me
paraît tout neuf.
SIRE MAURICE — Comme votre esprit ; je l’ai fait faire d’un vieux
pourpoint de mon grand-père.
LORENZO — Cousin, quand vous aurez assez de quelque conquête des
faubourgs, envoyez-la donc chez sire Maurice. Il est malsain de vivre
sans femme, pour un homme qui a, comme lui, le cou court et les mains
velues.
SIRE MAURICE — Celui qui se croit le droit de plaisanter doit savoir se
défendre. À votre place, je prendrais une arme. (il tire un couteau)
LORENZO — Si l’on vous a dit que j’étais un Soldat, C’est une erreur ; je
suis un pauvre amant de la science.
VALORI — Devant le duc !
LE DUC, riant — Laissez faire, laissez faire. Allons, Renzo, je veux te
servir de témoin ; qu’on lui donne une arme !
LORENZO — Monseigneur, que dites-vous là ?
LE DUC — Eh bien ! ta gaieté s’évanouit si vite ? Tu trembles, cousin ? Fi
donc ! tu fais honte au nom des Médicis, je ne suis qu’un bâtard, et je le
porterais mieux que toi, qui es légitime ? Une arme, une arme ! un
Médicis ne se laisse point provoquer ainsi.
LORENZO — Son Altesse se rit de moi.
LE DUC — J’ai ri tout à l’heure, mais maintenant je rougis de honte. Une
arme ! (il prend le couteau de Valori et la présente à Lorenzo.)
VALORI — Monseigneur, c’est pousser trop loin les choses. Une arme
pointée en présence de votre Altesse est un crime punissable dans
l’intérieur du palais.
LE DUC — Qui parle ici, quand je parle ?
VALORI — Votre Altesse ne peut avoir eu autre dessein que celui de
s’égayer un instant, et sire Maurice lui-même n’a point agi dans une autre
pensée.
LE DUC — Et vous ne voyez pas que je plaisante encore ! Qui diable
pense ici à une affaire sérieuse ? Regardez Renzo, je vous en prie ; ses
genoux tremblent ; il serait devenu pâle, s’il pouvait le devenir. Quelle
contenance, juste Dieu ! je crois qu’il va tomber. (Lorenzo chancelle ; il
s’appuie sur la balustrade et glisse à terre tout d’un coup.)
LE DUC, riant aux éclats — Quand je vous le disais ! personne ne le sait
mieux que moi ; la seule vue d’une arme le fait trouver mal. Allons ! chère
Lorenzetta, fais-toi emporter chez ta mère.
SIRE MAURICE — Double poltron ! fils de catin !
LE DUC — Silence ! sire Maurice ; pesez vos paroles ; c’est moi qui vous
le dis maintenant ; pas de ces mots-là devant moi.
VALORI — Pauvre jeune homme ! (Ils sortent avec les dossiers.,
laissant seul Lorenzo).
Noir.
Contacts
Compagnie L'Exploitation Théâtre
[email protected]
Jesshuan Diné, co-direction artistique
06 50 43 88 45
(structure juridique & gestion administrative de la compagnie :)
Association L’Exploit
Résidence Les Jardins de La Comtesse Bat A.
110 Boulevard de la Comtesse
13012 MARSEILLE
Présidente : Sophie Mattera, 06 64 03 13 22
@ : [email protected]
Licence 2-1052755.
Site de la compagnie : http://www.lexploitation-theatre.com
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