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La deuxième partie du roman, La Mort consciente, est l’histoire des tentatives de
Mersault de conquérir son bonheur. Il passe par Prague qu’il trouve déprimant, Vienne
luxueux, L’Italie vivante et Alger amical avant de s’installer dans une villa dans le
Chenoua, environ 70 kilomètres d’Alger. C’est là où, après un effort concentré, il
retrouve enfin son bonheur à lui avant de succomber à la pleurésie et de mourir heureux.
Ses autres romans et écrits ont été analysés d’une façon abondante et diversifiée
dans des études littéraires, philosophiques, historiques, psychanalytiques, politiques et
postcoloniales parmi plein d’autres formes. Or, La Mort heureuse n’a pas fait l’objet de
telles études spécifiques. Ceux qui l’ont traité le font soit pour éclairer un thème ou
brièvement pour le placer en contexte, soit en le comparant avec d’autres œuvres dont
Camus se serait inspiré. Nous avons ainsi Margaret Willen qui évoque L’immoraliste
d’André Gide, Peter Dunwoodie et sa comparaison du roman de Camus avec Crime et
châtiment de Dostoïevski et George Strauss qui dans son essai « A Reading of Albert
Camus’ La Mort heureuse » évoque aussi Dostoïevski et Gide, aussi bien que Thomas
Mann, Kafka, Sartre et Goethe. Willen note aussi d’autres lectures, telles celles de Frantz
Favre et Maurice Weyembergh
, qui l’interprètent d’après la philosophie de Nietzsche,
sans doute une influence considérable sur les vues de Camus sur le bonheur et la mort.
Ces études démontrent clairement les inspirations littéraires et philosophiques du jeune
Camus, mais s’il était fortement influencé par ces autres écrivains, il modifiait souvent
ses sources pour les plier à la courbe de ses propres opinions.
Voir « Une lecture nietzschéenne de La Mort heureuse » par Weyembergh dans Albert Camus : textes
réunis à l’occasion du 25e anniversaire de la mort de l’écrivain et « Camus et Nietzsche : philosophie et
existence » par Favre dans la Revue des lettres modernes, issue 565-69.