Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Année universitaire 2016-2017
Master 1 MBFA / EA
Macroéconomie Internationale
Enseignant : Dramane Coulibaly (CM), Victor Court (TD)
Travaux Dirigés 2 : Éléments de correction
Le taux de change
Questions
1. Rappeler les deux manières de définir le taux de change. Montrer formellement qu’une
augmentation du taux de change désigne une dépréciation ou une appréciation selon la
définition utilisée.
Deux manières de définir le taux de change :
cotation au certain : valeur (ou prix) de l’unité de monnaie domestique en monnaie
étrangère. 1€ = $ => une augmentation de est une appréciation de la monnaie
domestique.
cotation à l’incertain : valeur (ou prix) de l’unité de monnaie étrangère en monnaie
domestique. 1$ = => augmentation de est une dépréciation de la monnaie
domestique.
Exemple : taux de change pour un résident européen (français) :
Taux de change au certain
Taux de change à l’incertain
Le 14.09.16
1 EUR = 1.12 USD
1 USD = 0.89 EUR
Si l’euro s’apprécie (favorise les importations) :
augmente
diminue
Si l’euro se déprécie (favorise les exportations) :
diminue
augmente
En janvier 2013 : 1 USD = 0.75 EUR, en janvier 2016 : 1 USD = 0.92 EUR, donc le taux de
change de l’euro à l’incertain a augmenté de 22% en trois ans, ce qui veut dire que l’euro s’est
déprécié de 22% en trois ans. Prenons l’exemple de l’achat par un résident français d’un blouson
américain dont le prix aux US reste inchangé à 80$, frais de transport compris, durant ces trois
années. En 2013, l’importation de ce blouson aurait couté 60€. En 2016, l’importation de ce
même produit coûte 73,6€. Pour un européen, la dépréciation de l’euro est bien défavorable aux
importations, et donc favorable aux exportations.
2. Rappeler la définition de l’indice Big Mac. Comment calcule-t-on le taux de
surévaluation ou de sous-évaluation à partir de l’indice Big Mac ? Commenter le Tableau
1 donnant l’indice Big Mac de juillet 2011.
NB 1: Il y a 7 légendes sous le tableau qui ont été effacées lors de l’impression du TD2.
Les voici :
2
Signe
Légende
*
At current exchange rate
**
Weighted average price of prices in euro area
Purchasing-power parity : local price divided by price in the United States
††
Dollars per euro
§
Dollars per pound
§§
Maharaja Mac
Average of Atlanta, Chicago, New York, and San Francisco
NB 2: en Anglais, on utilise un point « . » pour séparer les unités des décimales et non pas
une virgule « , » comme en français. En anglais, la virgule sert de séparateur des milliers,
alors qu’en français on utilise juste un espace. Ainsi, dix mille cinq s’écrit « 10 005 » ou
même « 10005 » en français, mais en anglais on écrira « 10,005 ».
La Loi du Prix Unique (LPU) stipule qu’en l’absence de coûts de transport et de
transaction, le prix d’un bien doit être le même dans tous les pays lorsqu’il est exprimé dans
la même monnaie. Donc, avec le prix du bien dans le pays domestique, le prix de ce même
bien dans le pays étranger, et le taux change à l’incertain de la monnaie domestique, on doit
observer . Si la LPU est vérifié pour tous les biens et services, ce qui demande en plus
des hypothèses de la LPU qu’il n’y est pas de biens non échangeables et que les goûts des
consommateurs et la façon de mesurer les prix soient les même partout dans le monde, alors au
niveau agrégé la Parité de Pouvoir d’Achat (PPA) absolue est vérifiée. Autrement dit avec
l’indice général des prix dans le pays domestique, l’indice général dans le pays étranger, et
le taux change à l’incertain de la monnaie domestique, on a .
Dans le Tableau 1, pour tous les pays sauf la zone euro et l’Angleterre :
L’indice Big Mac est une façon de vérifier la PPA absolue en faisant l’hypothèse que la
production et la vente d’un Big Mac représente un panier de biens et services homogène entre
pays. L’idée n’est pas absurde car la production et la vente d’un Big Mac requiert des matières
premières produites localement, des produits chimiques, des services (cuisiniers, vendeurs,
marketing), autant de coûts qui sont scrupuleusement calculés par les gérants de McDonald’s.
Donc L’indice Big Mac, ou taux de change PPA Big Mac, est le taux de change (côté à
l’incertain du point de vue de la monnaie domestique, donc côté au certain pour la monnaie de
référence), , tel que la LPU est vérifiée pour le Big Mac, c’est-à-dire :

 
 
 .
 est le prix du Big Mac en monnaie locale, et 
 est le prix du Big Mac
dans le pays de référence (généralement les États-Unis). Dit autrement, 
 est le taux
de change qui égalise le prix local du Big Mac à son prix dans le pays de référence (États-Unis).
On dit qu’une monnaie est sur-évaluée si on observe que le prix local du Big Mac
convertie en dollars américains (au taux de change courant) est supérieur au prix du Big Mac
3
aux États-Unis, c’est-à-dire si 


 . Cela revient à dire que le taux de change
PPA Big Mac est supérieur au taux de change observé sur le marché, 
 . A
l’inverse, on dira qu’une monnaie est sous-évalué si on observe que le prix local du Big Mac
convertie en dollars américains (au taux de change courant) est inférieur au prix du Big Mac
aux États-Unis, c’est-à-dire si 


 . Cela revient à dire que le taux de change
PPA Big Mac est inférieur au taux de change observé sur le marché,  .
On peut aussi définir :

 
.
Le Tableau 1 montre que, par rapport au dollar, la roupie indienne, le dollar de Hong Kong et
le yuan (monnaie chinoise) sont les monnaies les plus sous-évaluées, tandis que les monnaies
les plus sur-évaluées sont la couronne norvégienne et le franc suisse.
Attention, dans le Tableau 1, pour la zone euro et l’Angleterre :

 
 




 .
3. Sous quelle condition une dépréciation (ou dévaluation) du taux de change améliore-t-
elle le solde de la balance commerciale ? Dans la réalité, comment une dépréciation (ou
dévaluation) du taux de change influence-t-il le solde de la balance commerciale ?
D’après la condition de Marshall Lerner, une dépréciation (ou dévaluation) du taux de
change améliore le solde de la balance commerciale si celle-ci est au voisinage de l’équilibre
(c’est-à-dire que le taux de couverture commerciale, exportations/importations, est proche de
1), et la somme des élasticités-prix des imports et des exports est supérieure à 1.
Dans la réalité, on observe que pendant les premiers mois suivants une dévaluation, la
balance commerciale se détériore avant de s’améliorer, formant une courbe dite en J.
4
Ce résultat est dû aux faits que les imports et exports réalisés au point 2 sont basés sur l’ancien
taux de change, si bien que les exports en termes de produit domestique ne changent pas, mais,
les imports en termes de produit domestique augmentent. On parle d’un effet prix. Quelques
mois plus tard, la balance commerciale s’améliore car l’effet volume l’emporte.
4. Expliquer les notions de parité couverte de taux d’intérêt et de parité non couverte de
taux d’intérêt. En déduire la condition sous laquelle le taux de change à terme pour une
date donnée correspond au taux de change anticipé pour cette même date.
Parité non couverte des taux d’intérêt (PNCTI) : La PNCTI postule qu’en présence
d’une intégration financière internationale, les placements libellés dans différentes monnaies
doivent offrir le même taux de rentabilité anticipé, une fois tous ces placements exprimés dans
la même monnaie, pour qu’ainsi les agents soit indifférent entre les placements.
Formellement, avec :
le taux de change anticipé.
le taux de change à l’incertain du point de vue de la monnaie domestique
le taux d’intérêt domestique
le taux d’intérêt étranger
L’agent à deux choix :
Placer ses revenus domestiques en actifs domestiques rémunérés au taux .
Placer ses revenus domestiques en actifs étrangers rémunérés au taux qu’il voudra
par la suite récupérer en monnaie domestique au taux de change anticipé .
5
Graphiquement, si le pays domestique est européen et que le pays étranger sont les USA :
Si la PNCTI est vérifiée alors on aura










.
Ce qui revient à dire que

, et en considérant que 
, on obtient que

 

 



Donc en parité non couverte des taux d’intérêt (PNCTI), le différentiel de taux d’intérêt est égal
à la variation anticipée du taux de change.
Parité couverte des taux d’intérêt (PCTI) : La PCTI postule qu’en présence d’une intégration
financière internationale, s’il existe un marché à terme efficient, les placements libellés dans
différentes monnaies doivent offrir le même taux de rentabilité couverte, une fois tous ces
placements exprimés dans la même monnaie, pour qu’il n’y ait pas d’opportunité d’arbitrage.
Donc, sous l’hypothèse de la PCTI, en négligeant les coûts de transaction, et avec le taux de
change à terme, on doit avoir :
 




Par définition, la différence entre les deux notions de parité est la couverture contre le risque de
change dans la PCTI : rentabilité anticipée vs. rentabilité couverte. Ainsi, pour que le taux de
change à terme pour une date donnée corresponde au taux de change anticipé pour cette même
date ( ), il suffit que les deux notions de parité des taux d’intérêt soient vérifiées à la fois.
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