REVUE DE PRESSE

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REVUE DE PRESSE
Compagnie Théâtrale Le Temps de Vivre
Direction artistique Rachid Akbal
La Compagnie Théâtrale Le Temps de Vivre est conventionnée par la Région Île-de-France au titre de la
permanence artistique et culturelle et subventionnée par l'Acsé, la Direction régionale des affaires culturelles
d'Île-de-France – Ministère de la culture et de la communication, le Conseil Général des Hauts-de-Seine et la Ville
de Colombes.
Compagnie Théâtrale Le Temps de Vivre - 9, rue de Strasbourg 92700 COLOMBES
01 47 60 00 98 - www.le-temps-de-vivre.org - [email protected]
N° SIRET : 390 102 911 000 26 / N° de Licence : 1023244-1023245 / Code APE : 9001Z
Rachid AKBAL
On reconnaît Rachid Akbal de loin à sa grande silhouette, les pieds bien
ancrés dans la terre et le sourire large.
Nourri par le théâtre de Shakespeare et de Tchekov, hanté de références
cinématographiques, il forge son jeu dans le sillage du théâtre de
Grotowski.
Sa parole, dénuée d'artifices, précise et sincère, dessine parfaitement les
contours de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus lumineux comme
dans ses zones d'ombre.
Remarquable témoin de son époque, il n'a eu de cesse d’écrire et de
raconter, des personnages hauts en couleur tout droit sortis de sa
Kabylie ancestrale aux histoires vécues par ses compatriotes algériens
pendant la Guerre d'Algérie, les années noires ou les récentes
révolutions arabes.
Capable d'une rare mobilisation physique, littéralement habité par ses
personnages, il occupe la scène dans un véritable don de soi.
Humaniste avant tout, son parcours dresse le portrait d'un homme libre
et engagé, comme une promesse que la parole reste vive.
Cie Le Temps de Vivre
Fondée en 1992 par Rachid Akbal, comédien, conteur et
auteur, la compagnie Le Temps de Vivre développe des
spectacles où la narration occupe une place centrale.
C'est ainsi qu'a été créée La Trilogie Algérienne, une oeuvre
sur l'immigration, composée des spectacles Ma mère
l'Algérie, Baba la France et Alger Terminal 2.
Optant généralement pour un théâtre qui offre beaucoup de
place au jeu de l’acteur, la dernière création, Samedi, la
révolution, sur les révolutions arabes, confirme l'orientation
vers un théâtre contemporain et engagé.
Implantée à Colombes depuis 15 ans, la compagnie a
renforcé son implication auprès des publics autour de trois
objectifs : sensibiliser, former, faire circuler.
En 2000, la compagnie a aussi créé Rumeurs Urbaines,
festival des arts de la parole, devenu une véritable fabrique
des arts de la parole rayonnant sur la boucle Nord de la
Seine, de Nanterre à Villeneuve-la-Garenne.
Rachid Akbal, raconteur sans frontières
Comédien, auteur, metteur en scène et conteur infatigable, Rachid Akbal est depuis plus
de vingt ans un acteur incontournable de la vie culturelle, à travers sa compagnie
théâtrale et le festival Rumeurs urbaines.
Quand il n'est pas sur scène, Rachid Akbal aime à rester discret, allusif, sur son enfance, sur son
apprentissage de l'art de la parole. « Je suis devenu comédien dans les années 80, en passant »,
souffle-t-il en guise de confidence. « Ma première expérience artistique a tourné autour de Nasr
Eddin Hodja, ce personnage des contes, que me racontaient mes parents ». Formé au Studio 34 à
Paris, Rachid Akbal devient Colombien au milieu des années 80. Déjà, le comédien s'intéresse de
près à l'art du conte et de la parole. Il rappelle que c'est autour de cet art « premier » que tournent
tous les premiers grands récits. Cette discipline le fascine et il développe cette passion à un niveau
professionnel dès 1992, avec la Compagnie Le Temps de Vivre, lieu de création et de formation où
vont être créés la plupart de ses spectacles. Ils se basent sur l'art du conte pour évoluer vers une
véritable pluridisciplinarité artistique, introduisant vidéo et musique pour enrichir son propos.
Le conte, un art universel
« Quand j'ai commencé à faire du conte, c'était encore un art émergent. C'est différent du théâtre. Il
n'y a pas de quatrième mur, on réinvente l'histoire avec le public, en créant des paysages, des
ambiances, par la seule force des mots ». L'attrait du conte est universel et durant plusieurs années,
Rachid Akbal parcourt la planète avec ses histoires. Les rencontres avec les directeurs de festivals à
l'étranger lui donnent l'idée de créer une manifestation similaire, à Colombes, avec l'aide de son
complice, Vincent Caillet Lemare.
Rumeurs urbaines, le festival des arts de la parole, naît en 2000, et est adopté immédiatement par
les habitants, notamment lors de la Nuit du conte. « On touche plus de 4000 spectateurs chaque
année, explique-t-il. Le fait d'avoir tourné si longtemps m'a donné envie d'inviter des conteurs.
J'avais cette capacité à « ramener l'ailleurs », en partant jouer dans un pays où je rencontrais des
artistes. C'est un art qui compte désormais beaucoup à Colombes, et il faut l'entretenir, car on peut
toucher tous les âges, culturellement, socialement ».
Raconter la révolution
Le festival n'a pas empêché l'auteur de continuer « à écrire et à dire », notamment via sa Trilogie
Algérienne, où se transmettent les souvenirs de son enfance. Rachid Akbal continue à renouer avec le
plaisir immédiat du partage avec le public. L'homme est passionné, attentif et bien entendu maître de
ses mots, qu'il veut faire entendre sur des sujets qui le touchent. Il en sera ainsi pour son prochain
spectacle, Samedi, la révolution, qui abordera le sujet des printemps arabes. « L'auteur vit en
Algérie, il a pris le pouls, pendant un an, de ces révolutions. On va parler des illusions perdues, de la
nécessité de continuer la lutte et d'être à l'écoute ». Nul doute que le public, fidèle à l'artiste, sera lui
aussi tout ouïe.
Mosaïque N° 40 – septembre 2012
Dates
1985 : arrivée à Colombes
1992 : prend la direction de la compagnie
théâtrale Le Temps de Vivre
2000 : création du festival Rumeurs urbaines,
qui fêtera du 13 au 27 octobre sa 13 e édition
2003 : création du spectacle Ma mère l'Algérie,
premier volet de la trilogie Algérienne
jeudi 14 et vendredi 15 février 2013 :
présentation de sa dernière création Samedi, la
révolution, en avant-première à l'Avant-Seine.
Sa phrase
« Je veux rester un observateur de la vie, et
savoir comment traduire artistiquement mes
peurs, mes inquiétudes et mes joies. »
Ma Mè re l'Alg é rie
Sésame n°6 - juillet 2003
La Provence - 5 novembre 2013
La tendresse du conteur pour ses personnages est palpable, et du coup
il nous les fait aimer à notre tour. Il y a durant la soirée des rires, des
cœurs serrés voire des larmes et de magnifiques et poignants
silences. Des moments d’émotions pures et des images restent
au cœur longtemps après le spectacle. Je crois que c’est ce que le
conteur souhaitait : nous donner à voir, entendre et aimer. (…) Merci
Rachid.
Les paroles algériennes du conteur Rachid Akbal
Le Dauphiné Libéré - mai 2003
Avec une présence remarquable et une faconde intarissable, le
conteur manie l’humour et la dérision dans un récit également
tout emprunt de poésie. Au travers d’un jeu scénique parfaitement
mis au point, la parole et le geste s’accordant en permanence, on
passe sans cesse d’un personnage à l’autre. (…) Des récits aux accents
enchanteurs et pleins de fraîcheur qui ont su séduire le public. « Ma mère l'Algérie » est le premier volet d'une trilogie sur l'immigration. Ce
conte moderne est le récit de son enfance, depuis un petit village kabyle
jusqu'à Aulnay-sous-Bois. Comme un jeu de poupées russes, ses souvenirs
s'emboîtent, un conte emmène à un autre, et les spectateurs sont entraînés
dans cette odyssée de personnages : la belle jeune fille élevant son
frère comme son fils, le frère épousant la méchante belle-soeur, la
méchante belle-soeur empoisonnant la belle jeune fille avec des
oeufs de serpent, le cavalier qui surgit dans la nuit et qui sauve la belle
jeune fille et l'épouse, et les vieilles curieuses qui observent tout cela... Et le
conteur dénoue le fil de son histoire et incarne tour à tour ces personnages
charismatiques et attachants, de ses bonds et des ses mimiques,
entremêlant avec agilité le réel et l'imaginaire, le mythe et l'histoire, la
douceur et la cruauté. Les spectateurs sont entraînés dans ses histoires,
s'attachent à ses personnages. Ils sont invités à participer et
l'enthousiasme du comédien franchit naturellement la frontière qui
d'habitude sépare la scène de la salle. Alors l'histoire se tisse des
nouveaux mots proposés par le public, et chacun se fait conteur aux
côtés du conteur.
Clémentine Morot-Sir
La Tribune - juin 2012
Sur le chemin de mémoire...
(…) Et pour l'ouverture de ce festival à Saint-Privat, ils ont été très
nombreux à s'être embarqués « dans un voyage dans l'espace et dans
le temps » en écoutant le conteur Rachid Akbal « le chercheur de
racines ». Fascinés par son rythme, sa voix parlée ou chantée,
ses mimiques extraordinaire, son humour, ils ont suivi « le chemin
de sa mémoire, de son histoire » de Paris à Marseille, à Alger et enfin
sur la place de son village en Kabylie...
Baba la Franc e
Africultures – 13 septembre 2009
La Terrasse – Hors série
Avignon an scène 2009
Coup de cœur – Baba la France
Après Ma Mère l’Algérie, Rachid Akbal présente le deuxième
volet de sa trilogie consacrée aux rapports entre souvenirs et
identité et rend hommage aux pères immigrés avec Baba la
France.
Sur fond d’événements historiques, Rachid Akbal raconte la vie
d’un homme libre devenu un héros malgré lui.
Rendant ainsi justice et mémoire à tous ces pères qui vécurent
avec leur famille en France ou la laissèrent au pays, Rachid
Akbal évoque les foyers de travailleurs, les logements de
fortune et le travail acharné de ces damnés du béton en
incarnant le personnage de Kaci, un fils marchant sur les traces
du passé de son père.
Pris dans la spirale des souvenirs et le flot des mots, Kaci
recompose l’identité effacée par l’Histoire de ces hommes qui
payèrent souvent de leur propre déconstruction leur
participation à la reconstruction de la France qui les exploita
avant de les reléguer, eux et leurs enfants, aux marges
symboliques et sociales d’une société ingrate.
C. Robert
A la radio...
France Culture – Masse Critique
le 18 juillet 2009
Radio Soleil
Le 23 juillet 2009
Rachid est seul en scène avec ses souvenirs et ses petits pincements, ses sourires
aussi. Un spectacle qui raconte l'Algérie et le voyage vers la France, vers l'horizon du
bonheur tant espéré, les souvenirs perdus de la terre d'Algérie, les odeurs, les
sensations…
Le spectacle fonctionne comme un conte, mais l'acteur est capable d'une
rare mobilisation physique qui ramène du jeu en force et fait jaillir des
images gorgées de couleur et d'émotion.
On respire le soleil d'Algérie, au pied des figuiers et des orangers, on tousse
la fumée des usines dans la grisaille du nord et de la banlieue parisienne, on
trinque avec Baba au comptoir de ses rêves, on partage ses joies et ses
déceptions au creux d'une vie faite de déracinement, d'errance, de perte…
Rachid Akbal, avec la complicité de Caroline Girard, fait plus que rendre hommage à
son père algérien parti au pays de la chance, il nous raconte l'histoire humaine de
l'immigration, l'histoire de cette traversée culturelle et morale qui structure la société
française d'aujourd'hui et modèle une nouvelle identité, une identité travaillée par
l'entre-deux, la conscience diasporique.
Ce père contradictoire qui a fait le choix de vivre en France alors que son âme
d'enfant était restée en Algérie, dans les rocailles de sa Kabylie natale, ce père que
Rachid Akbal entreprend d'inhumer dans les méandres de ses souvenirs et des
histoires qui ont bercé sa jeunesse est emblématique de toute une génération du
paradoxe, celui de l'histoire coloniale et de la guerre d'Algérie.
Et cet homme d'un autre temps, d'un autre espace, exilé au pays des usines renaît à
la mémoire de son fils entouré de tout un bestiaire symbolique qui accompagne le
voyage initiatique de l'enfant vers le monde des adultes : le bouc, les pigeons, le chat
noir, la biche…
Plus qu'un hommage à son père, le conte se fait tombeau. "J'ai cherché longtemps
avant d'arriver là, j'ai creusé, dans sa vie, pour lui trouver une sépulture sur mesure,
j'ai fait ressortir, un à un, ses différents visages, je voulais un lieu qui les raconte
tous. Un lieu qui dirait les bonheurs et les tourments de son existence." Et le lieu de
cette sépulture est ce tendre et touchant spectacle.
Sylvie Chalaye
La Revue Marseillaise – juillet 2009
El Watan – 30 juille t 2009
Il y a quelques années, le comédien algérien Rachid Akbal avait décidé de se
tourner en plein dans l’oralité. Cela donna un conte, paradoxalement rude et
doux, sur le giron maternel, intitulé Ma mère l’Algérie.
Directeur artistique de la compagnie Le Temps de Vivre, il empruntait alors son
art scénique à divers registres féconds : théâtre classique et contemporain, récit,
conte populaire, poésie… Emouvant dans cette histoire, il rappelait depuis le
fécond spleen de l’exil, au féminin, l’histoire de ses ancêtres, et la vie difficile
mais souriante de l’Algérie d’antan.
Il continua par la suite avec un deuxième bouleversant témoignage, celui du
père. Cela donna Baba la France, créé en 2007, qu’il a donné encore avec succès
au théâtre La Luna à Avignon, durant ce mois de juillet 2009. Il fait là œuvre de
comédien époustouflant, de danseur virevoltant, d’humanisme encourageant.
L’expression est ici à son paroxysme pour rendre hommage aux « pères », sinon
à son propre père immigré en France dans les années 50. Au début du one man
show, un homme part à la recherche de l’endroit idéal où il pourra enterrer le
souvenir de son père, disparu sur une route de France pendant la guerre
d’Algérie du fait de son engagement avec le FLN. A partir de cette simple et
douloureuse ébauche, il va se souvenir de cet Algérien « indigène », qui a rejoint
la « mère patrie » en1948. La mémoire tendre et heureuse se juxtapose aux
éléments plus durs d’une histoire qui a heurté tant d’Algériens, et leurs
descendants. Violent, drôle malgré tout par bribes, onirique parfois, le jeu de
Rachid Akbal fait ressurgir un passé enfoui.
Le texte, co-écrit avec Caroline Girard vient de paraître en France aux éditions
Acoria, dirigé par Caya Makhelé, présent à Alger lors du Panaf’ (lire entretien
dans El Watan du 15 juillet 2009).
Dans le troisième volet à venir Alger Terminal 2, le personnage de Baba La
France, Kaci, rentre malgré lui au pays, après 25 ans d’absence, pour chercher
une femme à son fils plongé et figé dans la pratique musulmane. Bloqué à
l’aéroport d’Alger, il organise des rencontres avec des filles voilées de sa famille…
A partir de cette situation, le personnage part dans des digressions sur ces
années algériennes de jeunesse. Il se souvient des arbres qu’il était allé planter
lors de son Service national. Un épisode de la jeune Algérie aujourd’hui oublié,
comme l’élan juvénile qui l’animait alors. Dans cette mémoire qui se déploie, il y
aussi l’interdit, qui prend le visage d’un amour de jeunesse, la jeune Aicha,
prostituée. Dans ses recherches il apprend qu’elle a été tuée lors d’un massacre
pendant les années de terrorisme, en 1997. L’Algérie est-elle à bout de
souffle, alors que la démocratie n’a pas rempli toutes ses promesses
après des décennies de fermeture ? C’est là toute l’interrogation
doucereuse sur l’évolution d’un pays, l’amour qu’on lui porte, ses
impasses et les ouvertures espérées. Une œuvre tellement utile. Ce
spectacle est la promesse que la parole reste vive.
Walid Mebarek
Baba. Comme cet air que l’on arbore lorsque l’on reste, bouche bée, devant
un constat, un événement… Baba, comme ce spectateur dans la peau duquel
on s’insère pour partager – le temps d’une traversée remuante de la
Méditerranée, « notre mère à tous » - cette incursion dans la vie d’un homme
qui a tenté de s’inscrire dans une condition rêvée et pourtant si naturelle à
première vue : celle d’un homme libre. Baba c’est un père, « indigène algérien
français » qui apparaît sans fard sur la scène du Théâtre la Luna. Pour
retracer cette existence d’un homme par le biais des éléments de son
quotidien largement conditionné par les heurts et les aléas de l’Histoire en
marche, un comédien - Rachid Akbal co-auteur - endosse le rôle d’un fils :
celui de Baba. Sur la scène dépouillée de tout élément scénographique, c’est
sur ses épaules que repose la tâche de représenter - c’est bien le mot – les
routes tantôt dégagées, tantôt étriquées que son Baba – « Papa » en arabe a empruntées pour arriver sur cette terre d’espoir, un sol français aux
contradictions multiples. D’Alger à Aulnay-sous-Bois, avec une escale à
Marseille, l’artiste dépose un halo qui laisse se dévoiler avec une subtilité et
une cruauté si bien imbriquées l’une dans l’autre les méandres d’un homme
qui tout en souhaitant conserver son identité acquiert si facilement un statut
autre, celui d’immigré.
Cette émotivité, c’est par une force gestuelle et mimique mais aussi
beaucoup de charisme qu’elle nous percute de plein fouet, grâce à un
média incontournable qui fonde l’une des qualités de cette œuvre très
proche du récit de vie conté : un langage poétique qui sert un discours
authentique.
Si quatre mains ont façonné ce second volet d’une trilogie où l’Algérie et ses
caractéristiques possèdent un rôle phare, il aura suffi d’un corps, d’un être
pour concrétiser en actes comme en paroles cet hommage aux babas, dont le
lyrisme est un des faire-valoir. En cristallisant dans son monologue les détails
d’une vie au Maghreb et ceux d’un destin d’« exilé volontaire », l’auteurinterprète nous plonge dans un des épisodes obscurs de la seconde moitié du
XXème siècle, un conflit autour duquel la lumière tarde à être faite, en évitant
toute caricature et tout esprit de revanche tels qu’on peut les imaginer, en
plaçant sous les projecteurs les péripéties d’un homme qui, comme parmi tant
d’autres à travers des sociétés diverses, doit s’expatrier et composer avec des
cultures qui s’entrechoquent… et des incompréhensions qui ne laissent à vrai
dire personne indemne.
Christelle Brémond
Ligue internationale contre le
racisme et l'antisémitisme
22 juillet 2009
Le Paris ie n – 10 mars 2007
Vauc lus e Matin – 19 juille t
2009
Allez l'applaudir. C'est un grand moment
d'émotion. Dans la peau de ce fils, émigré de la
deuxième génération, hanté par le souvenir de son
père, un rôle co-écrit pour lui sur mesure avec
Caroline Girard, il attrape les grands soubresauts de
l'histoire de l'immigration avec amour et humour.
Basé sur un récit très autobiographique, le
spectacle de Rachid Akbal a enthousiasmé le
public.
Un de ces rendez-vous touchants et riants à la
fois qui mettent du baume au coeur, panse les
plaies les plus profondes sans du tout avoir
l'air d'y toucher. A ne pas manquer.
Marie-Emmanuelle Galfré
C'est un cri d'amour pour son père, « Baba », qui a
débarqué à Marseille en 1948, « au pays de
l'argent et du ventre ». Il fait vivre l'histoire de
« son héros »; littéralement habité, de tout son
corps, de toute son âme.
Il est bouleversant d'authenticité, clamant le
droit de rêver, d'être libre. Un récit riche en
métaphores, très imagé, empreint de poésie
et d'humour, avec l'émotion à fleur de peau.
M.P
Pourquoi témoigner, pour qui témoigner?
Je veux témoigner et je veux rendre hommage à tous
ces hommes, ces pères, qui sont venus en France tout
au long des Trente Glorieuses, pour participer à sa
reconstruction., ils sont des réparateurs de guerre. Je
parle aussi bien des pères qui ont pu vivre entourés
d’une famille, que des pères ayant laissé leur famille
au pays, vivant seuls dans des logements de fortune
ou dans des foyers pour travailleurs. Ces pères, je les
nomme « Baba », ce qui veut dire en arabe, papa.
Merci pour cette immence émotion que vous dégagez
pendant le spectacle ! Merci !
Martine Benayoun
Bon Plan Théâtre
29 juillet 2009
Le rêve métropolitain
L'Est républicain – 16 mai 2009
Après Ma Mère l'Algérie, Rachid Akbal retrace de
façon drôle et touchante l'itinéraire de Baba la
France. Ce papa « indigène » parti en quête d'une
vie meilleure.
Baba (« papa » en arabe) la France... c'est un peu
l'hommage suprême aux vies et aux rêves éclatés,
à la force des liens filiaux. Rachid Akbal plonge le
spectateur dans un récit théâtral à la fois drôle et
onirique où la violence flirte souvent avec le tendre.
Le tout, au fil d'une quinzaine d'années durant
lesquelles Baba la France devra affronter les
épreuves d'un destin moins glorieux qu'il n'aurait
pu l'imaginer.
Depuis ses premiers pas sur les planches, le
spectacle a été largement salué par la critique. Bel
hommage à ce cri du cœur couvert par un chant
d'amour pour la Kabylie !
F. VA
C’est par cargos entiers, en 1948, que les
immigrés algériens sont arrivés en France pour
reconstruire le pays. Laissant derrière eux pays,
familles, souvenirs. Ils pensaient connaître une vie
meilleure. C’est Kaci, fils de "Baba" (papa en
arabe) qui nous raconte l’histoire de son père le
jour où il vient recueillir sa dépouille pour l’enterrer
au pays.
Travaux pénibles, logement insalubre, sous payé et
souvent humilié, Baba parvient malgré tout à faire
venir sa famille et se débrouille tant bien que mal
avec le petit Kaci collé à ses basques. Enfance
pauvre mais heureuse, scènes drôles dans le café
d’à côté où les vieux jouent aux dominos et la
patronne
fait
les
lignes
de
la
main.
Avec le chômage, tout s’embrouille, l’alcool, la
fatigue s’installent et les rêves s’effritent, Baba
soupçonné d’accointance avec le FLN, est arrêté
par la police et ne reviendra jamais.
C’est un récit poignant, un témoignage
indispensable de tout un pan de notre sombre
histoire française. Rachid Akbal rend un
hommage appuyé à tous ces "babas" qu’on ne
doit
pas
oublier.
Emouvant, poétique, coloré et sincère, Rachid
Akbal nous offre avec Baba la France, le deuxième
volet d’une trilogie après Ma mère l’Algérie. Nous
attendons le dernier avec impatience.
Jeanne-Marie Guillou
Le Bien public
2 octobre 2012
Quetigny : un regard singulier sur l'Algérie
Le spectacle gratuit Baba la France, qui fait écho à
l’exposition et aux diverses animations qui ont lieu
à la bibliothèque municipale, a pu être interprété
par Rachid Akbal, comédien-conteur, metteur en
scène et auteur d’origine algérienne, dans le cadre
de Coups de contes en Côte-d’Or. Loin des clichés
communautaires, il trace son chemin à la croisée
du conte traditionnel et du récit contemporain pour
composer un théâtre du dire engagé.
Avec la création de Baba la France, Le Temps de
Vivre pousse plus loin l’aventure d’une parole
scénique. Une parole dénuée d’artifice pour mieux
se glisser entre les interstices de l’Histoire et se
confronter à la difficulté de parler encore
aujourd’hui de la guerre d’Algérie. Pour cela,
Rachid Akbal s’est entouré d’une équipe
d’artistes qui ont su additionner leurs talents
pour composer une œuvre poétique à travers
laquelle la rigueur du travail corporel du
comédien répond à l’exigence du verbe.
Le républicain Lorrain – 8 juin 2011
Rachid Akbal le témoin poète
L’ASBH centre social Saint-Exupéry a proposé vendredi soir la seconde partie de la trilogie de Rachid Akbal. Après Ma mère
l’Algérie, le public a été enchanté par le récit vibrant de Baba la France.
L’ASBH propose un spectacle à travers une rencontre intergénérationnelle sur le thème des événements en France entre 1954 et 1962.
L’animation s’est axée autour d’un comédien et auteur Rachid Akbal, avec la présentation vendredi soir de la seconde partie de sa trilogie
algérienne. Après Ma mère l’Algérie, voici venu le temps de rencontrer un second personnage, le père.
En préambule du spectacle, une rencontre en amont a été menée deux jours avant par Taous Fouhal, responsable de l’ASBH centre social
de Farébersviller. « La soirée a été riche en échanges, les personnes ont pu témoigner, commenter ces événements d’Algérie, parler de
l’émigration. L’intérêt dans ce genre de projet c’est un travail avec la population. Beaucoup de monde a répondu à notre appel et ils se
retrouvent ici ce soir pour voir le spectacle de Rachid Akbal. »
Près de 80 personnes étaient présentes pour assister à la seconde partie de la trilogie. L’histoire d’un homme qui part à la recherche d’un
lieu où enterrer le souvenir de son père disparu. À travers son récit, le public a pu côtoyer le temps d’une soirée, un homme, son vécu, ses
tourments et ses attentes, cheminer avec lui et suivre le destin singulier de Baba la France, un Algérien, qui en 1948 a rejoint la métropole
avec dans ses bagages l’espoir d’une vie meilleure. « Je parle du quotidien d’un homme, avec en toile de fond la guerre d’Algérie » confie
le comédien. « Il vient reconstruire la France en 1948. Une petite vie, de petites histoires qui ensemble font la grande histoire. Mais
comme beaucoup, ceux qui vivaient ici à ce moment-là, c’est un peu le récit de comment notre vie bascule, comment on est pris dans les
événements. » Dans cette autofiction comme le décrit le comédien lui-même, la vie des gens se révèle à travers le ressenti d’un fils,
souvenirs d’un père, échos d’un retour aux sources.
Le public présent a suivi avec grand intérêt ce témoignage poignant d’amour, empreint d’une grande poésie, un récit vibrant d’émotion.
L’auditoire a été littéralement entraîné dans un retour en arrière, un pan de l’histoire d’hommes et de femmes, un bouleversement de la
société. « La vie des gens d’ici, l’émigration et la dureté de la vie, le travail quotidien, ardu et usant, tout ceci est en fait un thème
universel», estime Rachid Akbal. Il ajoute : « Le spectacle, c’est le regard d’un enfant sur son père qu’il considère comme un héros. On
peut tous se retrouver dans ce père mais aussi se reconnaître dans ce fils. »
À l'issue de la soirée, tout comme lors du premier pan de la trilogie, public et comédien se sont retrouvés ensemble pour un moment
d’échanges des plus intéressants. Point d’orgue d’une rencontre hors du commun, avec un homme talentueux, dans l’attente du troisième
volet, prochainement.
La Terrasse – avril 2012
Baba la France
Le comédien conteur, auteur et metteur en scène, Rachid Akbal, reprend Baba la France,
récit théâtralisé en forme de vibrant hommage aux pères de l’immigration algérienne.
Un poignant seul en scène.
« J’ai cherché longtemps avant d’arriver là, j’ai creusé dans sa vie, pour lui trouver une sépulture
sur mesure, j’ai fait ressortir un à un ses différents visages, je voulais un lieu qui les raconte tous.
Un lieu qui dirait les bonheurs et les tourments de son existence ». Cette quête aussi physique que
métaphysique, la recherche d’un endroit idéal où pouvoir permettre à son père de reposer enfin en
paix et pour l’éternité, lance Baba la France. Seul en scène, dans la peau du fils, Kaci, Rachid
Akbal, auteur et metteur en scène de ce conte théâtral, ressuscite le destin de cet homme,
algérien indigène parti de sa kabylie natale pour le « pays de la chance », la France
métropolitaine, aux lendemains de la seconde guerre mondiale. De l’enfance faite d’oranges et de
figues aux foyers de travailleurs des chantiers de la reconstruction, des pierres sèches du sol natal
à la fumée des usines de la banlieue parisienne, des rêves d’affranchissement de la misère à l’étau
des « événements » déracinant définitivement, Kaci, ramène le souvenir. Exaltant la beauté et la
dignité de ce parcours d’homme, le récit poétique de Rachid Akbal, pour s’attacher à reconstruire
une vie singulière d’oublié de l’histoire, touche l’universel des destinées de l’immigration. Telle est
bien l’intention : « Je voulais rendre hommage à tous ces pères qui sont venus en France, aidés à
la reconstruction d’après-guerre, travailleurs exilés volontaires pris dans les tenailles de la guerre
d’Algérie sur le sol français, et définitivement transformés en travailleurs étrangers. Pour moi ces
pères sont des héros ». Poignant, le comédien conteur, vêtu d’un Marcel, noyé dans un
costume gris à la veste trop large au pantalon flottant retenu par des bretelles, chaussé
de mocassins aux vrais faux airs de babouches, retrace cette épopée héroïque en évitant
l’écueil du misérabilisme.
Engagé et généreux
Vi b r a n t , i l donne à entendre l ’ h i s t o i re d’amour : celle d’un fils pour son père. Truculent,
variant les tons et les registres, il fait vivre autour de la figure centrale toute une
kyrielle de personnages hauts en couleur. Rachid Akbal, qui défend « un théâtre du dire
engagé », mouille généreusement sa chemise. Le parti pris d’un plateau nu comme celui
de jeux de lumières souvent focalisés sur l’acteur lui-même, n’épargne rien au
comédien. Cette générosité ne peut laisser indemne. Elle signe les créations du comédien
conteur et intéresse particulièrement les trois textes qui forment La Trilogie algérienne dont Baba
la France constitue le second volet, trilogie ouverte avec Ma Mère l’Algérie et refermée par Alger
Terminal 2. Avec Baba la France, le théâtre de Belleville, totalement rénové, dirigé par une
nouvelle équipe depuis le début de la saison, offre l’opportunité de voir les deux autres pièces en
alternance.
Marie-Emmanuelle Galfré
L'Expression - Novembre 2012
«J'ai voulu rendre hommage à nos pères...»
Après Ma mère l'Algérie et Alger Terminal 2 déjà présentée au TRB il y
a 18 mois, notre comédien conteur est venu à Béjaïa présenter son
nouveau spectacle qui allie le politique au poétique, le passé au
présent dans un texte des plus puissants enveloppé de tendresse.
Dans Baba la France, il incarne l'âme de son père, mais aussi celle de
lui-même enfant racontant les déboires et mal-vie ainsi que l'arrivé de
sa famille à Marseille en 1948. Un rôle très physique qu'il aura à
décliner sur scène et gagnera toute l'attention du public. On pouvait
dès lors boire les mots de cet artiste goulûment tout en se projetant
dans un passé fait de guerre, de misère, de souffrance mais
d'innocence et d'espoir aussi. Porté sur les frêles épaules de ce jeune
garçon, non sans une pointe d'amertume qui ne quittera jamais plus le
père, cet épisode fera de l'enfant ce grand adulte aux yeux rieurs
qu'est devenu notre conteur à l'allure d'un sphinx. Un homme qui a
le don de la métamorphose sur scène et de la parole avec
comme seuls éléments scéniques la lumière pour pénétrer les
ombres de nos souvenirs et créer la magie du théâtre. Ne partir
de rien pour atteindre le summum de notre être, toucher l'esprit et
son pendant, le coeur. Un ravissement a été ce spectacle donné jeudi
soir dans la petite salle du TRB dans le cadre du Festival international
du théâtre. De la mémoire revisitée et beaucoup d'émotion, sans
tomber dans le cliché alarmant et larmoyant mais des mots qui
sonnent justes pour une cause noble, celle du jeune garçon qui se
confond avec celle d'une communauté algérienne toute entière et
partant d'un pays... Bravo l'artiste !
O. HIND
Alg e r Te rminal 2
El Watan – 1er février 2010
Rachid Akbal crée Alger Terminal 2
A force de tourner autour de l’Algérie, rien d’extraordinaire à ce que le comédien Rachid Akbal y tombe à pieds joints, corps et âme liés. Son nouveau
spectacle Alger Terminal 2 achève la trilogie entamée depuis plusieurs années avec Ma Mère l’Algérie et Baba La France. Pour y prendre en pleine figure la
pure émotion de l’exilé qui retrouve au pays la réalité du pays qui le fonde.
Jusque-là, Rachid Akbal parlait d’exil, à tel point que sa longue carcasse d’acteur s’y confondait. Comédien algérien avec des racines plus
solidement accrochées au sol français qu’à celui de ses parents immigrés, il a rendu un hommage émouvant à son père et à sa mère dans Ma
Mère l’Algérie et Baba la France, produits par la Compagnie Le Temps de Vivre, dont il est directeur artistique. Le fil des origines l’attachait peu à peu à
voir de l’autre côté du miroir dans l’Algérie d’aujourd’hui, celle qui s’est construite sans lui, avec la somme d’interrogations qu’on devine. (…) Rachid Akbal
nous l’avait annoncé, il y a quelques mois lors du festival d’Avignon : Alger Terminal 2 serait sa prochaine destination théâtrale.
C’est chose faite et nul doute que si les premières pièces ont rarement été vues sur des scènes algériennes, celle-ci pourrait bien propulser Rachid vers un
pays qui vibre avec tant d’intensité en lui. Il suffit de voir la lumière de son regard quand il nous en parle pour en être sûr. Le partenariat de la Maison de la
Culture de Béjaïa est un autre signe concret qui ne trompe pas. En deux mots, le spectacle est l’histoire de Kaci, de retour en Algérie, mais qui n’ose pas sortir
du hall de l’aéroport d’Alger. « Kaci, explique l’auteur, est un fils de l’immigration. Il a aujourd’hui cinquante ans ; il cherche encore sa place et son
appartenance. Notre spectacle interroge la place de l’homme dans ce monde égaré ». Kaci est venu à Alger chercher une femme pour son fils, mais c’est le
souvenir d'Aïcha, son amour de jeunesse en Algérie, qui s’invite. Il parle à des jeunes filles voilées de la France d’aujourd’hui, mais se retrouve soudain en
1982 dans le bordel de Berrouaghia en Algérie. Bousculer l’intemporalité pour mieux questionner l’instant. La scène, espace du temps présent, s’ouvre avec
constance sur le monde de l’immatérialité où s’agitent les souvenirs de Kaci.
Ce va-et-vient de la pensée et des souvenirs, face à la présence d’une Algérie bien d’aujourd’hui, est la force du spectacle servi par un texte toujours très fort
d’Akbal. Enfin, la nouveauté pour Rachid Akbal, comme Fellag sur un autre registre, est qu’il est accompagné d’une comédienne : Margarida Guia, également
musicienne. Le spectacle est mis en scène par Julien Bouffier.
Alger terminal 2 sera joué du 8 au 13 février au Hublot, à Colombes, puis du jeudi 18 au dimanche 21 février à l’Espace 89, à Villeneuve-la-Garenne. Alger
Terminal 2 vient de recevoir le soutien de la direction des affaires culturelles (DRAC) Ile-de-France - Ministère de la culture et de la communication dans la
cadre de l'aide à la production dramatique.
Walid Mebarek
Midi Libre - Jeudi 31 mars 2011
Un spectacle au milieu des badauds
La Paillade | Rachid Akbal a interprété Alger Terminal 2 à Saint-Paul.
Installée en résidence au théâtre Jean Vilar, la compagnie Adesso e sempre ne veut surtout pas se comporter en garçon de café mal élevé qui vous retire la carte des
menus théâtraux des mains avant le choix, avant l'envie. Alors qu'ils ont joué la pièce Alger Terminal 2 sur les planches de Vilar, mardi et hier soir dans le cadre du festival
Hybrides, Julien Bouffier, le metteur en scène de la compagnie, et Rachid Akbal, comédien, ont eu à cœur de ne pas laisser de côté les habitants du quartier.
Alors hier, au centre commercial Saint-Paul, à midi et à l'invitation de la compagnie Les Quatre chemins, Rachid a dit un peu de sa vie, un peu de son texte à des passants
pas avertis, pas au courant, pas initiés. Une déclamation à l'adresse de ce public qui vit une paisible indifférence à l'égard de théâtre. Et à la fin de la rencontre, des doigts
se sont levés, ici ou là, à la terrasse du café. Non pas pour passer commande mais pour en savoir plus sur la pièce...
Alger Terminal 2 pourrait être un rendez-vous à l'attention de celui ou celle venue vous chercher à l'aéroport.
Créée en 2010, la pièce a souvent changé de lieu mais pas de titre. Rachid Akbal y livre une sacrée performance, dispense un peu de lui, éclate en public et n'oublie pas de
continuer de vivre après l'explosion. De s'agiter pour mieux mouiller le spectateur sans l'histoire. Un sacré tour de force.
L'Hérault du jour – 1er avril 2011
Carnet d'un douloureux retour au pays natal
Hybrides. Rachid Akbal présentait « Alger Terminal 2 » au théâtre Jean Vilar. Une tragédie humaine et politique sur la difficulté de vivre entre deux cultures.
Alger Terminal 2 est le dernier volet d'un triptyque consacré à l'Algérie. On y visite la mémoire douloureuse de Kaci, 50 ans, fils de l'immigration né en France, qui a
grandit entre la culture française et celle véhiculée par ses parents algériens. Kaci, plus intrigué par le petit Jésus que par les prières à Allah, que son père voulait lui
inculquer, s'est rebellé. Il est un homme athée alors que son fils est musulman. « La religion, il y est allé tout seul, comme beaucoup de jeunes en France », dit-il. Ce
court résumé en dit long sur la complexité des rapports entre trois générations et sur les multiples questions qui déchirent un esprit partagé entre la terre natale et la
terre d'origine.
Rêve d'une terre en vie
Kaci a fait son service militaire en Algérie à 20 ans et s'apprête à y retourner pour trouver une femme à son fils Omar. Bloqué à l'aéroport, il rouvre les pages difficiles de
sa jeunesse et se souvient d'Aïcha, prostituée dont il était amoureux et qui fut assassinée. Révolté, en colère, Kaci plantait des arbres dans une terre blessée qu'il voulait
voir revivre. Il rêvait de sauver sa bien-aimée et son pays. Il a perdu « sa foi en la vie ».
Ces multiples chemins entre l'Algérie d'hier et d'aujourd'hui, cette sensation de n'être bien nulle part, sont mis en scène par Julien Bouffier et en musique par Margarida
Guia. Les fils de la mémoire s'entremêlent dans un récit poignant et traversé d'humour. Viols et meurtres des femmes, massacres de civils, le pays saigne.
Défilent des photos d'archives sur les horreurs des années noires (1990-1999) et des mails que son père adresse à son fils. Sur scène, des sacs plastique contenant des
photos de femmes sont à la fois le symbole de leur enfermement et leur linceul.
La Paillade à Jean Vilar ?
« Je parle de la tentative de réconciliation avec la terre algérienne, du choc culturel, d'un impossible retour au pays. Je dénonce les carences du régime depuis 1962. la
révolution a été usurpée par les militaires », lance Rachid Akbal, qui jeudi, s'est posé au centre commercial Saint-Paul à la Paillade pour présenter sa pièce aux habitants
du quartier. Aux côtes de l'auteur Nourdine Bara et de Julien Bouffier, il a parlé de son travail.
Une dizaine de spectateurs prévenus par ce biais sont venus découvrir son spectacle le soir même, dans un théâtre situé à deux pas de chez eux et dont ils ne
connaissent pas toujours l'existence.
Cette initiative montre qu'il est urgent de sortir des sentiers battus de la diffusion. Il arrive souvent qu'on se dise face à une pièce donnée à Jean Vilar : mais pourquoi la
Paillade n'est pas là, dans ce théâtre, qui parle d'elle ?
Anne Leray
Empreinte n° 2 – 29 mars 2011
Interview de Rachid Akbal
Vous présentez à Hybrides le spectacle Alger terminal 2 que vous avez
écrit et que vous interprétez, mis en scène par Julien Bouffier. J'ai
l'impression que c'est plus que d'avoir écrit un texte pour un metteur en
scène, c'est un morceau de vie, quelque chose qui semble incroyablement
mélangé à votre vie ? Je me trompe ?
Non vous ne vous trompez pas du tout, c'est un texte qui est d'abord un récit
autobiographique.
Avec de l'autofiction ?
Au départ le cadre est autobiographique, puis rapidement j'ai voulu glisser vers
l'autofiction. Je me suis appuyé sur du vécu, sur de l'existant pour rapidement me
laisser embarquer par la fiction.
Par l'histoire des autres ?
Exactement.
Un mot sur l'histoire justement ? Le titre dit déjà pas mal de choses : Alger
terminal 2.
C'est une somme de choses. L'idée c'est de créer une trilogie : trois formes
différentes pour parler de l'immigration. Ma mère l'Algérie : la mémoire, recevoir
l'Algérie par procuration, la souffrance des mères, l'Algérie comme une souffrance.
Baba la France : la guerre d'Algérie en France. Donc le père, la mère. Pour un
trilogie il fallait parler du gosse, de la troisième génération. Donc je me suis dit : il
faut partir de moi et tirer le fil.
Vous êtes de cette génération là ?
Oui, je suis né pendant la guerre d'Algérie, en 1969, à la toute fin, et le
personnage a exactement mon âge, 50 ans. Il rentre en Algérie pour marier son
fils qui est musulman. Le père est athée. Il est bloqué à l'aéroport d'Alger et il se
souvient de son enfance, de la difficulté de porter la culture.
Les cultures, en réalité il est double !
Exactement. Cette difficulté à la fois d'être et de devenir. Puis il se retrouve plongé
dans le souvenir de la découverte de l'Algérie, quand on l'a envoyé à 20 ans
planter des arbres. Il a rencontré une prostituée pendant cette période là, et on
comprend que cette prostituée est morte pendant les « années noires », comme on
dit en Algérie, les années 1990-2000, grosse période de terrorisme et de zones
d'ombres sur l'Algérie. Lui, c'est donc à la fois l'Algérie d'aujourd'hui, d'hier, et
l'espoir de l'Algérie de demain.
Justement sur ces trois types d'Algérie, le texte pose une question évidente
au fond pour un franco-algérien, un homme tendu entre ces deux cultures,
c'est qu'il y a effectivement un certain nombre de valeurs d'ici qui entrent en
contradiction avec les valeurs de là-bas, je parle évidement de la question du
confessionnalisme, des communautés, des religions qui sont très réactives. Et
qui en France ont été organisées de telle sorte qu'elles relèvent de l'ordre
privé, et seulement de lui. C'est une distinction riche à analyser.
Tout à fait. Je l'ai mise en question et d'ailleurs mon personnage est traversé par ces
tensions. Julien Bouffier, le metteur en scène de ce spectacle, a enrichi ce débat en
introduisant un échange de mails entre le protagoniste et son fils. De cette façon, on
n'est pas dans le didactisme. Le personnage est dans l'inquiétude et le
questionnement. Il n'est pas dans le jugement. Le père a juste une autre culture. Il a
aussi l'expérience, il a vu où cela peut mener et il en a peur. Ce qui lui permet de poser
la question : jusqu'où peut-on aller après ?
Dans le spectacle, il y a un acte de mise en scène assez fort qui confronte ce
personnage enfermé dans ce huis clos, ce temps suspendu à un dispositif
technologique, de média qui a pour fonction d'ouvrir son imaginaire, de poser
un certain nombre de questions, d'élargir le spectre de sa pensée ? Comment
fonctionne ce dispositif multimédia autour de l'acteur que vous êtes ?
Il est assez léger. Julien m'a laissé beaucoup de liberté au niveau du jeu de l'acteur. Si
j'ai proposé à Julien Bouffier de travailler avec moi, c'est pour amplifier la logique d'un
théâtre documentaire et politique. En contrepoint du récit, s'élabore un dispositif
scénique où l'image documentaire nourrit l'autofiction du personnage.
Comment avez-vous alimenté ce travail documentaire ?
Nous sommes partis en Algérie avec Julien, pour une première session de répétitions.
On a répété un peu à Bejaïa, on a pris les images de là-bas à un moment important, où
l'Algérie venait de battre l'Égypte et se qualifier pour la coupe du monde de football.
C'est une image très forte. L'Algérie qui vient de se déchirer et a du mal à panser les
plaies, pleine d'espoir se retrouve autour de l'équipe nationale. Je trouve ça terrible et
c'est la vérité.
Justement pensez-vous qu'il y a pour l'Algérie un espoir possible en dehors du
football et au vu du contexte géopolitique qui vous travaille depuis quelques
mois ?
J'y crois. Il y a derrière tout cela des choses qui se mettent en mouvement, c'est
irréversible, comme si le peuple avait décidé de se prendre en mains. On a plongé la
masse du peuple dans le collectivisme et là, chacun peut prendre en main son destin
au sein de la collectivité. L'Algérie va suivre le chemin tracé par la Tunisie.
Ces deux culture se comportent autrement qu'elles ne l'ont fait depuis des
décennies.
C'est ça, l'espoir : le soleil se lève en Orient et Moyen Orient, et c'est de cet équilibre
du monde dont nous avons besoin. Le fait qu'il se passe quelque chose dans les pays
arabes va peut-être nourrir la pensée occidentale. Cette porosité, il faut la souhaiter.
Propos recueillis par Bruno Tackels
journal du Festival Hybrides
Empreinte n° 3 – 30 mars 2011
L'effet papillon
Alger Terminal 2. Un homme est bloqué.
Il est algérien, mais il est né en France. Il retourne au pays
pour le mariage de son fils. Un mariage musulman, dans la
pure tradition. Lui qui n'est plus croyant, il ne comprend pas
pourquoi son fils est devenu si raide, fermé au monde. Il est
bloqué, il peut donc lui écrire, lui demander, chercher à
comprendre le fossé qui les sépare, si ce n'est pas un
abîme. Peu à peu il nous entraîne dans son histoire, sa
jeunesse passée, les plantations d'arbres, les prostituées,
l'ami assassiné. Un monde dur, une terre rouge impitoyable,
à laquelle il adresse une dernier chant d'amour.
Hier, ce spectacle était présenté au Théâtre Jean Vilar, à la
Paillade. En écoutant les mots de Kaci, écrits par Rachid
Akbal, comme on s'arrache la peau, en entendant résonner
les ondes puissantes de cette autofiction, on comprend
mieux comment le théâtre peut devenir un « média ». Ce
qui se dit là sur la scène fait écho à la vie de milliers
d'habitant de ce quartier mélangé. C'est pour eux, en leur
nom, que ce poème est écrit. Certes, il n'est pas toujours
facile de leur faire savoir...
C'est à cette tâche là que s'est aussi attelé le Festival
Hybrides en cherchant à rapprocher le théâtre de la réalité
la plus immédiate. Si l'on parle de l'actualité, c'est bien pour
que celle-ci s'en empare. Alger Terminal 2, comme d'autres
spectacles de la programmation, devrait pouvoir tourner
dans tous les quartiers de France. Une initiative de
salubrité collective.
Bruno Tackels
journal du Festival Hybrides
Empreinte n° 3 – 30 mars 2011
Alger Terminal 2, Rachid Akbal
La pièce commence comme un film ou plutôt comme un documentaire. L'écran installé au fond
de la scène projette la bande-annonce de ce qui m'est apparu comme un cri d'amour pour un
pays : l'Algérie.
Rachid Akbal dans la peau de Kaci entre, chargé de sacs transparents vides mais bourrés d'air.
Des sacs semblables sont éparpillés sur scène. Certains sont remplis de terre, d'autres d'objets
et cinq d'entre eux renferment des photographies de jeunes femmes voilées.
Margarida Guia, en charge de l'univers sonore, est assise en tailleur dans un coin de la scène.
Elle ne sera ni trop ni pas assez présente durant la pièce. Car Rachid Akbal est avant tout un
conteur qui occupe la scène par sa seule présence.
Kaci, cinquante ans, fils de l'immigration, athée, en quête de son identité, retourne en Algérie
pour trouver une femmes pour son fils converti à l'islam. Mais arrivé à l'aéroport, il n'ose quitter
le hall et ce sont les souvenirs de sa jeunesse qui remontent à la surface. Notamment celui
d'Aïcha, jeune prostituée dont il était tombé amoureux. Il nous raconte sa vie dans la grotte
avec celle qu'il a enlevée et voulu sauver. Mais Aïcha est lucide et n'a pas peur de son sort. Elle
se dit déjà « morte de l'intérieur ». Elle m'a fait penser à Nedjma de Kateb Yacine : le
personnage enlève et emmène Nedjma dans une grotte. Aïcha, c'est aussi l'Algérie. L'Algérie des
« années noires ». « Kaci, si tu reviens un jour en Algérie, mange de la terre. Tu mangeras un
peu de moi. »
Rachid Akbal nous livre une histoire qui n'est pas la mienne mais qui pourtant
m'interpelle et me questionne. C'est bien plus que l'histoire d'un homme, c'est avant
tout une recherche d'identité qui peut toucher chacun de nous.
Elodie Ferrer
journal du Festival Hybrides
Le républicain Lorrain - 11 décembre 2011
MAISON DES CULTURES FRONTIÈRES - Alger terminal 2 : théâtre humaniste
Vendredi, à l’OMC-MCF de Freyming-Merlebach, près de 200 personnes de tous âges, dont une partie a pu venir grâce à la mise à disposition
d’un bus par la mairie de Farébersviller, dont le maire Laurent Kleinhentz était présent, ont pu assister au spectacle Alger terminal 2.
Écrit et interprété par Rachid Akbal, mis en scène par Julien Bouffier, ce dernier acte d’une trilogie entamée avec Ma Mère l’Algérie et Baba la
France, nécessitait un espace approprié à son envergure ce qui a amené Taous Fouhal (responsable ASBH du centre social Saint-Exupéry de
Farébersviller) à entrer en contact avec l’OMC qui a co-produit le spectacle. Un lieu assez vaste pour faire vivre cette œuvre qui offre, dans sa
forme, une construction particulière puisqu’elle mêle les supports artistiques…
L’histoire de cette auto-fiction est un voyage dans les souvenirs de Kaci, bloqué dans le Terminal 2 de l’aéroport d’Alger…
Dans les va-et-vient de sa mémoire se bousculent sa naissance et sa jeunesse en France, la rébellion contre sa culture d’origine, son plongeon
forcé dans l’Algérie des années 70, la brutale réalité d’un pays dans l’impasse…
Sur scène, Rachid et Margarida réussissent le prodigieux exploit de raconter avec poésie, l’horreur, les questions, les doutes, les
peurs, sans jamais tomber dans le pathos tout en restant d’une sensibilité à fleur de peau. Sur scène il y a la vie envers et contre
tout ! Puis vient le retour à l’autre réalité. Et Rachid Akbal vient à son public, accessible, répondant à toutes les questions. Et au
milieu des questions, les compliments… Alger Terminal 2 une ode à la vie, dans tout ce qu’elle a de plus triste et de plus joyeux,
de plus tendre et de plus douloureux.
La Trilog ie Alg é rie nne
Figaroscope – avril 2012
Rachid Akbal raconte la complexité de l'entre-deux rives.
Être ici, en France, penser que ses racines sont là-bas, en Algérie. Jeter un pont par-dessus la Méditerranée et puis se
sentir d'une rive à l'autre, un peu étranger. Aimer la France, aimer sa mère. Être toujours un peu en exil. Être ailleurs, être
d'ailleurs. Ce malaise que peuvent ressentir les êtres les mieux intégrés, Rachid Akbal le raconte, inlassablement, depuis
quelques saisons. Au Théâtre de Belleville, excellente adresse, il a joué les trois volets qu'il a composés. En ce moment,
c'est «Baba la France» que vous pouvez découvrir jusqu'à samedi et «Ma mère l'Algérie», dimanche 29.
N'hésitez pas ! C'est sensible, drôle, tendre et déchirant. Du beau théâtre qui parle de la vie.
Armelle Heliot
Sortir à paris.com – avril 2012
Une Trilogie Algérienne, trois courtes pièces écrites et interprétées par Rachid Akbal sur la scène du Théâtre de Belleville,
du 21 mars au 29 avril 2012.
Pouvons-nous établir, à l'heure d'aujourd'hui, un bilan sur l'immigration algérienne en France ? Pouvons-nous rendre
compte du sentiment déstabilisant et ambigu de cette "double nationalité" pour les enfants d'immigrés ? C'est le défi que
tient à relever Rachid Akbal, acteur et conteur algérien, d'origine kabyle.
Des liens entre nos deux pays, il y en a des tas. Qu'ils soient tendres ou douloureux, ils existent cependant bien. A
l'occasion des célébrations des 50 ans de l'indépendance de l'Algérie, quel plus beau cadeau qu'offrir son art au service de
la mémoire, mais aussi du constat ?
Trois pièces viennent ainsi se compléter les unes les autres, dans l'étude de Rachid Akbal sur sa Terre natale. Ma Mère
l'Algérie, est un hommage à la Mère, son pays. Mais c'est aussi un hommage aux femmes de son pays, des femmes fortes
et courageuses. Baba La France, seconde pièce, raconte la vie et la mort d'un travailleur algérien en France, à l'heure de la
guerre. Comment les immigrés d'Algérie ont-ils vécu la guerre, de l'autre côté de la frontière ? Et enfin, Alger Terminal 2,
nous plonge dans un sujet très d'actualité : la difficile conciliation d'une double culture, d'un double pays.
Un bel hommage aux saveurs d'Orient constitué d'un récit initiatique par un enfant du pays. De quoi en
apprendre un peu plus sur une histoire trop souvent bafouée, et même, dénigrée.
Rappels – N°87 - avril 2012
La Trilogie Algérienne
Le jeune théâtre de Belleville continue d'impressionner par la qualité de sa programmation. A l'automne, il avait inauguré sa petite salle flambant neuve
avec une version survitaminée de l'Ecume des jours. Après Boris Vian et son univers absurde, le Théâtre de Belleville poursuit son exploration de la
diversité théâtrale en accueillant un autre genre de poète ; le comédien et conteur d'origine algérienne Rachid Akbal.
Dans des registres radicalement différents, ces deux projets témoignent de la même préoccupation d'offrir des spectacles à la fois exigeants et
populaires. A ce titre, la programmation de la Trilogie Algérienne dans le quartier de Belleville sonne comme une évidence. Car malgré son récent
embourgeoisement ; Belleville reste le quartier très populaire où l'immigration algérienne, et particulièrement kabyle, a trouvé refuge.
De façon très personnelle, c'est l'histoire collective de ce petit peuple bellevillois que conte Rachid Akbal. En trois spectacle programmés alternativement
(Ma mère l'Algérie, Baba la France et Alger Terminal 2), le comédien parvient à embrasser la complexité du lien indéfectible qui lie la France
et l'Algérie. L'histoire et ses soubresauts souvent violents résonnent ici à travers une galerie de destins individuels. Les époques
s'entrechoquent, les chemins se croisent, les familles se déchirent et se recomposent.
Avec un engagement total et dans une remarquable économie de moyens, Rachid Akbal donne vie à ce monde plein de contradiction. Il
évoque sans fausse pudeur la douleur de l'exil, le déchirement entre deux cultures, l'impossibilité de choisir et l'ambivalence des
sentiments qui, malgré l'amour et la tendresse, rattachent chaque Algérien à la France. La Trilogie Algérienne de Rachid Akbal est un
spectacle indispensable, tout comme celle de Mohammed Dib, incontournable pour la littérature algérienne.
Charles Sacy
Zibeline - du 13 novembre au 11 décembre 2013
L'Algérie sous toutes ses formes
La justesse du jeu d'acteur, mêlée à la beauté et aux détails du texte, co-écrit avec Caroline Girard, aborde de manière subtile et
émouvante le parcours semé d'obstacles d'un paysan kabyle immigré en France. C'est aussi toute la complexité du statut d'immigrant qui est
habilement traité dans le dernier volet, Alger Terminal 2. Le jeu du comédien prend de l'ampleur, ainsi que la mise en scène, grâce aux effets sonores et
à la vidéo, un final tel un véritable feu d'artifice d'émotions dont on ne sort pas indemne.
Anne-Lise Renaut
La Marseillaise – 4, 7 et 10 novembre 2013
Regards croisés
Ce n'est pas un objet simple à appréhender. La Trilogie algérienne se déploie dans le temps : elle a été écrite en 2003, 2007 et 2010, mais surtout elle traverse les
décennies, non de façon linéaire mais par le biais d'aller-retours, allusifs ou identifiés, sur une période s'étalant de la guerre d'Algérie à notre époque. Et bien
entendu s'agissant d'une histoire d'immigration, elle glisse à plusieurs reprises de la France à l'Algérie, vice et versa. Et même si on n'y verra que très peu de monde sur la scène –
l'auteur metteur en scène Rachid Akbal est seul sur deux volets, accompagné sur le dernier - c'est toute une galerie de personnages qui est convoquée.
Périple
Lui-même, Rachid Akbal, n'affiche pas un parcours linéaire, qui, avec celui de sa famille plus largement, a nourrit la trilogie, ainsi composée de « fiction, auto-fiction,
autobiographie ». Il est par exemple français (né en France) de 1959 à 1962, puis devient algérien car son père opte pour ce choix de nationalité au sortir de la guerre d'Algérie. Il
passe ensuite au statut de la double nationalité. Il fait un service militaire mouvementé en Algérie. Il voyage aussi entre Colombes dans les Hauts-de-Seine, où est basée sa
compagnie Le Temps de Vivre, Marseille, où il habite, et, en schématisant, la France, l'Algérie et d'autres pays du Maghreb pour interpréter ses pièces. Et c'est au théâtre régional
de Béjaïa, en Kabylie, où il jouait notamment Baba la France, qu'il rencontre Yvan Romeuf, directeur artistique du Lenche. Voilà comment La Trilogie algérienne a poursuivi son
périple, pour s'amarrer au Panier, où elle est proposée du 4 au 10 novembre de façon resserrée, mais en trois parties distinctes. Trois parties – Ma mère l'Algérie, Baba la France,
Alger Terminal 2 – ainsi reliées : « c'est une oeuvre sur l'immigration, explique-t-il, sur la manière dont on voit cette terre d'Algérie, sur les répercussions ici des évènements qui se
déroulent là-bas... » Autrement dit, dans cette note d'intention, « la trilogie pose son regard sur l'immigration algérienne en France et sur le rapport ambigu et complexe que ces
enfants entretiennent avec le pays d'origine et le pays d'adoption ». Trois parties qui évoluent dans leurs formes également, « se théâtralisant de plus en plus jusqu'à la dernière,
avec des vidéos, des images d'archives, de la musique... »
Terre-mère
Poétique, écrite à partir d'un conte traditionnel, le premier volet, Ma mère l'Algérie, tente de faire ressentir le pays et évoque « la recherche de la terre-mère, s'interroge sur
l'héritage d'une culture parfois fantasmée par des enfants de l'immigration qui n'y sont jamais allés ». Pour Baba la France, Rachid Akbal, toujours seul en scène, à
collaboré avec la romancière Caroline Girard. « Je lui ai demandé d'écrire pour ne pas tomber dans quelque chose de communautariste. J'ai fourni la trame et le texte a fait
beaucoup d'aller-retours entre nous ». Avec ce second volet, poursuit-il, « j'ai voulu rendre hommage aux travailleurs, appelés dès 1948 pour reconstruire la France, à ces chibanis
obligés d'aller et venir entre la France et l'Algérie en raison du durcissement de certaines lois. Je parle aussi de la Guerre d'Algérie et notamment de ce qui s'est passé en France, au
sein de la communauté, au sein des familles, par exemple entre partisans du MNA (Mouvement National Algérien) et du FLN (Front de Libération Nationale). » Passant par les deux
pays et les années 70, 90 et l'époque actuelle, le troisième chapitre, Alger Terminal 2 (où, cette fois, Rachid Akbal partage la scène avec Margarida Guia), voit le personnage
récurrent Kaci « venu à Alger pour son fils, mais c'est le souvenir d'Aïcha, son amour de jeunesse, tuée dans un massacre à Relizane, qui s'impose et avec elle, l'horreur des années
noires... » Bloqué dans le terminal du titre, Kaci, souligne Rachid Akbal, est également « bloqué dans sa mémoire ».
A la dure au pays de la chance
Comme sur le premier volet, Ma mère l'Algérie, Rachid Akbal est de nouveau seul, mais cette fois la forme est plus théâtrale, bien que dépouillée. Si ce ne sont des projecteurs – le
jeu de lumières à son importance, scandant le récit avec la musique - la scène est nue, la forme est cyclique également : Baba la France, écrit par la romancière Caroline Girard,
prend des allures « d'aller-retour de la mémoire », de l'Algérie, à Marseille, au Havre alors à reconstruire après guerre jusqu'à la banlieue parisienne où l'on manque de mains dans
les usines, pour nettoyer les rues, les marchés...
L'écriture pose habilement les décors, avant de se concentrer sur les détails intimes, elle est nette, sans fioriture mais imagée, forte, avec ce qu'il faut d'humour,
de poésie, de tragique, d'onirisme malgré le concret des situations : les difficultés à immigrer, à vivre, la guerre d'Algérie et ses répercussions ici (dissensions au
sein des familles, impôts levés par le FLN et le MNA, couvre-feu...). Le jeu de Rachid Akbal est très juste, dans son aptitude à se glisser dans la peau des différents personnages,
incarnant notamment avec conviction un Baba qui a troqué la misère contre une autre, un jeu très physique – mime, danse... il a cette aptitude aussi à allier aux pans tragiques de
l'histoire – par ailleurs souvent drôle – une distance ironique bienvenue qui permet, plus sûrement que le pathos à haute dose, de toucher avec subtilité.
Douloureux retour sur terre
Dernière incursion au Lenche pour l'auteur et comédien Rachid Akbal, qui clôt ce soir sa Trilogie algérienne par un Alger Terminal 2, puissant et féroce, au cours duquel il raconte,
bloqué dans un aéroport, le chemin qui l'a conduit à quitter la France et à traverser la méditerranée. Autre style aussi, plus cinématographique, à l'image de ce générique diffusé
d'entrée de jeu, qui place le contexte avant que Rachid Akbal ne se saisisse de la parole. Car si de nombreuses images sont projetées pendant l'heure : archives ou
phrases choc, elles ne prennent jamais le pas sur la performance viscérale du comédien, qui se démène comme un beau diable. Parfois, il se cache de honte sous le
drapeau algérien, par la suite, il revêtira fièrement le maillot vert de son pays. Aux moments calmes, la fureur succède, faisant éclater, impuissant face à la mort, des sacs de terre.
Accompagné sur le plateau de Margarida Guia, qui assure l'ambiance sonore et pose quelques fois sa voix, telle une conscience. Rachid Akbal ne tombe jamais dans la facilité, ni
dans ses propos, ni dans son interprétation. Le numéro de funambule est réussi, donc.
Antoine Pateffoz et Cédric Coppola
Mécènes du sud, novembre 2013
Chroniques de l'impossible retour
Rachid Akbal a entamé un travail au long cours depuis 2003. Une série de trois pièces constituant la Trilogie algérienne, dans laquelle ce fils d'immigrés
effectue sa catharsis : il y traverse tous les malheurs du pays des origines et de ses enfants lors du dernier demi-siècle. L'auteur et comédien, réside en
partie à Marseille, incarne ce récit sans naturalisme, avec la physicalité propre au conteur.
Hervé Lucien : Quels ont été les éléments déclencheurs pour écrire et jouer les trois pièces de la Trilogie algérienne ?
Rachid Akbal : Je voulais entrer dans ce type de travail, en lien avec l'histoire, pour raconter l'immigration et je l'ai fait à partir d'un conte de la
montagne kabyle. J'ai commencé dans Ma mère l'Algérie pour évoquer celle qui sont détentrices de la langue maternelle, de la mémoire. Quand j'étais
gosse, ma mère me parlait de la montagne et j'avais du mal à me projeter, les images qu'elle évoquait relevaient du fantasme. Ces histoires se sont
déposées en moi, je les avais un peu oubliées... elles me sont revenues lorsque j'ai abordé le registre du conte. Ça a pris du sens par rapport au sujet
de l'immigration, de la culture que ma mère m'a transmise. C'est cela qui a construit le socle de la trilogie.
H.L : Il y a véritablement une nécessité de dire, de témoigner à la base de ce travail ?
R.A : complètement. J'étais arrivé à un âge où il fallait que j'en parle. D'autres personnes de ma génération sont du même avis comme Azouz Begag.
Nous sommes les derniers à pouvoir en parler : l'identité des jeunes aujourd'hui, ce n'est plus d'être algérien mais d'être musulman. A l'époque des
années 70, on nous forçait à rentrer chez nous, mais c'était ici chez nous. J'appelle cela « l'impossible retour » : on est français, d'origine contrôlée,
mais on est français. Ce n'est pa un message : les spectateurs trouveront ce qu'ils veulent bien trouver dans ce texte.
H.L : les trois parties ont été écrites chacune a plusieurs années d'intervalles : Ma mère l'Algérie (hommage à la Terre-mère, 2003),
Baba la France (vie et mort d'un travailleur algérien en France durant les « évènements », 2007), Alger Terminal 2 (l'impossible retour
au pays, 2010), en quel sens forment-elles une unité ?
R.A : elles sont différentes mais complémentaires. Dans Ma mère l'Algérie c'est un personnage qui a 20 ans et qui retourne au pays de la mémoire.
Lorsqu'il arrive dans la montagne, il devient le personnage d'une histoire que sa mère lui a raconté. Il s'agit d'un aller-retour permanent entre rêve et
réalité. La vie de cet enfant issu de l'immigration et la guerre d'Algérie questionnent le choix qu'il doit effectuer : devenir français ou rester algérien ?
Baba la France traite plutôt de l'exil et du père il s'agit d'une pièce plus biographique, une histoire que je tisse autour d'un héros ordinaire d'immigré
kabyle. Je choisi d'évoquer les répercussions de la guerre d'Algérie en France, mais seulement à travers des scènes de café, de vieux qui jouent aux
dominos et qui racontent ce qui se passe... Du point de vue du style, je voulais que Baba la France, soit écrit dans une langue soutenu autant que Ma
mère l'Algérie l'est dans une langue très « parlée ». Alger Terminal 2, qui est plus complexe, boucle la boucle : on y retrouve le personnage de Ma mère
l'Algérie qui parle à son fils, un aller-retour entre le passé et l'avenir...
H.L : Avec Samedi, la révolution, vous avez mené un travail avec des lycéens sur les révolutions arabes, quel bilan en tirez-vous ?
R.A : ce travail de transmission nourrit mon travail artistique. D'ailleurs, j'essaie de plus en plus de centrer cette implantation dans les collèges et les
lycées autour du travail de création. Une des bases de ce travail, c'est comment on interroge l'information, on analyse l'actualité, on apprend à acquérir
un regard critique sur les Printemps arabes et on éclaire les faits avec notre point de vue.
H.L : En même temps que la Trilogie, vous donnez une création en espace urbain autour de l'Odyssée : vous accomplissez un parallèle
entre ces deux écrits ?
R.A : complètement, car aujourd'hui le sujet de l'immigration recoupe plus que jamais la notion d'exil, qui est très présente dans l'actualité : qui sont
ces nouveaux immigrés qui s'échouent à Lampedusa ? On y comprend la nécessité de se battre : Ulysse pour regagner son royaume, les immigrés pour
sauver leur peau. Ce mythe est parlant car la notion du retour est très présente chez les immigrés, quelle que soit l'époque : ils pensent constamment à
ceux qu'ils ont laissé derrière eux et ceux qu'ils ont l'espoir d'aider.
Propos recueillis par Hervé Lucien
S ame di, la ré volution
L'expression - février 2013
De la politique sous forme poétique
Cela parle de révoltes, du printemps arabe, mais ne se raconte pas de façon manichéenne, comme nous l'avait si
bien dit Rachid Akbal, metteur en scène et comédien français d'origine algérienne. Impulsée du Théâtre régional de Béjaïa
d'abord, sa nouvelle pièce de théâtre, Samedi la révolution, d'après un texte d'Arezki Mellal est présente actuellement sur
les tréteaux de théâtre en France. Avant, la pièce a été créée et jouée pour la première fois le 4 décembre 2012 au
Théâtre régional de Béjaïa.
Si nous ne connaissons de Rachid Akbal que la facette du «monologuiste» qu'il est, cette pièce donnera à écouter trois
voix distinctes à travers lesquelles le public est invité à mieux connaître l'Algérien, ses envies, ses rêves, ses angoisses,
ses amours...
La pièce Samedi la révolution se joue dans un décor sobre dépouillé. Elle a pour cadre spatio-temporel Alger, veille du
cinquième samedi de manifestation. L'urgence d'être enfin à l'heure au rendez-vous de l'Histoire. Le pitch ? Kamel, Kader
et Fatima font le récit de leur vie. Trois destins pressés d'en finir. Kamel, alias Rachid Akbal, après trois ans d'exil
volontaire, quitte sa prison refuge de Rotterdam, pressé de rentrer au pays pour assister au grand match de l'Etat contre
le peuple. Kader, alias Kamel Abdelli, avec ses cigarettes de contrebande sous les bras, clandestin des cybers, bloggeur fou
recherché par la police et la presse, s'active à soulever les foules. Tout Alger l'écoute. Alger rêve d'une nouvelle révolution.
Fatima, alias Souhade Temimi est une fiancée abandonnée qui ne peut pas reculer, elle n'a rien à perdre: amoureuse en
secret du bloggeur fou, elle devient une meneuse de la cause des femmes, en lutte pour la liberté des femmes envers et
contre une société machiste et conservatrice.
A la question posée à l'écrivain Arezki Mellal, dans un blog, à savoir pourquoi avoir écrit cette pièce, ce dernier répond:
«J'en avais marre d'entendre plein de bêtises dans les médias en France à propos du « printemps arabe''. «J'ai accepté
d'écrire cette pièce pour mettre une lumière un malentendu », précisant aussi que c'est «d'une fiction politique, les
événements décrits n'ont pas tous eu lieu».
Arezki Mellal, arguera que le but de faire jouer cette pièce en Algérie est de «contribuer simplement à la vie démocratique
du pays en apportant une voix discordante forcément subversive parce que différente des versions officielles et
médiatiques».
Comme son nom l'indique, cette compagnie qui prend réellement son temps pour vivre, a créé une belle dynamique
récemment avec cette pièce, puisque le metteur en scène et ses comédiens notamment n'ont de cesse d'aller à la
rencontre des jeunes lycéens pour en parler. Une initiative louable qui fait entrer le théâtre dans les écoles et
permet à ces jeunes d'en parler et surtout d'échanger avec les artistes sur cette question cruciale autour du
printemps arabe, de la liberté et la liberté d'expression, dans le Monde arabe sur fond de manipulation
occidentale.
O. HIND
Africultures - février 2013
Samedi, la révolution ou les espoirs de la jeunesse algérienne
Samedi, la révolution, pièce de Arezki Mellal, mise en scène par Rachid Akbal, dresse le portrait d'une jeunesse algérienne pour qui les 50 ans
d'indépendance n'ont pas répondu à ses aspirations. Sur scène, Rachid Akbal, Souhade Temimi et Kamel Abdelli prennent le spectateur à parti
et s'élèvent contre une classe politique corrompue et une société patriarcale.
Samedi, la révolution, fruit d'une rencontre entre Rachid Akbal, metteur en scène d'origine algérienne vivant en France, et Arezki Mellal auteur
de théâtre resté en Algérie, offre un regard croisé sur la jeunesse algérienne. La pièce s'inscrit dans la continuité de la Trilogie Algérienne de
Rachid Akbal. Composée de trois volets, Ma mère l'Algérie, Baba la France et Alger Terminal 2, elle explorait déjà les méandres de
l'immigration. À cette thématique de l'exil, chère à Akbal et Mellal, s'ajoute celle de la volonté de changement de la jeunesse. En effet, lorsque
les deux auteurs débutent leur collaboration en décembre 2010, les manifestations de la jeunesse algérienne se multiplient et la révolution de
Jasmin en Tunisie en est à ses prémices.
Samedi, la révolution s'inspire d'une nouvelle écrite par Arezki Mellal en 2001 : Que se passe-t-il à Rotterdam ? Kamel, jeune Algérien de Bab
El Oued se fait volontairement arrêter à Rotterdam et jeter en prison dans l'unique but de rester sur le Vieux continent. Sur scène, le spectateur
retrouve le jeune homme dans sa cellule à quelques jours de sa sortie de prison. Lui qui n'y avait jamais cru et avait préféré les quatre murs
d'une prison néerlandaise à l'Algérie est aujourd'hui rempli d'espoir à l'idée que son pays puisse connaître une nouvelle révolution. Son récit
s'entremêle aux histoires de ceux qui sont restés. Kader, son ami d'enfance, et Fatima qu'il a abandonnée le jour de leurs fiançailles pour partir
à Rotterdam.
Entre ici et là-bas, Samedi, la révolution traite des deux côtés de l'exil. S'exiler c'est trahir. Mais pas seulement, partir c'est aussi "mourir un
peu".
Le personnage féminin, Fatima, tient le rôle central de la pièce. Elle symbolise la mère patrie. Elle est celle que Kamel quitte et qu'il continue
d'aimer. Elle est aussi celle que Kader, resté au pays, aime en secret. Histoire d'amour chère au metteur en scène car comme Rachid Akbal
aime à le répéter, il s'agit de "raconter la petite histoire dans la grande". Mais ce qui fait de Fatima le personnage fort de Samedi, la révolution
tient davantage à sa détermination comparée à celle des deux personnages masculins.
Au fil de la pièce, les récits s'entrelacent sans que jamais les trois personnages ne se rencontrent. La scène, partagée entre la cellule de Kamel,
la rue et un cyber café, délimite des espaces-temps différents. "C'est la théorie des mondes parallèles. Chacun dans son univers pense à
l'autre, parfois en même temps, sans le savoir", explique l'énergique Rachid Akbal qui interprète également le rôle de Kamel.
Dans la ligne de ce que le metteur en scène appelle le "théâtre du dire", qui se veut plus narratif et où les comédiens prennent le public à
témoin, les trois personnages racontent le "dégoûtage" des "hitistes" (1), la persistance d'une classe politique corrompue alors que Fatima
s'élève plus particulièrement contre la société patriarcale. Grâce à une bande-son réalisée par Margariga Guia et un jeu de lumière
imaginé par Hervé Bontemps, le spectateur est tantôt embarqué au milieu d'une foule scandant des slogans, tantôt le bruit des
talons d'une femme seule le transporte dans une ruelle sombre.
Samedi, la révolution vibre du ras-le-bol d'une jeunesse pour qui les 50 ans d'indépendance n'ont pas répondu à ses aspirations,
ni personnelles ni en tant que groupe.
Carole Dieterich
1. Le dégoûtage est un néologisme algérien qui connote à la fois l'ennui et la déprime. Un hitiste est littéralement une
personne qui s'adosse au mur (el hait) toute la journée.
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