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© ATD Quart Monde Demande d’expérimentation « Territoires zéro chômeurs de longue durée »
Annexe n°1 : un nouveau concept d’emploi aidé, un nouvel entrepreneuriat, un nouveau marché
Une tonne de verre jetée par erreur de tri, bouteille par bouteille, dans la poubelle ordinaire d’un
concitoyen, coûte au final 170 euros / la tonne à la collectivité. Une tonne de verre parfaitement triée
coûte 53 euros. Soit 117 euros à gagner en triant. Le travail de tri est fait « gracieusement » par les
contribuables, vaguement motivés par la réduction, ou la moindre augmentation qu’ils espèrent de la taxe
pour le traitement des ordures. Mais ce travail est médiocre et il ne touche pas que le verre. Par
exemple, le centre de méthanisation d’Angers qui représente un considérable progrès écologique, a un
rendement très faible, et coûte cher à la collectivité seulement à cause de la médiocrité des tris
alors qu’il devrait produire des revenus pour la collectivité.
Ce nouvel entrepreneuriat, ces nouvelles entreprises, conventionnées pour supprimer la « privation
durable d’emploi » pourraient faire du tri mécanique avec finition manuelle très fine dans des conditions
de travail excellentes. Qu’elles soient un jour rattrapées par la parfaite mécanisation totale, peu importe,
nous trouveront d’autres sources d’emploi utile. Mais une chose est certaine : si l’emploi est conçu comme
un bien de première nécessité, alors le débat pourra s’instaurer entre la mécanisation, ce qu’elle apporte,
à qui, et l’emploi, ce qu’il apporte, à qui. Ainsi de nouveaux équilibres pourront s’instaurer.
3. La création d’un nouveau marché
Pour créer un marché, il faut un produit solvable. L’emploi, conçu comme un produit de première
nécessité, doit devenir solvable avec le cofinancement par la collectivité. Alors, des entreprises pourront
produire de l’emploi. Il faudra dont réguler ce nouveau marché car nous voulons garantir un système
« étanche » à long terme du point de vue de l’utilisation de l’argent public. Pour que cet argent soit
directement créateur d’emplois complémentaires au SMIC en quantité nécessaire pour la population, pour
qu’il alimente à long terme la création des emplois nécessaires, il faut et il suffit qu’il n’y en ait jamais
ni trop, ni trop peu. D’où la régulation nécessaire.
L’enjeu est considérable en termes d’étanchéité telle que nous l’avons définie : en effet, trop, ce serait la
certitude de « pertes d’emplois ». Le système ne pourrait pas être étanche, car certaines entreprises
ordinaires, non conventionnées, seraient conduites de ce fait à éviter de créer certains emplois
(financés selon la règle générale) parce que trop d’emplois (financés par la solidarité) seraient proposés
sur le territoire. Trop peu, c’est évident, ce serait l’échec par le retour du statut de chômeur de longue
durée exclu à long terme de la vie économique.
Entre ces deux dérives possibles à long terme, il faudra donc « réguler ». Il nous semble que le principe
de régulation est simple. Il faut que la quantité d’emplois complémentaires puisse fluctuer selon les
besoins locaux et dans ce but, il faudra faire fluctuer le prix par emploi qui sera payé à l’entreprise
conventionnée créatrice de ces emplois. Il y a, en effet, un « prix » (local, régional et national), qui permet
de créer plus ou moins facilement les emplois « semi-solvables » dont nous parlons. Nous avons déjà une
longue expérience analogue sur ce point dans l’insertion et dans le travail protégé9.
Plus il y aura de chômeurs de longue durée, localement, plus le prix devra être à la hausse. En effet pour
obtenir le « zéro chômeur » il faudra faciliter la « production » d’emplois en donnant aux entreprises
conventionnées un prix qui pourra être augmenté jusqu’à ce que tous les demandeurs se voient proposer
un emploi. Et, inversement, dans les territoires plus dynamiques ou à des périodes plus favorables pour
l’économie, moins il y aura de demandeurs, plus le prix pourra baisser sans laisser personne de côté. Là
encore nous n’inventons rien. Nous savons précisément à quel prix il est possible de créer facilement ou
9Dans le système des EI (entreprises d’insertion) et des EA (entreprises adaptées) le prix est de 10 à 12 000
euros, et, dans l’IAE, tous systèmes confondus, l’IGAS vient de définir ce prix à 15 000 euros par an et par
personnes.
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