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Résumé du rapport n° 2003 086 présenté par Pascale FLAMANT, membre de l’Inspection générale des
affaires sociales
IGAS L’information sur les conventions collectives en Allemagne Juillet 2003
a expressément prévu que des accords locaux puissent le compléter, voire y déroger
(« clauses d’ouverture »). Ces accords ne faisant pas l’objet de remontées d’information
systématique, leur nombre est inconnu. En revanche, les estimations recueillies par la
mission font état d’ordre de grandeur de plusieurs centaines de milliers, voire de
millions d’accords en vigueur.
La quasi-totalité des salariés allemands (90% selon le ministère fédéral du travail) sont
couverts, directement ou indirectement, par le droit conventionnel : directement lorsque
l’employeur et le salarié sont membres d’une organisation partie à la convention de
branche ou lorsque le ministère du travail a étendu la convention (3% des conventions
sectorielles du secteur privé, essentiellement dans le bâtiment) ; indirectement car le
plus souvent les employeurs, affiliés ou non à une organisation professionnelle,
appliquent les normes conventionnelles à l’ensemble de leurs salariés, voire font
référence à la convention sectorielle dans le contrat de travail. Cependant, la couverture
conventionnelle est plus faible à l’Est, où plus de 20% des salariés ne relèveraient en
aucune manière du droit conventionnel.
Ø Les organisations syndicales et patronales sont affaiblies par la baisse des
adhésions, et la décentralisation vers l’entreprise s’accentue
Le taux de syndicalisation baisse en Allemagne depuis la fin des Trente Glorieuses :
aujourd’hui, le taux d’adhésion des salariés actifs n’est plus que d’environ 20%. Dans
un tel contexte, le monde syndical se restructure pour affermir son pouvoir de
négociation : le DGB, confédération la plus puissante, compte actuellement huit
syndicats membres, contre dix-sept dans les années 1980. Une nouvelle fédération,
dénommée « ver.di », s’est créée en 2001 à partir de cinq syndicats. La fusion permet à
ce nouvel acteur de concurrencer au sein du DGB la fédération traditionnellement la
plus puissante, IG Metall, qui tente elle aussi d’élargir son périmètre d’action (fusions
avec le textile, le bois et les matières plastiques en 1998-2000).
Les fédérations d’employeurs doivent de leur côté faire face à une forte diminution des
adhésions : le taux d’adhésion des entreprises dans le secteur métallurgique a par
exemple chuté à l’Ouest de plus de moitié en quarante ans (31% d’entreprises affiliées,
correspondant à 62% des salariés en 2001). Cette faiblesse accrue des organisations
patronales est encore plus prégnante à l’Est. Pour éviter la fuite de leurs membres et
attirer les nouvelles PME, certaines fédérations en viennent même à proposer des
adhésions spécifiques, qui permettent aux entreprises d’avoir accès aux services de
l’organisation, sans pour autant être liées par les conventions signées par la fédération.
Ces pratiques contribuent à remettre en cause l’architecture conventionnelle en
Allemagne.
Cette architecture évolue rapidement du fait d’une décentralisation « coordonnée », ou
« contrôlée », de la branche vers l’entreprise : le nombre de salariés couverts par une
convention de branche baisse alors que celui des salariés couverts par une convention
d’entreprise augmente ; le nombre d’entreprises ayant signé une ou plusieurs
conventions d’entreprise a presque triplé en 13 ans. Par ailleurs, les accords d’entreprise
ont trait à des thèmes dévolus jusque-là exclusivement à la négociation collective de
branche et les « clauses d’ouverture », qui ouvrent la possibilité aux entreprises de
déroger aux conditions de travail fixées par le texte de branche, s’appliquent à des
domaines de négociation de plus en plus nombreux.