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L’ARABOPHONIE
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N° 4 Octobre 2002
L’Arabophonie
Revue pluridisciplinaire
semestrielle
à comité de lecture scientifique
ISBN
:
979
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91040
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Sommaire :
Historique des Arabes : La période Abbassidde.
La langue arabe à l’époque du déclin.
La langue arabe à l'époque Abbasside.
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Historique des Arabes
LA PÉRIODE ABBASSIDE
M. Jamal ASMI
D.E.A. en Linguistique Générale
Docteur en
Traduction Juridique
A- Caractéristiques de la dynastie abbasside
Les Abbassides, descendants de l’oncle du Prophète, » Abu AL-Abbas »
prétendaient, en raison de leur parenté avec Mohamed, avoir plus de droit au Califat que
les membres de la famille Omeyyade.
Leur arrivée au pouvoir est imputée, comme nous l’avons déjà signalé, à un
affranchi d’origine iranienne nommé Abus Musli1, celui-ci exploite le mécontentement
régnant dans les provinces orientales, et les rivalités entre tribus arabes au Maghreb, pour
mettre fin au règne des Omeyyades en Iran et en Iraq, et prépare ainsi l’environnement
politique et sociale à Abus Al Abbas, qui est proclamé aussitôt calife dans la grande
mosquée de Koufra (en Iraq 750 après J.-C.).
Installée en Iraq avec Bagdad2pour capitale, la dynastie Abbasside s’appuie sur les
Iraniens (auteurs de cette révolution) qui jouèrent le rôle principal dans l’administration.
Le règne de cette dynastie se perpétua jusqu’en 1260.
Avec le califat abbasside, l’empire se transforme en monarchie supranationale, et
perd une grande part de son caractère arabe. À un pouvoir militaire, fondé sur
l’organisation tribale de la péninsule arabique, succède le système des milices régulières,
où l’élément étranger, iranien, turc ou africain, finit par l’emporter.
L’armée, d’instrument de conquête, se transforme en instrument de pouvoir du
califat pour devenir, la propriété personnelle du calife. L’élément arabe se fond désormais
dans une masse beaucoup plus grande de convertis, habitués depuis des millénaires à un
despotisme oriental dont le calife abbasside apparaît comme l’héritier naturel.
Le premier siècle du califat abbasside marque le début d’une époque
d’extraordinaire prospérité pour le monde arabe, dont les relations commerciales, facilitées
par un bon réseau routier et un service régulier de postes, s’étendent jusqu’à la mer
Baltique, l’Extrême-Orient et l’Atlantique.
Les grands califes que sont Anglo-saxons, Haroun Al Rachid, Al-Mamun savent
s’entourer de ministres et de fonctionnaires compétents, assainissent les finances,
encouragent les sciences et les arts, tout en matant les révoltes périodiques des chiites et
1- SOURDEL Dominique, “Histoire des arabes », Que sais-je N°1627.1976., pp. 47-49.
2- Abo Al-Abbas avait adopté Anbar pour capitale, ville persane sur les bords de l'Euphrate, ancien grenier
d'approvisionnement pour les guerres contre les romains; et c'est en 762 que le deuxième calife Abbasside
fonde Bagdad et la prend pour capitale. Voir : Hurat Claud, Histoire des littératures arabes, Paris, Armand
Colin, 1972, pp. 289-291.
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des kharidjites et en triomphant des luttes au sein de la dynastie elle-même. Les nouvelles
conquêtes sont rares.
En revanche, les territoires périphériques connaissent des tendances centrifuges :
Espagne, où s’est constitué le califat omeyyade de Cordoue, partie occidentale du
Maghreb, où un descendant d’Ali, Idris, fonde une principauté indépendante (789-926),
enfin Ifriqiya (Tunisie et partie orientale de l’Algérie), où Ibrahim ibn al-Aghlab,
lieutenant d’Harun al-Rachid, fonde une dynastie autonome qui réussit à contrôler la
Sardaigne, la Sicile (totalement conquise en 909) et provisoirement une partie de l’Italie du
Sud. Au cours de son deuxième siècle d’existence, le califat abbasside entre
progressivement en décadence. Le pouvoir central, sans cesse menacé par les milices
étrangères, ne peut résister à l’évolution des régions périphériques vers l’autonomie.
Ainsi, l’histoire politique des pays dont les souverains et une fraction croissante de
la population étaient musulmans se scinda en une série d’évolutions régionales, marquées
par l’ascension et la chute de dynasties dont le pouvoir rayonnait à partir de leur capitale
jusqu’à des frontières qui, dans l’ensemble, n’étaient pas clairement définies. A. Hourani
estime que cette décadence progressive n’est pas surprenante.
Il en tire la conclusion que : « Avoir si longtemps conservé dans le cadre d’un seul
empire de si nombreux pays aux traditions et aux intérêts différents avait été un
remarquable exploit. On y serait difficilement parvenu sans la force de la conviction
religieuse, qui avait créé un groupe dirigeant efficace en Arabie occidentale, puis établi
une alliance d’intérêts entre lui et un secteur toujours plus ample des sociétés sur
lesquelles il régnait. Ni militairement, ni administrativement, les ressources du califat
abbasside n’étaient telles qu’il pût se permettre de maintenir éternellement l’unité
politique d’un empire qui s’étendait de l’Asie centrale à l’Atlantique ».
Ainsi, à partir du IXe siècle, le monde arabo-musulman ne s’incarnait plus dans une
entité politique unique. Il est à signaler, à cet égard, que l’autorité de cette entité politique
n’a pas été absolue aux yeux de certains historiens.
A. Hourani considère que « même à l’apogée de leur puissance, les califes
abbassides n’eurent qu’une autorité concrète limitée. Elle s’exerçait essentiellement sur
les villes et les campagnes fertiles qui les entouraient ; les lointaines régions de montagne
et de steppe restaient pratiquement insoumises… Pour administrer ses provinces
éloignées, le Calife dut octroyer à ses gouverneurs le pouvoir de collecter l’impôt et d’en
consacrer une partie à l’entretien de forces armées locales ».
C’est de cette manière que se développèrent des dynasties locales chacune dotée de
ses propres centres de pouvoir. Ces dynasties sont réparties, d’après A. Hourani, sur trois
zones :
La première zone comprenait l’Iran et l’Irak du Sud; après le Xe siècle, sa principale
capitale continua assez longtemps à être Bagdad : cette ville était située au coeur d’une
riche région agricole et d’un vaste réseau de liaisons commerciales،et jouissait de
l’influence et du prestige accumulés pendant des siècles sous le règne des califes
abbassides.
La seconde zone réunissait l’Égypte, la Syrie et l’Arabie occidentale son centre
politique se trouvait au Caire, la ville qu’avaient construite les Fatimides au sein d’une
vaste campagne fertile et au cœur d’un système commercial reliant le monde de l’océan
Indien à celui de la Méditerranée.
La troisième zone recouvrait le Maghreb et les régions musulmanes de l’Espagne,
qu’on appelait al-Andalus; on n’y trouvait pas une métropole unique mais plusieurs,
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localisées dans des régions agricoles prospères et sur des sites qui permettaient de
contrôler le commerce entre l’Afrique et telle ou telle partie du monde méditerranéen.
Nous ne tenterons nullement ici de retracer en détail l’histoire de toutes les
dynasties, mais il faut du moins clarifier la dynamique générale des événements qui a
entraîné, durant plusieurs siècles, la dislocation de l’empire Abbasside.
Cette dislocation, comme nous allons démontrer au chapitre suivant, continue à
déchaîner, jusqu’à nos jours, les passions des musulmans en général, et des Arabes en
particulier, et d’empreindre leur présent de nostalgie et de regret obsédant. Elle continue
également à susciter des débats cherchant à déceler les facteurs qui ont conduit à la
dispersion de cet empire.
B- Le morcellement de l’empire : les principautés et les dynasties
1- Principautés dans la zone orientale
a- Les principautés persanes
Les Tahirides (820-872)
Cette principauté fut fondée par Tahir Ibn Hussein d’origine persane, général en
chef de l’armée du Calife au temps d’Al-Mamoun. Il conduisit la révolte contre Al-Amine
(de mère Arabe) et accéléra la succession d’Al-Mamoun (de mère persane). Les Tahirides
avaient choisi Naichapour comme capitale, ils avaient largement rétabli l’ordre dans leur
pays et contribué à son développement économique. Ils demeurèrent fidèles au Calife et lui
payèrent une redevance annuelle jusqu’à leur renversement par les Saffarides.
Les Saffarides (868-902)
Sous le commandement d’un cavalier redoutable appelé Yacoub Assamais, les
Saffarides avaient profité d’un léger mécontentement social pour arracher le pouvoir à
leurs adversaires par la force. Leur chef voulait même conquérir Bagdad qu’il tenta
d’assaillir mais son armée subit une sanglante défaite en 879. C’était seulement pour s’en
débarrasser et le faire taire que le Calife lui reconnut les provinces du Khorassan.
Les Samanides (902-998)
Les Samanides régnaient sur la Perse et une partie de l’Asie centrale. Placés sous
l’autorité du Calife, ils choisirent successivement comme capitale Samarkand puis
Boukhara. A l’époque de l’Émir Ismaïl Ibn Ahmed, le pays avait connu une grande
prospérité.
Cette dynastie contribua considérablement au développement scientifique si bien
que Samarkand et Boukhara furent de grands centres de rayonnement et des pôles
d’attraction d’étudiants et de chercheurs, sous la conduite d’éminents savants comme Ibn
Sina (Avicenne) et Baïrouni. Après le décès de l’Emir Ismaïl, la division s’installa au sein
de la famille princière et ce fut le début de leur déclin.
Les Boueihydes (945-1055)
Les Boueihydes, originaires des rives de la mer Caspienne, étaient des soldats
aguerris qui entrèrent en révolte en 933 et envahirent les territoires de l’Est. Leur chef
Mouiz Al-Dawla fit son entrée à Bagdad en 945. Le Calife Al-Moustakfi lui décerna le
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