OECT/Service Communication REVUE DE LA PRESSE NATIONALE 9 juin 2016 Page 3
La loi sur les banques et les établissements financiers vise à organiser les conditions de pratique des
opérations bancaires et la méthodologie de contrôle des banques ainsi que des établissements financiers
en vue de préserver leur solidité et protéger les fonds et les consommateurs des services bancaires.
L’objectif étant de garantir le bon rendement du secteur bancaire et de réaliser la stabilité financière, elle
a néanmoins été vivement contestée par l’opposition qui a estimé que son adoption est précipitée et
répond, sans prendre en considération le consensus requis, à un engagement du gouvernement envers le
FMI pour adopter cette loi avant la date de la tenue de son Conseil d’Administration le 13 mai.
A cette même date, l'institution de Bretton Woods devait effectivement trancher sur la nouvelle ligne
de crédit de 2.8 milliards de dollars à accorder à la Tunisie alors qu’au mois de mars le FMI avait donné
son accord de principe au titre du mécanisme élargi de crédit à l’appui du programme économique de la
Tunisie à condition que le pays s’engage à poursuivre et à mettre en application les réformes
économiques et sociales nécessaires, dont la restructuration du système bancaire et financier.
Encore aujourd’hui, la plénière dédiée à l’adoption de ce projet ne s’est pas déroulée dans la sérénité. Le
député du Front Populaire, Zied Lakhdher, a précisé que ce projet de loi revêt une lecture politique et ne
fait que répondre aux exigences des institutions financières internationales avec à leur tête le FMI.
Il a, en outre, précisé dans une déclaration à la TAP, que les réformes exigées par le FMI ne servent pas
les peuples et n’ont fait que créer des crises sociales profondes dans les pays qui les ont adoptées. « En
revanche ceux qui les ont refusées ont pu trouver des alternatives et ont pu améliorer leur situation, à
l’instar de l’Argentine » a expliqué le député.
Zied Lakhdher a déclaré que le Front Populaire estime que l’article le plus dangereux de ce projet de loi
est celui relatif à la faillite des banques « nous n’avons vu aucune banque faire faillite en Tunisie depuis
1956, alors pourquoi aborder le sujet maintenant et qui cela sert-il ? » a-t-il ajouté, expliquant que cela
dénote d’une volonté d’ouvrir le marché financier tunisien pour que les banques fassent faillite et soient
acquises mettant ainsi le pays dans une mauvaise posture en ce qui concerne les politiques financières
nationales.
Un autre point évoqué par le parti est celui de la finance islamique, article amendé par l’instance de
constitutionnalité des lois, et qui « est utilisé par certains afin de créer un système bancaire parallèle
pour qu’il y ait désormais le Hallal et l’interdit et qui va nous ramener en arrière » a précisé le député.
Rappelons que l’article 11 du projet de loi relatif aux banques définit la bancarisation islamique en tant
qu’opérations bancaires sans application d’un taux d’intérêt, soit au niveau des crédits ou des dépôts de
fonds. Il stipule désormais également la création d’une instance chargée de la publication des critères
relatifs à la bancarisation islamique.
Le député a enfin rappelé que le Front Populaire avait boycotté en mai la plénière « précipitée » pour
l’adoption du projet pour atteinte au règlement intérieur qui stipule qu’il faudrait un délai de 12 jours
pour que le projet de loi soit discuté en plénière. Il a souligné que des problèmes constitutionnels font
encore l’objet de renvoi ajoutant que le Front Populaire a encore nombreuses critiques à émettre sur ce
projet et notamment concernant l’exploitation illégale des carrières de marbre relevant des domaines de
l’Etat et que le projet de loi prévoit de passer sous silence en régularisant la situation des fraudeurs sans
leur demander de comptes quant aux années passées à exploiter illégalement ces carrières.