86e année
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Hebdomadaire 3221
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16 juillet 2010
3
ISSN 0015-9506
france-catholique.fr
FRANCE
année année
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Hebdomadaire
Hebdomadaire
3221
3221
1616
juillet 2010 juillet 2010
33
FRANCEFRANCE
Catholique
france-catholique.fr
La Légende Dorée
source dinspiration
inépuisable
Le peintre Augustin Frison-Roche à St-Émilion
BRÈVES
FRancE
PolitiquE :Unrapportde
l’Inspectiongénéraledes
Finances,présentéle12
juillet, affirme qu’Éric Woerth 
n’estjamaisintervenuen
quelque manière dans le dos-
sier  fiscal  de  la  milliardaire 
Liliane  Bettencourt.  Ce  rap-
port, s’il a réjoui l’UMP, a été 
accueilli avec scepticisme par 
la gauche.
Nicolas  Sarkozy  devait  s’ex-
primerdevantlesFrançais
ce même 12 juillet. Le prési-
dent de la République, inter-
viewé  par  David  Pujadas  sur 
France  2,  devait  traiter  des 
« affaires »  et  de  la  réforme 
des retraites.
élEctionS :Le11juillet,
avec  51,72%  des  suffrages, 
la candidate écologiste Anny 
Poursinoff abattuJean-
FrédéricPoisson(48,28%)
danslacirconscriptiondes
Yvelines  où  il  avait  succédé 
à  ChristineBoutincomme
député.  La  participation  est 
restée très faible : 29,42%.
JuSticE :SylvieAndrieux,
députée PS des Bouches–du-
Rhône, a été mise en examen 
le 8 juillet dans le cadre d’une 
affaire  de  détournement  de 
fonds publics dans laquelle 22 
personnes ont déjà été mises 
encause.700000euros
de  subventions  auraient  été 
distribués  à  des  associations 
participant  à  un  système  de 
clientélisme alors qu'elle était 
vice-présidenteduConseil
régional  de  Pro vence-Alpes-
Côte  d'Azur  qui  est  présidé 
par  Michel  Vauzelle,  l'ancien
ministre PS de la Justice.
LeministreÉricWoerth  a 
annoncéle 7juilletqu’il
déposaitplainteauprèsdu
tribunaldeNanterrepour
dénonciationcalomnieuse
aprèslesaccusationsde
financementillégaldela
campagne de Nicolas Sarkozy 
en 2007.
L’ancien  dictateur  du  Pana-
ma,  Manuel  Noriega,  a  été 
condamné le 7 juillet à Paris à 
sept ans de prison pour blan-
chiment d’argent du trafic de 
la drogue.
BuRqa :  Jean-François Copé a 
créé la surprise le 7 juillet en 
annonçant  la  saisine,  à  son 
initiative,  du  Conseil  consti-
tutionnel sur l’interdiction du 
port  du  voile  intégral  pour 
s’assurer  de  la  légitimité  de 
cette interdiction.
collEctiVitéS localES :  Le 
Sénat a rejeté le 6 juillet deux 
mesuresessentiellesdela
réforme  territoriale,  le  mode 
d’élection des conseillers et la 
répartition  des  compétences 
entrecommunes,départe-
ments  et  régions ;  les  cen-
tristes  ont  à  cette  occasion 
voté avec la gauche.
taBac :Deuxmarquesde
cigarettesetunemarque
de  tabac  ont  procédé  à  une 
baisse surprise de leurs prix le 
5 juillet, provoquant la colère 
de  la  ministre  de  la  Santé, 
R. Bachelot ; celle-ci envisage 
une  augmentation  compen-
satoire des taxes.
Santé :L’assurance–maladie
a présenté le 8 juillet au gou-
vernement21propositions
pouraméliorerlaqualité
des  soins  et  l’efficacité  des 
dépenses,  en  vue  de  réaliser 
2,2  milliards  d’économies  en 
2011.
On  a  appris  le  8  juillet  que 
la  première  greffe  totale  du 
visage  (bouche  et  paupières 
comprises)  avait  été  réalisée 
fin juin avec succès à l’hôpi-
tal  Henri-Mondor  de  Créteil 
par le professeur Lantiéri, sur 
un homme de 35 ans atteint 
d’une maladie génétique.
EmPloi :Lorsd’uncomi-
centrald’entreprise,le
5  juillet,ladirectiond’Air
France  a  évoqué  la  possibi-
lité d’un sureffectif de 4 100
personnes en 2013 ; ce suref-
fectif devrait être absorbé par 
les départs naturels et le gel 
des  embauches ;  il  concerne 
essentiellementlespilotes
et  le  personnel  au  sol.  Au 
total, les réductions d’emplois 
auront atteint 10000 postes 
sur cinq ans.
Au cours d’une conférence de 
presse,  le  directeur  général 
de France Telecom a annoncé 
le 5 juillet le recrutement de 
10000 personnes entre 2010
et 2012 ; l’entreprise vise 300 
millions  de  clients  dans  le 
monde en 2015.
L’OCDE a estimé pour sa part 
dans  une  note  du  7  juillet 
quelepicduchômage  a 
été  atteint  en  France  et  que 
le  taux  de  chômage  devrait
commencer  à  baisser  lente-
ment.
FootBall :  Le  nouveau  sé-
lectionneurdel’équipede
France, Laurent Blanc, a tenu 
le 6 juillet sa première confé-
rence de presse ; son objectif 
est  de  faire  revenir  l’équipe 
en deux ans dans le « gotha » 
du football mondial.
mondE
ESPacE :Lesatelliteeuro-
péen  Planck,  lancé  en  2009, 
a  permis  d’obtenir  une  pre-
mièreimagecomplètedu
ciel  dans  laquelle  le  rayon-
nement résiduel du Big Bang 
estdésormaisperceptible ;
mais il faudra attendre 2012 
pourqu’uneimageprécise
decequ’onappelle  « le
visage  de  Dieu »  soit  rendue 
publique ;  elle  apportera  de 
précieux  renseignements  sur 
la naissance de l’univers et le 
rythme de son expansion.
PRéhiStoiRE :Selonune
étude  archéologique  britan-
nique publiée le 7 juillet dans 
la revue Nature,  les premiers 
hommes  se  sont  adaptés  au 
climat  de  l’Europe  du  Nord 
il y a 800  000 ans, 100000 
ans plus tôt que ce que l’on 
croyait possible.
diPlomatiE :LeParlement
européen aapprouvéle  8 
juillet la création d’un service 
diplomatique qui doit regrou-
perprogressivement 6000
fonctionnaires,diplomates
etexperts,etpermettre  à 
l’Union de parler d’une seule 
voix.
intERPol :L’organisation
policièreinternationaleba- 
2FRANCECatholique n°3221 16 juillet 2010
SUITe eN page 7
SOMMAIRE
ACTUALITÉ
4 AFFAIRE BETTENCOURT Feuilleton de l'été
Alice Tulle
5 MONNAIES La Russie et l'euro
Yves La Marck
6 SOCIÉTÉ Embryon de fronde
Tugdual Derville
DOSSIER
8 ÉGLISES D'ORIENT En attendant le synode
Catherine Baumont
ESPRIT
16 LECTURES 16e dimanche ordinaire
Père Michel Gitton
7 M.E.P. Georges Colomb
R.A.
24 COMMUNAUTÉ SAINT-JEAN Ordinations à Ars
Frère Arnaud-Charbel
MAGAZINE
18 PHILOSOPHIE Tonne de plomb
Bertrand Souchard
19 A.E.D. Soutenons nos prêtres !
Marc Fromager
20 A.E.D. Le paradoxe égyptien
21 A.E.D. Les prêtres boursiers
22 A.E.D. Église de Cuba
23 LIVRES Sélection spiritualité
Sophie Baron
26 DÉBATS Nouvelle évangélisation
Alex et Maud Lauriot-Prévost
28 EXPOSITIONS Actualité de la Légende Dorée
Émeric de Rozières / Augustin Frison-Roche
31 CINÉMA "L'Italien","Toy Story 3",
"Predators","Tamara Drewe"
Marie-Christine Renaud d'André, Georges Collar
32 FESTIVALS Période estivale
Pierre François
33 TÉLÉVISION "La nuit du grand déluge",
"Le bonheur dans le crime",
"J'attends quelqu'un", "Françoise Hardy"
M.-C. Renaud d'André
34 SCULPTURE
BENE et saint Jacques
Louis Mollaret
35 TÉLÉVISION
Messe à St-Jean-Pied-de-Port
Louis Mollaret
36 TÉLÉVISION Sélection début de soirée
M.-C. R. d'A.
38 BLOC-NOTES Vie associative et d’Église
Brigitte Pondaven
B
ENOÎT XVI
est consiré, à juste titre, comme un théo-
logien, et donc comme un intellectuel profond. Mais
il est avéaujourd'hui qu'il est aussi un homme de
décision, qui sait trancher quand il le faut et pro-
céder aux nominations cessaires pour changer
le cours des choses. L'organisation centrale du Saint-Siège a
été récemment renouvelée par l'arrivée du cardinal quebécois
Marc Ouellet, sormais préfet d'un dicasre essentiel, la
Congrégation des évêques. Mais l'annonce de
la nomination de Mgr De Paolis, collaborateur
direct du Pape en tant que questeur du Saint-
Siège, à la tête des gionnaires du Christ,
constitue une information d'une singulière
importance, si l'on sait le caractère crucial du
dossier que Benoît XVI a pris en charge depuis
plusieurs années.
L'affaire est infiniment douloureuse,
puisqu'il est certain que le fondateur des
Légionnaires, le père Maciel, était un pervers,
auteur de multiples crimes, notamment sexuels, et que néan-
moins un tel personnage, qui avait toujours réussi à dissimuler
la réalité aux yeux de l'autorité romaine, avait présidé à la for-
mation d'une institution de grande envergure, avec de multiples
collaborateurs exemplaires, aux antipodes du fondateur. Le pre-
mier souci du cardinal Ratzinger avait toujours été de faire la
rité totale sur le cas du re Maciel. Lorsque la vériappa-
rut, indiscutable, la volonde Benoît XVI de réformer radica-
lement les Légionnaires s'affirma de la façon la plus nette. Il
s'agissait de purifier profondément ce qui devait l'être, et de
prendre les mesures de sauvegarde à l'égard des personnes de
bonne volonté qui avaient été indignement trompées.
La nomination de Mgr De Paolis signifie que la structure
entière de l'institution malade va se trouver en quelque sorte
refondée, avec une direction qui se substitue aux anciens res-
ponsables. Cette direction aura la lourde charge de rendre cou-
rage à ceux que cette histoire effroyable a désorientés, mais
dont la bonne volonté exige qu'ils soient fermement guidés vers
un renouveau évangélique.
Un Pape
de décision
ÉDITORIAL
FRANCECatholique
N
°3221
16 JUILLET
2010 3
par Gérard LECLERC
Photo de couverture © AUGUSTIN FRISON-ROCHE
"Saint Christophe" est un géant qui désire se mettre au service du roi
le plus puissant. D'abord au service d'un grand roi, il quitte sa cour
pour suivre le diable que craint ce dernier. Apprenant que le diable
craint lui-même le Christ, il se met à sa recherche. Mais le Christ
ne se manifeste pas immédiatement. Sur les conseils d'un ermite,
Saint Christophe utilise sa grande taille pour aider les voyageurs à
traverser un cours d'eau périlleux. Lorsque le Christ se présente sous
les traits d'un enfant désirant atteindre l'autre rive, Saint Christophe
ne le reconnaît pas. Pendant la traversée, le poids de l'enfant ne cesse
de croître ni les eaux de monter et de se déchaîner. "Ne t'étonne
pas, Christophe, car tu as eu non seulement le monde entier sur tes
épaules, mais tu as aussi porté celui qui a porté le monde.
Je suis le Christ, ton roi, que tu sers dans ta présente tâche."
ACTUALITÉ
par Alice TULLE
4 FRANCECatholique n° 3221 16 juillet 2010
Alors qu'on suit
l’affaire Woerth-
Bettencourt jour
par jour et parfois
heure par heure,
il n’est pas inutile de prendre
quelque distance par rapport
à la succession d’événements
qui passionnent les journa-
listes et qui intéressent (mais
dans quelle mesure ?) l’opinion
publique.
Le premier constat, déplai-
sant, est facile à vérifier :
comme d’habitude, la télévi-
sion ne sait traiter que d’un
seul sujet à la fois, au mépris
de l’ensemble de l’actualité.
Parfois, c’est un fait divers
sordide qui mobilise l’antenne
pendant la moitié du journal
télévisé. Il y a peu, le comporte-
ment et les défaites de l’équipe
de France de football mobili-
saient les commentateurs et
les hommes politiques étaient
obligés de dire leur sentiment
sur les mésaventures des Bleus.
Puis l’affaire Woerth-
Bettencourt a pris le relais,
qui contraint le président de
la République à s’adresser aux
Français. Tout le reste est pres-
tement expédié : la situation
des banques européennes,
toujours préoccupante, la
crise de l’euro, qui pourrait
entraîner l’éclatement de cette
zone monétaire, la situation
économique aux États-Unis,
qui n’ont réglé aucun des
problèmes majeurs qui ont
déclenché la grande crise de
2008-2009. Tous ces faits ne
sont évoqués que dans les
rubriques boursières et dans
la presse écrite spécialisée…
Pourtant, ces événements
sous-jacents sont de première
importance pour l’avenir de
la France et des Français. Un
point quotidien étant fait
sur le scandale du moment,
nous aimerions être tenus
au courant des autres faits
marquants de l’actualité.
Voilà qui justifie une fois de
plus la remarque narquoise de
Pierre Bourdieu : on regarde la
télévision non pour s’informer,
mais pour s’informer sur ce qui
intéresse les journalistes.
Or ce qui intéresse les
journalistes, c’est la straté-
gie des puissants et les intri-
gues nouées dans les milieux
dirigeants. C’est aussi le
ro manesque des situations :
la chute du Don Juan poli-
tique Roland Dumas, bottines
hors de prix, statuettes
grecques, ou les réappari-
tions-surprise de l'affairiste
Bernard Tapie, entreprises
centenaires rachetées
1 franc sym bolique
et vite dépe-
cées, procès
perdus et gagnés… Cette
année, c’est Éric Woerth qui
risque la chute et la famille
Bettencourt est victime de
ce qu’on appelait, à l’époque
Mitterrand, l’effet de meute.
Dans ce scandale, comme
dans les précédents, les prin-
cipaux journalistes se congra-
tulent. Ils ont réaffirmé leur
indépendance, et leur goût
pour l’investigation. Double
illusion : passagère ou non,
c’est la faiblesse de Nicolas
Sarkozy qui les rend coura-
geux (sauf Marianne et le site
Médiapart qui ont toujours
été dans l’opposition) et le
« journalisme d’investiga-
tion » n’a pas changé depuis
qu’Edwy Plenel, de nouveau
célèbre comme grand accu-
sateur, officiait au Monde : les
investigateurs attendent dans
leur bureau ou dans un café
discret qu’on leur apporte les
enregistrements clandestins
du majordome, la photocopie
des carnets de l’ex-comp-
table et la feuille d’impôt de
Liliane Bettencourt. Personne
ne rappelle que des enregis-
trements (faciles à arranger)
n’ont pas valeur de preuve,
qu’il existe un secret de l’en-
quête policière et un secret de
l’instruction. Mais on utilise
toute la matière disponible
(même si c’est de la boue) et
nul ne songe à rechercher et
à punir ceux qui ont livré à la
presse les dépositions faites
la veille devant un policier ou
devant un juge.
Des hommes de gauche
ont été abattus par ces
méthodes et leurs adversaires
de droite n’ont rien trouvé à y
redire. Des hommes de droite
sont menacés par les mêmes
méthodes et les dirigeants
de la gauche trouvent utile
de faire flèche de tout bois
comme s’ils n’étaient pas sous
la menace de révélations, sur
la fameuse affaire des frégates
de Taiwan, par exemple.
n
AFFAIRE BETTENCOURT
La télévision ne sait traiter que
d'un seul sujet à la fois
(
Dans laffaire Woerth-Bettencourt, deux questions ne sont
pas posées : elles concernent la hiérarchie de l’information
et le rôle que joue la presse dans les scandales.
Feuilleton de l'été
ACTUALITÉ
La crise de la zone euro
n’est plus au centre
de l’actualité depuis
l’annonce du plan
d’aide à la Grèce.
Pourtant la Grèce continue
de vivre sous la menace des
spéculateurs, de même que
l’Espagne, le Portugal, voire
l’Italie. Sans trop se soucier
de ses statuts, la Banque
centrale européenne tente de
sauver les banques surtout
françaises et espagnoles
qui ont engrangé trop d’obli-
gations émises par des États
en mauvaise posture. La
tendance à la baisse de l’euro
inquiète les États-Unis, qui
savent que la monnaie euro-
péenne est le dernier rempart
d'un dollar fragilisé par les
dettes (publiques et privées)
qui écrasent le pouvoir fédé-
ral, les États américains et la
population durement frap-
pée par le chômage.
À Moscou, on dit couram-
ment que l’Union européenne
est à l’agonie et qu’il importe
de développer les relations
économiques bilatérales
avec la France et l’Allemagne
tout particulièrement.
À Francfort et Bruxelles,
à Berlin et à Paris, les voix
officielles nous assurent au
contraire qu’il n’y a pas péril
en la demeure. Mais le point
de vue des autorités russes
est à prendre en compte
car elles sont neutres : elles
n’ont ni à défendre la zone
euro ni à l’attaquer. Même
si Vladimir Poutine appelle
officiellement au maintien
de la monnaie européenne, il
n’ignore rien des analyses des
spécialistes russes. Comme
beaucoup de leurs collègues
français, ceux-ci observent
que le plan de soutien de
750 milliards d’euros est
en grande partie (440
milliards) garanti par
des États forte-
ment endettés :
insuffisant
en cas d’une attaque contre
plusieurs pays, le plan est une
annonce à effets psycholo-
giques qui aurait beaucoup
de mal à se concrétiser.
D’où, à Moscou, l’étude
attentive de plusieurs scéna-
rios de crise : zone euro réduite
à l’Allemagne et aux nations
du Nord après sortie de tous
les pays du Sud ; passage à
une monnaie commune mais
non plus mon naie unique... ;
retour chaotique à des
monnaies nationales.
Sans même envisager la
disparition de la monnaie
européenne ou son chan-
gement de statut, une forte
baisse de l’euro aurait des
conséquences négatives
pour la Russie car ses réserves
de change (450 milliards
de dollars) sont libellées à
40% en euros. Sur le plan
commercial, les exporta-
tions de gaz russe, qui sont
payées en euros, perdraient
de leur valeur.
Cependant, les entre-
prises russes, fortement
endet tées en euros, auraient
tout avantage à une chute
de la monnaie européenne
et elles pourraient acheter à
meilleur compte des firmes
européennes et des équipe-
ments qui sont nécessaires à
la modernisation de l’indus-
trie russe.
Ces perspectives positives
et négatives sont à inscrire
dans le problème général de
la réforme du système moné-
taire international. Cette
réforme n’est pas engagée,
un nouveau système n’a pas
encore été couché sur le
papier. Les Russes, comme les
Chinois, ont pris les devants
en réduisant leurs réserves
en dollars, mais le débat
demeure, au sein du pouvoir
politique russe, entre ceux qui
pensent qu’il n’y a pas d’alter-
native au dollar et ceux qui
souhaiteraient – à l’instar du
président Medvedev que le
rouble devienne une monnaie
de réserve pour un certain
nombre de pays situés dans la
zone d’influence de la Russie.
Nul ne sait comment ces
débats complexes seront
tranchés. Mais le fait est que
les gouvernements russes et
chinois étudient des scéna-
rios d’avenir alors que les
États-Unis, l’Union euro-
péenne et la zone euro sont
sur la défensive. n
MONNAIES
par Yves LA MARCK
Le gouvernement russe tente actuellement de prévoir
et de conjurer les conséquences possibles de la crise
de l'euro sur l’économie du pays et sur le rouble.
La Russie et l'euro
FRANCECatholique n°3221 16 juillet 20105
Une forte baisse de l'euro aurait des
conséquences négatives pour la Russie
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