GILLES HERREROS-ANDRÉ KOCHER-BERNARD WOEHL Pour une sociologie clinique «Le meilleur moyen de faire céder les résistances qui s’opposent à la constitution d’une science nouvelle est de la tenter résolument. Une fois qu’elle est, si imparfaite qu’elle soit, de toute nécessité, elle a déjà un commencement de vie; et cette démonstration par le fait témoigne plus en faveur de sa vitalité que tous les raisonnements dialectiques. t c’est là, d’ailleurs, l’oeuvre difficile à faire; car l’acte vraiment créateur consiste non pas à émettre en passant quelques belles idées dont se berce l’intelligence, mais à s’en saisir pour les féconder en les mettant en contact avec les choses, en les coordonnant, en les appuyant sur un commencement de preuves, de manière à les rendre à la fois logiquement assimilables et contrôlables pour autrui...»(1) A travers ces quelques lignes d’hommage à A. Comte, E. Durkheim marque bien le parti d’infidélité fondateur de la science sociale. Il ne s’agit pas de nier l’héritage des grands anciens et ses vertus, de prétendre fonder un savoir sui generis; plus simplement, il convient d’affirmer la spécificité d’un point de vue, de le constituer en savoir susceptible de rendre compte de la réalité en appui sur des méthodes permettant de mener à bien ce projet. Fidélité/infidélité donc, en ce que la production de savoir est toujours rupture non seulement avec le sens commun et les schèmes cognitifs préexistants, mais aussi parceque l’impérative ré-interrogation de l’objet de la sociologie, de ses évolutions, en bref la réflexion sur l’inscription sociale de la discipline, conduit nécessairement le sociologue à se positionner vis à vis de l’héritage légué par les pères fondateurs. Le débat que nous proposons autour de la place et du statut de la sociologie clinique au sein de la discipline s’inscrit de plainpied dans cette perspective. E La science contre la clinique Gilles HERREROS André KOCHER et Bernard WOEHL Laboratoire de Sociologie de la Culture Européenne Bosch, Le Jardin des délices, volet gauche : le Paradis, détail de l’arbre de vie Madrid, © Musée du Prado Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22 122 Depuis les origines de la sociologie, et peut-être plus généralement des sciences sociales, en d’autres termes d’A. Comte à P. Bourdieu, en passant par E. Durkheim ou bien encore de G. Bachelard à K. Popper pour ce qui est du registre de l’épistémologie, on retrouve le même souci: les uns et les autres entendent affirmer haut et fort le caractère scientifique de leur discipline. Près d’un siècle après que les bases de la science positive ont été posées, cette préoccupation, largement compréhensible en une période où les sciences sociales entendent s’arracher de la métaphysique et conquérir un droit d’entrée dans la cité scientifique, continue de tarauder la sociologie. Deux effets majeurs de cette position originelle peuvent être identifiés; le premier pourrait être retrouvé dans une tendance de type positiviste, le second laisse entrevoir une posture systématiquement critique. Ces deux caractéristiques d’une partie de la tradition sociologique -principalement française- ont contribué à éloigner le sociologue de toutes formes de pratiques qui pourraient lui valoir le soupçon de n’être pas scientifique. La sociologie d’intervention et la sociologie clinique qui supposent, l’une et l’autre, une sorte de praxéologie, constituent deux illustrations de ces pratiques qui feraient courir au sociologue le risque de non-objectivité. Tout ce qui pourrait conduire l’analyste à être victime de la subjectivité, tant celle de l’observé que de la sienne propre, devant être tenu à distance, cette façon d’entrevoir ou de pratiquer la sociologie est suspectée. Après avoir montré comment s’exprime cette méfiance, nous suggérerons la nécessité d’une infidélité radicale à la tradition positiviste et critique de la sociologie, faisant nôtre le propos de Keynes:«j’ai été élevé à l’intérieur de la citadelle, j’en connais la force et reconnais sa puissance, mais aujourd’hui je me range aux côtés des hérétiques». Positivisme et sociologie critique : deux traits de la tradition sociologique Avec A. Comte, la sociologie se définit au travers d’une double prétention: scientifique et morale. Tout d’abord, dans une perspective proche de celle des sciences de la nature, des mathématiques, de l’astronomie, la science positive que porte le sociologue souhaite imposer son verdict aux ignorants et aux amateurs(2). En cela Comte embrasse un projet de Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22 123 connaissance dont l’ambition flirte avec le désir d’universel; c’est la voie ouverte à la morale positive qui dira aux hommes non seulement «les lois naturelles dans le système de la sociabilité moderne», mais aussi ce que la cité doit devenir: «cette philosophie fera comprendre que les relations industrielles au lieu de rester livrées à un dangereux empirisme ou à un antagonisme oppressif doivent être systématisées suivant les lois morales de l’harmonie universelle»(3). A l’instar de la prophétie marxiste, mais aussi dans la lignée platonicienne prolongée par l’idéalisme hégélien, le savant se confond avec le politique disant, simultanément, ce que les choses sont et ce qu’elles devraient être. Au-delà des accents scientistes qui sont les siens -toutes les choses du monde sont connaissables par la science-, le positivisme développe une conception «totalisante» des sciences sociales qui deviennent une sorte de science des sciences, l’état positif marquant le stade ultime du développement des formes de l’esprit scientifique. Pour ces raisons, la rupture avec l’un des pères fondateurs s’impose; l’infidélité est ici un devoir. Évidemment, il n’est pas question pour nous de superposer à l’identique les travaux de Comte et ceux de ses successeurs; toutefois, le désir de connaissance scientifique contenu dans la philosophie positive continue d’être décliné avec le souci inchangé, sorte de fil rouge de la tradition sociologique, de la quête d’objectivité. Ainsi, la connaissance du «fait social» (le singulier a ici son importance) chez Durkheim ou chez Mauss (pour qui le fait social peut être total) passe par des règles de méthode dont les formes illustrent un véritable «complexe positiviste». En effet, à l’image des sciences de la nature et de leur façon de se saisir du réel, les pères fondateurs de la sociologie vont appréhender leur objet avec la froideur objectivante qui caractérise les sciences physiques; c’est cette recommandation que contient la fameuse formule durkheimienne selon laquelle «il convient de traiter les faits sociaux comme des choses»(4). Ainsi, tout se passe comme si le fait social devait être arraché aux «manifestations individuelles»(5) par lesquelles il prend formes et vie pour être compris. C’est en rompant avec les prénotions qui vivent dans «le système des signes», dont chacun se sert pour exprimer sa pensée(6) , que le sociologue va accéder au sens des phénomènes qui échappent à la raison commune. Les règles de la méthode exigent que le social s’explique par le social donc, que toute autre dimension explicative soit abandonnée et notamment celle relative au psychologique. Selon Durkheim, le recours au psychologique n’a guère de sens dès lors qu’il n’est qu’une des formes de la «conscience individuelle»(7); pour cette raison, l’analyse sociologique ne doit pas s’encombrer d’indicateurs comme celui de la douleur (de la souffrance pourrait-on dire en termes psychologiques) dont Durkheim se plaît à souligner qu’elle n’est en rien le signe distinctif de la maladie(8). C’est à ce prix méthodologique que s’échafaude une production sociologique de nature scientifique. En d’autres termes, toute approche qui ne parviendrait pas à garantir un rapport d’extériorité entre le sociologue et son objet serait condamnée à n’être que «sens commun» ou «connaissance vulgaire». Ici, Bachelard prend, avec brio, le relais de l’auteur du Suicide. Pour le père de La formation de l’esprit scientifique, si les sciences sociales ne peuvent être comparables aux mathématiques dont «l’histoire ... est une merveille de régularité»(9) ne connaissant pas de périodes d’erreurs-, elles doivent néanmoins demeurer un champ d’exercice du rationalisme appliqué, seul vecteur véritable de la connaissance, de l’objectivité scientifique. Ce rationalisme, même s’il est dit «rectifié» (c’est à dire ne pouvant plus se comprendre comme un «rationalisme fermé»), doit s’exercer dans le contournement-dépassement des obstacles épistémologiques que sont: l’«expérience première», les «images familières», le «prag- matisme», le «substantialisme»... Derrière la dénonciation de ces obstacles épistémologiques on voit se profiler une volonté de rupture non seulement avec l’empirie mais aussi, de fait, avec le vivant, l’existence, les sujets (pour ne pas dire acteurs). Ainsi la distanciation d’avec le réel devient une condition d’émergence de la science; la vigilance épistémologique doit conduire le chercheur à une surveillance serrée de tous les risques de dérapages en direction de la subjectivité qu’elle soit inscrite dans l’objet étudié, dans les outils et techniques utilisés, dans la conscience de l’observateur. Les pères fondateurs ayant largement ouvert la voie, leurs héritiers purent s’y engouffrer avec le souci de reproduire de prolonger mais aussi d’enrichir une position épistémologique et des règles de méthode, synonymes de scientificité. P.Bourdieu est une de ces figures emblématiques qui, dans la lignée des «anciens» dont il vient d’être question, disent ce qu’est le prix à payer pour accéder -en toute dignité scientifique- au métier de sociologue. Le fait conquis (construit et constaté) contre l’illusion du savoir immédiat exige de tenir en lisière toute forme «de familiarité avec l’univers social»(10). Cette familiarité contient tous les pièges que le sociologue doit éviter: prénotions, préjugés, connaissance vulgaire. Le langage lui-même étant porteur d’une philosophie pétrifiée dans les mots, le sociologue est invité par l’auteur de la distinction à se souvenir de la recommandation d’E.Durkheim «...le moment est venu pour la sociologie...de prendre le caractère ésotérique qui convient à toute science» (11). Bien sûr, l’inventaire de ces quelques conseils pourrait être assorti de citations montrant combien cette sociologie et épistémologie traditionnelles se sont aussi revendiquées d’une forme «d’entre-deux» devant permettre à la fois d’éviter la dérive de l’empirie et celle du rigorisme méthodologique. Ainsi P. Bourdieu, se revendiquant d’A. Comte, fustige-t-il aussi bien «les pro- Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22 124 phètes qui fulminent contre l’impureté originelle de l’empirie» et «les grands prêtres de la méthode qui garderaient volontiers tous les chercheurs, leur vie durant, sur les bancs du catéchisme méthodologique»(12) . Toutefois, quel que soit l’effort d’exégèse auquel on s’astreint, on ne peut que constater ce que P. Bourdieu, lui-même, dans une forme d’autocritique qui ne dit pas son nom, avançait au cours d’un colloque organisé sur le thème de la pauvreté: «Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre que le refus de l’existence était un piège...Que la sociologie s’est constituée contre le singulier, le personnel, l’existentiel»(13). Ce propos, qui pourrait être étendu à bien d’autres sociologues que P.Bourdieu, illustre en quoi une certaine tradition sociologique s’est progressivement engagée dans une quête d’objectivité et de scientificité, démontrant à la fois une capacité à produire des modèles à fort rendement explicatif et une incapacité à retrouver, sous la science, le vivant dont celle-ci est censée rendre compte. Ainsi, les sciences sociales d’une part, à force de vivre comme une véritable malédiction le fait que leur objet parle, le sociologue d’autre part, ne pouvant faire quant à lui que son objet se taise, se sont éloignés de lui - pour s’en protéger - au point de ne plus l’entendre beaucoup. Le dispositif institutionnel qui s’est mis en place pour légitimer la sociologie a contribué à renforcer cette réduction au silence des sujets-objets. Science, vraisemblance et clinique L’une des conséquences pratiques de ce voyage sur Sirius que la tradition sociologique et son expression institutionnelle ont proposé au sociologue a conduit, notamment, à une absence de légitimité des sociologies dont la particularité consistaient à se construire dans la confrontation au terrain. En effet, ce type d’approches, que l’on nommera ici indistinctement sociologie d’intervention (à ne pas confondre nécessairement avec ce que Touraine et ses collaborateurs ont nommé «intervention sociologique»(14) qui ne représente qu’une des formes possibles de ce type de sociologie) ou sociologie clinique, supposant entre autres points, l’implication de l’intervenant sur son terrain, aux côtés et avec(15) les acteurs qui le peuplent, porte en elle tous les stigmates de l’empirie. A ce titre elle est suspecte aux yeux de ceux qui se méfient de l’ex-plication dans l’im-plication. En outre, si cette sociologie clinique fait profession de ne pas être critique (c’est-à-dire ne tente pas de retrouver ce qui est cryptique dans l’action ou la situation d’action), alors la sanction risque d’être sans appel: le sociologue clinicien n’est plus qu’un «artiste» (dans un récent colloque organisé autour d’une réflexion sur théories et pratiques, l’un des participants sociologue lui-même - décrivait ainsi sa conception de l’intervention sociologique: «faire l’artiste sur le terrain sans ne rien produire ni en connaissance, ni en action»). Dans une opposition infidèle à une tradition sociologique, pas toujours clémente vis-à-vis de l’intervention et/ou de la clinique, nous suggérons, non en toute circonstance bien sûr - ce qui reviendrait à substituer un dogmatisme à un autre - mais à chaque fois que nécessaire, une position épistémologique et une posture méthodologique qui trouvent, partiellement au moins, leurs fondements dans la sociologie des sciences de B. Latour et M. Callon (16) ou dans la théorie de la complexité d’E. Morin. La science, une production aléatoire et «bricolée» Partant de la question commune à toute l’épistémologie: «quelles sont les conditions d’émergence et de réalisation de la science?», M. Callon et B. Latour refusent les réponses traditionnelles des épistémologues. Ainsi rejettent-ils simultanément: – l’idée d’une homologie structurale entre science et société ainsi que toutes les explications déterministes visant à mobiliser les facteurs externes à la science pour expliquer les conditions et les formes d’ émergence de celle-ci. Ce n’est pas la Florence du XVIe siècle qui produit Galilée et plus généralement ce ne sont pas les conditions matérielles d’existence qui produisent la (con)science. – le principe bachelardien(17) selon lequel la science se produit à partir du respect de ses lois internes. En effet, il ne suffit pas, selon eux, d’un rationalisme appliqué à construire l’objectivité en tenant à l’écart les prénotions, le sens commun, à grands renforts de coupures et de ruptures avec le vulgaire et la science passée, pour que surgisse la validité scientifique. Pour M. Callon et B.Latour la science, mais aussi toute forme d’innovation, est le produit de controverses qui se développent tout autant dans le champ scientifique que dans celui de la technique ou du socio-politique. Le fait scientifique n’est ni le produit déterminé du corps social ni la résultante de précautions internes à l’esprit scientifique. Plus précisément, là où les épistémologues tentent de comprendre ce qu’est la science constituée, M. Callon et B. Latour s’emploient à reconstituer les processus par lesquels la science se construit. Du voyage qu’ils suggèrent dans les coulisses des faits scientifiques apparaît un processus dont l’originalité réside dans le caractère hétéroclite des objets et des sujets qu’il rassemble. Pour illustrer le propos, le plus simple est encore de prendre appui sur l’exemple, désormais classique(18), de la controverse à propos de la théorie de la génération spontanée. Au milieu du XIXe siècle, F. Pouchet, chercheur naturaliste à Rouen, membre correspondant de l’Académie des Sciences, sexagénaire reconnu par ses pairs et disposant d’une légitimité scientifique incontestée, soutient la thèse selon laquelle la vie peut naître de la décomposition de la matière. Cette théorie de la «génération spontanée» repose sur des expériences, des Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22 125 observations, dont le caractère méthodologique semble irréprochable à la majeure partie des scientifiques du moment. L. Pasteur, qui n’est encore qu’un jeune chercheur (il a trente sept ans lorsque la controverse éclate) aux lettres de noblesse scientifique encore insuffisamment prestigieuses, émet des réserves sur la pertinence de la thèse de Pouchet. Selon lui, la génération spontanée pourrait ne résulter que du développement de micro-organismes dont la présence n’aurait pu être éliminée des ballons d’expérimentations utilisés par son aîné pour analyser le produit de la fermentation d’infusions de foin. Selon le futur inventeur du vaccin anti rabique, ces germes atmosphériques, ces micro-organismes, seraient à l’origine de ce que Pouchet appelle, par erreur, la génération spontanée. Comment et pourquoi les intuitions de l’un vont-elles pouvoir l’emporter sur les expérimentations de l’autre? L’analyse, d’une part, des controverses opposant les deux hommes et , d’autre part, de leur contexte fournit la clef du mystère. L’analyse de la situation permet d’entrevoir quelques uns des atouts dont dispose Pasteur dans cette dispute scientifique. La thèse de Pouchet est de type matérialiste et les implicites qu’elle véhicule ont de lourdes incidences: si la vie peut surgir du processus de la génération spontanée, alors l’idée d’une création divine originelle se trouve contestée. Le matérialisme de Pouchet fait rejaillir le débat, qui avait pris corps dans le champ scientifique, sur la scène religieuse et politique. En effet, pour l’Église, la vie ne pouvant se concevoir en dehors de la création originelle, la thèse de Pouchet a des accents blasphématoires, hérétiques. De même, pour le pouvoir politique (Napoléon III vient d’accéder au trône avec le coup d’État du 2 décembre 1851), non encore affranchi de l’institution religieuse, toute forme d’hérésie devient une menace plus ou moins directe pour sa propre assise. Le contexte de la controverse scientifique opposant Pouchet et Pasteur n’est donc guère favorable aux thèses du premier alors que les intuitions du second (qui s’était, par ailleurs, très vite déclaré être un fervent partisan de Napoléon III), même peu argumentées, ont d’emblée de solides appuis. Ainsi, lorsque se met en place entre 1860 et 1864, sous l’égide de l’Académie des Sciences, une commission scientifique, dont la mission est de trancher entre Pasteur et Pouchet, les forces socio-politiques dominantes du moment se mobilisent pour que le verdict de cette commission soit favorable à Pasteur. Personne n’a encore vu les microbes qui infectent les ballons d’expérimentation de Pouchet, mais nombreux sont ceux qui ont intérêt à ce qu’ils existent. Les armes utilisés dans ce duel Pasteur-Pouchet seront scientifiques (Cf. sur la description détaillée des expériences conduites par chacune des deux parties le numéro 4 des Cahiers de Science et Vie, Août 1991, consacrés à cette question), mais aussi politiques, religieuses, polémiques... La victoire de Pasteur sur Pouchet, au moment où elle survient, n’a pas été obtenue sur le strict terrain de la science. De l’analyse partielle de cette controverse émerge l’idée que la découverte scientifique, comme toute forme d’innovation ou de changement n’est pas liée à la qualité intrinsèque des faits érigés en vérité; elle dépend aussi, pour partie au moins, du contexte dans lequel elle prend corps. Le changement devient alors pour le chercheur ou le praticien le résultat d’un lent processus qui peut se comprendre comme l’élaboration d’une série d’alliances entre les acteurs et les objets partie prenante de la controverse(19). Pasteur peut poursuivre dans la voie de ses intuitions, c’est-à-dire à contre courant d’une frange entière de la communauté scientifique, à la condition de pouvoir bénéficier de soutiens faisant contrepoids à la coalition qui soutient Pouchet. Ces microorganismes , dont il pressent l’existence et qui sont à l’origine de ce que Pouchet croit être la génération spontanée, deviennent, malgré eux, un enjeu socio-politique. Si Pasteur dit vrai, alors les matérialistes ne peuvent se saisir de la thèse de Pouchet pour contester l’explication divine de la création du monde. Les thèses religieuses renforcées, ou tout du moins non démenties, c’est un des piliers du pouvoir qui se trouve conforté. De proche en proche, on en vient à penser que ces microbes à l’existence hypothétique sont à classer parmi les plus fidèles soutiens du régime de Napoléon III. Les microbes consolident le trône de l’empereur. Le lecteur sera sans doute surpris de l’emphase à laquelle peut aboutir le raisonnement: Pasteur-Napoléon-les microbes, même combat. Le triptyque est (d)étonnant; il résulte dans le vocabulaire des auteurs, d’une chaîne de traduction où sont mis bout-à-bout des acteurs (Pouchet, Pasteur, Napoléon III), des situations (le contexte politique et les fondements de l’État), des objets (des expérimentations scientifiques) et pour finir la vie microbienne. Cet assemblage hétéroclite prend pour nom, dans la sociologie de M. Callon et B.Latour, «chaîne de traductions». Dans une telle perspective, le processus de fabrication de la science est aléatoire et n’a qu’un lointain rapport avec le strict rationalisme appliqué. Si, en appui de ce raisonnement - des plus infidèles à la tradition épistémologique -, on considère que l’histoire de la science est l’histoire de la mise en place de réseaux hétéroclites «bricolés» à grand peine entre acteurs du champ scientifique mais aussi social, politique, technique, alors il n’y a plus aucune raison pour que ne soit pas accordée à la sociologie clinique qui, à sa façon, est aussi un assemblage hétéroclite, une dignité scientifique comparable à d’autres formes de sociologie. Pour une sociologie clinique «Alors qu’on demande aux chercheurs d’être objectifs, ce qui est juste, je demandais à mes chercheurs de conjuguer leur re- Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22 126 cherche d’objectivité avec le plein emploi de leur subjectivité, c’est-à-dire leur intérêt, leur curiosité, leur sympathie pour les gens. Il fallait avoir la tête froide mais le coeur chaud, c’est-à-dire participer à la vie du pays»(20). Ces exigences développées par E. Morin dans «La démarche multidimensionnelle en Sociologie» à propos de son étude sur le «terrain» à Plozévet (Finistère) menée dans les années 60 (21), ne sont pas très éloignées de la posture clinique qui réintroduit dans l’analyse et les objectivations, le terrain, le singulier, le personnel, le vécu (le sien propre et celui de ceux aux côtés desquels on intervient). Examinons quelques uns des principes de cette sociologie et quelques unes de ses figures marquantes La posture clinique De quoi s’agit-il? Comme on l’a déjà développé, (ex)pliquer tout en s’(im)pliquant, être avec, tout en réfléchissant sur, objectiver tout en réintroduisant le sujet, se poser contre afin d’être, mieux encore, pour(22), tel est le projet d’une sociologie clinique. Une telle démarche suscite méfiance (déguisée en condescendance ou inversement) parmi les «puristes» à l’égard de ce qui apparaît comme un véritable cheval de Troie. En effet, la clinique c’est être, étymologiquement, au «pied du lit» (Kline), au «chevet» de celui pour qui, et avec qui on cherche à comprendre et à agir. De ce fait, la posture clinique est attentive, dans l’analyse au sujet, à sa souffrance, et sa subjectivité. Diable! Comment objectiver, si le sujet n’a pas été extirpé de l’objet. Le sociologue, mis en garde de longue date sur l’importance des «règles de la méthode», connaît son métier. Sous forme de boutade on pourrait dire qu’il est rompu dans la technique d’«anesthésie» du sujet par «chosification» de l’objet. Alors, la sociologie clinique serait encore de la subjectivité qu’on tente d’introduire «en contrebande»; l’ob- jectivité construite depuis Sirius s’en trouvant menacée, il convient de s’en méfier(23). La contemporanéité du chercheur et du sujet, dont on ne veut retenir que l’aspect perturbateur de la relation qu’ils entretiennent, n’est pas étrangère à la méfiance qui atteint la sociologie clinique. «Le sociologue se voulait savant en refusant le corps à corps concret, c’est-à-dire la dialectique entre le sujet chercheur et le sujet objet étudié»(24). Le même auteur ajoute plus loin: «Tant que les méthodes de simulation n’ont pas développé des possibilités de substituts analogiques à la méthode expérimentale, les sciences humaines sont prisonnières de cette dialectique qui signifie très précisément, du point de vue méthodologique, que la science est un art et que l’art est une science, que le sociologue est comme le clinicien pour qui l’art et la science se confondent dans l’opération du diagnostic». Il s’agit de réintroduire le sujet expulsé par la sociologie classique comme résidu honteux et irrationnel de l’activité scientifique «car lorsque nous traitons un problème sociologique, nous ne traitons pas un problème d’objets, nous traitons un problème de «sujets», nous sommes des sujets qui avons à faire à d’autres sujets» . Cela suppose que soit acceptée une proximité avec l’acteur lui-même et de composer avec ses passions, sentiments, émotions, représentations, histoire particulière. Cela suppose également que les acteurs possèdent un savoir et une expérience de la vie sociale dont le chercheur doit profiter. De là ce rapport d’homme à homme qui ne peut éluder le caractère intersubjectif de ce qui est à la fois objet et sujet et qui demande au chercheur à être double puisque sujet et objet ne font qu’un. Double aussi parce que le sociologue, amené à quitter sa position d’observateur détaché et extérieur au champ pour pénétrer l’intériorité des acteurs, se retrouve en sympathie/empathie avec leur vécu, sans abandonner l’effort analytique. Cette façon de faire de la sociologie (et de la vivre) semble devenir relativement in- contournable chez un certain nombre d’auteurs qui maintiennent la priorité des études de cas ou qui pratiquent l’intervention sociologique tels M. Crozier ou encore F. Dubet. Quelques figures marquantes Le mot clinique trouve chez eux un écho favorable quand bien même ils restent encore prudents dans son utilisation en l’habillant parfois de guillemets. Pour autant, ils conviennent aisément que la démarche permet d’accéder à une réflexion et une pensée non aseptisées. Pour ces auteurs, il s’agit d’abord et avant tout de pratiques de recherches, permettant des investigations sur les rapports établis entre le sens défini par les acteurs et celui que les sociologues peuvent reconstruire. Ainsi, s’inscrivant dans une perspective d’analyse stratégique, pour comprendre comment et pourquoi les acteurs au sein d’une organisation poursuivent telle stratégie plutôt que telle autre et pour saisir la signification de ces stratégies, M. Crozier convient que le chercheur ne peut trouver ces réponses «que dans l’analyse clinique et, pour tout dire, nécessairement contingente de la réalité des relations qui, dans le champ spécifique considéré, se nouent entre les acteurs concernés pour remonter de là aux jeux qu’ils jouent les uns avec les autres et aux modes de régulations qui caractérisent ce système d’action particulier»(25). Cette démarche part de l’expérience vécue des acteurs et demande au sociologue d’entrer de plain-pied dans le champ étudié en plongeant dans leur «intériorité». Dans un domaine différent, le projet d’une sociologie de l’expérience sociale, tel que le décrit F. Dubet, s’apparente également à celui d’une sociologie «clinique», «abordant du point de vue sociologique les problèmes et les conduites qui sont généralement réservés à la perspective psychologique ou à la peinture impressionniste des émotions et des sentiments»(26). Cette socio- Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22 127 logie repose sur l’idée que l’explication permet de mieux comprendre et que l’effort pour permettre à chacun (chercheur et acteurs) de mieux se comprendre passe par un travail sur la subjectivité des acteurs qui vont s’approprier le raisonnement sociologique qui leur est proposé au terme d’un «débat», à condition que l’analyse leur apparaisse «vraisemblable». Et de souligner «qu’on ne pourra pas se résoudre toujours à séparer totalement la psychologie abstraite des sociologues de la psychologie clinique des psychologues, qui ne va d’ailleurs pas sans sociologie latente. Le détour d’une analyse de l’expérience par la sociologie ne peut se passer d’un équivalent ou d’un prolongement dans la psychologie particulière des individus»(27). Mais il ne faut pas s’y tromper. Cette sociologie, appelée «clinique» du bout des lèvres, n’est qu’un moment dans la démarche, le recours au vécu apparaissant comme passage obligé pour arriver à la connaissance sociologique. Il reste toujours dans la sociologie - croziérienne ou autre - ce souci de se ménager une position de recul pour «sauvegarder» l’autonomie du chercheur. Les enseignements issus de son immersion dans la subjectivité de l’acteur sont utilisés en fonction des objectifs et interrogations préalablement posés. Le chercheur n’a finalement jamais quitté sa position d’observateur extérieur. F. Dubet pousse certes beaucoup plus loin son investigation dans une sociologie de la subjectivité, mais ne manque pas de revendiquer un raisonnement proche de celui de la sociologie classique, «car il en accepte la question - comment concilier l’autonomie de l’acteur et le caractère «déterminé de l’action»? - et refuse l’idée d’une séparation radicale de l’acteur et du système, comme s’il s’agissait de deux ordres de réalité différente»(28). Il ne s’agit jamais que d’un détour par la subjectivité de l’acteur sans reconnaître à la sociologie clinique la capacité propre à produire du savoir sociologique. Tout se passe comme si on faisait des révérences au «terrain humain», comme le dirait Edgar Morin, pressentant le potentiel d’une telle sociologie qu’on se contente d’approcher sur la pointe des pieds par crainte, peut-être, de perdre le souvenir des racines incarnées par les pères fondateurs. Quelles que soient les réticences, la sociologie clinique doit maintenir son projet. Oeuvrer en sociologue et dans une perspective clinique revient à accepter la logique de l’intervention sociologique et par voie de conséquence à s’interroger sur la méthodologie d’intervention du sociologue. L’intervention sociologique n’est certes pas récente(29) (Desmarez 1986), la sociologie de l’intervention (pas nécessairement sociologique) a déjà été maintes fois esquissée (Hess, 1981). Mais une sociologie de l’intervention sociologique qui contribuerait à l’élaboration d’une méthodologie de l’intervention et à une théorie sociologique sur la question reste un chantier ouvert. Les travaux d’Eugène Enriquez, de Max Pages, de Didier Anzieu, qui ont déjà inspiré le dispositif actionnaliste d’Alain Touraine(30), de de Gaulejac constitueraient un bloc dont le télescopage avec les raisonnements stratégiques, conventionnalistes ou bien encore l’école de la sociologie de l’innovation pourrait être productif. Le statut hybride du sociologue Avec la sociologie de l’intervention se pose également la question de la redéfinition de la place du chercheur. L’entreprise, l’organisation deviennent à la fois objets et partenaires pour la recherche, notamment dans une période de modernisation rapide et dans un contexte de crise et d’interrogation sur l’avenir comme celui que nous connaissons aujourd’hui. Ainsi, chercheurs et entreprises sont de plus en plus étroitement associés, passant des recherches sur l’entreprise à des recherches dans et pour l’entreprise. Cette présence tierce, provenant de l’extérieur - qu’elle soit issue de centres de recherches, des universités ou de cabinets privés - pour accompagner une dynamique d’innovation, pour mettre en place des structures d’organisation nouvelles, pour mener une conduite sociale du changement.... est de plus en plus sollicitée .Les anciens débats bipolaires (négociations patronat-syndicats ou d’autres oppositions classiques, hiérarchiques-exécutants, opérationnels-fonctionnels) apparaissant inopérants, la médiation d’un tiers introduit la possibilité de jeux sociaux différents. Sa présence active permet d’engager «une dynamique d’objectivation, de distanciation et de simulation de formules alternatives et le consensus entre partenaires du changement qui en résulte peut ainsi ne plus être vu comme le compromis répétitif des forces en place»(31). Ce faisant, le sociologue pratiquant l’intervention sociologique accumule par ses expériences de terrain un ensemble de connaissances et de savoir-faire pouvant produire à terme une véritable méthodologie du développement institutionnel et de l’entreprise et plus généralement un savoir sociologique, aux enjeux sociétaux. Pratiquer l’intervention sociologique en même temps que de travailler à une sociologie de l’intervention, c’est accepter non seulement le terrain, mais aussi le fait d’être commandité, d’avoir une dépendance financière, de se confronter à des acteurs qui adressent des demandes, ont des attentes. Participer à l’analyse d’un système c’est être (se mettre) avec les acteurs de ce système - que ce soit en alliance, en compromis ou en opposition, c’est donc «se compromettre». Positionné en consultant, perçu en expert, oeuvrant en chercheur, éventuellement universitaire, le sociologue pratiquant l’intervention ne peut pas se réfugier derrière la pureté de son statut, celle-ci est fictive. L’hybridation est incontournable, elle doit donc être gérée; il y a là un objet de recherche supplémentaire. Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22 128 Conclusion Indications bibliographiques L’infidélité à l’égard d’une tradition positiviste qui n’accorde guère de crédit à la posture clinique en sociologie est ici clairement revendiquée. La sociologie clinique ne parvient pas à se «couler dans les moules»(32) légués par les fondateurs de la discipline mais ses tenants se souviennent de la belle formule de R. Nisbet dans son épilogue à la Tradition Sociologique: «Tôt ou tard, il se produit une révolte, un abandon des «chrysalides» du concept et de la méthode». La sociologie clinique est encore obstruée par les couches de la convention qui la considère comme l’enfant un peu bohème, un peu têtu, d’une discipline fortement institutionnalisée, elle est contrainte d’emprunter les chemins de traverse; ainsi mûrit-elle, pour partie, à l’extérieur de la «citadelle» dont parlait Keynes en visant les partisans de la théorie économique standard. Cette infidélité n’est toutefois pas sans rappeler la position qui était celle de la sociologie des origines à l’égard des «humanités» classiques; elle heurtait les idées arrêtées de son époque, revendiquant tout à la fois sa part de vérité et sa pertinence par rapport au réel. Là où le philosophe prône la «Fidélité au vrai d’abord, puis au souvenir de la vérité (à la vérité gardée)» 33, nous suggérons simplement aux sociologues de se souvenir qu’avec la seule fidélité au «vrai» et à la «vérité» il n’y aurait pas de sociologie. ANZIEU, Didier, Le groupe et l’inconscient, l’imaginaire groupal: Paris: Dunod, 1984 (1re édition 1972). ARON, Raymond, Les étapes de la pensée sociologique: Paris: Gallimard, 1967. BACHELARD, Gaston, La formation de l’esprit scientifique: Paris: Librairie Philosophique Jacques Vrin, 1938 (12eme édition 1983). BERNOUX, Philippe et HERREROS, Gilles, La sociologie des logiques d’action une méthodologie pour l’intervention, texte ronéo Lyon: Glysi, 1992. BOLTANSKI, Luc et THÉVENOT, Laurent, De la justification, Paris: éd. Métaillé, 1991. BOURDIEU, Pierre, Raisons Pratiques - sur la théorie de l’action: Paris: Seuil 1994. CALLON, Michel, La science et ses réseaux, genèse et circulation des faits scientifiques Paris: Ed la Découverte, 1991. CALLON, Michel et LATOUR, Bruno (sous la direction de), La science telle qu’elle se fait: Paris: Ed la Découverte, 1991. COMTE, Auguste, Cours de philosophie positive: Paris: Schleicher frères éditeurs, 1907-1908 (5° édition). 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Notes 1. 2. 3. 4. DURKHEIM, Émile: La science sociale et l’action Paris, PUF 1970 p. 120 ARON, Raymond : Les étapes de la pensée sociologique : Paris, Gallimard, 1967 p. 84 COMTE, Auguste : Cours de Philosophie Positive : Paris, Schleicher Frères éditeurs, 19071908 (5° édition) T.VI p. 358 DURKHEIM, Émile: Les règles de la méthode sociologique : Paris, PUF, 1937 (22° éd. 1986) p. 15 Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, 1995, n° 22 129 30. 31. 32. 33. idem p. 45 bid p. 4 ibid p. 109 ibid p. 50 BACHELARD, Gaston: La formation de l’esprit scientifique : Paris, Vrin, 1938 (12° ed 1983) p. 22 BOURDIEU, Pierre et al. : le métier de sociologue : Paris-La Haye, Mouton Bordas, 1968 (4° éd. 1983) p. 28 DURKHEIM, Émile op. cit. p. 106 BOURDIEU, Pierre et al. op. cit. p . 12 BOURDIEU, Pierre 1991 cité GAULEJAC, Vincent (de) et ROY, Shirley : Sociologies cliniques: Paris, Epi 1993, p 314 TOURAINE, Alain: La voix et le regard : Paris, Seuil, 1978 Sur la question des formes que peuvent revêtir les différentes figures de l’intervention (avec, sur, pour et contre son client) voir DUBOST, Jean: typologie et pratiques d’intervention in Revue de l’Education permanente vol. 113, 1993 CALLON, Michel et LATOUR, Bruno (sous la dir.): la Science telle qu’elle se fait : Paris, la Découverte, 1991 BACHELARD, Gaston op. cit. CALLON, Michel: la science et ses réseaux genèse et circulation des faits scientifiques : Paris, la Découverte, 1991 Etudiant les réseaux électriques, la vidéo, la physique... M.Callon, B. Latour et leurs collaborateurs du C.S.I ont multiplié les exemples attestant de cette thèse. MORIN, Edgar: Sociologie : Paris, Fayard, 1984 pp. 169-179 MORIN, Edgar: Commune en France - la métamorphose de Plozevet : Paris, Fayard, 1971 (réed LGF 1984) DUBOST, Jean: art. cit. Comme le soulignent GAULEJAC, Vincent (de) et ROY, Shirley : op. cit. , l’Association Internationale de Sociologie a consenti, au début des années 90, à reconnaître ce carrefour (pour ne pas parler d’école) d’expériences que constitue la posture clinique en sociologie. MORIN, Edgar Sociologie op. cit. p. 12 CROZIER, Michel et FRIEDBERG, Ehrard L’acteur et le système Paris, Seuil, 1977 p. 257 DUBET, François : Sociologie de l’expérience : Paris, Seuil, 1994 p. 257 idem p. 258 ibid. p.253 voir, notamment, DESMAREZ, Pierre : La sociologie aux États-Unis Paris, A. Colin 1986 TOURAINE, Alain op. cit. SAINSAULIEU, Renaud : L’Entreprise, une affaire de société : Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1992 p. 191 Cité par NISBET, Robert A. La tradition sociologique Paris, PUF, 1984 pour la traduction française COMTE-SPONVILLE, André : Petit traité des grandes vertus : Paris, PUF, 1995 p.