coûteuse.
En publiant le petit livre que nous offrons aujourd'hui au public, notre intention est d'y ajouter un attrait de
plus : la rendre instructive. Rappeler aux promeneurs et aux excursionnis
tes les faits qui se sont accomplis sur les
divers points du panorama qui se déroule devant eux, évoquer les souvenirs du passé ; retracer sommairement
l'histoire des vieux monuments disséminés dans ce riant paysage, celle des familles qui les ont bâtis, habités et
illustrés
; présenter enfin les renseignements topographiques, statistiques, industriels, etc., etc, sur chacune des
communes traversées par la voie ferrée, parfois même sur quelques-
unes de celles environnantes, nous semble
être tout à la fois agréable et utile, ajouter un charme de plus au tableau déjà charmant dont se réjouissent les
yeux.
On a dit : «Connaître son pays, c'est apprendre à l'aimer.
» C'est cette parole qui nous a surtout inspiré l'idée
de ce petit livre. Si modeste qu'il s
oit, nous serions heureux qu'il contribuât pour une part, si minime qu'elle puisse
être, à réaliser cette parole bonne et sage ; nous nous tiendrions suffisamment récompensé du labeur
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qu'il nous a coûté s'il parvenait à faire connaître notre pays à ceux-
là qui l'habitent et qui l'aiment instinctivement,
en même temps qu'à le faire aimer de ceux-là qui ne l'habitent pas et qui ne le connaissent que peu ou point.
La part la plus large, sinon la part entière, de ce résultat désiré, serait assurémen
t due aux regrettés savants
De Caumont et Louis Du Bois, à MM. Raymond Bordeaux, de Formeville, Ch. Vasseur, Arthème Pannier, Lacour,
dont les intéressants travaux nous ont fourni de nombreux renseignements ; ainsi qu'à MM. Marie-Cardine,
inspecteur de l'enseignement primaire ; Marsaudout, ngénieur civil, constructeur de la voie ; Delaunay, agent-
voyer ; Delamarre, maire de Bienfaite ; Thieulin, chef d'institution à Orbec, qui nous ont donné des détails
précieux avec une affectueuse obligeance, pour laquelle nous les prions d'agréer ici l'expression de notre vive
gratitude.
Lisieux, 20 mai 1873.
II
Concession de la ligne. —Formation de la Société anonyme conces-
sionnaire. —Travaux. —Détails statistiques. —Exploitation.
L'ouverture, en 1855, de la voie ferrée de Paris à Cherbourg, passant par Bernay et Lisieux, laissant Orbec
isolée dans les terres, à 10 kilomètres sur la gauche, porta un coup funeste à cette dernière ville, jusqu'alors
prospère et florissante.
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L'industrie drapière, le commerce des laines et des frocs, dont elle était autrefois et depuis longtemps un des
centres les plus importants de la contrée, émigrèrent peu à peu et se transportèrent à Lisieux ou à Bernay, près
du chemin de fer, qui offrait pour les approvisionnements une économie sensible, une rapidité incontestable, en
même temps qu'il ouvrait aux transactions commerciales des débouchés nouveaux, et leur assurait un
développement considérable.
A l'activité, au mouvement, à la vie d'un
e cité industrielle et commerçante, succédèrent l'inaction, l'immobilité,
le marasme. La halle d'Orbec, si abondamment approvisionnée de frocs, de flanelles et de molletons, si
fréquentée par tous les fabricants et négociants du Lieuvin, fut désertée ; le
marché hebdomadaire du mercredi,
si animé, ne fut plus suivi que par les cultivateurs, les marchands de bestiaux et les bouchers.
Le centre naguère industriel et agricole à la fois, resta simplement centre agricole.
Les fabriques de rubans, les p
apeteries, les tanneries, demeurées à Orbec et aux environs, bien qu'ayant une
réelle importance, étaient insuffisantes pour ramener là, dans cette rûche abandonnée de ses plus fécondes
abeilles, cette animation incessante, ce va-et-vient continuel de voyageurs et de colis, qui font la prospérité des
villes en même temps que les fortunes particulières.
Orbec, déshéritée d'un chemin de fer, n'était plus que l'ombre d'elle-même !