Vendredi 13 mars 2015 - N°56 FRANCE Les dessous de France Trésor P.2 Des députés PS veulent s’attaquer au Bon Coin. P.3 MONDE Arrestation d’un journaliste qui fait son travail P. 4 Pas de référendum avec les ressources publiques P. 4 Les milliards d’euros gaspillés par l’UE P.5 La France protectrice des Chrétiens d’Orient ? La Banque centrale du Japon passe à l’attaque P.6 RELIGION Pas de mondanité ni de vanité P.7 Rapport de l’AEd sur les persécutions dans le monde P.8 CULTURE Exposition P.9 Concerts de la quinzaine P.10 www.ihsnews.net Le 1er Hebdomadaire catholique gratuit. « Les communicateurs catholiques doivent relever le défi de plus en plus grand de présenter la sagesse, la vérité et la beauté de l’Evangile dans un langage capable de toucher les esprits et les coeurs des innombrables personnes en quête de sens et de direction dans leurs vies, en tant qu’individus et membres de la société» Pape François. IHS News est un service de presse en ligne indépendant s’appuyant sur un réseau de 1500 correspondants. 2 International France Vendredi 13 mars 2015 La France protectrice des chrétiens du Moyen-Orient Depuis des décennies, la France s’est érigée en protectrice des chrétiens de l’empire ottoman, une orientation que ne reniera pas la IIIe République malgré son affrontement interne avec l’Église catholique. La France étend naturellement son protectorat aux chrétiens d’Orient au grand dam de l’empire ottoman, ce qui se traduit notamment par l’intervention en faveur des maronites au Liban en 1860. Durant la guerre de 1914-1918, c’est souvent au nom de cette tutelle que Paris fait valoir ses droits pour contrer les ambitions britanniques. Avec un succès mitigé. « Il ne s’agit pas d’une œuvre philo-chrétienne. Il s’agit de défendre des intérêts bien compris. » « L’armature matérielle du patronage des catholiques d’Orient est (...) au service de l’influence française et non l’inverse ». Au XIXe siècle, le lien entre la France et le Levant est réinventé pour appuyer la diplomatie française. Cette tradition de 1860 va fonder toute la politique française : l’intérêt des chrétiens est ce qui sous-tend nombre de rapports des représentants français. C’est l’action aux côtés de la Turquie contre la Russie pendant la guerre de Crimée (1853-1856) qui fait sortir la France de son isolement diplomatique d’après la défaite de Waterloo en 1815 et lui permet de pénétrer le marché ottoman, dont elle promeut la modernisation technique et politique. Le système est lancé par l’Empire, il est repris et amplifié par la IIIe République. C’est aussi pour cela que l’empire ottoman doit être maintenu : par là, le système français pourra l’être également. En parallèle s’impose le contexte découlant des capitulations et du protectorat français, avec le soutien du Vatican qui n’entretient pas, lui, de relations diplomatiques avec la Sublime Porte. Elle se retrouve particulièrement dans la protection des maronites, la scolarisation des populations ou les subventions aux œuvres catholiques. Au-delà, la France se lance dans une campagne dont profite l’empire ottoman : investissements économiques et financiers, grands travaux d’aménagement public, développement des transports rapides, réseaux scolaires, formation de cadres techniques... Les investissements économiques et financiers se doublent de la gestion de la dette ottomane. Les établissements scolaires et hospitaliers constituent le fer de lance de la présence française dans l’empire ottoman : le finan- cement concerne des établissements laïques comme religieux, malgré la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. Ce qui permet d’éduquer une élite francophone, véritable instrument d’influence. Cette situation est somme toute acceptée par la Turquie qui y voit un bénéfice en termes de progrès pour les populations de l’empire. Pourtant, il n’est pas possible de dire que la France a une politique syrienne avant les guerres balkaniques, même si la Syrie intéresse les Français au plus haut point : un intérêt qui doit être rendu compatible avec leur attachement à l’intégrité de l’empire et qui exclut toute intervention d’une puissance rivale dans les affaires syriennes. L’évolution politique, la prise de conscience nationale arabe ne sont que difficilement perçues par les représentants de la France, avec le plus souvent le rejet de ce qui paraît être un refus de l’ordre français, de la part des Anglais. Le président Raymond Poincaré est bienveillant envers les revendications autonomistes libanaises. Dans ce contexte, la révolution jeune-turque est d’abord perçue comme un progrès, puis comme une radicalisation de la « turcité » de l’Empire, aux dépens des Arabes. Elle est bien accueillie en France par la République radicale de Georges Clemenceau, qui se félicite de l’inspiration fran- çaise de ce mouvement. Mais très rapidement la confiance retombe : massacre d’Arméniens, volonté de supprimer les avantages consentis aux Libanais, ce qui ressemble beaucoup à une mise en cause du système des capitulations. Dans cette situation on pense de plus en plus à un changement de tutelle, au profit de la France : c’est pour cela qu’il faut agir contre les courants contraires (anglais) et« montrer » la France par des démonstrations pacifiques. La France doit reconsidérer sa position et sa politique en 1912. La République modérée qui a pris le relais de la République radicale en 1909 est plus nationaliste ; elle s’est ressoudée à partir de 1911 et l’« affaire » du Maroc. Le parti colonial, qui avait été divisé au moment de la crise du début du siècle découlant de la séparation des Églises et de l’État et de la rupture des relations avec le Saint-Siège (19041905), forme un « comité de l’Orient » en 1908. Une campagne favorable à la constitution d’un espace méditerranéen français est menée à partir de ce moment sous l’égide du comité de l’Asie française. On n’en reste pas moins toujours attaché à l’intégrité de l’empire ottoman. Les Anglais s’intéressent de plus Vendredi 13 mars 2015 International sance musulmane. en plus à la région. Cela passe même par la mise en place de plans diplomatiques ou militaires en direction de la Palestine. Avant le déclenchement de la première guerre mondiale, la Syrie au sens large occupe une place d’importance dans la vision française du Levant. Mais tout reste à définir en ce qui concerne son avenir politique et la mésentente entre Français — la Palestine doit-elle faire partie de la Syrie ? —, doublée de méfiance envers l’Angleterre — quelles visées a-t-elle sur la Palestine ? Cet intérêt est perçu avec vivacité par la France qui se souvient de l’épisode de Fachoda, où Paris avait dû mettre fin à ses ambitions sur le Soudan, en 1898 — une humiliation aux effets durables. Les guerres balkaniques permettent à la France de renforcer son dispositif naval à l’est de la Méditerranée pour faire face aux troubles éventuels ; elle se pose une fois de plus en défenseur des intérêts chrétiens. Un système de défense est mis en place dans tout l’empire, avec plan de sauvetage des chrétiens dans les enceintes des établissements français dans l’attente d’un éventuel corps expéditionnaire. La situation s’aggrave au moment où toutes les communautés de l’empire ottoman servent de recrues : on note alors des recours aux consuls européens pour en obtenir la protection, avec la même exigence que Paris s’empare du mont Liban pour protéger définitivement les maronites. La France craint alors que les Britanniques ne soient sollicités de la même manière. Les consuls sur place encouragent aussi une intervention, mais la situation s’apaise avec l’armistice de Tchataldja du 3 décembre 1912 qui conclut la première guerre balkanique — ce qui rassure la France, qui pouvait craindre une internationalisation de la question de Syrie. 3 UNE CONCENTRATION DES POUVOIRS Au total, cette crise est un point d’orgue et amène un renforcement de la position de Paris dans cette région. La deuxième guerre balkanique met en cause cette stabilisation : le statut des établissements français et de la France en général est questionné par les nouveaux États. Cette baisse de l’influence française dans les Balkans risque d’avoir des conséquences sur la situation du Levant. L’attention se porte en conséquence plus que jamais sur la Syrie, dont il faut assurer l’avenir français en cas de décomposition de l’empire ottoman. Dans ce contexte, le congrès arabe syrien de Paris de juin 1913 permet de cumuler les impératifs politiques du moment : soutenir les Syriens tout en évitant la décomposition de l’empire. Cette réunion est aussi le reflet d’une nouvelle préoccupation : organiser une véritable politique syrienne, qui ne soit plus seulement le soutien aux établissements catholiques. En parallèle à la commission interministérielle des affaires musulmanes est mise en place une commission des affaires syriennes au Quai d’Orsay (dissoute après le congrès arabe de Paris). Elle élabore un plan précis de la Syrie, comprenant Jérusalem ; elle s’entend aussi sur la promulgation d’une politique dirigée vers les Arabes chrétiens et musulmans, qui partagent certaines revendications. Ce renouveau politique est interrompu par la guerre, mais il montre la volonté d’élargir la plate-forme d’action de la France, avec une prise en compte de la population musulmane, de plus en plus importante en nombre, et dont le poids politique grandit. La France ne veut plus passer pour le seul protecteur des chrétiens mais souhaite agir en fonction des intérêts de son propre empire et de sa place de puis- En France les pouvoirs sont rapidement concentrés entre les mains des militaires, tandis que les effectifs du Quai d’Orsay se réduisent. Jean Gout, à la direction d’Asie, et quelques auxiliaires assurent l’intérim, avec, à partir de l’automne 1914, les personnels rapatriés à la suite de l’entrée en guerre de l’empire ottoman. Les pouvoirs sont au bout du compte concentrés dans les mains de très peu de personnes, dont les publicistes, syrianistes et orientalistes Robert de Caix, Louis Massignon et Henri Hoppenot, tous trois proches des cercles de décision dont ils sont écoutés. L’empire ottoman entre en guerre après l’accord secret d’août 1914 entre la Porte et l’Allemagne. L’annonce, le 9 septembre, de la fin des Capitulations pour le 1er octobre provoque la colère des puissances de l’Entente, qui doivent prendre note de l’entrée en guerre de la Porte aux côtés de l’Allemagne. Les consulats sont fermés, les archives brûlées, les intérêts pla- IHSnews ne peut exister que grâce aux abonnements, n’étant appuyé par aucune multinationale et ne recevant aucune subvention de la part de l’état. Vous pouvez nous aider à continuer et à développer ce média en choisissant l’un des abonnements proposés (allant des tarifs réduits aux abonnements de soutien). Cliquez sur le Lien... http://www.ihsnews.net/?page_id=69 4 International cés sous la protection de puissances tierces, ce qui place la France dans l’impossibilité de disposer de sources d’informations directes. temps d’appliquer la suppression des capitulations. À cette déclaration de guerre classique s’ajoute l’appel au djihad, qui s’accompagne de la volonté ottomane de voir se soulever les Arabes. La France ravive alors sa Commission interministérielle des affaires musulmanes. Ainsi d’un projet de soulèvement en Syrie qui s’appuierait sur l’élément chrétien. Un autre plan veut menacer le sud syrien et bombarder les colonies protestantes allemandes établies en Palestine au cas où les établissements français seraient menacés. En parallèle, des rumeurs de massacres de chrétiens se font jour, tandis que des manifestations contre les présences européennes sont organisées. Un réel mouvement de panique s’empare du Liban. Le protectorat français est dénoncé par le pouvoir ottoman le 24 octobre 1914 et la souveraineté ottomane affichée sur les Lieux saints. Les établissements religieux sont pour leur part réquisitionnés, en tant que « biens ennemis ». Le Vatican prend des contacts avec la Porte tandis que la France soupçonne l’Italie, encore neutre, de vouloir prendre pied dans son pré carré. Paris décide de poursuivre le versement d’allocations aux établissements protégés qui restent dans l’empire. Cette politique s’appuie sur la foi généralisée en une guerre courte, qui ne donnera pas le La France envisage également d’autres mesures. Ces projets sont considérés de manière plus sérieuse à partir de l’entrée en guerre de la Turquie : la France envisage d’agir dans les zones où son influence serait durable, comme la Syrie du nord, avec exclusion des Lieux saints. Dans ces conditions, on considère à Paris que ce sont les Allemands qui guident les principales mesures destructrices dirigées contre les établissements français. Une intervention militaire est envisagée, mais pas plus, pour ne pas remettre en cause l’intégrité de l’empire. La perspective d’une Syrie indépendante est encore inconcevable pour les diplomates français. À l’inverse, Paris est soucieux d’entretenir l’influence française dans la région en y développant un réseau d’espions pour contrer la menace panislamiste agitée par l’Allemagne. D’autres idées françaises évoquent une internationalisation de l’intervention militaire, faisant Vendredi 13 mars 2015 fi des réticences du ministère des affaires étrangères à voir entrer d’autres puissances dans les affaires syriennes, en particulier les Italiens. çaise serait le signe d’une guerre sainte à rebours contre l’islam — option incompatible au regard de la politique musulmane dirigée vers l’empire colonial. On en arrive à un plan de débarquement sur la côte syrienne entre Haïfa et Alexandrette, mais la proposition britannique d’attaquer les Dardanelles reporte cette opération. QUEL AVENIR POUR L’EMPIRE OTTOMAN ? Au final, du point de vue militaire, la France envoie principalement une mission en Égypte dont le but est de poursuivre la coopération inaugurée en fin d’année 1914 (contre les Turcs, sur le canal de Suez) et d’évaluer le projet britannique de soulèvement arabe. Car les Français se rendent compte que les Anglais ont changé d’attitude : ils sont passés du désintérêt vis-à-vis de la Turquie à une forte préoccupation devant le renforcement des troupes turques en Palestine. Face à la radicalisation ottomane (déportation de chefs maronites à Jérusalem en mars 1915), les Français regroupent leurs forces au large de la Syrie et mettent en place un service de renseignement qui, au départ, ne couvre pas la Palestine. Mais on s’abstient de mettre en place une unité précise militaire contre les Ottomans formée de « locaux » : la présence d’irréguliers chrétiens dans l’armée fran- Lorsque la Russie affirme ses intérêts dans les affaires orientales, la France tient à préserver ses intérêts spécifiques contre les visées orthodoxes sur la Palestine et russes sur Constantinople. Le maître mot est le maintien du statu quo. L’Italie entre aussi en guerre aux côtés de l’Entente, avec désormais une place plus importante dans les affaires d’Orient, au détriment de la France. La question du destin de l’empire ottoman est reposée : sera-t-il dépecé ou non ? Certains évoquent une Syrie indépendante ; d’autres veulent imposer une solution française en Palestine, refusée par les Russes. De son côté, le comité de l’Asie française, un lobby colonial, poursuit son appui au maintien de l’empire ottoman. À ses yeux, cela devrait permettre d’exiger plus aisément le rétablissement de la situation antérieure et des réparations pour les dommages subis par les établissements français. Mais il indique aussi que si le Vendredi 13 mars 2015 International démantèlement de l’Empire est prévu, il faudra que la France soit assurée des zones qu’elle en obtiendra. Le sénateur et membre du parti colonial Étienne Flandin est favorable à une « grande Syrie », avec une enclave territoriale internationale pour Jérusalem et Bethléem. À l’argument des traditions de la France dans la région, il ajoute celui de la puissance musulmane : la France doit être là-bas pour protéger les pèlerinages des musulmans en provenance d’Afrique du Nord. Enfin, l’ancien consul général de France à Beyrouth, alors en poste à Paris, François Georges-Picot tient à ce que le régime international soit appliqué pour Jérusalem, afin d’éviter des conflits ultérieurs. La donne est peu à peu modifiée par la concrétisation de la révolte arabe. La France renforce alors ses effectifs, qui demeurent concentrés à Salonique (armée d’Orient). L’Angleterre pense que l’Allemagne est à même de prendre l’Égypte et renforce alors sa présence, diminuant ses effectifs à Salonique. La France est dans la situation inverse de celle de 1914, quand elle avait refusé l’ouverture d’un second front pour ne pas créer une question de Syrie. À la fin de 1915, elle veut un second front, mais au nord de la région. Sur place, la répression s’accentue en Syrie : Djemal Pacha, l’un des principaux responsables jeunes-turcs, commandant militaire ottoman en Syrie et en Palestine, met alors à profit la découverte de documents au consulat français de Beyrouth qui révèlent les pétitions autonomistes d’avant-guerre. Aux représailles s’ajoute la famine. Paris décide alors de se positionner militairement : c’est l’occupation de l’île d’Arouad, située en face de Tartous en Syrie, à la fin août 1915, afin de créer une base avancée dans l’est de la Méditerranée. FACE À LA RÉVOLTE ARABE (OCTOBRE 1915-1917) Avec Aristide Briand à la tête du gouvernement, l’ouverture d’un nouveau front est désormais envisagée. La prise en considération de l’Orient est toutefois plus due à la réorientation anglaise, qui se traduit par l’insurrection arabe. Aux yeux de Paris, Londres doit respecter les ambitions françaises, notamment en ce qui concerne la Palestine. On s’oriente alors vers un partage de la région. Les visées anglaises sur la Palestine, affichées dès le départ, ne trouvent pas vraiment de répondant en France : rien n’y est prêt. C’est de ce moment que date la négociation Sykes-Picot qui démontre plusieurs avancées dans la politique orientale de la France : - acceptation du démembrement de l’empire ottoman ; - exigence de vastes compensations pour la perte d’influence française ; - acceptation de la création d’un royaume arabe ; - discussion seulement sur les frontières de Syrie ; - volonté française d’obtenir une Syrie vaste, qui, si elle n’est pas forcément importante du point de vue économique, « est nécessaire à sa puissance culturelle et intellectuelle »5. La Palestine entre pleinement dans le plan français pensé par Georges-Picot, qui se fonde sur l’idée d’un régime international pour Jérusalem et les Lieux saints. Pour sa part, le parti colonial français refuse l’internationalisation de la Palestine, trop contraire aux intérêts de la France. Et rejette catégoriquement ce qui pourrait ressembler à des aspirations anglaises sur la Palestine : le Royaume-Uni, puissance protestante, n’a que peu d’œuvres en Palestine, et donc ne peut avoir de revendications territoriales là. L’année 1916 est aussi marquée par l’apparition du facteur sioniste. Option progressivement prise en compte par les Anglais, elle est fermement rejetée par les Français, qui y voient une façon d’installer le Royaume-Uni en Palestine. L’Italie, quant à elle, revendique sa part du gâteau. Au moment où se déclenche la révolte arabe, en juin 1916, la France est très prudente : son souci est d’empêcher que ce mouvement ne profite qu’aux Anglais. Pour limiter les dégâts, on songe à l’envoi d’une délégation qui équiperait une partie de la nouvelle force arabe : à défaut, totalement arabisée, celle-ci risquerait de se retourner contre les puissances chrétiennes. Cette intervention permet d’intégrer le Hedjaz dans la politique musulmane de la France. En parallèle est diffusée une large propagande, dirigée principalement 5 contre les Allemands, montrant une France forte prête à accorder des réformes aux populations locales. En parallèle se déroule la deuxième vague de répression à l’encontre des Syriens séparatistes menée par les Ottomans. À laquelle s’ajoute l’intensification de la famine en Syrie. Briand refuse le principe d’une intervention humanitaire, les chances d’un nouveau front en Europe se multipliant, alors que les Anglais pensent de plus en plus à le faire dans le sud de la Palestine. À la fin décembre 1916, la prise d’El-Arish, dernier verrou ottoman dans le Sinaï, provoque la décision française d’accompagner le mouvement britannique vers la Palestine, afin d’éviter que la Grande-Bretagne n’y arrive seule : on accepte le principe d’une occupation mixte provisoire, avec nomination de Georges-Picot comme haut-commissaire français de Palestine. En janvier 1917, un ravitaillement de la Syrie, en collaboration entre les États-Unis et l’empire ottoman et à l’instigation de la France est un coup d’épée dans l’eau. Très affaiblie, la Syrie ne peut plus être considérée comme un centre potentiel d’insurrection : la France doit se résigner à la solution hédjazienne, qui est celle promue par Londres et la plus active depuis la révolte arabe de la mi-1916. Au total, au cours de cette période, l’arabisation de la question d’Orient se fait au détriment des Français, et surtout de leur clien- International 6 tèle principalement chrétienne. CONTRE-OFFENSIVE GLAISE (1917-1918) AN- L’année 1917 est marquée par de profonds bouleversements : l’entrée en guerre des États-Unis, une idéologisation du conflit, les révolutions russes, les échecs militaires français et les mutineries, la crise politique française, le retour au pouvoir des tenants britanniques de l’impérialisme que sont George Curzon et Arthur Balfour, l’action de Thomas Edward Lawrence. À cela s’ajoute la prise en compte définitive des aspirations italiennes sur la région (accords de Saint-Jean-de-Maurienne). Résignés, les Français accordent à Rome la présence d’un petit contingent dénué de visées politiques. En parallèle à un accord avec le chérif Hussein de la Mecque, où l’on parle de « Syrie musulmane », la France songe à une paix séparée avec les Ottomans. Un militaire, le commandant Sarrou, est envoyé en mission en mars 1917 pour rencontrer Djemal Pacha et lui proposer la paix à condition d’un retour à la situation d’avant guerre. Cette paix est une idée de Henry Morgenthau, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de la Sublime Porte, qui songe à mettre la Palestine sous autorité des puissances chrétiennes. Sur le terrain, les Alliés planifient la campagne de Palestine : un détachement militaire français est mis en place, en parallèle à une mission dirigée par Georges-Picot, destinée à propager l’idée politique arabe. De fait, confrontée aux ambitions arabes, Paris en déduit qu’elle doit agir de l’intérieur et susciter des appuis de la part des populations amies de Syrie, les mettant en garde contre les aspirations issues du Hedjaz. Est alors formé un « comité central syrien » dont le programme national est placé sous tutelle française. Mais cette action n’aboutit pas, les Syriens arrivés dans le Hedjaz se livrant de plus en plus à une politique panarabiste. À partir de l’été 1917, après la prise d’Akaba, T. H. Lawrence laisse désormais la Palestine de côté ; pour Paris c’est le signe que cette région doit tomber dans l’escarcelle anglaise vierge de tout panarabisme. Dans ce contexte, les Syriens d’Égypte, appelés à agir directement dans un proche futur, prennent plus d’importance. Une Légion arabe, encadrée du côté français par Louis Massignon et le lieutenant — et futur diplomate — Robert Coulondre, s’avère rapidement médiocre. Mais Gaston Maugras, adjoint de Georges-Picot, croit à la force du sentiment national arabe. Massignon confirme le poids intellectuel de la France dans le développement de ce sentiment, mais il indique aussi qu’il ne faut pas en espérer beaucoup, sauf à l’orienter favorablement. L’expérience n’aboutit pas, et Georges-Picot y met fin dès le 1er mars 1918. La France semble donc ne pas avoir les moyens de sortir de sa politique traditionnelle et nombreuses sont ses faiblesses, qui ne peuvent améliorer son image : impact de la faillite de Georges-Picot à Beyrouth, ravitaillement raté des populations chrétiennes en 1916... Une dernière tentative réside dans l’envoi d’un corps expéditionnaire, mais les militaires français en trouvent le coût trop important et les Anglais n’en veulent pas. Le début de la campagne de Palestine correspond à l’arrivée de Clemenceau aux affaires. Le nouveau chef de gouvernement s’intéresse à l’Orient, il est favorable à une influence française, mais pas par le biais des établissements congréganistes. Logiquement, il rejette les déclarations de Raymond Poincaré favorables aux chrétiens d’Orient. Vendredi 13 mars 2015 de l’été 1918, on rétablit une partie de l’administration civile, mais pas les juridictions consulaires. La France pense alors au reste de la Syrie, et un détachement plus important arrive en Palestine en février 1918 : Clemenceau fait passer le Détachement français de Palestine (DFP) de 2 800 à 6 200 hommes. Mais la situation en France interdit un plus grand engagement. La déclaration Balfour quant à elle n’est pas là pour simplifier les choses : elle impose la question sioniste, dont la France ne veut pas. Le général britannique Edmund Allenby commence à occuper la Palestine à partir du début novembre 1917. Il tient à y installer une administration militaire, ce qui provoque la colère de Georges-Picot qui y voit une violation des différents accords. Et il obtient une présence militaire française à Jérusalem. Paris doit alors manifester son attachement à la cause syrienne et multiplie les déclarations, mais cela s’accommode mal des opérations militaires qui l’évincent pratiquement. C’en est alors fait des prétentions françaises sur la Palestine. Au mois de décembre, la France essaie tout de même de reconquérir le terrain perdu : reprise des allocations aux établissements français et à la Custodie franciscaine de Terre sainte, messe au Saint-Sépulcre avec honneurs liturgiques, réouverture de certains établissements en février 1918. Cette approche évolue au cours de la guerre, faisant coexister la perception ancienne d’une répartition de la population en groupes religieux et une appréhension séculaire de la répartition de la population en groupes nationaux. L’évolution est due à la politique arabe du Royaume-Uni et à la révolte arabe. Paris tente d’imposer la présence d’adjoints militaires français à Allenby, dont l’un serait par exemple gouverneur de Bethléem. Mais tout cela reste vain : seule la garde du Saint- Sépulcre et de la Nativité est obtenue. Au début Dans toute cette affaire, la Syrie apparaît comme le reflet de l’histoire d’une vision de l’Orient. Mais le « saut » est refusé par les responsables français. Au lendemain de la guerre, la France doit définitivement renoncer à ses aspirations : le mandat sur la Syrie et le Liban n’est qu’un pis-aller, retardant les échéances de réalisations nationales qui se feront aux dépens de l’ancienne puissance protectrice. Vendredi 13 mars 2015 Catholicisme 7 Ce sont les saints qui portent l’Eglise pas les puissants Un chrétien ne peut pas céder au compromis : s’il ne se laisse pas toucher par la miséricorde de Dieu, s’il n’aime pas son prochain, comme le font les Saints, il finit par être un hypocrite qui détruit et se perd plutôt que de faire le Bien. C’est le message transmis par le Pape François, dans son homélie, ce jeudi matin. Lors de la messe, célébrée en la chapelle de la maison Sainte Marthe au Vatican, le Saint-Père rappelle que Dieu a construit au fil du temps l'histoire de sa relation avec les hommes, avec les prophètes, puis avec les Saints. Pourtant, en dépit de leurs enseignements et de leurs actions, l'histoire du Salut a été accidentée, marquée par de nombreuses hypocrisies et infidélités. Dieu « a tout donné » souligne le Pape mais en retour il n’a reçu que de « mauvaises choses ». « La fidélité a disparu », affirme le Saint-Père, « vous n'êtes pas un peuple fidèle » : « Voilà l'histoire de Dieu. Il semble que Dieu pleurait, ici, je t’ai tant aimé, je t’ai tant donné et toi ... Même Jésus a pleuré en regardant Jérusalem. Parce qu’il y avait dans le cœur de Jésus toute cette histoire où ces Pharisiens, qui étaient éloignés de l’amour de Dieu ». la fidélité avait disparu ». Nous agissons selon notre volonté, indique le Saint-Père, mais dans le cheminement de la vie nous suivons une voie de « durcissement » : « le cœur se durcit, se pétrifie ». « Et la Parole du Seigneur ne nous parvient pas. Et le peuple s’éloigne. Même notre histoire personnelle peut devenir ainsi. Et aujourd'hui, en ce temps de carême, nous pouvons nous demander : est-ce que j’écoute la voix du Seigneur, ou est-ce que je fais ce que je veux, ce qui me plait ? » Et le Pape indique que « même l’Évangile de ce jour nous montre un exemple de cœur endurcit, sourd à la voix de Dieu, lorsque Jésus guérit un homme possédé par le démon et qu’en échange il est accusé d’être un sorcier démoniaque » : “ C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons”. C’est l'excuse typique des “légalistes”, note François, « qui croient que la vie est régie par les lois qu’ils font ». Et le SaintPère indique que « cela est arrivé aussi dans l'Histoire de l'Eglise » Et il cite l’exemple de « la pauvre Jeanne d'Arc : aujourd'hui Sainte ». Elle a été brulée vive rappelle le Pape parce qu’elle était « accusée d'hérésie » ... Mais, affirme-t-il, ce sont ceux-là même qui l’accusaient, « ceux qui connaissaient la doctrine sûre : Le Saint-Père évoque également la figure du bienheureux Rosmini : « mis à l’Index pour certains de ses écrits et qui est aujourd’hui Bienheureux ». Dans l'histoire de Dieu avec son peuple, le Seigneur a envoyé les Prophètes, pour dire à son peuple qu'il l’aimait. Dans l'Église, le Seigneur envoie les Saints. « Ce sont les Saints, déclare le Pape, qui font avancer la vie de l'Eglise, non pas les puissants, les hypocrites ». Les Saints, ajoute le Pape, sont « des hommes et des femmes qui n’ont pas peur de se laisser caresser par la miséricorde de Dieu. C’est pourquoi ils comprennent tant de misère, tant de misères humaines, et accompagnent le peuple. Ils ne méprisent pas le peuple ». « Jésus a dit: “celui qui n’est pas avec moi est contre moi”. Il n’y a pas d’autre voie de compromis a conclu le Pape. Ou tu es sur le chemin de l'amour, ou tu es sur le chemin de l'hypocrisie. Ou tu te laisses aimer par la miséricorde de Dieu, ou tu fais ce que tu veux, selon ton cœur qui s’endurcit de plus en plus ». Il n’existe pas de péché que Dieu ne puisse pardonner La confession ne doit pas être vécue comme « une torture » ni pratiquée comme « un interrogatoire pressant ». Elle doit, au contraire, libérer et éduquer à la miséricorde tout en favorisant, autant que possible, la réparation du mal accompli. Le Pape François l’a affirmé, ce jeudi matin, en recevant les participants au cours annuel sur le for interne proposé aux nouveaux et futurs prêtres par le Tribunal de la Pénitencerie apostolique. Le thème choisi cette année : « Comment administrer correctement le sacrement de pénitence », un thème abordé sous plusieurs angles : canonique, moral, litur- gique, pastoral. Pour le Pape, le pénitent devrait sortir du confessionnal, « le cœur joyeux, le visage rayonnant d’espérance ». « Il n’existe pas de péché que Dieu ne puisse pardonner. Aucun ! » a martelé le Saint-Père, les pénitents tout autant que les confesseurs ne doivent jamais l’oublier. « Seul ce qui se soustrait à la Miséricorde divine ne sera pas pardonné ». Si la confession doit éduquer les fidèles à la miséricorde, les confesseurs doivent eux aussi, selon le Pape François, se laisser éduquer par le Sacrement de la Réconciliation. Il leur arrive, en effet, d’entendre des confessions édifiantes et même parfois d’assister à « des miracles de conversion ». Les prêtres ont beaucoup à apprendre de la conversion et du repentir des fidèles qui les poussent à faire eux aussi leur examen de conscience ; surtout, « ils doivent toujours garder le regard tourné vers le Ciel, ne jamais perdre le sens du surnaturel ». Et c’est un appel à l’humilité que le Souverain Pontife lance aux confesseurs. Ces derniers ne doivent pas oublier que s’ils ont été amenés à accomplir ce ministère, « ce n’est pas en raison de leurs propres mérites, de leurs compétences théologiques ou juridiques, ou de leurs qualités humaines ou psychologiques. Ils sont ministres de la réconciliation par la grâce de Dieu ». En conclusion, le Pape François demande aux confesseurs d’accueillir les pénitents en respectant la dignité et l’histoire personnelle de chacun. Tout fidèle qui s’approche du confessionnal est, selon lui, une terre sacrée qu’il faut cultiver avec dévouement et attention pastorale. Ainsi les fidèles seront encouragés à se confesser plus fréquemment. 8 Catholicisme Vendredi 13 mars 2015 La vieillesse est une vocation « La vieillesse est une vocation », c’est ce qu’affirmé avec force le Pape ce mercredi matin, lors de l’audience générale Place St Pierre, au cours d’une catéchèse consacrée cette semaine encore au rôle et à l’importance des grands-parents et des personnes âgées dans l’Eglise et la société ; une catéchèse que le Pape a tenue en s’identifiant totalement à ces personnes, « car j’appartiens, moi aussi, à cette catégorie », a-t-il souligné. La vieillesse, une grâce et une mission « Il est vrai que la société tend à vouloir nous écarter, mais certainement pas le Seigneur », a précisé d’entrée François, insistant ensuite sur l’essence même de la vieillesse, qui est « une vocation, une grâce et une mission particulières ». rite Benoît XVI, qui a choisi de se retirer dans une vie de prière et de contemplation. La prière des aînés « La prière des anciens est un don pour l’Église et pour toute société trop affairée et trop distraite, a poursuivi le Pape. Cette période de la vie est certes différente des précédentes, c’est pourquoi « nous devons nous l’inventer en quelque sorte, parce que nos sociétés ne sont pas prêtes, spirituellement et moralement, à lui donner sa valeur pleine et entière ». Le pape a ensuite avoué avoir été touché par la « journée des anciens », -qui s’est tenue au Vatican le 28 septembre dernier-, au cours de laquelle il lui avait été donné d’entendre plusieurs témoignages de personnes âgées qui s’engageaient au service des autres : « c’est une réflexion à poursuivre, dans le domaine ecclésial et civil ». Les anciens peuvent remercier le Seigneur pour ceux qui négligent de le faire, et intercéder pour les nouvelles générations. François a ensuite longuement évoqué cette image « émouvante et encourageante » de l’Evangile selon St Luc, celle du vieillard Siméon et de la prophétesse Anne. Ils peuvent faire comprendre aux jeunes qu’une vie sans amour est une vie desséchée, que l’angoisse de l’avenir peut être vaincue, qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Eux, qui dans leur grand âge, attendaient chaque jour le Salut d’Israël, reconnurent dans l’Enfant-Jésus le Messie tant attendu. Les anciens et grands-parents forment un « chœur permanent dont la louange soutient la communauté qui travaille et qui lutte dans la vie ». « Ils découvrirent alors une force nouvelle, un nouveau devoir : rendre grâce et témoigner ». « Dans la prière, observe encore François, les anciens purifient leur cœur et se gardent ainsi de l’endurcissement et du ressentiment qui leur feraient perdre le sens de leur témoignage de sagesse. « Chers anciens, chers grands-parents, a lancé le Pape, nous devons nous mettre dans les traces de ces extraordinaires aînés ! », en devenant intercesseurs dans la prière. Et le Pape François de citer son prédécesseur le pape émé- Loin de mépriser les jeunes, « la mission des grands-parents est vraiment de les encourager dans leur recherche de la foi et du sens de la vie ». « Comme j’aimerais une Eglise qui défie la culture du rejet, avec la joie débordante d’une nouvelle étreinte entre les jeunes et les anciens ! », a conclu le Pape. Vendredi 13 mars 2015 Culture 9 A la découverte de nos régions de France Le Cotentin, une réelle douceur de vivre (1/2) drilatère entouré de douves et est constituée d’un ensemble de bâtiments allant du XVè au XVIIè. Siècle. Le Cotentin, c’est bien sûr la presqu’île cernée par la mer, que tout le monde connaît , avec ses stations balnéaires, sa côte, et son climat très doux , qui vient ainsi rivaliser avec sa voisine la Bretagne et ravivant la vieille querelle du Mont-Saint-Michel « que le Couesnon, dans sa folie, mit en Normandie. Mais le Cotentin, ce sont aussi les marais, qui par leur douceur de vivre rappelle, quant à eux, les paysages aux lumières douces des pays de Loire. Ce sont des horizons nombreux et variés, et une architecture caractéristique typique, qui sont à découvrir. Le Cotentin tire son nom du pays de Coutances « Pagus constantiensis », qui offre cependant un territoire bien plus étendu. Si comme nous venons de le voir, la presqu’île est très touristique, les marais innombrables qui ont longtemps rendu les communications très difficiles avec le reste de la Normandie, l’isolant et donc la rendant méconnue. Cette terre de vikings, enjeu de multiples guerres entre Anglo-normands et Français, s’est structurée au fil des âges autour de Seigneureries, points de départ des infrastructures actuelles. Le point fort du Cotentin reste ses accès maritimes, enjeu capital. Au fil des siècles se sont constitués un nombre considérable de havres et zones d’échouage, sous l’égide des communautés monastiques ou de seigneurs laïcs. L’un de ces plus grands domaines, est la Baronnie de Bricquebec. Aujourd’hui c’est un ravissant bourg à l’architecture typique dominé par un donjon et enserré de solides remparts abritant un extraordinaire chartrier qui renfermait il y a peu de temps encore plus de 8 000 documents. Cantonnant le domaine de part et d’autre, le Manoir de Rozel, côté mer, ancien demi-fief ; et à l’Est, Saint Martin–le-Hébert, plein-fief, absolument magnifique. Cette propriété s’inscrit dans un qua- L’Empreinte monastique, quant à elle, est toujours bien présente, offrant de nombreuses abbayes et prieurés, tel celui de La Taille à La Haye d’Ectot. Niché au cœur d’un massif forestier, cet ancien ermitage a été édifié autour de l’an 1000 par un frère qui joua un rôle essentiel dans la fondation des églises de la région et l’évangélisation. Après ce rapide survol de la région côtière qui vous conduira d’Avranches à Arromanches en passant par Coutances, La Hague, Cherbourg, le Val de Saire, Saint-Lo, mais aussi le début des plages du débarquement, c’est tout un patrimoine historique, touristique et gastronomique pour les plus gourmands, qui vous sera offert. Vous pourrez alors vous tourner vers les « terres » et découvrir les Marais, à l’ombre des plages du débarquement et des côtes normandes. Cette partie du Cotentin est totalement méconnue. Il est bien facile de se limiter au côtes toutes proches et d’ignorer les vastes prairies sillonnées de rivières lentes et sinueuses. Les marais sont morcelés par un réseau irrégulier de fossés. Autrefois estuairiens et vivants au gré des marées, ils ne sont presque plus dépendants que des crues. Cela est le résultat des politiques d’assèchement (notamment au moyen-âge) et à la construction de portes à flots, de ponts, entravant la dynamique naturelle. Cette partie du territoire est émaillée d’un chapelet de manoirs et châteaux. L’un d’entre eux est tout à fait emblématique des forteresses édifiées, le château de l’Isle-Marie, qui contrôlait les voies fluviales et terrestres stratégiques. A suivre...