La France protectrice des Chrétiens d`Orient

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Vendredi 13 mars 2015 - N°56
FRANCE
Les dessous de France
Trésor P.2
Des députés PS veulent
s’attaquer au Bon Coin. P.3
MONDE
Arrestation d’un journaliste
qui fait son travail P. 4
Pas de référendum avec
les ressources publiques P.
4
Les milliards d’euros gaspillés par l’UE P.5
La France
protectrice
des Chrétiens d’Orient ?
La Banque centrale du Japon passe à l’attaque P.6
RELIGION
Pas de mondanité ni de vanité P.7
Rapport de l’AEd sur
les persécutions dans le
monde P.8
CULTURE
Exposition P.9
Concerts de la quinzaine
P.10
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« Les communicateurs catholiques doivent relever le défi de plus en plus grand de présenter la sagesse, la vérité et la beauté
de l’Evangile dans un langage capable de toucher les esprits et les coeurs des innombrables personnes en quête de sens et de
direction dans leurs vies, en tant qu’individus et membres de la société» Pape François.
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International
France
Vendredi 13 mars 2015
La France protectrice des chrétiens du Moyen-Orient
Depuis des décennies, la France
s’est érigée en protectrice des
chrétiens de l’empire ottoman,
une orientation que ne reniera
pas la IIIe République malgré
son affrontement interne avec
l’Église catholique.
La France étend naturellement
son protectorat aux chrétiens
d’Orient au grand dam de l’empire ottoman, ce qui se traduit
notamment par l’intervention en
faveur des maronites au Liban
en 1860.
Durant la guerre de 1914-1918,
c’est souvent au nom de cette
tutelle que Paris fait valoir ses
droits pour contrer les ambitions
britanniques. Avec un succès mitigé.
« Il ne s’agit pas d’une œuvre
philo-chrétienne. Il s’agit de défendre des intérêts bien compris.
» « L’armature matérielle du patronage des catholiques d’Orient
est (...) au service de l’influence
française et non l’inverse ».
Au XIXe siècle, le lien entre la
France et le Levant est réinventé
pour appuyer la diplomatie française.
Cette tradition de 1860 va fonder toute la politique française :
l’intérêt des chrétiens est ce qui
sous-tend nombre de rapports
des représentants français.
C’est l’action aux côtés de la Turquie contre la Russie pendant la
guerre de Crimée (1853-1856)
qui fait sortir la France de son
isolement diplomatique d’après
la défaite de Waterloo en 1815 et
lui permet de pénétrer le marché
ottoman, dont elle promeut la
modernisation technique et politique. Le système est lancé par
l’Empire, il est repris et amplifié
par la IIIe République.
C’est aussi pour cela que l’empire ottoman doit être maintenu :
par là, le système français pourra
l’être également.
En parallèle s’impose le contexte
découlant des capitulations et du
protectorat français, avec le soutien du Vatican qui n’entretient
pas, lui, de relations diplomatiques avec la Sublime Porte.
Elle se retrouve particulièrement
dans la protection des maronites,
la scolarisation des populations
ou les subventions aux œuvres
catholiques.
Au-delà, la France se lance dans
une campagne dont profite l’empire ottoman : investissements
économiques
et
financiers,
grands travaux d’aménagement public, développement des
transports rapides, réseaux scolaires, formation de cadres techniques... Les investissements
économiques et financiers se
doublent de la gestion de la dette
ottomane.
Les établissements scolaires et
hospitaliers constituent le fer de
lance de la présence française
dans l’empire ottoman : le finan-
cement concerne des établissements laïques comme religieux,
malgré la loi de séparation des
Églises et de l’État de 1905. Ce
qui permet d’éduquer une élite
francophone, véritable instrument d’influence. Cette situation
est somme toute acceptée par la
Turquie qui y voit un bénéfice en
termes de progrès pour les populations de l’empire.
Pourtant, il n’est pas possible de
dire que la France a une politique
syrienne avant les guerres balkaniques, même si la Syrie intéresse les Français au plus haut
point : un intérêt qui doit être
rendu compatible avec leur attachement à l’intégrité de l’empire
et qui exclut toute intervention
d’une puissance rivale dans les
affaires syriennes.
L’évolution politique, la prise
de conscience nationale arabe
ne sont que difficilement perçues par les représentants de la
France, avec le plus souvent le
rejet de ce qui paraît être un refus
de l’ordre français, de la part des
Anglais. Le président Raymond
Poincaré est bienveillant envers
les revendications autonomistes
libanaises.
Dans ce contexte, la révolution
jeune-turque est d’abord perçue
comme un progrès, puis comme
une radicalisation de la « turcité
» de l’Empire, aux dépens des
Arabes. Elle est bien accueillie
en France par la République radicale de Georges Clemenceau,
qui se félicite de l’inspiration fran-
çaise de ce mouvement.
Mais
très
rapidement
la
confiance retombe : massacre
d’Arméniens, volonté de supprimer les avantages consentis aux
Libanais, ce qui ressemble beaucoup à une mise en cause du
système des capitulations. Dans
cette situation on pense de plus
en plus à un changement de tutelle, au profit de la France : c’est
pour cela qu’il faut agir contre les
courants contraires (anglais) et«
montrer » la France par des démonstrations pacifiques.
La France doit reconsidérer sa
position et sa politique en 1912.
La République modérée qui a
pris le relais de la République
radicale en 1909 est plus nationaliste ; elle s’est ressoudée à
partir de 1911 et l’« affaire » du
Maroc.
Le parti colonial, qui avait été
divisé au moment de la crise du
début du siècle découlant de la
séparation des Églises et de
l’État et de la rupture des relations avec le Saint-Siège (19041905), forme un « comité de
l’Orient » en 1908.
Une campagne favorable à la
constitution d’un espace méditerranéen français est menée à partir de ce moment sous l’égide du
comité de l’Asie française.
On n’en reste pas moins toujours
attaché à l’intégrité de l’empire
ottoman.
Les Anglais s’intéressent de plus
Vendredi 13 mars 2015
International
sance musulmane.
en plus à la région. Cela passe
même par la mise en place de
plans diplomatiques ou militaires
en direction de la Palestine.
Avant le déclenchement de la
première guerre mondiale, la
Syrie au sens large occupe une
place d’importance dans la vision
française du Levant. Mais tout
reste à définir en ce qui concerne
son avenir politique et la mésentente entre Français — la Palestine doit-elle faire partie de la
Syrie ? —, doublée de méfiance
envers l’Angleterre — quelles visées a-t-elle sur la Palestine ?
Cet intérêt est perçu avec vivacité par la France qui se souvient
de l’épisode de Fachoda, où Paris avait dû mettre fin à ses ambitions sur le Soudan, en 1898
— une humiliation aux effets durables.
Les guerres balkaniques permettent à la France de renforcer
son dispositif naval à l’est de la
Méditerranée pour faire face aux
troubles éventuels ; elle se pose
une fois de plus en défenseur
des intérêts chrétiens.
Un système de défense est mis
en place dans tout l’empire, avec
plan de sauvetage des chrétiens
dans les enceintes des établissements français dans l’attente
d’un éventuel corps expéditionnaire.
La situation s’aggrave au moment où toutes les communautés de l’empire ottoman servent
de recrues : on note alors des
recours aux consuls européens
pour en obtenir la protection,
avec la même exigence que Paris s’empare du mont Liban pour
protéger définitivement les maronites.
La France craint alors que les
Britanniques ne soient sollicités
de la même manière.
Les consuls sur place encouragent aussi une intervention,
mais la situation s’apaise avec
l’armistice de Tchataldja du 3 décembre 1912 qui conclut la première guerre balkanique — ce
qui rassure la France, qui pouvait
craindre une internationalisation
de la question de Syrie.
3
UNE CONCENTRATION DES
POUVOIRS
Au total, cette crise est un point
d’orgue et amène un renforcement de la position de Paris dans
cette région.
La deuxième guerre balkanique
met en cause cette stabilisation :
le statut des établissements français et de la France en général
est questionné par les nouveaux
États.
Cette baisse de l’influence française dans les Balkans risque
d’avoir des conséquences sur la
situation du Levant. L’attention
se porte en conséquence plus
que jamais sur la Syrie, dont il
faut assurer l’avenir français en
cas de décomposition de l’empire ottoman.
Dans ce contexte, le congrès
arabe syrien de Paris de juin
1913 permet de cumuler les impératifs politiques du moment :
soutenir les Syriens tout en évitant la décomposition de l’empire.
Cette réunion est aussi le reflet
d’une nouvelle préoccupation :
organiser une véritable politique
syrienne, qui ne soit plus seulement le soutien aux établissements catholiques.
En parallèle à la commission
interministérielle des affaires
musulmanes est mise en place
une commission des affaires
syriennes au Quai d’Orsay (dissoute après le congrès arabe de
Paris).
Elle élabore un plan précis de
la Syrie, comprenant Jérusalem
; elle s’entend aussi sur la promulgation d’une politique dirigée
vers les Arabes chrétiens et musulmans, qui partagent certaines
revendications.
Ce renouveau politique est interrompu par la guerre, mais
il montre la volonté d’élargir la
plate-forme d’action de la France,
avec une prise en compte de la
population musulmane, de plus
en plus importante en nombre, et
dont le poids politique grandit.
La France ne veut plus passer
pour le seul protecteur des chrétiens mais souhaite agir en fonction des intérêts de son propre
empire et de sa place de puis-
En France les pouvoirs sont rapidement concentrés entre les
mains des militaires, tandis que
les effectifs du Quai d’Orsay se
réduisent. Jean Gout, à la direction d’Asie, et quelques auxiliaires assurent l’intérim, avec,
à partir de l’automne 1914, les
personnels rapatriés à la suite
de l’entrée en guerre de l’empire
ottoman.
Les pouvoirs sont au bout du
compte concentrés dans les
mains de très peu de personnes,
dont les publicistes, syrianistes et orientalistes Robert de
Caix, Louis Massignon et Henri
Hoppenot, tous trois proches des
cercles de décision dont ils sont
écoutés.
L’empire ottoman entre en guerre
après l’accord secret d’août 1914
entre la Porte et l’Allemagne.
L’annonce, le 9 septembre, de
la fin des Capitulations pour le
1er octobre provoque la colère
des puissances de l’Entente, qui
doivent prendre note de l’entrée
en guerre de la Porte aux côtés
de l’Allemagne.
Les consulats sont fermés, les
archives brûlées, les intérêts pla-
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International
cés sous la protection de puissances tierces, ce qui place la
France dans l’impossibilité de
disposer de sources d’informations directes.
temps d’appliquer la suppression
des capitulations.
À cette déclaration de guerre
classique s’ajoute l’appel au djihad, qui s’accompagne de la volonté ottomane de voir se soulever les Arabes. La France ravive
alors sa Commission interministérielle des affaires musulmanes.
Ainsi d’un projet de soulèvement
en Syrie qui s’appuierait sur l’élément chrétien. Un autre plan veut
menacer le sud syrien et bombarder les colonies protestantes
allemandes établies en Palestine
au cas où les établissements
français seraient menacés.
En parallèle, des rumeurs de
massacres de chrétiens se font
jour, tandis que des manifestations contre les présences
européennes sont organisées.
Un réel mouvement de panique
s’empare du Liban.
Le protectorat français est dénoncé par le pouvoir ottoman le
24 octobre 1914 et la souveraineté ottomane affichée sur les
Lieux saints. Les établissements
religieux sont pour leur part réquisitionnés, en tant que « biens
ennemis ».
Le Vatican prend des contacts
avec la Porte tandis que la
France soupçonne l’Italie, encore neutre, de vouloir prendre
pied dans son pré carré.
Paris décide de poursuivre le
versement d’allocations aux établissements protégés qui restent
dans l’empire.
Cette politique s’appuie sur la
foi généralisée en une guerre
courte, qui ne donnera pas le
La France envisage également
d’autres mesures.
Ces projets sont considérés de
manière plus sérieuse à partir de
l’entrée en guerre de la Turquie
: la France envisage d’agir dans
les zones où son influence serait
durable, comme la Syrie du nord,
avec exclusion des Lieux saints.
Dans ces conditions, on considère à Paris que ce sont les
Allemands qui guident les principales mesures destructrices
dirigées contre les établissements français. Une intervention
militaire est envisagée, mais pas
plus, pour ne pas remettre en
cause l’intégrité de l’empire. La
perspective d’une Syrie indépendante est encore inconcevable
pour les diplomates français.
À l’inverse, Paris est soucieux
d’entretenir l’influence française
dans la région en y développant
un réseau d’espions pour contrer
la menace panislamiste agitée
par l’Allemagne.
D’autres
idées
françaises
évoquent une internationalisation
de l’intervention militaire, faisant
Vendredi 13 mars 2015
fi des réticences du ministère
des affaires étrangères à voir entrer d’autres puissances dans les
affaires syriennes, en particulier
les Italiens.
çaise serait le signe d’une guerre
sainte à rebours contre l’islam —
option incompatible au regard de
la politique musulmane dirigée
vers l’empire colonial.
On en arrive à un plan de débarquement sur la côte syrienne
entre Haïfa et Alexandrette, mais
la proposition britannique d’attaquer les Dardanelles reporte
cette opération.
QUEL AVENIR POUR L’EMPIRE OTTOMAN ?
Au final, du point de vue militaire,
la France envoie principalement
une mission en Égypte dont le
but est de poursuivre la coopération inaugurée en fin d’année
1914 (contre les Turcs, sur le canal de Suez) et d’évaluer le projet britannique de soulèvement
arabe.
Car les Français se rendent
compte que les Anglais ont changé d’attitude : ils sont passés du
désintérêt vis-à-vis de la Turquie
à une forte préoccupation devant le renforcement des troupes
turques en Palestine.
Face à la radicalisation ottomane
(déportation de chefs maronites
à Jérusalem en mars 1915), les
Français regroupent leurs forces
au large de la Syrie et mettent en
place un service de renseignement qui, au départ, ne couvre
pas la Palestine.
Mais on s’abstient de mettre en
place une unité précise militaire
contre les Ottomans formée de «
locaux » : la présence d’irréguliers chrétiens dans l’armée fran-
Lorsque la Russie affirme ses
intérêts dans les affaires orientales, la France tient à préserver
ses intérêts spécifiques contre
les visées orthodoxes sur la Palestine et russes sur Constantinople. Le maître mot est le maintien du statu quo.
L’Italie entre aussi en guerre aux
côtés de l’Entente, avec désormais une place plus importante
dans les affaires d’Orient, au détriment de la France.
La question du destin de l’empire
ottoman est reposée : sera-t-il
dépecé ou non ?
Certains évoquent une Syrie indépendante ; d’autres veulent
imposer une solution française
en Palestine, refusée par les
Russes.
De son côté, le comité de l’Asie
française, un lobby colonial,
poursuit son appui au maintien
de l’empire ottoman. À ses yeux,
cela devrait permettre d’exiger
plus aisément le rétablissement
de la situation antérieure et des
réparations pour les dommages
subis par les établissements
français.
Mais il indique aussi que si le
Vendredi 13 mars 2015
International
démantèlement de l’Empire est
prévu, il faudra que la France soit
assurée des zones qu’elle en obtiendra. Le sénateur et membre
du parti colonial Étienne Flandin
est favorable à une « grande Syrie », avec une enclave territoriale internationale pour Jérusalem et Bethléem.
À l’argument des traditions de la
France dans la région, il ajoute
celui de la puissance musulmane : la France doit être là-bas
pour protéger les pèlerinages
des musulmans en provenance
d’Afrique du Nord.
Enfin, l’ancien consul général de France à Beyrouth, alors
en poste à Paris, François
Georges-Picot tient à ce que le
régime international soit appliqué
pour Jérusalem, afin d’éviter des
conflits ultérieurs.
La donne est peu à peu modifiée
par la concrétisation de la révolte arabe. La France renforce
alors ses effectifs, qui demeurent
concentrés à Salonique (armée
d’Orient).
L’Angleterre pense que l’Allemagne est à même de prendre
l’Égypte et renforce alors sa présence, diminuant ses effectifs à
Salonique.
La France est dans la situation
inverse de celle de 1914, quand
elle avait refusé l’ouverture d’un
second front pour ne pas créer
une question de Syrie. À la fin de
1915, elle veut un second front,
mais au nord de la région.
Sur place, la répression s’accentue en Syrie : Djemal Pacha,
l’un des principaux responsables
jeunes-turcs, commandant militaire ottoman en Syrie et en
Palestine, met alors à profit la
découverte de documents au
consulat français de Beyrouth
qui révèlent les pétitions autonomistes d’avant-guerre.
Aux représailles s’ajoute la famine. Paris décide alors de se
positionner militairement : c’est
l’occupation de l’île d’Arouad, située en face de Tartous en Syrie,
à la fin août 1915, afin de créer
une base avancée dans l’est de
la Méditerranée.
FACE À LA RÉVOLTE ARABE
(OCTOBRE 1915-1917)
Avec Aristide Briand à la tête du
gouvernement, l’ouverture d’un
nouveau front est désormais
envisagée. La prise en considération de l’Orient est toutefois
plus due à la réorientation anglaise, qui se traduit par l’insurrection arabe. Aux yeux de Paris,
Londres doit respecter les ambitions françaises, notamment en
ce qui concerne la Palestine.
On s’oriente alors vers un partage de la région. Les visées
anglaises sur la Palestine, affichées dès le départ, ne trouvent
pas vraiment de répondant en
France : rien n’y est prêt.
C’est de ce moment que date la
négociation Sykes-Picot qui démontre plusieurs avancées dans
la politique orientale de la France
:
- acceptation du démembrement
de l’empire ottoman ;
- exigence de vastes compensations pour la perte d’influence
française ;
- acceptation de la création d’un
royaume arabe ;
- discussion seulement sur les
frontières de Syrie ;
- volonté française d’obtenir une
Syrie vaste, qui, si elle n’est pas
forcément importante du point de
vue économique, « est nécessaire à sa puissance culturelle et
intellectuelle »5.
La Palestine entre pleinement
dans le plan français pensé par
Georges-Picot, qui se fonde sur
l’idée d’un régime international pour Jérusalem et les Lieux
saints.
Pour sa part, le parti colonial
français refuse l’internationalisation de la Palestine, trop contraire
aux intérêts de la France.
Et rejette catégoriquement ce qui
pourrait ressembler à des aspirations anglaises sur la Palestine :
le Royaume-Uni, puissance protestante, n’a que peu d’œuvres
en Palestine, et donc ne peut
avoir de revendications territoriales là.
L’année 1916 est aussi marquée
par l’apparition du facteur sioniste. Option progressivement
prise en compte par les Anglais,
elle est fermement rejetée par
les Français, qui y voient une façon d’installer le Royaume-Uni
en Palestine.
L’Italie, quant à elle, revendique
sa part du gâteau.
Au moment où se déclenche la
révolte arabe, en juin 1916, la
France est très prudente : son
souci est d’empêcher que ce
mouvement ne profite qu’aux Anglais.
Pour limiter les dégâts, on songe
à l’envoi d’une délégation qui
équiperait une partie de la nouvelle force arabe : à défaut, totalement arabisée, celle-ci risquerait de se retourner contre les
puissances chrétiennes.
Cette intervention permet d’intégrer le Hedjaz dans la politique
musulmane de la France. En parallèle est diffusée une large propagande, dirigée principalement
5
contre les Allemands, montrant
une France forte prête à accorder des réformes aux populations locales.
En parallèle se déroule la deuxième vague de répression à
l’encontre des Syriens séparatistes menée par les Ottomans.
À laquelle s’ajoute l’intensification de la famine en Syrie.
Briand refuse le principe d’une
intervention humanitaire, les
chances d’un nouveau front en
Europe se multipliant, alors que
les Anglais pensent de plus en
plus à le faire dans le sud de la
Palestine.
À la fin décembre 1916, la prise
d’El-Arish, dernier verrou ottoman dans le Sinaï, provoque la
décision française d’accompagner le mouvement britannique
vers la Palestine, afin d’éviter
que la Grande-Bretagne n’y arrive seule : on accepte le principe d’une occupation mixte
provisoire, avec nomination de
Georges-Picot comme haut-commissaire français de Palestine.
En janvier 1917, un ravitaillement de la Syrie, en collaboration entre les États-Unis et l’empire ottoman et à l’instigation de
la France est un coup d’épée
dans l’eau.
Très affaiblie, la Syrie ne peut
plus être considérée comme un
centre potentiel d’insurrection : la
France doit se résigner à la solution hédjazienne, qui est celle
promue par Londres et la plus
active depuis la révolte arabe de
la mi-1916.
Au total, au cours de cette période, l’arabisation de la question
d’Orient se fait au détriment des
Français, et surtout de leur clien-
International
6
tèle principalement chrétienne.
CONTRE-OFFENSIVE
GLAISE (1917-1918)
AN-
L’année 1917 est marquée par de
profonds bouleversements : l’entrée en guerre des États-Unis,
une idéologisation du conflit, les
révolutions russes, les échecs
militaires français et les mutineries, la crise politique française,
le retour au pouvoir des tenants
britanniques de l’impérialisme
que sont George Curzon et Arthur Balfour, l’action de Thomas
Edward Lawrence.
À cela s’ajoute la prise en
compte définitive des aspirations
italiennes sur la région (accords
de Saint-Jean-de-Maurienne).
Résignés, les Français accordent à Rome la présence d’un
petit contingent dénué de visées
politiques.
En parallèle à un accord avec le
chérif Hussein de la Mecque, où
l’on parle de « Syrie musulmane
», la France songe à une paix
séparée avec les Ottomans. Un
militaire, le commandant Sarrou,
est envoyé en mission en mars
1917 pour rencontrer Djemal
Pacha et lui proposer la paix à
condition d’un retour à la situation d’avant guerre.
Cette paix est une idée de Henry
Morgenthau, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de
la Sublime Porte, qui songe à
mettre la Palestine sous autorité
des puissances chrétiennes. Sur
le terrain, les Alliés planifient la
campagne de Palestine : un détachement militaire français est
mis en place, en parallèle à une
mission dirigée par Georges-Picot, destinée à propager l’idée
politique arabe.
De fait, confrontée aux ambitions
arabes, Paris en déduit qu’elle
doit agir de l’intérieur et susciter
des appuis de la part des populations amies de Syrie, les mettant
en garde contre les aspirations
issues du Hedjaz.
Est alors formé un « comité central syrien » dont le programme
national est placé sous tutelle
française. Mais cette action
n’aboutit pas, les Syriens arrivés
dans le Hedjaz se livrant de plus
en plus à une politique panarabiste.
À partir de l’été 1917, après la
prise d’Akaba, T. H. Lawrence
laisse désormais la Palestine de
côté ; pour Paris c’est le signe
que cette région doit tomber
dans l’escarcelle anglaise vierge
de tout panarabisme.
Dans ce contexte, les Syriens
d’Égypte, appelés à agir directement dans un proche futur,
prennent plus d’importance. Une
Légion arabe, encadrée du côté
français par Louis Massignon et
le lieutenant — et futur diplomate
— Robert Coulondre, s’avère rapidement médiocre.
Mais Gaston Maugras, adjoint de
Georges-Picot, croit à la force du
sentiment national arabe. Massignon confirme le poids intellectuel de la France dans le développement de ce sentiment, mais il
indique aussi qu’il ne faut pas en
espérer beaucoup, sauf à l’orienter favorablement. L’expérience
n’aboutit pas, et Georges-Picot y
met fin dès le 1er mars 1918.
La France semble donc ne pas
avoir les moyens de sortir de sa
politique traditionnelle et nombreuses sont ses faiblesses,
qui ne peuvent améliorer son
image : impact de la faillite de
Georges-Picot à Beyrouth, ravitaillement raté des populations
chrétiennes en 1916...
Une dernière tentative réside
dans l’envoi d’un corps expéditionnaire, mais les militaires
français en trouvent le coût trop
important et les Anglais n’en
veulent pas.
Le début de la campagne de
Palestine correspond à l’arrivée
de Clemenceau aux affaires.
Le nouveau chef de gouvernement s’intéresse à l’Orient, il est
favorable à une influence française, mais pas par le biais des
établissements congréganistes.
Logiquement, il rejette les déclarations de Raymond Poincaré favorables aux chrétiens d’Orient.
Vendredi 13 mars 2015
de l’été 1918, on rétablit une partie de l’administration civile, mais
pas les juridictions consulaires.
La France pense alors au reste
de la Syrie, et un détachement
plus important arrive en Palestine en février 1918 : Clemenceau fait passer le Détachement
français de Palestine (DFP) de 2
800 à 6 200 hommes.
Mais la situation en France interdit un plus grand engagement.
La déclaration Balfour quant à
elle n’est pas là pour simplifier
les choses : elle impose la question sioniste, dont la France ne
veut pas.
Le général britannique Edmund
Allenby commence à occuper la
Palestine à partir du début novembre 1917. Il tient à y installer une administration militaire,
ce qui provoque la colère de
Georges-Picot qui y voit une violation des différents accords. Et
il obtient une présence militaire
française à Jérusalem.
Paris doit alors manifester son
attachement à la cause syrienne
et multiplie les déclarations, mais
cela s’accommode mal des opérations militaires qui l’évincent
pratiquement.
C’en est alors fait des prétentions
françaises sur la Palestine. Au
mois de décembre, la France essaie tout de même de reconquérir le terrain perdu : reprise des
allocations aux établissements
français et à la Custodie franciscaine de Terre sainte, messe au
Saint-Sépulcre avec honneurs
liturgiques, réouverture de certains établissements en février
1918.
Cette approche évolue au cours
de la guerre, faisant coexister la
perception ancienne d’une répartition de la population en groupes
religieux et une appréhension
séculaire de la répartition de la
population en groupes nationaux. L’évolution est due à la politique arabe du Royaume-Uni et
à la révolte arabe.
Paris tente d’imposer la présence d’adjoints militaires français à Allenby, dont l’un serait
par exemple gouverneur de
Bethléem.
Mais tout cela reste vain : seule
la garde du Saint- Sépulcre et de
la Nativité est obtenue. Au début
Dans toute cette affaire, la Syrie
apparaît comme le reflet de l’histoire d’une vision de l’Orient.
Mais le « saut » est refusé
par les responsables français.
Au lendemain de la guerre, la
France doit définitivement renoncer à ses aspirations : le mandat
sur la Syrie et le Liban n’est qu’un
pis-aller, retardant les échéances
de réalisations nationales qui se
feront aux dépens de l’ancienne
puissance protectrice.
Vendredi 13 mars 2015
Catholicisme
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Ce sont les saints qui portent l’Eglise
pas les puissants
Un chrétien ne peut pas céder
au compromis : s’il ne se laisse
pas toucher par la miséricorde
de Dieu, s’il n’aime pas son prochain, comme le font les Saints, il
finit par être un hypocrite qui détruit et se perd plutôt que de faire
le Bien. C’est le message transmis par le Pape François, dans
son homélie, ce jeudi matin.
Lors de la messe, célébrée en
la chapelle de la maison Sainte
Marthe au Vatican, le Saint-Père
rappelle que Dieu a construit au
fil du temps l'histoire de sa relation avec les hommes, avec les
prophètes, puis avec les Saints.
Pourtant, en dépit de leurs enseignements et de leurs actions,
l'histoire du Salut a été accidentée, marquée par de nombreuses
hypocrisies et infidélités.
Dieu « a tout donné » souligne
le Pape mais en retour il n’a reçu
que de « mauvaises choses ». «
La fidélité a disparu », affirme le
Saint-Père, « vous n'êtes pas un
peuple fidèle » : « Voilà l'histoire
de Dieu. Il semble que Dieu pleurait, ici, je t’ai tant aimé, je t’ai
tant donné et toi ... Même Jésus
a pleuré en regardant Jérusalem.
Parce qu’il y avait dans le cœur
de Jésus toute cette histoire où
ces Pharisiens, qui étaient éloignés de l’amour de Dieu ».
la fidélité avait disparu ».
Nous agissons selon notre volonté, indique le Saint-Père, mais
dans le cheminement de la vie
nous suivons une voie de « durcissement » : « le cœur se durcit,
se pétrifie ». « Et la Parole du Seigneur ne nous parvient pas. Et
le peuple s’éloigne. Même notre
histoire personnelle peut devenir
ainsi. Et aujourd'hui, en ce temps
de carême, nous pouvons nous
demander : est-ce que j’écoute la
voix du Seigneur, ou est-ce que
je fais ce que je veux, ce qui me
plait ? »
Et le Pape indique que « même
l’Évangile de ce jour nous montre
un exemple de cœur endurcit,
sourd à la voix de Dieu, lorsque
Jésus guérit un homme possédé
par le démon et qu’en échange
il est accusé d’être un sorcier
démoniaque » : “ C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il
expulse les démons”.
C’est l'excuse typique des “légalistes”, note François, « qui
croient que la vie est régie par
les lois qu’ils font ». Et le SaintPère indique que « cela est arrivé
aussi dans l'Histoire de l'Eglise »
Et il cite l’exemple de « la pauvre
Jeanne d'Arc : aujourd'hui Sainte
». Elle a été brulée vive rappelle
le Pape parce qu’elle était « accusée d'hérésie » ... Mais, affirme-t-il, ce sont ceux-là même
qui l’accusaient, « ceux qui
connaissaient la doctrine sûre :
Le Saint-Père évoque également
la figure du bienheureux Rosmini
: « mis à l’Index pour certains de
ses écrits et qui est aujourd’hui
Bienheureux ». Dans l'histoire
de Dieu avec son peuple, le Seigneur a envoyé les Prophètes,
pour dire à son peuple qu'il l’aimait. Dans l'Église, le Seigneur
envoie les Saints. « Ce sont
les Saints, déclare le Pape, qui
font avancer la vie de l'Eglise,
non pas les puissants, les hypocrites ». Les Saints, ajoute le
Pape, sont « des hommes et des
femmes qui n’ont pas peur de
se laisser caresser par la miséricorde de Dieu. C’est pourquoi
ils comprennent tant de misère,
tant de misères humaines, et accompagnent le peuple. Ils ne méprisent pas le peuple ».
« Jésus a dit: “celui qui n’est pas
avec moi est contre moi”. Il n’y a
pas d’autre voie de compromis a
conclu le Pape. Ou tu es sur le
chemin de l'amour, ou tu es sur
le chemin de l'hypocrisie. Ou tu
te laisses aimer par la miséricorde de Dieu, ou tu fais ce que
tu veux, selon ton cœur qui s’endurcit de plus en plus ».
Il n’existe pas de péché que Dieu ne puisse pardonner
La confession ne doit pas être
vécue comme « une torture » ni
pratiquée comme « un interrogatoire pressant ». Elle doit, au
contraire, libérer et éduquer à la
miséricorde tout en favorisant,
autant que possible, la réparation du mal accompli. Le Pape
François l’a affirmé, ce jeudi matin, en recevant les participants
au cours annuel sur le for interne
proposé aux nouveaux et futurs
prêtres par le Tribunal de la Pénitencerie apostolique. Le thème
choisi cette année : « Comment
administrer correctement le sacrement de pénitence », un
thème abordé sous plusieurs
angles : canonique, moral, litur-
gique, pastoral.
Pour le Pape, le pénitent devrait sortir du confessionnal, « le
cœur joyeux, le visage rayonnant
d’espérance ». « Il n’existe pas
de péché que Dieu ne puisse
pardonner. Aucun ! » a martelé
le Saint-Père, les pénitents tout
autant que les confesseurs ne
doivent jamais l’oublier. « Seul ce
qui se soustrait à la Miséricorde
divine ne sera pas pardonné ».
Si la confession doit éduquer
les fidèles à la miséricorde, les
confesseurs doivent eux aussi,
selon le Pape François, se laisser éduquer par le Sacrement de
la Réconciliation.
Il leur arrive, en effet, d’entendre
des confessions édifiantes et
même parfois d’assister à «
des miracles de conversion ».
Les prêtres ont beaucoup à
apprendre de la conversion et
du repentir des fidèles qui les
poussent à faire eux aussi leur
examen de conscience ; surtout,
« ils doivent toujours garder le
regard tourné vers le Ciel, ne jamais perdre le sens du surnaturel ». Et c’est un appel à l’humilité que le Souverain Pontife lance
aux confesseurs.
Ces derniers ne doivent pas oublier que s’ils ont été amenés à
accomplir ce ministère, « ce n’est
pas en raison de leurs propres
mérites, de leurs compétences
théologiques ou juridiques, ou de
leurs qualités humaines ou psychologiques. Ils sont ministres de
la réconciliation par la grâce de
Dieu ». En conclusion, le Pape
François demande aux confesseurs d’accueillir les pénitents en
respectant la dignité et l’histoire
personnelle de chacun. Tout fidèle qui s’approche du confessionnal est, selon lui, une terre
sacrée qu’il faut cultiver avec dévouement et attention pastorale.
Ainsi les fidèles seront encouragés à se confesser plus fréquemment.
8
Catholicisme
Vendredi 13 mars 2015
La vieillesse est une vocation
« La vieillesse
est une vocation
», c’est ce qu’affirmé avec force
le Pape ce mercredi matin, lors
de l’audience générale Place St
Pierre, au cours
d’une catéchèse
consacrée cette
semaine
encore au rôle et
à
l’importance
des grands-parents et des personnes
âgées
dans l’Eglise et la
société ; une catéchèse que le Pape a tenue en
s’identifiant totalement à ces personnes, « car j’appartiens, moi
aussi, à cette catégorie », a-t-il
souligné.
La vieillesse, une grâce et une
mission
« Il est vrai que la société tend
à vouloir nous écarter, mais certainement pas le Seigneur », a
précisé d’entrée François, insistant ensuite sur l’essence même
de la vieillesse, qui est « une vocation, une grâce et une mission
particulières ».
rite Benoît XVI,
qui a choisi de se
retirer dans une
vie de prière et de
contemplation.
La prière des aînés
« La prière des anciens est un don
pour l’Église et
pour toute société
trop affairée et trop
distraite, a poursuivi le Pape.
Cette période de la vie est certes
différente des précédentes, c’est
pourquoi « nous devons nous
l’inventer en quelque sorte,
parce que nos sociétés ne sont
pas prêtes, spirituellement et moralement, à lui donner sa valeur
pleine et entière ».
Le pape a ensuite avoué avoir
été touché par la « journée des
anciens », -qui s’est tenue au Vatican le 28 septembre dernier-,
au cours de laquelle il lui avait été
donné d’entendre plusieurs témoignages de personnes âgées
qui s’engageaient au service des
autres : « c’est une réflexion à
poursuivre, dans le domaine ecclésial et civil ».
Les
anciens
peuvent remercier
le Seigneur pour
ceux qui négligent
de le faire, et intercéder pour les
nouvelles générations.
François a ensuite longuement
évoqué cette image « émouvante
et encourageante » de l’Evangile
selon St Luc, celle du vieillard Siméon et de la prophétesse Anne.
Ils peuvent faire comprendre aux
jeunes qu’une vie sans amour
est une vie desséchée, que l’angoisse de l’avenir peut être vaincue, qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ».
Eux, qui dans leur grand âge,
attendaient chaque jour le Salut
d’Israël, reconnurent dans l’Enfant-Jésus le Messie tant attendu.
Les anciens et grands-parents
forment un « chœur permanent
dont la louange soutient la communauté qui travaille et qui lutte
dans la vie ».
« Ils découvrirent
alors une force nouvelle, un nouveau devoir : rendre grâce et
témoigner ».
« Dans la prière, observe encore
François, les anciens purifient
leur cœur et se gardent ainsi de
l’endurcissement et du ressentiment qui leur feraient perdre le
sens de leur témoignage de sagesse.
« Chers anciens,
chers
grands-parents, a lancé le
Pape, nous devons
nous mettre dans les
traces de ces extraordinaires aînés ! », en
devenant
intercesseurs dans la prière.
Et le Pape François
de citer son prédécesseur le pape émé-
Loin de mépriser les jeunes, «
la mission des grands-parents
est vraiment de les encourager
dans leur recherche de la foi et
du sens de la vie ».
« Comme j’aimerais une Eglise
qui défie la culture du rejet, avec
la joie débordante d’une nouvelle
étreinte entre les jeunes et les
anciens ! », a conclu le Pape.
Vendredi 13 mars 2015
Culture
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A la découverte de nos régions de France
Le Cotentin, une réelle douceur de vivre (1/2)
drilatère
entouré de
douves et
est constituée d’un
ensemble
de
bâtiments allant du XVè
au XVIIè.
Siècle.
Le Cotentin, c’est bien sûr la
presqu’île cernée par la mer,
que tout le monde connaît , avec
ses stations balnéaires, sa côte,
et son climat très doux , qui vient
ainsi rivaliser avec sa voisine
la Bretagne et ravivant la vieille
querelle du Mont-Saint-Michel «
que le Couesnon, dans sa folie,
mit en Normandie.
Mais le Cotentin, ce sont aussi les marais, qui par leur douceur de vivre rappelle, quant à
eux, les paysages aux lumières
douces des pays de Loire.
Ce sont des horizons nombreux
et variés, et une architecture caractéristique typique, qui sont à
découvrir.
Le Cotentin tire son nom du pays
de Coutances « Pagus constantiensis », qui offre cependant un
territoire bien plus étendu.
Si comme nous venons de le voir,
la presqu’île est très touristique,
les marais innombrables qui ont
longtemps rendu les communications très difficiles avec le reste
de la Normandie, l’isolant et donc
la rendant méconnue. Cette terre
de vikings, enjeu de multiples
guerres entre Anglo-normands
et Français, s’est structurée au
fil des âges autour de Seigneureries, points de départ des infrastructures actuelles.
Le point fort du Cotentin reste ses
accès maritimes, enjeu capital.
Au fil des siècles se sont constitués un nombre considérable
de havres et zones d’échouage,
sous l’égide des communautés
monastiques ou de seigneurs
laïcs.
L’un de ces plus grands domaines, est la Baronnie de Bricquebec. Aujourd’hui c’est un
ravissant bourg à l’architecture
typique dominé par un donjon
et enserré de solides remparts
abritant un extraordinaire chartrier qui renfermait il y a peu de
temps encore plus de 8 000 documents.
Cantonnant le domaine de part et
d’autre, le Manoir de Rozel, côté
mer, ancien demi-fief ; et à l’Est,
Saint Martin–le-Hébert, plein-fief,
absolument magnifique. Cette
propriété s’inscrit dans un qua-
L’Empreinte
monastique, quant à elle, est toujours
bien présente, offrant de nombreuses abbayes et prieurés, tel
celui de La Taille à La Haye d’Ectot. Niché au cœur d’un massif
forestier, cet ancien ermitage a
été édifié autour de l’an 1000 par
un frère qui joua un rôle essentiel
dans la fondation des églises de
la région et l’évangélisation.
Après ce rapide survol de la région côtière qui vous conduira
d’Avranches à Arromanches
en passant par Coutances, La
Hague, Cherbourg, le Val de
Saire, Saint-Lo, mais aussi le
début des plages du débarquement, c’est tout un patrimoine
historique, touristique et gastronomique pour les plus gourmands, qui vous sera offert.
Vous pourrez alors vous tourner
vers les « terres » et découvrir
les Marais, à l’ombre des plages
du débarquement et des côtes
normandes. Cette partie du Cotentin est totalement méconnue.
Il est bien facile de se limiter au
côtes toutes proches et d’ignorer
les vastes prairies sillonnées de
rivières lentes et sinueuses. Les
marais sont morcelés par un réseau irrégulier de fossés. Autrefois estuairiens et vivants au gré
des marées, ils ne sont presque
plus dépendants que des crues.
Cela est le résultat des politiques
d’assèchement (notamment au
moyen-âge) et à la construction
de portes à flots, de ponts, entravant la dynamique naturelle.
Cette partie du territoire est
émaillée d’un chapelet de manoirs et châteaux. L’un d’entre
eux est tout à fait emblématique
des forteresses édifiées, le château de l’Isle-Marie, qui contrôlait
les voies fluviales et terrestres
stratégiques.
A suivre...
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