FRANCE
Les dessous de France
Trésor P.2
Des députés PS veulent
s’attaquer au Bon Coin. P.3
MONDE
Arrestation d’un journaliste
qui fait son travail P. 4
Pas de référendum avec
les ressources publiques P.
4
Les milliards d’euros gas-
pillés par l’UE P.5
La Banque centrale du Ja-
pon passe à l’attaque P.6
RELIGION
Pas de mondanité ni de va-
nité P.7
Rapport de l’AEd sur
les persécutions dans le
monde P.8
CULTURE
Exposition P.9
Concerts de la quinzaine
P.10
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« Les communicateurs catholiques doivent relever le dé de plus en plus grand de présenter la sagesse, la vérité et la beauté
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direction dans leurs vies, en tant qu’individus et membres de la société» Pape François.
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Vendredi 13 mars 2015 - N°56
La France
protectrice
des Chrétiens d’Orient ?
2 France Vendredi 13 mars 2015
International
La France protectrice des chrétiens du Moyen-Orient
Depuis des décennies, la France
s’est érigée en protectrice des
chrétiens de l’empire ottoman,
une orientation que ne reniera
pas la IIIe République malgré
son affrontement interne avec
l’Église catholique.
Durant la guerre de 1914-1918,
c’est souvent au nom de cette
tutelle que Paris fait valoir ses
droits pour contrer les ambitions
britanniques. Avec un succès mi-
tigé.
Au XIXe siècle, le lien entre la
France et le Levant est réinventé
pour appuyer la diplomatie fran-
çaise.
C’est l’action aux côtés de la Tur-
quie contre la Russie pendant la
guerre de Crimée (1853-1856)
qui fait sortir la France de son
isolement diplomatique d’après
la défaite de Waterloo en 1815 et
lui permet de pénétrer le marché
ottoman, dont elle promeut la
modernisation technique et poli-
tique. Le système est lancé par
l’Empire, il est repris et amplié
par la IIIe République.
C’est aussi pour cela que l’em-
pire ottoman doit être maintenu :
par là, le système français pourra
l’être également.
En parallèle s’impose le contexte
découlant des capitulations et du
protectorat français, avec le sou-
tien du Vatican qui n’entretient
pas, lui, de relations diploma-
tiques avec la Sublime Porte.
La France étend naturellement
son protectorat aux chrétiens
d’Orient au grand dam de l’em-
pire ottoman, ce qui se traduit
notamment par l’intervention en
faveur des maronites au Liban
en 1860.
« Il ne s’agit pas d’une œuvre
philo-chrétienne. Il s’agit de dé-
fendre des intérêts bien compris.
» « L’armature matérielle du pa-
tronage des catholiques d’Orient
est (...) au service de l’inuence
française et non l’inverse ».
Cette tradition de 1860 va fon-
der toute la politique française :
l’intérêt des chrétiens est ce qui
sous-tend nombre de rapports
des représentants français.
Elle se retrouve particulièrement
dans la protection des maronites,
la scolarisation des populations
ou les subventions aux œuvres
catholiques.
Au-delà, la France se lance dans
une campagne dont prote l’em-
pire ottoman : investissements
économiques et nanciers,
grands travaux d’aménage-
ment public, développement des
transports rapides, réseaux sco-
laires, formation de cadres tech-
niques... Les investissements
économiques et nanciers se
doublent de la gestion de la dette
ottomane.
Les établissements scolaires et
hospitaliers constituent le fer de
lance de la présence française
dans l’empire ottoman : le nan-
cement concerne des établisse-
ments laïques comme religieux,
malgré la loi de séparation des
Églises et de l’État de 1905. Ce
qui permet d’éduquer une élite
francophone, véritable instru-
ment d’inuence. Cette situation
est somme toute acceptée par la
Turquie qui y voit un bénéce en
termes de progrès pour les popu-
lations de l’empire.
Pourtant, il n’est pas possible de
dire que la France a une politique
syrienne avant les guerres balk-
aniques, même si la Syrie inté-
resse les Français au plus haut
point : un intérêt qui doit être
rendu compatible avec leur atta-
chement à l’intégrité de l’empire
et qui exclut toute intervention
d’une puissance rivale dans les
affaires syriennes.
L’évolution politique, la prise
de conscience nationale arabe
ne sont que difcilement per-
çues par les représentants de la
France, avec le plus souvent le
rejet de ce qui paraît être un refus
de l’ordre français, de la part des
Anglais. Le président Raymond
Poincaré est bienveillant envers
les revendications autonomistes
libanaises.
Dans ce contexte, la révolution
jeune-turque est d’abord perçue
comme un progrès, puis comme
une radicalisation de la « turcité
» de l’Empire, aux dépens des
Arabes. Elle est bien accueillie
en France par la République ra-
dicale de Georges Clemenceau,
qui se félicite de l’inspiration fran-
çaise de ce mouvement.
Mais très rapidement la
conance retombe : massacre
d’Arméniens, volonté de suppri-
mer les avantages consentis aux
Libanais, ce qui ressemble beau-
coup à une mise en cause du
système des capitulations. Dans
cette situation on pense de plus
en plus à un changement de tu-
telle, au prot de la France : c’est
pour cela qu’il faut agir contre les
courants contraires (anglais) et«
montrer » la France par des dé-
monstrations paciques.
La France doit reconsidérer sa
position et sa politique en 1912.
La République modérée qui a
pris le relais de la République
radicale en 1909 est plus natio-
naliste ; elle s’est ressoudée à
partir de 1911 et l’« affaire » du
Maroc.
Le parti colonial, qui avait été
divisé au moment de la crise du
début du siècle découlant de la
séparation des Églises et de
l’État et de la rupture des rela-
tions avec le Saint-Siège (1904-
1905), forme un « comité de
l’Orient » en 1908.
Une campagne favorable à la
constitution d’un espace méditer-
ranéen français est menée à par-
tir de ce moment sous l’égide du
comité de l’Asie française.
On n’en reste pas moins toujours
attaché à l’intégrité de l’empire
ottoman.
Les Anglais s’intéressent de plus
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International
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en plus à la région. Cela passe
même par la mise en place de
plans diplomatiques ou militaires
en direction de la Palestine.
Cet intérêt est perçu avec vivaci-
té par la France qui se souvient
de l’épisode de Fachoda, où Pa-
ris avait mettre n à ses am-
bitions sur le Soudan, en 1898
— une humiliation aux effets du-
rables.
Les guerres balkaniques per-
mettent à la France de renforcer
son dispositif naval à l’est de la
Méditerranée pour faire face aux
troubles éventuels ; elle se pose
une fois de plus en défenseur
des intérêts chrétiens.
Un système de défense est mis
en place dans tout l’empire, avec
plan de sauvetage des chrétiens
dans les enceintes des établis-
sements français dans l’attente
d’un éventuel corps expédition-
naire.
La situation s’aggrave au mo-
ment où toutes les communau-
tés de l’empire ottoman servent
de recrues : on note alors des
recours aux consuls européens
pour en obtenir la protection,
avec la même exigence que Pa-
ris s’empare du mont Liban pour
protéger dénitivement les maro-
nites.
La France craint alors que les
Britanniques ne soient sollicités
de la même manière.
Les consuls sur place encou-
ragent aussi une intervention,
mais la situation s’apaise avec
l’armistice de Tchataldja du 3 dé-
cembre 1912 qui conclut la pre-
mière guerre balkanique — ce
qui rassure la France, qui pouvait
craindre une internationalisation
de la question de Syrie.
Au total, cette crise est un point
d’orgue et amène un renforce-
ment de la position de Paris dans
cette région.
La deuxième guerre balkanique
met en cause cette stabilisation :
le statut des établissements fran-
çais et de la France en général
est questionné par les nouveaux
États.
Cette baisse de l’inuence fran-
çaise dans les Balkans risque
d’avoir des conséquences sur la
situation du Levant. L’attention
se porte en conséquence plus
que jamais sur la Syrie, dont il
faut assurer l’avenir français en
cas de décomposition de l’em-
pire ottoman.
Dans ce contexte, le congrès
arabe syrien de Paris de juin
1913 permet de cumuler les im-
pératifs politiques du moment :
soutenir les Syriens tout en évi-
tant la décomposition de l’em-
pire.
Cette réunion est aussi le reet
d’une nouvelle préoccupation :
organiser une véritable politique
syrienne, qui ne soit plus seule-
ment le soutien aux établisse-
ments catholiques.
En parallèle à la commission
interministérielle des affaires
musulmanes est mise en place
une commission des affaires
syriennes au Quai d’Orsay (dis-
soute après le congrès arabe de
Paris).
Elle élabore un plan précis de
la Syrie, comprenant Jérusalem
; elle s’entend aussi sur la pro-
mulgation d’une politique dirigée
vers les Arabes chrétiens et mu-
sulmans, qui partagent certaines
revendications.
Ce renouveau politique est in-
terrompu par la guerre, mais
il montre la volonté d’élargir la
plate-forme d’action de la France,
avec une prise en compte de la
population musulmane, de plus
en plus importante en nombre, et
dont le poids politique grandit.
La France ne veut plus passer
pour le seul protecteur des chré-
tiens mais souhaite agir en fonc-
tion des intérêts de son propre
empire et de sa place de puis-
sance musulmane.
Avant le déclenchement de la
première guerre mondiale, la
Syrie au sens large occupe une
place d’importance dans la vision
française du Levant. Mais tout
reste à dénir en ce qui concerne
son avenir politique et la mé-
sentente entre Français — la Pa-
lestine doit-elle faire partie de la
Syrie ? —, doublée de méance
envers l’Angleterre — quelles vi-
sées a-t-elle sur la Palestine ?
UNE CONCENTRATION DES
POUVOIRS
En France les pouvoirs sont ra-
pidement concentrés entre les
mains des militaires, tandis que
les effectifs du Quai d’Orsay se
réduisent. Jean Gout, à la di-
rection d’Asie, et quelques au-
xiliaires assurent l’intérim, avec,
à partir de l’automne 1914, les
personnels rapatriés à la suite
de l’entrée en guerre de l’empire
ottoman.
Les pouvoirs sont au bout du
compte concentrés dans les
mains de très peu de personnes,
dont les publicistes, syria-
nistes et orientalistes Robert de
Caix, Louis Massignon et Henri
Hoppenot, tous trois proches des
cercles de décision dont ils sont
écoutés.
L’empire ottoman entre en guerre
après l’accord secret d’août 1914
entre la Porte et l’Allemagne.
L’annonce, le 9 septembre, de
la n des Capitulations pour le
1er octobre provoque la colère
des puissances de l’Entente, qui
doivent prendre note de l’entrée
en guerre de la Porte aux côtés
de l’Allemagne.
Les consulats sont fermés, les
archives brûlées, les intérêts pla-
4 Vendredi 13 mars 2015
International
cés sous la protection de puis-
sances tierces, ce qui place la
France dans l’impossibilité de
disposer de sources d’informa-
tions directes.
À cette déclaration de guerre
classique s’ajoute l’appel au dji-
had, qui s’accompagne de la vo-
lonté ottomane de voir se soule-
ver les Arabes. La France ravive
alors sa Commission interminis-
térielle des affaires musulmanes.
En parallèle, des rumeurs de
massacres de chrétiens se font
jour, tandis que des manifes-
tations contre les présences
européennes sont organisées.
Un réel mouvement de panique
s’empare du Liban.
Le protectorat français est dé-
noncé par le pouvoir ottoman le
24 octobre 1914 et la souverai-
neté ottomane afchée sur les
Lieux saints. Les établissements
religieux sont pour leur part ré-
quisitionnés, en tant que « biens
ennemis ».
Le Vatican prend des contacts
avec la Porte tandis que la
France soupçonne l’Italie, en-
core neutre, de vouloir prendre
pied dans son pré carré.
Paris décide de poursuivre le
versement d’allocations aux éta-
blissements protégés qui restent
dans l’empire.
Cette politique s’appuie sur la
foi généralisée en une guerre
courte, qui ne donnera pas le
temps d’appliquer la suppression
des capitulations.
La France envisage également
d’autres mesures.
Ainsi d’un projet de soulèvement
en Syrie qui s’appuierait sur l’élé-
ment chrétien. Un autre plan veut
menacer le sud syrien et bom-
barder les colonies protestantes
allemandes établies en Palestine
au cas où les établissements
français seraient menacés.
Ces projets sont considérés de
manière plus sérieuse à partir de
l’entrée en guerre de la Turquie
: la France envisage d’agir dans
les zones où son inuence serait
durable, comme la Syrie du nord,
avec exclusion des Lieux saints.
Dans ces conditions, on consi-
dère à Paris que ce sont les
Allemands qui guident les prin-
cipales mesures destructrices
dirigées contre les établisse-
ments français. Une intervention
militaire est envisagée, mais pas
plus, pour ne pas remettre en
cause l’intégrité de l’empire. La
perspective d’une Syrie indépen-
dante est encore inconcevable
pour les diplomates français.
À l’inverse, Paris est soucieux
d’entretenir l’inuence française
dans la région en y développant
un réseau d’espions pour contrer
la menace panislamiste agitée
par l’Allemagne.
D’autres idées françaises
évoquent une internationalisation
de l’intervention militaire, faisant
des réticences du ministère
des affaires étrangères à voir en-
trer d’autres puissances dans les
affaires syriennes, en particulier
les Italiens.
On en arrive à un plan de dé-
barquement sur la côte syrienne
entre Haïfa et Alexandrette, mais
la proposition britannique d’at-
taquer les Dardanelles reporte
cette opération.
Au nal, du point de vue militaire,
la France envoie principalement
une mission en Égypte dont le
but est de poursuivre la coopé-
ration inaugurée en n d’année
1914 (contre les Turcs, sur le ca-
nal de Suez) et d’évaluer le pro-
jet britannique de soulèvement
arabe.
Car les Français se rendent
compte que les Anglais ont chan-
gé d’attitude : ils sont passés du
désintérêt vis-à-vis de la Turquie
à une forte préoccupation de-
vant le renforcement des troupes
turques en Palestine.
Face à la radicalisation ottomane
(déportation de chefs maronites
à Jérusalem en mars 1915), les
Français regroupent leurs forces
au large de la Syrie et mettent en
place un service de renseigne-
ment qui, au départ, ne couvre
pas la Palestine.
Mais on s’abstient de mettre en
place une unité précise militaire
contre les Ottomans formée de «
locaux » : la présence d’irrégu-
liers chrétiens dans l’armée fran-
çaise serait le signe d’une guerre
sainte à rebours contre l’islam —
option incompatible au regard de
la politique musulmane dirigée
vers l’empire colonial.
QUEL AVENIR POUR L’EM-
PIRE OTTOMAN ?
Lorsque la Russie afrme ses
intérêts dans les affaires orien-
tales, la France tient à préserver
ses intérêts spéciques contre
les visées orthodoxes sur la Pa-
lestine et russes sur Constanti-
nople. Le maître mot est le main-
tien du statu quo.
L’Italie entre aussi en guerre aux
côtés de l’Entente, avec désor-
mais une place plus importante
dans les affaires d’Orient, au dé-
triment de la France.
La question du destin de l’empire
ottoman est reposée : sera-t-il
dépecé ou non ?
Certains évoquent une Syrie in-
dépendante ; d’autres veulent
imposer une solution française
en Palestine, refusée par les
Russes.
De son côté, le comité de l’Asie
française, un lobby colonial,
poursuit son appui au maintien
de l’empire ottoman. À ses yeux,
cela devrait permettre d’exiger
plus aisément le rétablissement
de la situation antérieure et des
réparations pour les dommages
subis par les établissements
français.
Mais il indique aussi que si le
Vendredi 13 mars 2015 5
International
démantèlement de l’Empire est
prévu, il faudra que la France soit
assurée des zones qu’elle en ob-
tiendra. Le sénateur et membre
du parti colonial Étienne Flandin
est favorable à une « grande Sy-
rie », avec une enclave territo-
riale internationale pour Jérusa-
lem et Bethléem.
À l’argument des traditions de la
France dans la région, il ajoute
celui de la puissance musul-
mane : la France doit être là-bas
pour protéger les pèlerinages
des musulmans en provenance
d’Afrique du Nord.
Enn, l’ancien consul géné-
ral de France à Beyrouth, alors
en poste à Paris, François
Georges-Picot tient à ce que le
régime international soit appliqué
pour Jérusalem, an d’éviter des
conits ultérieurs.
La donne est peu à peu modiée
par la concrétisation de la ré-
volte arabe. La France renforce
alors ses effectifs, qui demeurent
concentrés à Salonique (armée
d’Orient).
L’Angleterre pense que l’Alle-
magne est à même de prendre
l’Égypte et renforce alors sa pré-
sence, diminuant ses effectifs à
Salonique.
La France est dans la situation
inverse de celle de 1914, quand
elle avait refusé l’ouverture d’un
second front pour ne pas créer
une question de Syrie. À la n de
1915, elle veut un second front,
mais au nord de la région.
Sur place, la répression s’ac-
centue en Syrie : Djemal Pacha,
l’un des principaux responsables
jeunes-turcs, commandant mi-
litaire ottoman en Syrie et en
Palestine, met alors à prot la
découverte de documents au
consulat français de Beyrouth
qui révèlent les pétitions autono-
mistes d’avant-guerre.
Aux représailles s’ajoute la fa-
mine. Paris décide alors de se
positionner militairement : c’est
l’occupation de l’île d’Arouad, si-
tuée en face de Tartous en Syrie,
à la n août 1915, an de créer
une base avancée dans l’est de
la Méditerranée.
FACE À LA RÉVOLTE ARABE
(OCTOBRE 1915-1917)
Avec Aristide Briand à la tête du
gouvernement, l’ouverture d’un
nouveau front est désormais
envisagée. La prise en consi-
dération de l’Orient est toutefois
plus due à la réorientation an-
glaise, qui se traduit par l’insur-
rection arabe. Aux yeux de Paris,
Londres doit respecter les ambi-
tions françaises, notamment en
ce qui concerne la Palestine.
On s’oriente alors vers un par-
tage de la région. Les visées
anglaises sur la Palestine, af-
chées dès le départ, ne trouvent
pas vraiment de répondant en
France : rien n’y est prêt.
C’est de ce moment que date la
négociation Sykes-Picot qui dé-
montre plusieurs avancées dans
la politique orientale de la France
:
- acceptation du démembrement
de l’empire ottoman ;
- exigence de vastes compen-
sations pour la perte d’inuence
française ;
- acceptation de la création d’un
royaume arabe ;
- discussion seulement sur les
frontières de Syrie ;
- volonté française d’obtenir une
Syrie vaste, qui, si elle n’est pas
forcément importante du point de
vue économique, « est néces-
saire à sa puissance culturelle et
intellectuelle »5.
La Palestine entre pleinement
dans le plan français pensé par
Georges-Picot, qui se fonde sur
l’idée d’un régime internatio-
nal pour Jérusalem et les Lieux
saints.
Pour sa part, le parti colonial
français refuse l’internationalisa-
tion de la Palestine, trop contraire
aux intérêts de la France.
Et rejette catégoriquement ce qui
pourrait ressembler à des aspira-
tions anglaises sur la Palestine :
le Royaume-Uni, puissance pro-
testante, n’a que peu d’œuvres
en Palestine, et donc ne peut
avoir de revendications territo-
riales là.
L’année 1916 est aussi marquée
par l’apparition du facteur sio-
niste. Option progressivement
prise en compte par les Anglais,
elle est fermement rejetée par
les Français, qui y voient une fa-
çon d’installer le Royaume-Uni
en Palestine.
L’Italie, quant à elle, revendique
sa part du gâteau.
Au moment où se déclenche la
révolte arabe, en juin 1916, la
France est très prudente : son
souci est d’empêcher que ce
mouvement ne prote qu’aux An-
glais.
Pour limiter les dégâts, on songe
à l’envoi d’une délégation qui
équiperait une partie de la nou-
velle force arabe : à défaut, to-
talement arabisée, celle-ci ris-
querait de se retourner contre les
puissances chrétiennes.
Cette intervention permet d’inté-
grer le Hedjaz dans la politique
musulmane de la France. En pa-
rallèle est diffusée une large pro-
pagande, dirigée principalement
contre les Allemands, montrant
une France forte prête à accor-
der des réformes aux popula-
tions locales.
En parallèle se déroule la deu-
xième vague de répression à
l’encontre des Syriens sépara-
tistes menée par les Ottomans.
À laquelle s’ajoute l’intensica-
tion de la famine en Syrie.
Briand refuse le principe d’une
intervention humanitaire, les
chances d’un nouveau front en
Europe se multipliant, alors que
les Anglais pensent de plus en
plus à le faire dans le sud de la
Palestine.
À la n décembre 1916, la prise
d’El-Arish, dernier verrou otto-
man dans le Sinaï, provoque la
décision française d’accompa-
gner le mouvement britannique
vers la Palestine, an d’éviter
que la Grande-Bretagne n’y ar-
rive seule : on accepte le prin-
cipe d’une occupation mixte
provisoire, avec nomination de
Georges-Picot comme haut-com-
missaire français de Palestine.
En janvier 1917, un ravitaille-
ment de la Syrie, en collabora-
tion entre les États-Unis et l’em-
pire ottoman et à l’instigation de
la France est un coup d’épée
dans l’eau.
Très affaiblie, la Syrie ne peut
plus être considérée comme un
centre potentiel d’insurrection : la
France doit se résigner à la so-
lution hédjazienne, qui est celle
promue par Londres et la plus
active depuis la révolte arabe de
la mi-1916.
Au total, au cours de cette pé-
riode, l’arabisation de la question
d’Orient se fait au détriment des
Français, et surtout de leur clien-
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