la personne

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La personne et l’esprit
L’individu, la personnalité,
la personne
Références
Visions éthiques de la personne
A la recherche de la personne,
Jean Bernard
La notion de personne,
Simone Plourde
D’une bioéthique Nord-américaine à
l’éthique médicale (1)
« Définir l’éthique la plus apte à comprendre
– et à nous proposer – une notion de la
personne sur laquelle nous pourrions fonder
nos règles morales et nos engagements
juridiques, devient l’objet principal du
débat »
David Weisstub
D’une bioéthique Nord-américaine à
l’éthique médicale (2)
L’actualité du problème est de penser le
consentement éclairé, issu de l’autonomie anglosaxonne, pour tempérer le paternalisme des pays
latins, dans la prise en charge médicale des
personnes malades, souffrantes, en détresse ou en
danger dans une société développant, jusqu’à
l’extrême, la notion de risque, de responsabilité
et de précaution.
A la recherche de la personne
(1)
Deux définitions biologiques :
La première est génétique. Elle pose 3 questions :
L’unité. La défense du soi contre le non-soi. Nous
connaissons les méthodes de défense : les cellules, les
anticorps et les membranes
La diversité.Il ne se trouvera jamais deux hommes
pareils, chacun singulier, hormis en partie les jumeaux
(Mais interférence de l’acquis, problème plus
complexe du clonage). Chaque homme est
irremplaçable.
La mort. Disparition de l’identité avec le mort mais,
persistance des groupes sanguins.
A la recherche de la personne
(2)
La seconde définition est nerveuse :
La mort de l’homme est la mort du cerveau.
C’est par son cerveau que l’homme se distingue de
l’animal.
Le langage (Roland Barthes, Saussure), la pensée
(Hannah Arendt), la mémoire (René Simon), la
créativité et l’Art (Jean Pierre Changeux et Paul
Ricoeur dans la Nature et la règle).
Le soi, le non-soi dépendent-ils de l’acquis…
A la recherche de la personne
(3)
Le soi, le non-soi dépendent-ils de l’acquis?
Le cerveau imprime-t-il comme un disque dur
d’ordinateur ou stabilise-t-il pendant des périodes des
combinaisons de neurones qui apparaîtraient par vagues
successives?
Comment concevoir le rapport entre le nombre de gènes
et le nombre de neurones? Quelques centaines de
millions et des milliards de milliards de neurones, de
synapses…
Quelles connaissances sur le haut raffinement des
processus cognitifs de l’homme?(François GROS)
A la recherche de la personne
(4)
Le respect de la personne
L’état végétatif chronique (grave maladie
chronique, brusque traumatisme).
Les fonctions supérieures ont disparues mais
subsistent des fonctions qui permettent
quelquefois la respiration, la persistance d’une
hémodynamique. Plus de conscience, au
mieux une vigilance…
A la recherche de la personne
(5)
La mort cérébrale (mot à préférer à coma dépassé)
Les traitements de la réanimation et de
l’anesthésiologie permettent de « suspendre le
temps », une période pour « passer un cap », peuvent
suppléer à ces dernières fonctions, quelques réflexes
ayant subsisté un certain temps…
Quelques expérimentations ont eu lieu ( affaire
Milhaud) sur de telles « personnes », ce qui a
accélérer l’adoption de la loi de protection des
personnes
(Claude Huriet et Franck Sérusclat)
A la recherche de la personne
(6)
L’embryon.
La vie commence, non à la naissance (comme le
veut le droit romain), mais lors de la conception.
L’œuf humain, juste formé, l’œuf résultant de la
fécondation d’un ovule avec un spermatozoïde,
contient en puissance tout l’être biologique complet
qu’il sera plus tard.
Et la personne, est-elle potentielle ?
A la recherche de la personne
(7)
La théologie du Moyen âge parlait de personnes
potentielles (potentia) à propos de l’embryon et du
fœtus. Une virtualité de personne avec un avenir
possible de personne humaine.
Ceci a été contesté
Certains prétextant que la personne est présente dès
la conception, donc que l’embryon est une personne
(dimension vitaliste)
D’autres considèrent qu’une personne n’existe que
lorsqu’elle est capable de faire des choix moraux
(dimension kantienne)
A la recherche de la personne
(8)
N’est-ce pas insuffisant comme débat?
Un amas de cellules, répondent les uns…
mais…
Une personne entière disent les autres?
N’est-ce pas un débat persistant entre l’inné
et l’acquis : Qu’est-ce qui fait la personne ?
A la recherche de la personne
(9)
La dignité.
Le respect de l’homme, en chaque homme, est une
obligation inconditionnelle, qui doit être maintenue face
aux périls du présent!
Dans ma conduite avec une personne, je me soucie de
sa liberté, égale à la mienne
La dignité est une valeur que je décide de reconnaître,
l’estime due à tout ce qui relève de l’homme, qualité
incorporelle qu’il faut attacher au corps de l’homme, si
l’on veut trouver la ligne montante de l’humanisme.
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (1)
Lucien Sève :« la notion de personne traverse une crise
majeure, une crise spécifique induite par le séisme des
innovations biomédicales…
- quand mort personnelle et mort corporelle se dissocient,
- quand une grand-mère porte en elle l’enfant de sa fille,
- quand on stocke les embryons humains congelés,
comment ne serions-nous pas bouleversés par nos
représentations de nous-même, déstabilisés dans nos
relations avec autrui, et devant une mise en question des
traits fondamentaux de la condition humaine ? »
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (2)
Chez les Grecs :
Anthropos : l’homme en général
Soma : individu animé,
Prosôpon : la face, le visage humain, le masque des comédiens
Chez les Latins :
Homo, l’homme en général
caput, la personnalité juridique
individuum, le sujet humain
persona : le masque
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (3)
Avec la définition ontique de « persona » par
Cicéron
(rôle en justice, rôle social, réalité collective,
personnalité marquante, personne juridique par
opposition aux choses, personnalité ou caractère
concret d’un individu, notion philosophique de
personne la désignant soit comme strictement
individuelle, soit en tant que douée de raison)
s’impose l’individu rencontré tous les jours dans
sa proximité et son indivisibilité.
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (4)
L’antiquité chrétienne devra, par la suite,
approfondir la notion de persona, léguée par
les penseurs gréco-latins, pour éviter que la
raison humaine n’abdique devant certains
dogmes chrétiens enseignant le mystère d’un
Dieu unique en trois personnes et celui d’un
Christ, à la fois homme et dieu, dans l’unité
d’une seule personne, ainsi…
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (5)
La conception ontologique de la personne, retient le
principe d’identité et d’unité (à celui de différenciation
relationnelle) du concile de Chalcédoine de 451 après JC.
BOECE (VI siècle). La personne est « la substance
individuelle d’une nature raisonnable »
THOMAS d’AQUIN (XIII siècle, insistant sur l’élément
substancia, la définit comme « l’être en tant qu’il
subsiste, trouvant en soi, et non dans un autre que luimême, l’appui de son existence »…vers le concept
moderne de « Conscience de soi »
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (6)
Les modernes, contre une chosification, issue d’une
recherche sur l’être :
Descartes, propose la notion de « sujet », le sujet pensant
s’assure de son existence personnelle, il découvre la certitude au
terme du doute méthodique
« Cogito ergo sum », « dubito ergo sum »
Kant, celle de « sujet moral ». L’autonomie forge la
personnalité du sujet moral, assure sa dignité, le rendant capable
de se constituer législateur de sa propre loi, et d’en faire, par la
suite, son devoir.
Hegel, celle de sujet relationnel. C’est l’adjonction du principe
de différenciation relationnelle.
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (7)
En s’opposant à Descartes, Hegel affirme que l’expérience originaire
n’est pas celle du sujet pensant mais qu’elle est constituée par
l’interaction du regard de l’autre sur le « Je » et par la saisie de
sa radicale altérité. Et il met en lumière la lutte personnelle pour la
reconnaissance à être, et de la réconciliation devant les conflits
inévitables entre les sujets. La dimension morale du couple conflitsréconciliations étant affirmée.
Fichte met en valeur la notion de réciprocité et la notion
d’intersubjectivité qui appartiennent, en propre, à la personne,
précédant le concept actuel « d’attitude » (Alain Touraine).
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (8)
Emmanuel Mounier et le personnalisme. Il s’oppose à la
fois à l’individualisme, à l’existentialisme et au marxisme
dominants à la première moitié du XX siècle. Pour la
compréhension de la personne, il fait allusion à la
corporéité, l’intériorité, l’affirmation de soi, la
transcendance, la communication avec autrui, la liberté, la
générosité, l’engagement.
Pour Mounier la personne est un être capable de répondre
aux interpellations des évènements, un être de réponse qui
doit, en s’engageant, prendre ses responsabilités au sein
d’une communauté de personnes.
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (9)
Gabriel Marcel développe la notion de personne
distinguant l’individu et la personne. L’individu
est un simple élément statique ou spécimen parmi
une infinité d’autres dont les opinions reflètent
purement et simplement les idées reçues dans son
milieu, un « on » subissant et non-agissant.
Le propre de la personne c’est non seulement
d’envisager, d’apprécier, d’affronter, c’est encore
d’assumer. Véritable incarnation dans le réel.
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (10)
La caractéristique essentielle de la personne est
alors sa disponibilité, « cette aptitude à se
donner à ce qui se présente et à se lier par ce
don ». Affirmation d’engagement et de
responsabilité.
Le premier engagement de la personne est alors
le dépassement de soi-même; la personne
exige la croyance à l’existence des autres, à la
reconnaissance et à la responsabilité de ses
actes, à l’intérieur d’une société réelle.
La notion de personne,
une clé qui ouvre la dimension éthique des
possibilités techno-scientifiques (11)
C’est dans cette dimension statique que
la personne apparaît dans toute sa
dignité, cette dernière avec Gabriel
Marcel n’est pas fondée sur la raison , il
en trouve les maîtres mots dans « mon
prochain » adressés à autrui, c’est à dire
dans l’affirmation d’une fraternité.
La notion de personne,
(suite)
Pour Levinas (1)
Chez Emmanuel LEVINAS la dimension
ontologique s’estompe devant une pensée qui donne
la place première à l’éthique. Avant de se penser
homme raisonnant ou engagé ou altruiste, homme
devant développer une éthique, l’homme est
d’abord un sujet éthique, sujet de la philosophie
première, usurpant la place de l’ontologie et de la
métaphysique.
La notion de personne,
Pour Levinas (2)
Le concept d’une subjectivité aux éléments
neufs s’y déploie, avec les traits d’unicité et
de vulnérabilité.
Dans la philosophie de Lévinas, au cœur de
laquelle les relations du Moi avec le visage et
avec le tiers s’emmêlent d’une façon
indémaillable, l’individualisme n’a pas droit
de cité.
La notion de personne,
Pour Levinas (3)
Dans le concept de visage, c’est rien moins que la
transcendance de la personne, trop bien dissimulée dans
ce mot rendu banal et impersonnel, par l’usage, qui trouve
sa singularité et sa plénitude.
Il s’agit alors de la visibilité des individus, de leur existence
dans la société politique, juridique et sociale.
La personne, « le masque d’emprunt de l’être », étant le
but et l’origine d’elle-même, où le moi est encore chose,
parce qu’il est encore un être.
La notion de personne,
Pour Levinas (4)
La relation avec la personne, selon Lévinas, n’est
éthique que si elle TRANSCENDE la surface, ou la
face des personnes, si elle « DE-FAIT » sans cesse
la forme plastique (masque ontologique, social ou
juridique), pour RE-CRÉER le visage et maintenir
son essentielle ambiguïté.
Lorsque l’unique répond à l’interpellation du
visage, il manifeste sa dignité et témoigne de celle
d’autrui, lui octroyant le respect qui lui est dû.
La notion de personne,
Pour Levinas (5)
A travers les siècles, les concepts de personne et
d’être humain demeurent sous-tendus par celui de
l’individu empirique, auquel il faut revenir
impérativement, lorsque les sciences biologiques le
prennent pour objet.
La personne empirique étant, pour Emmanuel
Lévinas, la singularité par excellence, le proche, le
prochain.
La notion de personne,
De Levinas à Ricoeur
Emmanuel Mounier, Gabriel Marcel et Emmanuel Lévinas
se sont attachés à circonscrire la notion de personne, en
mettant en relief l’ordre moral ou éthique qui commande
son AGIR.
Paul Ricoeur en janvier 1983, revue Esprit : « Meurt le
personnalisme revient la personne ». Il insistait sur la
connexion personne et communauté, et la non-séparation
entre pensée et action. La personne se situe dans une
situation de crise surgissant d’un conflit de valeurs.
La notion de personne,
Paul Ricoeur
Ainsi, la personne éprouve ( c’est de l’ordre de
l’épreuve) les limites de sa tolérance, s’identifie à
une cause qui la dépasse et s’engage.
En 1990, Paul Ricoeur, par le triple biais du
langage, de l’action et du récit (la
philosophie herméneutique), procède à une
exploration de l’homme parlant, agissant et
souffrant, narrant et responsable.
La notion de personne,
Paul Ricoeur (2)
Il tente une définition de l’ethos : « souhait d’une
vie accomplie, avec et pour autrui, dans des
institutions justes »; ainsi la visée éthique est la vie
bonne avec et pour les autres dans des institutions
justes.
Il expose sa philosophie de la personne, mettant en
parallèle les actes du discours (locution,
interlocution, langage) et l’ethos moral (estime de
soi, sollicitude et institutions justes).
La notion de personne,
Paul Ricoeur (4)
La personne n’existe que sous le régime d’une vie
qui se déroule de la naissance à la mort.
L’enchaînement d’une vie pose le problème de son
identité dont Paul Ricoeur distingue deux sens:
Le même (mêmeté), ce que le temps laisse
perdurer à une substance,
Le soi-même (ipséité) à l’aspect fluant,
présupposé par le modèle de la promesse
qui réclame la fidélité à l’engagement
contracté.
La notion de personne,
La notion de personne, pour Simone Plourde,
semble exprimer dans l’homme, non seulement ce
que la biologie constate, à savoir le plus haut stade
neuropsychique de l’ontogenèse (cf Jean Bernard)
mais bien davantage l’aspect intégrateur de tous les
éléments de sa nature : «
« l’ipséité du soi, en devenir de lui-même
avec et par autrui, en bref la réalisation de
l’humain, la quintessence de l’humanitude »
La notion de personne,
Lucien Séve propose trois modalités sous
lesquelles l’être humain s’offre à notre
expérience :
Individu biologique,
Sujet doué de personnalité
Personne humaine
Ces modalités ne pouvant pas coïncider
parfaitement.
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