La Lettre de la SPP

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La Lettre de la S.P.P.
www.sfpio-paris.org
N° 62
2e trimestre 2014
L’édito
Circulaire Caduque Anti Médicale
Sommaire
Édito
1
Par Charles Micheau
Compte-rendu Dr Fouque et Dr
Kaleka | Par Hông-Hanh Lê Quan
2
Congrès national de la SFPIO
6
La Baule du 22 au 24 mai 2014
Prochaine soirée SFPIO Paris
7
Avec le Pr Jean-Baptiste Charrier
Carte Blanche DU et Master
8
Par Ons Zouiten
Bulletin d’inscription
13
Voilà comment on pourrait renommer cette CCMA qui
doit être mise en place
en juin prochain !
Certes, comme pour
toute politique de santé, l’argent (et donc
l’encadrement
des
honoraires) reste le
nerf de la guerre, mais
la qualité des soins
doit être une priorité
absolue et inaliénable.
Ces bonnes intentions n’ont jamais
conjuré les liaisons incestueuses
entre
l’amant politique et la
maîtresse santé qui
offre bien des charmes
à qui est au pouvoir.
Et pour revenir à la
problématique de la
parodontologie parisienne, où les charges
locatives des cabinets
sont les plus chères de
Quand on examine les
l’hexagone, mettre en
Charles Micheau
revenus des profesœuvre cette CCAM va
sions médicales, les disparités sont
impliquer deux attitudes possibles :
grandes : pensons aux sagesle déconventionnement ou le bricofemmes (avec qui nous partageons
lage chronique avec des actes horsnotre caisse de retraite) dont la rénomenclatures qui vont être délicat
munération hospitalière se rapà identifier…
proche plus du SMIC que du revenu
Le rôle de nos sociétés scientimoyen des français !
fiques, sans rentrer dans des poléOutre la nouvelle codification de
miques stériles, doivent aussi se
nos actes, c’est l’impossibilité de les
faire l’écho du maintien d’une paromettre en œuvre si l’on continue,
dontologie de qualité au service
premièrement, à respecter nos oblid’un accès au soin de notre discigations administratives de respect
pline qui reste encore trop confides normes imposées (stérilisation,
dentielle pour nombre de nos patraçabilité, accès handicapés…) et,
tients.
deuxièmement, de dispenser des
Et pour continuer à maintenir notre
soins conformes aux données acamour de soigner, sachons garder
quises de la science quant on connos rendez-vous SPP !
naît l’évolution, ou plutôt l’envol,
du coût de notre plateau technique.
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La Lettre de la S.P.P.
Compte-rendu de la soirée du 1013 mars 2014
Lésions cervicales d’usure : combler ou recouvrir ?
>| Un thème, deux conférenciers
Dr Richard Kaleka (Paris) et Dr Caroline Fouque-Deruelle (Marseille)
Dr Richard Kaleka
Paris
Les lésions d’usure de la zone cervicale sont
de nos jours de réels motifs de consultation, tant sur le plan esthétique que sur le
plan fonctionnel (hypersensibilité dentinaire). Elles représentent un défi thérapeutique car elles concernent aussi bien la dent
que le parodonte. Les approches diagnostique et étiopathogénique ont été présentées par le Dr Kaleka, l’analyse préopératoire et le versant chirurgical par le Dr
Fouque.
Comprendre et diagnostiquer l’abrasion,
l’attrition et l’érosion
Dr Caroline Fouque-Deruelle
Marseille
Les lésions cervicales d’usure (LCU) sont la
manifestation visible de la combinaison de
facteurs physiques (attrition, abrasion) et
chimiques (érosion). Savoir les diagnostiquer permet de les traiter, mais aussi de les
prévenir. Le motif de consultation est basé
sur une symptomatologie (hypersensibilité
dentinaire) et/ou une demande esthétique.
Une bonne observation clinique incluant
forme, quantité, localisation, notamment
avec des aides visuelles, contribuera à faire
la différence entre usure physiologique et
pathologique, celle-ci n’étant pas toujours
aisée.
On distingue quatre situations : l’attrition,
l’abrasion, l’érosion et la fragmentation
« abfraction ».
L’attrition (occlusale, proximale)

Contacts dento-dentaires occlusaux, ce
sont des facettes à contours nets, lisses
et on peut les confronter aux dents antagonistes.

En proximale : élargissement des aires
de contact.
L’abrasion
Il s’agit de frottement avec ou sans corps
intermédiaire. Elle est :
 globale (sur la totalité des surfaces dentaires) : effets des aliments, des parties
molles, environnement (sable).
 ou focale (sur des zones spécifiques des
dents : mutilation ethnique, habitudes
d’hygiène [brosse à dents, dentifrice,
bâtonnets interdentaires]).
Les abrasions focales au tiers cervical composent les LCU. La différence avec
une lésion carieuse réside dans :
 la présence de biofilm au niveau de la
carie avec une surface irrégulière ;
 l’absence ou la quasi absence de biofilm
au niveau des LCU, avec une hyperminéralisation qui peut englober des bactéries comme fossilisées, la surface est
lisse.
Le terme « mylolyse » n’est plus utilisé. Les
Américains parlent de « lésion cervicale
non carieuse »… Or les résorptions dentinoclastes d’origine parodontale peuvent créer
des lacunes non carieuses, c’est trop flou,
d’où les LCU comme terminologie proposée. Le mot « abfractions » est à proscrire
également.
L’abrasion focalisée plurale est le plus souvent asymétrique car liée à la latéralisation
manuelle lors du brossage.
L’érosion
Ce n’est pas une modalité de destruction
en soi, mais elle va potentialiser les éléments mécaniques. Il y a dissolution des
structures dentaires par exposition à l’acidité (sans intervention des bactéries). Elle
peut
être
d’origine
extrinsèque
(alimentation, médication, environnement)
ou d’origine intrinsèque (contenue de l’estomac pH < 2 par vomissement, reflux gastro-œsophagien). Sont concernés les fruits
et leurs jus naturels (agrumes, baies,
pommes), les boissons acidulées (gazeuses
ou non), les boissons « sportives », les vins
(blanc surtout), le cidre, les sauces de salade (vinaigrées ou citronnées), les condiments, les bonbons ou encore les tisanes.
Cette liste n’est pas exhaustive.Les effets
peuvent être :
 directs (par rémanence dans la
bouche) : aspirine, acide ascorbique,
aérosols bronchodilatateurs, cocaïne,
bains de bouche ;
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 indirects : tous les médicaments sialoprives, exposition industrielles (chimie),
exposition professionnelles (viticulture,
œnologie), exposition sportive (nageurs
de compétition).
 On distingue également une origine
intrinsèque (reflux gastro-œsophagien
et formes associées, symptômes de
l’adulte : goût acide, aérophagie, halitose, mal de gorge, lourdeur épigastrique, voix enrouée, douleur d’estomac, toux persistante, vomissements,
salivation excessive) d’une origine extrinsèque (troubles alimentaires : anorexie-boulimie [vomissements diurne et
nocturne] ; mérycisme [rumination
combinée aux vomissements].
La fragmentation « abfraction »
Il s’agit de la destruction en subsurface
sous l’effet de la flexion des dents, aggravée par la corrosion de contrainte, « stress
corrosion ».
La prévention est importante, car elle permet de stopper la progression des lésions
due à ces facteurs. Outre l’arrêt des facteurs en cause, on privilégiera les produits
à base de fluorures pour reminéraliser la
surface dentaire: dentifrices, gels, vernis,
solutions de rinçage ou gommes à mâcher.
Les modalités thérapeutiques
La littérature nous incite grandement à
évaluer notre succès
thérapeutique
selon
des critères reproductibles, comme le pourcentage de recouvrement par rapport à la
ligne de jonction émailcément (JEC) ou l’intégration naturelle avec
les dents adjacentes,
ou encore en comparant deux techniques,
ou enfin avec des outils
diagnostiques d’évaluation esthétique. Or, les
récessions
gingivales
sont très souvent associées aux lésions cervicales d’usure, lésions
qui effacent la JEC. Une
publication prise au
hasard peut montrer
dans
ses
critères
d’inclusion une JEC
identifiable, et dans les
critères d’exclusion les
LCU car il n’y a plus de
JEC. Parfois la LCU est
reconstruite par un composite ou une couronne. Donc comment évaluer le pourcentage de recouvrement complet par rapport
à la JEC si on ne la voit plus ? Notre quotidien ne présente pas que des récessions
gingivales simples sans LCU, quand on sait
que les LCU sont associées aux récessions
gingivales dans 50 % des cas (Zucchelli et
al., 2006).
L’étude de Nieri (2013) sur la perception
propre aux patients et leur conscience de la
présence d’une récession gingivale est plus
importante chez un jeune patient, lorsque
cela concerne une incisive, canine plutôt
que prémolaire et molaire, et est fonction
de sa hauteur et de la présence d’une LCU.
Comme n’importe quel diagnostic, l’analyse
muco-gingivale se veut précise : parodonte
épais, plat, festonné, fin… l’utilisation de la
classification de Miller se fait en fonction
du niveau osseux proximal autour des récessions gingivales. La position d’une dent
(extrusion, rotation…) a une incidence certaine sur le recouvrement.
Ainsi Pini-Prato propose une classification
des LCU au niveau des récessions gingivales
afin d’orienter le traitement :
 A- : JEC visible et LCU modérée, soit
46 % des cas
 A+ : JEC visible et LCU marquée, soit
14 % des cas
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La Lettre de la S.P.P.
 B- : JEC non visible et LCU peu marquée,
soit 15 %
 B+ : JEC non visible et LCU marquée, soit
24 % des cas (la plus compliquée).
Comment allons-nous projeter notre recouvrement ou comment déterminer la
position de la ligne maximale de recouvrement (LMR) si la JEC n’est plus identifiable ?
Cela ne correspond pas toujours à la JEC
existante ou à la JEC disparue. Zucchelli et
son équipe (2006) proposent de mesurer la
distance entre la JEC en proximal (toujours
visible a priori dans le sulcus en sondant) et
le point de contact, et de reporter cette
mesure à partir du sommet de la papille.
Pour vérifier cette prédictibilité, Zucchelli et
al. (2010) ont testé sur 50 patients, 135
récessions de classes I, II et III de Miller
avec un lambeau placé coronairement
(LPC) ou bien un LPC + un conjonctif enfoui.
Dans 71,8 % des cas, on a une corrélation
exacte entre la LMR définie et la position
de la gencive marginale à 30 jours puis à 90
jours post-opératoires.
Zucchelli et al., 2011 proposent 5 types de
traitements en fonction de la position de la
LMR :
 lorsque l’on pense que la LMR peut-être
plus coronaire d’1 mm à la limite de la
LCU, on peut faire un LPC simple ;
 lorsque la LMR est en juxtaposition avec
la limite coronaire de l’usure, si le recouvrement n’est pas parfait, il y a
risque de gap avec la zone d’usure,
éventuellement colorée par la chlorhexidine. Pour éviter une incertitude on
rajoute un greffon conjonctif sous le
lambeau : LPC + GCE ;
 lorsque la LMR ne peut pas être aussi
coronaire que la LCU, dans la partie la
plus profonde de l’usure, il est préférable de réaliser une plastie de la concavité + composite + LPC ;
 lorsque la LMR est dans le tiers apical de
l’usure, la solution composite + LPC est
envisagée ;
 en présence d’une récession de classe
IV de Miller, le recouvrement n’étant
pas possible, il est recommandé par les
auteurs d’élever un lambeau pour réaliser un composite.
Cependant, on peut se demander :
 Quelle technique de recouvrement privilégier ? Les études de Hirsch, Zucchelli, Harris ou de Paoloantonio montrent
que près de 98 % des greffes de conjonctif (GEC) associées à un LPC donnent un recouvrement. Personnellement, Caroline Fouque associe toujours
un GEC avec un LPC pour assurer la stabilité dans le temps. Quelle que soit la
technique, Hofmänner (2012) montre
qu’un tunnel modifié + conjonctif enfoui
ou un LPC modifié (rotation papillaire
par exemple) + conjonctif enfoui donne le
même pourcentage de
recouvrement.
D’après Cortellini et al.
2009 le LPC + conjonctif
est la technique qui
offre le plus de stabilité
et le moins de contraction postopératoire.
En réalité, dans les
71,8 % de Zucchelli, la
bonne surprise est que
la position de la gencive
marginale est plus coronaire d’1 mm à la LMR
dans 17,7 % des cas et
ce dans 75 % des cas
des traitements réalisés
par LPC + conjonctif. À
l’inverse, dans 10,3 % la
position de la gencive
marginale est plus apicale d’1 mm à la LMR,
notamment avec un
LPC seul. On a intérêt à
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y associer un greffon car en général les
LCU sont cassées et profondes.

Peut-on placer un matériau sur la LCU
radiculaire avant le recouvrement ?
pour redonner une convexité radiculaire
et limiter le risque de carie radiculaire ?
L’argument serait surtout une meilleure
adaptation des tissus mous sur la surface radiculaire. Santamaria et al. 2007
parlent de « big dead space » si la profondeur est supérieure à 1 mm. Un essai
verre ionomère + LPC + conjonctif a été
réalisé dans la même séance, élément
non négligeable qu’il faut pouvoir gérer.
Mais si on a un verre ionomère, pourquoi un conjonctif ?... Santamaria obtient toutefois un bon résultat de
83,34 % de recouvrement à 6 mois
Alkan (2006) obtient dans les mêmes
conditions que Santamaria un creeping
attachment. Cela rejoint la biocompatibilité connue des verres ionomères.
Martins réalise une étude histologique
chez le chien avec création des cavités,
2 mm sous la JEC et 3 mm de profondeur, le groupe contrôle a un LPC, un
autre groupe reçoit du CVI. On constate
une absence d’infiltrat inflammatoire du
conjonctif quelque soit le groupe. Donc
ce n’est pas un non-sens de placer un
matériau avant de faire un lambeau.
L’histologie montre un épithélium de
jonction long sur les matériaux, dans les
autres cas on observe un contact direct
entre LPC/conjonctif et surface radiculaire, donc absence de gap, même si la
profondeur est de 3 mm.
Un greffon conjonctif (sans composite)
suffit-il à recréer une convexité suffisante dans les cas de LCU profonde ?
Finalement est-ce que cette concavité
de l’usure ne permettrait pas d’ancrer
ce greffon, contrairement à ce que l’on
pourrait craindre ?
Pini-Prato et al. montrent en 2004 que si
la profondeur de la lésion cervicale est
inférieure à 1 mm, la meilleure solution
est LPC + conjonctif ; en revanche, si elle
est supérieure à 1 mm, il faudra s’orienter vers un LPC + double conjonctif sans
traitement de la surface radiculaire.

Faut-il faire un traitement de surface de
la racine ? Zucchelli propose une étude
sur 11 patients présentant des classe I
de Miller, une évaluation à 6 mois et
une absence de lésions cervicales. Le
groupe contrôle est traité avec une
curette puis de l’eau saline pendant 60
secondes ; le groupe test est traité avec
une instrumentation ultrasonore (US)
puis de l’eau saline pendant 60 secondes. L’auteur n’observe aucune
différence significative entre les
groupes dans les recouvrements par
LPC. La faveur revient aux US, car c’est
moins long et plus facile, en éliminant
moins de substance radiculaire. Le traitement de la surface radiculaire avec
polissage et US sera réservé au patient
jeune, avec une dentine très claire,
hyperesthésie dentinaire, à étiologie
érosive ; on préférera la curette et la
fraise chez le patient plus âgé, dentine
colorée, sans hypersensibilité et une
dentine hyperminéralisée.

Recouvrement chirurgical ou composite : dans quel ordre intervenir ?
Lorsque le composite est réalisé avant
le recouvrement, le profil convexe de la
dent va guider et positionner coronairement le LPC. L’inconvénient est que,
dans 10,3 % des cas, la position de la
gencive marginale est plus apicale d’un
millimètre à la LMR. Si l’on a une contraction dans le 1er mois postopératoire,
on aura apparition d’une ligne de dentine colorée (chlorhexidine), c’est
l’échec thérapeutique et esthétique !
Zucchelli a réalisé une évaluation esthétique par les patients du traitement des
lésions cervicales d’usure associées à des
récessions gingivales. On constate une satisfaction des patients même lorsque le
recouvrement complet est impossible à
obtenir, la couleur étant souvent l’élément
retenu et évalué par les patients. La restauration dentaire est aussi importante que la
position du recouvrement radiculaire.
Le traitement des lésions cervicales d’usure
associées aux récessions gingivales passe
par un diagnostic précis afin de diminuer ou
arrêter les facteurs aggravants. Il est tout
aussi important de prévoir un recouvrement le plus esthétique possible. Cette
zone particulière impose aux thérapeutiques de respecter à la fois l’anatomie de
la dent et le parodonte marginal.
Événement couvert par
Hông-Hanh Lê Quan Sang
La Lettre de la S.P.P.
Congrès National de la SFPIO | 22 - 24 mai 2014
Convergences thérapeutiques
Palais des congrès Atlantia, 121 Av. de Lattre de Tassigny
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Prochaine soirée conférence - jeudi 15 mai 2014
Activation métabolique osseuse par corticotomies
en technique mini-invasive
État de lieux en 2014
Par le Pr. Jean-Baptiste Charrier (Paris)
Les demandes de traitement orthodontique chez l’adulte ne cessent d’augmenter. Cette
population souhaite que le traitement soit le plus rapide possible.
Les corticotomies alvéolaires sont une chirurgie de scarification de la corticale alvéolaire.
Cette technique consiste dans sa version conventionnelle à récliner un lambeau de gencive de
pleine épaisseur et à effectuer des sections superficielles de l’os alvéolaire pénétrant à peine
l’os médullaire dans la région où il est souhaité une résistance alvéolaire amoindrie et
un déplacement rapide des dents.
Inspirées par les premières corticotomies segmentaires décrites par Köle, les techniques
de corticotomies ont intéressé depuis de nombreuses équipes. Des travaux
expérimentaux ont démontré l’intérêt et la fiabilité de ces techniques.
Jean-Baptiste Charrier
Paris
On considère actuellement que le principe des corticotomies alvéolaires est le même que pour la consolidation des foyers
de fractures. Toute modification du turnover osseux, qu’elle soit médicamenteuse ou chirurgicale, entraine des
variations dans la vitesse de déplacement orthodontique. Il ne s’agit pas de mobiliser les dents ni de les rendre plus
mobiles, il s’agit de faire une activation métabolique régionale dont les mécaniques orthodontiques conventionnelles
vont permettre de déplacer physiologiquement les dents, plus rapidement avec des forces moindres. La période de
consolidation permettra de maintenir une mobilité dentaire augmentée pendant un certain temps après l’intervention.
Les corticotomies de l’os alvéolaire permettent d’accélérer les mouvements dentaires par rapport à un traitement
orthodontique conventionnel. Cette technique chirurgicale s’est développée considérablement ces dernières années
et de plus en plus de praticiens lui font confiance. Des évolutions techniques récentes permettent aujourd’hui le
développement d’une approche des corticotomies dite mini-invasive pratiquée sans l’élévation de lambeaux
gingivaux.
Le développement du Traitement Orthodontique combiné aux Corticotomies ouvre de nouvelles perspectives et
apporte des solutions à certaines limites du traitement orthodontique adulte. Cette méthode présenterait de nombreux
bénéfices comme la réduction de la durée de traitement, une meilleure expansion, un mouvement dentaire
différentiel, une plus grande possibilité de traction des dents incluses et une plus grande stabilité post-thérapeutique.
À travers la description de cas cliniques, nous proposons une mise à jour des données actuelles sur les
corticotomies, en décrivant les différentes techniques chirurgicales « invasives » et « mini-invasives » avec leurs
avantages et leurs limites.
Les perspectives d’application des corticotomies en pratique clinique courante sont exposées.
Les données scannographiques et par imagerie cone beam concernant l’ostéogenèse induite par les corticotomies sont
présentées, ainsi que les perspectives de recherche clinique sur les corticotomies.
Centre de Conférences Arpège Victoire : 52 rue de la Victoire 75009 Paris
Cocktail à 19h30, puis 21h30 avec exposition des laboratoires
Conférence sans interruption de 20h00 à 21h30
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La Lettre de la S.P.P.
Carte blanche Master et DU
Maladies parodontales et psoriasis
Dr Ons Zouiten (Orléans)
Master de Parodontologie, Paris 5
Introduction
Dr Ons Zouiten
Orléans
Jeune patiente psoriatique âgée de
22 ans avec une parodontite agressive généralisée sévère.
L’examen clinique a révélé :
 une inflammation gingivale généralisée modérée ;
 la présence de tartre et de plaque
supra- et sous-gingivale ;
 des mobilités de type 2 généralisées ;
 des migrations secondaires avec
apparition
de
diastèmes
(notamment entre 14/15, 21/22,
23/24...) ;
 16 absente, « extraite car très
mobile » selon la patiente.
Le psoriasis est une dermatose érythémato-squameuse chronique fréquente, de cause inconnue et qui
touche près de 2 % de la population.
C'est une maladie auto-immune à
composante inflammatoire qui s’exprime principalement au niveau de
la peau, mais qui a des effets pathogènes systémiques.
Généralement bénigne, elle peut
présenter des formes graves comme
le psoriasis arthropathique ou le
rhumatisme psoriasique ou comme
le psoriasis pustuleux. Les localisations habituelles sont les zones de
frottements tels que les coudes ou
les genoux. Mais le psoriasis peut
toucher aussi le cuir chevelu ou les
ongles ou d’autres localisations plus
rares telles que le psoriasis pustuleux localisé dit palmo-plantaire et
le psoriasis pustuleux généralisé dit
de Von Zumbusch.
Le traitement du psoriasis peut être
local avec des dermocorticoïdes ou
des analogues de la vitamine D. Il
existe aussi les bains ou émollients,
la photothérapie ou des traitements
généraux comme le méthotrexate
ou les anti-TNF α.
Les manifestations buccales ont été
décrites depuis des années. Il s’agit
notamment de la langue géographique ou des chéilites. En 1992, un
rapport de cas propose pour la première fois une association possible
entre la parodontite et le psoriasis
(Yamada et al. 1992).
On note plusieurs similitudes entre
la parodontite et le psoriasis ; ce
sont deux maladies inflammatoires
chroniques, multifactorielles. Cependant, si le psoriasis est une maladie auto-immune de cause inconnue, les maladies parodontales ont
une étiologie bactérienne et ne sont
pas auto-immunes.
On note aussi plusieurs comorbidités telles que le stress, l’alcool, le
tabac, les maladies cardiovasculaires, le diabète...
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Y a-t-il un lien entre les maladies
parodontales et le psoriasis ?
Plusieurs équipes ont voulu étudier
les liens entre les maladies parodontales et le psoriasis, Quatre études
ont montré une association entre
les deux pathologies et une étude
n’en trouve pas.
Preus et al., en 2010, dans une
étude cas-témoins, avec 310 patients, 155 psoriatiques et 115 contrôles et qui avait pour objectif
d’étudier le degré de perte osseuse
chez un patient psoriatique par rapport à un contrôle sain de même
sexe et âge, ont montré que 78 %
des patients psoriatiques avaient
plus de perte osseuse et plus de
dents absentes que leur contrôle et
ils en conclurent qu’il y a une possible association entre le psoriasis et
la perte osseuse.
Une autre étude cas-témoins, celle
de Lazaridou et al. en 2012, avec
200 patients, 100 patients psoria-
tiques et 100 patients contrôles, et
avec comme objectif de mettre en
évidence une association entre la
parodontite sévère et le psoriasis a
trouvé que les patients psoriatique
avaient 3 fois plus de chance d’avoir
une parodontite sévère (OR = 3,29).
Ils ont donc conclu qu’il y avait une
association entre le psoriasis et la
parodontite sévère.
Keller et al. en 2012 dans une étude
de cohorte avec plus de 230 000 patients, 115 365 patients avec parodontite chronique et autant de patients contrôles, qui n’avaient pas
de psoriasis au début de l’étude,
voulaient déterminer l’incidence du
psoriasis chez les patient avec une
parodontite chronique et le rapport
entre, d’une part, la parodontite et
son traitement et, d’autre part, le
risque de développer le psoriasis.
Keller et son équipe ont trouvé que
1,88 patient avec une parodontite
chronique sur 1 000 développait un
psoriasis par an contre 1,22 pour les
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La Lettre de la S.P.P.
L’examen radiologique avec un bilan
long cône révèle une alvéolyse généralisée sévère atteignant le 1/3 apical
de la hauteur radiculaire.
contrôles. Ils montraient également
qu’un patient avec une parodontite
chronique a un hasard ratio de 1,52
de développer un psoriasis par rapport au contrôle, et que ce hasard
ratio baissait à 1,26 après traitement chirurgical.
Nakib et al. en 2013, voulait démontrer dans une étude de cohorte de
60 000 infirmières, que les patients
avec une maladie parodontale ont
plus de risque de développer un
psoriasis. Ils mirent en évidence que
le risque relatif de développer un
psoriasis chez les patients avec une
parodontite était de 1,4 et que
4,7 % des cas de psoriasis sont potentiellement attribués à la parodontite.
Par contre l’étude de Fadel et al. en
2013 ne trouve pas d’association
entre le psoriasis et les parodontites. En effet, dans cette étude castémoins de 143 patients, 89 patients
psoriatiques et 54 contrôles non
psoriatiques, dont l’objectif était de
démontrer que les patients atteints
de psoriasis étaient plus à risque de
développer une parodontite, les au-
teurs n’ont pas trouvé de différences significatives entre les patients psoriatiques et les contrôles.
Il semblait néanmoins que les
hommes psoriatiques montraient
une alvéolyse légèrement plus importante. Cependant, cette étude
présentait des biais, en effet la puissance de l’étude a été diminuée à
88 % après réajustement par
manque de candidats. De surcroît, la
majorité des patients avaient une
excellente hygiène, donc un risque
faible de développer une parodontite et ce pour les deux groupes.
Discussion
Plusieurs mécanismes ont été évoqués pour expliquer un éventuel
lien entre la parodontite et le psoriasis :

les bactéries parodontogènes et
leurs toxines pourraient stimuler
un psoriasis au travers d'une réponse
inflammatoire
systémique ;

les patients psoriatiques et les
patients avec des parodontites
sont caractérisés par une réponse
immunitaire exagérée, ainsi les
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cellules dendritiques sont-elles
notamment mises en cause tandis que l’activité des lymphocytes
B et T est augmentée ;

la dérégulation des tool-like receptor : notamment TLR-2 dont
l'expression est augmentée ;
Conclusion
Ainsi peut-on penser qu’une association entre les parodontites et le
psoriasis semble exister mais nous
devons rester prudents car les
études sont peu nombreuses.

la cytokine inflammatoire IL-17
est élevée à la fois dans la peau
psoriatique et dans le parodonte
inflammatoire ;
De nouvelles études cliniques prospectives sont nécessaires pour démontrer cette association et des
études cliniques et expérimentales
pour en cerner les mécanismes.

la CRP est augmentée en cas de
parodontite et en cas de psoriasis.
L’orientation d’un patient avec un
psoriasis vers une prise en charge
parodontale est souhaitée.
Références bibliographiques
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dental caries and periodontal disease in individuals with or without psoriasis. J
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Société Française de Parodontologie
et d'Implantologie Orale de Paris
LABORATOIRES PARTENAIRES 2014
Rédacteur en Chef
Frédéric Duffau
Rédacteur Adjoint
La Lettre est une publication
La Lettre de la
Frédéric Rouche
trimestrielle de la
Société Française de Parodontologie
Comité de Rédaction
Société Française de Parodontologie
Sarah Amr
et d'Implantologie Orale de Paris
et d'Implantologie Orale de Paris
Benoît Brochery
Anne Crumbach
2, rue du Roule
Emmanuelle Ettedgui
75001 Paris
Cédric Fiévet
E-mail :
[email protected]
Président : Charles Micheau
Stéphane Kerner
Siège : 177, rue Saint Honoré
Georges Khoury
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Hông-Hanh Lê Quan Sang
Éric Maujean
Véronique Molina
Alexandre Sarfati
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Tel. : 01 42 61 40 44
E-mail : [email protected]
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N° 62
Président
Charles MICHEAU
Responsable Site Internet
Hông-Hanh LÊ QUAN SANG
Président Elec
Éric MAUJEAN
Rédacteur en Chef de la Lettre
Frédéric DUFFAU
Trésorière
Véronique MOLINA
Rédacteur Adjoint
Frédéric ROUCHE
Secrétaire Générale
Anne CRUMBACH
Relations avec les Laboratoires
Sarah AMR
Président Scientifique
Stéphane KERNER
Secrétaire de Séance
Emmanuelle ETTEDGUI
Secrétaire Scientifique
Georges KHOURY
Past-Président
Thierry TAIEB
Secrétaire Scientifique
Benoit BROCHERY
Past-Président d’Honneur
Cédric FIEVET
S o c ié té F r a n ç a is e d e
P a r o d o n to lo g ie
e t d 'Im p la n to lo g ie o r a le
Programme 2014 de la SFPIO Paris
Jeudi 13 mars
Dr Caroline Fouque-Deruelle (Marseille) et Dr Richard Kaleka (Paris)
Lésions cervicales d’usure : combler ou recouvrir ?
Jeudi 15 mai
Dr Jean-Baptiste Charrier (Paris)
Avantages orthodontiques et parodontaux des corticotomies
Jeudi 9 octobre
Dr Carole Leconte (Paris)
Extraction-implantation immédiate : comment la maîtriser ?
Jeudi 4 décembre
Dr Amélie Mainjot (Liège)
La zircone : complément incontournable de la prothèse implantaire
Horaires :
Cocktail à 19h30, puis 21h30 avec exposition des laboratoires
Conférence sans interruption de 20h à 21h30
Lieu : Centre de conférences Arpège VICTOIRE, 52 rue de la Victoire, 75009 PARIS
Conditions de participation :
 les membres peuvent participer aux 4 conférences
 ils bénéficient d’un tarif préférentiel pour le Congrès SFPIO National à La Baule (du 22 au 24
mai 2014)
Cotisation SFPIO Paris 2014
Le docteur : ……………..…………………………………………………………………………………………….
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S’inscrit à la Société Française de Parodontologie et d’Implantologie Orale de Paris et verse :
 Membre : 350 Euros
 Étudiant : 175 Euros (CES ou DU Paro sur justificatif)
Bulletin d’inscription à adresser à la Société Française de Parodontologie et d’Implantologie Orale de Paris
177, rue Saint Honoré 75001 Paris
Site internet : www.sfpio-paris.org
 01 42 61 40 44
Courriel : [email protected]
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