La Lettre de la S.P.P. www.sfpio-paris.org N° 62 2e trimestre 2014 L’édito Circulaire Caduque Anti Médicale Sommaire Édito 1 Par Charles Micheau Compte-rendu Dr Fouque et Dr Kaleka | Par Hông-Hanh Lê Quan 2 Congrès national de la SFPIO 6 La Baule du 22 au 24 mai 2014 Prochaine soirée SFPIO Paris 7 Avec le Pr Jean-Baptiste Charrier Carte Blanche DU et Master 8 Par Ons Zouiten Bulletin d’inscription 13 Voilà comment on pourrait renommer cette CCMA qui doit être mise en place en juin prochain ! Certes, comme pour toute politique de santé, l’argent (et donc l’encadrement des honoraires) reste le nerf de la guerre, mais la qualité des soins doit être une priorité absolue et inaliénable. Ces bonnes intentions n’ont jamais conjuré les liaisons incestueuses entre l’amant politique et la maîtresse santé qui offre bien des charmes à qui est au pouvoir. Et pour revenir à la problématique de la parodontologie parisienne, où les charges locatives des cabinets sont les plus chères de Quand on examine les l’hexagone, mettre en Charles Micheau revenus des profesœuvre cette CCAM va sions médicales, les disparités sont impliquer deux attitudes possibles : grandes : pensons aux sagesle déconventionnement ou le bricofemmes (avec qui nous partageons lage chronique avec des actes horsnotre caisse de retraite) dont la rénomenclatures qui vont être délicat munération hospitalière se rapà identifier… proche plus du SMIC que du revenu Le rôle de nos sociétés scientimoyen des français ! fiques, sans rentrer dans des poléOutre la nouvelle codification de miques stériles, doivent aussi se nos actes, c’est l’impossibilité de les faire l’écho du maintien d’une paromettre en œuvre si l’on continue, dontologie de qualité au service premièrement, à respecter nos oblid’un accès au soin de notre discigations administratives de respect pline qui reste encore trop confides normes imposées (stérilisation, dentielle pour nombre de nos patraçabilité, accès handicapés…) et, tients. deuxièmement, de dispenser des Et pour continuer à maintenir notre soins conformes aux données acamour de soigner, sachons garder quises de la science quant on connos rendez-vous SPP ! naît l’évolution, ou plutôt l’envol, du coût de notre plateau technique. Page 2 La Lettre de la S.P.P. Compte-rendu de la soirée du 1013 mars 2014 Lésions cervicales d’usure : combler ou recouvrir ? >| Un thème, deux conférenciers Dr Richard Kaleka (Paris) et Dr Caroline Fouque-Deruelle (Marseille) Dr Richard Kaleka Paris Les lésions d’usure de la zone cervicale sont de nos jours de réels motifs de consultation, tant sur le plan esthétique que sur le plan fonctionnel (hypersensibilité dentinaire). Elles représentent un défi thérapeutique car elles concernent aussi bien la dent que le parodonte. Les approches diagnostique et étiopathogénique ont été présentées par le Dr Kaleka, l’analyse préopératoire et le versant chirurgical par le Dr Fouque. Comprendre et diagnostiquer l’abrasion, l’attrition et l’érosion Dr Caroline Fouque-Deruelle Marseille Les lésions cervicales d’usure (LCU) sont la manifestation visible de la combinaison de facteurs physiques (attrition, abrasion) et chimiques (érosion). Savoir les diagnostiquer permet de les traiter, mais aussi de les prévenir. Le motif de consultation est basé sur une symptomatologie (hypersensibilité dentinaire) et/ou une demande esthétique. Une bonne observation clinique incluant forme, quantité, localisation, notamment avec des aides visuelles, contribuera à faire la différence entre usure physiologique et pathologique, celle-ci n’étant pas toujours aisée. On distingue quatre situations : l’attrition, l’abrasion, l’érosion et la fragmentation « abfraction ». L’attrition (occlusale, proximale) Contacts dento-dentaires occlusaux, ce sont des facettes à contours nets, lisses et on peut les confronter aux dents antagonistes. En proximale : élargissement des aires de contact. L’abrasion Il s’agit de frottement avec ou sans corps intermédiaire. Elle est : globale (sur la totalité des surfaces dentaires) : effets des aliments, des parties molles, environnement (sable). ou focale (sur des zones spécifiques des dents : mutilation ethnique, habitudes d’hygiène [brosse à dents, dentifrice, bâtonnets interdentaires]). Les abrasions focales au tiers cervical composent les LCU. La différence avec une lésion carieuse réside dans : la présence de biofilm au niveau de la carie avec une surface irrégulière ; l’absence ou la quasi absence de biofilm au niveau des LCU, avec une hyperminéralisation qui peut englober des bactéries comme fossilisées, la surface est lisse. Le terme « mylolyse » n’est plus utilisé. Les Américains parlent de « lésion cervicale non carieuse »… Or les résorptions dentinoclastes d’origine parodontale peuvent créer des lacunes non carieuses, c’est trop flou, d’où les LCU comme terminologie proposée. Le mot « abfractions » est à proscrire également. L’abrasion focalisée plurale est le plus souvent asymétrique car liée à la latéralisation manuelle lors du brossage. L’érosion Ce n’est pas une modalité de destruction en soi, mais elle va potentialiser les éléments mécaniques. Il y a dissolution des structures dentaires par exposition à l’acidité (sans intervention des bactéries). Elle peut être d’origine extrinsèque (alimentation, médication, environnement) ou d’origine intrinsèque (contenue de l’estomac pH < 2 par vomissement, reflux gastro-œsophagien). Sont concernés les fruits et leurs jus naturels (agrumes, baies, pommes), les boissons acidulées (gazeuses ou non), les boissons « sportives », les vins (blanc surtout), le cidre, les sauces de salade (vinaigrées ou citronnées), les condiments, les bonbons ou encore les tisanes. Cette liste n’est pas exhaustive.Les effets peuvent être : directs (par rémanence dans la bouche) : aspirine, acide ascorbique, aérosols bronchodilatateurs, cocaïne, bains de bouche ; Pag N° 62 indirects : tous les médicaments sialoprives, exposition industrielles (chimie), exposition professionnelles (viticulture, œnologie), exposition sportive (nageurs de compétition). On distingue également une origine intrinsèque (reflux gastro-œsophagien et formes associées, symptômes de l’adulte : goût acide, aérophagie, halitose, mal de gorge, lourdeur épigastrique, voix enrouée, douleur d’estomac, toux persistante, vomissements, salivation excessive) d’une origine extrinsèque (troubles alimentaires : anorexie-boulimie [vomissements diurne et nocturne] ; mérycisme [rumination combinée aux vomissements]. La fragmentation « abfraction » Il s’agit de la destruction en subsurface sous l’effet de la flexion des dents, aggravée par la corrosion de contrainte, « stress corrosion ». La prévention est importante, car elle permet de stopper la progression des lésions due à ces facteurs. Outre l’arrêt des facteurs en cause, on privilégiera les produits à base de fluorures pour reminéraliser la surface dentaire: dentifrices, gels, vernis, solutions de rinçage ou gommes à mâcher. Les modalités thérapeutiques La littérature nous incite grandement à évaluer notre succès thérapeutique selon des critères reproductibles, comme le pourcentage de recouvrement par rapport à la ligne de jonction émailcément (JEC) ou l’intégration naturelle avec les dents adjacentes, ou encore en comparant deux techniques, ou enfin avec des outils diagnostiques d’évaluation esthétique. Or, les récessions gingivales sont très souvent associées aux lésions cervicales d’usure, lésions qui effacent la JEC. Une publication prise au hasard peut montrer dans ses critères d’inclusion une JEC identifiable, et dans les critères d’exclusion les LCU car il n’y a plus de JEC. Parfois la LCU est reconstruite par un composite ou une couronne. Donc comment évaluer le pourcentage de recouvrement complet par rapport à la JEC si on ne la voit plus ? Notre quotidien ne présente pas que des récessions gingivales simples sans LCU, quand on sait que les LCU sont associées aux récessions gingivales dans 50 % des cas (Zucchelli et al., 2006). L’étude de Nieri (2013) sur la perception propre aux patients et leur conscience de la présence d’une récession gingivale est plus importante chez un jeune patient, lorsque cela concerne une incisive, canine plutôt que prémolaire et molaire, et est fonction de sa hauteur et de la présence d’une LCU. Comme n’importe quel diagnostic, l’analyse muco-gingivale se veut précise : parodonte épais, plat, festonné, fin… l’utilisation de la classification de Miller se fait en fonction du niveau osseux proximal autour des récessions gingivales. La position d’une dent (extrusion, rotation…) a une incidence certaine sur le recouvrement. Ainsi Pini-Prato propose une classification des LCU au niveau des récessions gingivales afin d’orienter le traitement : A- : JEC visible et LCU modérée, soit 46 % des cas A+ : JEC visible et LCU marquée, soit 14 % des cas e 3 Page 4 La Lettre de la S.P.P. B- : JEC non visible et LCU peu marquée, soit 15 % B+ : JEC non visible et LCU marquée, soit 24 % des cas (la plus compliquée). Comment allons-nous projeter notre recouvrement ou comment déterminer la position de la ligne maximale de recouvrement (LMR) si la JEC n’est plus identifiable ? Cela ne correspond pas toujours à la JEC existante ou à la JEC disparue. Zucchelli et son équipe (2006) proposent de mesurer la distance entre la JEC en proximal (toujours visible a priori dans le sulcus en sondant) et le point de contact, et de reporter cette mesure à partir du sommet de la papille. Pour vérifier cette prédictibilité, Zucchelli et al. (2010) ont testé sur 50 patients, 135 récessions de classes I, II et III de Miller avec un lambeau placé coronairement (LPC) ou bien un LPC + un conjonctif enfoui. Dans 71,8 % des cas, on a une corrélation exacte entre la LMR définie et la position de la gencive marginale à 30 jours puis à 90 jours post-opératoires. Zucchelli et al., 2011 proposent 5 types de traitements en fonction de la position de la LMR : lorsque l’on pense que la LMR peut-être plus coronaire d’1 mm à la limite de la LCU, on peut faire un LPC simple ; lorsque la LMR est en juxtaposition avec la limite coronaire de l’usure, si le recouvrement n’est pas parfait, il y a risque de gap avec la zone d’usure, éventuellement colorée par la chlorhexidine. Pour éviter une incertitude on rajoute un greffon conjonctif sous le lambeau : LPC + GCE ; lorsque la LMR ne peut pas être aussi coronaire que la LCU, dans la partie la plus profonde de l’usure, il est préférable de réaliser une plastie de la concavité + composite + LPC ; lorsque la LMR est dans le tiers apical de l’usure, la solution composite + LPC est envisagée ; en présence d’une récession de classe IV de Miller, le recouvrement n’étant pas possible, il est recommandé par les auteurs d’élever un lambeau pour réaliser un composite. Cependant, on peut se demander : Quelle technique de recouvrement privilégier ? Les études de Hirsch, Zucchelli, Harris ou de Paoloantonio montrent que près de 98 % des greffes de conjonctif (GEC) associées à un LPC donnent un recouvrement. Personnellement, Caroline Fouque associe toujours un GEC avec un LPC pour assurer la stabilité dans le temps. Quelle que soit la technique, Hofmänner (2012) montre qu’un tunnel modifié + conjonctif enfoui ou un LPC modifié (rotation papillaire par exemple) + conjonctif enfoui donne le même pourcentage de recouvrement. D’après Cortellini et al. 2009 le LPC + conjonctif est la technique qui offre le plus de stabilité et le moins de contraction postopératoire. En réalité, dans les 71,8 % de Zucchelli, la bonne surprise est que la position de la gencive marginale est plus coronaire d’1 mm à la LMR dans 17,7 % des cas et ce dans 75 % des cas des traitements réalisés par LPC + conjonctif. À l’inverse, dans 10,3 % la position de la gencive marginale est plus apicale d’1 mm à la LMR, notamment avec un LPC seul. On a intérêt à Pag Page 5 e 5 N° 62 y associer un greffon car en général les LCU sont cassées et profondes. Peut-on placer un matériau sur la LCU radiculaire avant le recouvrement ? pour redonner une convexité radiculaire et limiter le risque de carie radiculaire ? L’argument serait surtout une meilleure adaptation des tissus mous sur la surface radiculaire. Santamaria et al. 2007 parlent de « big dead space » si la profondeur est supérieure à 1 mm. Un essai verre ionomère + LPC + conjonctif a été réalisé dans la même séance, élément non négligeable qu’il faut pouvoir gérer. Mais si on a un verre ionomère, pourquoi un conjonctif ?... Santamaria obtient toutefois un bon résultat de 83,34 % de recouvrement à 6 mois Alkan (2006) obtient dans les mêmes conditions que Santamaria un creeping attachment. Cela rejoint la biocompatibilité connue des verres ionomères. Martins réalise une étude histologique chez le chien avec création des cavités, 2 mm sous la JEC et 3 mm de profondeur, le groupe contrôle a un LPC, un autre groupe reçoit du CVI. On constate une absence d’infiltrat inflammatoire du conjonctif quelque soit le groupe. Donc ce n’est pas un non-sens de placer un matériau avant de faire un lambeau. L’histologie montre un épithélium de jonction long sur les matériaux, dans les autres cas on observe un contact direct entre LPC/conjonctif et surface radiculaire, donc absence de gap, même si la profondeur est de 3 mm. Un greffon conjonctif (sans composite) suffit-il à recréer une convexité suffisante dans les cas de LCU profonde ? Finalement est-ce que cette concavité de l’usure ne permettrait pas d’ancrer ce greffon, contrairement à ce que l’on pourrait craindre ? Pini-Prato et al. montrent en 2004 que si la profondeur de la lésion cervicale est inférieure à 1 mm, la meilleure solution est LPC + conjonctif ; en revanche, si elle est supérieure à 1 mm, il faudra s’orienter vers un LPC + double conjonctif sans traitement de la surface radiculaire. Faut-il faire un traitement de surface de la racine ? Zucchelli propose une étude sur 11 patients présentant des classe I de Miller, une évaluation à 6 mois et une absence de lésions cervicales. Le groupe contrôle est traité avec une curette puis de l’eau saline pendant 60 secondes ; le groupe test est traité avec une instrumentation ultrasonore (US) puis de l’eau saline pendant 60 secondes. L’auteur n’observe aucune différence significative entre les groupes dans les recouvrements par LPC. La faveur revient aux US, car c’est moins long et plus facile, en éliminant moins de substance radiculaire. Le traitement de la surface radiculaire avec polissage et US sera réservé au patient jeune, avec une dentine très claire, hyperesthésie dentinaire, à étiologie érosive ; on préférera la curette et la fraise chez le patient plus âgé, dentine colorée, sans hypersensibilité et une dentine hyperminéralisée. Recouvrement chirurgical ou composite : dans quel ordre intervenir ? Lorsque le composite est réalisé avant le recouvrement, le profil convexe de la dent va guider et positionner coronairement le LPC. L’inconvénient est que, dans 10,3 % des cas, la position de la gencive marginale est plus apicale d’un millimètre à la LMR. Si l’on a une contraction dans le 1er mois postopératoire, on aura apparition d’une ligne de dentine colorée (chlorhexidine), c’est l’échec thérapeutique et esthétique ! Zucchelli a réalisé une évaluation esthétique par les patients du traitement des lésions cervicales d’usure associées à des récessions gingivales. On constate une satisfaction des patients même lorsque le recouvrement complet est impossible à obtenir, la couleur étant souvent l’élément retenu et évalué par les patients. La restauration dentaire est aussi importante que la position du recouvrement radiculaire. Le traitement des lésions cervicales d’usure associées aux récessions gingivales passe par un diagnostic précis afin de diminuer ou arrêter les facteurs aggravants. Il est tout aussi important de prévoir un recouvrement le plus esthétique possible. Cette zone particulière impose aux thérapeutiques de respecter à la fois l’anatomie de la dent et le parodonte marginal. Événement couvert par Hông-Hanh Lê Quan Sang La Lettre de la S.P.P. Congrès National de la SFPIO | 22 - 24 mai 2014 Convergences thérapeutiques Palais des congrès Atlantia, 121 Av. de Lattre de Tassigny Page 6 Pag N° 62 e 7 Prochaine soirée conférence - jeudi 15 mai 2014 Activation métabolique osseuse par corticotomies en technique mini-invasive État de lieux en 2014 Par le Pr. Jean-Baptiste Charrier (Paris) Les demandes de traitement orthodontique chez l’adulte ne cessent d’augmenter. Cette population souhaite que le traitement soit le plus rapide possible. Les corticotomies alvéolaires sont une chirurgie de scarification de la corticale alvéolaire. Cette technique consiste dans sa version conventionnelle à récliner un lambeau de gencive de pleine épaisseur et à effectuer des sections superficielles de l’os alvéolaire pénétrant à peine l’os médullaire dans la région où il est souhaité une résistance alvéolaire amoindrie et un déplacement rapide des dents. Inspirées par les premières corticotomies segmentaires décrites par Köle, les techniques de corticotomies ont intéressé depuis de nombreuses équipes. Des travaux expérimentaux ont démontré l’intérêt et la fiabilité de ces techniques. Jean-Baptiste Charrier Paris On considère actuellement que le principe des corticotomies alvéolaires est le même que pour la consolidation des foyers de fractures. Toute modification du turnover osseux, qu’elle soit médicamenteuse ou chirurgicale, entraine des variations dans la vitesse de déplacement orthodontique. Il ne s’agit pas de mobiliser les dents ni de les rendre plus mobiles, il s’agit de faire une activation métabolique régionale dont les mécaniques orthodontiques conventionnelles vont permettre de déplacer physiologiquement les dents, plus rapidement avec des forces moindres. La période de consolidation permettra de maintenir une mobilité dentaire augmentée pendant un certain temps après l’intervention. Les corticotomies de l’os alvéolaire permettent d’accélérer les mouvements dentaires par rapport à un traitement orthodontique conventionnel. Cette technique chirurgicale s’est développée considérablement ces dernières années et de plus en plus de praticiens lui font confiance. Des évolutions techniques récentes permettent aujourd’hui le développement d’une approche des corticotomies dite mini-invasive pratiquée sans l’élévation de lambeaux gingivaux. Le développement du Traitement Orthodontique combiné aux Corticotomies ouvre de nouvelles perspectives et apporte des solutions à certaines limites du traitement orthodontique adulte. Cette méthode présenterait de nombreux bénéfices comme la réduction de la durée de traitement, une meilleure expansion, un mouvement dentaire différentiel, une plus grande possibilité de traction des dents incluses et une plus grande stabilité post-thérapeutique. À travers la description de cas cliniques, nous proposons une mise à jour des données actuelles sur les corticotomies, en décrivant les différentes techniques chirurgicales « invasives » et « mini-invasives » avec leurs avantages et leurs limites. Les perspectives d’application des corticotomies en pratique clinique courante sont exposées. Les données scannographiques et par imagerie cone beam concernant l’ostéogenèse induite par les corticotomies sont présentées, ainsi que les perspectives de recherche clinique sur les corticotomies. Centre de Conférences Arpège Victoire : 52 rue de la Victoire 75009 Paris Cocktail à 19h30, puis 21h30 avec exposition des laboratoires Conférence sans interruption de 20h00 à 21h30 Page 8 La Lettre de la S.P.P. Carte blanche Master et DU Maladies parodontales et psoriasis Dr Ons Zouiten (Orléans) Master de Parodontologie, Paris 5 Introduction Dr Ons Zouiten Orléans Jeune patiente psoriatique âgée de 22 ans avec une parodontite agressive généralisée sévère. L’examen clinique a révélé : une inflammation gingivale généralisée modérée ; la présence de tartre et de plaque supra- et sous-gingivale ; des mobilités de type 2 généralisées ; des migrations secondaires avec apparition de diastèmes (notamment entre 14/15, 21/22, 23/24...) ; 16 absente, « extraite car très mobile » selon la patiente. Le psoriasis est une dermatose érythémato-squameuse chronique fréquente, de cause inconnue et qui touche près de 2 % de la population. C'est une maladie auto-immune à composante inflammatoire qui s’exprime principalement au niveau de la peau, mais qui a des effets pathogènes systémiques. Généralement bénigne, elle peut présenter des formes graves comme le psoriasis arthropathique ou le rhumatisme psoriasique ou comme le psoriasis pustuleux. Les localisations habituelles sont les zones de frottements tels que les coudes ou les genoux. Mais le psoriasis peut toucher aussi le cuir chevelu ou les ongles ou d’autres localisations plus rares telles que le psoriasis pustuleux localisé dit palmo-plantaire et le psoriasis pustuleux généralisé dit de Von Zumbusch. Le traitement du psoriasis peut être local avec des dermocorticoïdes ou des analogues de la vitamine D. Il existe aussi les bains ou émollients, la photothérapie ou des traitements généraux comme le méthotrexate ou les anti-TNF α. Les manifestations buccales ont été décrites depuis des années. Il s’agit notamment de la langue géographique ou des chéilites. En 1992, un rapport de cas propose pour la première fois une association possible entre la parodontite et le psoriasis (Yamada et al. 1992). On note plusieurs similitudes entre la parodontite et le psoriasis ; ce sont deux maladies inflammatoires chroniques, multifactorielles. Cependant, si le psoriasis est une maladie auto-immune de cause inconnue, les maladies parodontales ont une étiologie bactérienne et ne sont pas auto-immunes. On note aussi plusieurs comorbidités telles que le stress, l’alcool, le tabac, les maladies cardiovasculaires, le diabète... Pag N° 62 Y a-t-il un lien entre les maladies parodontales et le psoriasis ? Plusieurs équipes ont voulu étudier les liens entre les maladies parodontales et le psoriasis, Quatre études ont montré une association entre les deux pathologies et une étude n’en trouve pas. Preus et al., en 2010, dans une étude cas-témoins, avec 310 patients, 155 psoriatiques et 115 contrôles et qui avait pour objectif d’étudier le degré de perte osseuse chez un patient psoriatique par rapport à un contrôle sain de même sexe et âge, ont montré que 78 % des patients psoriatiques avaient plus de perte osseuse et plus de dents absentes que leur contrôle et ils en conclurent qu’il y a une possible association entre le psoriasis et la perte osseuse. Une autre étude cas-témoins, celle de Lazaridou et al. en 2012, avec 200 patients, 100 patients psoria- tiques et 100 patients contrôles, et avec comme objectif de mettre en évidence une association entre la parodontite sévère et le psoriasis a trouvé que les patients psoriatique avaient 3 fois plus de chance d’avoir une parodontite sévère (OR = 3,29). Ils ont donc conclu qu’il y avait une association entre le psoriasis et la parodontite sévère. Keller et al. en 2012 dans une étude de cohorte avec plus de 230 000 patients, 115 365 patients avec parodontite chronique et autant de patients contrôles, qui n’avaient pas de psoriasis au début de l’étude, voulaient déterminer l’incidence du psoriasis chez les patient avec une parodontite chronique et le rapport entre, d’une part, la parodontite et son traitement et, d’autre part, le risque de développer le psoriasis. Keller et son équipe ont trouvé que 1,88 patient avec une parodontite chronique sur 1 000 développait un psoriasis par an contre 1,22 pour les e 9 Page 10 La Lettre de la S.P.P. L’examen radiologique avec un bilan long cône révèle une alvéolyse généralisée sévère atteignant le 1/3 apical de la hauteur radiculaire. contrôles. Ils montraient également qu’un patient avec une parodontite chronique a un hasard ratio de 1,52 de développer un psoriasis par rapport au contrôle, et que ce hasard ratio baissait à 1,26 après traitement chirurgical. Nakib et al. en 2013, voulait démontrer dans une étude de cohorte de 60 000 infirmières, que les patients avec une maladie parodontale ont plus de risque de développer un psoriasis. Ils mirent en évidence que le risque relatif de développer un psoriasis chez les patients avec une parodontite était de 1,4 et que 4,7 % des cas de psoriasis sont potentiellement attribués à la parodontite. Par contre l’étude de Fadel et al. en 2013 ne trouve pas d’association entre le psoriasis et les parodontites. En effet, dans cette étude castémoins de 143 patients, 89 patients psoriatiques et 54 contrôles non psoriatiques, dont l’objectif était de démontrer que les patients atteints de psoriasis étaient plus à risque de développer une parodontite, les au- teurs n’ont pas trouvé de différences significatives entre les patients psoriatiques et les contrôles. Il semblait néanmoins que les hommes psoriatiques montraient une alvéolyse légèrement plus importante. Cependant, cette étude présentait des biais, en effet la puissance de l’étude a été diminuée à 88 % après réajustement par manque de candidats. De surcroît, la majorité des patients avaient une excellente hygiène, donc un risque faible de développer une parodontite et ce pour les deux groupes. Discussion Plusieurs mécanismes ont été évoqués pour expliquer un éventuel lien entre la parodontite et le psoriasis : les bactéries parodontogènes et leurs toxines pourraient stimuler un psoriasis au travers d'une réponse inflammatoire systémique ; les patients psoriatiques et les patients avec des parodontites sont caractérisés par une réponse immunitaire exagérée, ainsi les Pag N° 62 cellules dendritiques sont-elles notamment mises en cause tandis que l’activité des lymphocytes B et T est augmentée ; la dérégulation des tool-like receptor : notamment TLR-2 dont l'expression est augmentée ; Conclusion Ainsi peut-on penser qu’une association entre les parodontites et le psoriasis semble exister mais nous devons rester prudents car les études sont peu nombreuses. la cytokine inflammatoire IL-17 est élevée à la fois dans la peau psoriatique et dans le parodonte inflammatoire ; De nouvelles études cliniques prospectives sont nécessaires pour démontrer cette association et des études cliniques et expérimentales pour en cerner les mécanismes. la CRP est augmentée en cas de parodontite et en cas de psoriasis. L’orientation d’un patient avec un psoriasis vers une prise en charge parodontale est souhaitée. Références bibliographiques Fadel HT, Flytström I, Calander AM, Bergbrant IM, Heijl L, Birkhed D. Profiles of dental caries and periodontal disease in individuals with or without psoriasis. J Periodontol. 2013 Apr;84(4):477-85. Gottlieb AB, Chao C, Dann F. Psoriasis comorbidities. J Dermatolog Treat. 2008;19 (1):5-21 Guilhou JJ, Bessis D. Psoriasis. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris) 2-0725, 2002, 7p Keller JJ, Lin HC. The effects of chronic periodontitis and its treatment on the subsequent risk of psoriasis. Br J Dermatol. 2012 Dec;167(6):1338-44 Lazaridou E, Tsikrikoni A, Fotiadou C, Kyrmanidou E, Vakirlis E, Giannopoulou C, Apalla Z, Ioannides D. Association of chronic plaque psoriasis and severe periodontitis: a hospital based case-control study. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2013 Aug;27(8):967-72. Monteleone G, Pallone F, MacDonald TT, Chimenti S, Costanzo A. 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J Periodontol 1992;63:854-857 e 1 1 Société Française de Parodontologie et d'Implantologie Orale de Paris LABORATOIRES PARTENAIRES 2014 Rédacteur en Chef Frédéric Duffau Rédacteur Adjoint La Lettre est une publication La Lettre de la Frédéric Rouche trimestrielle de la Société Française de Parodontologie Comité de Rédaction Société Française de Parodontologie Sarah Amr et d'Implantologie Orale de Paris et d'Implantologie Orale de Paris Benoît Brochery Anne Crumbach 2, rue du Roule Emmanuelle Ettedgui 75001 Paris Cédric Fiévet E-mail : [email protected] Président : Charles Micheau Stéphane Kerner Siège : 177, rue Saint Honoré Georges Khoury 75001 Paris Hông-Hanh Lê Quan Sang Éric Maujean Véronique Molina Alexandre Sarfati Thierry Taieb Tel. : 01 42 61 40 44 E-mail : [email protected] Pag Page 13 e 1 3 N° 62 Président Charles MICHEAU Responsable Site Internet Hông-Hanh LÊ QUAN SANG Président Elec Éric MAUJEAN Rédacteur en Chef de la Lettre Frédéric DUFFAU Trésorière Véronique MOLINA Rédacteur Adjoint Frédéric ROUCHE Secrétaire Générale Anne CRUMBACH Relations avec les Laboratoires Sarah AMR Président Scientifique Stéphane KERNER Secrétaire de Séance Emmanuelle ETTEDGUI Secrétaire Scientifique Georges KHOURY Past-Président Thierry TAIEB Secrétaire Scientifique Benoit BROCHERY Past-Président d’Honneur Cédric FIEVET S o c ié té F r a n ç a is e d e P a r o d o n to lo g ie e t d 'Im p la n to lo g ie o r a le Programme 2014 de la SFPIO Paris Jeudi 13 mars Dr Caroline Fouque-Deruelle (Marseille) et Dr Richard Kaleka (Paris) Lésions cervicales d’usure : combler ou recouvrir ? Jeudi 15 mai Dr Jean-Baptiste Charrier (Paris) Avantages orthodontiques et parodontaux des corticotomies Jeudi 9 octobre Dr Carole Leconte (Paris) Extraction-implantation immédiate : comment la maîtriser ? Jeudi 4 décembre Dr Amélie Mainjot (Liège) La zircone : complément incontournable de la prothèse implantaire Horaires : Cocktail à 19h30, puis 21h30 avec exposition des laboratoires Conférence sans interruption de 20h à 21h30 Lieu : Centre de conférences Arpège VICTOIRE, 52 rue de la Victoire, 75009 PARIS Conditions de participation : les membres peuvent participer aux 4 conférences ils bénéficient d’un tarif préférentiel pour le Congrès SFPIO National à La Baule (du 22 au 24 mai 2014) Cotisation SFPIO Paris 2014 Le docteur : ……………..……………………………………………………………………………………………. Adresse : …………………………………………….………………………………………………………………… Ville : …………………………………………………………… Code Postal : …….…………..……………... Tel. : ……….……………… Fax : ………………………… E-mail : ………………………………………. S’inscrit à la Société Française de Parodontologie et d’Implantologie Orale de Paris et verse : Membre : 350 Euros Étudiant : 175 Euros (CES ou DU Paro sur justificatif) Bulletin d’inscription à adresser à la Société Française de Parodontologie et d’Implantologie Orale de Paris 177, rue Saint Honoré 75001 Paris Site internet : www.sfpio-paris.org 01 42 61 40 44 Courriel : [email protected]