chère à Parménide ne s'est jamais posée. Ce n'est pas non plus le vaste
questionnement sur l'être et sa nature, auquel se sont livrés les philosophes
grecs et que Heidegger appelait de ses vœux. Confucius vit dans
l'immanence la plus complète, ce qui n'exclue pas la transcendance qu'il
trouve dans la « voie », la volonté sacrée du ciel et de la terre. Les choses
ne sont pas; elles se transforment en permanence et les contraires finissent
par devenir complémentaires, car aucune opposition n'est définitive. Le
sage doit attendre et être vigilant. Il ne doit pas «forcer» la nature, comme
le fait la technique (ainsi que Heidegger l'a montré), mais suivre la voie
que le ciel lui indique. La philosophie ne connaît pas la dialectique, telle
que l'a conçue Hegel car cette dernière est la lutte des contraires. Or les
contraires n'existent pas en Chine. Ce qui existe c'est l'évolution.
En fait, le Confucianisme date du IIIème siècle avant J.C. et a été peu
modifié depuis lors, de sorte qu'on se demande si les Chinois actuels ne
sont pas obligés de faire le grand écart entre une pensée qui est une
métaphysique de la nature et une activité matérielle, industrieuse, qui pour
devenir efficace a été obligée de découvrir la nature, la qualité, la structure
et la composition des choses.
Il n'en reste pas moins que certains philosophes français, notamment,
se rapprochent de la pensée chinoise, comme par exemple Gilles Deleuze
et Félix Guattari qui prennent en compte beaucoup plus les flux de la vie
que les réalités du monde. Comme quoi malgré des différences d'approche
les pensées peuvent finir par se rejoindre. Néanmoins il est peu probable
que la pensée chinoise exerce une profonde influence sur celle de
l'Occident qui, en matière de philosophie a atteint un degré de
sophistication assez remarquable. Néanmoins comme l'a montré le
dialogue qui s'est instauré entre régis Debray et Zhao Tingyang, la Chine
peut nous amener à penser autrement et à considérer que le rationalisme
triomphant n'est pas la fin de l'histoire.
Il est clair qu’une pensée, aussi élaborée soit-elle a besoin de se
confronter avec celles des autres civilisations qui, depuis longtemps ont
appris à vivre différemment et donc à considérer le monde autrement.