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L’Europe que nous défendons
À en croire certains esprits chagrins, l’Europe serait responsable de tous nos maux. La
France fait face à une crise financière et économique sans précédent venue des Etats-Unis ?
La faute à l’Europe. La France doit se battre pour rivaliser avec les grands émergents dans la
course aux exportations ? La faute à l’Europe. Le prix de l’essence et des matières premières
augmente ? La faute à l’Europe.
Entonner ce refrain dès que surgit la moindre difficulté n’en fera pas une vérité. Mais
il y a plus grave : désigner systématiquement l’Europe comme bouc émissaire est la meilleure
manière d’alimenter tous les populismes et les extrémismes. Il est grand temps de rétablir la
réalité des faits.
D’abord, l’UE est la première puissance commerciale au monde. Ses 500 millions
d’habitants en font un marché de consommation plus vaste que les Etats-Unis ou la Russie.
L’UE est dotée de normes de mieux en mieux harmonisées et une liberté d’établissement et de
prestations de services qui facilite l’implantation de nos entreprises. C’est grâce à l’envergure
de l’UE que nos industriels et nos entreprises de service ont les moyens de peser auprès des
autres grandes puissances pour l’accès aux marchés, le respect de la propriété intellectuelle, la
lutte contre le dumping…
Ensuite, la monnaie unique donne à nos entreprises la stabilité nécessaire au sein d’une
zone euro où la coordination et la solidarité ne cessent de se renforcer.
Imaginons une France sortie de l’euro. Quelles seraient les conséquences ? Une
dévaluation et une augmentation incontrôlée du prix des matières premières (avec des
conséquences directes sur notre production et nos emplois), mais aussi une hausse des taux
d’intérêt (donc un accès plus difficile au crédit, pour les particuliers et les entreprises). On
assisterait à une explosion des importations qui déséquilibrerait gravement notre balance
commerciale, sans même parler du surcoût lié aux variations de change. Qui en subirait le
contrecoup ? Les consommateurs, qui, arrivant en bout de chaîne, paieraient tous les produits
importés infiniment plus cher !
Le principal atout de nos entreprises, c’est la qualité de leurs produits et de leurs
services. C’est sur ce terrain-là, en investissant sur des productions à haute valeur ajoutée,
qu’elles sont capables de rivaliser sur les marchés internationaux.
Enfin, on oublie un peu vite que l’Europe a toujours agi en amont pour consolider les
bases de sa croissance, par une politique active de recherche et d’innovation. L’Union
européenne a engagé plus de 50 milliards d’euros pour la recherche et l’innovation entre 2007
et 2013., L’UE a récemment décidé de placer la barre plus haut encore : un fonds européen
des brevets et un fonds européen de capital-risque sont attendus ainsi qu’un brevet unique
dans 25 Etats de l’UE. Enfin, la nouvelle mouture du Small Business Act européen permettra
d’améliorer l’accès au financement et de simplifier la réglementation pour les PME. Un « test
PME-TPE » permettra d’évaluer les impacts de toutes les propositions législatives
européennes sur les PME.
L’Europe joue un rôle majeur d’organisation, d’animation et d’impulsion pour notre
économie. Le Conseil européen des 24-25 mars a marqué à cet égard une étape importante. Le
gouvernement économique, défendu par la France depuis Maastricht et tabou il y a encore
deux ans, devient peu à peu réalité.
Certes, tout n’est pas parfait et l’Union européenne a encore du chemin à parcourir :
elle doit se doter d’outils pour une politique industrielle forte, mieux faire valoir la réciprocité
dans ses échanges commerciaux, promouvoir la qualité de ses services publics (notamment
par le biais de partenariats public-privé) et favoriser l’emploi.
C’est en renforçant ainsi ses exigences à l’égard de ses partenaires et d’elle-même que
l’Europe se prémunira efficacement contre les bulles spéculatives et autres crises
« d’ajustement » et affirmera son positionnement comme terre d’équilibre. C’est ce modèle
ambitieux, fondé sur la conciliation entre préoccupations sociales et compétitivité
économique, que nous devons promouvoir. L’Europe doit et peut être la clé d’une sortie de
crise durable, pour l’ensemble de nos concitoyens.
Patrick Artus (prof. d’économie à Polytechnique), Gilles Babinet (Entrepreneur),
Charles Beigbeder (Président de Gravitation), Nicolas Bergerault (PDG de l’Atelier des
chefs), Jean-Paul Betbèze (Prof. des Universités), Patrick Blain (Président du CCFA),
Christian de Boissieu (Prof. à Paris I), Lionel Breton (PDG de Martell), Jean-René Buisson
(Président de l’ANIA), Pierre Cahuc (Prof. d’économie à Polytechnique), Philippe Camus
(cogérant de Lagardère), Philippe Crouzet (PDG de Vallourec), Jacques Creyssel (FCD),
Frank Esser (PDG de SFR), Antoine Frérot (PDG de Veolia Environnement), David GordonKrief (Président de l’UNAPL), Paul Hermelin (Directeur général et vice-président de
Capgemini), Pierre Kosciusko-Morizet (PDG du Groupe PriceMinister), Patrick Kron (PDG
d’Alstom), Michel Landel (PDG de Sodexo), Thibault Lanxade (PDG d’Aqoba), Jean Lardin
(Président de l’UPA), Patrick Liebus (Président de la CAPEB), Christophe de Margerie (PDG
de Total), Gérard Mestrallet (PDG de GDF-Suez), Pierre Mongin (Président de la RATP),
Lars Olofsson (PDG de Carrefour), Augustin Paluel-Marmont (PDG de Michel et Augustin),
Guillaume Pepy (Président de la SNCF), Guillaume Poitrinal (Président du directoire
d’Unibail-Rodamco), Pierre Pringuet (PDG de Pernod-Ricard), Didier Ridoret (Président de
la FFB), Michel de Rovira (Michel et Augustin), Jean-François Roubaud (Président de la
CGPME), Jean-François Roverato (PDG d’Eiffage), Ben Verwaayen (PDG d’AlcatelLucent), Chris Viehbacher (PDG de Sanofi-Aventis), Luc Vigneron (PDG de Thales), Laurent
Wauquiez (Ministre chargé des Affaires européennes).
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