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Couv 3 20/04/12 04:00 Page1
MAROC, LA TENTATION ISLAMISTE DU REPLI SUR SOI
N° 199 - 26 avril au 02 mai 2012
Hebdomadaire international
GABON
DIFFICILE
RÉVEIL
lesafriques.com
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL
ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT
Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9
Le Gabon veut
rompre avec
l’économie de
rente. Une exigence
forte qui passe par
l’industrialisation
et la fin de la
culture de la rente.
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2 Les Afriques .
26 avril 2012
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SOMMAIRE
05
06
08
Jean Luc Konan
«Notre total bilan a doublé»
Le DG de UBA Sénégal, l’ivoirien
Jean Luc Konan, parle de la percée
fulgurante de la filiale sénégalaise
du groupe UBA et de ses objectifs à
l’horizon 2015. Entretien exclusif.
16-19
12
VERBATIM
14
ARRÊT SUR IMAGE
Afghanistan : Une explosion lors
d’une cérémonie religieuse
fauche la vie à 30 personnes
16
20
22
24
27
Finance Islamique : nécessité d’un cadre juridique
La 2ème édition du Forum
maghrébin de la finance islamique
a tenu ses Assises, les 15 et 16 avril
dernier à Nouakchott, sous le
thème «Le financement islamique
et le développement des PME au
Maghreb».
20-21
29
30
32
34
38
39
40
41
Coopérative, la solution
à la finance ?
L’Afrique est paradoxalement peu
pourvue en coopératives. Ce sont
pourtant ces structures
démocratiques qui sont à l’origine
de l’industrialisation du vieux
continent. Zoom.
22-23
EDITORIAL
Les présidentielles
françaises et nous
BAROMÈTRE
Mali, Modibo Diarra, Premier ministre
BRUITS DE MARCHÉ
La Royal Air Maroc vers
un partenariat stratégique
44
BANQUES & ASSURANCES
Jean Luc Konan
«Notre total bilan a doublé»
Finance Islamique : nécessité
d’un cadre juridique pour le Maghreb
Coopérative, la solution à la finance ?
Hassan El Basri «L’économie sociale
est dans les gènes de la Banque Populaire»
Encore un Américain à la tête
de la Banque mondiale
BOURSES & FONDS
Lancement du Fonds Carbone pour l’Afrique
La notation financière, désormais obligatoire
pour les émetteurs de titres de créances
ENTREPRISES ET MARCHÉS
La France et le Cameroun s'associent
pour le compagnonnage industriel
L’Afrique centrale face
à la menace inflationniste
Burkina Faso : Tensions
sur le marché céréalier
Côte d’Ivoire : Augmentation
en vue des prix de l’électricité
Airtel Rwanda a démarré ses opérations
Dontou Hiloukou Derou
«La nouvelle ville Lomé II
va mobiliser un investissement
massif de 2100 milliards f CFA»
Togo : Le giron des femmes chefs
d’entreprise, Afcet, veut s’affirmer
dans la dynamique de croissance
inclusive vers l’émergence
46
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
ATT : Fin de règne d’un massaké Tountourou
49
Maroc : La tentation islamiste du repli sur soi
Hassan El Basri «L’économie
sociale est dans les gènes de
la Banque Populaire»
Hassan El Basri, DG de la BCP revient,
ici, sur le modèle de la Banque –
coopérative qui fait du groupe
Banque Populaire, un organisme
particulier. Interview.
24-26
Encore un Américain à la
tête de la Banque mondiale
C’est aux dépens de la candidate
Africaine, Ngozi Okonjo Iweala, que
l’Américain Jim Yong Kim est nommé
au poste de président de la Banque
mondiale le 16 avril. Le printemps
des institutions de Bretton Woods
n’a pas encore sonné.
27-28
Uemoa : La notation financière, désormais obligatoire
Afin de rendre le marché des
capitaux plus transparent et
efficient, la nouvelle réglementation
fait obligation aux détenteurs de
titres de créances de se soumettre à
la notation financière.
30-31
26 avril 2012 Les Afriques
.3
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SOMMAIRE
La France et le Cameroun
pour le partenariat industriel
Premier partenaire économique du
Cameroun, la France, sérieusement
concurrencée ces temps-ci,
notamment par la Chine, n’entend
pas pour sitôt céder sa place. 32-33
50
Le come-back d’Emmanuel Etoundi
au Port de Douala
52
DOSSIER
Ali Bongo
Difficile réveil
60
ARRÊT SUR IMAGE
André Behring Breivik fait
le salut de l'extrême droite
62
RELATIONS INTERNATIONALES
La Corée du Nord et l’Iran
Deux Etats totalitaires et provocateurs
64
POINT DE VUE AFRICAIN
Paul Biya en guerre contre tous
les prétendants à sa succession
A quoi pourrait-on comparer
l’opération Épervier ?
66
DÉCOUVERTE
Dakar–Casablanca : Le corridor
du développement dans tous ses états
68
ARRÊT SUR IMAGE
Camp de réfugiés de Yida (Sud Soudan) :
Un enfant attend le retour
de sa mère partie chercher de l’eau
70
MEDIAS
72
ARCHIVES D’AFRIQUE
Gabon, 52 ans après…
74
PIED DE LETTRE
Et l’arnaque en ligne perdure
Côte d’Ivoire : Inflation
rampante de l’électricité
Secteur électricité. S’étant engagé
auprès du FMI à résorber le déficit
quasi-structurel du secteur, le
gouvernement ivoirien a pris
l’engagement d’augmenter le tarif
du kW facturé aux industriels. 39
Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala.
Secrétaire de Rédaction : Daouda Mbaye.
Siège Social
Groupe Les Afriques Edition & Communication S.A.
Société anonyme au capital de 2’200’000.- CHF
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Président administrateur délégué
Abderrazzak Sitaïl
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Les Afriques Communication & Edition SARL
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Edition Financière du Sud (Paris), filiale à 100% de
Les Afriques Edition et Communication SA.
Directeur de la Publication
Abderrazzak Sitaïl
Directeur de la Rédaction
Adama Wade
[email protected]
Rédacteur en chef délégué Ismaïla Aidara, Paris, Dakar.
Rédacteur en chef Louis Amédée, UEMOA.
Rédacteur en chef Achille Mbog Pibasso, CEMAC.
Rédacteur en chef Walid Kefi, Maghreb.
4 Les Afriques .
26 avril 2012
Airtel Rwanda a démarré
ses opérations
Parmi les 5 plus grands opérateurs
de téléphonie mobile dans le
monde en termes de nombre
d’abonnés, Bharti Airtel (+ 246
millions d’abonnés) à la fin du
mois de février 2012, se redéploie
au Rwanda.
40
Maroc La tentation
islamiste du repli sur soi
Que cache la décision islamiste de
soumettre les médias publics à un
régime sévère de l’arabisation ? 49
Directeur Développement et Marketing
Libasse Ka
[email protected]
Rédaction :
Walid Kefi, Tunis, Ismaïla Aidara, Paris, Dakar, Louis
Amédée, UEMOA, Achille Mbog Pibasso, CEMAC,
François Bambou, Yaoundé, Bénédicte Chatel, Paris, Anne
Guillaume-Gentil, Paris, Adama Wade, Casablanca,
Mohamed Baba Fall, Casablanca, Khalid Berrada,
Casablanca, Nadia Rabbaâ, Casablanca, Daouda Mbaye,
Casablanca, Olivier Tovor, Lomé, Willy Kamdem, Yaoundé,
Amadou Seck, Nouakchott, Mohamedou Ndiaye, Dakar.
Conseiller en charge des relations internationales
Comité Scientifique :
Guy Gweth, Paris. Intelligence économique.
Thierry Téné, Lille. Environnement et RSE.
François Konan, New York. Politiques économiques.
Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.
Commercial,
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Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh
Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum
Edition Internet – en français
Adama Wade, Casablanca.
Ismaïla Aidara, Dakar.
Mohamedou Ndiaye, Dakar
Chroniqueurs
François Konan, New York. Economie.
Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton.
Balla Moussa Keita
Responsable e-Marketing :
Khalid Essajidi
Responsable Abonnement et Distribution
Mouna Elbar
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Diffusion
Presstalis, Sochepress,
Royal Air Maroc, SN Brussel.
Impression
Rotimpres, Aiguaviva (Spain).
Dépôt légal : novembre 2010
© Reproduction interdite sans l’accord écrit
de l’éditeur
Edition internationale
Commission paritaire : 1012 C 89135
Crédit photos
AFP, DR
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ÉDITORIAL
Adama Wade
Directeur de la Rédaction
Des alliances stratégiques entre
chefs d’Etats africains avec
le futur locataire de l’Elysée.
Les présidentielles
françaises et nous
L
e cadavre de la Françafrique ne se contente pas
seulement de bouger, il trotte, dérange et
indispose les acteurs politiques français et
africains. Aucun des dix candidats en lice lors
du premier tour de la présidentielle française
n’a affronté de face ce monstre sacré du
gaullisme, enfanté pour «garantir
l’indépendance énergétique de la France». Le
candidat Nicolas Sarkozy qui annonçait en 2007,
prématurément il faut le dire, la mort de ce réseau informel,
a fini par se ranger derrière les intérêts supérieurs de la
Nation. En 2012, le président sortant qu’il est devenu, s’est
employé à éteindre le feu de brousse jamais éteint qu’a été
son discours de Dakar. De son côté, le socialiste François
Hollande, qui annonçait la rupture au tout début de ses
harangues, a modulé sa voix, dépêchant plusieurs émissaires,
d’anciens éléphants habitués à la savane africaine, vers des
Palais présidentiels qui ont, chacun, son candidat, son cheval
et son patrimoine immobilier au bord de la Seine.
Quant à Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon, aux
antipodes quant à leurs positions politiques, ils n’en
défendront pas moins -et on ne leur intentera pas un
procès pour cela- les intérêts stratégiques de leur pays
face à l’Afrique.
Hélas, l’on ne peut pas en dire de même des dirigeants
africains dans la défense des intérêts de leurs pays. Souvent
candidat au blanchiment démocratique après une prise de
pouvoir opérée par putsch militaire ou institutionnel,
certains de nos présidents africains consacrent beaucoup de
temps, d’énergie et d’argent, à des alliances stratégiques avec
le futur locataire de l’Elysée. Procédé dénoncé régulièrement,
le financement des campagnes présidentielles françaises par
des potentats africains, fait partie des faux tabous des
relations franco-africaines.
Il s’agit en quelque sorte d’une prise en otage de la
démocratie des droits de l’homme par des régimes qui tirent
leur légitimité plus de la photo-affiche arrachée sur le perron
de l’Elysée, en compagnie de son illustre locataire, que du
soutien de leurs peuples. Tous, de Bokassa à Kadhafi, en
passant par Mobutu Sese Seko et Sékou Touré, ont obtenu
cette sacrée onction, aussi obligatoire ou presque que la
cérémonie d’investiture présidentielle. C’est très significatif
de remarquer en ce printemps 2012 que des présidents,
normalement bien élus, ne résistent pas à la tentation décrite
longuement dans le «Pleurer Rire» de l’écrivain congolais
Henri Lopés. Il y a quelques mois, l’ivoirien Alassane
Ouattara qui s’est plié à la tradition à grand renfort de
publicité, a poursuivi sa promenade officielle parisienne par
une visite privée. De nombreux signaux montrent que le
sénégalais Macky Sall, fraîchement élu, hésite entre la
nécessité de tenir sa promesse de consacrer son premier
déplacement à la sous région et l’invitation pressante d’un
déjeuner à l’Elysée. Cet empressement suspect n’est-il pas le
meilleur thermomètre pour attester de la bonne santé de la
Françafrique ? Pour le moins, ceux qui continuent
d’annoncer la mort du système Foccart devraient être
astreints à en produire la preuve. Faute de quoi, qu’ils
méditent sentence du juge : pas de meurtre sans cadavre.
26 avril 2012 Les Afriques
.5
Barometre 20/04/12 04:23 Page6
BAROMÈTRE
Chiffres
130
MILLIONS
D'EUROS
Annoncée par Nicolas
Kenya : Jane Karuku, président de l’AGRA Sarkozy pour le Sénégal.
A l’issue d’une procédure de sélection internationale Bilan de la première visite
rigoureuse, Jane Karuku a été nommée présidente de
du président sénégalais
l’Alliance pour une révolution verte en Afrique
Macky Sall à l’étranger.
(AGRA), organisation fondée par Koffi Annan. Titulaire d’un MBA de l’Université de Californie, Mme
Karuku était auparavant directrice générale adjointe
de Telkom Kenya, filiale de France Télécom Orange.
380
MILLIARDS
L’aide totale accordée à la
Grèce. L’Afrique aura reçu
à peu prés le même
montant… mais en
cinquante ans.
Mali, Modibo Diarra, premier ministre
L'astrophysicien malien Cheick Modibo Diarra,
60 ans, a été nommé mardi Premier ministre de
transition du Mali. Né en 1952 dans la région de
Ségou (centre, au nord-est de Bamako), Cheick
Modibo Diarra, un ancien de la NASA, et s'était
lancé en politique en mars 2011 en créant le Rassemblement pour le développement du Mali
(RpDM), dans la perspective de l'élection présidentielle d'avril 2012. Président de Microsoft
Afrique, il a également été le 1er président de l'Université virtuelle africaine.
Guinée Bissau : Kumba Yala sème le
doute
Ce n’est qu’après une longue période d’observations
que Kumba Yala, arrivé deuxième lors du premier tour
des élections présidentielles de Guinée Bissau, a
condamné le coup d’Etat militaire survenu dans son
pays, le 12 avril 2012. Auparavant, le chef du Pari de la
Rénovation Sociale (PRS) avait pris langue avec les
putschistes pour des négociations suspendues avec
l’arrivée de la première délégation de la Cedeao.
60
MILLIARDS
DE DOLLARS
Afrique du Sud : Pravin Gordhan face
à la conjoncture
Accordés au FMI au Japon
dans le cadre du soutien à
la zone euro. Celle-ci
accepte la dilution.
Pravin Gordhan, ministre des finances continue de
critiquer l’attitude des 3 principales agences de notation (Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch) qui ont
dégradé la perspective attachée à la note de son pays.
Confronté à un taux de chômage de 23% et à la corruption, l’argentier sud-africain tarde à envoyer le
signal positif attendu par les marchés. Pravin Gordhan a du mal à faire oublier son prédécesseur.
500
MILLIARDS
DE DOLLARS
Ce que le G-20 pourrait
apporter tout au plus au
FMI.
Sénégal : Macky Sall prône l’austérité
Confronté à une panne sèche en devises, le nouveau
président du Sénégal a invité ses ministres et collaborateurs à voyager en 2ème classe. Dans la foulée, il a ordonné la vente du 1er avion présidentiel, à l’état
d’abandon depuis octobre 2007. Aussi, il a restreint
son gouvernement, et va diligenter des audits.
6 Les Afriques .
26 avril 2012
100
MILLIARDS
Le coût du programme de
Jean Luc Mélenchon,
candidat communiste aux
présidentielles
françaises…
Espagne : Safari de Juan Carlos
L’Espagne en crise voit son roi, Juan Carlos, se
fracturer une hanche en pratiquant une partie de
chasse au Botswana. Un hobby facturé entre 7 000
et 30 000 euros que les médias espagnols opposent
à l’un de ses discours en décembre dernier, appelant les responsables gouvernementaux à faire
preuve d’exemplarité.
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T
N
E
M
E
N
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BRUITS DE MARCHÉ
«Acheter la rumeur, vendre l’information»
Mali : le président de la Chambre de
commerce contesté
Des manifestants rassemblés devant la Chambre de Commerce
et d’Industrie du Mali (CCIM) ont
estimé que le Bureau présidé par
Jeamille Bittar s’est rendu coupable de mauvaise
gestion. Cette contestation, organisée par la Fédération des Commerçants et Prestataires de Services
(FCPS), pointe du doigt un personnage qui se voit reproché sa proximité avec l’ancien chef d’Etat, Amadou Toumani Touré. Un audit est réclamé par les
manifestants qui reprochent à Bittar d’avoir prolongé un mandat arrivé à terme en octobre 2010.
Mali : des proches du président ATT arrêtés
Modibo Sidibé, ex-Premier ministre et candidat
à l’élection présidentielle, le Général Sadio Gassama ex-ministre de la Défense, le Général Hamidou Sissoko chef d’état-major particulier
d’ATT et le Général Mahamadou Djagouraga ancien directeur général de la police ont été arrêtes, dans la nuit du 16 au 17 avril derniers à
leur domicile, par des hommes armés portant
des cagoules. Avant d’être conduits, sous bonne
escorte, au camp militaire de Kati. Ces arrestations ont été dénoncées par la communauté internationale.
Tchad : sale temps pour les cols blancs
Citi envisage d'inclure l'Afrique du Sud dans
son indice mondial d'obligations d'État
Citi a annoncé que l'indice obligataire du gouvernement d'Afrique du Sud était désormais admissible à
la composition de son indice mondial obligataire
WGBI. Son profil d'avril 2012 satisfait aux trois exigences du WGBI : taille, crédit et absence de restrictions d'accès. Si l'Afrique du Sud répond toujours à
tous les critères du WGBI lors des profils de mai et
de juin 2012, elle deviendra le premier marché obligataire d'État africain à entrer dans la composition
de l'indice WGBI qui, en octobre 2012, englobera 23
marchés souverains. «C'est une étape importante
pour le WGBI qui continue de diversifier sa couverture», a déclaré Ernest Battifarano, responsable
mondial du développement et de la production d'indices. «Les investisseurs qui n'étaient pas jusqu'ici intéressés par l'Afrique du Sud peuvent exploiter ce
marché prometteur en pleine expansion». Le profil
d'avril 2012 englobe 11 obligations d'État sud-africaines représentant une valeur marchande de 88,34
milliards USD, qui devraient entrer pour 0,44 %
dans l'indice.
Un tunisien promu à la Banque mondiale
Le Tunisien Ferid Belhaj vient d’être nommé directeur du bureau régional Moyen-Orient & Afrique du
Nord de la Banque Mondiale. Il aura la responsabilité
des pays suivants: Irak, Iran, Jordanie, Liban, Syrie.
M. Belhaj a rejoint la Banque en 1996 en tant que
conseiller dans le département juridique. Il a depuis
occupé divers postes, y celui compris celui Country
Manager (directeur pays) au Maroc et de représentant spécial de l’Organisation des Nations Unies, sa
plus récente affectation étant Country Manager au
Timor-est, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et les îles
du Pacifique en Asie de l’Est et du Pacifique.
8 Les Afriques .
26 avril 2012
Le secrétaire général de la présidence du Tchad,
Mahamat Saleh Annadif, a été arrêté la semaine
dernière pour «complicité de détournement de
fonds publics», a confié une source du ministère
de la Justice sous couvert de l'anonymat. Deux
autres personnalités du monde économique ont
également été inculpées mais pas écrouées, selon
la source au ministère de la Justice: le directeur
général adjoint de la banque Société Générale
Tchad (SGT), Moussa Dana Atim, et le directeur
général adjoint de la Banque Commerciale du
Chari (BCC), Daoud Hamid. Début février, le directeur général des grands travaux présidentiels,
Mahamat Zene Bada, avait pour sa part été accusé d'avoir détourné plus d'un milliard de f CFA
(1,5 million d'euros), et avait été écroué. Maire
de N'Djamena de 2007 à 2010, Zene Bada avait
été écroué en janvier 2010 pour des détournements de fonds dans le cadre de sa gestion de la
capitale tchadienne. Il avait ensuite bénéficié
d'un régime de semi-liberté avant d'être nommé
directeur général des grands travaux présidentiels en septembre 2011.
Un miraculé à la tête des finances du
Congo
Le ministre des finances du gouvernement sortant, Augustin Matata Ponyo, a été nommé mercredi 18 avril 2012, nouveau Premier ministre de
la République démocratique du Congo (RDC).
Après les élections législatives de novembre 2011
et l'entrée en fonction le 12 avril dernier de la
nouvelle Assemblée nationale, la RDC hérite d’un
ministre miraculé. Cet homme de 47 ans a survécu au crash d’avion survenu en début d’année
et qui avait coûté la vie Conseiller spécial de Kabila, Katumba Mwanke.
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La Royal Air Maroc vers un partenariat
stratégique
L’information publiée par l’agence Reuters la semaine dernière laisse entendre que la compagnie
aérienne marocaine a besoin de s’allier avec une
plus grande compagnie pour faire face à la
concurrence des low- cost. Durant les premiers
mois de l’exercice 2012, la compagnie a enregistré
une nette amélioration de ses résultats.
APF: EDF Energies Nouvelles décroche le
parc éolien de Taza et s'installe au Maroc
Un consortium mené par le Français EDF Energies
Nouvelles, en partenariat avec le groupe japonais
Mitsui & Co., a été retenu par l'Office National
d'Electricité (ONE) pour la réalisation du projet
éolien de Taza, a indiqué lundi le groupe français.
D'une puissance de 150 MW, le projet éolien de
Taza sera équipé de 50 turbines du groupe français Alstom, d'une puissance unitaire de 3 MW,
précise EDF EN dans un communiqué, assurant
que «EDF Energies Nouvelles, Mitsui et Alstom alloueront au moins 30 pc des travaux de construction à des entreprises sous-traitantes
marocaines». Lancé par l'ONE en mai 2011 dans le
cadre d'un partenariat public-privé, le projet de
Taza sera suivi en 2012 par un processus d'appel
d'offres complémentaire portant sur 850 MW
dont la procédure de pré-qualification est en
cours, rappelle EDF EN.
Année exceptionnelle chez Ecobank Mali
Le Sénégal sollicite le FMI
L’année 2011 a été exceptionnelle pour Ecobank Mali.
L’institution confirme son assise financière dans le paysage bancaire local avec un total bilan dépassant pour la
première fois le seuil des 300 milliards. Le résultat avant
impôt s’est établi à 9,7 milliards contre 6,8 milliards en
2010. Quant au résultat net, il a atteint 7,9 milliards, à
comparer avec 5,2 milliards une année plutôt. L’année
2012 s’annonce difficile dans un contexte politique et
économique fragile pour l’ensemble du secteur bancaire malien.
La visite du président Macky Sall en France avait
aussi pour but de solliciter le soutien de la France
dans des négociations difficiles avec le FMI. La France,
qui a débloqué 130 millions
d’euros pour ce pays de
l’Afrique de l’Ouest, mettra
Macky Sall, Pt du Sénégal en branle son ministre des
finances ainsi que le ministre d’Etat Henri de Raincourt pour obtenir le déblocage des fonds. L’institution monétaire
internationale, qui avait échoué à reconvertir l’ancien président sénégalais à l’orthodoxie financière, y
parviendra-t-il avec le nouveau ?
La Mauritanie va émettre des sukuks
Maroc: très forte hausse de la facture énergétique au début de l'année
La facture énergétique du Maroc s'est élevée à
plus de 15,46 milliards de dirhams (1,4 milliard
d'euros) au cours des deux premiers mois de
2012, soit une hausse de 23,2% par rapport à la
même période de l'an dernier, indique mercredi
le ministère de l'énergie. Selon ce département,
la facture énergétique dominée par le pétrole
brut et le gasoil-fuel, constituait 25,6% du total
des importations à fin février. La flambée mondiale des prix pétroliers préoccupe fortement le
gouvernement marocain.
Après la Gambie et le Soudan, la Mauritanie sera-t-il le
troisième pays d’Afrique subsaharienne à émettre des
obligations islamiques ? C’est ce qu’on pourrait supposer suite à la convention signée entre le gouvernement
mauritanien et la Société islamique pour le développement du secteur privé (Sidsp), filiale de la Banque islamique du développement (BID). Sidi Ould Tah,
ministre des Affaires Economiques, tire déjà les bénéfices de l’option finance islamique, qui permet à la
Mauritanie, dit-il, de «bénéficier des financements islamiques et de mobiliser l’épargne locale qui rejette le système (usurier) actuel». La Mauritanie pourra lever
jusqu’ à 300 millions dollars à travers cette convention.
26 avril 2012 Les Afriques
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BRUITS DE MARCHÉ
«Acheter la rumeur, vendre l’information»
Gabon, le premier ministre s’interroge sur
les intentions de Veolia
Union Africaine : Jean Ping perd le soutien
du Tchad
Deux mois après ses
prises de fonction, le premier ministre gabonais
Raymond Ndong Sima a
saisi l’assemblée nationale pour des éclaircissements du contrat de concession d’eau et
d’électricité liant le Gabon à la Société d’énergie
et d’eau du Gabon (SEEG), filiale de Veolia. La
convention signée en 1997 pour 20 ans fait l’objet
de fréquentes contestations de l’une ou l’autre
partie. Pour le Gabon, la SEEG ne respecte pas le
cahier de charges. Pour la SEEG, le Gabon n’a pas
respecté ses engagements d’investissements. Une
affaire qui sent la cour internationale d’arbitrage.
Les protestations officielles du ministre gabonais
des affaires étrangères, de la coopération internationale, de la francophonie, chargé du NEPAD
et de l’Intégration régionale n’y changeront rien.
Le tchadien Idriss Déby Itno a décidé d’apporter
son soutien à la candidature de l’Afrique du Sud à
l’élection du président de la Commission de
l’Union Africaine. Une position tactique mais aux
antipodes de la belle entente reflétée par le communiqué final de la XVe session ordinaire de la
Conférence des Cheds d’Etat et de Gouvernement
de la Communauté Economique des Etats de
l’Afrique Centrale (Ceeac), tenue à Ndjamena le 15
janvier 2012. Cette instance avait alors apporté
son soutien au renouvellement du mandat de
Jean Ping. Président en exercice de la Ceeac,
Idriss Déby opère un revirement énigmatique.
Moustapha Abdeljalil en deal avec
les pro-Kadhafi
Après avoir renoncé à faire extrader l’ancien chef des
renseignements libyens, détenu actuellement à Nouakchott, Moustafa Abdeljalil président CNT libyen semble
avoir mis de l’eau dans son thé en ce qui concerne les
membres de la famille de Mouammar Kadhafi, exilés en
Algérie. Le président du CNT dit être parvenu à un accord avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika
pour renoncer à faire extrader l’épouse de l’ex-Guide libyen, sa fille et deux de ses fils. En retour, ces derniers
doivent s’abstenir de toute déclaration politique.
Fin de suspens pour l’affaire Bacim Bank
en Mauritanie
C’est dans un véritable panier à crabes qu’avait atterri à son insu le fonds ECP en investissant 15,9
millions de dollars en 2008 pour l’acquisition de
85% du capital de la Bacim Bank en Mauritanie.
Les actionnaires de l’institution contestent la décision de vente décidée alors par la Banque Centrale
de Mauritanie qui avait placé l’établissement sous
redressement judiciaire. L’institution d’émission
ignorait apparemment que quelques mois avant la
conclusion de cet accord avec ECP, les actionnaires
avaient cédé 20% du capital à l’homme d’affaires
sénégalais Moustapha Niasse, candidat aux dernières présidentielles sénégalaises. La transaction
n’était pas portée dans les registres officiels de la
Banque Centrale. Maintenant qu’un arrangement a
été trouvé, devant permettre à ECP de prendre effectivement contrôle de la BACIM appelé à évoluer
sous pavillon Orabank, rien n’indique que Moustapha Niasse obtiendra gain de cause.
10 Les Afriques .
26 avril 2012
Algérie : des armateurs veulent
être payés en devises
Depuis le 15 avril plusieurs armateurs internationaux
exigeraient de se faire payer en devises, une attitude
qui a le don d’irriter les officiels algériens. Ces armateurs que sont la CMA CGM, MSC, Arkas, Mediterranean Shippin sont dans l’impossibilité de transférer
hors de l’Algérie quelque 500 millions de dollars encaissés sous forme de fret. Depuis 2010, la douane algérienne exige des armateurs de ne transférer que des
encaissements réglés moins de 90 jours après l’escale
du navire, un délai difficile à respecter compte tenu de
la lourdeur des formalités.
ECP cible l’Afrique de l’Est
La firme de private equity va
consacrer 613 millions de dollars
dans un fonds
Afrique de l’Est
d’ici 18 à 24 mois,
déclare Alex Handra Aime, directeur ECP basé à
Dakar. Cet intérêt
pour l’Afrique de
l’Est va se traduire par une ouverture d’une représentation ECP au Kenya à partir de cette
année. Les premiers deals concerneront des
prises de participations dans des entreprises opérant dans le secteur de la consommation.
Barometre 20/04/12 04:25 Page11
Actis va consacrer 300 millions de dollars à
l’Afrique
Maroc : le groupe BPCE dans le capital du
Groupe Banque Populaire
Le fonds de private equity investira 300 millions
de dollars en Afrique, selon les déclarations de
l’un de ses dirigeants, John van Wyk. «L’Afrique
est le secret le mieux gardé en raison de ses retours sur investissements élevés», a déclaré le gérant de ce fonds qui cible en particulier l’Afrique
du Sud, l’Egypte et le Nigéria. Pour rappel, Actis
dispose d’un portefeuille d’actifs sous gestion
évalué à 1,5 milliard de dollars.
Les instances de gouvernance de la Banque Centrale Populaire (BCP) et du Groupe BPCE ont approuvé la prise de participation de BPCE Maroc,
filiale de BPCE International et Outre-mer, au capital de la BCP à hauteur de 5%. Cette prise de
participation s'effectuera via une augmentation
de capital réservée au Groupe BPCE, sur la base
d'une valorisation de 201 MAD par action, correspondant aux deux dernières opérations réalisées
sur le capital de la Banque Centrale Populaire.A la
suite de cette prise de participation, un siège au
sein du Conseil d'administration de la BCP sera
attribué au Groupe BPCE. Les deux groupes visent
à développer à travers ce partenariat stratégique,
des synergies industrielles et commerciales au
bénéfice de leurs réseaux bancaires respectifs.
Standard Chartered investit dans Binladin
Group
La branche Private Equity de la
Standard Chartered est en train de
mobiliser 100
millions de dollars pour un
fonds dédié à la
région du Golfe
arabo-persique.
Après avoir pris
une participation minoritaire dans le groupe saoudien
Binladin Group pour 75 millions de dollars, la banque
a apporté la derniére pierre à un investissement de 75
millions de dollars dans le groupe Jawad Groupe du
Bahrein. Taimor Labib, directeur de la branche private
equity de la Standard Chartered pour la zone MENA
précise que son groupe s’intéresse aux secteurs de l’industrie, de la distribution et de la santé.
Mali, arrestation de Soumaila Cissé
Soumaïla Cissé, ancien commissaire de l’Uemoa, a été arrêté en milieu de la semaine
dernière et conduit sous
bonne escorte au camp militaire de Kati - Candidat de
l’URD (l’Union pour la République et la Démocratie) à
l’élection présidentielle, Soumaïla Cissé a été interpellé par des hommes armés,
portant des cagoules. Avant d’être conduit, sous bonne
escorte, au quartier général de la junte militaire : le
camp militaire de Kati.
Les meilleurs banquiers africains seront
distingués à Arusha
La BAD confirme son engagement en faveur
du Maroc
Les organisateurs de la cérémonie de remise de distinctions aux meilleurs
banquiers africains (Africains Banker Awards,
groupe IC publications) ont
annoncé que l'édition 2012
aura lieu, pour la première
fois, en Afrique. Les Trophées African Banker, l'un
des événements les plus prestigieux pour la communauté bancaire et financière en Afrique coïncidaient, dans le passé, avec les rencontres
annuelles de la Banque mondiale et du FMI, mais
cette année, le Comité a décidé de 'se rendre en
Afrique' et d'organiser la cérémonie en fin mai à
Arusha, en Tanzanie, sous le patronage de la
Banque africaine de développement (BAD), lors
des réunions annuelles de la BAD.
Le groupe
Banque africaine de développement
(BAD) a dévoilé, le 13
avril dernier
à Rabat, sa
stratégie au
Maroc pour
la période
2012-2016.
La mise en œuvre du document de stratégie nécessite une enveloppe financière de près de 30 milliards
de DH, soit 10 milliards de DH pour 2012 et 5 milliards de DH pour chacune des quatre années suivantes, a précisé la représentante résidente de la
BAD au Maroc, Amani Abou-Zeid.
26 avril 2012 Les Afriques
. 11
Verbatim 20/04/12 04:29 Page12
VERBATIM
Marchande
«Je suis un chef d'Etat, non une
marchande de légumes
(…) Toutes les entreprises présentes ici, même lorsque l'actionnariat est étranger, sont
des entreprises argentines»
Cristina Kirchner, sur l’expropriation de 51% de la filiale locale de Repsol.
Défaut
«Je ne veux pas être un président par défaut. Notre
pays n'attend pas le départ
d'un président mais l'arrivée d'un nouveau»
François Hollande.
Bientôt
Chinois
«Depuis quand les Français
s’intéressent-ils au championnat chinois ? C’est marrant de
voir à quel point ma vie les
passionne. Ils me surprendront
toujours. Même en Chine ils
n’arrivent pas à m’oublier !»
Nicolas Anelka, entraîneur et footballeur.
Culpabilité
«Je reconnais les faits mais je
ne reconnais pas ma culpabilité (au sens pénal du
terme, ndlr). J'invoque la légitime défense»
Anders Behring Breivik, extrémiste de droite qui reconnaît avoir tué 77 personnes
l’été dernier en Norvège.
Peur
«M. Ouattara (NDLR, Alassane Ouattara, président de
la Côte d’Ivoire) a une peur
bleue de la démocratie. Les
libertés publiques sont bafouées et les journaux sont
menacés de fermeture».
Toussaint Alain, ancien porte-parole du clan Laurent
Gbagbo en France.
«N’ayez pas peur. Je retournerai bientôt à Madagascar. Ils
ne peuvent pas s’y opposer. Il
est temps d’appliquer toutes
les dispositions de la Feuille
de route dont celles relatives
au retour sans condition des
exilés politiques»
Marc Ravalomanana, en exil en Afrique du Sud.
Arabiser
«Kadhafi n’a jamais réussi
à contrôler le Sud du pays. Il
y avait installé des mines
antipersonnels pour obliger
les Toubous à migrer vers le
nord. Son objectif était de
les arabiser»
Jomode Elie Getty Doby, militant toubou et membre
fondateur du Conseil national de transition libyen.
Traité
«Le traité de Maastricht était
fondamentalement vicié, ce
qui démontre la faillibilité
des autorités. Sa principale
faiblesse était bien connue de
ses architectes»
George Soros, milliardaire
américain, spécialiste des Hedge Funds.
Conflit
Choix
«Vous savez, ce choix n'est
pas vraiment basé sur le mérite. (…). C'est un vote en
fonction de poids politique »
La nigériane Okonjo-Iweala,
candidate malheureuse au
poste de présidente de la
Banque Mondiale.
12 Les Afriques .
26 avril 2012
«Si ce conflit n'avait pas été
éteint, c'est peut-être toute
la sous-région qui recevrait
les contrecoups de cet événement-là. Il faut adresser des
compliments à la Cédéao et
l'encourager à continuer de
jouer ce rôle de veille pour éviter les coups d'Etat...»
Moustapha Niasse, homme politique sénégalais.
Verbatim 20/04/12 04:29 Page13
EMPLOI
Un budget axé sur l’emploi des jeunes en Afrique du Sud
Pour son budget 2012, l’Afrique du Sud, première puissance économique du continent, place
parmi ses priorités, la création d’emplois, singulièrement pour les jeunes.
E
n Afrique du Sud, il ressort des statistiques officielles que plus de 4 jeunes sur 10 sont sans emploi
et 25% de la population active est au chômage.
L’annonce récente de Pravin Gordhan, ministre sud-africain des finances, a reçu un écho favorable auprès des populations. En effet, l’accueil réservé à ce budget a été fort
favorable, aussi bien au niveau des partis politiques (au
pouvoir et dans l’opposition), que des partenaires du gouvernement. Le train de mesures, présentées par l’argentier du pays, qui met l’accent sur la création d’emplois, en
particulier en direction des plus jeunes, a fini par séduire
le plus grand nombre. L’unanimité a donc été faite autour
de ce qui a été considéré comme la priorité des priorités,
à savoir l’emploi des jeunes. Dans les 3 prochaines années,
des milliards de rands vont être investis, dans la cadre d’un
vaste programme de développement d’infrastructures,
pour aider les jeunes à s’insérer dans la vie active. Pravin
Gordhan rappelait justement que : «Le président l’a dit très
clairement, la création d’emplois est notre priorité numéro
un. Ce budget souligne ce que le gouvernement et les finances
Un vivier
d’emplois énorme
Dans les 3
prochaines
années, des
milliards de
rands vont
être investis
pour aider les
jeunes à
s’insérer dans
la vie active.
peuvent faire pour aider à la création d’emplois». Aussi, il a
surenchéri que donner à chaque sud-africain la dignité
d’un emploi, la sécurité d’un revenu, la perspective d’une
formation, le soutien pour se lancer dans de nouvelles affaires, la confiance pour devenir un entrepreneur, et la
passion et l’optimisme pour briser les chaînes du chômage, c’est le plus bel héritage que cette génération pourra
laisser aux suivantes.
M.C
26 avril 2012 Les Afriques
. 13
Arret Kabul 20/04/12 04:31 Page14
ARRÊT SUR IMAGE
Kabul
6 décembre 2011 au centre Kabul. Une explosion
lors d’une cérémonie religieuse fauche la vie à 30
personnes. La photo de Massoud Hossaini (AFP) a
reçu le prix Pulitzer2012.
14 Les Afriques .
26 avril 2012
Arret Kabul 20/04/12 04:31 Page15
26 avril 2012 Les Afriques
. 15
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page16
BANQUES & ASSURANCES
Jean Luc Konan,
Directeur Général
de UBA Sénégal
16 Les Afriques . 26 avril 2012
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page17
Jean Luc Konan
«Notre total bilan a doublé»
Le Directeur général de UBA Sénégal, l’ivoirien Jean Luc Konan,
parle de la percée fulgurante de la filiale sénégalaise du groupe
UBA et de ses objectifs de faire partie du trio de tête à l’horizon
2015. Entretien exclusif.
L
es Afriques : Comment qualifieriez-vous l’évolution
d’UBA Sénégal depuis sa
création et depuis votre arrivée en
Juillet 2010 ?
Jean Luc Konan : Elle a été assez rapide, en terme de total bilan, nous
devons nous situer aujourd’hui au
8e rang sur 19 banques en activité
au Sénégal.
Nous pouvons répartir l’évolution de
notre banque en 3 phases distinctes :
• Phase1 : elle a été menée par mon
prédécesseur, Abdoul Aziz DIA, et
consistait à bâtir une équipe de lancement, à mettre en place les différentes procédures opérationnelles
et à faire connaître UBA sur le marché sénégalais.
• Phase 2 : Elle a consisté à mettre la
Banque sur une base de profitabilité durable avant la fin de l’année
2010. Elle a été réalisée via le «projet 120» qui avait pour but de transformer la Banque en une
Institution profitable en 120 jours.
C’est d’ailleurs cette stratégie qui
nous a permis de «passer au vert»
dès Novembre 2010 et d’accroître
régulièrement notre niveau de profitabilité.
• Phase 3 : Pour sa part, elle
consiste à faire de UBA Sénégal
l’une des 3 premières banques du
pays dans un délai de 5 années à
compter de sa création. Nous y travaillons ardemment !
LA : Quel est l’état du portefeuille
de votre banque et l’évolution de
ses activités ?
J.L.K. : Notre portefeuille est extrêmement saint puisque notre niveau
de créances douteuses est inférieur
à 0,5%.
Au niveau des activités, notre résultat net est passé de – 1.9 milliards de
f CFA à +1.5 milliards de f CFA
entre 2010 et 2011, soit une croissance de 174%. Nous sommes en
bonne voie pour doubler ce résultat
en 2012.
Notre total bilan est passé de 53 milliards de f CFA en Mars 2011 à plus
de 103 milliards de f CFA au 31
mars 2012.
LA : Comment expliquez-vous ces
performances ?
J.L.K. : Elles reposent à 100% sur un
effectif de grande qualité, avec qui
j’ai instauré une approche participative afin d’en extraire le maximum de valeur.
Le Département Stratégie & Exécution coordonne le suivi de toutes les
décisions prises en comité de Direction et tient un chronogramme millimétré des tâches à exécuter.
Le Département Grandes entreprises assure 30% des revenus de la
Banque.
James Bittaye, détaché de UBA
Africa, assure la coordination des
activités Grandes Entreprises, Trésorerie et Réseau.
Madieyna Kama, récemment
promu Directeur Grandes Entre-
Nous devons
nous situer
aujourd’hui
au 8e rang sur
19 banques en
activité au
Sénégal.
prises, gère les relations avec le
Grands comptes notamment dans le
secteur de l’énergie.
La Trésorerie, qui est l’un des moteurs de notre développement, génère à elle seule 40% des revenus de
la Banque.
Le Département Banque Commerciale et Banque de détail a été remanié en profondeur par Oumy BAR
qui a réalisé l’exploit de rendre l’ensemble de notre réseau profitable en
moins d’une année. Ce département
génère 25% des revenus de notre
Institution.
Tout en mettant en place un dispositif commercial très agressif, il nous
a fallu nous appuyer sur une équipe
expérimentée dont le rôle était de
contrôler les excès liés à notre hyper
croissance ; nous les appelons «gardiens du temple » en raison de leur
extrême prudence quant à l’approbation de nos dossiers de crédit.
Alioune Guèye, le Directeur des
opérations et de la technologie, appuyé par son inaltérable numéro 2
Serigne DIA ont la lourde tâche
d’assurer la gestion du back-office.
Amadou Boudia Guèye, notre Secrétaire général et Directeur juridique qui n’a pas d’égal en matière
de résolution de conflits.
LA : En vous implantant au Sénégal, vous avez opté pour un green
field contrairement à votre implantation au Burkina Faso où vous
avez racheté la BIB et au Bénin où
vous avez racheté la Continental
26 avril 2012 Les Afriques
. 17
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page18
BANQUES & ASSURANCES
«UBA Sénégal
compte figurer
parmi les 3 premières banques
du pays, en 2015»
significative avez-vous
enregistrée ?
J.L.K. : En 2011 nous avons augmenté cette facilité en la portant à
240 millions d’Euros avec l’entrée du
Fonds de Soutien à l’Energie (FSE).
Nous avons également co-arrangé et
financé une facilité totale de 40 milliards de f CFA destinée à la dette
Senelec.
LA : A combien s’élève la contribution financière d’UBA Sénégal
dans le financement de l’économie du pays ces trois dernières
années ?
J.L.K. : Outre une contribution
directe de UBA Sénégal à hauteur
de plus de 15 milliards de f CFA
en faveur des PME et des particuliers, notre Groupe a mis en place
des lignes de près de 170 milliards
de f CFA à disposition des grandes
entreprises.
Nous avons également investi plus
de 80 milliards de f CFA en bons et
obligations émises par le Trésor Public sénégalais, soit une contribution totale au financement de
l’économie sénégalaise de plus de
250 milliards de f CFA.
Bank of Benin, pourquoi ?
J.L.K. : Il n’est jamais aisé de trouver
le bon équilibre entre green field et
brown field. Dans le premier cas l’investissement de départ est moins
élevé, mais les coûts de développement sont plus longs et plus onéreux.
Dans le second cas, c’est le contraire.
LA : Selon vous, les risques
n’étaient-ils pas plus importants
en procédant à une croissance organique sur un marché aussi compétitif que le Sénégal ?
J.L.K. : Le Sénégal est certes à mon
avis le marché le plus compétitif de
la sous-région en matière bancaire,
18 Les Afriques . 26 avril 2012
cependant une croissance externe
suppose de trouver des opportunités d’acquisition intéressantes.
En nous implantant au Sénégal,
nous avons opté pour une croissance organique, en nous assurant
de recruter les meilleurs profils afin
de gagner rapidement des parts de
marché. Si je me fie aux résultats
obtenus après bientôt 3 ans d’activité, ce fût une stratégie plutôt
payante.
LA : Après le deal de l’année (180
millions d’euros/118 milliards de
f CFA signé avec la SAR) en octobre 2010, quelle autre transaction
En 2011, nous
avons coarrangé et
financé une
facilité totale
de 40
milliards de
f CFA
destinée à la
dette
Senelec.
LA : Quelles sont vos parts de
marché dans la bancarisation de
la population ?
J.L.K. : Notre part de marché en
terme de nombre de comptes demeure modeste, car nous disposons
aujourd’hui de 15 000 clients. Il
s’agit d’une stratégie délibérée qui
consistait à se focaliser sur les
grandes entreprises, les PME et les
salariés du secteur formel. Nous
avons néanmoins noué des partenariats stratégiques avec des institutions de micro finance destinés à les
accompagner dans le financement
du secteur informel.
LA : Où en êtes vous en matière
d’expansion de votre réseau ?
J.L.K. : UBA Sénégal dispose aujourd’hui de 9 points de vente à
Dakar, nous comptons entamer
notre expansion à l’intérieur du
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page19
pays en 2013.
Nous avons cependant développé
un concept «d’Agency Banking» qui
consiste en l’utilisation d’un vaste
réseau de plus de 200 sous agents
pour servir nos clients dans les localités où nous ne sommes pas présents et mailler ainsi l’ensemble du
territoire sénégalais.
LA : L’augmentation du capital
passé à plus de 9 milliards f CFA
a-t-elle fortement contribué à
l’accroissement de vos fonds propres et soutenu votre plan de
croissance et vos investissements ?
J.L.K. : Il est vrai que UBA Plc a injecté 8,5 milliards de f CFA dans le
capital de UBA Sénégal afin de nous
permettre de respecter le ratio de
capitalisation minimum fixé à 5
milliards de f CFA par la Banque
Centrale des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (Bceao). Notre capital se
situe aujourd’hui à 9,25 milliards de
f CFA pour des fonds propres dépassant 6.5 milliards de f CFA.
LA : Quelle est la configuration
actuelle du tour de table de votre
banque ?
J.L.K. : Notre capital est détenu à
hauteur de 84% par UBA Plc et de
16% par des privés et institutionnels sénégalais.
LA : A la lumière de la tempête financière de 2010, peut-on dire
que c’est la fin du modèle de
banque d’investissement ?
J.L.K. : Je ne pense pas qu’on puisse
parler de la fin du modèle banque
d’investissement. Ce modèle répond
à une nécessité et les banques commerciales ne sont pas outillées pour
répondre à cette problématique.
Il est vrai cependant que des
banques d’investissement arrimées
à de solides réseaux de banques
commerciales sont plus à même de
UBA Sénégal
dispose
aujourd’hui
de 9 points
de vente à
Dakar, nous
comptons
entamer
notre
expansion à
l’intérieur du
pays en 2013.
passer les crises. Souvenez vous il y
a plus de 10 ans la BNP, grande
banque commerciale se portait acquéreur de la banque d’affaires, Paribas. En 2004 c’était au tour de la
banque d’investissement JP Morgan de tomber dans l’escarcelle de
la banque commerciale Chase
Manhattan.
UBA Plc dispose d’ailleurs de sa
propre filiale spécialisée dans la
banque d’investissement, UBA Capital, présente à Lagos, New York et
Londres.
LA : Quelles sont les grandes ambitions d’UBA Sénégal à l’horizon
2015 ?
J.L.K. : En 2015, UBA Sénégal
compte figurer parmi les 3 premières banques du pays et disposer
d’une présence effective sur la totalité du territoire sénégalais.
Propos recueillis par
Ismael Aidara, Dakar
Siège UBA Dakar
26 avril 2012 Les Afriques
. 19
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page20
BANQUES & ASSURANCES
Finance Islamique : nécessité d’un cadre
juridique pour le Maghreb
La deuxième édition du forum maghrébin de la
finance islamique a tenu ses Assises, les 15 et 16
avril dernier à Nouakchott, sous le thème «Le
financement islamique et le développement des
Petites et Moyennes Entreprises (PME)» au Maghreb.
La Banque mondiale
finance un projet de
développement communautaire au Togo
Adji Otheth Ayassor, ministre togolais de l’économie et es finances, a
confirmé un don de 14 millions de $,
soit 7 milliards de f CFA de la Banque
mondiale, pour financer le seconde
phase du projet de développement
communautaire. La convention de financement a été signée la semaine
dernière à Lomé. Ce soutien vient en
appoint à l’assistance apportée à la
première phase, financée aussi par la
BM pour 46,9 millions de $, soit 16,3
milliards de f CFA.
La BEI renfloue
ABC Bank et
Consolidated Bank
C
ette rencontre de 48 heures,
a été organisée par la Société
Islamique pour le Développement du secteur privé (SID) et le
Conseil Général des Banques et Institutions Islamiques (CIBAFI), en
collaboration avec l’Institut Islamique de Recherche et de Formation et le Forum des Affaires du
Groupe de la Banque islamique de
développement (BID).
Ont participé aux Assises, placées
sous le haut patronage du ministre
mauritanien des affaires économiques et du développement, Sidi
Ould Tah, plus de 150 acteurs du Maghreb, issus des administrations publiques des finances, des institutions
bancaires et des opérateurs des PME.
Objectif du forum «expliquer la nécessité de la réforme à travers la
création d’un cadre juridique adapté
aux produits de la finance islamique,
pour la croissance de l’investissement
et des marchés financiers dans le
20 Les Afriques . 26 avril 2012
Maghreb» et permettre aux institutions financières islamiques d’exposer
leurs
méthodes
de
financement des PME avec des
exemples concrets à l’appui.
Mais aussi «encourager le commerce
et l’investissement au Maghreb».
Ainsi, pour le Directeur Exécutif de
la Société Islamique pour le Développement du secteur privé (SID),
Khaled Mohamed El Abboudi «la finance islamique est apte à contribuer
au développement de tous les secteurs
de l’économie mauritanienne et maghrébine, à travers un nouveau type
de financement offrant une alternative face à la spéculation, véritable
source de la crise financière internationale actuelle».
Pour sa part, le gouverneur de la
Banque centrale de Mauritanie
(BCM), Sid’Ahmed Ould Rais, a signalé au cours du forum que toutes
les institutions bancaires du pays
disposent d’un guichet pour le fi-
L’UMA,
à l’heure de la
finance islamique
Afin d’aider ABC Bank et Consolidated Bank à soutenir les PME-PMI
du Kenya, la Banque européenne
d’investissement (BEI) vient de leur
octroyer un prêt de 20 millions
d’euros. Si pour ABC Bank, les crédits à accorder vont toucher divers
secteurs d’activités, la Consolidated
Bank qui investit les branches technologiques, cible d’ores et déjà
l’amélioration des services aux entreprises grâce au Mobile Banking
et à la banque en ligne.
Wafasalaf, leader du
La finance
islamique est crédit à la consommation au Maroc
apte à
termes des résultats de l’exercice
contribuer au Aux
2011, Wafasalaf conforte sa position
développement de leader du secteur du crédit à la
consommation au Maroc. En effet,
de tous les
cet établissement financier défend
secteurs de
détenir une part de marché en prol’économie
duction brute de 30,3% à fin 2011
mauritanienne contre 29,8% en 2010. Son résultat
est ressorti à 344 millions
et maghrébine. consolidé
de dirhams, en croissance de 9,01%
par rapport à l'année précédente.
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page21
nancement islamique. Mais ces guichets fonctionnent sur la base des
règles classiques».
Un constat qui oblige le législateur
à créer «un nouveau cadre juridique
et réglementaire, adapté à la finance
islamique à travers une série de réformes intégrant également le
contrôle et la mobilisation de nouvelles sources de financement. Une
option qui permettra de relever considérablement le très faible taux de
bancarisation de la Mauritanie, estimé à 150.000 individus» sur une
population de plus de 3 millions
d’habitants.
En fait, la mentalité et la culture
musulmane réprouvant l’usure,
constitue un véritable frein à la bancarisation en Mauritanie.
Emission de bons du trésor
islamiques
En marge du forum de Nouakchott,
le gouvernement mauritanien et la
Société Islamique pour le Développement du secteur privé (SID), Filiale de la Banque Islamique de
Développement (BID), ont signé
une convention d’un montant estimé prévisionnel de 300 millions
de dollars us, devant permettre à la
Mauritanie d’émettre des bons du
trésor islamiques.
Celle-ci sera un vecteur «de mobilisation de l’épargne locale, qui rejette
le système usurier. Une étude est actuellement en cours pour définir le
cadre global et les instruments», selon
le Directeur exécutif de la Société islamique pour le développement du
secteur privé, Khaled Mohamed El
Abboudi.
Cette option résolue est justifiée par
un constat «le financement de l’économie réelle, par opposition à celui
des prêts usuriers sans garantie réelle,
constitue désormais le socle du développement économique dans le
monde et a su résister au choc de la
crise financière» a expliqué le Haut
responsable de la SID.
Cette société «offre des avantages
au service de la Mauritanie, qui est
entrain d’adapter son système aux
conditions qu’impose le financement islamique. Ce qui montre
l’importance de l’impact de la finance islamique dans le développement et la promotion des PME au
Maghreb».
Amadou Seck, Nouakchott
Le législateur
à créer «un
nouveau
cadre
juridique et
réglementaire, adapté
à la finance
islamique à
travers une
série de
réformes.
Déjà opérationnelle dans le Golfe
arabique, la
finance islamique
progresse au
Maghreb
Conférence de
la Facilité arabe
de financement
à Marrakech
En coordination avec le ministère
marocain de l’économie et des finances, la Banque mondiale, la Société financière internationale
(SFI) et la Banque islamique de développement (BID) ont organisé,
les 16 et 17 avril à Marrakech, la
deuxième Conférence de la Facilité
arabe de financement des infrastructures. La rencontre, qui a été
rehaussée par la présence effective
de Nizar Baraka, ministre marocain
de l’économie et des finances, et de
plusieurs ministres et représentants
du secteur public d’une douzaine de
pays arabes, a vu la participation de
bailleurs de fonds, ainsi que des représentants du secteur privé de l’ensemble de la région.
Bon cru de QNB
Group en 2011
Les 3 premiers mois de l’année
2012 se sont inscrits sous le signe
de la croissance pour QNB Group.
Cette institution financière, qui figure parmi les plus grandes dans la
région du Moyen-Orient et Afrique
du Nord, a révélé un résultat net de
plus de 2 milliards de riyals qataris, en hausse de 17,4% par rapport
aux résultats de la même période
de l'année précédente. Quant aux
dépôts des clients, ils ont bondi de
21,4% pour atteindre 218,4 milliards de riyals qataris. Autre indicateur de taille, le total bilan s’est
apprécié de 28,2%, depuis le 31
mars 2011 pour atteindre 311,1
milliard de riyals qataris.
26 avril 2012 Les Afriques
. 21
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page22
BANQUES & ASSURANCES
Coopérative, la solution à la finance ?
L’Afrique est paradoxalement peu pourvue en coopératives. Ce sont
pourtant ces structures démocratiques qui sont à l’origine de
l’industrialisation du vieux continent. Zoom.
A
l’heure où l’Organisation des
Nations Unies proclame 2012
année internationale des coopératives, il est étonnant de remarquer
que c’est en Afrique, connue pour son
communautarisme villageois et son
système d’entraide sociale sorti estropié
mais bien vivant de 20 ans d’ajustements structurels, où l’on compte le
moins d’entreprises appartenant à
l’économie sociale. L’on ne compte,
pour ainsi dire, aucune structure africaine dans le top 20 des plus grandes
coopératives mondiales. Sans ces struc-
tures de mobilisation des ressources,
l’Europe post Renaissance n’aurait pas
basculé dans la décisive révolution industrielle qui depuis 1750 a changé la
face du monde. Aujourd’hui, à l’heure
où la crise financière punit les géniteurs
d’instruments de spéculation déconnectés de la réalité, l’Afrique mise encore largement sur la société anonyme,
voie royale pour l’accès au crédit et l’introduction en Bourse et pourtant, culturellement et génétiquement, loin du
modèle de contrat social qui lie l’africain à son entité. Rares sont les établis-
Aucune africaine
dans le top 20
des coopératives
mondiales
Aujourd’hui, à l’heure où la crise financière punit les géniteurs d’instruments de
spéculation déconnectés de la réalité, l’Afrique mise encore largement sur la
société anonyme, voie royale pour l’accès au crédit et l’introduction en Bourse.
Pourtant, culturellement, il est loin de son modèle de contrat social.
22 Les Afriques . 26 avril 2012
sements de crédit de l’Afrique francophone, à l’exemple du groupe Banque
Populaire au Maroc (voir interview),
qui proviennent de l’économie sociale,
souvent réduits à la tontine camerounaise ou aux fameuses AGER (Activités
génératrices de revenus) entretenues
par l’aide internationale. La coopérative
représente pourtant le meilleur moyen
de mobiliser l’épargne et de réveiller le
capital domanial. Le vieux continent
est, en soi, un exemple vivant de l’apport de ce type d’organisations encouragées par les révolutionnaires de 1789.
Ainsi, le plus que centenaire Crédit
Agricole et ses 2 540 caisses locales, ses
6,5 millions de sociétaires et ses 32 000
administrateurs, est la plus grande organisation coopérative en France. De
l’autre côté de l’Atlantique, Caisses
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page23
Déblocage d’avoirs
libyens à Malte
Des avoirs appartenant à des compagnies libyennes pour un montant de 300 millions d’euros ont été
débloqués par Malte. Le porte-parole officiel du gouvernement maltais, qui l’a annoncé à la Valette, a
soutenu que le déblocage a été
consécutif à la levée des sanctions
contre la Libye. Désormais, ces
fonds sont à la disposition du pouvoir libyen dès qu’il les réclamera.
A noter que quelque 86 millions
d’euros, appartenant au clan Khadafi, restent toujours gelés.
Desjardins au Québec compte plus de
dépôts que la BNP, première banque
de la zone euro. L’établissement prospectait le bassin du Niger (Mali)
quelques mois avant les événements
qui ont plombé cette démocratie
ouest-africaine.
Fondé en 1956 sur le même principe
de l’égalité des sociétaires, le groupe
Mondragon, qui étend aujourd’hui ses
tentacules dans les domaines de la production, du crédit, de l’enseignement
et de la recherche, est devenu, avec 218
entreprises et 71 000 salariés, le portedrapeau du pays basque espagnol.
L’Espagne lui doit la marque Fagor,
l’un des rares produits électroménagers du vieux continent qui résiste aujourd’hui à la poussée des groupes
turcs et asiatiques en général.
C’est donc à juste titre, dans un monde
qui doute de la fiabilité des modèles de
la finance de marché, que Québec abritera en octobre 2012 le sommet mondial des coopératives. Le thème de cette
année, «l’étonnant pouvoir des coopératives». Un thème loin d’être usurpé
pour des structures qui fédèrent 1 milliard de personnes dans le monde, et
représentent 750 000 entreprises, mais
encore méconnues. L’alliance coopérative internationale qui regroupe 258
membres dans 96 pays (le bureau africain est basé à Nairobi) estime que les
300 premières coopératives mondiales
produisent un chiffre d’affaires qui re-
présente le PIB du Canada, 9e économie mondiale.
Comme l’a déclaré le secrétaire général
de l’ONU, Ban ki-Moon, lors du lancement de l’année internationale de la
coopérative en octobre 2011, ces structures rappellent à la communauté
mondiale qu’il est possible de poursuivre à la fois la viabilité économique
et la responsabilité sociale.
En France, leader européen du modèle coopératif avec 21 000 entreprises
employant prés d’un million de salariés et un chiffre d’affaires cumulé de
288 milliards d’euros, la coopérative a
bien résisté à la crise, avec une croissance de 5% en moyenne depuis 2009
quand le PIB français évolue en un encéphalogramme plat. La nécessité de la
croissance et la course au leadership
poussent les banques-coopératives à
s’appuyer sur les instruments de la finance de marché. Cette alliance nécessaire est-elle viable à long terme ? La
démocratie recherchée à l’origine de la
naissance de ces coopératives est-elle
compatible avec certains instruments
liés à l’inégalité et à la ségrégation des
droits de certains actionnaires ou détenteurs de titres émis par rapport à
d’autres ? Difficile de se prononcer
quand ont sait que la Caisse d’Epargne
et la Banque Populaire ont joué un
rôle loin d’être négligeable dans la
crise des subprimes.
Mohamed Baba Fall, Casablanca
La coopérative a
bien résisté
à la crise
La BGZ dans la ligne
de mire de Rabobank
Déjà en possession de 60% des parts
de la banque polonaise BGZ, Rabobank compte acquérir les 40% restantes. L’offre est évaluée à 17,2
millions d’euros, soit 72,5 zlotys/ action, soit 17,3 euros. Toutefois, cette
banque néerlandaise qui revendique
10 millions de clients à travers près
d’une cinquantaine de pays, affirme
que l’approbation est attendue d’ici
le mois de mai, le temps que les autorités polonaises avalisent l’opération
d’absorption.
La nécessité Rwanda : du droit
de la
d'importation de
croissance et sucre sans surtaxes
la course au
Le Conseil des ministres du commerce de l’Afrique de l’Est a accordé
leadership
Rwanda le droit d’importation de
poussent les au
sucre (sans surtaxes), pendant une
banques–
durée de 6 mois. Ce pays, confronté à
coopératives à des pénuries de sucre, a vu une monen flèche du prix (jusqu’à 1200
s’appuyer sur tée
francs rwandais le kg), contre 800
les instrufrancs avant. La raffinerie de sucre de
Kabuye n’ayant qu’une capacité de
ments de la
12 000 t de sucre par mois, ce pays a
finance de
dû recourir aux importations pour
marché.
combler le gap des 50 000 t par mois
nécessaire à la consommation locale.
26 avril 2012 Les Afriques
. 23
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page24
BANQUES & ASSURANCES
Hassan El Basri,
Dirécteur général de la
Banque centrale populaire
24 Les Afriques . 26 avril 2012
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page25
Hassan El Basri «L’économie sociale
est dans les gènes de la Banque Populaire»
Hassan El Basri, directeur général de la BCP revient, ici, sur le modèle
de la Banque –coopérative qui fait du groupe Banque Populaire, un
organisme particulier. Interview.
L
es Afriques : Le Groupe BP est
un établissement financier
structuré sur le modèle d’une
coopérative. A quand remonte la
fondation de cette banque, quels
étaient ses premiers sociétaires ?
Hassan El Basri : Les premiers jalons du système Banque Populaire
ont été mis en place au Maroc à partir de l’année 1926 à travers une loi
adoptée cette année et qui, à travers
plusieurs amendements, a abouti à
un embryon de ce qu’est la Banque
Populaire aujourd’hui. Toutefois, ce
n’est qu’en 1961 que la configuration actuelle de la Banque Populaire
a été instituée avec une banque centrale et des banques régionales, le
tout sous la tutelle d’un comité directeur. Il faut dire que, jusqu’en
2000, tant la Banque Centrale Populaire (BCP) que les Banques Populaires Régionales (BPR) étaient
sous forme coopérative avec des sociétaires institutionnels au niveau de
la BCP et des sociétaires clients pour
les BPR constitués essentiellement
d’artisans et de dirigeants de petites
et moyennes industries. La réforme
adoptée en 2000 a abouti à des
changements institutionnels importants, d’une part, en érigeant la
Banque Centrale Populaire en société anonyme qui serait plus tard
cotée à la bourse des valeurs de Casablanca et, d’autre part, en conférant aux Banques Populaires
Régionales le caractère de banque
universelle et surtout en prévoyant
leur entrée dans le capital de la
Banque Centrale Populaire.
Ce réaménagement institutionnel
ment en termes de performance et de
transparence. A travers ce modèle
original, nous avons pu démontrer
que les valeurs de la banque solidaire
peuvent être parfaitement conciliables avec les valeurs de la performance et de la transparence.
et les règles de gouvernance adoptées ont permis au Groupe de se
hisser au rang des premières
banques marocaines au regard de
tous les indicateurs de l’activité
bancaire avec un impact notable sur
l’économie régionale mais aussi
dans le domaine du financement
des grands projets structurants de
l’économie marocaine.
LA : Comment la banque coopérative qu’est la BP est parvenue à
concilier économie sociale solidaire et Bourse ?
H.E.B. : L’économie sociale est dans
les gènes de la Banque Populaire et
ce, à travers son soutien notoire aux
artisans, aux TPE et à la PME/PMI
dont elle reste le principal pourvoyeur de fonds aussi bien en termes
de création que d’extension. Ce rôle
est facilité par la proximité et l’ancrage des Banques Populaires Régionales dans leur région respective et
l’implication des clients sociétaires
dans la vie de leur banque à travers
leur présence dans les différents organes (Assemblées générales, conseils
de surveillance…). Si l’économie sociale reste l’attribution des Banques
Populaires Régionales, la Banque
Centrale Populaire, qui est l’organe
coté en bourse, s’est spécialisée dans
les activités de marché et surtout
dans le Corporate. Il faut préciser
aussi que l’introduction de la BCP en
Bourse ne répond pas à un besoin de
renforcement des fonds propres du
Groupe, mais plutôt à notre souhait
de stresser notre modèle par rapport
aux exigences de la Bourse, notam-
L’introduction de la BCP
en Bourse ne
répond pas à
un besoin de
renforce-ment
des fonds
propres, mais
plutôt à notre
souhait de
stresser notre
modèle, en
termes de
performance
et de
transparence.
LA : On s’attendait à une évolution
plus poussée vers le capitalisme et
voilà qu’en 2011 l’on assiste à une
montée en force des Banques Populaires Régionales dans le capital de
la BCP. Est-ce le signe d’un retour
aux sources ?
H.E.B. : Non au contraire, il s’agit
d’une autre évolution majeure de
notre système. Pour en comprendre
la portée, il y a lieu de rappeler que,
jusqu’en 2002, les Banques Populaires Régionales n’avaient aucune
participation dans le capital de la
Banque Centrale Populaire qui était
détenu, dans sa quasi-totalité par
l’Etat directement ou indirectement.
Or, dans les grands groupes mutualistes internationaux, les banques
régionales détiennent la majorité,
sinon la totalité du capital de la
banque centrale. Et c’est pour favoriser cette intégration que la loi
12/96, adoptée en 2000, a prévu une
participation directe des Banques
Populaires Régionales dans le capital de la BCP à hauteur de 21%, ce
qui a été réalisé en 2002. Dans cette
même optique, l’Etat a cédé une
portion de 20% du capital de la BCP
aux Banques Populaires Régionales
en 2011 et nous nous sommes fixés
comme objectif stratégique d’atteindre un niveau de participation
26 avril 2012 Les Afriques
. 25
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page26
BANQUES & ASSURANCES
des Banques Populaires Régionales
dans le capital de leur banque central d’au moins 51%.
LA : Les modèles de banques coopératives comportent souvent un
volet mutuel et prévoyance. Quid
de la Banque Populaire ?
H.E.B. : Il faut signaler, tout d’abord,
que malgré ses demandes répétitives,
le Groupe Banque Populaire n’a jamais pu obtenir l’agrément des autorités pour créer sa propre
compagnie d’assurance. Ceci ne
nous a pas empêché d’être très actif
dans ce domaine, d’une part, à travers notre filiale d’assistance pour
tout ce qui concerne les produits
d’assistance et, d’autre part, par le
développement de la bancassurance
à travers des partenariats avec les
compagnies d’assurance existantes.
première et la seule banque à s’investir dans ce domaine, consciente de
l’apport crucial de ce système dans la
lutte contre la pauvreté et la précarité.
C’est ainsi que nous avons créé, à la
fin des années 90, une Fondation que
nous avons entièrement dédiée au
micro-crédit et que nous avons dotée
des moyens financiers et managériaux adéquats. Aujourd’hui, nous
sommes fiers du travail accompli par
notre Fondation dans ce domaine et
qui constitue une référence à l’échelle
internationale en termes de bonne
gouvernance et d’impact. Nous
avons, par ailleurs, impliqué notre
Fondation dans le processus de bancarisation de masse que nous entreprenons, de la même manière que
nous intégrons, dans le processus
bancaire, les clients de la Fondation
dont les projets arrivent à maturité.
LA : En tant que banque issue de
l’économie solidaire, quel rôle
jouez-vous dans le secteur de la microfinance au Maroc ?
H.E.B. : Lorsque le microcrédit est
apparu au Maroc au milieu des années 90, la Banque Populaire a été la
LA : Ces dernières années vous
poursuivez un développement à
l’international. Allez-vous reproduire le modèle des BPR en
Afrique ?
H.E.B. : Le système Banque Populaire est peu présent en Afrique,
26 Les Afriques . 26 avril 2012
Siège de la
Banque populaire
à Casablanca
Nous nous
sommes fixés
comme
objectif
stratégique
d’atteindre
un niveau de
partici-pation
des BPR dans
le capital de
leur banque
central d’au
moins 51 %.
contrairement à l’Europe, par exemple, où ce système a joué un rôle primordial dans le développement du
tissu industriel. De notre côté, nous
avons eu l’occasion, à différentes reprises, d’exposer notre modèle dans
plusieurs pays africains lesquels ont,
à chaque fois, manifesté un intérêt
particulier pour sa mise en place.
D’ailleurs, nos deux filiales africaines
s‘en inspirent sans aller jusqu’à la
configuration institutionnelle qui est
la nôtre. Il faut savoir aussi que le développement d’un tel système nécessite un laps de temps assez long et un
accompagnement à différents niveaux. C’est pour cette raison que la
plupart des pays africains se sont
orientés vers le développement de
systèmes basés sur des coopératives
de crédit qui, avec la mise en place
de la microfinance, arrivent à atteindre un plus grand nombre de bénéficiaires. Sur ce plan, nous sommes
toujours disposés à apporter notre
savoir-faire et notre expertise pour
faciliter l’accès aux services bancaires
à une plus grande communauté.
Propos recueillis par
Adama Wade
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page27
Encore un Américain à la tête
de la Banque mondiale
Projets de développement agricoles à
Khouribga (Maroc)
C’est aux dépens de la candidate Africaine, Ngozi
Okonjo Iweala, que l’Américain Jim Yong Kim est
nommé au poste de président de la Banque
mondiale le 16 avril. Le printemps des institutions de
Bretton Woods n’a pas encore sonné.
J
im Yong Kim, médecin américain d’origine coréenne, a finalement été porté à la tête de la
Banque mondiale. Longtemps candidate de l’Afrique, la nigériane
Ngozi Okonjo Iweala et son curriculum vitae impressionnant, sa
longue expérience au sein de la
Banque Mondiale, où elle s’était
hissée au poste stratégique de vice
–président, en charge des opérations, n’ont pas été assez pour faire
pencher la balance en sa faveur.
Si la ministre des finances et de
l’économie nigériane n’a pas hésité
a exprimé son soutien au nouveau
dirigeant de la Banque mondiale,
elle a toutefois enveloppé ces critiques par une parure diplomatique.
«Pour moi, il est clair que nous devons rendre cette institution plus ouverte, plus transparente et davantage
fondée sur le mérite», proteste Ngozi
Okonjo Iweala, devant un parterre
de journalistes, lors d’une confé-
Plusieurs projets de développement
agricole, ayant nécessité un financement de 111,2 millions de dirhams
et planifiés sur la période 2010-2013,
viennent d’être inaugurés par le roi
Mohammed VI dans la commune
rurale de Tachrafte, non loin de Bejaad, dans la province de Khouribga.
Ces projets, qui s'inscrivent dans le
cadre du Plan Vert, visent à développer la viande rouge, l'oléiculture et
l'élevage caprin, et le lait.
rence de presse tenue après l’élection de Jim Yong Kim, dans la capitale du Nigeria Abuja.
Ngozi Okonjo Iweala est la première
Africaine a défié les Etats -Unis pour
essayer d’accéder à ce poste. En critiquant le processus de sélection du
président de la Banque Mondiale, la
ministre nigériane a rappelé que depuis la création de cette institution
financière internationale en 1944,
les américains ont été toujours les
gérants des lieux. En effet, les pays
comme la Russie le Mexique et
Corée du Sud, le Japon ont chahuté
la décision du Conseil d'administration en donnant leurs voix à la candidate de l’Afrique. La décision de
nommé Jim Yong Kim n'a d'ailleurs
pas été prise à l'unanimité. Dans un
communiqué adressé à la presse international l’administration de la
Banque Mondiale n’a pas manqué
d’exprimer sa satisfaction de voire
plusieurs candidats se présenter à
Ngozi Okonjo
Iweala, candidate
de l’Afrique
Les pays
comme la
Russie, le
Mexique, la
Corée du Sud
et le Japon ont
chahuté la
décision du CA
en donnant
leurs voix à la
candidate de
l’Afrique.
Nouveau projet en
faveur de l’igname
L'Institut international d'agriculture tropicale (IITA), en collaboration avec un certain nombre de
partenaires a décidé de mettre en
place une nouvelle initiative, visant
à accroître fortement la productivité
de l'igname. En effet, avec un budget
estimé à 12 millions de $, l’amélioration de la culture de l’igname, autant pour l’accroissement des
revenus que pour la sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest, est
soutenue par la Fondation Bill &
Melinda Gates, l'IITA, mais aussi les
gouvernements du Ghana et du Nigeria, et des institutions, telles que
le Royaume-Uni Natural Resources
Institute (NRI), l’Alliance pour une
révolution verte en Afrique (AGRA),
et les Catholic Relief Services (CRS).
26 avril 2012 Les Afriques
. 27
Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page28
BANQUES & ASSURANCES
l’élection. «Nous tenons à exprimer
notre profonde gratitude à tous les
candidats, Jim Yong Kim, José Antonio Ocampo, et Ngozi OkonjoIweala. Leurs candidatures ont
enrichi la discussion du rôle du Président et de l'orientation future de la
Banque mondiale Groupe. Les derniers candidats ont reçu le soutien de
différents pays membres, ce qui reflète
le calibre élevé des candidats», précise
le communiqué.
Jim Yong Kim entrera en fonction le
premier juillet pour un mandat de
cinq ans. Il est à la fois le président
est le président du Conseil d'administration de la Banque internationale pour la reconstruction et le
développement (BIRD) et l'Association internationale de développement (IDA). Le président est
également président d'office du
conseil d'administration de la Société financière internationale (SFI),
l'Agence multilatérale de garantie
des investissements (MIGA), et le
Conseil d'administration du Centre
international pour le règlement des
différends relatifs aux investissements (CIRDI).
Né en Corée du Sud, il a déménagé
aux Etats-Unis, avec sa famille à
l’âge de 5 ans. Agé de 52 ans Jim
Yong Kim n’est ni diplomate ni économiste, médecin de formation il
préside depuis 2009 le Dartmouth
College, une université de l'Ivy
League. Avant d'assumer la présidence de Dartmouth, le Dr Kim été
professeur à la Harvard Medical
School et la Harvard School of Public Health. Il a également servi en
tant que président du Département
de la santé mondiale et de médecine
sociale à la Harvard Medical School,
chef de la Division de l'équité en
santé mondiale au Brigham and
Women 's Hospital, et directeur du
Centre François-Xavier Bagnoud
pour la santé et les droits de
l'homme à la Harvard School de la
santé publique.
En commentant cette remarque redondante dans la presse qui rende
étrange sa candidature, le Dr Jim
Yong Kim souligne ««la mission de
la Banque mondiale est beaucoup
trop complexe pour être assumée par
une seule discipline».
Sanae Taleb, Casablanca
Jim Yong Kim SIAM 2012, forte
présence attendue
entrera
effectivede la France
La 7 édition du SIAM (Salon
menten
international de l’agriculture au
fonction le
Maroc) prévue du 25 au 29 avril à
premier juillet Meknès, verra une présence accentuée de la France. Ce pays, 1er
pour un
client et 1 fournisseur du Maroc
mandat de
a décidé une présence en force à
cinq ans.
cette vitrine de l’agriculture maème
er
rocaine. Cette année, le Pavillon
France, organisé pour la 4ème
année consécutive par Ubifrance,
en partenariat avec la Chambre
française de commerce et d’industrie du Maroc, réunira 68 entreprises de tous les secteurs
agricoles et agroalimentaires.
Elles occuperont près de 930 m²
sur le pôle International et le pôle
Élevage.
Jim Yong Kim,
nouveau Pt de la
Banque mondiale
Vers une salutaire
diversification des
partenariats en
Afrique
Profitant de la 15ème Conférence et
exposition sur le négoce et le financement des hydrocarbures et
des mines en Afrique, Lydie Boka,
directrice générale de StrategicO,
agence indépendante de notation
et d’analyse du risque sur le continent africain, a lancé un vibrant
appel à la fois aux pouvoirs publics
et aux compagnies minières. Elle a
exhorté ces dernières à améliorer
la perception que les populations
ont d’elles, en termes de partage
des ressources. Aussi, cette experte
a prôné que ces exploitants encouragent leurs partenaires gouvernementaux à effectivement partager
et développer les pays récepteurs.
Aussi, la patronne de StrategicO
encourage l’Afrique à diversifier
ses partenaires pour obtenir de
meilleurs prix de ces produits et se
développer de manière durable.
28 Les Afriques . 26 avril 2012
Bourse Fonds 20/04/12 04:39 Page29
BOURSES & FONDS
Lancement du Fonds Carbone pour l’Afrique
La BOAD passe à la vitesse supérieure. Elle vient de s’associer avec 2 autres
organismes de financement privés, CDC Climat et Proparco, pour la mise en
place d’un Fonds Carbone d’un montant de 45 millions d’euros pour soutenir la
croissance verte en Afrique. D’autres investisseurs sont annoncés dans le pipe.
C’
est le tandem à 3. L’institution de financement et de
développement ouest-africaine (BOAD), CDC (Groupe Caisse
des Dépôts) et Proparco, filiale chargée
du secteur privé de l’Agence française de
Développement ont lancé ce mercredi
18 avril 2012, à Addis Abéba le Fonds
Carbone pour l’Afrique (FCA) pour
soutenir le développement de l’économie verte du continent africain en particulier celle de l’Afrique subsaharienne.
D’un montant d’un 45 millions d’euros
mobilisé équitablement à hauteur de 15
millions d’euros par chaque partenaire,
le Fonds Carbone dédié à l’Afrique sera
géré par CDC Climat Asset Management qui a le mandat d’investir dans des
projets novateurs d’énergie renouvela-
ble, de méthanisation et surtout dans
des des programmes ambitieux d’équipements domestiques à faibles émissions de carbone, menés dans les pays
au Sud du Sahara jusqu’en 2020. Les
trois bailleurs ont décidé d’engager ensemble la bataille via ce mécanisme de
financement de la croissance de l’économie verte africaine. Dans une déclaration conjointe des trois gros sponsors,
parvenue à Les Afriques, «Seulement 1,2
% à ce jour des financements créés par le
protocole de Kyoto ont bénéficié à
l’Afrique sub-saharienne, malgré un potentiel de réductions d’émissions de carbone de la région plus élevé. Un
financement spécifique de la valeur climatique et environnementale des investissements y est plus que jamais
Le seul outil
de financement existant
aujourd’hui
est le
Mécanisme
pour un
développement propre
(MDP).
nécessaire». En réalité, le seul outil de financement existant aujourd’hui est le
Mécanisme pour un développement
propre (MDP), lequel a connu récemment des améliorations, qui ont permis
de lever d’importants obstacles au montage et à la mise en oeuvre des projets.
Lors de cette rencontre à Addis-Abéba,
les trois organismes qui devront mobiliser d’importantes lignes de financement destinés à des projets de grande
valeur -ont appelé à la création imminente de cadres nouveaux institutionnels
aussi
bien
européens
qu’internationaux plus favorables au financement de la croissance verte. Le
Conseil d’administration du Fonds
Carbone est présidé par Eric Bio, Directeur à la BOAD.
Ismael Aidara
26 avril 2012 Les Afriques
. 29
Bourse Fonds 20/04/12 04:39 Page30
BOURSES & FONDS
La notation financière, désormais obligatoire
pour les émetteurs de titres de créances
Marché financier de l’Uemoa. Afin de rendre le marché des capitaux plus
transparent et efficient, la nouvelle réglementation fait obligation à certains
acteurs du marché de se soumettre à l’exercice de notation financière.
L
a notation financière fait une
entrée de première classe dans la
culture du marché financier régional de l’UEMOA. Jusque-là, au libre
choix des entreprises, dont certains s’y
sont soumises volontairement dans un
souci d’amélioration de leur performance, cet exercice est désormais obli-
gatoire pour certains acteurs du marché financier de l’UEMOA. A l’initiative du Conseil régional de l’épargne
publique et des marchés financiers
(Crepmf), l’organe de régulation du
marché financier régional, depuis cette
année, obligation est faite aux émetteurs de titres de créances, -à l’excep-
Souleymane
Diarrassouba,
Président de
l’association
professionnelle des
banques et établissements financiers
de Côte d’Ivoire
(APBEF-CI)
tion des pays-, les sociétés cotées sur la
BRVM et les garants des émetteurs, de
se soumettre à l’exercice de notation financière. L’objectif visé par cette nouvelle règlementation, assure-t-on dans
les locaux du Crepmf, est «de rendre le
marché des capitaux plus transparent,
efficient, effectif et liquide». Gabriel Fal,
Pdg de la société de gestion d’intermédiation, CGF-Bourse et administrateur
de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) rappelle dans cette logique que «tout droit a son devoir. Les
émetteurs se donnent le droit d'émettre des titres par appel public à
l'épargne. Or tout le monde ne sait pas
forcément «lire» un bilan. La notation
permet de «résumer» une analyse financière et au grand public d'avoir une
appréciation succincte de la solidité financière d'un émetteur».
Stanislas Zézé, PDG de Bloomfield Investment Corporation, la seule agence
de notation, à ce jour agréé par le
Crepmf, note que cette donne règle-
Cette décision permet de réduire l’asymétrie d’information
«Comme chacun de nous le sait, la loi fait
obligation, depuis septembre 2011, aux
entreprises émettrices d’obligations, aux
sociétés cotées sur la BRVM et les garants des émetteurs de se soumettre à
l’exercice de notation par une agence
spécialisée.
Cette décision trouve donc sa justification dans la nécessité de réduire l’asymétrie d’information entre celui qui
emprunte et celui qui prête ou achète.
Certes, quelques affaires récentes au
plan international ont placé les agences
de notation sous le feu de l’actualité.
Mais cela n’occulte cependant pas une
réalité de notre temps qui est que : les
30 Les Afriques .
26 avril 2012
informations émises par ces agences ont
un rôle fondamental. Leur impact sur les
décisions économiques, sociales et politiques est de plus en plus important. Peu
importe les domaines ou les acteurs qui
sont notés. Ces informations constituent
un précieux matériel à notre disposition,
nous banquiers, pour minimiser les
risques financiers et orienter nos décisions.
En émettant une information transparente, crédible et responsable, par le
biais de notes et d’avis reconnus par
tous, les agences de notation sont censées nous permettre :
- d’évaluer la pertinence des stratégies
et des politiques menées ;
- d’établir une cartographie précise des
effets ;
- de classer les différents acteurs d’un
même secteur les uns par rapport aux
autres ;
- d’améliorer le fonctionnement des activités humaines en fournissant une information calibrée et reconnue par tous.
La publication des notations financières
agissant comme des indicateurs,les
banques ne peuvent que se mettre en
mode d’optimisation de cet outil de travail qui, en réalité, n’est pas si nouveau
que cela pour elles…»
Propos recueillis par L. S. A
Bourse Fonds 20/04/12 04:39 Page31
mentaire nouvelle va «fortement
contribuer au développement du marché financier régional». Et d’expliquer
que «les émetteurs qui obtiennent une
note d’investissement à l’issue de l’exercice de notation financière, ne seront
plus soumis à l’obligation de garantie
100%. A première demande qui renchérissait le coût des emprunts». Ainsi, l’introduction de la notation financière
obligatoire devra amener un peu plus
de cohérence entre le coût des emprunts et la qualité de crédit de l’emprunteur sur le marché. L’argent
devant coûter en fonction de la qualité
de signature de l’emprunteur. «Jusquelà, la qualité de signature des émetteurs
de titres de créances sur le marché financier s’est apprécié à l’aune du niveau
de souscription du public à ces titres. La
notation financière des émetteurs devrait permettre d’enrichir cette grille de
performance d’un paramètre nouveau
qui sera le coût du financement», se satisfait un Conseiller du ministre de
l’économie et des finances.
Les obligations et les titres de créances
négociables peuvent présenter un
risque de défaut de paiement. L’évaluation crédible de la qualité de la dette
des émetteurs livre donc une information qui, bien utilisée, favorise, d’une
part, la minorisation de ce risque,
d’autre part, une amélioration du portefeuille d’investissement. Pour autant,
l’environnement du marché financier
de l’Uemoa est-il mûr et prêt pour la
notation financière obligatoire ? Pour
le Pdg de Bloomfield investment corporation, il n’y a pas de doute. Et le
meilleur indicateur de cette maturité,
de son point de vue, est donné par le
fait que «les sociétés cotées et non cotées
ont commencé à s’adonner à cet exercice
rigoureux d’évaluation de performance
financière, de transparence et de bonne
gouvernance d’entreprise, de façon volontaire avant même l’introduction de
la nouvelle réglementation sur la notation financière». Les entreprises ivoi-
A l’initiative
du Crepmf,
l’organe de
régulation du
marché
financier
régional,
depuis cette
année,
obligation est
faite aux
émetteurs de
titres de
créances, de
se soumettre
à l’exercice
de notation.
riennes, telles que le Port de San Pedro,
Pétro Ivoire, SIMAT, La Loyale Assurance SA, la SIR sont de celles qui ont
franchi le pas, sans y être contraintes.A
l’éhelle de la sous-région, l’Etat du
Burkina Faso, a montré le chemin en
choisissant volontairement de se faire
noter par l’agence internationale Standards &Poor’s, le dernier emprunt
obligataire, Trésor Public du Burkina
Faso, 6,5% 2011-2016.
Les acteurs du marché financier régional, par ces exemples attestent, si
besoin en est, qu’ils sont prêts.
«Bloomfield Investment Corporation a
émis en quatre ans, plus de vingt opinions notamment sur plusieurs entreprises publiques et privées», révèle
Stanislas Zézé. Comme les autorités
de régulation du marché financier de
l’Uemoa, il parie sur un «impact très
positif de l’introduction de la notation
financière obligatoire sur la croissance
économique des pays de la zone».
Louis S. Amédé, Abidjan
26 avril 2012 Les Afriques
. 31
Entreprises africaines 20/04/12 04:47 Page32
ENTREPRISES ET MARCHÉS
La France et le Cameroun s'associent
pour le compagnonnage industriel
La manne minière
en Namibie
Premier partenaire économique du Cameroun, la France,
sérieusement concurrencée ces temps-ci, notamment
par la Chine, n’entend pas pour sitôt céder sa place. Le
compagnonnage industriel qu’expérimentent les deux
pays semble promis à un bel avenir.
M
algré les visites différées du
Mouvement des entrepreneurs français (Medef) et
du Conseil des investisseurs français
d’Afrique (Cian) au Cameroun, la
France entend rester et demeurer, le
principal partenaire économique du
Cameroun. Dans une perspective de
repositionnement visant la conquête
des nouveaux marchés, les entreprises
françaises qui ont pignon sur rue au
Cameroun, puisqu’elles pointent en
troisième position au peloton de tête
des principaux employeurs, juste
après l’Etat et les milieux d’affaires camerounais, semblent plus jamais déterminées à renforcer leur position, en
optant notamment pour la diversification des investissements. C’est pour
la réalisation de ce nouveau leadership économique que depuis quelque
temps, l’Hexagone met un accent sur
le compagnonnage industriel. Une
approche économique mettant direc-
32 Les Afriques . 26 avril 2012
tement en relation, les entreprises camerounaises et françaises œuvrant
dans un même secteur de production.
Après le premier programme entre
2004-2008 dont le taux de réussite se
situe autour de 60%, et où une dizaine
d’entreprises camerounaises et françaises ont pu nouer et matérialiser les
relations d’affaires, les deux pays espèrent aller au-delà et renfonçant et
en diversifiant leur coopération économique et industrielle. En prélude
au forum économique franco-camerounais qui se tiendra en octobre 2012
à Rouen, en France, les deux parties
ont procédé le 11 avril dernier à
Douala, au lancement du programme
de compagnonnage industriel 2012.
Un programme ambitieux, qui mise
sur la réalisation de trente missions
économiques entre les PME/PMI
françaises et camerounaises. Une initiative conjointe de la Chambre de
commerce et d’industrie (CCI) de
Paul Biya et
Nicolas Sarkozy
En vue d’un
repositionnement visant la
conquête des
nouveaux
marchés, les
entreprises
françaises qui
ont pignon sur
rue, semblent
plus jamais
déterminées à
renforcer leur
position.
L’exploitation minière rapporte
gros à la Namibie. Au cours de
l’année écoulée, elle a généra 13
milliards de dollars namibiens
dans les caisses de ce pays. Le paiement de redevances a compté pour
879 millions de dollars namibiens
dans ces recettes. Isak Katali, ministre namibien des mines et de
l’énergie, a notamment évoqué la
mise en application de l’ACT 1992
de conformité aux exigences légales dans la prospection et l’exploitation minière.
Egypte pour la fin
de la crise énergétique dans la bande
de Gaza
Afin de mettre un terme à la pénurie d'électricité dans l'enclave côtière de Gaza, SE Yasser Othman,
ambassadeur d'Egypte à Ramallah, a assuré Kattana Omar, chef
du Département de l'énergie au
sein de l’Autorité palestinienne,
que son pays va accroître la capacité de la production de courant
jusqu’à 30 mégawatts en reliant la
bande de Gaza à 8 lignes de haute
tension.
Entreprises africaines 20/04/12 04:47 Page33
Des partenariats
win-win dans
l’agriculture, la
mécanique, la métallurgie, etc.
Rouen, en France, et de la Chambre
de commerce, d’industrie, des mines
et de l’artisanat (Ccima) du Cameroun. Le programme de compagnonnage industriel franco-camerounais
bénéficie de l’appui de l’Union européenne, à travers le Centre pour le développement de l’entreprise (CDE)
basé à Bruxelles, en Belgique, mais
également, de l’Institut des promotion des activités de développement
en Afrique (Ipad) et de l’Organisation
des Nations unies pour le développement industriel (Onudi).
Partenariat gagnant-gagnant
Il s’agit d’après le président de la
Chambre de commerce, d’industrie,
des mines et de l’artisanat du Cameroun, Christophe Eken, d’aboutir à
des joint-ventures mutuellement bénéfiques, ce qui devrait surtout
«contribuer au développement des entreprises camerounaises par la remise
à niveau et le renforcement de leurs capacités techniques et managériales».
Ainsi, les opérateurs économiques camerounais ont-ils l’opportunité d’acquérir de nouvelles compétences et
un savoir-faire, de se mettre à niveau
des standards internationaux afin de
renforcer leur compétitivité dans une
économie libéralisée, où n’ont droit
de cité que les entreprises compétitives. Sur la base du chronogramme
des activités, il ressort que le compagnonnage industriel concerne les
secteurs de production aussi variés
que l’agriculture, l’agroalimentaire,
l’élevage, la mécanique, la métallur-
gie, les plantes médicinales. D’après
des experts, il y a quatre principales
manières pour accéder à la connaissance industrielle : l’espionnage et
l’achat des brevets dont on peut imaginer le caractère risqué et très onéreux pour les PME/PMI, l’appel aux
experts qui n’en est pas moins onéreux, et puis le compagnonnage, qui,
en tous points de vue, correspond le
mieux à ces entreprises.
A travers le système de compagnonnage, des petites et moyennes entreprises seraient partie d’une vingtaine
d’employés à un demi millier d’employés. Le Cameroun qui est le premier pays en Afrique centrale à
explorer ce partenariat économique
avec les milieux d’affaires français
voudrait tirer tous les avantages nécessaires afin de renfoncer son tissu
de production. Sur 95 000 entreprises
recensées au Cameroun en 2011,
88% sont des PME/PMI, ce qui montre la place que celles-ci occupent
pour le développement du pays. Pour
les responsables du Centre de développement de l’entreprise agissant en
bras séculier de l’Union européenne
dans ce programme, il s’agit d’un
«partenariat
gagnant-gagnant»,
puisque qu’au-delà des entreprises
qui peuvent bâtir ensemble, un partenariat économique leur permettant
de dégager un intérêt, autant les deux
pays seront bénéficiaires parce que les
programmes réalisés avec succès ont
une incidence sur le PIB et sur le taux
de croissance du pays.
Achille Mbog Pibasso, Douala
De la participation
portugaise au barrage de Cahora Bassa
Pedro Passos Coelho, Premier ministre portugais, en visite officielle
à Maputo, s’est longuement entretenu, la semaine dernière, avec Armando Emilio Guebuza, président
du Mozambique. Une bonne partie
de la participation portugaise dans
Hidroelectrica de Cahora Bassa
(HCB), société de gestion du barrage de Cahora Bassa sur le fleuve
Zambèze, a été acquise, pour 700
millions de $, par l’État mozambicain, après des années de négociations. Le Mozambique, désormais
majoritaire avec 85% des parts, a
pu décrocher un prêt d'un consortium de banques portugaises et
françaises.
Appui de l’Onudi
Aboutir à des à une centrale
joint-ventures hydroélectrique
mutuellement en Sierra Leone
bénéfiques,
ce qui devrait
surtout
«contribuer
au développement des
entreprises
camerounaises par la
remise à
niveau et le
renforcement
de leurs
capacités
techniques et
managériales».
Afin d’apporter de l'électricité à des
collectivités locales limitrophes,
mais aussi des services d'irrigation,
d'assainissement et d’avantages
d'opportunités aux entreprises,
l’Onudi (organisme des Nations
unies pour le développement industriel) vient appuyer la construction
d’une centrale hydroélectrique,
dans le nord-ouest de la Sierra
Leone. A terme, une mini- centrale
de 3 mégawatts sera érigée sur la rivière Bankasoka, près de la ville de
Port Loko. Kandeh K. Yumkella, directeur général de l’Onudi, accompagné de Ernest Bai Koroma,
président de la Sierra Léone, à la
pose de la première pierre, a
confirmé que les petites et microcentrales hydroélectriques dans les
régions rurales de ce pays aideront à
améliorer l'accès aux services énergétiques modernes, stimuler les activités de marché et l'irrigation.
26 avril 2012 Les Afriques
. 33
Entreprises africaines 20/04/12 04:47 Page34
ENTREPRISES ET MARCHÉS
L’Afrique centrale face à la menace
inflationniste
Quatre ans après les «émeutes de la faim» de 2008
qui avaient ébranlé plusieurs pays africains, et dont
ceux de la Communauté économique et monétaire
de l’Afrique centrale (Cemac) n’avaient pas été
épargnés par les «soulèvements populaires», la
situation économique reste tendue.
Hausse du commerce
entre l’Afrique au
sud du Sahara et le
Maroc
Entre 2000 et 2010, les échanges
entre les pays d’Afrique au sud du
Sahara et le Maroc sont passés de
3,6 milliards de dh à près de 12
milliards de dh. Les exportations
marocaines ont atteint 7,2 milliards de dh 2010. Selon une récente étude de la Direction des
études et des prévisions financières, intitulée «Performance
commerciale du Maroc sur le marché de l’Afrique subsaharienne»,
les transactions ont quasiment triplées. Toujours est-il que cette région ne représente que 2,6% de
l’ensemble des échanges commerciaux du Maroc, alors que le potentiel reste immense.
Des médecins
kenyans remportent le Prix TIC
de l’Innovation
S
elon toute vraisemblance, les
décisions prises par différents
gouvernements dans l’espace
Cemac visant à contenir l’inflation,
et à stopper le renchérissement des
produits de première nécessité,
entre autres, la détaxation douanière et fiscale de certains produits
de grande consommation, à l’instar
de la farine, du riz, du poisson ou du
sel, n’ont pas produit des résultats
attendus. Lorsqu’on fait un tour au
marché où que l’on échange avec les
vendeurs et les acheteurs, un constat
s’impose : l’inflation a du mal à reculer. On a même le sentiment que
la tendance est à la généralisation de
la hausse des prix des denrées de
consommation courante, comme
pour dire que les mesures anti-in-
34 Les Afriques . 26 avril 2012
flationnistes ont plutôt provoqué un
effet boomerang.
La Banque des Etats de l’Afrique
centrale (BEAC) a d’ailleurs réitéré
ses inquiétudes, alors que la Banque
centrale tenait récemment dans son
siège de Yaoundé, au Cameroun, les
Premières assises annuelles du Comité de politique monétaire (CPM).
Si l’on s’est félicité de l’accélération
de la croissance économique en
2011 avec une hausse du PIB de 5,0
% contre 3,9 en 2010, et un taux de
croissance projeté à 5,7 % en 2012,
la BEAC a surtout «pris acte de l’accélération de l’inflation moyenne annuelle, mais néanmoins inférieure à
la norme communautaire à 2,7 %
contre 1,6 % un an plus tôt». L’inquiétude est d’autant de mise,
Une vue des dirigeants de la Cemac
au Sommet de
N’Djamena,
avril 2007
La BEAC a
pris acte de
l’accélération
de l’inflation
moyenne
annuelle,
mais inférieure à la norme
communautaire.
Grâce à une solution de télémédecine, deux médecins kenyans viennent de remporter le Prix de
l'innovation TIC. Avec cette nouvelle
technologie, les praticiens kenyans
arrivent à diagnostiquer les patients
sans les rencontrer physiquement.
Le Dr Kanaké Ndii, radiologue et
médecin interne, récipiendaire du
Prix, est toujours étudiant à l'Université de Nairobi. S’il concède que
cette récompense va les motiver, il a
tenu a souligné que leur objectif ne
sera jamais de faire de l'argent, mais
d’offrir une solution fiable au service
des populations. L’autre heureux gagnant est le patron de MediSoft, qui
a remporté le Prix dans la catégorie
de soins de santé (services de radiologie et des services intégrés d'archivage,
dont
une
solution
d'impression sans film et un système
d'information radiologique).
Entreprises africaines 20/04/12 04:47 Page35
Des denrées qui
flambent
quand on sait que la norme inflationniste communautaire se situe à
3 %, et qu’il suffit d’une conjoncture difficile «imprévue» pour que
l’on assiste davantage à un relèvement des tendances inflationnistes.
Sur le marché, la tendance est plutôt à l’inquiétude, au regard d’un
renchérissement tout azimut des
denrées alimentaires et d’autres
produits de grande consommation.
L’on en vient à se demander si la
suppression de certaines taxes douanières et fiscales, la baisse de la TVA
ou encore la politique d’homologation des prix n’ont pas plutôt produit un effet contraire.
Situation par pays
Au Cameroun par exemple, dès le
mois de janvier, une enquête de
l’Institut national de la statistique
(INS), tirait la sonnette d’alarme, en
rapportant que «l’inflation se situerait en fin d’année en dehors du couloir de convergence recommandé par
la Cemac, soit 3 % si le rythme d’évolution actuel des prix se confirme à
celui du quatrième trimestre 2011».
Un tour sur le marché permet effectivement de constater une tendance
haussière générale, que ce soit les céréales, les tubercules, la farine, le riz,
le sucre, l’huile de palme, le poisson,
la viande, le maïs, l’arachide ou le
blé. L’Association camerounaise
pour la défense des intérêts des
consommateurs (Acdic) n’en fait
autre constat quand elle fait observer qu’«avant 2008, un kilogramme
de poisson coûtait 700 f CFA, or en
2012, il est à 1200 f CFA. Un litre
d’huile végétale valait 500 f CFA en
2008 et en 2012, il est de 800 f CFA.
Sur le
marché, la
tendance est
plutôt à
l’inquiétude,
au regard
d’un renchérissement
tout azimut
des denrées
alimentaires
et d’autres
produits de
grande consommation.
TalenEdge ouvre un
centre de formation
en Zambie
A Lusaka et dans 3 autres provinces
de Zambie, notamment à Ndola, Livingstone, Kitwe et Solwezi, TalentEdge, consortium d'investisseurs
indiens, entend créer des centres de
formation aux TIC. Avec un investissement initial de 300 000 $ par centre, ce groupe d’entreprises, qui
dispose d’une chaîne de 5 sociétés en
Inde et 24 centres franchisés, compte
fournir aux étudiants une formation
dans les dernières technologies. Investir en Zambie, en raison des incitations favorables, a toujours figuré
dans le plan d’actions du groupe, a
assuré Rohit Venaik, directeur général adjoint du marketing international de TalentEdge.
Démarrage de
Gefco (Air-route)
Gefco, leader en logistique automobile et référence en logistique industrielle, lance son dernier service
Air-route, destiné à divers secteurs
d’activités. Cette prestation, qui revendique un transit-time contrôlé
de 8 jours en moyenne, garantit une
solution de fret à coût réduit avec visibilité totale et suivi des opérations
grâce au réseau intégré Gefco. Les
colis sont acheminés et transportés
selon un planning de départs réguliers en sortie de Chine, via un hub
dédié à Roissy, pour continuation en
camion sur le Maroc. D’ailleurs,
cette solution a été présentée aux
différents professionnels pendant le
salon Logismed du 12 au 14 avril
2012 au Centre d’expositions de
l’Office des Changes de Casablanca.
26 avril 2012 Les Afriques
. 35
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page36
ENTREPRISES ET MARCHÉS
Transnet Afrique du
Sud compte créer
500 000 emplois
Pour la même période, un kilogramme de maïs est passé de 190
f CFA à 250 f CFA en 2012». L’on
pourrait multiplier de ce genre à
tous les secteurs de production, notamment dans le domaine des BTP,
où le ciment, la tôle, le fer, les carreaux et la peinture connaissent une
fluctuation des cours, au détriment
des consommateurs dont le pouvoir
d’achat connaît malheureusement
une courbe descendante indépendamment de l’homologation des
prix en vigueur.
Au Gabon, malgré la décision du
gouvernement de baisser la TVA appliquée sur plusieurs produits de
première nécessité, l’inflation a du
mal à reculer. Elle connaît même
une hausse assez inquiétante, et c’est
tout naturellement que celle-ci se
situe à 3,5 %, loin de la norme communautaire qui situe l’inflation à 3
%. Ceci serait la conséquence de la
très grande dépendance du pays visà-vis de l’extérieur, car d’après la Direction générale de la concurrence
et de la consommation (Dgcc), l’importation des produits et les difficultés liées à leur acheminement ont
une incidence sur le prix appliqué à
l’endroit du consommateur final.
C’est ainsi que ces derniers jours, le
régime de plantain est passé de 2500
36 Les Afriques . 26 avril 2012
f CFA à 5 000 f CFA, tandis que les
prix de la farine, du riz ou du poisson ont atteint des proportions insupportables.
Le Congo est l’un des pays de la
zone Cemac où l’inflation est «florissante». D’après les derniers chiffres actualisés de la BEAC, le taux
d’inflation dans ce pays se situe audessus de 4,5 %. Conséquence, l’on
assiste à une flambée de prix des
produits de grande consommation,
notamment les denrées alimentaires
qui ne sont plus accessibles à de
nombreux congolais. Entre janvier
et avril 2012 par exemple, le litre
d’huile est passé de 800 f CFA à 1150
f CFA, le kilogramme du sucre coûte
actuellement 500 f CFA contre 400
FCFA il y a quelques semaines tandis que le kilogramme de viande est
passé de 2500 f CFA à 2800 f CFA.
Esquisse de solutions
En République Centrafricaine, la situation est carrément dramatique.
Tout est cher : riz, pétrole, farine,
viande, poisson, sel, savon…, d’autant que le système de contrôle des
prix est quasi inexistant. Conséquence, les consommateurs subissent le diktat des commerçants qui
fixent les prix à leur convenance et
ce n’est pas pour démentir la
Une flambé
des prix
Transnet, groupe public de logistique sud-africain, compte faire de
sa filiale Transnet Freight Rail
(TFR), la 5ème compagnie de fret ferroviaire mondiale. Pour ce faire, il
met en place un ambitieux plan
d'investissements de 300 milliards
de rands, soit 30 milliards d'euros,
étalé sur 7 ans dans les infrastructures. Grâce à ce plan, qui comprend le développement du réseau
ferré, des infrastructures portuaires
et des oléoducs du pays, il va créer
588 000 emplois. A noter que le chemin de fer devra absorber les 2/3 de
l'enveloppe, soit 205 milliards de
rands, afin d’acheminer 350 millions de tonnes de fret par an, d'ici
2019, contre 200 millions aujourd'hui. Les responsables insistent
sur le fait que le transfert modal par
rail va réduire les coûts, la congestion et les émissions de carbone.
Projets de d’efficacité énergétique
Au Gabon,
malgré la
décision du
gouvernement de
baisser la TVA
appliquée sur
plusieurs
produits de
première
nécessité,
l’inflation a
du mal à
reculer.
Avec l’appui de l’Union européenne,
le ministère marocain de l’énergie,
des mines, de l’eau et de l’environnement a organisé, la semaine dernière
à Rabat, une journée d’information
sur l’efficacité énergétique. A cette
cérémonie, rehaussée par la présence
des ministres marocains Fouad
Douiri, de l’énergie, des mines, de
l’eau et de l’environnement, et Nabil
Benabdallah, de l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville,
ainsi que de SE Eneko Landaburu,
ambassadeur, Chef de la délégation
de l’Union européenne au Maroc, de
Bruno Pouezat, Représentant résident du PNUD au Maroc, ou encore
de Saïd Mouline, directeur général
de l’ADEREE (Agence nationale marocaine pour le développement des
énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique), plusieurs projets
ont été présentés.
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page37
Construction d'un
barrage en cours
dans Tselemit
Banque de France qui attribue l’inflation en Centrafrique essentiellement à l’importation des denrées
alimentaires et de l’énergie électrique. Depuis le début de l’année,
le litre d’huile d’arachide est ainsi
passé de 1100 f CFA à 1800 f CFA
quand un panier de manioc s’achète
à 3000 f CFA contre 2500 f CFA en
janvier, tandis que la quantité de
poisson qui était vendue 1500 f CFA
revient actuellement à 2000 f CFA.
Le Tchad n’échappe pas à la tendance inflationniste que connaissent les pays de la sous-région. Tout
a presque augmenté ici, y compris la
viande de bœuf dont le pays est
pourtant exportateur. Ces six derniers mois, le sac de riz est passé de
17500 f CFA à 20000 f CFA, le sac de
maïs de 19000 f CFA à 25000 f CFA,
tandis que le sac de mil qui se vendait à 20000 FCFA se négocie maintenant à 25000 f CFA, soit une
hausse de 20%.
Dans cet environnement où tout est
cher en zone Cemac, même la Guinée équatoriale n’échappe point à
l’inflation, du fait notamment de la
trop grande dépendance de ce pays
des produits alimentaires importés.
Toutefois, cette inflation est quelque
peu contenue par les revenus des
populations équato-guinéennes, audessus de la moyenne en Afrique
centrale. Toutefois, la bouteille de 12
kg de gaz se vend parfois jusqu’à
12000 f CFA contre 8000 f CFA, le
sac de ciment varie entre 7000 f CFA
et 8000 f CFA, tandis qu’un tas de
macabo est passé ces derniers temps
de 1000 f CFA à 2000 f CFA.
Comme esquisse de solutions, les
pays de la Cemac ont intérêt à mettre
un accent sur la production locale.
Dans ce contexte, une révolution
agricole pourrait constituer une réponse efficace à l’inflation, puisque
différents rapports convergent à une
inflation galopante à cause de l’importation excessive des denrées alimentaires. Cette dépendance criarde
vis-à-vis de l’extérieur amène un
pays comme le Cameroun à importer pour 500 milliards de f CFA par
an, les produits de consommation
courante. Par ailleurs, le développement des infrastructures de communication apparaît comme une
solution incontournable, ceci ayant
l’avantage de favoriser une distribution aisée des produits de grande
consommation. Une autre piste et
non des moindres, c’est l’urgence
pour les gouvernants de veiller pour
le respect scrupuleux des prix homologués, étant donné que l’inflation est également favorisée par la
spéculation.
Achille Mbog Pibasso, Douala
Zone Cemac,
un environnement
où tout est cher
Le projet barrage en cours de réalisation dans la zone de Tselemit
Woreda au nord-ouest de la zone
Tigré, en Ethiopie, profitera à
plus de 1500 ménages. D’après les
chiffres communiqués par l’ingénieur superviseur du projet,
Maru Gizachew, il nécessitera un
coût de 150 millions de Birr, sera
érigé sur le fleuve Tserenta, et
pourrait se développer sur 400 ha
de terres. Quant à Shishay Meressa, chef de Woreda, il a déclaré
que le barrage pourra aider les
agriculteurs à bénéficier de la pisciculture, tandis que les agriculteurs s’attendent d’ores et déjà à
des récoltes multiples.
RCAR accroît ses
parts dans Alliances
Développement
Alami Lazraq, PDG
du groupe Alliances.
Le Tchad
n’échappe
pas à la
tendance
inflationniste
que
connaissent
les pays de la
sous-région.
Une note d’information du
Conseil déontologique des valeurs
mobilières (CDVM) a récemment
dévoilé que le Régime collectif
d’allocation des retraites du
Maroc (RCAR) a acquis sur le marché central, quelque 30 853 actions
d’Alliances Développement Immobilier (ADI), au cours unitaire
de 717 dh. Grâce à cette transaction, le RCAR détient désormais
614 584 actions ADI, soit 5,08 %
du capital.
26 avril 2012 Les Afriques
. 37
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page38
ENTREPRISES ET MARCHÉS
Burkina Faso Tensions sur le marché céréalier
En 2011, les manifestations contre la cherté de la vie ont été l’un des
éléments déclencheurs de la crise sociopolitique qu’a connue le pays. Un an
plus tard, le calme est revenu, mais la sécurité alimentaire reste menacée.
fugiés maliens venus avec leurs troupeaux chercher refuge au Burkina
voisin. «Nous estimons à plus de
25 000 têtes le cheptel qui est rentré au
Burkina Faso, à travers les différents
axes», soulignait récemment Jérémy
Ouédraogo, ministre des ressources
animales, faisant remarquer que cela
avait encore davantage creusé le déficit de fourrage naturel.
Mobilisation tous azimuts
S
elon des données fournies en
mars par le gouvernement, le
déficit de la campagne agropastorale 2011-2012 est de 154 462
tonnes. A l’origine de cette chute de
production, une faible pluviométrie.
La production céréalière accuse une
baisse de près de 20% par rapport à la
campagne agricole précédente (20102011), et de plus de 5% sur la moyenne
des cinq dernières années. Au total, le
taux de couverture des besoins céréaliers de 17 provinces (sur 45 provinces) est déficitaire, tandis que 13
autres sont en situation d’équilibre et
15 sont excédentaires. La Société nationale de gestion du stock de sécurité
alimentaire (Sonagess) indique que
c’est de juillet à septembre que le plus
fort risque est identifié, période au
cours de laquelle 26 provinces seraient
en déficit de survie et plus de 2 millions 800 000 personnes considérées
comme vulnérables.
Aux mauvaises récoltes causées par la
sécheresse se sont superposés d’autres
éléments, à commencer par la flambée des prix des céréales. Le Réseau de
prévention des crises alimentaires
(RPCA) estime qu’ils ont progressé
de 50 à 60 % dans le bassin Centre
(Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali,
Ghana, Togo). Cette situation a encore été aggravée par l’arrivée de ré-
Céréales : entre sécheresse, déficit et
excédent
Le taux de couverture des besoins céréaliers de 17 provinces (sur 45
provinces) est déficitaire, tandis que 13 autres sont en situation
d’équilibre et 15 sont excédentaires. La Sonagess indique que c’est
de juillet à septembre que le plus fort risque est identifié, ...
38 Les Afriques . 26 avril 2012
Pour faire face à cette pénurie alimentaire, la réponse des autorités a
consisté à subventionner les produits
de première nécessité et à commercialiser des céréales à prix sociaux. Mais
tout n’a pas fonctionné comme prévu.
Joseph Paré, ambassadeur du Burkina
Faso en France, indiquait récemment
que des sacs de céréales et de riz subventionnés, destinés à la consommation locale, avaient passé les frontières
de l’espace de l’Union économique et
monétaire ouest-africaine, et avaient
été acheminés vers d’autres marchés,
notamment au Mali.
Pour juguler la menace de crise alimentaire qui plane alors sur le pays,
un appel à la solidarité nationale et
internationale a été lancé en mars. En
prévision de la prochaine campagne,
le ministère de l’Agriculture et de
l’Hydraulique a de son côté pris des
dispositions pour intensifier les rendements agricoles en mobilisant le
stock d’intrants nécessaires. On prévoit aussi de réhabiliter les barrages,
a l’instar de celui construit sur le
fleuve Nakambé, qui assure aujourd’hui la croissance du Pôle de
Bagré. Avec une capacité de 1,7 milliards de m3 d’eau, l’ouvrage pourvoit
à l’irrigation des parcelles agricoles.
Plus de 3 000 ha sont exploités pour
la riziculture et les cultures maraîchères de contre-saison.
Véronique Narame, Paris
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page39
Côte d’Ivoire Augmentation en vue des prix de l’électricité
Secteur électricité. S’étant engagé auprès du FMI à résorber le déficit quasistructurel du secteur, le gouvernement ivoirien a pris l’engagement
d’augmenter le tarif du kW facturé aux industriels.
L
a facture d’électricité du mois
d’avril 2012 sera-t-elle vraiment
salée pour les industriels ? Seule
certitude pour le moment, le gouvernement ivoirien s’est formellement engagé auprès de la dernière mission du
FMI à augmenter de 10% les tarifs industriels de l’électricité à partir du 1er
avril. Cette mesure qui, en réalité, est le
prélude à l’application d’une nouvelle
structure tarifaire qui entrainera
même, une «rationalisation des tarifs
sociaux et modérés» vise, fait-on valoir,
au ministère des mines, du pétrole et
de l’énergie «à éliminer le déficit du
secteur électricité et assurer la pérennité de l’offre d’électricité».
En effet, relève le ministre Adama
Toungara, «le secteur cumule pour la
période 2005-2010, un déficit de 209
milliards de f CFA, et les projections
pour les années à venir font apparaître,
sans la réalisation de nouveaux investissements, un déficit structurel d’environ 100 milliards de f CFA». Ainsi donc,
la révision tarifaire dont le ton doit être
donné avec les tarifs industriels devrait
«conduire à une situation d’équilibre du
secteur à partir de 2013» selon les projections du gouvernement et du FMI.
Si au niveau des organisations patro-
nales on tend à faire le dos rond, hésitant dans l’attitude à adopter réellement, au niveau des entreprises,
notamment des PMI, on ne cache pas
son exaspération. Et de déplorer que
«cette augmentation du tarif industriel
renchérissant les coûts de facteurs, va éroder significativement la compétitivité
prix de nos produits». «Il y a quelque
chose d’antinomique dans la démarche
du gouvernement. On ne peut pas, en
même temps qu’on demande aux entreprises productrices de réduire leurs prix,
notamment sur l’huile, le sucre et autres,
augmenter le tarif de l’un des facteurs de
production les plus importants», fulmine
Emerick Koné, un chef d’entreprise.
Au cabinet du tout nouveau premier
ministre, Jeannot Ahoussou si on juge
«la mesure incontournable», la tendance est plutôt à «différer d’un ou
deux mois sa mise en œuvre». Cette
position de prudence s’imposera-telle ? Question à plusieurs milliers de
milliards de francs f CFA. Son horizon
Adama Toungara,
ministre ivoirien
des mines, du pétrole et de l'énergie
complétement bloqué sur l’atteinte du
point d’achèvement de l’initiative
PPTE, -qu’il souhaite fortement pour
fin juin 2012 au plus tard, à tout prix-,
le gouvernement ivoirien semble s’être
mis en mode d’accélération de la mise
en œuvre de la dizaine de reformes résiduelles, -pour lesquelles le FMI bien
que satisfait de l’exécution globale du
programme 2011-2014 appuyé par la
Facilité élargie de crédits (FEC), n’attend pas moins des progrès. Et la restructuration du secteur électricité pour
«assurer sa viabilité financière à moyen
terme, améliorer la maintenance des infrastructures et accroître sa capacité de
production est de ces chantiers. Alors, la
tendance est à «relativiser» la cascade
d’augmentation de prix que pourrait
induire la revalorisation de 10% des tarifs industriels de l’électricité.
A ce jeu, il est adroitement passé sous
silence, dans les communications officielles, le fait que le prix du kw d’électricité de moyenne et haute tensions,
utilisé pour l’activité industrielle, ait
augmenté de 2,51% l’année dernière
passant de 53,58 F en 2010 à 54,92% en
2011. Et, apparemment, perdu de vue
qu’afin de renforcer la capacité financière du Fonds de financement des programmes de salubrité urbaine (Ffpsu)
l’annexe fiscale pour la gestion 2012 a
étendu le champ de «la taxe rémunératoire pour l’enlèvement des ordures ménagères aux entreprises utilisant les
moyennes et haute tensions au tarif de
7,5 francs par kw d’électricité». Les factures d’électricité des prochains mois
seront passées au peigne fin dans les entreprises industrielles ivoiriennes.
Louis S. Amédé, Abidjan
La révision tarifaire dont le ton doit être donné avec les tarifs
industriels devrait «conduire à une situation d’équilibre du
secteur à partir de 2013» selon les projections du
gouvernement et du FMI.
26 avril 2012 Les Afriques
. 39
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page40
ENTREPRISES ET MARCHÉS
Airtel Rwanda a démarré ses opérations
Basée à New Delhi, en Inde, la société fait partie des cinq plus grands
opérateurs de téléphonie mobile dans le monde en termes de nombre
d’abonnés. Bharti Airtel comptait plus de 246 millions d’abonnés dans
l’ensemble de ses activités à la fin du mois de février 2012.
B
harti Airtel a récemment annoncé, le lancement de ses
opérations au Rwanda, après
les compagnies de téléphonie MTN,
Tigo, élargissant ainsi sa présence sur
le continent africain à 17 pays. Après
avoir empoché son ticket d’entrée
sur le marché au Rwanda, révélé par
Les Afriques, la société Airtel compte
ainsi investir plus de 100 millions de
dollars américains dans ses opérations au cours des trois prochaines
années. Cette implantation de Bharti
au Rwanda, porte d’entrée de l’opérateur vers les marchés des Grands
Lacs offre des opportunités d’emploi aux jeunes diplômés Rwandais
sans emploi. Les autorités du gouvernement rwandais et de la multinationale de téléphonie, ont mis
l’accent sur le volet emploi et formation. Airtel a exprimé sa volonté de
réduire très rapidement la fracture
numérique et contribuer à la vision
du gouvernement de passer à l’éco-
40 Les Afriques .
26 avril 2012
nomie du savoir. Le groupe n’a pas
lésiné sur les moyens en déployant
une plateforme de pointe pour rapprocher les services de l’opérateur
aux clients.
Manoj Kohli, Pdg international de
Bharti Airtel a affirmé «Nous
sommes heureux de lancer nos opérations et d’apporter Airtel au peuple du Rwanda. Nous pensons que
le Rwanda est un marché extrêmement prometteur et que ce lancement va renforcer davantage notre
présence en Afrique de l’Est.
Le Premier ministre Rwandais, Dr
Pierre Damien Habumuremyi a affirmé que l’arrivée de Bharti au
Rwanda permet de connecter le
Rwanda et le reste de la région
M. Manoj Kohli,
PDG international
de Bharti Airtel
d’Afrique de l’Est et surtout avec le
reste de l’Afrique. A l’heure où les
Rwandais via le guichet unique d’investissement appelé RDB (Rwanda
Development Board) commencent à
se lancer dans la création d’entreprises et à la recherche de partenaires
régionaux, les sociétés de télécommunications – comme Airtel –
constitue un maillon indispensable
pour l’essor de l’entrepreneuriat
privé Airtel a également signé un partenariat avec IBM dans l’optique de
permettre à l’opérateur de télécoms
d’offrir une expérience client de qualité supérieure au Rwanda. Ericsson,
le premier fournisseur mondial de
services et de technologie aux opérateurs télécoms, a été choisi pour gérer
le réseau. En outre, ce lancement a
établi un nouveau record. «Le premier
appel a été effectué sur le système le 7
mars. Il n’a fallu que 83 jours pour
bâtir ce réseau de bout en bout – le lancement le plus rapide sur des installations entièrement nouvelles dans
l’histoire de l’Afrique subsaharienne.»
La pénétration mobile dans le pays
se situait à 38,4 % en juillet 2011 et
la croissance rapide du secteur privé
est favorable à l’investissement de
nouveaux opérateurs sur le marché.
Basée à New Delhi, en Inde, Bharti
Airtel qui fait partie des cinq plus
grands opérateurs de téléphonie
mobile dans le monde comptait
plus de 246 millions d’abonnés dans
l’ensemble de ses activités à la fin du
mois de février 2012.
Ismael Aidara, Kigali
Airtel a exprimé sa volonté de réduire très rapidement la
fracture numérique et contribuer à la vision du gouvernement de
passer à l’économie du savoir. Le groupe n’a pas lésiné sur les
moyens en déployant une plateforme de pointe.
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page41
Dontou Hiloukou Derou «La nouvelle ville
Lomé II va mobiliser un investissement
massif de 2100 milliards f CFA»
Architecte-Urbaniste, chargé du gigantesque projet de la nouvelle ville
de Lomé II, Dontou Hiloukou Derou qui se confie en exclusivité à Les
Afriques, aborde de long en large les axes forts de ce projet futuriste
d’un coût global de 2100 milliards f CFA et qui fera de la capitale
togolaise un modèle d’écologie urbaine et un centre d’affaires .
Dontou Hiloukou Derou,
patron du Groupe
Derou & Partners
L
es Afriques :Vous avez récemment remporté le concours international d'urbanisme sur le
réaménagement de la zone de Lomé
II lancé par l'Etat togolais en décembre 2010. Qu'est ce qui a réellement
pesé sur la balance devant plusieurs
cabinets d'architectes et d'urbanistes
de renommée internationale ?
Dontou Hiloukou Derou : Je suis honoré de la reconnaissance de la qualité de l’expertise du Groupe Derou &
Partners par le Gouvernement togolais. Je suis parfaitement conscient du
challenge que cela représente aussi
bien pour nous que pour le Gouvernement. Nous avons axé notre projet
autour de trois idées-forces qui font
son originalité : l’organisation spatiale
inspirée de l’architecture togolaise
(africaine) des Tata Tamberma, une
vision futuriste projetant une image
qualitative unique de la Ville Nouvelle
LOME II et l’intégration de solutions
écologiques de pointe dans tous les
aspects du projet. Bien entendu, les
enjeux et les ambitions pour la Ville
Nouvelle sont très élevés et constituent une première en Afrique subsaharienne.
LA : Pouvez-vous nous présenter
les grands axes du projet Lomé II
que l'Etat du Togo est en train de
réaliser ?
26 avril 2012 Les Afriques
. 41
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page42
ENTREPRISES ET MARCHÉS
Lomé actuelle
et future
(en maquette)
42 Les Afriques .
26 avril 2012
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page43
D.H.D. : Le Togo sort d’une vingtaine
d’années de crise sociopolitique marquée par une stagnation des investissements dans les secteurs clés du
développement. Le LOME II sera le
nouveau pôle administratif & financier de la capitale togolaise. Il permettra de désengorger l’actuel centre-ville
et de mieux répondre aux nouvelles
ambitions de la capitale de devenir un
hub financier sous-régional.
LOME II couvre un site de 1 000 hectares au Nord de la Capitale. Il est
structuré en sept pôles : Administratif
(présidence annexe, ministères, assemblée nationale, cour de justice,…),
affaires, commercial, résidentiel de
luxe, diplomatique, hôtes de marque
et grands équipements. Les standards
écologiques visés sont très pointus et
permettront de hisser Lomé au rang
de modèle d’écologie urbaine. Notamment le système d’assainissement
par phyto-épuration, le système de
transport écologique et intelligent
PRT (Personnal Rapid Transit),…
En termes de capacité, c’est plus
d’un 1 000 000 m² de surface de bureaux aux nomes internationales,
500 000 m² de surfaces commerciales, 2 000 logements de haut standing, 500 chambres d’hôtel et 5 000
places de salles de conférences de
dernière génération.
Les investissements cumulés pour
l’ensemble du Projet sont estimés à
2 100 milliards de f CFA, soit 4 milliards de dollars US sur une dizaine
d’années. A l’horizon 2020, la capitale
togolaise devra être capable d’accueillir des évènements de renommée
mondiale.
Le Groupe Derou & Partners est
chargé de la maîtrise d’œuvre du
Projet et du conseil stratégique visà-vis du gouvernement en termes de
structuration des investissements à
opérer dans le Projet.
LA : En quoi ce projet futuriste
peut-il être offert en exemple aux
autres pays africains, confrontés
notamment à des défis liés à
l'aménagement des espaces
urbains ?
D.H.D. : Depuis 2007, Le Groupe
DEROU & PARTNERS accompagne
le Gouvernement de la République du
Bénin à travers l’Agence d’Aménagement de Porto-Novo en assurant la
maîtrise d’œuvre du Projet PortoNovo 2020. Aujourd’hui, nous avons
pu convaincre le fonds d’investissement saoudien Foras Investment de
rejoindre le projet comme investisseur
de référence. Ce fonds doit investir
250 millions de dollars US pour développer des infrastructures hôtelières,
commerciales et de bureaux. Nous
souhaitons continuer sur cette lancée
et attirer d’autres investisseurs de part
le monde pour faire de Porto-Novo la
capitale béninoise un pôle touristique
de premier plan. Ceci dit, nous
sommes parfaitement conscients du
fait que la presque totalité des villes
africaines connaissent les mêmes problématiques urbanistiques à quelques
variantes près liées à la saturation des
centres-villes, aux carences des infrastructures et des logements. Le modèle de LOME II nous en sommes
convaincus inspirera les grandes métropoles africaines au cours des prochaines décennies parce que la
maîtrise des questions urbaines déterminera la paix et le développement
en Afrique.
Les enjeux
et les
ambitions
pour la Ville
Nouvelle
sont très
élevés et
constituent
une
première en
Afrique subsaharienne.
LA : Quel est aujourd'hui l'avenir de
l'architecture africaine à l'aune de
ce qui se fait en Europe ou en Asie ?
D.H.D. : L’architecture africaine a
réellement besoin de se recentrer sur
ses valeurs intrinsèques. Parce que
malheureusement une architecture
n’a de sens que ramenée à un lieu, à
un territoire et à l’Homme. Le Prix
Pritzker 2012 d’Architecture (l’équivalent du Prix Nobel) décerné récemment à l’Architecte chinois Wang
Shu pour ses réalisations fortement
inspirées de la culture chinoise est
évocateur de cette nécessité de lier
Architecture & Culture. En Afrique,
le style international doit laisser place
à une Architecture optimale pour
l’Homme dans son Espace.
Propos recueillis par
Mohamed Ndiaye
26 avril 2012 Les Afriques
. 43
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page44
ENTREPRISES ET MARCHÉS
Togo Le giron des femmes chefs d’entreprise, Afcet, veut s’affirmer
dans la dynamique de croissance inclusive vers l’émergence
Pendant que le taux de croissance économique au Togo progresse, de 4% en
2010 à 4,8% en 2011 et 5,6% attendu en 2012, les femmes chefs d’entreprise
du formel se décident de s’affirmer. Leur association, AFCET, jure de faire
entrer dans son escarcelle le potentiel de l’économie informelle détenue
majoritaire-ment par la gent féminine.
Sylvia HundtAquereburu,
présidente de
l’Afcet
U
ne trentaine de femmes
chefs d’entreprise du secteur formel, regroupées en
Association des femmes chefs d’entreprise du Togo (Afcet), estiment
n’avoir pas encore, et très suffisamment, contribué à la croissance économique enregistrée ces dernières
années dans ce pays. C’est la conclusion de l’autocritique que s’est faite,
mars dernier à l’occasion de la célébration de ses dix ans d’existence,
cette association qui regroupe des
femmes chefs dans la petite industrie, l’architecture, la prestation de
services, le conseil, le commerce, la
consultance, etc. L’heure est au recadrage, estime Sylvia Hundt-Aquereburu, présidente de l’Afcet et
première femme notaire du Togo,
44 Les Afriques .
26 avril 2012
qui indique l’urgence de mobiliser à
la cause le secteur informel qui représente près de 84% du secteur
privé et occupe 84% de la population active mais dominé à près de
80% par les femmes. Ce revirement
est situé dans un élan de renouveau
et de restructuration avec, à la clé,
une entrée annoncée dorénavant
des femmes chefs d’entreprise dans
de nouveaux secteurs dont les BTP, à
un moment où s’ouvrent de grands
chantiers de reconstruction au Togo
chiffrés, en moyenne, au milliard de
f CFA. «Il est apparu très vite, eu
égard à l’importance du secteur informel dans notre pays mais aussi au
poids des femmes dans ce secteur,
d’étendre le champ de nos actions vers
cette cible», a-t-elle expliqué. Hundt-
Ce revirement
est situé dans
un élan de
renouveau et
de restructuration avec, à
la clé, une
entrée
annoncée
dorénavant
des femmes
chefs
d’entreprise
dans de
nouveaux
secteurs dont
les BTP.
Aquereburu renchérit que cette Association, au poids économique difficilement estimé mais siégeant au
sein du Conseil national du patronat (CNP), est «actrice des mutations qui s’opèrent dans notre société
en participant activement aux grands
débats qui concourent au progrès social et à l’avènement d’une société
équitable».
La mobilisation projetée par l’Afcet
trouve sa pertinence et sa justification, selon des économistes, dans le
poids économique du secteur informel qui est en marge de la montée
continue du taux de croissance économique de 4% en 2010, 4,8 en 2011
et 5,6% attendu en 2012, pendant
que les autorités togolaises tablent
sur une croissance économique inclusive dans l’optique d’un taux à 2
chiffres dans les 20 prochaines années pour faire du Togo un pays
émergent. Dans cette économie informelle, des chiffres d’affaires des
plus surprenants sont réalisés chaque
jour et font des tenants une nouvelle
classe de riches que compte le Togo
et qui ont diversifié les activités dans
les prestations de services locales ou
délocalisées, l’hôtellerie et la restauration, les cosmétiques, les TIC, l’immobilier et les travaux publics. Ce
sont aussi notamment une nouvelle
génération de cols-blancs à la tête des
agences, des cabinets d’expertise,
ainsi que des propriétaires des fermes
agricoles, des avocats, des médecins
et la nouvelle race de riches commerçantes du Grand Marché de
Lomé à l’ombre des fameuses richissimes Nana Benz qui ont forgé leur
Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page45
Investissements
espagnols dans le
textile marocain
grandeur, en ayant le monopole du
commerce des pagnes sans participer, dans le cadre formel, à l’économie togolaise. Prenant apparemment
fait et cause pour l’Afcet, l’ébauche
du «patronat féminin», la ministre
de la Promotion de la Femme, Olivia Henriette Kuévi-Amédjogbé,
perçoit la vision de ce cercle de
femmes chefs d’entreprises du formel comme une démarche orientée
à «édifier une nouvelle dynamique
afin de pouvoir participer, de façon
cohérente, harmonieuse et efficace aux
efforts économiques nationales». Le
développement du Togo, précise-telle, constitue un véritable challenge
qui oblige à mobiliser toutes les ressources du pays aux fins de créer des
conditions favorables à l’épanouissement de la population.
Alors que s’opère cet empressement
au tour du secteur informel, à forte
dominance de femmes d’affaires, un
décret du Gouvernement datant de
février 2008, portant création d’une
délégation d’organisation du secteur
informel, peine à se traduire pleinement. La prise de cette disposition,
selon les autorités togolaises, est motivée par la nécessité «d’inciter et de
promouvoir des actions tendant à une
meilleur organisation de ce secteur,
notamment de préparer des mesures et
les stratégies d’enrôlement progressif
des opérateurs du secteur informel
dans le secteur formel». Dans ce sec-
teur informel togolais, les femmes représentent 48% des entrepreneurs
contre une représentation de près de
60% des actifs agricoles, 70% des actifs dans le secteur secondaire, 81%
des entrepreneurs dans le secteur tertiaire, 70% dans la transformation
alimentaire et 40% des entrepreneurs
dans le vestimentaire. Par ailleurs,
elles constituent le vivier des institutions de micro-finances qui ont essaimé à travers le pays et ont
enregistré, au 30 septembre 2011, un
encours global d’épargnes de près de
99,7 milliards de f CFA et de crédits
de plus de 82,6 milliards de francs
Cfa. Particulièrement pour la microfinance Wages-Togo qui a enregistré,
fin 2011, un dépôt de plus de 7 milliards f CFA et un encours de crédits
de plus de 13 milliards f CFA, les
femmes représentent près de 65%
des adhérents. «C’est-là qu’apparaît
l’importance du capital humain et
surtout de la frange féminine dans les
réponses aux crises et dans la mise en
place des solutions pérennes et durables», a soutenu la ministre Olivia
Henriette Kuévi-Amédjogbé, au
cours du forum de l’Afcet, mars dernier, sur la problématique des
femmes chefs d’entreprise dans le
contexte actuel de relance économique au Togo et aussi du financement des projets et des nouveaux
systèmes de paiement dans ce pays.
Olivier TOVOR, Lomé
Des cols blancs à
l’ombre des
fameuses richissimes Nana Benz
Une mission, initiée par l’association des entrepreneurs textiles de
la Communauté de Valence (Ateval) et l’Institut d’exportations de
Valence (IVEX), a conduit une
douzaine d’entreprises espagnoles spécialisées dans le secteur
du textile au Maroc. Pendant 3
jours, elles ont pris attache avec
les opérateurs locaux et autres décideurs pour explorer les opportunités d'investissement dans le
Royaume, mais aussi s’enquérir
de l’amélioration du climat des affaires. Sans doute, croient les observateurs, la promotion de la
coopération commerciale et technologique entre professionnels du
secteur du textile sera redoublée.
Le site Cepici
(Côte d’Ivoire)
fait peau neuve
L’importance
du capital
humain et
surtout de la
frange
féminine dans
les réponses
aux crises et
dans la mise
en place des
solutions
pérennes et
durables.
Afin de faire transparaître une
meilleure visibilité des actions de
promotion et d’attraction des investissements, le Centre de promotion des investissements en
Côte d`Ivoire (Cepici) vient de relooker son portail Internet. Pour
Essis Emmanuel, directeur général du Cepici, qui a récemment
présidé à la cérémonie de lancement à Abidjan, il s’agit de mettre en ligne un site web à même
de restituer les potentialités et
opportunités dont dispose le
pays. Il a ajouté qu’assez interactif, cette nouvelle tribune en ligne
du Cepici met à la disposition des
créateurs d’entreprises, des
hommes d’affaires et des internautes les informations sur l’environnement des affaires, la
fiscalité, des formalités constitutives, mais aussi des informations
juridiques,
fiscales,
statistiques et sociales.
26 avril 2012 Les Afriques
. 45
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page46
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
ATT Fin de règne d’un
massaké Tountourou
C’était ATT (Amadou Toumani Touré) par-ci, ATT par-là,
évoqué à propos de tout et de rien. Rien de sérieux en
réalité.
C
«L’ambition
dont on n’a
pas la
compétence
est un
crime». Le
Cnrdre qui l’a
renversé a
bien parlé
d’incompétence à son
sujet, pas
vrai ?
46 Les Afriques .
26 avril 2012
omme j’en avais pris l’habitude, je me
préparais, sans y croire beaucoup, à
faire une tribune pour la sortie de
Koulouba d’ATT2 & ATT3. Pour la
numérotation, mes lecteurs de
l’époque se souviennent bien qu’ATT1 avait été le
héros national que nous avions tous admiré et accompagné dans la phase de transition en 1991.
Nous avions tous la responsabilité d’accompagner
cette transition après les 23 années de dictature de
Moussa Traoré.
ATT2 est celui là qui avait perdu la raison en 2002 et
était devenu le «Fato» (Fou) et le «Lagalato» (Débile)
qui avait voulu se retrouver à la tête de l’Etat Malien.
Ces noms d’oiseaux sont d’ATT lui-même en quittant
le pouvoir en 1992. A cette occasion, je lui avais proposé cette citation : «L’ambition dont on n’a pas la
compétence est un crime». Le Cnrde qui l’a renversé
a bien parlé d’incompétence à son sujet, pas vrai ?
ATT3 quant à lui est celui qui en 2007, ayant goûté
aux délices du pouvoir, oublia qu’il s’était engagé en
2002 à ne faire qu’un seul mandat afin, disait-il, d’organiser les partis politiques. Ces derniers ne cesseront de le maudire pour les innombrables entailles
qu’il opéra dans leurs corps en seulement dix années
de règne. A celui là, j’avais convoqué la citation de
Charles de Gaule qui disait : «Mieux vaut quitter le
pouvoir 5 ans plus tôt, qu’une minute trop tard».
Sans commentaire aujourd’hui, n’est-ce pas ?
Je ne croyais pas trop rédiger une tribune pour le
bilan des 10 ans d’ATT simplement parce que le pays
était arrivé à un point tel que garder ce président
jusqu’au 8 juin 2012, date de l’entrée en fonction du
nouveau président élu, semblait relever pour moi
d’une gageure. Et je ne fus ainsi point surpris de ce
qui arriva à ATT et à son régime tant l’Etat avait été
affaissé par terre, ses ressources pillées par une oligarchie bien en place et qui devra répondre devant le
peuple. On peut remercier tous les religieux qui
n’ont eut de cesse de prier pour la paix car le pire a
été de toute évidence évité. Je ne suis nullement un
souteneur de putschistes, mais sur ce coup, on peut
affirmer que c’est bien la main de Dieu qui a agit
pour sauver le Mali du pire qui aurait pu arriver.
ATT est un véritable «Général parolier», sans plus.
On ne peut le comparer à personne de par sa prolixité (A dâ kadi !). Et d’ailleurs, sachant que son
amour des diatribes ne plaisait pas aux hommes, il
se réservera pour les rencontres avec les Femmes
afin de s’époumoner à souhait.
C’est ainsi que les journées du 08 Mars étaient une
aubaine pour lui. Et c’est au cours de l’une d’elles
qu’il avait lancé son propos grossier "Bébi bâ bolo".
Comme pour dire que des mères avaient eut un mérite que d’autres n’avaient pas et que cela se traduisait dans la hiérarchie sociale. Et maintenant alors ?
Je lui propose aujourd’hui la formule «Kouma yé a
bâ wolo» (la parole a engendré sa mère) !
Les rencontres qu’il s’offrait lors des commémorations du 8 juin étaient aussi pour lui un pain béni
en ce qu’elles lui permettaient de faire étalage de
connaissances face à des journalistes qui en sortaient pour la plupart dégoutés et se promettaient
de ne plus y mettre les pieds.
L’un de ses derniers one man show du genre, il se l’offrit face à des veuves et mères de soldats dont les
époux et enfants avaient disparu au front chaud du
Nord Mali. Tout le monde impute du reste cette crise
à ses errements et compromissions. Il s’entendit dire
à cette occasion qu’il était le Chef des rebelles par l’une
des femmes qui était totalement excédée par son mépris et sa désinvolture. La suite, on la connait…
Ainsi donc avait vécu son pouvoir ce personnage
qui a ressemblé à s’y méprendre à un acteur de
Bandes Dessinées (Fanfan la Tulipe ?) pour le Malien Lambda, et bien au-delà d’ailleurs. C’était ATT
par ci, ATT par là, évoqué à propos de tout et de
rien. Rien de sérieux en réalité.
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page47
26 avril 2012 Les Afriques
. 47
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page48
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
Au 1er plan, Amadou Sanogo
chef de la junte et Djibril
Bassolé ministre burkinabé
des affaires étrangères
L’armée
malienne est
la première à
faire les plus
gros frais du
régime ATT
certes, mais
tous les pans
de la société
en ont eu
pour leur
compte.
48 Les Afriques .
26 avril 2012
Cet homme qui versa dans la bouffonnerie au point
d’en faire un système de gouvernance a conduit le
Mali vers l’enfer ! Rien moins ! C’est sous son règne,
avec 4 Généraux à savoir lui-même, son Premier ministre, un Général de Police, qui veut lui succéder
hélas -le ridicule ne tue pas- son ministre de l’intérieur un Général lui aussi et encore un Général ministre de la sécurité intérieure, que le pays a
commencé à connaître les problèmes d’insécurité les
plus cruciaux. On ne peut semer du sel et s’attendre à
récolter quelque chose en dépit de la grande mansuétude de dame nature !
L’armée malienne est la première à faire les plus
gros frais du régime ATT certes, mais tous les pans
de la société en ont eu pour leur compte. Et aujourd’hui, nul n’est fier de ce qui est arrivé à ce pays
dont l’histoire n’avait jamais été autant souillée
qu’avec ce régime. Décidément d’ATT, l’histoire du
pays ne retiendra rien de glorieux.
Les nouvelles autorités, y compris le Président intérimaire, le Président de l’Assemblée Nationale, doivent
comprendre que ce pays a besoin d’être gouverné par
des hommes mus uniquement par le devoir et qui
n’ont d’autres soucis que servir la nation. Déjà depuis son retour médiatisé de son voyage, on voit autour de lui s’agiter les faucons de son parti.
Des figures incarnant le système corrompu d’ATT
que nul ne souhaite voir encore aux affaires sont en
train d’occuper les espaces médiatiques. Ils sauront
que ce n’est pas le seul Cnrdre qui était révolté,
mais bien tout le peuple.
Ce que l’on obtient mal ou frauduleusement, on
finit toujours par le perdre dans la vie. Donc œuvrons tous à la préparation d’un fichier électoral
fiable pour organiser des élections propres et doter
le pays de responsables légitimes. C’est la seule thérapie pour une stabilité politique réelle.
ATT était un président indépendant qui, tel
quelqu’un qui est assis sur un tabouret et qui eut la
mauvaise idée de somnoler. Il fut renversé et il ne
s’en trouva personne pour le pleurer. Pas même
ceux qui nous avaient accoutumé à entendre «la vision ou la lettre de cadrage du président Amadou
Toumani Touré». Décidément l’unanimisme soporifique est fini. Bien fini !
Après une certaine affaire de la maîtresse du président, je devine certaines personnes buvant du «petit
lait» comme on dit. ATT en est réduit à voir son pays
et son sort à lui-même entre les mains de Blaise
Compaoré, celui-là même qu’il a toujours considéré
comme son «fa dèn» (rival). Et tel le petit capitaine
Dadis Camara, il ira peut être écumer 2 ans durant
à la cité Ouaga 2000. Quel triste sort pour quelqu’un
qui se prenait pour un grand homme d’Etat !
Afin d’échapper, il avait pris la poudre d’escampette. Des titres d’articles comme «L’indécence
d’un fuyard» dans Info Matin et «Les balivernes
d’un apatride en cavale» dans Mali Demain ainsi
que la pique d’un jeune Officier «Nous n’allons pas
rechercher un général en fuite», renseignent sur la
nécessité de gouverner mais d’éviter de régner. Ceci
est à méditer…
Qui va vivra, va verra…
Idrissa Diouf, Bamako
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page49
Maroc La tentation islamiste du repli sur soi
Que cache la décision islamiste de soumettre les médias publics à un régime
sévère de l’arabisation ? Est-ce alors que le Maroc assure à maintenir les liens
avec ses millions de ressortissants éparpillés en Europe et dans le monde ?
Moustapha Khalfi,
ministre marocain de la
communication
C’est surtout
la tentation
du repli sur
soi qui
provoque la
méfiance des
milieux
d’affaires.
L
a décision des islamistes du PJD de soumettre les médias publics à un nouveau
cahier de charges impliquant pour les télévisions publiques, la diffusion des cinq
appels à la prière et l’arabisation, suscite
polémique. Dans un éditorial sans équivoque, Abdelmounam Dilami de l’Economiste, quotidien
proche des milieux d’affaires, titre «un coup d’Etat
idéologique», dénonçant une orientation allant à
l’encontre de la politique d’ouverture du Maroc. Face
à l’ampleur des réactions, le ministre de la communication, Moustapha Khalfi, accusé régulièrement de
vouloir instrumentaliser les médias publics, est
monté au créneau, affirmant «que la langue française
se maintiendra avec un pourcentage de 20 à 25% dans
les programmes de la télévision 2M». Cette précision
n’a pas suffi pour éteindre la polémique entre le PJD,
chef de file de la coalition au pouvoir et une grande
partie de l’élite marocaine. Au-delà de l’arabisation,
c’est surtout la tentation du repli sur soi qui provoque la méfiance des milieux d’affaires à l’heure où
le Maroc redécouvre son africanité à travers une présence multiforme de ses entreprises dans la partie
subsaharienne du continent. Sous couvert d’arabisation, c’est l’éternel débat identitaire qui revient dans
un Maroc qui à l’instar des pays post printemps
arabes, voit un affrontement irréductible entre les
laïques à l’origine de la contestation et les mouvances
islamistes qui ont récupéré la mise et se sont imposées dans les élections. La cassure entre les jeunes du
20 février et les radicaux d’Al Adl Wal Ihssane exprime clairement ce malaise béant entre des jeunes
connectés à Facebook et à la mondialisation et une
arrière-garde qui prône la moralisation de la société
et le retour aux bonnes mœurs. Abandonnés aujourd’hui en cours de route, «les jeunes du mouvement du 20 février ont coupé la forêt à coup de
machettes, sont arrivés jusqu’à la rivière mais n’ont pas
bu, laissant la place à plus habile qu’eux», résume sans
complaisance un cadre marocain francophone. Et
d’ajouter «A Dubaï et à Riyadh, les affaires se font en
anglais et non en arabe classique. Cela ne fait pas d’eux
moins musulmans que nous». Ce repli identitaire
commun à toute la bordure Sud de la Méditerranée
traduit l’enfermement sur un mythe, un certain totalitarisme dans la mesure où l’idéologie qui le soustend fait fi de l’intérêt des individus. Le combat pour
la pauvreté, pour l’emploi et le développement est
passé par pertes et profits dans tout le Maghreb au
profit de l’exaltation de soi, de la célébration des racines retrouvées. Et-ce alors que le Maroc, fort de
millions de personnes en Europe et aux quatre coins
du monde et multilinguistique. Les rares médias
comme 2M qui constituaient une passerelle entre le
Maroc de l’intérieur et sa partie externe sont aujourd’hui confrontées à ce retour au monolinguisme
qui rassemble à un remake du film istiqlalien des années 70. Pour avoir goûté au beefteak de l’arabisation
servi par l’Istiqlal, qui scandait l’usage exclusif de la
langue du Hejjaz dans l’administration alors que les
enfants de ses leaders étaient envoyés dans les meilleures écoles françaises, les marocains sont aujourd’hui méfiants vis-à-vis de ce discours aux
relents électoralistes. L’exaltation identitaire et religieuse n’est-il pas le meilleur moyen de ravir les
communales du mois de juin prochain ? En tout cas
ce tournant conservateur inquiète les minorités religieuses au Maroc et posent beaucoup de questions
quant à la capacité des islamistes à assumer la modernité du Maroc du 21e siècle.
Kh. Berrada, Casablanca
26 avril 2012 Les Afriques
. 49
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page50
POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE
Le come-back d’Emmanuel Etoundi
au Port de Douala
Gabon, Aman
Resorts sur
l’écotourisme
Malversations financières, pilotage à vue et guéguerre
entre le patronat et les manutentionnaires, le Port
Autonome de Douala était au creux de la vague depuis
le départ en 2008 de son ex-Directeur général,
Emmanuel Etoundi Oyono. Retour à la case départ.
L’
affaire du Port autonome
de Douala agace et inquiète
les plus hautes autorités de
l’Etat camerounais. Cette situation
a poussé le chef de l’Etat, Paul Biya
de prendre vite les choses en main.
Les multiples scandales financiers et
la grogne crescendo des employés
du port avaient fini de plomber la
société. Depuis le départ de son directeur général fin 2008, Emmanuel
Etoundi Oyono, la société portuaire
était au creux de la vague. Jean Marcel Dayas, qui avait remplacé
Etoundi à la tête du Port de Douala,
n’a pu faire grand-chose. Sa gestion
avait été décriée par une frange importante du personnel portuaire.
Lequel exigeait le paiement des
primes instituées par le Conseil
d’administration sous le magistère
d’Etoundi. «Nous avons tout essayé
pour arranger les choses, mais en
vain. Le président Biya en a fait sa
propre affaire» avait expliqué un officiel.
Selon un rapport transmis aux
hautes autorités, les pertes journalières sont de l’ordre de 100 millions
f CFA. Après plusieurs visites effectuées au Port, les ministres des Infrastructures et du Travail n’ont pu
Le port de Douala
reprend du poil de
la bête
Depuis le départ de son directeur général fin 2008, Emmanuel Etoundi
Oyono, la société portuaire était au creux de la vague. Jean Marcel
Dayas, qui avait remplacé Etoundi à la tête du Port de Douala, n’a pu
faire grand-chose. Sa gestion avait été décriée.
50 Les Afriques .
26 avril 2012
Luxury Green Resorts, détenue par
le Fonds gabonais d'investissements
stratégiques et Aman Resorts, va
gérer un complexe écotouristique au
Gabon. Le projet portera sur la
construction de 6 Resorts et Lodges
de luxe pour 140 chambres et suites
au sein de 5 des 13 parcs nationaux
gabonais. Les investissements nécessaires tournent autour de 60 millions de $, soit 47 millions d'euros. Il
sera exécutable en 2 phases. D’abord,
à l’horizon 2017, seront érigés sur le
site du phare de Ngombe dans le
parc de Pongara, un hôtel de 30
suites à Libreville, et dans le parc de
Loango (sud du pays) un Lodge de
20 tentes. Dans un 2ème temps, seront construits un hôtel de 30 suites
dans le parc national de Lopé, un
autre de 30 pavillons sur le site des
chutes de Kongou, au sein du parc
national de l’Ivindo, deux Lodges,
respectivement de 10 tentes dans le
parc d'Ivindo, et de 15 tentes dans le
parc des Plateaux Batéké.
Guinée équatoriale,
la France dans le
collimateur
Le fait que deux juges français aient
demandé un mandat d'arrêt international contre Teodorin Obiang
NGuéma, actuel ministre équatoguinéen de l’agriculture et non
moins fils du chef de l'Etat, dans le
cadre de l'enquête sur son patrimoine en France, notamment immobilier en France, irrite les
autorités de Malabo. Elles évoquent
une véritable provocation. Il est vrai
que le procureur de la république
française n’avait pas encore répondu à leur requête. De toutes les
façons, un immeuble appartenant à
ce pays, et sis à Paris, sur l’avenue
Foch, contient des oeuvres d'art, du
mobilier ancien et des vins fins
d'une valeur estimée à plusieurs
millions d'euros.
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page51
Libye, affrontements entre milices
rivales au sud
D’après le bilan officiel confirmé la
semaine dernière par Fatima alHamrouch, ministre libyenne de la
santé, à la date du samedi 31 mars,
147 morts et 395 blessées ont été enregistrés dans les combats entre des
tribus à Sebha, dans le sud désertique de la Libye. Abdel Rahim alKib, chef du gouvernement libyen
de transition, s’est alors rendu sur
place pour signifier aux camps rivaux à Sebha que la Libye nouvelle
avait suffisamment de place pour
toutes les tribus. Des témoins rapportent un décor d'après-guerre
dans un des quartiers contrôlés par
les Toubous et parlent d’affrontements les plus meurtriers depuis la
chute du régime de Khadafi.
dénouer la crise. Rappelé à la rescousse du Port de Douala, sur instruction du président Paul Biya, le
soldat Etoundi Oyono débarque sur
le quai de Douala, qu’il connaît bien
pour l’avoir dirigé trois ans durant,
armes et bagages. Aux yeux de bon
nombre de camerounais, il n’y a
aucun doute que le nouveau capitaine du navire est la clé de la solution. Sa forte personnalité et sa
rigueur dans la gestion des affaires
du Port sont des atouts pour sortir
la société la tête de l’eau. Son come
back trois ans après sa défenestration est en quelque sorte une justice
rendue à un grand serviteur du
Port. Une longue passe d’armes au
goût amer sur les ondes des médias
s’en était suivie entre l’ex DG
Etoundi Oyono et le groupe Bolloré,
lequel serait soupçonné d’avoir
poussé à la sortie Etoundi des eaux
de Douala. Ses deux grandes missions sont le redressement d’urgence du Port et sa modernisation
pour lui rendre plus rentable et
compétitive. Dés sa prise de fonction, Emmanuel Etoundi n’a pas
chômé. Il a mis en musique l’opération de sauvetage du Port de Douala
qui a permis de ramener la
confiance entre le personnel et l’autorité portuaire.
Selon des informations parvenues à
Les Afriques, le nouveau patron du
Port de Douala va instruire à court
terme un audit du Port pour constater l’état des lieux depuis son départ
à la tête de la société. Laquelle était
redevenue, selon plusieurs témoignages d’organisations syndicales
du pays une vache à lait. Le retour
d’Etoundi Oyono- d’après sources
établis à Douala- semble être une
grosse épine sous les pieds de l’armateur français Bolloré. Car, en réalité c’est lui qui avait permis de
démanteler certaines pratiques du
proche entourage du groupe français Bolloré dans le sulfureux dossier du terminal à containers du
Port de Douala. Une affaire d’ailleurs qui a fini par emporter Siyam
Siewe et ses acolytes. Pari audacieux,
mais d’une haute portée patriotique, le capitaine Etoundi Oyono
sait que sa mission est loin dêtre une
sinécure. Toutefois, l’homme surnommé «Zorro» peut compter sur
deux alliés de taille : le président
Paul Biya, son principal mentor et le
personnel portuaire.
Ismael Aidara, Douala
Renflouer
Douala, un pari
audacieux, mais
d’une haute portée patriotique
Il n’y a
aucun doute
que le
nouveau
capitaine du
navire est la
clé de la
solution. Sa
forte
personnalité
et sa rigueur
dans la
gestion des
affaires du
Port sont
des atouts.
Mali, la Cedeao
promet ...
En marge de
la cérémonie
d`investiture
du président
Macky Sall, à
Dakar (Sénégal), il est ressorti d’une réunion des chefs d`Etat de la
Communauté économique des
Etats d`Afrique de l`Ouest (Cedeao) sur la situation politique au
Mali, assistance au peuple malien,
mais aussi des sanctions et menaces contre la junte au pouvoir.
Alassane Ouattara, président ivoirien et président en exercice de la
Cedeao, qui a rappelé la préoccupation de l’organisation face à la
situation dans le nord du Mali, a
souligne que lui et ses pairs tiennent à l’intégrité du territoire malien. Il a ajouté que tous les
moyens seront déployés pour
stopper cette rébellion et amener
ce pays à retrouver l’intégrité de
son territoire ; ce qui est un devoir
pour la sous-région.
26 avril 2012 Les Afriques
. 51
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page52
DOSSIER
Ali Bongo
Difficile réveil
Ali Bongo veut rompre avec l’économie de rente, une exigence forte qui
passe par l’industrialisation, la bonne gouvernance, la fin de l’Etat-providence,
... L’élite locale est-elle prête? Présentes depuis des décades dans le sous-sol
et l’offshore gabonais, les multinationales vont-elles s’y plier? Quelle attitude
des privés gabonais? Le match n’est pas gagné d’avance pour lui.
L’
interdiction, en janvier 2010,
d’exportation de grumes
aura été l’une des décisions
les plus significatives de l’actuel chef
d’Etat gabonais. Arrivé au pouvoir il y
a bientôt 3 ans, Ali Bongo a initié un
certain nombre de réformes qui marquent une rupture avec l’époque de
son pére. Si par le passé, le pays se
complaisait dans son rôle passif
d’émirat pétrolier, avec une élite
bourgeoise entretenue par la rente
pétrolière, dans la vision de l’actuel
président il est question de construire
une économique dynamique à travers l’industrialisation. L’émergence
d’une classe moyenne entreprenante,
libérale et ouverte aux mutations du
monde, sera le meilleur allié de cette
orientation politique.
C’est l’esprit du «Gabon Emergent».
Au-delà de la panoplie de chantiers
mis en œuvre, ce Gabon Emergent
passe d’abord par un nouveau modèle économique proposé aux multinationales. En clair, l’actionnariat
public et privé gabonais souhaite plus
de pouvoirs dans les filiales locales
Le président de la
République du
Gabon Ali Bongo
Gabon Emergent passe d’abord par un nouveau modèle économique
proposé aux multinationales. L’actionnariat public et privé gabonais
souhaite plus de pouvoirs dans les filiales locales des multinationales
comme Total Gabon, détenu à hauteur de 58% par la maison-mère.
52 Les Afriques .
26 avril 2012
des multinationales comme Total
Gabon, détenu à hauteur de 58% par
la maison-mère et par l’Etat et des investisseurs gabonais à 25% et 17%
respectivement. La convention d’investissement liant Total à l’Etat Gabonais a été renouvelée deux ans
avant l’alternance politique (soit en
2007) pour 25 ans. Il s’agit là d’un
gage de stabilité dans le secteur pétrolier gabonais, mais qui est considéré par les partisans d’une réforme
rapide et de l’ouverture du champ
pétrolier gabonais aux multinationales des pays émergents, comme un
verrou. A y regarder de prés, les retombées des activités de Total Gabon
profitent pourtant à l’économie du
pays. Par exemple, l’Etat a perçu 1
milliard de dollars en 2008 sous
forme de redevance minière, d’impôts sur les sociétés, de bonus et de
contributions diverses. Certes, depuis
ce montant est inscrit en recul,
n’ayant pas atteint 400 millions de
dollars en 2009.
Changement «Total
du schéma pétrolier
En plus de cette manne, l’Etat reçoit
une partie du pétrole dans le cadre des
contrats de partage de production. En
2009, ce schéma de partage s’est traduit par des recettes de 93 millions de
dollars. Là aussi l’on note un déclin
puisqu’en 2008 le montant était de
272 millions de dollars. Autre source
de revenus, les dividendes versés à
l’Etat, actionnaire à hauteur de 25%.
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page53
Angola, Sonangol
acquiert 51% de
la compagnie
sao-toméenne
Patrice Trovoada, Premier ministre sao-toméen, a récemment
confirmé que Sonangol, société
angolaise des hydrocarbures, va
acquérir, à travers la Sonair,
près de 51% des parts de la compagnie aérienne de Sao Tomé et
Principe, STP Air. A ce titre, il a
précisé que la décision finale
sera prise à l’issue de l'assemblée générale de la compagnie
sao-toméenne.
Ces dividendes ont atteint 25 millions
de dollars en 2009 au titre de l’exercice 2008. Là aussi un recul puisque
une année auparavant, l’Etat percevait
35 millions. Ce triple recul des postes
de recettes du secteur pétrolier n’est-il
pas l’un des moteurs silencieux du
changement prôné ? La volonté de
transparence de l’industrie pétrolière
prônée depuis 2004 par l’Etat gabonais et matérialisée par l’adhésion du
pays à la démarche de l’ITE (initiative
pour la transparence des industries
extractives) se heurte, il faut le dire,
aux intérêts des puissants lobbys locaux et internationaux encore tournés vers le passé. Mais, ainsi que cela
se confirme dans les dernières déclarations présidentielles, notamment
lors de sa visite en Corée du Sud
(mars 2012), le Gabon entend changer la donne. Comment se fait-il, s’interroge un expert, qu’avec 30 champs
pétroliers, nous ne parvenons pas encore à assurer correctement nos besoins en énergie? Actuellement, 95%
du pétrole brut est exporté. Les 5%
restant sont théoriquement raffinés
par la Sogara (Société Gabonaise de
Raffinage), basée à Port Gentil et dépassée par la demande.
D’où la convention signée avec le numéro un de l’énergie en Corée, SK
Energy, pour la construction d’une
raffinerie à Port Gentil sur l’île
Mandji. La future raffinerie sera opérationnelle d’ici deux ans dans la
zone franche de l’île Mandji avec une
capacité de production de 50 000 barils jour contre 21 000 actuellement.
Reste à déterminer les modalités du
tour de table pour réunir le milliard
de dollars nécessaire à la construction de cette raffinerie. En accordant
la part belle à la partie coréenne, en
capital et en appui technique (à travers l’Agence coréenne de coopération internationale) ne risque-t-on
pas de retomber dans les schémas du
passé ? Quoi qu’il en soit, une rupture est entrain de se faire dans le secteur pétrolier gabonais. Le nouveau
code des hydrocarbures en cours de
finalisation donnera le la d’une évolution irrésistible pour le sixième
producteur africain d’or noir, doté de
3,7 milliards de barils de réserves
prouvées.
La Gabon Oil Company
et le Fonds souverain
Stratégique, deux piliers
de la vision Ali Bongo
Pour acter sa vision, le président Ali
Bongo a annoncé la création de la
Gabon Oil Company (GOC) en
Le combat contre
l’informel
Comment se
fait-il,
s’interroge un
expert,
qu’avec 30
champs
pétroliers,
nous ne
parvenons
pas encore à
assurer
correctement
nos besoins
en énergie?
Cameroun, des
indépendants à
la présidentielle
Au Cameroun, une mini-révolution est en train de s’opérer dans
l’autorisation des candidatures à
la présidentielle. Désormais, des
candidats indépendants pourront se présenter. Un projet de loi
y afférent est en train d’être examiné à l’Assemblée nationale camerounaise. Un certain nombre
de conditions sont tout de même
exigées aux indépendants pour se
présenter. Parmi celles-ci, la présentation d’au moins 300 signatures
de
personnalités
camerounaises, à raison de 30 par
région, mais aussi à condition
d’être
soit
Parlementaire,
Conseiller régional ou Conseiller
municipal, Chef traditionnel de
1er degré, ou encore membre
d’une Chambre consulaire. A
noter que les dispositifs relatifs
au mode de scrutin au suffrage
universel direct, à la majorité
simple, à la durée du mandat à 7
ans et sans limite de nombre, à
l’âge minimum de 35 ans révolus,
… et à une caution de 30 millions
de f CFA, soit 60 000 $, viennent
compléter ce texte de loi.
26 avril 2012 Les Afriques
. 53
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page54
DOSSIER
Ali Bongo Ondimba :
«Cette société va matérialiser la présence de l’Etat
gabonais dans le domaine stratégique du pétrole»
54 Les Afriques .
26 avril 2012
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page55
mars 2010. «Cette société va matérialiser la présence de l’Etat gabonais
dans le domaine stratégique du pétrole», a déclaré le chef de l’Etat. La
GOC gérera toutes les participations
de l’Etat dans les sociétés pétrolières,
de la gestion de l’exploration, de l’exploitation et de la distribution, ajouté
le président Bongo. Le retard à l’allumage accusé par la GOC traduit les
querelles intestines et l’hostilité passive des multinationales. Il a fallu une
année à la GOC pour entériner sa
naissance. Si l’Etat a enregistré deux
contrats d’exploration et de partage
des revenus sur des zones offshores
au large d’Omboué (Ouest) en partenariat avec Perenco (franco-britannique), peu de choses ont avancé sur
la constitution réelle de cette nouvelle entité. Des cadres de la direction
générale des hydrocarbures, organe
du ministère des Mines, du pétrole et
des hydrocarbures seraient-ils derrière ces lenteurs ? A moins que cela
ne soit le fait des traders ou supposés
comme tels, qui jouissaient de la
rente exclusive d’être les intermédiaires dans la commercialisation du
pétrole gabonais. Ce dont on est
pour le moins sûr est que, avec la
GOC, l’Etat Gabonais peut mettre au
pas certains de ses partenaires
comme Addax Petroleum contraint
au partage de ses blocs de pétrole
avec le nouvel opérateur étatique.
Partage de rôles
En fait, il s’agit d’un partage des rôles
entre la GOC, qui héritera des actifs
de l’Etat dans le domaine pétrolier et
le Fonds souverain stratégique, qui
gérera les actifs de l’Etat en dehors du
secteur des hydrocarbures. La longue
hésitation quant à l’appellation de ce
fonds souverain (initialement baptisé
fonds pour les générations futures)
explique en partie les raisons de sa
création : doter le Gabon d’un bras financier puissant capable de structurer le secteur économique. Dans la
fièvre de ces réformes, la suppression
de la direction des participations a été
vue comme une sorte de «démolition
contrôlée» d’un organe de captation
de rente. Désormais, il sera difficile de
continuer à vivre des subsides de
l’Etat à la lumière de ces réformes
puisque Ali Bongo entend mettre un
dispositif de récupération des budgets non utilisés dans les précédents
exercices. Une sorte de caisse de relance qui récupérera des fonds qui
jusque-là disparaissaient dans des circuits bien huilés. Parallèlement à ce
dispositif, une caisse de plus value
chargée de récupérer les ressources
exceptionnelles non prévues (le secteur pétrolier constitue en cela une
source inépuisable depuis que son
prix moyen oscille entre 100 et 120
dollars).
Le retard à
l’allumage
accusé par la
GOC traduit
les querelles
intestines et
l’hostilité
passive des
multinationales. Il a
fallu une
année à la
GOC pour
entériner sa
naissance.
Choix gagnants
La mutation voulue par le président
Ali Bongo se heurte donc à des intérêts privés gabonais et des intérêts internationaux portés par les
multinationales. Celles-ci semblent
pourtant se mettre au pas. Le groupe
Rougier International a ainsi cédé
35% de son capital à la Caisse des dépôts et consignations du Gabon, autre
organe mis en place par Ali Bongo,
pour un montant de 24 millions d’euros. L’acquisition de la minorité de
blocage dans cette société qui exploite
plus de 2 millions d’hectares dans le
bassin du Congo offre à l’Etat Gabonais les moyens de contrôler d’une
part une filière qui l’échappe encore
et, d’autre part, de prétendre au dividende d’un groupe qui a réalisé 4,4
millions d’euros de bénéfices en 2011.
Egalement revisité, l’attribution de
la méga-mine de Belinga aux chinois
Le Fonds souverain stratégique gérera les actifs de l’Etat en dehors du
secteur des hydrocarbures. La longue hésitation quant à l’appellation
de ce fonds souverain (initialement baptisé fonds pour les générations
futures) explique en partie les raisons de sa création.
Fitch revoit à la
hausse la note du
Gabon
De BB-, la Gabon passe à la note
«BB». L’agence de rating Fitch qui
lui a attribué cette note, s’appuie
sur les réformes initiées par l’Etat
depuis 2010. En 2011, compte tenu
des réformes entreprises par Ali
Bongo, président de la république,
pour diversifier l’économie hors
pétrole, et améliorer la gouvernance publique et le climat des affaires, cette agence assure que
cette note pourrait même passer à
BB+. Avec un taux de croissance
du PIB estimé à 6% en 2012, des
cours du brut, favorables
(+39,4%), l’économie gabonaise a
bénéficié d’investissements profitables à moyen et long terme, soulignent les observateurs.
Avec une dette publique intérieure,
qui ne monte qu’à 20,4% du PIB,
bien en-deçà de celle d’autres pays
à économie similaire dans la région, ce pays, dont la dette extérieure ne représentait que 28% des
recettes extérieures courantes, en
2011, devrait même devenir créancier extérieur net, en 2012.
Kenya Airways
se renforce aux
Seychelles
Entre Nairobi et Mahé, Kenya Airways, compagnie aérienne du
Kenya, va désormais porter ses
dessertes à 3 par semaine. Cette
liaison point à point sera assuré
avec des départs en Boeing 737NG
mardi, jeudi et dimanche à 9h05
pour des arrivées à 13h20. Les vols
retours quittent les Seychelles à
14h10 pour atterrir à l’aéroport de
Nairobi à 16h20. Alain St Ange, ministre du tourisme qui a présenté,
dernièrement, le renforcement de
cette compagnie, a soutenu qu’elle
a desservi les Seychelles, avant
même Air Seychelles.
26 avril 2012 Les Afriques
. 55
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page56
DOSSIER
dans l’Ogooué –Ivindo très disputée
en ce moment entre les chinois
CMEC et l’australien BPH Billiton.
Ce projet contesté par de nombreuses ONG restera peut être entre
les mains des chinois ou tombera
dans l’escarcelle du géant australien,
«mais en s’inspirant du Gabon
Emergent», assure un fonctionnaire
du ministère des Finances.
Ces nombreux choix stratégiques qui
conditionnent le réveil économique
du Gabon sont payants. Depuis
2010, le Gabon a attiré plus de 4 milliards de dollars d’investissements directs étrangers, en particulier dans le
domaine des mines et des hydrocarbures. Le pays, qui espère devenir le
leader mondial de la production de
manganèse à l’horizon 2015, a opéré
une forte entrée dans le marché de
l’or avec une production estimée à
1,2 million de tonnes d’or pur.
Raymond Ndond Sima,
l’hirondelle qui annonce
le printemps
Si les multinationales et les partenaires étrangers sont en train de revoir leurs schémas à la lumière du
56 Les Afriques .
26 avril 2012
nouveau concept économique du
Gabon, il y a tout un travail qui reste
à faire auprès des élites et du gabonais
lambda. La haute administration gabonaise est-elle prête au changement
impliquant plus de transparences
dans la promotion, la gestion de la
manne publique et l’attribution des
postes ? Gâté par l’Etat-providence,
l’esprit de fonctionnariat qui habite
le citoyen lambda peut-il se mettre au
diapason avec un environnement
économique appelé à s’ouvrir davantage au privé et à la précarité de l’emploi ? Les grèves répétés à la Marine
Marchande en 2011, ainsi que l’appel
des milieux syndicaux au respect de
la législation du travail (primauté du
gabonais sur l’emploi) montrent
toute l’étendue du malentendu.
La nomination d’un premier ministre technocrate, en la personne de
Raymond Ndond Sima, «nomination qui aurait dérangé les caciques»
En route vers
l’industrialisation
du PDG (Parti démocratique gabonais) au pouvoir, selon des sources
bien informées, est l’un de ces nombreux signaux du changement qui
font bruire le tout Libreville. Contrairement à son prédécesseur Paul Biyoghé Mba, rompu aux joutes
politiques et à l’équilibrisme régional,
le nouveau premier ministre, ancien
ministre de l’agriculture, a le parfait
profil d’un Président directeur général d’une entreprise qui veut redresser la pente. Son enrôlement dans le
parti au pouvoir qui l’a élu député
obéît dans ce sens plus à un positionnement tactique qu’à un réflexe d’un
politicien au long cours.
Première grande rupture
depuis la conférence
nationale de 1990
Autre signe du changement, très
symbolique, l’origine de ce nouveau
Premier ministre, ressortissant de la
La nomination d’un PM technocrate, en la personne de Raymond
Ndond Sima, «nomination qui aurait dérangé les caciques» du
PDG au pouvoir, est l’un de ces nombreux signaux du
changement qui font bruire le tout Libreville.
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page57
province de Woleu-Ntem. Pour la
première fois en quarante ans, ce
n’est pas un ressortissant de l’Estuaire qui hérite du poste. Le président Ali Bongo opère là une rupture
sans précédent, écrit l’éditorialiste
du quotidien l’Union en date du 29
février 2012. Cet acte, le plus significatif au Gabon depuis la conférence
nationale de 1990 marque-t-il la fin
de «l’ethnicisation» des postes ? Le
PDG ne paiera-t-il pas cash son audace lors des prochaines consultations politiques ?
Après avoir vécu le choc de 1990
quand d’autres formations politiques
ont été admises à l’assemblée nationale, ce parti reste toujours aussi hégémonique, au risque de ralentir la
mutation du champ politique gabonais. Au terme des législatives du 17
décembre 2011, le parti au pouvoir
occupe 107 des 120 sièges que
compte le Parlement. Ce qui est fêté
comme un raz de marée au sein de la
baronnie locale est vue par les observateurs comme la victoire des nostalgiques de l’ère du multipartisme
contre les réformistes, partisans
«Votre mandat sera différent des législatures antérieures. Il se
déroulera sous l’ère du désir d’émergence (…) vous devez travailler
sans arrières pensées. De telle sorte que cette Assemblée démente
le préjugé d’une Chambre d’enregistrement».
d’une plus grande ouverture. La faible représentation de l’opposition
prive le pouvoir de son nécessaire
contrepoids. Le risque de voir l’hémicycle du Palais Léon Mba se transformer en caisse de résonnance est
quasi-certain, dénote-t-on. Plus de 44
ans après sa naissance, le PDG reste
plus que jamais le navire amiral du
paysage politique gabonais. La formation fondée le 12 mars 1968 à
Koula-Moutou par Omar Bongo a-telle saisi toutes les implications du
mot «émergence» ? Lors de son discours aux députés, le président Ali
Bongo avait déclaré : «Votre mandat
sera différent des législatures antérieures. Il se déroulera sous l’ère du
désir d’émergence (…) vous devez
travailler sans arrières pensées. De
telle sorte que cette Assemblée soit
capable de démentir le préjugé qui
redoute qu’elle puisse désormais évoluer comme une Chambre d’enregistrement». Une exigence nécessaire
pour le Gabon émergent à l’horizon
2025. Fidèle à sa rhétorique de
l’émergence, le président gabonais a
baptisé «gouvernement de missions»,
sa nouvelle équipe ministérielle.
Un parlement monocolore
Des réformes
à opérer en
profondeur
Le contrôle du parlement gabonais
par le PDG résulte aussi quelque part
de l’appel au boycott lancé par plusieurs partis d’opposition et, surtout,
l’affaiblissement de cette opposition.
Ainsi, l’Union du Peuple Gabonais
(UPG) connaît une traversée du désert avec la disparition de son leader
Pierre Mamboundou. De son côté, le
Rassemblement pour le Gabon d’un
Paul Mba Abessole à l’image insaisissable, tantôt opposant, tantôt allié du
26 avril 2012 Les Afriques
. 57
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page58
DOSSIER
SEEG, siège
58 Les Afriques .
26 avril 2012
Politique Economique 20/04/12 04:54 Page59
pouvoir, semble satisfait de ses faibles
scores (3 députés) qui ne dérangent
pas outre mesure le PDG. Ce parti
monolithique qui garde tout le pouvoir comme au bon vieux temps du
parti unique ne risque-t-il pas de se
faire surprendre par la dynamique
des changements d’un monde nouveau ouvert à la parité et à la jeunesse ? Les vieux barons tardent de
tendre la perche aux femmes (15 députés élus) et aux jeunes. L’on dénombre à peine une dizaine de jeunes
de la tranche 30-45 ans à la chambre
des députés. Là aussi, les observateurs
dénotent un recul par rapport à la législature de 2006. Cette résistance à
l’air du temps explique sans doute la
longévité de Guy Nzouba Ndama,
président de l’assemblée nationale
qui entame sa quatrième législature à
la tête du perchoir. Ce philosophe et
marxiste, plusieurs fois ministre sous
Omar Bongo, a occupé le poste stratégique de Directeur des «Bourses et
Stages», direction si courue par les
élites gabonaises. Rompu aux rouages
des arrangements politiques, Guy
Nzouba Ndama a été reconduit à son
poste à la surprise générale, au grand
dam de ses détracteurs.
Libreville : la SEEG sommée d’apporter la lumière
Avec zéro coupures, la Société
d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG)
a réussi sa Coupe d’Afrique des Nations, organisée du 21 janvier au 12
février 2012. Pourtant, la filiale de
Veolia avait montré des signes de fébrilité, lorsque le 10 novembre 2011,
une coupure assassine retarde de plusieurs minutes le match de gala
Gabon-Brésil à l’occasion de l’inauguration du stade de l’Amitié d’Angondjé. Présent à cette rencontre, le
président Ali Bongo et de nombreux
officiels, restera longtemps dans l’expectative avant que la lumière ne revienne. Si par la suite, la compétition
s’est déroulée sans délestage, au grand
bonheur des gabonais, la SEEG a renoué avec ses habitudes quelques
jours à peine après l’événement sportif de l’année.
La filière bois à la veille
de l’industrialisation
L’interdiction d’exportation de
grumes en janvier 2010 a provoqué
des changements importants. Outre
l’ouverture du capital de Rougier
Gabon à la faveur de la Caisse de Dépôts et de Consignation, pour un
montant de 24 millions d’euros (35%
du capital), d’importements aménagements ont vu le jour pour favoriser
l’industrialisation du pays. Le lancement d’une zone économique spéciale de plus de 1000 hectares dont
40% réservée à la filière bois participe
de cette dynamique. Située à Nkok, à
17 km de Libreville, le site est financé
par Olam Gabon à hauteur de 150
millions d’euros. Le concept répond
aux avantages classiques concédés
aux investisseurs dans les zones spéciales : exonération de TVA pendant
25 ans, exonération d’impôts sur le
revenu pendant dix ans, garantie de
transfert des bénéfices et des capitaux
investis, réduction des coûts d’électricité et flexibilité en matière d’emplois. Ces dispositions importantes
devront corriger une aberration dans
un pays couvert par la forêt à plus de
90% mais où la filière bois pèse pour
moins de 1% du PIB. Les restrictions
opérées à l’export ont poussé Rougier
Gabon à ouvrir de nouvelles lignes
de
transformations.
D’autres
groupes comme Leroy Gabon ont été
forcé à des réaménagements de tour
de table. Les anciens exportateurs de
grumes comme la Société nationale
des bois du Gabon (SNBG) se sont
reconverties dans la transformation.
Grâce à un financement de la
Banque de Développement des Etats
de l’Afrique Centrale (BDEAC) et
d’Ecobank, la SNBG s’est dotée d’un
complexe de transformation de bois
à Libreville. Autre entreprise invitée
à se mettre dans l’air du temps, la
Siat Gabon. Cette structure belge
qui envisage d’exploiter 35 000 hectares d’hévéa et 10 000 hectares de
palmier à huile ouvrira son capital
aux investisseurs gabonais dans le
courant de cette année.
Dossier réalisé par Adama Wade
Des disposi- Malawi, Joyce Banda
tions impor- assure l’intérim
tantes devant Conformément à la Constitution du
Joyce Banda, Vice-présidente
corriger une pays,
du Malawi, a été investie à la tête du
aberration
pays, suite à la disparition subite de
dans un pays Bingu wa Mutharika, président en
Portée à la présidence du
couvert par la exercice.
pays, quelques heures seulement
forêt à plus
après l’annonce la mort du chef de
l’Etat, emporté par un infarctus, elle
de 90%,
a décrété un deuil national de 10
mais où la
jours et signifié son souhait que tous
filière bois
ses compatriotes se tournent vers
l'avenir avec espoir et un esprit
pèse pour
moins de 1% d'unité, réfutant sincèrement aucune place pour la revanche.
du PIB.
Mali, l’accord
politique
unanimement salué
La voie au rétablissement de l’ordre
constitutionnel est ouverte au Mali.
L’accord signé entre la Cedeao et les
hommes du capitaine Sanogo permet de remettre le pouvoir aux civils. Après la démission du
président Amadou Toumani Touré,
le chef de la junte a remis le pouvoir
à Dioncounda Traoré, président de
l'Assemblée nationale malienne.
Réunion quadripartite à Nouakchott
La crise du nord Mali a été à l’ordre
du jour de la réunion des ministres
des affaires étrangères de l’Algérie, du
Mali, de la Mauritanie et du Niger, à
Nouakchott, la semaine dernière. Les
évènements se sont précipités ces derniers temps, avec successivement la
sécession du nord par le Mouvement
national pour l’indépendance de
l’Azawad (MNLA), le rapt de diplomates algériens, ainsi que le retour à
l’ordre constitutionnel, suivie d’un
conclave du Comité d’Etat Major
opérationnel conjoint (Cemoc), la
rencontre va s’atteler à œuvrer pour
la sécurisation de la zone.
26 avril 2012 Les Afriques
. 59
Arret Oslo 20/04/12 04:56 Page60
ARRÊT SUR IMAGE
Oslo
17 avril 2012. André Behring
Breivik fait le salut de l'extrême
droite à l'entame de son procès.
60 Les Afriques .
26 avril 2012
Arret Oslo 20/04/12 04:56 Page61
26 avril 2012 Les Afriques
. 61
Relations internationales 20/04/12 04:57 Page62
RELATIONS INTERNATIONALES
La Corée du Nord et l’Iran Deux
Etats totalitaires et provocateurs
Eclairage sur 2 pays qui se caractérisent par des
régimes politiques totalitaires, l’ambition de
développer une puissance régionale, et le chantage
à l’arme nucléaire, vis-à-vis de la communauté
internationale.
A
un jour d’intervalle, la Corée du Nord et
l’Iran ont accompli des actes provocateurs sur la scène internationale. En effet,
le président iranien Ahmadinejad a effectué le 12 Avril 2012 une visite de l’île
d’Abou Moussa, qui a été occupée en 1971 par l’Iran,
et qui est revendiquée par les Emirats Arabes Unis. De
même le 13 Avril 2012, la Corée du Nord a effectué,
contrairement aux résolutions de l’ONU, le lancement d’une fusée à trois étages, qui s’est avéré un
échec. Les deux pays se caractérisent par des régimes
politiques totalitaires, l’ambition de développer une
puissance régionale, et le chantage à l’arme nucléaire
vis-à-vis de la communauté internationale.
La Corée avait été occupée par le Japon de 1905 à
1945. En 1948, Kim Il Sung, chef de l’Armée révolutionnaire populaire a fondé la République populaire
démocratique de Corée. En 1950, le Nord communiste agresse le Sud, d’où il s’en suit la Guerre de
Corée qui se termine en 1953 par un armistice, mais
sans conclusion d’un Accord de paix. La Corée est
alors divisée en deux. Le Nord sous un régime dictatorial, et le Sud a adopté un système politique démocratique. En 1997, Kim-Jong-Il accède au
pouvoir à la mort de son père, et concentre tous les
pouvoirs entre ses mains, cultivant un incroyable
culte de la personnalité. Le régime se caractérise par
le Parti unique et le non respect des droits de
l’homme. La Corée du Nord, qui a adhéré à l’ONU
en 1991, procède en 2002 à quelques mesures de libéralisation de l’économie. En 2003, la Corée du
Nord se retire du Traité de non prolifération nucléaire et procède en 2006 à son premier essai nucléaire, puis en 2009 à un second essai nucléaire
souterrain. Une grande partie des ressources du pays
62 Les Afriques .
26 avril 2012
Les deux pays se
caractérisent par
l’ambition de
développer une
puissance
régionale.
étant consacrée à l’armement, l’économie coréenne
est en ruines, et la population a des difficultés à s’alimenter convenablement. En 2011, Kim-Jong-Un accède au pouvoir, et continue la même politique que
son père. Plusieurs négociations concernant la dénucléarisation de la Corée du Nord ont eu lieu avec
les Etats-Unis, mais n’ont pas abouti concrètement à
ce jour. Sur le plan externe, le seul allié de la Corée du
Nord est la Chine, alors qu’elle n’est pas reconnue
par les Etats-Unis, le Japon, et la France.
L’Iran de son côté, après le régime honni du Shah, a
connu en 1979 l’instauration de la République islamique d’Iran. A lieu de jouir d’un régime démocratique, de liberté, et de respect des droits de l’Homme,
le pays a sombré dans un état théocratique qui prône
la prédominance du religieux sur la politique. C’est
ainsi que la Constitution de 1979 a cadré le pouvoir
pour qu’il n’échappe pas aux religieux. Le Guide suprême au lieu d’être élu au suffrage universel direct,
est désigné à vie par l’Assemblée des Experts. Cette
dernière Assemblée est composée de 86 membres religieux élus au suffrage universel direct. Seuls les religieux sont autorisés à postuler, et les candidatures
doivent être approuvées par le Conseil des gardiens
de la Constitution. Ce dernier est lui-même composé
de 12 membres désignés pour 6 ans : 6 religieux nommés par le Guide suprême, et 6 juristes élus par le Parlement. Ce Conseil des gardiens a pour rôle d’évaluer
la compatibilité de la loi à la Constitution et à l’Islam.
Il contrôle également la validité des candidatures au
Parlement. Enfin, toute loi votée par le Parlement doit
être approuvée par le Conseil des gardiens.
Le Guide suprême dispose de pouvoirs importants : il
détermine la politique générale du pays, décide du referendum, est Chef des armées, nomme le Chef des
Relations internationales 20/04/12 04:57 Page63
Le président iranien
Mahmoud Ahmadinejad
et Pak Ui-Chun,
ministre nord-coréen
des affaires étrangères
Ces deux pays se
démarquent de la
communauté
internationale, et
constituent une
menace régionale.
gardiens de la Constitution, peut destituer le Président
de la République, et dispose du droit de grâce. Certes,
le Président de la République est élu au suffrage universel direct, mais les candidats doivent être approuvés
par le Conseil des gardiens de la Constitution. De plus,
il doit être un homme, musulman, et loyal à la République islamique. Il dispose des pouvoirs de l’exécutif,
sauf ceux attribués au Guide suprême.
Le pouvoir législatif appartient à un Parlement monocaméral appelé «Majliss». Il est composé de 290
membres qui sont élus au suffrage universel direct,
cependant 5 sièges sont réservés à des minorités
confessionnelle. Une dernière institution est le
Conseil de discernement composé de 6 membres du
Conseil des gardiens, les Chefs des pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs, ainsi que 10 autres
membres nommés par le Guide. Ce Conseil a pour
rôle d’arbitrer les litiges entre le Parlement et le
Conseil des gardiens. Il a également le droit d’édicter des solutions pour les cas plus graves.
Malgré ses énormes richesses pétrolières, l’écono-
mie iranienne est en berne. En politique extérieure,
l’Iran veut devenir une puissance régionale, s’appuyant sur les ressources financières procurées par
le pétrole, et le mouvement chiite. Elle s’oppose aux
pays arabes sunnites et en particulier l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe, et tente d’augmenter son
influence au Liban, en Syrie et en Irak. Malgré la ratification en 1970 du Traité de non prolifération nucléaire, l’Iran tente de se doter de l’arme nucléaire.
En conclusion, on ne peut que regretter que ces deux
pays se démarquent de la communauté internationale, et constituent une menace régionale. C’est le
manque de démocratie qui explique la situation où
ils se trouvent actuellement. Certes, il est difficile de
s’immiscer dans la politique intérieure de ces pays,
mais la communauté internationale peut agir par des
sanctions économiques, et par l’encouragement des
forces démocratiques qui existent dans ces pays.
Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI
(Institut Marocain des Relations Internationales)
Mahmoud Ahmadinejad,
président iranien
26 avril 2012 Les Afriques
. 63
Point de vue africain 20/04/12 04:59 Page64
POINT DE VUE AFRICAIN
Paul Biya en guerre contre tous les prétendants à sa succession
A quoi pourrait-on comparer l’opération Épervier ?
Eric Essono Tsimi,
écrivain.
L
e président Biya serait-il en train de se
tirer plusieurs balles dans le pied, en
pleine connaissance de cause ? Il vient
de satisfaire le goût sans cesse croissant
des camerounais pour le sang, en faisant
incarcérer les deux plus hautes personnalités de la
République à avoir jamais connu l’humiliation
d’un déferrement : un ancien premier ministre anglophone et un ancien SGPR (Secrétaire Général
d’Etoudi) nordiste. Aucun groupe ethnique n’aura
finalement été oublié dans ces cadeaux d’au revoir
du président Biya à ceux qui l’ont servi (et visiblement desservi aussi). Mutatis mutandis, Ahidjo a
eu son André-Marie Mbida en prison, Paul Biya a
désormais son Inoni Ephraim, qui bénéficie d’un
sort aussi peu enviable que l’autre.
Un journaliste camerounais très au fait de cette
opération a pu dire, au vu des dernières prises de
l’«épervier», que c’est le signe que le fringant septuagénaire d’Etoudi «mène bien sa barque», tient
heureusement son gouvernail : le capitaine du Titanic, le commandant de la Costa Concordia devaient penser la même chose.
Et si c’est de la politique de la terre brûlée qu’il
s’agissait dans le fond ? Cette tactique de la dernière chance est prisée par les stratèges aux abois.
Paul Biya peut tout risquer parce qu’il a désormais
si peu à perdre. En dynamitant les bases même du
système qu’il a mis sur pied, il laisse ses ennemis
sans cible, il ne laisse pas de traces et commet une
sorte de crime parfait.
Le métier le plus dangereux
au Cameroun
SGPR est-il le métier le plus dangereux du Cameroun ? En tout, au moins trois anciens SGPR sont en
ce moment dans des prisons de Yaoundé (Inoni
Ephraim et Sieyam Siewe étant épargnés par notre
comptabilité). Marafa Hamidou Yaya est, après
Atangana Mebara, et Titus Edzoa, le troisième SGPR
à être entendu et déferé dans la même journée.
L’hebdomadaire Repères, dirigé par Parfait Siki,
un ancien journaliste de l’Action (quotidien de
propagande du RDPC), avait consacré plusieurs
64 Les Afriques .
26 avril 2012
Mutatis mutandis,
Ahidjo a eu son
André-Marie
Mbida en prison,
Paul Biya a
désormais son
Inoni Ephraim, qui
bénéficie d’un
sort aussi peu
enviable que
l’autre.
unes retentissantes à l’ancien Secrétaire Général,
tombé en disgrâce en raison des ambitions probablement avérées qu’on lui supposait d’une part et
du soutien, moins évident, que la France lui aurait
manifesté, dans la perspective de la succession à
Paul Biya d’autre part.
La presse camerounaise, qui avait supputé sur un mécontentement du Prince vis-à-vis de Bolloré (donc en
certaine façon de la France, les relations au sommet
de ces deux pays étant très personnalisées), semble
avoir vu juste. Emmanuel Etoundi Oyono, qui était
reputé s’être fait débarquer du PAD (Port Autonome
de Douala), en raison notamment du mécontentement de Bolloré auquel il avait retiré le dragage du
chenal portuaire, a, après une traversée de Maetur
(Missions d’aménagements et d’équipements des terrains urbains), été tapageusement reconduit le 26
mars dernier.
Comme quoi, sous l’arbitrage du president Biya, l’industriel français (http://www.cameroon-info.net/stories/0,33111,@,vincent-bollore-port-autonome-de-d
ouala-les-dossiers-secrets.html) a perdu la face devant un simple Directeur général d’une République
qu’il doit, entre deux plaisanteries grivoises, qualifier
d’outrageusement bananière. La banane est le fruit le
plus rentable du monde et le Cameroun est fier d’en
être l’un des plus gros exportateurs, Mossieu l’ami
personnel de Nicoulas Sarkouzy !
Avec l’incarcération d’un de ses proches qu’il pressentait et préparait sans doute au poste de president de la République camerounaise, c’est le
pompon! Paul Biya a-t-il déjà anticipé sur la défaite
de Nicolas Sarkozy ?
«Au Cameroun de Paul Biya»
On disait que Marafa Hamidou Yaya n’avait peur
que d’une seule chose : que le Ciel lui tombe sur la
tête. C’est un Peul. Un dur. Qui ne s’en laissera pas
conter par les anciens de Kondengui, s’il venait à ses
prédécesseurs la mauvaise idée de le soumettre aux
brimades souvent réservées aux «hier-hier» (les
bleus de la prison). Mais «chief» Inoni, illustre chef
traditionnel Bakweri est docile : si on lui demande
d’ôter son pantalon, il n’oubliera pas d’enlever ses
Point de vue africain 20/04/12 04:59 Page65
dessous et de demander quel ordre il doit encore
exécuter. Pourquoi donc est-il entrainé dans cette
guerre de succession ? Comme avant lui Yves Michel Fotso, victime bien sûr de sa propre turpitude,
comme eux tous, mais victime surtout de réseaux
occultes et de réseaux de jalousie.
Le président Biya a été accusé par une certaine partie
de l’opinion publique de se servir de la lutte contre la
corruption pour décapiter le G11 (quarteron de personnalités puissantes qui auraient envisagé de s’installer à Etoudi en 2011). S’il a de la suite dans les idées,
comme il en a régulièrement fait la démonstration, il
serait en train de pulvériser le G18, sinon né éventuel.
Il oriente dans le sens voulu l’attention de ses compatriotes, captée par des questions qui devaient le lasser.
Au Cameroun, les conversations étaient en effet nourries ces derniers mois par une actualité fait-diversière
(Affaire Vanessa), par les frasques d’Antoine Ntsimi
(si détesté qu’il doit forcément être quelqu’un de
bien) et par les spéculations à peine voilées sur l’aprèslui-même (code électoral, etc.)
A quoi pourrait-on comparer
l’operation épervier ?
La prison centrale de Kondengui est une espèce de
principauté (Monaco) avec la plus grande concentration au mètre carré de milliardaires, hauts fonctionnaires, administrateurs hors échelle, et écrivains
découverts et revélés par L’Harmattan. S’ils ne peuvent pas déclarer l’indépendance de kondengui, malgré les moyens illimités qui sont les leurs, malgré le
Paul Biya,
président du Cameroun
Ils ont compris
qu’au Cameroun
de Paul Biya «la
chute d’un
homme n’est pas
la fin de sa vie»
(dixit un artiste
musicien
populaire
aujourd’hui en
prison).
pouvoir qui leur est reconnu de provoquer et d’entretenir une guerre civile pendant une dizaine d’années, sans que leur descendance n’en pâtisse
financièrement, s’ils sont si calmes et y vont de si
bon cœur, comme des moutons que l’on mène à
l’abattoir, c’est peut-être qu’ils savent des choses
que le «vulgum pecus» ignore. Ils ont compris
qu’au Cameroun de Paul Biya «la chute d’un
homme n’est pas la fin de sa vie» (dixit un artiste
musicien populaire aujourd’hui en prison).
On pourrait comparer l’opération épervier 1) à
une histoire coloniale et Paul Biya serait le nouveau Sekou Touré, rehaussé de son légendaire
«Non à la France» 2) à un poème de Baudelaire
«l’Albatros» (du nom de l’avion litigieux qui a failli
coûter la vie au président camerounais) réécrit de
façon macabre par des proches du prince 3) à une
religion monothéiste, plus particulièrement l’Islam qui n’a qu’un seul Dieu et pas de saints 4) à
une opération d’enfumage (la terre brûlée) : qui a
intérêt à ce que les pistes soient totalement brouillées ? 5) à une opération de canonisation. N’ayant
pas eu de vrais héros politiques, la justice RDPC
nous en fabrique quelques uns, on a les leaders
qu’on peut : nos saints n’ont jamais intercédé pour
le peuple, nos Nelson Mandela s’appellent Atangana Mebara, nos Wade n’ont pas promu le changement mais les détournerments de fonds publics,
nos Gbagbo n’ont pas contesté le pouvoir suprême, ils ont fait pire, ils l’ont convoité. L’envie
en politique camerounaise est un péché capital !
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DÉCOUVERTE
Dakar–Casablanca Le corridor du
développement dans tous ses états
Au moment où le corridor Dakar-Bamako est en proie à
quelques soubresauts avec la crise malienne née de la
partition de ce pays, l’axe routier Dakar-Casablanca, long de
3000 km connaît un regain d’intérêt certain. En témoigne la
caravane Saga Africa organisée les 5,6 et 7 avril par le Centre
des jeunes dirigeants d’entreprises(CJD International).
L
ong de 3500 km, le corridor DakarNouakchott-Casablanca a plutôt l’ambition de déboucher sur la ville de Tanger
informe d’emblée Son Excellence Taleb
Berrada, ambassadeur du Royaume du
Maroc au Sénégal lors du lancement de la Caravane
Saga Africa.C’était donc parti pour une véritable
odysée, une aventure exceptionnelle vécue par une
quarantaine de jeunes porteurs de projet sénégalais,
rejoints en cours de route par une dizaine de leurs
camarades mauritaniens. Le tronçon Dakar-Casablanca est en réalité un véritable tapis roulant, un
corridor du développement pour paraphraser le diplomate marocain. Axe routier stratégique, il va participer à la mise en place d’une économie régionale
intégrée mettant en exergue l’activité économique du
Sénégal, de la Mauritanie et du Maroc. Selon les spécialistes, les avantages comparatifs de ce corridor entièrement bitumé sont inestimables. Il représente en
effet une alternative sérieuse à la cherté du transport
maritime des containeurs. C’est sans doute, conscient
de ces enjeux, que l’antenne sénégalaise du CJD international, dirigée par Ndèye Marième Fall, a offert
l’opportunité à une cinquantaine de jeunes porteurs
de projet de vivre les mille et une sensations d’un
voyage exceptionnel. La caravane qui s’est ébranlée
de Dakar le 1er avril 2012, a connu ses premières dif-
Le tronçon Dakar-Casablanca est en réalité un véritable
tapis roulant, un corridor du développement pour
paraphraser le diplomate marocain. Axe routier
stratégique, il va participer à l’intégration économique.
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ficultés à Rosso Sénégal. Arrivée à 13 heures sur les
lieux, il a fallu attendre jusqu’à 16 heures 30 pour
faire la traversée du fleuve Sénégal. C’est parce que le
bac «Trarza» observait une pause et était ainsi stationné de l’autre côté de la rive, en territoire mauritanien. Une fois la traversée accomplie, la caravane
débarque à Rosso Mauritanie. Là aussi, les tracasseries n’ont pas manqué. Chaque membre du convoi
doit débourser 50 euros et faire le change en monnaie locale(Ouguiyas).Renseignements pris, il s’agit
de l’argent qui doit attester que le voyageur détient
de l’argent de poche durant son séjour sur le territoire mauritanien. C’est là qu’on se rend compte que
malgré sa proximité avec le Sénégal, la Mauritanie
n’est pas membre de l’UEMOA. Une contrainte supplémentaire pour les membres de la caravane d’autant que la présence d’une guinéenne et de deux
centrafricains dans le convoi va davantage corser les
conditions de traversée de cet Etat, situé à la lisière de
l’Afrique de l’ouest et du Maghreb. Pire encore, les
gendarmes mauritaniens en rajoutent. Le bus venu
de Dakar et qui transportait les passagers du convoi
est interdit de rentrer dans le territoire mauritanien,
conformément à une législation locale sur les transports en commun, en vigueur depuis quelques mois.
Il a fallu moult interventions de l’ambassadeur du Sénégal et surtout du ministre mauritanien du commerce pour que la situation puisse se décanter enfin.
Pas de problèmes sur
la frontière marocaine
Il était temps de poursuivre la route, parce que le
convoi a passé près de cinq heures sur la frontière.
Cap sur Nouakchott. Un trajet qui est avalé sans anicroches. Et puis nous voilà ensuite à la frontière
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entre la Mauritanie et le Maroc. Là aussi pas de difficultés majeures et la ville marocaine de Dakhla
s’offre à la vue du visiteur. Dakhla, Boujdour puis
Laayoune sont traversées. Nous sommes dans la partie sahraouie du royaume chérifien. Tout est nickel
jusque là jusqu’à Marrakech avant que Casablanca
n’accueille enfin des caravaniers exténués, mais tout
heureux d’avoir eu la chance de participer au premier salon des entrepreneurs africains (Hub Africa)
organisé par le CJD International.
L’ère des Business Angels
Pour le Président du CJD International Zakaria
Fahim, l’Afrique est capable de passer du rêve à l’action et le thème de l’auto entrepreneuriat développé
au cours de Hub Africa est plus que jamais d’actualité
au moment où au Maroc et dans la plupart des autres pays africains, 70% du tissu économique est
constitué de très petites entreprises(TPE). Le patron
du CJD International, qui a tiré les enseignements
majeurs du salon de Casablanca, estime aussi que le
vrai financement alternatif est aujourd’hui lié à l’activité des Business Angels. Il s’agit là de particuliers,
des indépendants, des entrepreneurs chevronnés qui
Une vue du groupe
des Jeunes dirigeants
à Casablanca
Le bus venu de
Dakar est interdit
de rentrer dans le
territoire
mauritanien,
conformément à
une législation
locale sur les
transports en
commun, en
vigueur depuis
quelques mois.
peuvent financer n’importe quel projet à condition
que le Business Plan soit convaincant et reflète un
dossier innovant. Pour sa part, la Présidente de l’antenne sénégalaise du CJD Ndèye Marième Fall reconnaît que l’Afrique du nord est un peu en avance sur la
partie subsaharienne du continent, en matière de promotion des Business Angels.C’est un concept à développer au Sénégal plus particulièrement et le CJD
entend s’y atteler. A l’endroit des jeunes porteurs de
projets Sénégalais et Mauritaniens, elle les exhorte à
profiter des opportunités offertes par le CJD, un réseau international de 5 000 membres qui peut leur
être d’un apport inestimable en ce qui concerne l’accès au financement et l’encadrement technique. En
définitive, le DG de Microsoft Maroc, Samir Makhlouf, est resté très optimiste en analysant les perspectives ouvertes par Hub Africa. Avec un riche potentiel
d’un milliard d’individus, l’Afrique est à ce jour le seul
continent qui va connaître des pics de croissance dans
tous les domaines au cours des dix prochaines années,
informe-t-il. C’est sans doute pourquoi le continent
ne doit pas rater la révolution numérique comme elle
a malheureusement raté la révolution industrielle.
Envoyé spécial Mohamed Ndiaye
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Arret Sud Soudan 20/04/12 05:01 Page68
ARRÊT SUR IMAGE
Sud Soudan
10 avril 2012 au camp de refugiés de
Yida (Sud Soudan). Un enfant attend
le retour de sa mère partie chercher
de l’eau.
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Arret Sud Soudan 20/04/12 05:01 Page69
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MEDIA 20/04/12 05:04 Page70
MEDIAS
L’Afrique dans la presse britannique
L’actualité africaine a été riche cette semaine. Il y a eu le coup d’Etat
en Guinée-Bissau, la prestation de serment du nouveau président
intérimaire malien Dioncounda Traoré, l’escalade du conflit entre les
deux Soudans, la prestation de serment de la nouvelle présidente du
Malawi, Mme Joyce Banda, et bien d’autres sujets.
Guinée Bissau, un autre coup d’état
Le Daily Telegraph affirme en titre: «Le président
de la Guinée Bissau arrêté lors d’un coup d’état militaire». Le journal montre également une photo de
Carlos Gomes Junior, le premier ministre sortant
d’un bureau de vote, après avoir voté lors du premier tour, montrait son doigt imbibé d’encre indélébile. Si jeudi il y avait des incertitudes sur le sort
de Gomes Junior, vendredi un porte-parole de l’armée annoncera que le président intérimaire Raimundo Pereira et le premier ministre Gomes
avaient été arrêtés. Le quotidien britannique rapporte les propos des militaires qui affirment que
cette action ne visait pas la prise du pouvoir pour
gouverner le pays, mais qu’ils voulaient arrêter les
velléités de militaires instructeurs angolais qui envisageaient de purger les forces bissau-guinéennes,
au profit de Mr Gomes. Et selon le Financial Times,
les forces angolaises dans le pays avaient pour mission de former l’armée de Guinée Bissau.
Le Guardian montre une photo du domicile de
Carlos Gomes Junior en ruine. Très tôt affirme le
journal, le siège du parti au pouvoir, l’aéroport, la
présidence et le domicile du premier ministre ont
été investis. Et les émissions à la radio et à la télé
ont été interrompues. Le sort des deux autres candidats à l’élection présidentielle avec Gomes Junior
n’est toujours pas connu.
On s’attendait à voir Carlos Gomes Junior remporter le second tour de l’élection présidentielle le
29 avril prochain selon le FT, car il avait déjà remporté le premier tour avec 49 % des voix. Pour le
quotidien financier ce pays africain a une longue
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tradition d’instabilité. En 2009, l’ancien président
Joao Bernardo Vieyra avait été assassiné. La faiblesse
de l’Etat avait aussi encouragé les narco-trafiquants
à s’intéresser à ce pays.
Dioncounda : Objectif assurer
l’unicité du pays
Le nouveau
président a
déclaré :
«j’avertis les
rebelles que les
pillages et les
viols doivent
cesser, et qu’ils
doivent quitter
les villes qu’ils
ont occupé».
Tous les journaux britanniques annoncent la prestation de serment du président intérimaire malien
Dioncounda Traoré. Le Telegraph indique que le
nouveau président, un mathématicien entré en politique parle six langues. Un premier ministre sera
nommé et des élections organisées dans 40 jours. Le
journal rappelle que les mutins avaient justifié leur
coup d’Etat par la mauvaise gestion de la crise touarègue, ce qui a abouti à la conquête du nord du pays
par les groupes touaregs et des militants islamistes,
divisant le pays en deux. Dans son discours inaugural le nouveau président a déclaré : «j’avertis les rebelles que les pillages et les viols doivent cesser, et qu’ils
doivent quitter les villes qu’ils ont occupé». Pour le
Guardian il y a des incertitudes au delà de l’échéance
des 40 jours, car on ne sait pas qui dirigera le pays
après cette échéance? Et le Guardian précise que les
rebelles ont conquis une région vaste comme la
France, en quelques jours seulement.
Malawi: Joyce Banda la deuxième
femme présidente en Afrique
Le nouvelle présidente du Malawi n’a perdu aucun
temps pour prendre ses premières décisions en mettant un terme notamment au mandat du chef de la
police Peter Mukhito. Un limogeage bien accueilli
MEDIA 20/04/12 05:04 Page71
affirme le Guardian qui précise que le renouvellement de l’ancienne garde a commencé. Beaucoup
d’espoir repose sur la nouvelle présidente qui est la
première en Afrique australe à être nommée chef
d’Etat, et la seconde sur le continent. Le journal reprend les propos d’un activiste des droits de
l’homme qui affirme que «Nous étions une nation
apeurée». Il y avait de nombreuses arrestations arbitraires et une oppression soutenue des droits de
l’Homme. Déjà le climat aurait beaucoup changé
dans le pays. Il y a une atmosphère formidable de liberté au Malawi déjà. Les gens peuvent parler en
toute liberté ce qui n’était plus possible.
Le Times de son côté s’intéresse aux prédictions d’un
pasteur évangélique nigérian qui dès février de cette
année avait prédit la mort d’un chef d’état africain
n’appartenant à l’ouest de l’Afrique. Le journal qui
affiche une belle photo de la nouvelle présidente du
Malawite indique que celle-ci est une admiratrice du
pasteur TB Joshua, l’auteur des prédictions.
Soudan : Risque de guerre
Le Telegraph rejette totalement la prise de contrôle
de la ville pétrolière soudanaise de Heglig par l’ar-
Le colonel
Dabana na Walna
de Guinée-Bissau
Beaucoup
d’espoir repose
sur la nouvelle
présidente qui
est la première
en Afrique
australe à être
nommée chef
d’Etat, et la
seconde sur le
continent.
mée sud-soudanaise. En décidant d’envahir cette
région vitale pour le Soudan il y a un risque de
reprendre une nouvelle guerre avec des conséquences qui pourraient aller au-delà des frontières de ces deux pays. Khartoum n’aurait
d’autres choix maintenant que de lancer une
contre-offensive. Le journal rappelle que c’est
l’année dernière que le sud s’est séparé du Soudan après 56 ans de guerre qui a coûte la vie à
près de deux millions de personnes.
Le Times affirme que le nouvel état africain, le SudSoudan est très proche d’une guerre totale avec son
ennemi farouche, le Soudan. Les bombardements
soudanais se sont poursuivis dans la ville de Heglig, après sa prise. Le président soudanais, selon ce
journal, a affirmé que «ces frères du sud ont choisi
le chemin de la guerre». La région envahie par l’armée sud-soudanaise représente la moitié de la production pétrolière du Soudan.
Enfin signalons que plusieurs journaux britanniques, comme le Guardian signalent aussi la
mort du père de la nation algérienne Ahmed Ben
Bella, premier président algérien qui vient de
mourir à 95 ans.
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Archives d’Afrique 20/04/12 05:05 Page72
ARCHIVES D'AFRIQUE
Gabon, 52 ans après….
Photo prise vers 1960
de Jean-Hilaire Aubame, Premier ministre
du gouvernement provisoire du Gabon en 1964,
année où il prit le pouvoir par un coup d'Etat
(le 18 février) avorté par
une intervention militaire française qui réinstalla le président Léon
M'Ba à la tête de l'Etat.
Le Premier ministre français
Georges Pompidou (G) accueille le vice-président gabonais Omar Bongo, le 22
mai 1967 à Paris, lors de sa
visite officielle en France.
Portrait pris vers 1960 de Léon
M'ba, président de la République du
Gabon du 13 février 1961 jusqu'à sa
mort, le 28 novembre 1967.
Le président français Charles de Gaulle (D) s'entretient avec son homologue gabonais Omar Bongo, le 05 janvier 1968 à Paris, lors de sa
première visite officielle en France, depuis son accession à la présidence.
Photo prise le 20 mars 1961 à Marseille du président du Gabon
Léon M'Ba (2eD) en compagnie du maire de la ville, Gaston Defferre (2G), de M Foccart (D), secrétaire général de la Communauté
et du président de la chambre de commerce, M Bethous.
Le vice-président Albert-Bernard Bongo (à G-devenu
Omar Bongo Ondimba) prête
serment aux côtés du président du Gabon Leon M'ba,
réélu le 19 mars 1967, lors de
la cérémonie de prestation de
serment à l'ambassade du
Gabon à Paris, le 12 avril 1967.
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Omar Bongo (C), President gabonais félicite le nouveau président
du Conseil de l'Ordre de l'Etoile Equatoriale et du Mérite Gabonais
Paul-Marie Yembit (D), le 26 septembre 1971 sous le regard Leon Mebiame (G), vice-President du gouvernement.
Le conseiller de l'Elysée
pour les affaires africaines,
Jacques Foccart (G), accueille le président gabonais
Omar Bongo, le 15 novembre 1973 à Paris, dans le
cadre de sa visite officielle
en France.
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25 mai 1990, Omar Bongo
tente de bloquer les caméras pointées envers lui :
c’était lors des graves
émeutes survenues à Libreville et à Port Gentil
après la mort du leader de
l’opposition Joseph Rendjambe.
Avril 1974. Visite officielle au Sénégal.
15 octobre 1974. Omar Bongo, son épouse Josephine Bongo, lors de
leur rencontre avec Mao Tse-Tung et Deng Xiaoping à Pékin.
20 juin 1990. Aux premières
loges lors du fameux discours
de la Baule qui marqua le point
de départ du printemps africain. De gauche à droite, Denis
Sassou Nguesso du Congo,
Omar Bongo du Gabon, Gnassingbé Eyadema du Togo, François Miterrand, Hassan II,
Hassan Gouled (Djibouti),
André Kolingba (Centrafrique).
17 février 1975. A l’hôtel Matignon, avec un certain Jacques Chirac, Premier ministre de la France.
3 avril 2000. lors du Sommet Union Européenne –Afrique tenue au
Caire.
Photo du président français François Mitterrand (D) s'entretenant
avec son homologue gabonais Omar Bongo à bord du train «transgabonais», lors de son voyage officiel au Gabon en janvier 1983.
L’actuel président, Ali Bongo, en compagnie du Roi Pelé qui découvrait sa statue à Libreville le 9 février 2012.
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Pied de lettre 20/04/12 05:06 Page74
PIED DE LETTRE
Quand valider
peut être fatal
Et l’arnaque en ligne perdure
T
rop c’est trop, est-on tenté de dire ! Avec
tous ces mails qui vous bombardent, si
jamais vous n’avez pas la présence d’esprit
de «blinder» votre boîte électronique
pour qu’ils passent directement en spam.
Hélas, face au nombre important de
victimes de l’auteur de tels messages, il est urgent de
remettre les pendules à l‘heure. Internet doit servir au
progrès, à l’essor des populations, pas une machine à
arnaquer d’honnêtes citoyens. De la séduction, à la
fausse maladie, en passant par l’appât du gain, tout y
passe ! De grâce, il ne faut surtout pas répondre à ces
courriers électroniques ! Les appels de la prétendue
Isabelle Chevalier appartenant à la pseudo-Fondation
Bill Gates, suivis de plaintes, ont fini par faire le tour
du web, tant Escrocs.net, et autres Arnaquesbêbêtes.com,
en ont été saturés !
Les messages habilement introduits, par un aguichant
«Bonjour bien aimé», peuvent se poursuivre par «Je
m'excuse pour cette intrusion, je me nomme Burdy
Geraldinnes née le 08 Octobre 1963 originaire de la
France. J'ai dû vous contacter de cette sorte parce que je
souhaite faire une chose très importante. Cela vous
semblera un peu suspect bien vrais que vous ne me
connaissez pas et que je ne vous connais pas. Je souffre
d'un cancer du cerveau qui est en phase terminale, mon
médecin traitant vient de m'informer que mes jours sont
comptés du fait de mon état de santé dégradé, ...» Ne
prenez pas la peine de faire des corrections sur ces e-
74 Les Afriques .
26 avril 2012
Daouda Mbaye,
Secrétaire de Rédaction.
mails bourrés de fautes d’orthographes! Souvent c’est
la preuve de l’arnaque.
Dans les cas de leurre, celui-ci ne manque pas de
toupet. Appréciez la dextérité-encore une fois, je vous
le livre tel quel ! «JEAN MARI CLAUDE : Je suis
d'origine française résident au BENIN et je travaille
dans le domaine pétrolier. Je dispose d'un capital de
5.800.000.00 € qui servira à octroyer des prêts aux
particuliers à court et long terme à un taux de 5%
d'intérêt l'an. Vous pouvez rembourser sur 4 à 10 ans
selon la somme prêtée. C’est à vous de voir pour les
mensualités. Si cela vous intéresse, veuillez me contacter
sur mon numéro téléphonique direct ou par mail».
Les exemples ne manquent pas. Les cas de la déléguée
médicale et directrice de promotion et d'organisation
ACS, KELIZA ELENA, 28 ans et célibataire, qui prétend
être de nationalité canadienne, en quête d’amis sur le
Net, de Miss Beauty Musa de Gambie, de Marie Brigitte
Prouvost, d’Issa Ibrahim, ou de la veuve Tartempion,
dépositaire d’une grosse somme, souvent plusieurs
millions d’euros ou de dollars, à partager sonnent
dangereusement faux ! L’erreur fatale à ne pas
commettre est de fournir ses coordonnées (nom
prénom, numéros de téléphones, fonction, âge,
situation familiale, …). Si jamais, ces racketteurs
n’arrivent pas à vous soutirer quelque 50 euros par
transfert d’argent, votre boîte sera alors piratée. Tous
vos contacts vont recevoir d’invraisemblables mails
pour vous venir en «aide», … Et le tour est joué !
Pied de lettre 20/04/12 05:06 Page75
Pied de lettre 20/04/12 05:06 Page76
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