Couv 3 20/04/12 04:00 Page1 MAROC, LA TENTATION ISLAMISTE DU REPLI SUR SOI N° 199 - 26 avril au 02 mai 2012 Hebdomadaire international GABON DIFFICILE RÉVEIL lesafriques.com DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ABDERRAZZAK SITAIL ÉDITION INTERNATIONALE : Afrique Zone CFA 1700 F CFA • France 3,50 € • France DOM 4 € • Maroc 23 DH • Algérie 170 DA • Tunisie 3,30 DT Mauritanie 1100 MRO • Belgique 3,50 € • Italie 4 € • Canada 5,95 $ CAN • Luxembourg 3,50 € • Suisse CHF 5,9 Le Gabon veut rompre avec l’économie de rente. Une exigence forte qui passe par l’industrialisation et la fin de la culture de la rente. Sommaire 20/04/12 04:10 Page2 2 Les Afriques . 26 avril 2012 Sommaire 20/04/12 04:10 Page3 SOMMAIRE 05 06 08 Jean Luc Konan «Notre total bilan a doublé» Le DG de UBA Sénégal, l’ivoirien Jean Luc Konan, parle de la percée fulgurante de la filiale sénégalaise du groupe UBA et de ses objectifs à l’horizon 2015. Entretien exclusif. 16-19 12 VERBATIM 14 ARRÊT SUR IMAGE Afghanistan : Une explosion lors d’une cérémonie religieuse fauche la vie à 30 personnes 16 20 22 24 27 Finance Islamique : nécessité d’un cadre juridique La 2ème édition du Forum maghrébin de la finance islamique a tenu ses Assises, les 15 et 16 avril dernier à Nouakchott, sous le thème «Le financement islamique et le développement des PME au Maghreb». 20-21 29 30 32 34 38 39 40 41 Coopérative, la solution à la finance ? L’Afrique est paradoxalement peu pourvue en coopératives. Ce sont pourtant ces structures démocratiques qui sont à l’origine de l’industrialisation du vieux continent. Zoom. 22-23 EDITORIAL Les présidentielles françaises et nous BAROMÈTRE Mali, Modibo Diarra, Premier ministre BRUITS DE MARCHÉ La Royal Air Maroc vers un partenariat stratégique 44 BANQUES & ASSURANCES Jean Luc Konan «Notre total bilan a doublé» Finance Islamique : nécessité d’un cadre juridique pour le Maghreb Coopérative, la solution à la finance ? Hassan El Basri «L’économie sociale est dans les gènes de la Banque Populaire» Encore un Américain à la tête de la Banque mondiale BOURSES & FONDS Lancement du Fonds Carbone pour l’Afrique La notation financière, désormais obligatoire pour les émetteurs de titres de créances ENTREPRISES ET MARCHÉS La France et le Cameroun s'associent pour le compagnonnage industriel L’Afrique centrale face à la menace inflationniste Burkina Faso : Tensions sur le marché céréalier Côte d’Ivoire : Augmentation en vue des prix de l’électricité Airtel Rwanda a démarré ses opérations Dontou Hiloukou Derou «La nouvelle ville Lomé II va mobiliser un investissement massif de 2100 milliards f CFA» Togo : Le giron des femmes chefs d’entreprise, Afcet, veut s’affirmer dans la dynamique de croissance inclusive vers l’émergence 46 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE ATT : Fin de règne d’un massaké Tountourou 49 Maroc : La tentation islamiste du repli sur soi Hassan El Basri «L’économie sociale est dans les gènes de la Banque Populaire» Hassan El Basri, DG de la BCP revient, ici, sur le modèle de la Banque – coopérative qui fait du groupe Banque Populaire, un organisme particulier. Interview. 24-26 Encore un Américain à la tête de la Banque mondiale C’est aux dépens de la candidate Africaine, Ngozi Okonjo Iweala, que l’Américain Jim Yong Kim est nommé au poste de président de la Banque mondiale le 16 avril. Le printemps des institutions de Bretton Woods n’a pas encore sonné. 27-28 Uemoa : La notation financière, désormais obligatoire Afin de rendre le marché des capitaux plus transparent et efficient, la nouvelle réglementation fait obligation aux détenteurs de titres de créances de se soumettre à la notation financière. 30-31 26 avril 2012 Les Afriques .3 Sommaire 20/04/12 04:10 Page4 SOMMAIRE La France et le Cameroun pour le partenariat industriel Premier partenaire économique du Cameroun, la France, sérieusement concurrencée ces temps-ci, notamment par la Chine, n’entend pas pour sitôt céder sa place. 32-33 50 Le come-back d’Emmanuel Etoundi au Port de Douala 52 DOSSIER Ali Bongo Difficile réveil 60 ARRÊT SUR IMAGE André Behring Breivik fait le salut de l'extrême droite 62 RELATIONS INTERNATIONALES La Corée du Nord et l’Iran Deux Etats totalitaires et provocateurs 64 POINT DE VUE AFRICAIN Paul Biya en guerre contre tous les prétendants à sa succession A quoi pourrait-on comparer l’opération Épervier ? 66 DÉCOUVERTE Dakar–Casablanca : Le corridor du développement dans tous ses états 68 ARRÊT SUR IMAGE Camp de réfugiés de Yida (Sud Soudan) : Un enfant attend le retour de sa mère partie chercher de l’eau 70 MEDIAS 72 ARCHIVES D’AFRIQUE Gabon, 52 ans après… 74 PIED DE LETTRE Et l’arnaque en ligne perdure Côte d’Ivoire : Inflation rampante de l’électricité Secteur électricité. S’étant engagé auprès du FMI à résorber le déficit quasi-structurel du secteur, le gouvernement ivoirien a pris l’engagement d’augmenter le tarif du kW facturé aux industriels. 39 Grand reporter : Rodrigue Fenelon Massala. Secrétaire de Rédaction : Daouda Mbaye. Siège Social Groupe Les Afriques Edition & Communication S.A. Société anonyme au capital de 2’200’000.- CHF Place Cornavin 14 - 16 - 1201 Genève - Suisse Président administrateur délégué Abderrazzak Sitaïl Filiale Maroc Les Afriques Communication & Edition SARL 219 bis, bd Zerktouni, Casablanca 20330 - Maroc Tél : +212 522 233 477 - Fax : +212 522 233 501 Editeur Edition Financière du Sud (Paris), filiale à 100% de Les Afriques Edition et Communication SA. Directeur de la Publication Abderrazzak Sitaïl Directeur de la Rédaction Adama Wade [email protected] Rédacteur en chef délégué Ismaïla Aidara, Paris, Dakar. Rédacteur en chef Louis Amédée, UEMOA. Rédacteur en chef Achille Mbog Pibasso, CEMAC. Rédacteur en chef Walid Kefi, Maghreb. 4 Les Afriques . 26 avril 2012 Airtel Rwanda a démarré ses opérations Parmi les 5 plus grands opérateurs de téléphonie mobile dans le monde en termes de nombre d’abonnés, Bharti Airtel (+ 246 millions d’abonnés) à la fin du mois de février 2012, se redéploie au Rwanda. 40 Maroc La tentation islamiste du repli sur soi Que cache la décision islamiste de soumettre les médias publics à un régime sévère de l’arabisation ? 49 Directeur Développement et Marketing Libasse Ka [email protected] Rédaction : Walid Kefi, Tunis, Ismaïla Aidara, Paris, Dakar, Louis Amédée, UEMOA, Achille Mbog Pibasso, CEMAC, François Bambou, Yaoundé, Bénédicte Chatel, Paris, Anne Guillaume-Gentil, Paris, Adama Wade, Casablanca, Mohamed Baba Fall, Casablanca, Khalid Berrada, Casablanca, Nadia Rabbaâ, Casablanca, Daouda Mbaye, Casablanca, Olivier Tovor, Lomé, Willy Kamdem, Yaoundé, Amadou Seck, Nouakchott, Mohamedou Ndiaye, Dakar. Conseiller en charge des relations internationales Comité Scientifique : Guy Gweth, Paris. Intelligence économique. Thierry Téné, Lille. Environnement et RSE. François Konan, New York. Politiques économiques. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Commercial, [email protected] [email protected] Responsable Artistique : Mouhcine El Gareh Maquettiste : El Mahfoud Ait Boukroum Edition Internet – en français Adama Wade, Casablanca. Ismaïla Aidara, Dakar. Mohamedou Ndiaye, Dakar Chroniqueurs François Konan, New York. Economie. Philippe Bourgeois, Paris. Matières premières et coton. Balla Moussa Keita Responsable e-Marketing : Khalid Essajidi Responsable Abonnement et Distribution Mouna Elbar [email protected] Diffusion Presstalis, Sochepress, Royal Air Maroc, SN Brussel. Impression Rotimpres, Aiguaviva (Spain). Dépôt légal : novembre 2010 © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur Edition internationale Commission paritaire : 1012 C 89135 Crédit photos AFP, DR Sommaire 20/04/12 04:10 Page5 ÉDITORIAL Adama Wade Directeur de la Rédaction Des alliances stratégiques entre chefs d’Etats africains avec le futur locataire de l’Elysée. Les présidentielles françaises et nous L e cadavre de la Françafrique ne se contente pas seulement de bouger, il trotte, dérange et indispose les acteurs politiques français et africains. Aucun des dix candidats en lice lors du premier tour de la présidentielle française n’a affronté de face ce monstre sacré du gaullisme, enfanté pour «garantir l’indépendance énergétique de la France». Le candidat Nicolas Sarkozy qui annonçait en 2007, prématurément il faut le dire, la mort de ce réseau informel, a fini par se ranger derrière les intérêts supérieurs de la Nation. En 2012, le président sortant qu’il est devenu, s’est employé à éteindre le feu de brousse jamais éteint qu’a été son discours de Dakar. De son côté, le socialiste François Hollande, qui annonçait la rupture au tout début de ses harangues, a modulé sa voix, dépêchant plusieurs émissaires, d’anciens éléphants habitués à la savane africaine, vers des Palais présidentiels qui ont, chacun, son candidat, son cheval et son patrimoine immobilier au bord de la Seine. Quant à Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon, aux antipodes quant à leurs positions politiques, ils n’en défendront pas moins -et on ne leur intentera pas un procès pour cela- les intérêts stratégiques de leur pays face à l’Afrique. Hélas, l’on ne peut pas en dire de même des dirigeants africains dans la défense des intérêts de leurs pays. Souvent candidat au blanchiment démocratique après une prise de pouvoir opérée par putsch militaire ou institutionnel, certains de nos présidents africains consacrent beaucoup de temps, d’énergie et d’argent, à des alliances stratégiques avec le futur locataire de l’Elysée. Procédé dénoncé régulièrement, le financement des campagnes présidentielles françaises par des potentats africains, fait partie des faux tabous des relations franco-africaines. Il s’agit en quelque sorte d’une prise en otage de la démocratie des droits de l’homme par des régimes qui tirent leur légitimité plus de la photo-affiche arrachée sur le perron de l’Elysée, en compagnie de son illustre locataire, que du soutien de leurs peuples. Tous, de Bokassa à Kadhafi, en passant par Mobutu Sese Seko et Sékou Touré, ont obtenu cette sacrée onction, aussi obligatoire ou presque que la cérémonie d’investiture présidentielle. C’est très significatif de remarquer en ce printemps 2012 que des présidents, normalement bien élus, ne résistent pas à la tentation décrite longuement dans le «Pleurer Rire» de l’écrivain congolais Henri Lopés. Il y a quelques mois, l’ivoirien Alassane Ouattara qui s’est plié à la tradition à grand renfort de publicité, a poursuivi sa promenade officielle parisienne par une visite privée. De nombreux signaux montrent que le sénégalais Macky Sall, fraîchement élu, hésite entre la nécessité de tenir sa promesse de consacrer son premier déplacement à la sous région et l’invitation pressante d’un déjeuner à l’Elysée. Cet empressement suspect n’est-il pas le meilleur thermomètre pour attester de la bonne santé de la Françafrique ? Pour le moins, ceux qui continuent d’annoncer la mort du système Foccart devraient être astreints à en produire la preuve. Faute de quoi, qu’ils méditent sentence du juge : pas de meurtre sans cadavre. 26 avril 2012 Les Afriques .5 Barometre 20/04/12 04:23 Page6 BAROMÈTRE Chiffres 130 MILLIONS D'EUROS Annoncée par Nicolas Kenya : Jane Karuku, président de l’AGRA Sarkozy pour le Sénégal. A l’issue d’une procédure de sélection internationale Bilan de la première visite rigoureuse, Jane Karuku a été nommée présidente de du président sénégalais l’Alliance pour une révolution verte en Afrique Macky Sall à l’étranger. (AGRA), organisation fondée par Koffi Annan. Titulaire d’un MBA de l’Université de Californie, Mme Karuku était auparavant directrice générale adjointe de Telkom Kenya, filiale de France Télécom Orange. 380 MILLIARDS L’aide totale accordée à la Grèce. L’Afrique aura reçu à peu prés le même montant… mais en cinquante ans. Mali, Modibo Diarra, premier ministre L'astrophysicien malien Cheick Modibo Diarra, 60 ans, a été nommé mardi Premier ministre de transition du Mali. Né en 1952 dans la région de Ségou (centre, au nord-est de Bamako), Cheick Modibo Diarra, un ancien de la NASA, et s'était lancé en politique en mars 2011 en créant le Rassemblement pour le développement du Mali (RpDM), dans la perspective de l'élection présidentielle d'avril 2012. Président de Microsoft Afrique, il a également été le 1er président de l'Université virtuelle africaine. Guinée Bissau : Kumba Yala sème le doute Ce n’est qu’après une longue période d’observations que Kumba Yala, arrivé deuxième lors du premier tour des élections présidentielles de Guinée Bissau, a condamné le coup d’Etat militaire survenu dans son pays, le 12 avril 2012. Auparavant, le chef du Pari de la Rénovation Sociale (PRS) avait pris langue avec les putschistes pour des négociations suspendues avec l’arrivée de la première délégation de la Cedeao. 60 MILLIARDS DE DOLLARS Afrique du Sud : Pravin Gordhan face à la conjoncture Accordés au FMI au Japon dans le cadre du soutien à la zone euro. Celle-ci accepte la dilution. Pravin Gordhan, ministre des finances continue de critiquer l’attitude des 3 principales agences de notation (Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch) qui ont dégradé la perspective attachée à la note de son pays. Confronté à un taux de chômage de 23% et à la corruption, l’argentier sud-africain tarde à envoyer le signal positif attendu par les marchés. Pravin Gordhan a du mal à faire oublier son prédécesseur. 500 MILLIARDS DE DOLLARS Ce que le G-20 pourrait apporter tout au plus au FMI. Sénégal : Macky Sall prône l’austérité Confronté à une panne sèche en devises, le nouveau président du Sénégal a invité ses ministres et collaborateurs à voyager en 2ème classe. Dans la foulée, il a ordonné la vente du 1er avion présidentiel, à l’état d’abandon depuis octobre 2007. Aussi, il a restreint son gouvernement, et va diligenter des audits. 6 Les Afriques . 26 avril 2012 100 MILLIARDS Le coût du programme de Jean Luc Mélenchon, candidat communiste aux présidentielles françaises… Espagne : Safari de Juan Carlos L’Espagne en crise voit son roi, Juan Carlos, se fracturer une hanche en pratiquant une partie de chasse au Botswana. Un hobby facturé entre 7 000 et 30 000 euros que les médias espagnols opposent à l’un de ses discours en décembre dernier, appelant les responsables gouvernementaux à faire preuve d’exemplarité. Barometre 20/04/12 04:25 Page7 T N E M E N ABON Tarif de base Tarif abonné fondateur 160 € 135 € 210 € 130 € 115 € 185 € 50 € (papier et web) Afrique Europe Autres pays WEB uniquement √ OUI, je souscris dès aujourd’hui un abonnement (papier et web) au tarif suivant : Afrique 130 € Autres pays 185 € Europe 115 € WEB uniquement 50 € J’INDIQUE MES CORDONNÉES JE JOINS MON RÈGLEMENT PAR Nom ......................................................................................................... Prénom ..................................................................................................... Société ou institution .................................................................................. Fonction .................................................................................................... Adresse .................................................................................................... Boite postale ............................................................................................. Code postal .............................................................................................. Ville .......................................................................................................... Pays .......................................................................................................... Tél. ........................................................................................................... E-mail ........................................................................................................ Je règle la somme de ........................ € Abonnement par virement bancaire, renvoyer le coupon par mail Groupe Les Afriques Edition & Communication S.A. Place Cornavin 14 - 16 - 1201 Genève - Suisse à l’adresse suivante : [email protected] Abonnement par carte bancaire «Paiement paypal» (voir sur notre site web : http://www.lesafriques.com) Pour les abonnements multiples, contacter [email protected] Je souhaite recevoir une facture acquittée Date et signature Tél : +212 522 233 477 Fax : +212 522 233 501 [email protected] Barometre 20/04/12 04:25 Page8 BRUITS DE MARCHÉ «Acheter la rumeur, vendre l’information» Mali : le président de la Chambre de commerce contesté Des manifestants rassemblés devant la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) ont estimé que le Bureau présidé par Jeamille Bittar s’est rendu coupable de mauvaise gestion. Cette contestation, organisée par la Fédération des Commerçants et Prestataires de Services (FCPS), pointe du doigt un personnage qui se voit reproché sa proximité avec l’ancien chef d’Etat, Amadou Toumani Touré. Un audit est réclamé par les manifestants qui reprochent à Bittar d’avoir prolongé un mandat arrivé à terme en octobre 2010. Mali : des proches du président ATT arrêtés Modibo Sidibé, ex-Premier ministre et candidat à l’élection présidentielle, le Général Sadio Gassama ex-ministre de la Défense, le Général Hamidou Sissoko chef d’état-major particulier d’ATT et le Général Mahamadou Djagouraga ancien directeur général de la police ont été arrêtes, dans la nuit du 16 au 17 avril derniers à leur domicile, par des hommes armés portant des cagoules. Avant d’être conduits, sous bonne escorte, au camp militaire de Kati. Ces arrestations ont été dénoncées par la communauté internationale. Tchad : sale temps pour les cols blancs Citi envisage d'inclure l'Afrique du Sud dans son indice mondial d'obligations d'État Citi a annoncé que l'indice obligataire du gouvernement d'Afrique du Sud était désormais admissible à la composition de son indice mondial obligataire WGBI. Son profil d'avril 2012 satisfait aux trois exigences du WGBI : taille, crédit et absence de restrictions d'accès. Si l'Afrique du Sud répond toujours à tous les critères du WGBI lors des profils de mai et de juin 2012, elle deviendra le premier marché obligataire d'État africain à entrer dans la composition de l'indice WGBI qui, en octobre 2012, englobera 23 marchés souverains. «C'est une étape importante pour le WGBI qui continue de diversifier sa couverture», a déclaré Ernest Battifarano, responsable mondial du développement et de la production d'indices. «Les investisseurs qui n'étaient pas jusqu'ici intéressés par l'Afrique du Sud peuvent exploiter ce marché prometteur en pleine expansion». Le profil d'avril 2012 englobe 11 obligations d'État sud-africaines représentant une valeur marchande de 88,34 milliards USD, qui devraient entrer pour 0,44 % dans l'indice. Un tunisien promu à la Banque mondiale Le Tunisien Ferid Belhaj vient d’être nommé directeur du bureau régional Moyen-Orient & Afrique du Nord de la Banque Mondiale. Il aura la responsabilité des pays suivants: Irak, Iran, Jordanie, Liban, Syrie. M. Belhaj a rejoint la Banque en 1996 en tant que conseiller dans le département juridique. Il a depuis occupé divers postes, y celui compris celui Country Manager (directeur pays) au Maroc et de représentant spécial de l’Organisation des Nations Unies, sa plus récente affectation étant Country Manager au Timor-est, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et les îles du Pacifique en Asie de l’Est et du Pacifique. 8 Les Afriques . 26 avril 2012 Le secrétaire général de la présidence du Tchad, Mahamat Saleh Annadif, a été arrêté la semaine dernière pour «complicité de détournement de fonds publics», a confié une source du ministère de la Justice sous couvert de l'anonymat. Deux autres personnalités du monde économique ont également été inculpées mais pas écrouées, selon la source au ministère de la Justice: le directeur général adjoint de la banque Société Générale Tchad (SGT), Moussa Dana Atim, et le directeur général adjoint de la Banque Commerciale du Chari (BCC), Daoud Hamid. Début février, le directeur général des grands travaux présidentiels, Mahamat Zene Bada, avait pour sa part été accusé d'avoir détourné plus d'un milliard de f CFA (1,5 million d'euros), et avait été écroué. Maire de N'Djamena de 2007 à 2010, Zene Bada avait été écroué en janvier 2010 pour des détournements de fonds dans le cadre de sa gestion de la capitale tchadienne. Il avait ensuite bénéficié d'un régime de semi-liberté avant d'être nommé directeur général des grands travaux présidentiels en septembre 2011. Un miraculé à la tête des finances du Congo Le ministre des finances du gouvernement sortant, Augustin Matata Ponyo, a été nommé mercredi 18 avril 2012, nouveau Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC). Après les élections législatives de novembre 2011 et l'entrée en fonction le 12 avril dernier de la nouvelle Assemblée nationale, la RDC hérite d’un ministre miraculé. Cet homme de 47 ans a survécu au crash d’avion survenu en début d’année et qui avait coûté la vie Conseiller spécial de Kabila, Katumba Mwanke. Barometre 20/04/12 04:25 Page9 La Royal Air Maroc vers un partenariat stratégique L’information publiée par l’agence Reuters la semaine dernière laisse entendre que la compagnie aérienne marocaine a besoin de s’allier avec une plus grande compagnie pour faire face à la concurrence des low- cost. Durant les premiers mois de l’exercice 2012, la compagnie a enregistré une nette amélioration de ses résultats. APF: EDF Energies Nouvelles décroche le parc éolien de Taza et s'installe au Maroc Un consortium mené par le Français EDF Energies Nouvelles, en partenariat avec le groupe japonais Mitsui & Co., a été retenu par l'Office National d'Electricité (ONE) pour la réalisation du projet éolien de Taza, a indiqué lundi le groupe français. D'une puissance de 150 MW, le projet éolien de Taza sera équipé de 50 turbines du groupe français Alstom, d'une puissance unitaire de 3 MW, précise EDF EN dans un communiqué, assurant que «EDF Energies Nouvelles, Mitsui et Alstom alloueront au moins 30 pc des travaux de construction à des entreprises sous-traitantes marocaines». Lancé par l'ONE en mai 2011 dans le cadre d'un partenariat public-privé, le projet de Taza sera suivi en 2012 par un processus d'appel d'offres complémentaire portant sur 850 MW dont la procédure de pré-qualification est en cours, rappelle EDF EN. Année exceptionnelle chez Ecobank Mali Le Sénégal sollicite le FMI L’année 2011 a été exceptionnelle pour Ecobank Mali. L’institution confirme son assise financière dans le paysage bancaire local avec un total bilan dépassant pour la première fois le seuil des 300 milliards. Le résultat avant impôt s’est établi à 9,7 milliards contre 6,8 milliards en 2010. Quant au résultat net, il a atteint 7,9 milliards, à comparer avec 5,2 milliards une année plutôt. L’année 2012 s’annonce difficile dans un contexte politique et économique fragile pour l’ensemble du secteur bancaire malien. La visite du président Macky Sall en France avait aussi pour but de solliciter le soutien de la France dans des négociations difficiles avec le FMI. La France, qui a débloqué 130 millions d’euros pour ce pays de l’Afrique de l’Ouest, mettra Macky Sall, Pt du Sénégal en branle son ministre des finances ainsi que le ministre d’Etat Henri de Raincourt pour obtenir le déblocage des fonds. L’institution monétaire internationale, qui avait échoué à reconvertir l’ancien président sénégalais à l’orthodoxie financière, y parviendra-t-il avec le nouveau ? La Mauritanie va émettre des sukuks Maroc: très forte hausse de la facture énergétique au début de l'année La facture énergétique du Maroc s'est élevée à plus de 15,46 milliards de dirhams (1,4 milliard d'euros) au cours des deux premiers mois de 2012, soit une hausse de 23,2% par rapport à la même période de l'an dernier, indique mercredi le ministère de l'énergie. Selon ce département, la facture énergétique dominée par le pétrole brut et le gasoil-fuel, constituait 25,6% du total des importations à fin février. La flambée mondiale des prix pétroliers préoccupe fortement le gouvernement marocain. Après la Gambie et le Soudan, la Mauritanie sera-t-il le troisième pays d’Afrique subsaharienne à émettre des obligations islamiques ? C’est ce qu’on pourrait supposer suite à la convention signée entre le gouvernement mauritanien et la Société islamique pour le développement du secteur privé (Sidsp), filiale de la Banque islamique du développement (BID). Sidi Ould Tah, ministre des Affaires Economiques, tire déjà les bénéfices de l’option finance islamique, qui permet à la Mauritanie, dit-il, de «bénéficier des financements islamiques et de mobiliser l’épargne locale qui rejette le système (usurier) actuel». La Mauritanie pourra lever jusqu’ à 300 millions dollars à travers cette convention. 26 avril 2012 Les Afriques .9 Barometre 20/04/12 04:25 Page10 BRUITS DE MARCHÉ «Acheter la rumeur, vendre l’information» Gabon, le premier ministre s’interroge sur les intentions de Veolia Union Africaine : Jean Ping perd le soutien du Tchad Deux mois après ses prises de fonction, le premier ministre gabonais Raymond Ndong Sima a saisi l’assemblée nationale pour des éclaircissements du contrat de concession d’eau et d’électricité liant le Gabon à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), filiale de Veolia. La convention signée en 1997 pour 20 ans fait l’objet de fréquentes contestations de l’une ou l’autre partie. Pour le Gabon, la SEEG ne respecte pas le cahier de charges. Pour la SEEG, le Gabon n’a pas respecté ses engagements d’investissements. Une affaire qui sent la cour internationale d’arbitrage. Les protestations officielles du ministre gabonais des affaires étrangères, de la coopération internationale, de la francophonie, chargé du NEPAD et de l’Intégration régionale n’y changeront rien. Le tchadien Idriss Déby Itno a décidé d’apporter son soutien à la candidature de l’Afrique du Sud à l’élection du président de la Commission de l’Union Africaine. Une position tactique mais aux antipodes de la belle entente reflétée par le communiqué final de la XVe session ordinaire de la Conférence des Cheds d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (Ceeac), tenue à Ndjamena le 15 janvier 2012. Cette instance avait alors apporté son soutien au renouvellement du mandat de Jean Ping. Président en exercice de la Ceeac, Idriss Déby opère un revirement énigmatique. Moustapha Abdeljalil en deal avec les pro-Kadhafi Après avoir renoncé à faire extrader l’ancien chef des renseignements libyens, détenu actuellement à Nouakchott, Moustafa Abdeljalil président CNT libyen semble avoir mis de l’eau dans son thé en ce qui concerne les membres de la famille de Mouammar Kadhafi, exilés en Algérie. Le président du CNT dit être parvenu à un accord avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika pour renoncer à faire extrader l’épouse de l’ex-Guide libyen, sa fille et deux de ses fils. En retour, ces derniers doivent s’abstenir de toute déclaration politique. Fin de suspens pour l’affaire Bacim Bank en Mauritanie C’est dans un véritable panier à crabes qu’avait atterri à son insu le fonds ECP en investissant 15,9 millions de dollars en 2008 pour l’acquisition de 85% du capital de la Bacim Bank en Mauritanie. Les actionnaires de l’institution contestent la décision de vente décidée alors par la Banque Centrale de Mauritanie qui avait placé l’établissement sous redressement judiciaire. L’institution d’émission ignorait apparemment que quelques mois avant la conclusion de cet accord avec ECP, les actionnaires avaient cédé 20% du capital à l’homme d’affaires sénégalais Moustapha Niasse, candidat aux dernières présidentielles sénégalaises. La transaction n’était pas portée dans les registres officiels de la Banque Centrale. Maintenant qu’un arrangement a été trouvé, devant permettre à ECP de prendre effectivement contrôle de la BACIM appelé à évoluer sous pavillon Orabank, rien n’indique que Moustapha Niasse obtiendra gain de cause. 10 Les Afriques . 26 avril 2012 Algérie : des armateurs veulent être payés en devises Depuis le 15 avril plusieurs armateurs internationaux exigeraient de se faire payer en devises, une attitude qui a le don d’irriter les officiels algériens. Ces armateurs que sont la CMA CGM, MSC, Arkas, Mediterranean Shippin sont dans l’impossibilité de transférer hors de l’Algérie quelque 500 millions de dollars encaissés sous forme de fret. Depuis 2010, la douane algérienne exige des armateurs de ne transférer que des encaissements réglés moins de 90 jours après l’escale du navire, un délai difficile à respecter compte tenu de la lourdeur des formalités. ECP cible l’Afrique de l’Est La firme de private equity va consacrer 613 millions de dollars dans un fonds Afrique de l’Est d’ici 18 à 24 mois, déclare Alex Handra Aime, directeur ECP basé à Dakar. Cet intérêt pour l’Afrique de l’Est va se traduire par une ouverture d’une représentation ECP au Kenya à partir de cette année. Les premiers deals concerneront des prises de participations dans des entreprises opérant dans le secteur de la consommation. Barometre 20/04/12 04:25 Page11 Actis va consacrer 300 millions de dollars à l’Afrique Maroc : le groupe BPCE dans le capital du Groupe Banque Populaire Le fonds de private equity investira 300 millions de dollars en Afrique, selon les déclarations de l’un de ses dirigeants, John van Wyk. «L’Afrique est le secret le mieux gardé en raison de ses retours sur investissements élevés», a déclaré le gérant de ce fonds qui cible en particulier l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Nigéria. Pour rappel, Actis dispose d’un portefeuille d’actifs sous gestion évalué à 1,5 milliard de dollars. Les instances de gouvernance de la Banque Centrale Populaire (BCP) et du Groupe BPCE ont approuvé la prise de participation de BPCE Maroc, filiale de BPCE International et Outre-mer, au capital de la BCP à hauteur de 5%. Cette prise de participation s'effectuera via une augmentation de capital réservée au Groupe BPCE, sur la base d'une valorisation de 201 MAD par action, correspondant aux deux dernières opérations réalisées sur le capital de la Banque Centrale Populaire.A la suite de cette prise de participation, un siège au sein du Conseil d'administration de la BCP sera attribué au Groupe BPCE. Les deux groupes visent à développer à travers ce partenariat stratégique, des synergies industrielles et commerciales au bénéfice de leurs réseaux bancaires respectifs. Standard Chartered investit dans Binladin Group La branche Private Equity de la Standard Chartered est en train de mobiliser 100 millions de dollars pour un fonds dédié à la région du Golfe arabo-persique. Après avoir pris une participation minoritaire dans le groupe saoudien Binladin Group pour 75 millions de dollars, la banque a apporté la derniére pierre à un investissement de 75 millions de dollars dans le groupe Jawad Groupe du Bahrein. Taimor Labib, directeur de la branche private equity de la Standard Chartered pour la zone MENA précise que son groupe s’intéresse aux secteurs de l’industrie, de la distribution et de la santé. Mali, arrestation de Soumaila Cissé Soumaïla Cissé, ancien commissaire de l’Uemoa, a été arrêté en milieu de la semaine dernière et conduit sous bonne escorte au camp militaire de Kati - Candidat de l’URD (l’Union pour la République et la Démocratie) à l’élection présidentielle, Soumaïla Cissé a été interpellé par des hommes armés, portant des cagoules. Avant d’être conduit, sous bonne escorte, au quartier général de la junte militaire : le camp militaire de Kati. Les meilleurs banquiers africains seront distingués à Arusha La BAD confirme son engagement en faveur du Maroc Les organisateurs de la cérémonie de remise de distinctions aux meilleurs banquiers africains (Africains Banker Awards, groupe IC publications) ont annoncé que l'édition 2012 aura lieu, pour la première fois, en Afrique. Les Trophées African Banker, l'un des événements les plus prestigieux pour la communauté bancaire et financière en Afrique coïncidaient, dans le passé, avec les rencontres annuelles de la Banque mondiale et du FMI, mais cette année, le Comité a décidé de 'se rendre en Afrique' et d'organiser la cérémonie en fin mai à Arusha, en Tanzanie, sous le patronage de la Banque africaine de développement (BAD), lors des réunions annuelles de la BAD. Le groupe Banque africaine de développement (BAD) a dévoilé, le 13 avril dernier à Rabat, sa stratégie au Maroc pour la période 2012-2016. La mise en œuvre du document de stratégie nécessite une enveloppe financière de près de 30 milliards de DH, soit 10 milliards de DH pour 2012 et 5 milliards de DH pour chacune des quatre années suivantes, a précisé la représentante résidente de la BAD au Maroc, Amani Abou-Zeid. 26 avril 2012 Les Afriques . 11 Verbatim 20/04/12 04:29 Page12 VERBATIM Marchande «Je suis un chef d'Etat, non une marchande de légumes (…) Toutes les entreprises présentes ici, même lorsque l'actionnariat est étranger, sont des entreprises argentines» Cristina Kirchner, sur l’expropriation de 51% de la filiale locale de Repsol. Défaut «Je ne veux pas être un président par défaut. Notre pays n'attend pas le départ d'un président mais l'arrivée d'un nouveau» François Hollande. Bientôt Chinois «Depuis quand les Français s’intéressent-ils au championnat chinois ? C’est marrant de voir à quel point ma vie les passionne. Ils me surprendront toujours. Même en Chine ils n’arrivent pas à m’oublier !» Nicolas Anelka, entraîneur et footballeur. Culpabilité «Je reconnais les faits mais je ne reconnais pas ma culpabilité (au sens pénal du terme, ndlr). J'invoque la légitime défense» Anders Behring Breivik, extrémiste de droite qui reconnaît avoir tué 77 personnes l’été dernier en Norvège. Peur «M. Ouattara (NDLR, Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire) a une peur bleue de la démocratie. Les libertés publiques sont bafouées et les journaux sont menacés de fermeture». Toussaint Alain, ancien porte-parole du clan Laurent Gbagbo en France. «N’ayez pas peur. Je retournerai bientôt à Madagascar. Ils ne peuvent pas s’y opposer. Il est temps d’appliquer toutes les dispositions de la Feuille de route dont celles relatives au retour sans condition des exilés politiques» Marc Ravalomanana, en exil en Afrique du Sud. Arabiser «Kadhafi n’a jamais réussi à contrôler le Sud du pays. Il y avait installé des mines antipersonnels pour obliger les Toubous à migrer vers le nord. Son objectif était de les arabiser» Jomode Elie Getty Doby, militant toubou et membre fondateur du Conseil national de transition libyen. Traité «Le traité de Maastricht était fondamentalement vicié, ce qui démontre la faillibilité des autorités. Sa principale faiblesse était bien connue de ses architectes» George Soros, milliardaire américain, spécialiste des Hedge Funds. Conflit Choix «Vous savez, ce choix n'est pas vraiment basé sur le mérite. (…). C'est un vote en fonction de poids politique » La nigériane Okonjo-Iweala, candidate malheureuse au poste de présidente de la Banque Mondiale. 12 Les Afriques . 26 avril 2012 «Si ce conflit n'avait pas été éteint, c'est peut-être toute la sous-région qui recevrait les contrecoups de cet événement-là. Il faut adresser des compliments à la Cédéao et l'encourager à continuer de jouer ce rôle de veille pour éviter les coups d'Etat...» Moustapha Niasse, homme politique sénégalais. Verbatim 20/04/12 04:29 Page13 EMPLOI Un budget axé sur l’emploi des jeunes en Afrique du Sud Pour son budget 2012, l’Afrique du Sud, première puissance économique du continent, place parmi ses priorités, la création d’emplois, singulièrement pour les jeunes. E n Afrique du Sud, il ressort des statistiques officielles que plus de 4 jeunes sur 10 sont sans emploi et 25% de la population active est au chômage. L’annonce récente de Pravin Gordhan, ministre sud-africain des finances, a reçu un écho favorable auprès des populations. En effet, l’accueil réservé à ce budget a été fort favorable, aussi bien au niveau des partis politiques (au pouvoir et dans l’opposition), que des partenaires du gouvernement. Le train de mesures, présentées par l’argentier du pays, qui met l’accent sur la création d’emplois, en particulier en direction des plus jeunes, a fini par séduire le plus grand nombre. L’unanimité a donc été faite autour de ce qui a été considéré comme la priorité des priorités, à savoir l’emploi des jeunes. Dans les 3 prochaines années, des milliards de rands vont être investis, dans la cadre d’un vaste programme de développement d’infrastructures, pour aider les jeunes à s’insérer dans la vie active. Pravin Gordhan rappelait justement que : «Le président l’a dit très clairement, la création d’emplois est notre priorité numéro un. Ce budget souligne ce que le gouvernement et les finances Un vivier d’emplois énorme Dans les 3 prochaines années, des milliards de rands vont être investis pour aider les jeunes à s’insérer dans la vie active. peuvent faire pour aider à la création d’emplois». Aussi, il a surenchéri que donner à chaque sud-africain la dignité d’un emploi, la sécurité d’un revenu, la perspective d’une formation, le soutien pour se lancer dans de nouvelles affaires, la confiance pour devenir un entrepreneur, et la passion et l’optimisme pour briser les chaînes du chômage, c’est le plus bel héritage que cette génération pourra laisser aux suivantes. M.C 26 avril 2012 Les Afriques . 13 Arret Kabul 20/04/12 04:31 Page14 ARRÊT SUR IMAGE Kabul 6 décembre 2011 au centre Kabul. Une explosion lors d’une cérémonie religieuse fauche la vie à 30 personnes. La photo de Massoud Hossaini (AFP) a reçu le prix Pulitzer2012. 14 Les Afriques . 26 avril 2012 Arret Kabul 20/04/12 04:31 Page15 26 avril 2012 Les Afriques . 15 Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page16 BANQUES & ASSURANCES Jean Luc Konan, Directeur Général de UBA Sénégal 16 Les Afriques . 26 avril 2012 Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page17 Jean Luc Konan «Notre total bilan a doublé» Le Directeur général de UBA Sénégal, l’ivoirien Jean Luc Konan, parle de la percée fulgurante de la filiale sénégalaise du groupe UBA et de ses objectifs de faire partie du trio de tête à l’horizon 2015. Entretien exclusif. L es Afriques : Comment qualifieriez-vous l’évolution d’UBA Sénégal depuis sa création et depuis votre arrivée en Juillet 2010 ? Jean Luc Konan : Elle a été assez rapide, en terme de total bilan, nous devons nous situer aujourd’hui au 8e rang sur 19 banques en activité au Sénégal. Nous pouvons répartir l’évolution de notre banque en 3 phases distinctes : • Phase1 : elle a été menée par mon prédécesseur, Abdoul Aziz DIA, et consistait à bâtir une équipe de lancement, à mettre en place les différentes procédures opérationnelles et à faire connaître UBA sur le marché sénégalais. • Phase 2 : Elle a consisté à mettre la Banque sur une base de profitabilité durable avant la fin de l’année 2010. Elle a été réalisée via le «projet 120» qui avait pour but de transformer la Banque en une Institution profitable en 120 jours. C’est d’ailleurs cette stratégie qui nous a permis de «passer au vert» dès Novembre 2010 et d’accroître régulièrement notre niveau de profitabilité. • Phase 3 : Pour sa part, elle consiste à faire de UBA Sénégal l’une des 3 premières banques du pays dans un délai de 5 années à compter de sa création. Nous y travaillons ardemment ! LA : Quel est l’état du portefeuille de votre banque et l’évolution de ses activités ? J.L.K. : Notre portefeuille est extrêmement saint puisque notre niveau de créances douteuses est inférieur à 0,5%. Au niveau des activités, notre résultat net est passé de – 1.9 milliards de f CFA à +1.5 milliards de f CFA entre 2010 et 2011, soit une croissance de 174%. Nous sommes en bonne voie pour doubler ce résultat en 2012. Notre total bilan est passé de 53 milliards de f CFA en Mars 2011 à plus de 103 milliards de f CFA au 31 mars 2012. LA : Comment expliquez-vous ces performances ? J.L.K. : Elles reposent à 100% sur un effectif de grande qualité, avec qui j’ai instauré une approche participative afin d’en extraire le maximum de valeur. Le Département Stratégie & Exécution coordonne le suivi de toutes les décisions prises en comité de Direction et tient un chronogramme millimétré des tâches à exécuter. Le Département Grandes entreprises assure 30% des revenus de la Banque. James Bittaye, détaché de UBA Africa, assure la coordination des activités Grandes Entreprises, Trésorerie et Réseau. Madieyna Kama, récemment promu Directeur Grandes Entre- Nous devons nous situer aujourd’hui au 8e rang sur 19 banques en activité au Sénégal. prises, gère les relations avec le Grands comptes notamment dans le secteur de l’énergie. La Trésorerie, qui est l’un des moteurs de notre développement, génère à elle seule 40% des revenus de la Banque. Le Département Banque Commerciale et Banque de détail a été remanié en profondeur par Oumy BAR qui a réalisé l’exploit de rendre l’ensemble de notre réseau profitable en moins d’une année. Ce département génère 25% des revenus de notre Institution. Tout en mettant en place un dispositif commercial très agressif, il nous a fallu nous appuyer sur une équipe expérimentée dont le rôle était de contrôler les excès liés à notre hyper croissance ; nous les appelons «gardiens du temple » en raison de leur extrême prudence quant à l’approbation de nos dossiers de crédit. Alioune Guèye, le Directeur des opérations et de la technologie, appuyé par son inaltérable numéro 2 Serigne DIA ont la lourde tâche d’assurer la gestion du back-office. Amadou Boudia Guèye, notre Secrétaire général et Directeur juridique qui n’a pas d’égal en matière de résolution de conflits. LA : En vous implantant au Sénégal, vous avez opté pour un green field contrairement à votre implantation au Burkina Faso où vous avez racheté la BIB et au Bénin où vous avez racheté la Continental 26 avril 2012 Les Afriques . 17 Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page18 BANQUES & ASSURANCES «UBA Sénégal compte figurer parmi les 3 premières banques du pays, en 2015» significative avez-vous enregistrée ? J.L.K. : En 2011 nous avons augmenté cette facilité en la portant à 240 millions d’Euros avec l’entrée du Fonds de Soutien à l’Energie (FSE). Nous avons également co-arrangé et financé une facilité totale de 40 milliards de f CFA destinée à la dette Senelec. LA : A combien s’élève la contribution financière d’UBA Sénégal dans le financement de l’économie du pays ces trois dernières années ? J.L.K. : Outre une contribution directe de UBA Sénégal à hauteur de plus de 15 milliards de f CFA en faveur des PME et des particuliers, notre Groupe a mis en place des lignes de près de 170 milliards de f CFA à disposition des grandes entreprises. Nous avons également investi plus de 80 milliards de f CFA en bons et obligations émises par le Trésor Public sénégalais, soit une contribution totale au financement de l’économie sénégalaise de plus de 250 milliards de f CFA. Bank of Benin, pourquoi ? J.L.K. : Il n’est jamais aisé de trouver le bon équilibre entre green field et brown field. Dans le premier cas l’investissement de départ est moins élevé, mais les coûts de développement sont plus longs et plus onéreux. Dans le second cas, c’est le contraire. LA : Selon vous, les risques n’étaient-ils pas plus importants en procédant à une croissance organique sur un marché aussi compétitif que le Sénégal ? J.L.K. : Le Sénégal est certes à mon avis le marché le plus compétitif de la sous-région en matière bancaire, 18 Les Afriques . 26 avril 2012 cependant une croissance externe suppose de trouver des opportunités d’acquisition intéressantes. En nous implantant au Sénégal, nous avons opté pour une croissance organique, en nous assurant de recruter les meilleurs profils afin de gagner rapidement des parts de marché. Si je me fie aux résultats obtenus après bientôt 3 ans d’activité, ce fût une stratégie plutôt payante. LA : Après le deal de l’année (180 millions d’euros/118 milliards de f CFA signé avec la SAR) en octobre 2010, quelle autre transaction En 2011, nous avons coarrangé et financé une facilité totale de 40 milliards de f CFA destinée à la dette Senelec. LA : Quelles sont vos parts de marché dans la bancarisation de la population ? J.L.K. : Notre part de marché en terme de nombre de comptes demeure modeste, car nous disposons aujourd’hui de 15 000 clients. Il s’agit d’une stratégie délibérée qui consistait à se focaliser sur les grandes entreprises, les PME et les salariés du secteur formel. Nous avons néanmoins noué des partenariats stratégiques avec des institutions de micro finance destinés à les accompagner dans le financement du secteur informel. LA : Où en êtes vous en matière d’expansion de votre réseau ? J.L.K. : UBA Sénégal dispose aujourd’hui de 9 points de vente à Dakar, nous comptons entamer notre expansion à l’intérieur du Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page19 pays en 2013. Nous avons cependant développé un concept «d’Agency Banking» qui consiste en l’utilisation d’un vaste réseau de plus de 200 sous agents pour servir nos clients dans les localités où nous ne sommes pas présents et mailler ainsi l’ensemble du territoire sénégalais. LA : L’augmentation du capital passé à plus de 9 milliards f CFA a-t-elle fortement contribué à l’accroissement de vos fonds propres et soutenu votre plan de croissance et vos investissements ? J.L.K. : Il est vrai que UBA Plc a injecté 8,5 milliards de f CFA dans le capital de UBA Sénégal afin de nous permettre de respecter le ratio de capitalisation minimum fixé à 5 milliards de f CFA par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Notre capital se situe aujourd’hui à 9,25 milliards de f CFA pour des fonds propres dépassant 6.5 milliards de f CFA. LA : Quelle est la configuration actuelle du tour de table de votre banque ? J.L.K. : Notre capital est détenu à hauteur de 84% par UBA Plc et de 16% par des privés et institutionnels sénégalais. LA : A la lumière de la tempête financière de 2010, peut-on dire que c’est la fin du modèle de banque d’investissement ? J.L.K. : Je ne pense pas qu’on puisse parler de la fin du modèle banque d’investissement. Ce modèle répond à une nécessité et les banques commerciales ne sont pas outillées pour répondre à cette problématique. Il est vrai cependant que des banques d’investissement arrimées à de solides réseaux de banques commerciales sont plus à même de UBA Sénégal dispose aujourd’hui de 9 points de vente à Dakar, nous comptons entamer notre expansion à l’intérieur du pays en 2013. passer les crises. Souvenez vous il y a plus de 10 ans la BNP, grande banque commerciale se portait acquéreur de la banque d’affaires, Paribas. En 2004 c’était au tour de la banque d’investissement JP Morgan de tomber dans l’escarcelle de la banque commerciale Chase Manhattan. UBA Plc dispose d’ailleurs de sa propre filiale spécialisée dans la banque d’investissement, UBA Capital, présente à Lagos, New York et Londres. LA : Quelles sont les grandes ambitions d’UBA Sénégal à l’horizon 2015 ? J.L.K. : En 2015, UBA Sénégal compte figurer parmi les 3 premières banques du pays et disposer d’une présence effective sur la totalité du territoire sénégalais. Propos recueillis par Ismael Aidara, Dakar Siège UBA Dakar 26 avril 2012 Les Afriques . 19 Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page20 BANQUES & ASSURANCES Finance Islamique : nécessité d’un cadre juridique pour le Maghreb La deuxième édition du forum maghrébin de la finance islamique a tenu ses Assises, les 15 et 16 avril dernier à Nouakchott, sous le thème «Le financement islamique et le développement des Petites et Moyennes Entreprises (PME)» au Maghreb. La Banque mondiale finance un projet de développement communautaire au Togo Adji Otheth Ayassor, ministre togolais de l’économie et es finances, a confirmé un don de 14 millions de $, soit 7 milliards de f CFA de la Banque mondiale, pour financer le seconde phase du projet de développement communautaire. La convention de financement a été signée la semaine dernière à Lomé. Ce soutien vient en appoint à l’assistance apportée à la première phase, financée aussi par la BM pour 46,9 millions de $, soit 16,3 milliards de f CFA. La BEI renfloue ABC Bank et Consolidated Bank C ette rencontre de 48 heures, a été organisée par la Société Islamique pour le Développement du secteur privé (SID) et le Conseil Général des Banques et Institutions Islamiques (CIBAFI), en collaboration avec l’Institut Islamique de Recherche et de Formation et le Forum des Affaires du Groupe de la Banque islamique de développement (BID). Ont participé aux Assises, placées sous le haut patronage du ministre mauritanien des affaires économiques et du développement, Sidi Ould Tah, plus de 150 acteurs du Maghreb, issus des administrations publiques des finances, des institutions bancaires et des opérateurs des PME. Objectif du forum «expliquer la nécessité de la réforme à travers la création d’un cadre juridique adapté aux produits de la finance islamique, pour la croissance de l’investissement et des marchés financiers dans le 20 Les Afriques . 26 avril 2012 Maghreb» et permettre aux institutions financières islamiques d’exposer leurs méthodes de financement des PME avec des exemples concrets à l’appui. Mais aussi «encourager le commerce et l’investissement au Maghreb». Ainsi, pour le Directeur Exécutif de la Société Islamique pour le Développement du secteur privé (SID), Khaled Mohamed El Abboudi «la finance islamique est apte à contribuer au développement de tous les secteurs de l’économie mauritanienne et maghrébine, à travers un nouveau type de financement offrant une alternative face à la spéculation, véritable source de la crise financière internationale actuelle». Pour sa part, le gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie (BCM), Sid’Ahmed Ould Rais, a signalé au cours du forum que toutes les institutions bancaires du pays disposent d’un guichet pour le fi- L’UMA, à l’heure de la finance islamique Afin d’aider ABC Bank et Consolidated Bank à soutenir les PME-PMI du Kenya, la Banque européenne d’investissement (BEI) vient de leur octroyer un prêt de 20 millions d’euros. Si pour ABC Bank, les crédits à accorder vont toucher divers secteurs d’activités, la Consolidated Bank qui investit les branches technologiques, cible d’ores et déjà l’amélioration des services aux entreprises grâce au Mobile Banking et à la banque en ligne. Wafasalaf, leader du La finance islamique est crédit à la consommation au Maroc apte à termes des résultats de l’exercice contribuer au Aux 2011, Wafasalaf conforte sa position développement de leader du secteur du crédit à la consommation au Maroc. En effet, de tous les cet établissement financier défend secteurs de détenir une part de marché en prol’économie duction brute de 30,3% à fin 2011 mauritanienne contre 29,8% en 2010. Son résultat est ressorti à 344 millions et maghrébine. consolidé de dirhams, en croissance de 9,01% par rapport à l'année précédente. Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page21 nancement islamique. Mais ces guichets fonctionnent sur la base des règles classiques». Un constat qui oblige le législateur à créer «un nouveau cadre juridique et réglementaire, adapté à la finance islamique à travers une série de réformes intégrant également le contrôle et la mobilisation de nouvelles sources de financement. Une option qui permettra de relever considérablement le très faible taux de bancarisation de la Mauritanie, estimé à 150.000 individus» sur une population de plus de 3 millions d’habitants. En fait, la mentalité et la culture musulmane réprouvant l’usure, constitue un véritable frein à la bancarisation en Mauritanie. Emission de bons du trésor islamiques En marge du forum de Nouakchott, le gouvernement mauritanien et la Société Islamique pour le Développement du secteur privé (SID), Filiale de la Banque Islamique de Développement (BID), ont signé une convention d’un montant estimé prévisionnel de 300 millions de dollars us, devant permettre à la Mauritanie d’émettre des bons du trésor islamiques. Celle-ci sera un vecteur «de mobilisation de l’épargne locale, qui rejette le système usurier. Une étude est actuellement en cours pour définir le cadre global et les instruments», selon le Directeur exécutif de la Société islamique pour le développement du secteur privé, Khaled Mohamed El Abboudi. Cette option résolue est justifiée par un constat «le financement de l’économie réelle, par opposition à celui des prêts usuriers sans garantie réelle, constitue désormais le socle du développement économique dans le monde et a su résister au choc de la crise financière» a expliqué le Haut responsable de la SID. Cette société «offre des avantages au service de la Mauritanie, qui est entrain d’adapter son système aux conditions qu’impose le financement islamique. Ce qui montre l’importance de l’impact de la finance islamique dans le développement et la promotion des PME au Maghreb». Amadou Seck, Nouakchott Le législateur à créer «un nouveau cadre juridique et réglementaire, adapté à la finance islamique à travers une série de réformes. Déjà opérationnelle dans le Golfe arabique, la finance islamique progresse au Maghreb Conférence de la Facilité arabe de financement à Marrakech En coordination avec le ministère marocain de l’économie et des finances, la Banque mondiale, la Société financière internationale (SFI) et la Banque islamique de développement (BID) ont organisé, les 16 et 17 avril à Marrakech, la deuxième Conférence de la Facilité arabe de financement des infrastructures. La rencontre, qui a été rehaussée par la présence effective de Nizar Baraka, ministre marocain de l’économie et des finances, et de plusieurs ministres et représentants du secteur public d’une douzaine de pays arabes, a vu la participation de bailleurs de fonds, ainsi que des représentants du secteur privé de l’ensemble de la région. Bon cru de QNB Group en 2011 Les 3 premiers mois de l’année 2012 se sont inscrits sous le signe de la croissance pour QNB Group. Cette institution financière, qui figure parmi les plus grandes dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord, a révélé un résultat net de plus de 2 milliards de riyals qataris, en hausse de 17,4% par rapport aux résultats de la même période de l'année précédente. Quant aux dépôts des clients, ils ont bondi de 21,4% pour atteindre 218,4 milliards de riyals qataris. Autre indicateur de taille, le total bilan s’est apprécié de 28,2%, depuis le 31 mars 2011 pour atteindre 311,1 milliard de riyals qataris. 26 avril 2012 Les Afriques . 21 Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page22 BANQUES & ASSURANCES Coopérative, la solution à la finance ? L’Afrique est paradoxalement peu pourvue en coopératives. Ce sont pourtant ces structures démocratiques qui sont à l’origine de l’industrialisation du vieux continent. Zoom. A l’heure où l’Organisation des Nations Unies proclame 2012 année internationale des coopératives, il est étonnant de remarquer que c’est en Afrique, connue pour son communautarisme villageois et son système d’entraide sociale sorti estropié mais bien vivant de 20 ans d’ajustements structurels, où l’on compte le moins d’entreprises appartenant à l’économie sociale. L’on ne compte, pour ainsi dire, aucune structure africaine dans le top 20 des plus grandes coopératives mondiales. Sans ces struc- tures de mobilisation des ressources, l’Europe post Renaissance n’aurait pas basculé dans la décisive révolution industrielle qui depuis 1750 a changé la face du monde. Aujourd’hui, à l’heure où la crise financière punit les géniteurs d’instruments de spéculation déconnectés de la réalité, l’Afrique mise encore largement sur la société anonyme, voie royale pour l’accès au crédit et l’introduction en Bourse et pourtant, culturellement et génétiquement, loin du modèle de contrat social qui lie l’africain à son entité. Rares sont les établis- Aucune africaine dans le top 20 des coopératives mondiales Aujourd’hui, à l’heure où la crise financière punit les géniteurs d’instruments de spéculation déconnectés de la réalité, l’Afrique mise encore largement sur la société anonyme, voie royale pour l’accès au crédit et l’introduction en Bourse. Pourtant, culturellement, il est loin de son modèle de contrat social. 22 Les Afriques . 26 avril 2012 sements de crédit de l’Afrique francophone, à l’exemple du groupe Banque Populaire au Maroc (voir interview), qui proviennent de l’économie sociale, souvent réduits à la tontine camerounaise ou aux fameuses AGER (Activités génératrices de revenus) entretenues par l’aide internationale. La coopérative représente pourtant le meilleur moyen de mobiliser l’épargne et de réveiller le capital domanial. Le vieux continent est, en soi, un exemple vivant de l’apport de ce type d’organisations encouragées par les révolutionnaires de 1789. Ainsi, le plus que centenaire Crédit Agricole et ses 2 540 caisses locales, ses 6,5 millions de sociétaires et ses 32 000 administrateurs, est la plus grande organisation coopérative en France. De l’autre côté de l’Atlantique, Caisses Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page23 Déblocage d’avoirs libyens à Malte Des avoirs appartenant à des compagnies libyennes pour un montant de 300 millions d’euros ont été débloqués par Malte. Le porte-parole officiel du gouvernement maltais, qui l’a annoncé à la Valette, a soutenu que le déblocage a été consécutif à la levée des sanctions contre la Libye. Désormais, ces fonds sont à la disposition du pouvoir libyen dès qu’il les réclamera. A noter que quelque 86 millions d’euros, appartenant au clan Khadafi, restent toujours gelés. Desjardins au Québec compte plus de dépôts que la BNP, première banque de la zone euro. L’établissement prospectait le bassin du Niger (Mali) quelques mois avant les événements qui ont plombé cette démocratie ouest-africaine. Fondé en 1956 sur le même principe de l’égalité des sociétaires, le groupe Mondragon, qui étend aujourd’hui ses tentacules dans les domaines de la production, du crédit, de l’enseignement et de la recherche, est devenu, avec 218 entreprises et 71 000 salariés, le portedrapeau du pays basque espagnol. L’Espagne lui doit la marque Fagor, l’un des rares produits électroménagers du vieux continent qui résiste aujourd’hui à la poussée des groupes turcs et asiatiques en général. C’est donc à juste titre, dans un monde qui doute de la fiabilité des modèles de la finance de marché, que Québec abritera en octobre 2012 le sommet mondial des coopératives. Le thème de cette année, «l’étonnant pouvoir des coopératives». Un thème loin d’être usurpé pour des structures qui fédèrent 1 milliard de personnes dans le monde, et représentent 750 000 entreprises, mais encore méconnues. L’alliance coopérative internationale qui regroupe 258 membres dans 96 pays (le bureau africain est basé à Nairobi) estime que les 300 premières coopératives mondiales produisent un chiffre d’affaires qui re- présente le PIB du Canada, 9e économie mondiale. Comme l’a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, lors du lancement de l’année internationale de la coopérative en octobre 2011, ces structures rappellent à la communauté mondiale qu’il est possible de poursuivre à la fois la viabilité économique et la responsabilité sociale. En France, leader européen du modèle coopératif avec 21 000 entreprises employant prés d’un million de salariés et un chiffre d’affaires cumulé de 288 milliards d’euros, la coopérative a bien résisté à la crise, avec une croissance de 5% en moyenne depuis 2009 quand le PIB français évolue en un encéphalogramme plat. La nécessité de la croissance et la course au leadership poussent les banques-coopératives à s’appuyer sur les instruments de la finance de marché. Cette alliance nécessaire est-elle viable à long terme ? La démocratie recherchée à l’origine de la naissance de ces coopératives est-elle compatible avec certains instruments liés à l’inégalité et à la ségrégation des droits de certains actionnaires ou détenteurs de titres émis par rapport à d’autres ? Difficile de se prononcer quand ont sait que la Caisse d’Epargne et la Banque Populaire ont joué un rôle loin d’être négligeable dans la crise des subprimes. Mohamed Baba Fall, Casablanca La coopérative a bien résisté à la crise La BGZ dans la ligne de mire de Rabobank Déjà en possession de 60% des parts de la banque polonaise BGZ, Rabobank compte acquérir les 40% restantes. L’offre est évaluée à 17,2 millions d’euros, soit 72,5 zlotys/ action, soit 17,3 euros. Toutefois, cette banque néerlandaise qui revendique 10 millions de clients à travers près d’une cinquantaine de pays, affirme que l’approbation est attendue d’ici le mois de mai, le temps que les autorités polonaises avalisent l’opération d’absorption. La nécessité Rwanda : du droit de la d'importation de croissance et sucre sans surtaxes la course au Le Conseil des ministres du commerce de l’Afrique de l’Est a accordé leadership Rwanda le droit d’importation de poussent les au sucre (sans surtaxes), pendant une banques– durée de 6 mois. Ce pays, confronté à coopératives à des pénuries de sucre, a vu une monen flèche du prix (jusqu’à 1200 s’appuyer sur tée francs rwandais le kg), contre 800 les instrufrancs avant. La raffinerie de sucre de Kabuye n’ayant qu’une capacité de ments de la 12 000 t de sucre par mois, ce pays a finance de dû recourir aux importations pour marché. combler le gap des 50 000 t par mois nécessaire à la consommation locale. 26 avril 2012 Les Afriques . 23 Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page24 BANQUES & ASSURANCES Hassan El Basri, Dirécteur général de la Banque centrale populaire 24 Les Afriques . 26 avril 2012 Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page25 Hassan El Basri «L’économie sociale est dans les gènes de la Banque Populaire» Hassan El Basri, directeur général de la BCP revient, ici, sur le modèle de la Banque –coopérative qui fait du groupe Banque Populaire, un organisme particulier. Interview. L es Afriques : Le Groupe BP est un établissement financier structuré sur le modèle d’une coopérative. A quand remonte la fondation de cette banque, quels étaient ses premiers sociétaires ? Hassan El Basri : Les premiers jalons du système Banque Populaire ont été mis en place au Maroc à partir de l’année 1926 à travers une loi adoptée cette année et qui, à travers plusieurs amendements, a abouti à un embryon de ce qu’est la Banque Populaire aujourd’hui. Toutefois, ce n’est qu’en 1961 que la configuration actuelle de la Banque Populaire a été instituée avec une banque centrale et des banques régionales, le tout sous la tutelle d’un comité directeur. Il faut dire que, jusqu’en 2000, tant la Banque Centrale Populaire (BCP) que les Banques Populaires Régionales (BPR) étaient sous forme coopérative avec des sociétaires institutionnels au niveau de la BCP et des sociétaires clients pour les BPR constitués essentiellement d’artisans et de dirigeants de petites et moyennes industries. La réforme adoptée en 2000 a abouti à des changements institutionnels importants, d’une part, en érigeant la Banque Centrale Populaire en société anonyme qui serait plus tard cotée à la bourse des valeurs de Casablanca et, d’autre part, en conférant aux Banques Populaires Régionales le caractère de banque universelle et surtout en prévoyant leur entrée dans le capital de la Banque Centrale Populaire. Ce réaménagement institutionnel ment en termes de performance et de transparence. A travers ce modèle original, nous avons pu démontrer que les valeurs de la banque solidaire peuvent être parfaitement conciliables avec les valeurs de la performance et de la transparence. et les règles de gouvernance adoptées ont permis au Groupe de se hisser au rang des premières banques marocaines au regard de tous les indicateurs de l’activité bancaire avec un impact notable sur l’économie régionale mais aussi dans le domaine du financement des grands projets structurants de l’économie marocaine. LA : Comment la banque coopérative qu’est la BP est parvenue à concilier économie sociale solidaire et Bourse ? H.E.B. : L’économie sociale est dans les gènes de la Banque Populaire et ce, à travers son soutien notoire aux artisans, aux TPE et à la PME/PMI dont elle reste le principal pourvoyeur de fonds aussi bien en termes de création que d’extension. Ce rôle est facilité par la proximité et l’ancrage des Banques Populaires Régionales dans leur région respective et l’implication des clients sociétaires dans la vie de leur banque à travers leur présence dans les différents organes (Assemblées générales, conseils de surveillance…). Si l’économie sociale reste l’attribution des Banques Populaires Régionales, la Banque Centrale Populaire, qui est l’organe coté en bourse, s’est spécialisée dans les activités de marché et surtout dans le Corporate. Il faut préciser aussi que l’introduction de la BCP en Bourse ne répond pas à un besoin de renforcement des fonds propres du Groupe, mais plutôt à notre souhait de stresser notre modèle par rapport aux exigences de la Bourse, notam- L’introduction de la BCP en Bourse ne répond pas à un besoin de renforce-ment des fonds propres, mais plutôt à notre souhait de stresser notre modèle, en termes de performance et de transparence. LA : On s’attendait à une évolution plus poussée vers le capitalisme et voilà qu’en 2011 l’on assiste à une montée en force des Banques Populaires Régionales dans le capital de la BCP. Est-ce le signe d’un retour aux sources ? H.E.B. : Non au contraire, il s’agit d’une autre évolution majeure de notre système. Pour en comprendre la portée, il y a lieu de rappeler que, jusqu’en 2002, les Banques Populaires Régionales n’avaient aucune participation dans le capital de la Banque Centrale Populaire qui était détenu, dans sa quasi-totalité par l’Etat directement ou indirectement. Or, dans les grands groupes mutualistes internationaux, les banques régionales détiennent la majorité, sinon la totalité du capital de la banque centrale. Et c’est pour favoriser cette intégration que la loi 12/96, adoptée en 2000, a prévu une participation directe des Banques Populaires Régionales dans le capital de la BCP à hauteur de 21%, ce qui a été réalisé en 2002. Dans cette même optique, l’Etat a cédé une portion de 20% du capital de la BCP aux Banques Populaires Régionales en 2011 et nous nous sommes fixés comme objectif stratégique d’atteindre un niveau de participation 26 avril 2012 Les Afriques . 25 Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page26 BANQUES & ASSURANCES des Banques Populaires Régionales dans le capital de leur banque central d’au moins 51%. LA : Les modèles de banques coopératives comportent souvent un volet mutuel et prévoyance. Quid de la Banque Populaire ? H.E.B. : Il faut signaler, tout d’abord, que malgré ses demandes répétitives, le Groupe Banque Populaire n’a jamais pu obtenir l’agrément des autorités pour créer sa propre compagnie d’assurance. Ceci ne nous a pas empêché d’être très actif dans ce domaine, d’une part, à travers notre filiale d’assistance pour tout ce qui concerne les produits d’assistance et, d’autre part, par le développement de la bancassurance à travers des partenariats avec les compagnies d’assurance existantes. première et la seule banque à s’investir dans ce domaine, consciente de l’apport crucial de ce système dans la lutte contre la pauvreté et la précarité. C’est ainsi que nous avons créé, à la fin des années 90, une Fondation que nous avons entièrement dédiée au micro-crédit et que nous avons dotée des moyens financiers et managériaux adéquats. Aujourd’hui, nous sommes fiers du travail accompli par notre Fondation dans ce domaine et qui constitue une référence à l’échelle internationale en termes de bonne gouvernance et d’impact. Nous avons, par ailleurs, impliqué notre Fondation dans le processus de bancarisation de masse que nous entreprenons, de la même manière que nous intégrons, dans le processus bancaire, les clients de la Fondation dont les projets arrivent à maturité. LA : En tant que banque issue de l’économie solidaire, quel rôle jouez-vous dans le secteur de la microfinance au Maroc ? H.E.B. : Lorsque le microcrédit est apparu au Maroc au milieu des années 90, la Banque Populaire a été la LA : Ces dernières années vous poursuivez un développement à l’international. Allez-vous reproduire le modèle des BPR en Afrique ? H.E.B. : Le système Banque Populaire est peu présent en Afrique, 26 Les Afriques . 26 avril 2012 Siège de la Banque populaire à Casablanca Nous nous sommes fixés comme objectif stratégique d’atteindre un niveau de partici-pation des BPR dans le capital de leur banque central d’au moins 51 %. contrairement à l’Europe, par exemple, où ce système a joué un rôle primordial dans le développement du tissu industriel. De notre côté, nous avons eu l’occasion, à différentes reprises, d’exposer notre modèle dans plusieurs pays africains lesquels ont, à chaque fois, manifesté un intérêt particulier pour sa mise en place. D’ailleurs, nos deux filiales africaines s‘en inspirent sans aller jusqu’à la configuration institutionnelle qui est la nôtre. Il faut savoir aussi que le développement d’un tel système nécessite un laps de temps assez long et un accompagnement à différents niveaux. C’est pour cette raison que la plupart des pays africains se sont orientés vers le développement de systèmes basés sur des coopératives de crédit qui, avec la mise en place de la microfinance, arrivent à atteindre un plus grand nombre de bénéficiaires. Sur ce plan, nous sommes toujours disposés à apporter notre savoir-faire et notre expertise pour faciliter l’accès aux services bancaires à une plus grande communauté. Propos recueillis par Adama Wade Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page27 Encore un Américain à la tête de la Banque mondiale Projets de développement agricoles à Khouribga (Maroc) C’est aux dépens de la candidate Africaine, Ngozi Okonjo Iweala, que l’Américain Jim Yong Kim est nommé au poste de président de la Banque mondiale le 16 avril. Le printemps des institutions de Bretton Woods n’a pas encore sonné. J im Yong Kim, médecin américain d’origine coréenne, a finalement été porté à la tête de la Banque mondiale. Longtemps candidate de l’Afrique, la nigériane Ngozi Okonjo Iweala et son curriculum vitae impressionnant, sa longue expérience au sein de la Banque Mondiale, où elle s’était hissée au poste stratégique de vice –président, en charge des opérations, n’ont pas été assez pour faire pencher la balance en sa faveur. Si la ministre des finances et de l’économie nigériane n’a pas hésité a exprimé son soutien au nouveau dirigeant de la Banque mondiale, elle a toutefois enveloppé ces critiques par une parure diplomatique. «Pour moi, il est clair que nous devons rendre cette institution plus ouverte, plus transparente et davantage fondée sur le mérite», proteste Ngozi Okonjo Iweala, devant un parterre de journalistes, lors d’une confé- Plusieurs projets de développement agricole, ayant nécessité un financement de 111,2 millions de dirhams et planifiés sur la période 2010-2013, viennent d’être inaugurés par le roi Mohammed VI dans la commune rurale de Tachrafte, non loin de Bejaad, dans la province de Khouribga. Ces projets, qui s'inscrivent dans le cadre du Plan Vert, visent à développer la viande rouge, l'oléiculture et l'élevage caprin, et le lait. rence de presse tenue après l’élection de Jim Yong Kim, dans la capitale du Nigeria Abuja. Ngozi Okonjo Iweala est la première Africaine a défié les Etats -Unis pour essayer d’accéder à ce poste. En critiquant le processus de sélection du président de la Banque Mondiale, la ministre nigériane a rappelé que depuis la création de cette institution financière internationale en 1944, les américains ont été toujours les gérants des lieux. En effet, les pays comme la Russie le Mexique et Corée du Sud, le Japon ont chahuté la décision du Conseil d'administration en donnant leurs voix à la candidate de l’Afrique. La décision de nommé Jim Yong Kim n'a d'ailleurs pas été prise à l'unanimité. Dans un communiqué adressé à la presse international l’administration de la Banque Mondiale n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction de voire plusieurs candidats se présenter à Ngozi Okonjo Iweala, candidate de l’Afrique Les pays comme la Russie, le Mexique, la Corée du Sud et le Japon ont chahuté la décision du CA en donnant leurs voix à la candidate de l’Afrique. Nouveau projet en faveur de l’igname L'Institut international d'agriculture tropicale (IITA), en collaboration avec un certain nombre de partenaires a décidé de mettre en place une nouvelle initiative, visant à accroître fortement la productivité de l'igname. En effet, avec un budget estimé à 12 millions de $, l’amélioration de la culture de l’igname, autant pour l’accroissement des revenus que pour la sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest, est soutenue par la Fondation Bill & Melinda Gates, l'IITA, mais aussi les gouvernements du Ghana et du Nigeria, et des institutions, telles que le Royaume-Uni Natural Resources Institute (NRI), l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), et les Catholic Relief Services (CRS). 26 avril 2012 Les Afriques . 27 Banques Assurances 20/04/12 04:36 Page28 BANQUES & ASSURANCES l’élection. «Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à tous les candidats, Jim Yong Kim, José Antonio Ocampo, et Ngozi OkonjoIweala. Leurs candidatures ont enrichi la discussion du rôle du Président et de l'orientation future de la Banque mondiale Groupe. Les derniers candidats ont reçu le soutien de différents pays membres, ce qui reflète le calibre élevé des candidats», précise le communiqué. Jim Yong Kim entrera en fonction le premier juillet pour un mandat de cinq ans. Il est à la fois le président est le président du Conseil d'administration de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et l'Association internationale de développement (IDA). Le président est également président d'office du conseil d'administration de la Société financière internationale (SFI), l'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), et le Conseil d'administration du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Né en Corée du Sud, il a déménagé aux Etats-Unis, avec sa famille à l’âge de 5 ans. Agé de 52 ans Jim Yong Kim n’est ni diplomate ni économiste, médecin de formation il préside depuis 2009 le Dartmouth College, une université de l'Ivy League. Avant d'assumer la présidence de Dartmouth, le Dr Kim été professeur à la Harvard Medical School et la Harvard School of Public Health. Il a également servi en tant que président du Département de la santé mondiale et de médecine sociale à la Harvard Medical School, chef de la Division de l'équité en santé mondiale au Brigham and Women 's Hospital, et directeur du Centre François-Xavier Bagnoud pour la santé et les droits de l'homme à la Harvard School de la santé publique. En commentant cette remarque redondante dans la presse qui rende étrange sa candidature, le Dr Jim Yong Kim souligne ««la mission de la Banque mondiale est beaucoup trop complexe pour être assumée par une seule discipline». Sanae Taleb, Casablanca Jim Yong Kim SIAM 2012, forte présence attendue entrera effectivede la France La 7 édition du SIAM (Salon menten international de l’agriculture au fonction le Maroc) prévue du 25 au 29 avril à premier juillet Meknès, verra une présence accentuée de la France. Ce pays, 1er pour un client et 1 fournisseur du Maroc mandat de a décidé une présence en force à cinq ans. cette vitrine de l’agriculture maème er rocaine. Cette année, le Pavillon France, organisé pour la 4ème année consécutive par Ubifrance, en partenariat avec la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc, réunira 68 entreprises de tous les secteurs agricoles et agroalimentaires. Elles occuperont près de 930 m² sur le pôle International et le pôle Élevage. Jim Yong Kim, nouveau Pt de la Banque mondiale Vers une salutaire diversification des partenariats en Afrique Profitant de la 15ème Conférence et exposition sur le négoce et le financement des hydrocarbures et des mines en Afrique, Lydie Boka, directrice générale de StrategicO, agence indépendante de notation et d’analyse du risque sur le continent africain, a lancé un vibrant appel à la fois aux pouvoirs publics et aux compagnies minières. Elle a exhorté ces dernières à améliorer la perception que les populations ont d’elles, en termes de partage des ressources. Aussi, cette experte a prôné que ces exploitants encouragent leurs partenaires gouvernementaux à effectivement partager et développer les pays récepteurs. Aussi, la patronne de StrategicO encourage l’Afrique à diversifier ses partenaires pour obtenir de meilleurs prix de ces produits et se développer de manière durable. 28 Les Afriques . 26 avril 2012 Bourse Fonds 20/04/12 04:39 Page29 BOURSES & FONDS Lancement du Fonds Carbone pour l’Afrique La BOAD passe à la vitesse supérieure. Elle vient de s’associer avec 2 autres organismes de financement privés, CDC Climat et Proparco, pour la mise en place d’un Fonds Carbone d’un montant de 45 millions d’euros pour soutenir la croissance verte en Afrique. D’autres investisseurs sont annoncés dans le pipe. C’ est le tandem à 3. L’institution de financement et de développement ouest-africaine (BOAD), CDC (Groupe Caisse des Dépôts) et Proparco, filiale chargée du secteur privé de l’Agence française de Développement ont lancé ce mercredi 18 avril 2012, à Addis Abéba le Fonds Carbone pour l’Afrique (FCA) pour soutenir le développement de l’économie verte du continent africain en particulier celle de l’Afrique subsaharienne. D’un montant d’un 45 millions d’euros mobilisé équitablement à hauteur de 15 millions d’euros par chaque partenaire, le Fonds Carbone dédié à l’Afrique sera géré par CDC Climat Asset Management qui a le mandat d’investir dans des projets novateurs d’énergie renouvela- ble, de méthanisation et surtout dans des des programmes ambitieux d’équipements domestiques à faibles émissions de carbone, menés dans les pays au Sud du Sahara jusqu’en 2020. Les trois bailleurs ont décidé d’engager ensemble la bataille via ce mécanisme de financement de la croissance de l’économie verte africaine. Dans une déclaration conjointe des trois gros sponsors, parvenue à Les Afriques, «Seulement 1,2 % à ce jour des financements créés par le protocole de Kyoto ont bénéficié à l’Afrique sub-saharienne, malgré un potentiel de réductions d’émissions de carbone de la région plus élevé. Un financement spécifique de la valeur climatique et environnementale des investissements y est plus que jamais Le seul outil de financement existant aujourd’hui est le Mécanisme pour un développement propre (MDP). nécessaire». En réalité, le seul outil de financement existant aujourd’hui est le Mécanisme pour un développement propre (MDP), lequel a connu récemment des améliorations, qui ont permis de lever d’importants obstacles au montage et à la mise en oeuvre des projets. Lors de cette rencontre à Addis-Abéba, les trois organismes qui devront mobiliser d’importantes lignes de financement destinés à des projets de grande valeur -ont appelé à la création imminente de cadres nouveaux institutionnels aussi bien européens qu’internationaux plus favorables au financement de la croissance verte. Le Conseil d’administration du Fonds Carbone est présidé par Eric Bio, Directeur à la BOAD. Ismael Aidara 26 avril 2012 Les Afriques . 29 Bourse Fonds 20/04/12 04:39 Page30 BOURSES & FONDS La notation financière, désormais obligatoire pour les émetteurs de titres de créances Marché financier de l’Uemoa. Afin de rendre le marché des capitaux plus transparent et efficient, la nouvelle réglementation fait obligation à certains acteurs du marché de se soumettre à l’exercice de notation financière. L a notation financière fait une entrée de première classe dans la culture du marché financier régional de l’UEMOA. Jusque-là, au libre choix des entreprises, dont certains s’y sont soumises volontairement dans un souci d’amélioration de leur performance, cet exercice est désormais obli- gatoire pour certains acteurs du marché financier de l’UEMOA. A l’initiative du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crepmf), l’organe de régulation du marché financier régional, depuis cette année, obligation est faite aux émetteurs de titres de créances, -à l’excep- Souleymane Diarrassouba, Président de l’association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEF-CI) tion des pays-, les sociétés cotées sur la BRVM et les garants des émetteurs, de se soumettre à l’exercice de notation financière. L’objectif visé par cette nouvelle règlementation, assure-t-on dans les locaux du Crepmf, est «de rendre le marché des capitaux plus transparent, efficient, effectif et liquide». Gabriel Fal, Pdg de la société de gestion d’intermédiation, CGF-Bourse et administrateur de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) rappelle dans cette logique que «tout droit a son devoir. Les émetteurs se donnent le droit d'émettre des titres par appel public à l'épargne. Or tout le monde ne sait pas forcément «lire» un bilan. La notation permet de «résumer» une analyse financière et au grand public d'avoir une appréciation succincte de la solidité financière d'un émetteur». Stanislas Zézé, PDG de Bloomfield Investment Corporation, la seule agence de notation, à ce jour agréé par le Crepmf, note que cette donne règle- Cette décision permet de réduire l’asymétrie d’information «Comme chacun de nous le sait, la loi fait obligation, depuis septembre 2011, aux entreprises émettrices d’obligations, aux sociétés cotées sur la BRVM et les garants des émetteurs de se soumettre à l’exercice de notation par une agence spécialisée. Cette décision trouve donc sa justification dans la nécessité de réduire l’asymétrie d’information entre celui qui emprunte et celui qui prête ou achète. Certes, quelques affaires récentes au plan international ont placé les agences de notation sous le feu de l’actualité. Mais cela n’occulte cependant pas une réalité de notre temps qui est que : les 30 Les Afriques . 26 avril 2012 informations émises par ces agences ont un rôle fondamental. Leur impact sur les décisions économiques, sociales et politiques est de plus en plus important. Peu importe les domaines ou les acteurs qui sont notés. Ces informations constituent un précieux matériel à notre disposition, nous banquiers, pour minimiser les risques financiers et orienter nos décisions. En émettant une information transparente, crédible et responsable, par le biais de notes et d’avis reconnus par tous, les agences de notation sont censées nous permettre : - d’évaluer la pertinence des stratégies et des politiques menées ; - d’établir une cartographie précise des effets ; - de classer les différents acteurs d’un même secteur les uns par rapport aux autres ; - d’améliorer le fonctionnement des activités humaines en fournissant une information calibrée et reconnue par tous. La publication des notations financières agissant comme des indicateurs,les banques ne peuvent que se mettre en mode d’optimisation de cet outil de travail qui, en réalité, n’est pas si nouveau que cela pour elles…» Propos recueillis par L. S. A Bourse Fonds 20/04/12 04:39 Page31 mentaire nouvelle va «fortement contribuer au développement du marché financier régional». Et d’expliquer que «les émetteurs qui obtiennent une note d’investissement à l’issue de l’exercice de notation financière, ne seront plus soumis à l’obligation de garantie 100%. A première demande qui renchérissait le coût des emprunts». Ainsi, l’introduction de la notation financière obligatoire devra amener un peu plus de cohérence entre le coût des emprunts et la qualité de crédit de l’emprunteur sur le marché. L’argent devant coûter en fonction de la qualité de signature de l’emprunteur. «Jusquelà, la qualité de signature des émetteurs de titres de créances sur le marché financier s’est apprécié à l’aune du niveau de souscription du public à ces titres. La notation financière des émetteurs devrait permettre d’enrichir cette grille de performance d’un paramètre nouveau qui sera le coût du financement», se satisfait un Conseiller du ministre de l’économie et des finances. Les obligations et les titres de créances négociables peuvent présenter un risque de défaut de paiement. L’évaluation crédible de la qualité de la dette des émetteurs livre donc une information qui, bien utilisée, favorise, d’une part, la minorisation de ce risque, d’autre part, une amélioration du portefeuille d’investissement. Pour autant, l’environnement du marché financier de l’Uemoa est-il mûr et prêt pour la notation financière obligatoire ? Pour le Pdg de Bloomfield investment corporation, il n’y a pas de doute. Et le meilleur indicateur de cette maturité, de son point de vue, est donné par le fait que «les sociétés cotées et non cotées ont commencé à s’adonner à cet exercice rigoureux d’évaluation de performance financière, de transparence et de bonne gouvernance d’entreprise, de façon volontaire avant même l’introduction de la nouvelle réglementation sur la notation financière». Les entreprises ivoi- A l’initiative du Crepmf, l’organe de régulation du marché financier régional, depuis cette année, obligation est faite aux émetteurs de titres de créances, de se soumettre à l’exercice de notation. riennes, telles que le Port de San Pedro, Pétro Ivoire, SIMAT, La Loyale Assurance SA, la SIR sont de celles qui ont franchi le pas, sans y être contraintes.A l’éhelle de la sous-région, l’Etat du Burkina Faso, a montré le chemin en choisissant volontairement de se faire noter par l’agence internationale Standards &Poor’s, le dernier emprunt obligataire, Trésor Public du Burkina Faso, 6,5% 2011-2016. Les acteurs du marché financier régional, par ces exemples attestent, si besoin en est, qu’ils sont prêts. «Bloomfield Investment Corporation a émis en quatre ans, plus de vingt opinions notamment sur plusieurs entreprises publiques et privées», révèle Stanislas Zézé. Comme les autorités de régulation du marché financier de l’Uemoa, il parie sur un «impact très positif de l’introduction de la notation financière obligatoire sur la croissance économique des pays de la zone». Louis S. Amédé, Abidjan 26 avril 2012 Les Afriques . 31 Entreprises africaines 20/04/12 04:47 Page32 ENTREPRISES ET MARCHÉS La France et le Cameroun s'associent pour le compagnonnage industriel La manne minière en Namibie Premier partenaire économique du Cameroun, la France, sérieusement concurrencée ces temps-ci, notamment par la Chine, n’entend pas pour sitôt céder sa place. Le compagnonnage industriel qu’expérimentent les deux pays semble promis à un bel avenir. M algré les visites différées du Mouvement des entrepreneurs français (Medef) et du Conseil des investisseurs français d’Afrique (Cian) au Cameroun, la France entend rester et demeurer, le principal partenaire économique du Cameroun. Dans une perspective de repositionnement visant la conquête des nouveaux marchés, les entreprises françaises qui ont pignon sur rue au Cameroun, puisqu’elles pointent en troisième position au peloton de tête des principaux employeurs, juste après l’Etat et les milieux d’affaires camerounais, semblent plus jamais déterminées à renforcer leur position, en optant notamment pour la diversification des investissements. C’est pour la réalisation de ce nouveau leadership économique que depuis quelque temps, l’Hexagone met un accent sur le compagnonnage industriel. Une approche économique mettant direc- 32 Les Afriques . 26 avril 2012 tement en relation, les entreprises camerounaises et françaises œuvrant dans un même secteur de production. Après le premier programme entre 2004-2008 dont le taux de réussite se situe autour de 60%, et où une dizaine d’entreprises camerounaises et françaises ont pu nouer et matérialiser les relations d’affaires, les deux pays espèrent aller au-delà et renfonçant et en diversifiant leur coopération économique et industrielle. En prélude au forum économique franco-camerounais qui se tiendra en octobre 2012 à Rouen, en France, les deux parties ont procédé le 11 avril dernier à Douala, au lancement du programme de compagnonnage industriel 2012. Un programme ambitieux, qui mise sur la réalisation de trente missions économiques entre les PME/PMI françaises et camerounaises. Une initiative conjointe de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paul Biya et Nicolas Sarkozy En vue d’un repositionnement visant la conquête des nouveaux marchés, les entreprises françaises qui ont pignon sur rue, semblent plus jamais déterminées à renforcer leur position. L’exploitation minière rapporte gros à la Namibie. Au cours de l’année écoulée, elle a généra 13 milliards de dollars namibiens dans les caisses de ce pays. Le paiement de redevances a compté pour 879 millions de dollars namibiens dans ces recettes. Isak Katali, ministre namibien des mines et de l’énergie, a notamment évoqué la mise en application de l’ACT 1992 de conformité aux exigences légales dans la prospection et l’exploitation minière. Egypte pour la fin de la crise énergétique dans la bande de Gaza Afin de mettre un terme à la pénurie d'électricité dans l'enclave côtière de Gaza, SE Yasser Othman, ambassadeur d'Egypte à Ramallah, a assuré Kattana Omar, chef du Département de l'énergie au sein de l’Autorité palestinienne, que son pays va accroître la capacité de la production de courant jusqu’à 30 mégawatts en reliant la bande de Gaza à 8 lignes de haute tension. Entreprises africaines 20/04/12 04:47 Page33 Des partenariats win-win dans l’agriculture, la mécanique, la métallurgie, etc. Rouen, en France, et de la Chambre de commerce, d’industrie, des mines et de l’artisanat (Ccima) du Cameroun. Le programme de compagnonnage industriel franco-camerounais bénéficie de l’appui de l’Union européenne, à travers le Centre pour le développement de l’entreprise (CDE) basé à Bruxelles, en Belgique, mais également, de l’Institut des promotion des activités de développement en Afrique (Ipad) et de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi). Partenariat gagnant-gagnant Il s’agit d’après le président de la Chambre de commerce, d’industrie, des mines et de l’artisanat du Cameroun, Christophe Eken, d’aboutir à des joint-ventures mutuellement bénéfiques, ce qui devrait surtout «contribuer au développement des entreprises camerounaises par la remise à niveau et le renforcement de leurs capacités techniques et managériales». Ainsi, les opérateurs économiques camerounais ont-ils l’opportunité d’acquérir de nouvelles compétences et un savoir-faire, de se mettre à niveau des standards internationaux afin de renforcer leur compétitivité dans une économie libéralisée, où n’ont droit de cité que les entreprises compétitives. Sur la base du chronogramme des activités, il ressort que le compagnonnage industriel concerne les secteurs de production aussi variés que l’agriculture, l’agroalimentaire, l’élevage, la mécanique, la métallur- gie, les plantes médicinales. D’après des experts, il y a quatre principales manières pour accéder à la connaissance industrielle : l’espionnage et l’achat des brevets dont on peut imaginer le caractère risqué et très onéreux pour les PME/PMI, l’appel aux experts qui n’en est pas moins onéreux, et puis le compagnonnage, qui, en tous points de vue, correspond le mieux à ces entreprises. A travers le système de compagnonnage, des petites et moyennes entreprises seraient partie d’une vingtaine d’employés à un demi millier d’employés. Le Cameroun qui est le premier pays en Afrique centrale à explorer ce partenariat économique avec les milieux d’affaires français voudrait tirer tous les avantages nécessaires afin de renfoncer son tissu de production. Sur 95 000 entreprises recensées au Cameroun en 2011, 88% sont des PME/PMI, ce qui montre la place que celles-ci occupent pour le développement du pays. Pour les responsables du Centre de développement de l’entreprise agissant en bras séculier de l’Union européenne dans ce programme, il s’agit d’un «partenariat gagnant-gagnant», puisque qu’au-delà des entreprises qui peuvent bâtir ensemble, un partenariat économique leur permettant de dégager un intérêt, autant les deux pays seront bénéficiaires parce que les programmes réalisés avec succès ont une incidence sur le PIB et sur le taux de croissance du pays. Achille Mbog Pibasso, Douala De la participation portugaise au barrage de Cahora Bassa Pedro Passos Coelho, Premier ministre portugais, en visite officielle à Maputo, s’est longuement entretenu, la semaine dernière, avec Armando Emilio Guebuza, président du Mozambique. Une bonne partie de la participation portugaise dans Hidroelectrica de Cahora Bassa (HCB), société de gestion du barrage de Cahora Bassa sur le fleuve Zambèze, a été acquise, pour 700 millions de $, par l’État mozambicain, après des années de négociations. Le Mozambique, désormais majoritaire avec 85% des parts, a pu décrocher un prêt d'un consortium de banques portugaises et françaises. Appui de l’Onudi Aboutir à des à une centrale joint-ventures hydroélectrique mutuellement en Sierra Leone bénéfiques, ce qui devrait surtout «contribuer au développement des entreprises camerounaises par la remise à niveau et le renforcement de leurs capacités techniques et managériales». Afin d’apporter de l'électricité à des collectivités locales limitrophes, mais aussi des services d'irrigation, d'assainissement et d’avantages d'opportunités aux entreprises, l’Onudi (organisme des Nations unies pour le développement industriel) vient appuyer la construction d’une centrale hydroélectrique, dans le nord-ouest de la Sierra Leone. A terme, une mini- centrale de 3 mégawatts sera érigée sur la rivière Bankasoka, près de la ville de Port Loko. Kandeh K. Yumkella, directeur général de l’Onudi, accompagné de Ernest Bai Koroma, président de la Sierra Léone, à la pose de la première pierre, a confirmé que les petites et microcentrales hydroélectriques dans les régions rurales de ce pays aideront à améliorer l'accès aux services énergétiques modernes, stimuler les activités de marché et l'irrigation. 26 avril 2012 Les Afriques . 33 Entreprises africaines 20/04/12 04:47 Page34 ENTREPRISES ET MARCHÉS L’Afrique centrale face à la menace inflationniste Quatre ans après les «émeutes de la faim» de 2008 qui avaient ébranlé plusieurs pays africains, et dont ceux de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) n’avaient pas été épargnés par les «soulèvements populaires», la situation économique reste tendue. Hausse du commerce entre l’Afrique au sud du Sahara et le Maroc Entre 2000 et 2010, les échanges entre les pays d’Afrique au sud du Sahara et le Maroc sont passés de 3,6 milliards de dh à près de 12 milliards de dh. Les exportations marocaines ont atteint 7,2 milliards de dh 2010. Selon une récente étude de la Direction des études et des prévisions financières, intitulée «Performance commerciale du Maroc sur le marché de l’Afrique subsaharienne», les transactions ont quasiment triplées. Toujours est-il que cette région ne représente que 2,6% de l’ensemble des échanges commerciaux du Maroc, alors que le potentiel reste immense. Des médecins kenyans remportent le Prix TIC de l’Innovation S elon toute vraisemblance, les décisions prises par différents gouvernements dans l’espace Cemac visant à contenir l’inflation, et à stopper le renchérissement des produits de première nécessité, entre autres, la détaxation douanière et fiscale de certains produits de grande consommation, à l’instar de la farine, du riz, du poisson ou du sel, n’ont pas produit des résultats attendus. Lorsqu’on fait un tour au marché où que l’on échange avec les vendeurs et les acheteurs, un constat s’impose : l’inflation a du mal à reculer. On a même le sentiment que la tendance est à la généralisation de la hausse des prix des denrées de consommation courante, comme pour dire que les mesures anti-in- 34 Les Afriques . 26 avril 2012 flationnistes ont plutôt provoqué un effet boomerang. La Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) a d’ailleurs réitéré ses inquiétudes, alors que la Banque centrale tenait récemment dans son siège de Yaoundé, au Cameroun, les Premières assises annuelles du Comité de politique monétaire (CPM). Si l’on s’est félicité de l’accélération de la croissance économique en 2011 avec une hausse du PIB de 5,0 % contre 3,9 en 2010, et un taux de croissance projeté à 5,7 % en 2012, la BEAC a surtout «pris acte de l’accélération de l’inflation moyenne annuelle, mais néanmoins inférieure à la norme communautaire à 2,7 % contre 1,6 % un an plus tôt». L’inquiétude est d’autant de mise, Une vue des dirigeants de la Cemac au Sommet de N’Djamena, avril 2007 La BEAC a pris acte de l’accélération de l’inflation moyenne annuelle, mais inférieure à la norme communautaire. Grâce à une solution de télémédecine, deux médecins kenyans viennent de remporter le Prix de l'innovation TIC. Avec cette nouvelle technologie, les praticiens kenyans arrivent à diagnostiquer les patients sans les rencontrer physiquement. Le Dr Kanaké Ndii, radiologue et médecin interne, récipiendaire du Prix, est toujours étudiant à l'Université de Nairobi. S’il concède que cette récompense va les motiver, il a tenu a souligné que leur objectif ne sera jamais de faire de l'argent, mais d’offrir une solution fiable au service des populations. L’autre heureux gagnant est le patron de MediSoft, qui a remporté le Prix dans la catégorie de soins de santé (services de radiologie et des services intégrés d'archivage, dont une solution d'impression sans film et un système d'information radiologique). Entreprises africaines 20/04/12 04:47 Page35 Des denrées qui flambent quand on sait que la norme inflationniste communautaire se situe à 3 %, et qu’il suffit d’une conjoncture difficile «imprévue» pour que l’on assiste davantage à un relèvement des tendances inflationnistes. Sur le marché, la tendance est plutôt à l’inquiétude, au regard d’un renchérissement tout azimut des denrées alimentaires et d’autres produits de grande consommation. L’on en vient à se demander si la suppression de certaines taxes douanières et fiscales, la baisse de la TVA ou encore la politique d’homologation des prix n’ont pas plutôt produit un effet contraire. Situation par pays Au Cameroun par exemple, dès le mois de janvier, une enquête de l’Institut national de la statistique (INS), tirait la sonnette d’alarme, en rapportant que «l’inflation se situerait en fin d’année en dehors du couloir de convergence recommandé par la Cemac, soit 3 % si le rythme d’évolution actuel des prix se confirme à celui du quatrième trimestre 2011». Un tour sur le marché permet effectivement de constater une tendance haussière générale, que ce soit les céréales, les tubercules, la farine, le riz, le sucre, l’huile de palme, le poisson, la viande, le maïs, l’arachide ou le blé. L’Association camerounaise pour la défense des intérêts des consommateurs (Acdic) n’en fait autre constat quand elle fait observer qu’«avant 2008, un kilogramme de poisson coûtait 700 f CFA, or en 2012, il est à 1200 f CFA. Un litre d’huile végétale valait 500 f CFA en 2008 et en 2012, il est de 800 f CFA. Sur le marché, la tendance est plutôt à l’inquiétude, au regard d’un renchérissement tout azimut des denrées alimentaires et d’autres produits de grande consommation. TalenEdge ouvre un centre de formation en Zambie A Lusaka et dans 3 autres provinces de Zambie, notamment à Ndola, Livingstone, Kitwe et Solwezi, TalentEdge, consortium d'investisseurs indiens, entend créer des centres de formation aux TIC. Avec un investissement initial de 300 000 $ par centre, ce groupe d’entreprises, qui dispose d’une chaîne de 5 sociétés en Inde et 24 centres franchisés, compte fournir aux étudiants une formation dans les dernières technologies. Investir en Zambie, en raison des incitations favorables, a toujours figuré dans le plan d’actions du groupe, a assuré Rohit Venaik, directeur général adjoint du marketing international de TalentEdge. Démarrage de Gefco (Air-route) Gefco, leader en logistique automobile et référence en logistique industrielle, lance son dernier service Air-route, destiné à divers secteurs d’activités. Cette prestation, qui revendique un transit-time contrôlé de 8 jours en moyenne, garantit une solution de fret à coût réduit avec visibilité totale et suivi des opérations grâce au réseau intégré Gefco. Les colis sont acheminés et transportés selon un planning de départs réguliers en sortie de Chine, via un hub dédié à Roissy, pour continuation en camion sur le Maroc. D’ailleurs, cette solution a été présentée aux différents professionnels pendant le salon Logismed du 12 au 14 avril 2012 au Centre d’expositions de l’Office des Changes de Casablanca. 26 avril 2012 Les Afriques . 35 Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page36 ENTREPRISES ET MARCHÉS Transnet Afrique du Sud compte créer 500 000 emplois Pour la même période, un kilogramme de maïs est passé de 190 f CFA à 250 f CFA en 2012». L’on pourrait multiplier de ce genre à tous les secteurs de production, notamment dans le domaine des BTP, où le ciment, la tôle, le fer, les carreaux et la peinture connaissent une fluctuation des cours, au détriment des consommateurs dont le pouvoir d’achat connaît malheureusement une courbe descendante indépendamment de l’homologation des prix en vigueur. Au Gabon, malgré la décision du gouvernement de baisser la TVA appliquée sur plusieurs produits de première nécessité, l’inflation a du mal à reculer. Elle connaît même une hausse assez inquiétante, et c’est tout naturellement que celle-ci se situe à 3,5 %, loin de la norme communautaire qui situe l’inflation à 3 %. Ceci serait la conséquence de la très grande dépendance du pays visà-vis de l’extérieur, car d’après la Direction générale de la concurrence et de la consommation (Dgcc), l’importation des produits et les difficultés liées à leur acheminement ont une incidence sur le prix appliqué à l’endroit du consommateur final. C’est ainsi que ces derniers jours, le régime de plantain est passé de 2500 36 Les Afriques . 26 avril 2012 f CFA à 5 000 f CFA, tandis que les prix de la farine, du riz ou du poisson ont atteint des proportions insupportables. Le Congo est l’un des pays de la zone Cemac où l’inflation est «florissante». D’après les derniers chiffres actualisés de la BEAC, le taux d’inflation dans ce pays se situe audessus de 4,5 %. Conséquence, l’on assiste à une flambée de prix des produits de grande consommation, notamment les denrées alimentaires qui ne sont plus accessibles à de nombreux congolais. Entre janvier et avril 2012 par exemple, le litre d’huile est passé de 800 f CFA à 1150 f CFA, le kilogramme du sucre coûte actuellement 500 f CFA contre 400 FCFA il y a quelques semaines tandis que le kilogramme de viande est passé de 2500 f CFA à 2800 f CFA. Esquisse de solutions En République Centrafricaine, la situation est carrément dramatique. Tout est cher : riz, pétrole, farine, viande, poisson, sel, savon…, d’autant que le système de contrôle des prix est quasi inexistant. Conséquence, les consommateurs subissent le diktat des commerçants qui fixent les prix à leur convenance et ce n’est pas pour démentir la Une flambé des prix Transnet, groupe public de logistique sud-africain, compte faire de sa filiale Transnet Freight Rail (TFR), la 5ème compagnie de fret ferroviaire mondiale. Pour ce faire, il met en place un ambitieux plan d'investissements de 300 milliards de rands, soit 30 milliards d'euros, étalé sur 7 ans dans les infrastructures. Grâce à ce plan, qui comprend le développement du réseau ferré, des infrastructures portuaires et des oléoducs du pays, il va créer 588 000 emplois. A noter que le chemin de fer devra absorber les 2/3 de l'enveloppe, soit 205 milliards de rands, afin d’acheminer 350 millions de tonnes de fret par an, d'ici 2019, contre 200 millions aujourd'hui. Les responsables insistent sur le fait que le transfert modal par rail va réduire les coûts, la congestion et les émissions de carbone. Projets de d’efficacité énergétique Au Gabon, malgré la décision du gouvernement de baisser la TVA appliquée sur plusieurs produits de première nécessité, l’inflation a du mal à reculer. Avec l’appui de l’Union européenne, le ministère marocain de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement a organisé, la semaine dernière à Rabat, une journée d’information sur l’efficacité énergétique. A cette cérémonie, rehaussée par la présence des ministres marocains Fouad Douiri, de l’énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement, et Nabil Benabdallah, de l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville, ainsi que de SE Eneko Landaburu, ambassadeur, Chef de la délégation de l’Union européenne au Maroc, de Bruno Pouezat, Représentant résident du PNUD au Maroc, ou encore de Saïd Mouline, directeur général de l’ADEREE (Agence nationale marocaine pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique), plusieurs projets ont été présentés. Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page37 Construction d'un barrage en cours dans Tselemit Banque de France qui attribue l’inflation en Centrafrique essentiellement à l’importation des denrées alimentaires et de l’énergie électrique. Depuis le début de l’année, le litre d’huile d’arachide est ainsi passé de 1100 f CFA à 1800 f CFA quand un panier de manioc s’achète à 3000 f CFA contre 2500 f CFA en janvier, tandis que la quantité de poisson qui était vendue 1500 f CFA revient actuellement à 2000 f CFA. Le Tchad n’échappe pas à la tendance inflationniste que connaissent les pays de la sous-région. Tout a presque augmenté ici, y compris la viande de bœuf dont le pays est pourtant exportateur. Ces six derniers mois, le sac de riz est passé de 17500 f CFA à 20000 f CFA, le sac de maïs de 19000 f CFA à 25000 f CFA, tandis que le sac de mil qui se vendait à 20000 FCFA se négocie maintenant à 25000 f CFA, soit une hausse de 20%. Dans cet environnement où tout est cher en zone Cemac, même la Guinée équatoriale n’échappe point à l’inflation, du fait notamment de la trop grande dépendance de ce pays des produits alimentaires importés. Toutefois, cette inflation est quelque peu contenue par les revenus des populations équato-guinéennes, audessus de la moyenne en Afrique centrale. Toutefois, la bouteille de 12 kg de gaz se vend parfois jusqu’à 12000 f CFA contre 8000 f CFA, le sac de ciment varie entre 7000 f CFA et 8000 f CFA, tandis qu’un tas de macabo est passé ces derniers temps de 1000 f CFA à 2000 f CFA. Comme esquisse de solutions, les pays de la Cemac ont intérêt à mettre un accent sur la production locale. Dans ce contexte, une révolution agricole pourrait constituer une réponse efficace à l’inflation, puisque différents rapports convergent à une inflation galopante à cause de l’importation excessive des denrées alimentaires. Cette dépendance criarde vis-à-vis de l’extérieur amène un pays comme le Cameroun à importer pour 500 milliards de f CFA par an, les produits de consommation courante. Par ailleurs, le développement des infrastructures de communication apparaît comme une solution incontournable, ceci ayant l’avantage de favoriser une distribution aisée des produits de grande consommation. Une autre piste et non des moindres, c’est l’urgence pour les gouvernants de veiller pour le respect scrupuleux des prix homologués, étant donné que l’inflation est également favorisée par la spéculation. Achille Mbog Pibasso, Douala Zone Cemac, un environnement où tout est cher Le projet barrage en cours de réalisation dans la zone de Tselemit Woreda au nord-ouest de la zone Tigré, en Ethiopie, profitera à plus de 1500 ménages. D’après les chiffres communiqués par l’ingénieur superviseur du projet, Maru Gizachew, il nécessitera un coût de 150 millions de Birr, sera érigé sur le fleuve Tserenta, et pourrait se développer sur 400 ha de terres. Quant à Shishay Meressa, chef de Woreda, il a déclaré que le barrage pourra aider les agriculteurs à bénéficier de la pisciculture, tandis que les agriculteurs s’attendent d’ores et déjà à des récoltes multiples. RCAR accroît ses parts dans Alliances Développement Alami Lazraq, PDG du groupe Alliances. Le Tchad n’échappe pas à la tendance inflationniste que connaissent les pays de la sous-région. Une note d’information du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) a récemment dévoilé que le Régime collectif d’allocation des retraites du Maroc (RCAR) a acquis sur le marché central, quelque 30 853 actions d’Alliances Développement Immobilier (ADI), au cours unitaire de 717 dh. Grâce à cette transaction, le RCAR détient désormais 614 584 actions ADI, soit 5,08 % du capital. 26 avril 2012 Les Afriques . 37 Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page38 ENTREPRISES ET MARCHÉS Burkina Faso Tensions sur le marché céréalier En 2011, les manifestations contre la cherté de la vie ont été l’un des éléments déclencheurs de la crise sociopolitique qu’a connue le pays. Un an plus tard, le calme est revenu, mais la sécurité alimentaire reste menacée. fugiés maliens venus avec leurs troupeaux chercher refuge au Burkina voisin. «Nous estimons à plus de 25 000 têtes le cheptel qui est rentré au Burkina Faso, à travers les différents axes», soulignait récemment Jérémy Ouédraogo, ministre des ressources animales, faisant remarquer que cela avait encore davantage creusé le déficit de fourrage naturel. Mobilisation tous azimuts S elon des données fournies en mars par le gouvernement, le déficit de la campagne agropastorale 2011-2012 est de 154 462 tonnes. A l’origine de cette chute de production, une faible pluviométrie. La production céréalière accuse une baisse de près de 20% par rapport à la campagne agricole précédente (20102011), et de plus de 5% sur la moyenne des cinq dernières années. Au total, le taux de couverture des besoins céréaliers de 17 provinces (sur 45 provinces) est déficitaire, tandis que 13 autres sont en situation d’équilibre et 15 sont excédentaires. La Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (Sonagess) indique que c’est de juillet à septembre que le plus fort risque est identifié, période au cours de laquelle 26 provinces seraient en déficit de survie et plus de 2 millions 800 000 personnes considérées comme vulnérables. Aux mauvaises récoltes causées par la sécheresse se sont superposés d’autres éléments, à commencer par la flambée des prix des céréales. Le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA) estime qu’ils ont progressé de 50 à 60 % dans le bassin Centre (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, Ghana, Togo). Cette situation a encore été aggravée par l’arrivée de ré- Céréales : entre sécheresse, déficit et excédent Le taux de couverture des besoins céréaliers de 17 provinces (sur 45 provinces) est déficitaire, tandis que 13 autres sont en situation d’équilibre et 15 sont excédentaires. La Sonagess indique que c’est de juillet à septembre que le plus fort risque est identifié, ... 38 Les Afriques . 26 avril 2012 Pour faire face à cette pénurie alimentaire, la réponse des autorités a consisté à subventionner les produits de première nécessité et à commercialiser des céréales à prix sociaux. Mais tout n’a pas fonctionné comme prévu. Joseph Paré, ambassadeur du Burkina Faso en France, indiquait récemment que des sacs de céréales et de riz subventionnés, destinés à la consommation locale, avaient passé les frontières de l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, et avaient été acheminés vers d’autres marchés, notamment au Mali. Pour juguler la menace de crise alimentaire qui plane alors sur le pays, un appel à la solidarité nationale et internationale a été lancé en mars. En prévision de la prochaine campagne, le ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique a de son côté pris des dispositions pour intensifier les rendements agricoles en mobilisant le stock d’intrants nécessaires. On prévoit aussi de réhabiliter les barrages, a l’instar de celui construit sur le fleuve Nakambé, qui assure aujourd’hui la croissance du Pôle de Bagré. Avec une capacité de 1,7 milliards de m3 d’eau, l’ouvrage pourvoit à l’irrigation des parcelles agricoles. Plus de 3 000 ha sont exploités pour la riziculture et les cultures maraîchères de contre-saison. Véronique Narame, Paris Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page39 Côte d’Ivoire Augmentation en vue des prix de l’électricité Secteur électricité. S’étant engagé auprès du FMI à résorber le déficit quasistructurel du secteur, le gouvernement ivoirien a pris l’engagement d’augmenter le tarif du kW facturé aux industriels. L a facture d’électricité du mois d’avril 2012 sera-t-elle vraiment salée pour les industriels ? Seule certitude pour le moment, le gouvernement ivoirien s’est formellement engagé auprès de la dernière mission du FMI à augmenter de 10% les tarifs industriels de l’électricité à partir du 1er avril. Cette mesure qui, en réalité, est le prélude à l’application d’une nouvelle structure tarifaire qui entrainera même, une «rationalisation des tarifs sociaux et modérés» vise, fait-on valoir, au ministère des mines, du pétrole et de l’énergie «à éliminer le déficit du secteur électricité et assurer la pérennité de l’offre d’électricité». En effet, relève le ministre Adama Toungara, «le secteur cumule pour la période 2005-2010, un déficit de 209 milliards de f CFA, et les projections pour les années à venir font apparaître, sans la réalisation de nouveaux investissements, un déficit structurel d’environ 100 milliards de f CFA». Ainsi donc, la révision tarifaire dont le ton doit être donné avec les tarifs industriels devrait «conduire à une situation d’équilibre du secteur à partir de 2013» selon les projections du gouvernement et du FMI. Si au niveau des organisations patro- nales on tend à faire le dos rond, hésitant dans l’attitude à adopter réellement, au niveau des entreprises, notamment des PMI, on ne cache pas son exaspération. Et de déplorer que «cette augmentation du tarif industriel renchérissant les coûts de facteurs, va éroder significativement la compétitivité prix de nos produits». «Il y a quelque chose d’antinomique dans la démarche du gouvernement. On ne peut pas, en même temps qu’on demande aux entreprises productrices de réduire leurs prix, notamment sur l’huile, le sucre et autres, augmenter le tarif de l’un des facteurs de production les plus importants», fulmine Emerick Koné, un chef d’entreprise. Au cabinet du tout nouveau premier ministre, Jeannot Ahoussou si on juge «la mesure incontournable», la tendance est plutôt à «différer d’un ou deux mois sa mise en œuvre». Cette position de prudence s’imposera-telle ? Question à plusieurs milliers de milliards de francs f CFA. Son horizon Adama Toungara, ministre ivoirien des mines, du pétrole et de l'énergie complétement bloqué sur l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, -qu’il souhaite fortement pour fin juin 2012 au plus tard, à tout prix-, le gouvernement ivoirien semble s’être mis en mode d’accélération de la mise en œuvre de la dizaine de reformes résiduelles, -pour lesquelles le FMI bien que satisfait de l’exécution globale du programme 2011-2014 appuyé par la Facilité élargie de crédits (FEC), n’attend pas moins des progrès. Et la restructuration du secteur électricité pour «assurer sa viabilité financière à moyen terme, améliorer la maintenance des infrastructures et accroître sa capacité de production est de ces chantiers. Alors, la tendance est à «relativiser» la cascade d’augmentation de prix que pourrait induire la revalorisation de 10% des tarifs industriels de l’électricité. A ce jeu, il est adroitement passé sous silence, dans les communications officielles, le fait que le prix du kw d’électricité de moyenne et haute tensions, utilisé pour l’activité industrielle, ait augmenté de 2,51% l’année dernière passant de 53,58 F en 2010 à 54,92% en 2011. Et, apparemment, perdu de vue qu’afin de renforcer la capacité financière du Fonds de financement des programmes de salubrité urbaine (Ffpsu) l’annexe fiscale pour la gestion 2012 a étendu le champ de «la taxe rémunératoire pour l’enlèvement des ordures ménagères aux entreprises utilisant les moyennes et haute tensions au tarif de 7,5 francs par kw d’électricité». Les factures d’électricité des prochains mois seront passées au peigne fin dans les entreprises industrielles ivoiriennes. Louis S. Amédé, Abidjan La révision tarifaire dont le ton doit être donné avec les tarifs industriels devrait «conduire à une situation d’équilibre du secteur à partir de 2013» selon les projections du gouvernement et du FMI. 26 avril 2012 Les Afriques . 39 Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page40 ENTREPRISES ET MARCHÉS Airtel Rwanda a démarré ses opérations Basée à New Delhi, en Inde, la société fait partie des cinq plus grands opérateurs de téléphonie mobile dans le monde en termes de nombre d’abonnés. Bharti Airtel comptait plus de 246 millions d’abonnés dans l’ensemble de ses activités à la fin du mois de février 2012. B harti Airtel a récemment annoncé, le lancement de ses opérations au Rwanda, après les compagnies de téléphonie MTN, Tigo, élargissant ainsi sa présence sur le continent africain à 17 pays. Après avoir empoché son ticket d’entrée sur le marché au Rwanda, révélé par Les Afriques, la société Airtel compte ainsi investir plus de 100 millions de dollars américains dans ses opérations au cours des trois prochaines années. Cette implantation de Bharti au Rwanda, porte d’entrée de l’opérateur vers les marchés des Grands Lacs offre des opportunités d’emploi aux jeunes diplômés Rwandais sans emploi. Les autorités du gouvernement rwandais et de la multinationale de téléphonie, ont mis l’accent sur le volet emploi et formation. Airtel a exprimé sa volonté de réduire très rapidement la fracture numérique et contribuer à la vision du gouvernement de passer à l’éco- 40 Les Afriques . 26 avril 2012 nomie du savoir. Le groupe n’a pas lésiné sur les moyens en déployant une plateforme de pointe pour rapprocher les services de l’opérateur aux clients. Manoj Kohli, Pdg international de Bharti Airtel a affirmé «Nous sommes heureux de lancer nos opérations et d’apporter Airtel au peuple du Rwanda. Nous pensons que le Rwanda est un marché extrêmement prometteur et que ce lancement va renforcer davantage notre présence en Afrique de l’Est. Le Premier ministre Rwandais, Dr Pierre Damien Habumuremyi a affirmé que l’arrivée de Bharti au Rwanda permet de connecter le Rwanda et le reste de la région M. Manoj Kohli, PDG international de Bharti Airtel d’Afrique de l’Est et surtout avec le reste de l’Afrique. A l’heure où les Rwandais via le guichet unique d’investissement appelé RDB (Rwanda Development Board) commencent à se lancer dans la création d’entreprises et à la recherche de partenaires régionaux, les sociétés de télécommunications – comme Airtel – constitue un maillon indispensable pour l’essor de l’entrepreneuriat privé Airtel a également signé un partenariat avec IBM dans l’optique de permettre à l’opérateur de télécoms d’offrir une expérience client de qualité supérieure au Rwanda. Ericsson, le premier fournisseur mondial de services et de technologie aux opérateurs télécoms, a été choisi pour gérer le réseau. En outre, ce lancement a établi un nouveau record. «Le premier appel a été effectué sur le système le 7 mars. Il n’a fallu que 83 jours pour bâtir ce réseau de bout en bout – le lancement le plus rapide sur des installations entièrement nouvelles dans l’histoire de l’Afrique subsaharienne.» La pénétration mobile dans le pays se situait à 38,4 % en juillet 2011 et la croissance rapide du secteur privé est favorable à l’investissement de nouveaux opérateurs sur le marché. Basée à New Delhi, en Inde, Bharti Airtel qui fait partie des cinq plus grands opérateurs de téléphonie mobile dans le monde comptait plus de 246 millions d’abonnés dans l’ensemble de ses activités à la fin du mois de février 2012. Ismael Aidara, Kigali Airtel a exprimé sa volonté de réduire très rapidement la fracture numérique et contribuer à la vision du gouvernement de passer à l’économie du savoir. Le groupe n’a pas lésiné sur les moyens en déployant une plateforme de pointe. Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page41 Dontou Hiloukou Derou «La nouvelle ville Lomé II va mobiliser un investissement massif de 2100 milliards f CFA» Architecte-Urbaniste, chargé du gigantesque projet de la nouvelle ville de Lomé II, Dontou Hiloukou Derou qui se confie en exclusivité à Les Afriques, aborde de long en large les axes forts de ce projet futuriste d’un coût global de 2100 milliards f CFA et qui fera de la capitale togolaise un modèle d’écologie urbaine et un centre d’affaires . Dontou Hiloukou Derou, patron du Groupe Derou & Partners L es Afriques :Vous avez récemment remporté le concours international d'urbanisme sur le réaménagement de la zone de Lomé II lancé par l'Etat togolais en décembre 2010. Qu'est ce qui a réellement pesé sur la balance devant plusieurs cabinets d'architectes et d'urbanistes de renommée internationale ? Dontou Hiloukou Derou : Je suis honoré de la reconnaissance de la qualité de l’expertise du Groupe Derou & Partners par le Gouvernement togolais. Je suis parfaitement conscient du challenge que cela représente aussi bien pour nous que pour le Gouvernement. Nous avons axé notre projet autour de trois idées-forces qui font son originalité : l’organisation spatiale inspirée de l’architecture togolaise (africaine) des Tata Tamberma, une vision futuriste projetant une image qualitative unique de la Ville Nouvelle LOME II et l’intégration de solutions écologiques de pointe dans tous les aspects du projet. Bien entendu, les enjeux et les ambitions pour la Ville Nouvelle sont très élevés et constituent une première en Afrique subsaharienne. LA : Pouvez-vous nous présenter les grands axes du projet Lomé II que l'Etat du Togo est en train de réaliser ? 26 avril 2012 Les Afriques . 41 Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page42 ENTREPRISES ET MARCHÉS Lomé actuelle et future (en maquette) 42 Les Afriques . 26 avril 2012 Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page43 D.H.D. : Le Togo sort d’une vingtaine d’années de crise sociopolitique marquée par une stagnation des investissements dans les secteurs clés du développement. Le LOME II sera le nouveau pôle administratif & financier de la capitale togolaise. Il permettra de désengorger l’actuel centre-ville et de mieux répondre aux nouvelles ambitions de la capitale de devenir un hub financier sous-régional. LOME II couvre un site de 1 000 hectares au Nord de la Capitale. Il est structuré en sept pôles : Administratif (présidence annexe, ministères, assemblée nationale, cour de justice,…), affaires, commercial, résidentiel de luxe, diplomatique, hôtes de marque et grands équipements. Les standards écologiques visés sont très pointus et permettront de hisser Lomé au rang de modèle d’écologie urbaine. Notamment le système d’assainissement par phyto-épuration, le système de transport écologique et intelligent PRT (Personnal Rapid Transit),… En termes de capacité, c’est plus d’un 1 000 000 m² de surface de bureaux aux nomes internationales, 500 000 m² de surfaces commerciales, 2 000 logements de haut standing, 500 chambres d’hôtel et 5 000 places de salles de conférences de dernière génération. Les investissements cumulés pour l’ensemble du Projet sont estimés à 2 100 milliards de f CFA, soit 4 milliards de dollars US sur une dizaine d’années. A l’horizon 2020, la capitale togolaise devra être capable d’accueillir des évènements de renommée mondiale. Le Groupe Derou & Partners est chargé de la maîtrise d’œuvre du Projet et du conseil stratégique visà-vis du gouvernement en termes de structuration des investissements à opérer dans le Projet. LA : En quoi ce projet futuriste peut-il être offert en exemple aux autres pays africains, confrontés notamment à des défis liés à l'aménagement des espaces urbains ? D.H.D. : Depuis 2007, Le Groupe DEROU & PARTNERS accompagne le Gouvernement de la République du Bénin à travers l’Agence d’Aménagement de Porto-Novo en assurant la maîtrise d’œuvre du Projet PortoNovo 2020. Aujourd’hui, nous avons pu convaincre le fonds d’investissement saoudien Foras Investment de rejoindre le projet comme investisseur de référence. Ce fonds doit investir 250 millions de dollars US pour développer des infrastructures hôtelières, commerciales et de bureaux. Nous souhaitons continuer sur cette lancée et attirer d’autres investisseurs de part le monde pour faire de Porto-Novo la capitale béninoise un pôle touristique de premier plan. Ceci dit, nous sommes parfaitement conscients du fait que la presque totalité des villes africaines connaissent les mêmes problématiques urbanistiques à quelques variantes près liées à la saturation des centres-villes, aux carences des infrastructures et des logements. Le modèle de LOME II nous en sommes convaincus inspirera les grandes métropoles africaines au cours des prochaines décennies parce que la maîtrise des questions urbaines déterminera la paix et le développement en Afrique. Les enjeux et les ambitions pour la Ville Nouvelle sont très élevés et constituent une première en Afrique subsaharienne. LA : Quel est aujourd'hui l'avenir de l'architecture africaine à l'aune de ce qui se fait en Europe ou en Asie ? D.H.D. : L’architecture africaine a réellement besoin de se recentrer sur ses valeurs intrinsèques. Parce que malheureusement une architecture n’a de sens que ramenée à un lieu, à un territoire et à l’Homme. Le Prix Pritzker 2012 d’Architecture (l’équivalent du Prix Nobel) décerné récemment à l’Architecte chinois Wang Shu pour ses réalisations fortement inspirées de la culture chinoise est évocateur de cette nécessité de lier Architecture & Culture. En Afrique, le style international doit laisser place à une Architecture optimale pour l’Homme dans son Espace. Propos recueillis par Mohamed Ndiaye 26 avril 2012 Les Afriques . 43 Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page44 ENTREPRISES ET MARCHÉS Togo Le giron des femmes chefs d’entreprise, Afcet, veut s’affirmer dans la dynamique de croissance inclusive vers l’émergence Pendant que le taux de croissance économique au Togo progresse, de 4% en 2010 à 4,8% en 2011 et 5,6% attendu en 2012, les femmes chefs d’entreprise du formel se décident de s’affirmer. Leur association, AFCET, jure de faire entrer dans son escarcelle le potentiel de l’économie informelle détenue majoritaire-ment par la gent féminine. Sylvia HundtAquereburu, présidente de l’Afcet U ne trentaine de femmes chefs d’entreprise du secteur formel, regroupées en Association des femmes chefs d’entreprise du Togo (Afcet), estiment n’avoir pas encore, et très suffisamment, contribué à la croissance économique enregistrée ces dernières années dans ce pays. C’est la conclusion de l’autocritique que s’est faite, mars dernier à l’occasion de la célébration de ses dix ans d’existence, cette association qui regroupe des femmes chefs dans la petite industrie, l’architecture, la prestation de services, le conseil, le commerce, la consultance, etc. L’heure est au recadrage, estime Sylvia Hundt-Aquereburu, présidente de l’Afcet et première femme notaire du Togo, 44 Les Afriques . 26 avril 2012 qui indique l’urgence de mobiliser à la cause le secteur informel qui représente près de 84% du secteur privé et occupe 84% de la population active mais dominé à près de 80% par les femmes. Ce revirement est situé dans un élan de renouveau et de restructuration avec, à la clé, une entrée annoncée dorénavant des femmes chefs d’entreprise dans de nouveaux secteurs dont les BTP, à un moment où s’ouvrent de grands chantiers de reconstruction au Togo chiffrés, en moyenne, au milliard de f CFA. «Il est apparu très vite, eu égard à l’importance du secteur informel dans notre pays mais aussi au poids des femmes dans ce secteur, d’étendre le champ de nos actions vers cette cible», a-t-elle expliqué. Hundt- Ce revirement est situé dans un élan de renouveau et de restructuration avec, à la clé, une entrée annoncée dorénavant des femmes chefs d’entreprise dans de nouveaux secteurs dont les BTP. Aquereburu renchérit que cette Association, au poids économique difficilement estimé mais siégeant au sein du Conseil national du patronat (CNP), est «actrice des mutations qui s’opèrent dans notre société en participant activement aux grands débats qui concourent au progrès social et à l’avènement d’une société équitable». La mobilisation projetée par l’Afcet trouve sa pertinence et sa justification, selon des économistes, dans le poids économique du secteur informel qui est en marge de la montée continue du taux de croissance économique de 4% en 2010, 4,8 en 2011 et 5,6% attendu en 2012, pendant que les autorités togolaises tablent sur une croissance économique inclusive dans l’optique d’un taux à 2 chiffres dans les 20 prochaines années pour faire du Togo un pays émergent. Dans cette économie informelle, des chiffres d’affaires des plus surprenants sont réalisés chaque jour et font des tenants une nouvelle classe de riches que compte le Togo et qui ont diversifié les activités dans les prestations de services locales ou délocalisées, l’hôtellerie et la restauration, les cosmétiques, les TIC, l’immobilier et les travaux publics. Ce sont aussi notamment une nouvelle génération de cols-blancs à la tête des agences, des cabinets d’expertise, ainsi que des propriétaires des fermes agricoles, des avocats, des médecins et la nouvelle race de riches commerçantes du Grand Marché de Lomé à l’ombre des fameuses richissimes Nana Benz qui ont forgé leur Entreprises africaines 20/04/12 04:48 Page45 Investissements espagnols dans le textile marocain grandeur, en ayant le monopole du commerce des pagnes sans participer, dans le cadre formel, à l’économie togolaise. Prenant apparemment fait et cause pour l’Afcet, l’ébauche du «patronat féminin», la ministre de la Promotion de la Femme, Olivia Henriette Kuévi-Amédjogbé, perçoit la vision de ce cercle de femmes chefs d’entreprises du formel comme une démarche orientée à «édifier une nouvelle dynamique afin de pouvoir participer, de façon cohérente, harmonieuse et efficace aux efforts économiques nationales». Le développement du Togo, précise-telle, constitue un véritable challenge qui oblige à mobiliser toutes les ressources du pays aux fins de créer des conditions favorables à l’épanouissement de la population. Alors que s’opère cet empressement au tour du secteur informel, à forte dominance de femmes d’affaires, un décret du Gouvernement datant de février 2008, portant création d’une délégation d’organisation du secteur informel, peine à se traduire pleinement. La prise de cette disposition, selon les autorités togolaises, est motivée par la nécessité «d’inciter et de promouvoir des actions tendant à une meilleur organisation de ce secteur, notamment de préparer des mesures et les stratégies d’enrôlement progressif des opérateurs du secteur informel dans le secteur formel». Dans ce sec- teur informel togolais, les femmes représentent 48% des entrepreneurs contre une représentation de près de 60% des actifs agricoles, 70% des actifs dans le secteur secondaire, 81% des entrepreneurs dans le secteur tertiaire, 70% dans la transformation alimentaire et 40% des entrepreneurs dans le vestimentaire. Par ailleurs, elles constituent le vivier des institutions de micro-finances qui ont essaimé à travers le pays et ont enregistré, au 30 septembre 2011, un encours global d’épargnes de près de 99,7 milliards de f CFA et de crédits de plus de 82,6 milliards de francs Cfa. Particulièrement pour la microfinance Wages-Togo qui a enregistré, fin 2011, un dépôt de plus de 7 milliards f CFA et un encours de crédits de plus de 13 milliards f CFA, les femmes représentent près de 65% des adhérents. «C’est-là qu’apparaît l’importance du capital humain et surtout de la frange féminine dans les réponses aux crises et dans la mise en place des solutions pérennes et durables», a soutenu la ministre Olivia Henriette Kuévi-Amédjogbé, au cours du forum de l’Afcet, mars dernier, sur la problématique des femmes chefs d’entreprise dans le contexte actuel de relance économique au Togo et aussi du financement des projets et des nouveaux systèmes de paiement dans ce pays. Olivier TOVOR, Lomé Des cols blancs à l’ombre des fameuses richissimes Nana Benz Une mission, initiée par l’association des entrepreneurs textiles de la Communauté de Valence (Ateval) et l’Institut d’exportations de Valence (IVEX), a conduit une douzaine d’entreprises espagnoles spécialisées dans le secteur du textile au Maroc. Pendant 3 jours, elles ont pris attache avec les opérateurs locaux et autres décideurs pour explorer les opportunités d'investissement dans le Royaume, mais aussi s’enquérir de l’amélioration du climat des affaires. Sans doute, croient les observateurs, la promotion de la coopération commerciale et technologique entre professionnels du secteur du textile sera redoublée. Le site Cepici (Côte d’Ivoire) fait peau neuve L’importance du capital humain et surtout de la frange féminine dans les réponses aux crises et dans la mise en place des solutions pérennes et durables. Afin de faire transparaître une meilleure visibilité des actions de promotion et d’attraction des investissements, le Centre de promotion des investissements en Côte d`Ivoire (Cepici) vient de relooker son portail Internet. Pour Essis Emmanuel, directeur général du Cepici, qui a récemment présidé à la cérémonie de lancement à Abidjan, il s’agit de mettre en ligne un site web à même de restituer les potentialités et opportunités dont dispose le pays. Il a ajouté qu’assez interactif, cette nouvelle tribune en ligne du Cepici met à la disposition des créateurs d’entreprises, des hommes d’affaires et des internautes les informations sur l’environnement des affaires, la fiscalité, des formalités constitutives, mais aussi des informations juridiques, fiscales, statistiques et sociales. 26 avril 2012 Les Afriques . 45 Politique Economique 20/04/12 04:54 Page46 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE ATT Fin de règne d’un massaké Tountourou C’était ATT (Amadou Toumani Touré) par-ci, ATT par-là, évoqué à propos de tout et de rien. Rien de sérieux en réalité. C «L’ambition dont on n’a pas la compétence est un crime». Le Cnrdre qui l’a renversé a bien parlé d’incompétence à son sujet, pas vrai ? 46 Les Afriques . 26 avril 2012 omme j’en avais pris l’habitude, je me préparais, sans y croire beaucoup, à faire une tribune pour la sortie de Koulouba d’ATT2 & ATT3. Pour la numérotation, mes lecteurs de l’époque se souviennent bien qu’ATT1 avait été le héros national que nous avions tous admiré et accompagné dans la phase de transition en 1991. Nous avions tous la responsabilité d’accompagner cette transition après les 23 années de dictature de Moussa Traoré. ATT2 est celui là qui avait perdu la raison en 2002 et était devenu le «Fato» (Fou) et le «Lagalato» (Débile) qui avait voulu se retrouver à la tête de l’Etat Malien. Ces noms d’oiseaux sont d’ATT lui-même en quittant le pouvoir en 1992. A cette occasion, je lui avais proposé cette citation : «L’ambition dont on n’a pas la compétence est un crime». Le Cnrde qui l’a renversé a bien parlé d’incompétence à son sujet, pas vrai ? ATT3 quant à lui est celui qui en 2007, ayant goûté aux délices du pouvoir, oublia qu’il s’était engagé en 2002 à ne faire qu’un seul mandat afin, disait-il, d’organiser les partis politiques. Ces derniers ne cesseront de le maudire pour les innombrables entailles qu’il opéra dans leurs corps en seulement dix années de règne. A celui là, j’avais convoqué la citation de Charles de Gaule qui disait : «Mieux vaut quitter le pouvoir 5 ans plus tôt, qu’une minute trop tard». Sans commentaire aujourd’hui, n’est-ce pas ? Je ne croyais pas trop rédiger une tribune pour le bilan des 10 ans d’ATT simplement parce que le pays était arrivé à un point tel que garder ce président jusqu’au 8 juin 2012, date de l’entrée en fonction du nouveau président élu, semblait relever pour moi d’une gageure. Et je ne fus ainsi point surpris de ce qui arriva à ATT et à son régime tant l’Etat avait été affaissé par terre, ses ressources pillées par une oligarchie bien en place et qui devra répondre devant le peuple. On peut remercier tous les religieux qui n’ont eut de cesse de prier pour la paix car le pire a été de toute évidence évité. Je ne suis nullement un souteneur de putschistes, mais sur ce coup, on peut affirmer que c’est bien la main de Dieu qui a agit pour sauver le Mali du pire qui aurait pu arriver. ATT est un véritable «Général parolier», sans plus. On ne peut le comparer à personne de par sa prolixité (A dâ kadi !). Et d’ailleurs, sachant que son amour des diatribes ne plaisait pas aux hommes, il se réservera pour les rencontres avec les Femmes afin de s’époumoner à souhait. C’est ainsi que les journées du 08 Mars étaient une aubaine pour lui. Et c’est au cours de l’une d’elles qu’il avait lancé son propos grossier "Bébi bâ bolo". Comme pour dire que des mères avaient eut un mérite que d’autres n’avaient pas et que cela se traduisait dans la hiérarchie sociale. Et maintenant alors ? Je lui propose aujourd’hui la formule «Kouma yé a bâ wolo» (la parole a engendré sa mère) ! Les rencontres qu’il s’offrait lors des commémorations du 8 juin étaient aussi pour lui un pain béni en ce qu’elles lui permettaient de faire étalage de connaissances face à des journalistes qui en sortaient pour la plupart dégoutés et se promettaient de ne plus y mettre les pieds. L’un de ses derniers one man show du genre, il se l’offrit face à des veuves et mères de soldats dont les époux et enfants avaient disparu au front chaud du Nord Mali. Tout le monde impute du reste cette crise à ses errements et compromissions. Il s’entendit dire à cette occasion qu’il était le Chef des rebelles par l’une des femmes qui était totalement excédée par son mépris et sa désinvolture. La suite, on la connait… Ainsi donc avait vécu son pouvoir ce personnage qui a ressemblé à s’y méprendre à un acteur de Bandes Dessinées (Fanfan la Tulipe ?) pour le Malien Lambda, et bien au-delà d’ailleurs. C’était ATT par ci, ATT par là, évoqué à propos de tout et de rien. Rien de sérieux en réalité. Politique Economique 20/04/12 04:54 Page47 26 avril 2012 Les Afriques . 47 Politique Economique 20/04/12 04:54 Page48 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Au 1er plan, Amadou Sanogo chef de la junte et Djibril Bassolé ministre burkinabé des affaires étrangères L’armée malienne est la première à faire les plus gros frais du régime ATT certes, mais tous les pans de la société en ont eu pour leur compte. 48 Les Afriques . 26 avril 2012 Cet homme qui versa dans la bouffonnerie au point d’en faire un système de gouvernance a conduit le Mali vers l’enfer ! Rien moins ! C’est sous son règne, avec 4 Généraux à savoir lui-même, son Premier ministre, un Général de Police, qui veut lui succéder hélas -le ridicule ne tue pas- son ministre de l’intérieur un Général lui aussi et encore un Général ministre de la sécurité intérieure, que le pays a commencé à connaître les problèmes d’insécurité les plus cruciaux. On ne peut semer du sel et s’attendre à récolter quelque chose en dépit de la grande mansuétude de dame nature ! L’armée malienne est la première à faire les plus gros frais du régime ATT certes, mais tous les pans de la société en ont eu pour leur compte. Et aujourd’hui, nul n’est fier de ce qui est arrivé à ce pays dont l’histoire n’avait jamais été autant souillée qu’avec ce régime. Décidément d’ATT, l’histoire du pays ne retiendra rien de glorieux. Les nouvelles autorités, y compris le Président intérimaire, le Président de l’Assemblée Nationale, doivent comprendre que ce pays a besoin d’être gouverné par des hommes mus uniquement par le devoir et qui n’ont d’autres soucis que servir la nation. Déjà depuis son retour médiatisé de son voyage, on voit autour de lui s’agiter les faucons de son parti. Des figures incarnant le système corrompu d’ATT que nul ne souhaite voir encore aux affaires sont en train d’occuper les espaces médiatiques. Ils sauront que ce n’est pas le seul Cnrdre qui était révolté, mais bien tout le peuple. Ce que l’on obtient mal ou frauduleusement, on finit toujours par le perdre dans la vie. Donc œuvrons tous à la préparation d’un fichier électoral fiable pour organiser des élections propres et doter le pays de responsables légitimes. C’est la seule thérapie pour une stabilité politique réelle. ATT était un président indépendant qui, tel quelqu’un qui est assis sur un tabouret et qui eut la mauvaise idée de somnoler. Il fut renversé et il ne s’en trouva personne pour le pleurer. Pas même ceux qui nous avaient accoutumé à entendre «la vision ou la lettre de cadrage du président Amadou Toumani Touré». Décidément l’unanimisme soporifique est fini. Bien fini ! Après une certaine affaire de la maîtresse du président, je devine certaines personnes buvant du «petit lait» comme on dit. ATT en est réduit à voir son pays et son sort à lui-même entre les mains de Blaise Compaoré, celui-là même qu’il a toujours considéré comme son «fa dèn» (rival). Et tel le petit capitaine Dadis Camara, il ira peut être écumer 2 ans durant à la cité Ouaga 2000. Quel triste sort pour quelqu’un qui se prenait pour un grand homme d’Etat ! Afin d’échapper, il avait pris la poudre d’escampette. Des titres d’articles comme «L’indécence d’un fuyard» dans Info Matin et «Les balivernes d’un apatride en cavale» dans Mali Demain ainsi que la pique d’un jeune Officier «Nous n’allons pas rechercher un général en fuite», renseignent sur la nécessité de gouverner mais d’éviter de régner. Ceci est à méditer… Qui va vivra, va verra… Idrissa Diouf, Bamako Politique Economique 20/04/12 04:54 Page49 Maroc La tentation islamiste du repli sur soi Que cache la décision islamiste de soumettre les médias publics à un régime sévère de l’arabisation ? Est-ce alors que le Maroc assure à maintenir les liens avec ses millions de ressortissants éparpillés en Europe et dans le monde ? Moustapha Khalfi, ministre marocain de la communication C’est surtout la tentation du repli sur soi qui provoque la méfiance des milieux d’affaires. L a décision des islamistes du PJD de soumettre les médias publics à un nouveau cahier de charges impliquant pour les télévisions publiques, la diffusion des cinq appels à la prière et l’arabisation, suscite polémique. Dans un éditorial sans équivoque, Abdelmounam Dilami de l’Economiste, quotidien proche des milieux d’affaires, titre «un coup d’Etat idéologique», dénonçant une orientation allant à l’encontre de la politique d’ouverture du Maroc. Face à l’ampleur des réactions, le ministre de la communication, Moustapha Khalfi, accusé régulièrement de vouloir instrumentaliser les médias publics, est monté au créneau, affirmant «que la langue française se maintiendra avec un pourcentage de 20 à 25% dans les programmes de la télévision 2M». Cette précision n’a pas suffi pour éteindre la polémique entre le PJD, chef de file de la coalition au pouvoir et une grande partie de l’élite marocaine. Au-delà de l’arabisation, c’est surtout la tentation du repli sur soi qui provoque la méfiance des milieux d’affaires à l’heure où le Maroc redécouvre son africanité à travers une présence multiforme de ses entreprises dans la partie subsaharienne du continent. Sous couvert d’arabisation, c’est l’éternel débat identitaire qui revient dans un Maroc qui à l’instar des pays post printemps arabes, voit un affrontement irréductible entre les laïques à l’origine de la contestation et les mouvances islamistes qui ont récupéré la mise et se sont imposées dans les élections. La cassure entre les jeunes du 20 février et les radicaux d’Al Adl Wal Ihssane exprime clairement ce malaise béant entre des jeunes connectés à Facebook et à la mondialisation et une arrière-garde qui prône la moralisation de la société et le retour aux bonnes mœurs. Abandonnés aujourd’hui en cours de route, «les jeunes du mouvement du 20 février ont coupé la forêt à coup de machettes, sont arrivés jusqu’à la rivière mais n’ont pas bu, laissant la place à plus habile qu’eux», résume sans complaisance un cadre marocain francophone. Et d’ajouter «A Dubaï et à Riyadh, les affaires se font en anglais et non en arabe classique. Cela ne fait pas d’eux moins musulmans que nous». Ce repli identitaire commun à toute la bordure Sud de la Méditerranée traduit l’enfermement sur un mythe, un certain totalitarisme dans la mesure où l’idéologie qui le soustend fait fi de l’intérêt des individus. Le combat pour la pauvreté, pour l’emploi et le développement est passé par pertes et profits dans tout le Maghreb au profit de l’exaltation de soi, de la célébration des racines retrouvées. Et-ce alors que le Maroc, fort de millions de personnes en Europe et aux quatre coins du monde et multilinguistique. Les rares médias comme 2M qui constituaient une passerelle entre le Maroc de l’intérieur et sa partie externe sont aujourd’hui confrontées à ce retour au monolinguisme qui rassemble à un remake du film istiqlalien des années 70. Pour avoir goûté au beefteak de l’arabisation servi par l’Istiqlal, qui scandait l’usage exclusif de la langue du Hejjaz dans l’administration alors que les enfants de ses leaders étaient envoyés dans les meilleures écoles françaises, les marocains sont aujourd’hui méfiants vis-à-vis de ce discours aux relents électoralistes. L’exaltation identitaire et religieuse n’est-il pas le meilleur moyen de ravir les communales du mois de juin prochain ? En tout cas ce tournant conservateur inquiète les minorités religieuses au Maroc et posent beaucoup de questions quant à la capacité des islamistes à assumer la modernité du Maroc du 21e siècle. Kh. Berrada, Casablanca 26 avril 2012 Les Afriques . 49 Politique Economique 20/04/12 04:54 Page50 POLITIQUE ECONOMIQUE AFRICAINE Le come-back d’Emmanuel Etoundi au Port de Douala Gabon, Aman Resorts sur l’écotourisme Malversations financières, pilotage à vue et guéguerre entre le patronat et les manutentionnaires, le Port Autonome de Douala était au creux de la vague depuis le départ en 2008 de son ex-Directeur général, Emmanuel Etoundi Oyono. Retour à la case départ. L’ affaire du Port autonome de Douala agace et inquiète les plus hautes autorités de l’Etat camerounais. Cette situation a poussé le chef de l’Etat, Paul Biya de prendre vite les choses en main. Les multiples scandales financiers et la grogne crescendo des employés du port avaient fini de plomber la société. Depuis le départ de son directeur général fin 2008, Emmanuel Etoundi Oyono, la société portuaire était au creux de la vague. Jean Marcel Dayas, qui avait remplacé Etoundi à la tête du Port de Douala, n’a pu faire grand-chose. Sa gestion avait été décriée par une frange importante du personnel portuaire. Lequel exigeait le paiement des primes instituées par le Conseil d’administration sous le magistère d’Etoundi. «Nous avons tout essayé pour arranger les choses, mais en vain. Le président Biya en a fait sa propre affaire» avait expliqué un officiel. Selon un rapport transmis aux hautes autorités, les pertes journalières sont de l’ordre de 100 millions f CFA. Après plusieurs visites effectuées au Port, les ministres des Infrastructures et du Travail n’ont pu Le port de Douala reprend du poil de la bête Depuis le départ de son directeur général fin 2008, Emmanuel Etoundi Oyono, la société portuaire était au creux de la vague. Jean Marcel Dayas, qui avait remplacé Etoundi à la tête du Port de Douala, n’a pu faire grand-chose. Sa gestion avait été décriée. 50 Les Afriques . 26 avril 2012 Luxury Green Resorts, détenue par le Fonds gabonais d'investissements stratégiques et Aman Resorts, va gérer un complexe écotouristique au Gabon. Le projet portera sur la construction de 6 Resorts et Lodges de luxe pour 140 chambres et suites au sein de 5 des 13 parcs nationaux gabonais. Les investissements nécessaires tournent autour de 60 millions de $, soit 47 millions d'euros. Il sera exécutable en 2 phases. D’abord, à l’horizon 2017, seront érigés sur le site du phare de Ngombe dans le parc de Pongara, un hôtel de 30 suites à Libreville, et dans le parc de Loango (sud du pays) un Lodge de 20 tentes. Dans un 2ème temps, seront construits un hôtel de 30 suites dans le parc national de Lopé, un autre de 30 pavillons sur le site des chutes de Kongou, au sein du parc national de l’Ivindo, deux Lodges, respectivement de 10 tentes dans le parc d'Ivindo, et de 15 tentes dans le parc des Plateaux Batéké. Guinée équatoriale, la France dans le collimateur Le fait que deux juges français aient demandé un mandat d'arrêt international contre Teodorin Obiang NGuéma, actuel ministre équatoguinéen de l’agriculture et non moins fils du chef de l'Etat, dans le cadre de l'enquête sur son patrimoine en France, notamment immobilier en France, irrite les autorités de Malabo. Elles évoquent une véritable provocation. Il est vrai que le procureur de la république française n’avait pas encore répondu à leur requête. De toutes les façons, un immeuble appartenant à ce pays, et sis à Paris, sur l’avenue Foch, contient des oeuvres d'art, du mobilier ancien et des vins fins d'une valeur estimée à plusieurs millions d'euros. Politique Economique 20/04/12 04:54 Page51 Libye, affrontements entre milices rivales au sud D’après le bilan officiel confirmé la semaine dernière par Fatima alHamrouch, ministre libyenne de la santé, à la date du samedi 31 mars, 147 morts et 395 blessées ont été enregistrés dans les combats entre des tribus à Sebha, dans le sud désertique de la Libye. Abdel Rahim alKib, chef du gouvernement libyen de transition, s’est alors rendu sur place pour signifier aux camps rivaux à Sebha que la Libye nouvelle avait suffisamment de place pour toutes les tribus. Des témoins rapportent un décor d'après-guerre dans un des quartiers contrôlés par les Toubous et parlent d’affrontements les plus meurtriers depuis la chute du régime de Khadafi. dénouer la crise. Rappelé à la rescousse du Port de Douala, sur instruction du président Paul Biya, le soldat Etoundi Oyono débarque sur le quai de Douala, qu’il connaît bien pour l’avoir dirigé trois ans durant, armes et bagages. Aux yeux de bon nombre de camerounais, il n’y a aucun doute que le nouveau capitaine du navire est la clé de la solution. Sa forte personnalité et sa rigueur dans la gestion des affaires du Port sont des atouts pour sortir la société la tête de l’eau. Son come back trois ans après sa défenestration est en quelque sorte une justice rendue à un grand serviteur du Port. Une longue passe d’armes au goût amer sur les ondes des médias s’en était suivie entre l’ex DG Etoundi Oyono et le groupe Bolloré, lequel serait soupçonné d’avoir poussé à la sortie Etoundi des eaux de Douala. Ses deux grandes missions sont le redressement d’urgence du Port et sa modernisation pour lui rendre plus rentable et compétitive. Dés sa prise de fonction, Emmanuel Etoundi n’a pas chômé. Il a mis en musique l’opération de sauvetage du Port de Douala qui a permis de ramener la confiance entre le personnel et l’autorité portuaire. Selon des informations parvenues à Les Afriques, le nouveau patron du Port de Douala va instruire à court terme un audit du Port pour constater l’état des lieux depuis son départ à la tête de la société. Laquelle était redevenue, selon plusieurs témoignages d’organisations syndicales du pays une vache à lait. Le retour d’Etoundi Oyono- d’après sources établis à Douala- semble être une grosse épine sous les pieds de l’armateur français Bolloré. Car, en réalité c’est lui qui avait permis de démanteler certaines pratiques du proche entourage du groupe français Bolloré dans le sulfureux dossier du terminal à containers du Port de Douala. Une affaire d’ailleurs qui a fini par emporter Siyam Siewe et ses acolytes. Pari audacieux, mais d’une haute portée patriotique, le capitaine Etoundi Oyono sait que sa mission est loin dêtre une sinécure. Toutefois, l’homme surnommé «Zorro» peut compter sur deux alliés de taille : le président Paul Biya, son principal mentor et le personnel portuaire. Ismael Aidara, Douala Renflouer Douala, un pari audacieux, mais d’une haute portée patriotique Il n’y a aucun doute que le nouveau capitaine du navire est la clé de la solution. Sa forte personnalité et sa rigueur dans la gestion des affaires du Port sont des atouts. Mali, la Cedeao promet ... En marge de la cérémonie d`investiture du président Macky Sall, à Dakar (Sénégal), il est ressorti d’une réunion des chefs d`Etat de la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cedeao) sur la situation politique au Mali, assistance au peuple malien, mais aussi des sanctions et menaces contre la junte au pouvoir. Alassane Ouattara, président ivoirien et président en exercice de la Cedeao, qui a rappelé la préoccupation de l’organisation face à la situation dans le nord du Mali, a souligne que lui et ses pairs tiennent à l’intégrité du territoire malien. Il a ajouté que tous les moyens seront déployés pour stopper cette rébellion et amener ce pays à retrouver l’intégrité de son territoire ; ce qui est un devoir pour la sous-région. 26 avril 2012 Les Afriques . 51 Politique Economique 20/04/12 04:54 Page52 DOSSIER Ali Bongo Difficile réveil Ali Bongo veut rompre avec l’économie de rente, une exigence forte qui passe par l’industrialisation, la bonne gouvernance, la fin de l’Etat-providence, ... L’élite locale est-elle prête? Présentes depuis des décades dans le sous-sol et l’offshore gabonais, les multinationales vont-elles s’y plier? Quelle attitude des privés gabonais? Le match n’est pas gagné d’avance pour lui. L’ interdiction, en janvier 2010, d’exportation de grumes aura été l’une des décisions les plus significatives de l’actuel chef d’Etat gabonais. Arrivé au pouvoir il y a bientôt 3 ans, Ali Bongo a initié un certain nombre de réformes qui marquent une rupture avec l’époque de son pére. Si par le passé, le pays se complaisait dans son rôle passif d’émirat pétrolier, avec une élite bourgeoise entretenue par la rente pétrolière, dans la vision de l’actuel président il est question de construire une économique dynamique à travers l’industrialisation. L’émergence d’une classe moyenne entreprenante, libérale et ouverte aux mutations du monde, sera le meilleur allié de cette orientation politique. C’est l’esprit du «Gabon Emergent». Au-delà de la panoplie de chantiers mis en œuvre, ce Gabon Emergent passe d’abord par un nouveau modèle économique proposé aux multinationales. En clair, l’actionnariat public et privé gabonais souhaite plus de pouvoirs dans les filiales locales Le président de la République du Gabon Ali Bongo Gabon Emergent passe d’abord par un nouveau modèle économique proposé aux multinationales. L’actionnariat public et privé gabonais souhaite plus de pouvoirs dans les filiales locales des multinationales comme Total Gabon, détenu à hauteur de 58% par la maison-mère. 52 Les Afriques . 26 avril 2012 des multinationales comme Total Gabon, détenu à hauteur de 58% par la maison-mère et par l’Etat et des investisseurs gabonais à 25% et 17% respectivement. La convention d’investissement liant Total à l’Etat Gabonais a été renouvelée deux ans avant l’alternance politique (soit en 2007) pour 25 ans. Il s’agit là d’un gage de stabilité dans le secteur pétrolier gabonais, mais qui est considéré par les partisans d’une réforme rapide et de l’ouverture du champ pétrolier gabonais aux multinationales des pays émergents, comme un verrou. A y regarder de prés, les retombées des activités de Total Gabon profitent pourtant à l’économie du pays. Par exemple, l’Etat a perçu 1 milliard de dollars en 2008 sous forme de redevance minière, d’impôts sur les sociétés, de bonus et de contributions diverses. Certes, depuis ce montant est inscrit en recul, n’ayant pas atteint 400 millions de dollars en 2009. Changement «Total du schéma pétrolier En plus de cette manne, l’Etat reçoit une partie du pétrole dans le cadre des contrats de partage de production. En 2009, ce schéma de partage s’est traduit par des recettes de 93 millions de dollars. Là aussi l’on note un déclin puisqu’en 2008 le montant était de 272 millions de dollars. Autre source de revenus, les dividendes versés à l’Etat, actionnaire à hauteur de 25%. Politique Economique 20/04/12 04:54 Page53 Angola, Sonangol acquiert 51% de la compagnie sao-toméenne Patrice Trovoada, Premier ministre sao-toméen, a récemment confirmé que Sonangol, société angolaise des hydrocarbures, va acquérir, à travers la Sonair, près de 51% des parts de la compagnie aérienne de Sao Tomé et Principe, STP Air. A ce titre, il a précisé que la décision finale sera prise à l’issue de l'assemblée générale de la compagnie sao-toméenne. Ces dividendes ont atteint 25 millions de dollars en 2009 au titre de l’exercice 2008. Là aussi un recul puisque une année auparavant, l’Etat percevait 35 millions. Ce triple recul des postes de recettes du secteur pétrolier n’est-il pas l’un des moteurs silencieux du changement prôné ? La volonté de transparence de l’industrie pétrolière prônée depuis 2004 par l’Etat gabonais et matérialisée par l’adhésion du pays à la démarche de l’ITE (initiative pour la transparence des industries extractives) se heurte, il faut le dire, aux intérêts des puissants lobbys locaux et internationaux encore tournés vers le passé. Mais, ainsi que cela se confirme dans les dernières déclarations présidentielles, notamment lors de sa visite en Corée du Sud (mars 2012), le Gabon entend changer la donne. Comment se fait-il, s’interroge un expert, qu’avec 30 champs pétroliers, nous ne parvenons pas encore à assurer correctement nos besoins en énergie? Actuellement, 95% du pétrole brut est exporté. Les 5% restant sont théoriquement raffinés par la Sogara (Société Gabonaise de Raffinage), basée à Port Gentil et dépassée par la demande. D’où la convention signée avec le numéro un de l’énergie en Corée, SK Energy, pour la construction d’une raffinerie à Port Gentil sur l’île Mandji. La future raffinerie sera opérationnelle d’ici deux ans dans la zone franche de l’île Mandji avec une capacité de production de 50 000 barils jour contre 21 000 actuellement. Reste à déterminer les modalités du tour de table pour réunir le milliard de dollars nécessaire à la construction de cette raffinerie. En accordant la part belle à la partie coréenne, en capital et en appui technique (à travers l’Agence coréenne de coopération internationale) ne risque-t-on pas de retomber dans les schémas du passé ? Quoi qu’il en soit, une rupture est entrain de se faire dans le secteur pétrolier gabonais. Le nouveau code des hydrocarbures en cours de finalisation donnera le la d’une évolution irrésistible pour le sixième producteur africain d’or noir, doté de 3,7 milliards de barils de réserves prouvées. La Gabon Oil Company et le Fonds souverain Stratégique, deux piliers de la vision Ali Bongo Pour acter sa vision, le président Ali Bongo a annoncé la création de la Gabon Oil Company (GOC) en Le combat contre l’informel Comment se fait-il, s’interroge un expert, qu’avec 30 champs pétroliers, nous ne parvenons pas encore à assurer correctement nos besoins en énergie? Cameroun, des indépendants à la présidentielle Au Cameroun, une mini-révolution est en train de s’opérer dans l’autorisation des candidatures à la présidentielle. Désormais, des candidats indépendants pourront se présenter. Un projet de loi y afférent est en train d’être examiné à l’Assemblée nationale camerounaise. Un certain nombre de conditions sont tout de même exigées aux indépendants pour se présenter. Parmi celles-ci, la présentation d’au moins 300 signatures de personnalités camerounaises, à raison de 30 par région, mais aussi à condition d’être soit Parlementaire, Conseiller régional ou Conseiller municipal, Chef traditionnel de 1er degré, ou encore membre d’une Chambre consulaire. A noter que les dispositifs relatifs au mode de scrutin au suffrage universel direct, à la majorité simple, à la durée du mandat à 7 ans et sans limite de nombre, à l’âge minimum de 35 ans révolus, … et à une caution de 30 millions de f CFA, soit 60 000 $, viennent compléter ce texte de loi. 26 avril 2012 Les Afriques . 53 Politique Economique 20/04/12 04:54 Page54 DOSSIER Ali Bongo Ondimba : «Cette société va matérialiser la présence de l’Etat gabonais dans le domaine stratégique du pétrole» 54 Les Afriques . 26 avril 2012 Politique Economique 20/04/12 04:54 Page55 mars 2010. «Cette société va matérialiser la présence de l’Etat gabonais dans le domaine stratégique du pétrole», a déclaré le chef de l’Etat. La GOC gérera toutes les participations de l’Etat dans les sociétés pétrolières, de la gestion de l’exploration, de l’exploitation et de la distribution, ajouté le président Bongo. Le retard à l’allumage accusé par la GOC traduit les querelles intestines et l’hostilité passive des multinationales. Il a fallu une année à la GOC pour entériner sa naissance. Si l’Etat a enregistré deux contrats d’exploration et de partage des revenus sur des zones offshores au large d’Omboué (Ouest) en partenariat avec Perenco (franco-britannique), peu de choses ont avancé sur la constitution réelle de cette nouvelle entité. Des cadres de la direction générale des hydrocarbures, organe du ministère des Mines, du pétrole et des hydrocarbures seraient-ils derrière ces lenteurs ? A moins que cela ne soit le fait des traders ou supposés comme tels, qui jouissaient de la rente exclusive d’être les intermédiaires dans la commercialisation du pétrole gabonais. Ce dont on est pour le moins sûr est que, avec la GOC, l’Etat Gabonais peut mettre au pas certains de ses partenaires comme Addax Petroleum contraint au partage de ses blocs de pétrole avec le nouvel opérateur étatique. Partage de rôles En fait, il s’agit d’un partage des rôles entre la GOC, qui héritera des actifs de l’Etat dans le domaine pétrolier et le Fonds souverain stratégique, qui gérera les actifs de l’Etat en dehors du secteur des hydrocarbures. La longue hésitation quant à l’appellation de ce fonds souverain (initialement baptisé fonds pour les générations futures) explique en partie les raisons de sa création : doter le Gabon d’un bras financier puissant capable de structurer le secteur économique. Dans la fièvre de ces réformes, la suppression de la direction des participations a été vue comme une sorte de «démolition contrôlée» d’un organe de captation de rente. Désormais, il sera difficile de continuer à vivre des subsides de l’Etat à la lumière de ces réformes puisque Ali Bongo entend mettre un dispositif de récupération des budgets non utilisés dans les précédents exercices. Une sorte de caisse de relance qui récupérera des fonds qui jusque-là disparaissaient dans des circuits bien huilés. Parallèlement à ce dispositif, une caisse de plus value chargée de récupérer les ressources exceptionnelles non prévues (le secteur pétrolier constitue en cela une source inépuisable depuis que son prix moyen oscille entre 100 et 120 dollars). Le retard à l’allumage accusé par la GOC traduit les querelles intestines et l’hostilité passive des multinationales. Il a fallu une année à la GOC pour entériner sa naissance. Choix gagnants La mutation voulue par le président Ali Bongo se heurte donc à des intérêts privés gabonais et des intérêts internationaux portés par les multinationales. Celles-ci semblent pourtant se mettre au pas. Le groupe Rougier International a ainsi cédé 35% de son capital à la Caisse des dépôts et consignations du Gabon, autre organe mis en place par Ali Bongo, pour un montant de 24 millions d’euros. L’acquisition de la minorité de blocage dans cette société qui exploite plus de 2 millions d’hectares dans le bassin du Congo offre à l’Etat Gabonais les moyens de contrôler d’une part une filière qui l’échappe encore et, d’autre part, de prétendre au dividende d’un groupe qui a réalisé 4,4 millions d’euros de bénéfices en 2011. Egalement revisité, l’attribution de la méga-mine de Belinga aux chinois Le Fonds souverain stratégique gérera les actifs de l’Etat en dehors du secteur des hydrocarbures. La longue hésitation quant à l’appellation de ce fonds souverain (initialement baptisé fonds pour les générations futures) explique en partie les raisons de sa création. Fitch revoit à la hausse la note du Gabon De BB-, la Gabon passe à la note «BB». L’agence de rating Fitch qui lui a attribué cette note, s’appuie sur les réformes initiées par l’Etat depuis 2010. En 2011, compte tenu des réformes entreprises par Ali Bongo, président de la république, pour diversifier l’économie hors pétrole, et améliorer la gouvernance publique et le climat des affaires, cette agence assure que cette note pourrait même passer à BB+. Avec un taux de croissance du PIB estimé à 6% en 2012, des cours du brut, favorables (+39,4%), l’économie gabonaise a bénéficié d’investissements profitables à moyen et long terme, soulignent les observateurs. Avec une dette publique intérieure, qui ne monte qu’à 20,4% du PIB, bien en-deçà de celle d’autres pays à économie similaire dans la région, ce pays, dont la dette extérieure ne représentait que 28% des recettes extérieures courantes, en 2011, devrait même devenir créancier extérieur net, en 2012. Kenya Airways se renforce aux Seychelles Entre Nairobi et Mahé, Kenya Airways, compagnie aérienne du Kenya, va désormais porter ses dessertes à 3 par semaine. Cette liaison point à point sera assuré avec des départs en Boeing 737NG mardi, jeudi et dimanche à 9h05 pour des arrivées à 13h20. Les vols retours quittent les Seychelles à 14h10 pour atterrir à l’aéroport de Nairobi à 16h20. Alain St Ange, ministre du tourisme qui a présenté, dernièrement, le renforcement de cette compagnie, a soutenu qu’elle a desservi les Seychelles, avant même Air Seychelles. 26 avril 2012 Les Afriques . 55 Politique Economique 20/04/12 04:54 Page56 DOSSIER dans l’Ogooué –Ivindo très disputée en ce moment entre les chinois CMEC et l’australien BPH Billiton. Ce projet contesté par de nombreuses ONG restera peut être entre les mains des chinois ou tombera dans l’escarcelle du géant australien, «mais en s’inspirant du Gabon Emergent», assure un fonctionnaire du ministère des Finances. Ces nombreux choix stratégiques qui conditionnent le réveil économique du Gabon sont payants. Depuis 2010, le Gabon a attiré plus de 4 milliards de dollars d’investissements directs étrangers, en particulier dans le domaine des mines et des hydrocarbures. Le pays, qui espère devenir le leader mondial de la production de manganèse à l’horizon 2015, a opéré une forte entrée dans le marché de l’or avec une production estimée à 1,2 million de tonnes d’or pur. Raymond Ndond Sima, l’hirondelle qui annonce le printemps Si les multinationales et les partenaires étrangers sont en train de revoir leurs schémas à la lumière du 56 Les Afriques . 26 avril 2012 nouveau concept économique du Gabon, il y a tout un travail qui reste à faire auprès des élites et du gabonais lambda. La haute administration gabonaise est-elle prête au changement impliquant plus de transparences dans la promotion, la gestion de la manne publique et l’attribution des postes ? Gâté par l’Etat-providence, l’esprit de fonctionnariat qui habite le citoyen lambda peut-il se mettre au diapason avec un environnement économique appelé à s’ouvrir davantage au privé et à la précarité de l’emploi ? Les grèves répétés à la Marine Marchande en 2011, ainsi que l’appel des milieux syndicaux au respect de la législation du travail (primauté du gabonais sur l’emploi) montrent toute l’étendue du malentendu. La nomination d’un premier ministre technocrate, en la personne de Raymond Ndond Sima, «nomination qui aurait dérangé les caciques» En route vers l’industrialisation du PDG (Parti démocratique gabonais) au pouvoir, selon des sources bien informées, est l’un de ces nombreux signaux du changement qui font bruire le tout Libreville. Contrairement à son prédécesseur Paul Biyoghé Mba, rompu aux joutes politiques et à l’équilibrisme régional, le nouveau premier ministre, ancien ministre de l’agriculture, a le parfait profil d’un Président directeur général d’une entreprise qui veut redresser la pente. Son enrôlement dans le parti au pouvoir qui l’a élu député obéît dans ce sens plus à un positionnement tactique qu’à un réflexe d’un politicien au long cours. Première grande rupture depuis la conférence nationale de 1990 Autre signe du changement, très symbolique, l’origine de ce nouveau Premier ministre, ressortissant de la La nomination d’un PM technocrate, en la personne de Raymond Ndond Sima, «nomination qui aurait dérangé les caciques» du PDG au pouvoir, est l’un de ces nombreux signaux du changement qui font bruire le tout Libreville. Politique Economique 20/04/12 04:54 Page57 province de Woleu-Ntem. Pour la première fois en quarante ans, ce n’est pas un ressortissant de l’Estuaire qui hérite du poste. Le président Ali Bongo opère là une rupture sans précédent, écrit l’éditorialiste du quotidien l’Union en date du 29 février 2012. Cet acte, le plus significatif au Gabon depuis la conférence nationale de 1990 marque-t-il la fin de «l’ethnicisation» des postes ? Le PDG ne paiera-t-il pas cash son audace lors des prochaines consultations politiques ? Après avoir vécu le choc de 1990 quand d’autres formations politiques ont été admises à l’assemblée nationale, ce parti reste toujours aussi hégémonique, au risque de ralentir la mutation du champ politique gabonais. Au terme des législatives du 17 décembre 2011, le parti au pouvoir occupe 107 des 120 sièges que compte le Parlement. Ce qui est fêté comme un raz de marée au sein de la baronnie locale est vue par les observateurs comme la victoire des nostalgiques de l’ère du multipartisme contre les réformistes, partisans «Votre mandat sera différent des législatures antérieures. Il se déroulera sous l’ère du désir d’émergence (…) vous devez travailler sans arrières pensées. De telle sorte que cette Assemblée démente le préjugé d’une Chambre d’enregistrement». d’une plus grande ouverture. La faible représentation de l’opposition prive le pouvoir de son nécessaire contrepoids. Le risque de voir l’hémicycle du Palais Léon Mba se transformer en caisse de résonnance est quasi-certain, dénote-t-on. Plus de 44 ans après sa naissance, le PDG reste plus que jamais le navire amiral du paysage politique gabonais. La formation fondée le 12 mars 1968 à Koula-Moutou par Omar Bongo a-telle saisi toutes les implications du mot «émergence» ? Lors de son discours aux députés, le président Ali Bongo avait déclaré : «Votre mandat sera différent des législatures antérieures. Il se déroulera sous l’ère du désir d’émergence (…) vous devez travailler sans arrières pensées. De telle sorte que cette Assemblée soit capable de démentir le préjugé qui redoute qu’elle puisse désormais évoluer comme une Chambre d’enregistrement». Une exigence nécessaire pour le Gabon émergent à l’horizon 2025. Fidèle à sa rhétorique de l’émergence, le président gabonais a baptisé «gouvernement de missions», sa nouvelle équipe ministérielle. Un parlement monocolore Des réformes à opérer en profondeur Le contrôle du parlement gabonais par le PDG résulte aussi quelque part de l’appel au boycott lancé par plusieurs partis d’opposition et, surtout, l’affaiblissement de cette opposition. Ainsi, l’Union du Peuple Gabonais (UPG) connaît une traversée du désert avec la disparition de son leader Pierre Mamboundou. De son côté, le Rassemblement pour le Gabon d’un Paul Mba Abessole à l’image insaisissable, tantôt opposant, tantôt allié du 26 avril 2012 Les Afriques . 57 Politique Economique 20/04/12 04:54 Page58 DOSSIER SEEG, siège 58 Les Afriques . 26 avril 2012 Politique Economique 20/04/12 04:54 Page59 pouvoir, semble satisfait de ses faibles scores (3 députés) qui ne dérangent pas outre mesure le PDG. Ce parti monolithique qui garde tout le pouvoir comme au bon vieux temps du parti unique ne risque-t-il pas de se faire surprendre par la dynamique des changements d’un monde nouveau ouvert à la parité et à la jeunesse ? Les vieux barons tardent de tendre la perche aux femmes (15 députés élus) et aux jeunes. L’on dénombre à peine une dizaine de jeunes de la tranche 30-45 ans à la chambre des députés. Là aussi, les observateurs dénotent un recul par rapport à la législature de 2006. Cette résistance à l’air du temps explique sans doute la longévité de Guy Nzouba Ndama, président de l’assemblée nationale qui entame sa quatrième législature à la tête du perchoir. Ce philosophe et marxiste, plusieurs fois ministre sous Omar Bongo, a occupé le poste stratégique de Directeur des «Bourses et Stages», direction si courue par les élites gabonaises. Rompu aux rouages des arrangements politiques, Guy Nzouba Ndama a été reconduit à son poste à la surprise générale, au grand dam de ses détracteurs. Libreville : la SEEG sommée d’apporter la lumière Avec zéro coupures, la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG) a réussi sa Coupe d’Afrique des Nations, organisée du 21 janvier au 12 février 2012. Pourtant, la filiale de Veolia avait montré des signes de fébrilité, lorsque le 10 novembre 2011, une coupure assassine retarde de plusieurs minutes le match de gala Gabon-Brésil à l’occasion de l’inauguration du stade de l’Amitié d’Angondjé. Présent à cette rencontre, le président Ali Bongo et de nombreux officiels, restera longtemps dans l’expectative avant que la lumière ne revienne. Si par la suite, la compétition s’est déroulée sans délestage, au grand bonheur des gabonais, la SEEG a renoué avec ses habitudes quelques jours à peine après l’événement sportif de l’année. La filière bois à la veille de l’industrialisation L’interdiction d’exportation de grumes en janvier 2010 a provoqué des changements importants. Outre l’ouverture du capital de Rougier Gabon à la faveur de la Caisse de Dépôts et de Consignation, pour un montant de 24 millions d’euros (35% du capital), d’importements aménagements ont vu le jour pour favoriser l’industrialisation du pays. Le lancement d’une zone économique spéciale de plus de 1000 hectares dont 40% réservée à la filière bois participe de cette dynamique. Située à Nkok, à 17 km de Libreville, le site est financé par Olam Gabon à hauteur de 150 millions d’euros. Le concept répond aux avantages classiques concédés aux investisseurs dans les zones spéciales : exonération de TVA pendant 25 ans, exonération d’impôts sur le revenu pendant dix ans, garantie de transfert des bénéfices et des capitaux investis, réduction des coûts d’électricité et flexibilité en matière d’emplois. Ces dispositions importantes devront corriger une aberration dans un pays couvert par la forêt à plus de 90% mais où la filière bois pèse pour moins de 1% du PIB. Les restrictions opérées à l’export ont poussé Rougier Gabon à ouvrir de nouvelles lignes de transformations. D’autres groupes comme Leroy Gabon ont été forcé à des réaménagements de tour de table. Les anciens exportateurs de grumes comme la Société nationale des bois du Gabon (SNBG) se sont reconverties dans la transformation. Grâce à un financement de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) et d’Ecobank, la SNBG s’est dotée d’un complexe de transformation de bois à Libreville. Autre entreprise invitée à se mettre dans l’air du temps, la Siat Gabon. Cette structure belge qui envisage d’exploiter 35 000 hectares d’hévéa et 10 000 hectares de palmier à huile ouvrira son capital aux investisseurs gabonais dans le courant de cette année. Dossier réalisé par Adama Wade Des disposi- Malawi, Joyce Banda tions impor- assure l’intérim tantes devant Conformément à la Constitution du Joyce Banda, Vice-présidente corriger une pays, du Malawi, a été investie à la tête du aberration pays, suite à la disparition subite de dans un pays Bingu wa Mutharika, président en Portée à la présidence du couvert par la exercice. pays, quelques heures seulement forêt à plus après l’annonce la mort du chef de l’Etat, emporté par un infarctus, elle de 90%, a décrété un deuil national de 10 mais où la jours et signifié son souhait que tous filière bois ses compatriotes se tournent vers l'avenir avec espoir et un esprit pèse pour moins de 1% d'unité, réfutant sincèrement aucune place pour la revanche. du PIB. Mali, l’accord politique unanimement salué La voie au rétablissement de l’ordre constitutionnel est ouverte au Mali. L’accord signé entre la Cedeao et les hommes du capitaine Sanogo permet de remettre le pouvoir aux civils. Après la démission du président Amadou Toumani Touré, le chef de la junte a remis le pouvoir à Dioncounda Traoré, président de l'Assemblée nationale malienne. Réunion quadripartite à Nouakchott La crise du nord Mali a été à l’ordre du jour de la réunion des ministres des affaires étrangères de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, à Nouakchott, la semaine dernière. Les évènements se sont précipités ces derniers temps, avec successivement la sécession du nord par le Mouvement national pour l’indépendance de l’Azawad (MNLA), le rapt de diplomates algériens, ainsi que le retour à l’ordre constitutionnel, suivie d’un conclave du Comité d’Etat Major opérationnel conjoint (Cemoc), la rencontre va s’atteler à œuvrer pour la sécurisation de la zone. 26 avril 2012 Les Afriques . 59 Arret Oslo 20/04/12 04:56 Page60 ARRÊT SUR IMAGE Oslo 17 avril 2012. André Behring Breivik fait le salut de l'extrême droite à l'entame de son procès. 60 Les Afriques . 26 avril 2012 Arret Oslo 20/04/12 04:56 Page61 26 avril 2012 Les Afriques . 61 Relations internationales 20/04/12 04:57 Page62 RELATIONS INTERNATIONALES La Corée du Nord et l’Iran Deux Etats totalitaires et provocateurs Eclairage sur 2 pays qui se caractérisent par des régimes politiques totalitaires, l’ambition de développer une puissance régionale, et le chantage à l’arme nucléaire, vis-à-vis de la communauté internationale. A un jour d’intervalle, la Corée du Nord et l’Iran ont accompli des actes provocateurs sur la scène internationale. En effet, le président iranien Ahmadinejad a effectué le 12 Avril 2012 une visite de l’île d’Abou Moussa, qui a été occupée en 1971 par l’Iran, et qui est revendiquée par les Emirats Arabes Unis. De même le 13 Avril 2012, la Corée du Nord a effectué, contrairement aux résolutions de l’ONU, le lancement d’une fusée à trois étages, qui s’est avéré un échec. Les deux pays se caractérisent par des régimes politiques totalitaires, l’ambition de développer une puissance régionale, et le chantage à l’arme nucléaire vis-à-vis de la communauté internationale. La Corée avait été occupée par le Japon de 1905 à 1945. En 1948, Kim Il Sung, chef de l’Armée révolutionnaire populaire a fondé la République populaire démocratique de Corée. En 1950, le Nord communiste agresse le Sud, d’où il s’en suit la Guerre de Corée qui se termine en 1953 par un armistice, mais sans conclusion d’un Accord de paix. La Corée est alors divisée en deux. Le Nord sous un régime dictatorial, et le Sud a adopté un système politique démocratique. En 1997, Kim-Jong-Il accède au pouvoir à la mort de son père, et concentre tous les pouvoirs entre ses mains, cultivant un incroyable culte de la personnalité. Le régime se caractérise par le Parti unique et le non respect des droits de l’homme. La Corée du Nord, qui a adhéré à l’ONU en 1991, procède en 2002 à quelques mesures de libéralisation de l’économie. En 2003, la Corée du Nord se retire du Traité de non prolifération nucléaire et procède en 2006 à son premier essai nucléaire, puis en 2009 à un second essai nucléaire souterrain. Une grande partie des ressources du pays 62 Les Afriques . 26 avril 2012 Les deux pays se caractérisent par l’ambition de développer une puissance régionale. étant consacrée à l’armement, l’économie coréenne est en ruines, et la population a des difficultés à s’alimenter convenablement. En 2011, Kim-Jong-Un accède au pouvoir, et continue la même politique que son père. Plusieurs négociations concernant la dénucléarisation de la Corée du Nord ont eu lieu avec les Etats-Unis, mais n’ont pas abouti concrètement à ce jour. Sur le plan externe, le seul allié de la Corée du Nord est la Chine, alors qu’elle n’est pas reconnue par les Etats-Unis, le Japon, et la France. L’Iran de son côté, après le régime honni du Shah, a connu en 1979 l’instauration de la République islamique d’Iran. A lieu de jouir d’un régime démocratique, de liberté, et de respect des droits de l’Homme, le pays a sombré dans un état théocratique qui prône la prédominance du religieux sur la politique. C’est ainsi que la Constitution de 1979 a cadré le pouvoir pour qu’il n’échappe pas aux religieux. Le Guide suprême au lieu d’être élu au suffrage universel direct, est désigné à vie par l’Assemblée des Experts. Cette dernière Assemblée est composée de 86 membres religieux élus au suffrage universel direct. Seuls les religieux sont autorisés à postuler, et les candidatures doivent être approuvées par le Conseil des gardiens de la Constitution. Ce dernier est lui-même composé de 12 membres désignés pour 6 ans : 6 religieux nommés par le Guide suprême, et 6 juristes élus par le Parlement. Ce Conseil des gardiens a pour rôle d’évaluer la compatibilité de la loi à la Constitution et à l’Islam. Il contrôle également la validité des candidatures au Parlement. Enfin, toute loi votée par le Parlement doit être approuvée par le Conseil des gardiens. Le Guide suprême dispose de pouvoirs importants : il détermine la politique générale du pays, décide du referendum, est Chef des armées, nomme le Chef des Relations internationales 20/04/12 04:57 Page63 Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et Pak Ui-Chun, ministre nord-coréen des affaires étrangères Ces deux pays se démarquent de la communauté internationale, et constituent une menace régionale. gardiens de la Constitution, peut destituer le Président de la République, et dispose du droit de grâce. Certes, le Président de la République est élu au suffrage universel direct, mais les candidats doivent être approuvés par le Conseil des gardiens de la Constitution. De plus, il doit être un homme, musulman, et loyal à la République islamique. Il dispose des pouvoirs de l’exécutif, sauf ceux attribués au Guide suprême. Le pouvoir législatif appartient à un Parlement monocaméral appelé «Majliss». Il est composé de 290 membres qui sont élus au suffrage universel direct, cependant 5 sièges sont réservés à des minorités confessionnelle. Une dernière institution est le Conseil de discernement composé de 6 membres du Conseil des gardiens, les Chefs des pouvoirs législatifs, judiciaires et exécutifs, ainsi que 10 autres membres nommés par le Guide. Ce Conseil a pour rôle d’arbitrer les litiges entre le Parlement et le Conseil des gardiens. Il a également le droit d’édicter des solutions pour les cas plus graves. Malgré ses énormes richesses pétrolières, l’écono- mie iranienne est en berne. En politique extérieure, l’Iran veut devenir une puissance régionale, s’appuyant sur les ressources financières procurées par le pétrole, et le mouvement chiite. Elle s’oppose aux pays arabes sunnites et en particulier l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe, et tente d’augmenter son influence au Liban, en Syrie et en Irak. Malgré la ratification en 1970 du Traité de non prolifération nucléaire, l’Iran tente de se doter de l’arme nucléaire. En conclusion, on ne peut que regretter que ces deux pays se démarquent de la communauté internationale, et constituent une menace régionale. C’est le manque de démocratie qui explique la situation où ils se trouvent actuellement. Certes, il est difficile de s’immiscer dans la politique intérieure de ces pays, mais la communauté internationale peut agir par des sanctions économiques, et par l’encouragement des forces démocratiques qui existent dans ces pays. Jawad Kerdoudi Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales) Mahmoud Ahmadinejad, président iranien 26 avril 2012 Les Afriques . 63 Point de vue africain 20/04/12 04:59 Page64 POINT DE VUE AFRICAIN Paul Biya en guerre contre tous les prétendants à sa succession A quoi pourrait-on comparer l’opération Épervier ? Eric Essono Tsimi, écrivain. L e président Biya serait-il en train de se tirer plusieurs balles dans le pied, en pleine connaissance de cause ? Il vient de satisfaire le goût sans cesse croissant des camerounais pour le sang, en faisant incarcérer les deux plus hautes personnalités de la République à avoir jamais connu l’humiliation d’un déferrement : un ancien premier ministre anglophone et un ancien SGPR (Secrétaire Général d’Etoudi) nordiste. Aucun groupe ethnique n’aura finalement été oublié dans ces cadeaux d’au revoir du président Biya à ceux qui l’ont servi (et visiblement desservi aussi). Mutatis mutandis, Ahidjo a eu son André-Marie Mbida en prison, Paul Biya a désormais son Inoni Ephraim, qui bénéficie d’un sort aussi peu enviable que l’autre. Un journaliste camerounais très au fait de cette opération a pu dire, au vu des dernières prises de l’«épervier», que c’est le signe que le fringant septuagénaire d’Etoudi «mène bien sa barque», tient heureusement son gouvernail : le capitaine du Titanic, le commandant de la Costa Concordia devaient penser la même chose. Et si c’est de la politique de la terre brûlée qu’il s’agissait dans le fond ? Cette tactique de la dernière chance est prisée par les stratèges aux abois. Paul Biya peut tout risquer parce qu’il a désormais si peu à perdre. En dynamitant les bases même du système qu’il a mis sur pied, il laisse ses ennemis sans cible, il ne laisse pas de traces et commet une sorte de crime parfait. Le métier le plus dangereux au Cameroun SGPR est-il le métier le plus dangereux du Cameroun ? En tout, au moins trois anciens SGPR sont en ce moment dans des prisons de Yaoundé (Inoni Ephraim et Sieyam Siewe étant épargnés par notre comptabilité). Marafa Hamidou Yaya est, après Atangana Mebara, et Titus Edzoa, le troisième SGPR à être entendu et déferé dans la même journée. L’hebdomadaire Repères, dirigé par Parfait Siki, un ancien journaliste de l’Action (quotidien de propagande du RDPC), avait consacré plusieurs 64 Les Afriques . 26 avril 2012 Mutatis mutandis, Ahidjo a eu son André-Marie Mbida en prison, Paul Biya a désormais son Inoni Ephraim, qui bénéficie d’un sort aussi peu enviable que l’autre. unes retentissantes à l’ancien Secrétaire Général, tombé en disgrâce en raison des ambitions probablement avérées qu’on lui supposait d’une part et du soutien, moins évident, que la France lui aurait manifesté, dans la perspective de la succession à Paul Biya d’autre part. La presse camerounaise, qui avait supputé sur un mécontentement du Prince vis-à-vis de Bolloré (donc en certaine façon de la France, les relations au sommet de ces deux pays étant très personnalisées), semble avoir vu juste. Emmanuel Etoundi Oyono, qui était reputé s’être fait débarquer du PAD (Port Autonome de Douala), en raison notamment du mécontentement de Bolloré auquel il avait retiré le dragage du chenal portuaire, a, après une traversée de Maetur (Missions d’aménagements et d’équipements des terrains urbains), été tapageusement reconduit le 26 mars dernier. Comme quoi, sous l’arbitrage du president Biya, l’industriel français (http://www.cameroon-info.net/stories/0,33111,@,vincent-bollore-port-autonome-de-d ouala-les-dossiers-secrets.html) a perdu la face devant un simple Directeur général d’une République qu’il doit, entre deux plaisanteries grivoises, qualifier d’outrageusement bananière. La banane est le fruit le plus rentable du monde et le Cameroun est fier d’en être l’un des plus gros exportateurs, Mossieu l’ami personnel de Nicoulas Sarkouzy ! Avec l’incarcération d’un de ses proches qu’il pressentait et préparait sans doute au poste de president de la République camerounaise, c’est le pompon! Paul Biya a-t-il déjà anticipé sur la défaite de Nicolas Sarkozy ? «Au Cameroun de Paul Biya» On disait que Marafa Hamidou Yaya n’avait peur que d’une seule chose : que le Ciel lui tombe sur la tête. C’est un Peul. Un dur. Qui ne s’en laissera pas conter par les anciens de Kondengui, s’il venait à ses prédécesseurs la mauvaise idée de le soumettre aux brimades souvent réservées aux «hier-hier» (les bleus de la prison). Mais «chief» Inoni, illustre chef traditionnel Bakweri est docile : si on lui demande d’ôter son pantalon, il n’oubliera pas d’enlever ses Point de vue africain 20/04/12 04:59 Page65 dessous et de demander quel ordre il doit encore exécuter. Pourquoi donc est-il entrainé dans cette guerre de succession ? Comme avant lui Yves Michel Fotso, victime bien sûr de sa propre turpitude, comme eux tous, mais victime surtout de réseaux occultes et de réseaux de jalousie. Le président Biya a été accusé par une certaine partie de l’opinion publique de se servir de la lutte contre la corruption pour décapiter le G11 (quarteron de personnalités puissantes qui auraient envisagé de s’installer à Etoudi en 2011). S’il a de la suite dans les idées, comme il en a régulièrement fait la démonstration, il serait en train de pulvériser le G18, sinon né éventuel. Il oriente dans le sens voulu l’attention de ses compatriotes, captée par des questions qui devaient le lasser. Au Cameroun, les conversations étaient en effet nourries ces derniers mois par une actualité fait-diversière (Affaire Vanessa), par les frasques d’Antoine Ntsimi (si détesté qu’il doit forcément être quelqu’un de bien) et par les spéculations à peine voilées sur l’aprèslui-même (code électoral, etc.) A quoi pourrait-on comparer l’operation épervier ? La prison centrale de Kondengui est une espèce de principauté (Monaco) avec la plus grande concentration au mètre carré de milliardaires, hauts fonctionnaires, administrateurs hors échelle, et écrivains découverts et revélés par L’Harmattan. S’ils ne peuvent pas déclarer l’indépendance de kondengui, malgré les moyens illimités qui sont les leurs, malgré le Paul Biya, président du Cameroun Ils ont compris qu’au Cameroun de Paul Biya «la chute d’un homme n’est pas la fin de sa vie» (dixit un artiste musicien populaire aujourd’hui en prison). pouvoir qui leur est reconnu de provoquer et d’entretenir une guerre civile pendant une dizaine d’années, sans que leur descendance n’en pâtisse financièrement, s’ils sont si calmes et y vont de si bon cœur, comme des moutons que l’on mène à l’abattoir, c’est peut-être qu’ils savent des choses que le «vulgum pecus» ignore. Ils ont compris qu’au Cameroun de Paul Biya «la chute d’un homme n’est pas la fin de sa vie» (dixit un artiste musicien populaire aujourd’hui en prison). On pourrait comparer l’opération épervier 1) à une histoire coloniale et Paul Biya serait le nouveau Sekou Touré, rehaussé de son légendaire «Non à la France» 2) à un poème de Baudelaire «l’Albatros» (du nom de l’avion litigieux qui a failli coûter la vie au président camerounais) réécrit de façon macabre par des proches du prince 3) à une religion monothéiste, plus particulièrement l’Islam qui n’a qu’un seul Dieu et pas de saints 4) à une opération d’enfumage (la terre brûlée) : qui a intérêt à ce que les pistes soient totalement brouillées ? 5) à une opération de canonisation. N’ayant pas eu de vrais héros politiques, la justice RDPC nous en fabrique quelques uns, on a les leaders qu’on peut : nos saints n’ont jamais intercédé pour le peuple, nos Nelson Mandela s’appellent Atangana Mebara, nos Wade n’ont pas promu le changement mais les détournerments de fonds publics, nos Gbagbo n’ont pas contesté le pouvoir suprême, ils ont fait pire, ils l’ont convoité. L’envie en politique camerounaise est un péché capital ! 26 avril 2012 Les Afriques . 65 Decouverte 20/04/12 05:00 Page66 DÉCOUVERTE Dakar–Casablanca Le corridor du développement dans tous ses états Au moment où le corridor Dakar-Bamako est en proie à quelques soubresauts avec la crise malienne née de la partition de ce pays, l’axe routier Dakar-Casablanca, long de 3000 km connaît un regain d’intérêt certain. En témoigne la caravane Saga Africa organisée les 5,6 et 7 avril par le Centre des jeunes dirigeants d’entreprises(CJD International). L ong de 3500 km, le corridor DakarNouakchott-Casablanca a plutôt l’ambition de déboucher sur la ville de Tanger informe d’emblée Son Excellence Taleb Berrada, ambassadeur du Royaume du Maroc au Sénégal lors du lancement de la Caravane Saga Africa.C’était donc parti pour une véritable odysée, une aventure exceptionnelle vécue par une quarantaine de jeunes porteurs de projet sénégalais, rejoints en cours de route par une dizaine de leurs camarades mauritaniens. Le tronçon Dakar-Casablanca est en réalité un véritable tapis roulant, un corridor du développement pour paraphraser le diplomate marocain. Axe routier stratégique, il va participer à la mise en place d’une économie régionale intégrée mettant en exergue l’activité économique du Sénégal, de la Mauritanie et du Maroc. Selon les spécialistes, les avantages comparatifs de ce corridor entièrement bitumé sont inestimables. Il représente en effet une alternative sérieuse à la cherté du transport maritime des containeurs. C’est sans doute, conscient de ces enjeux, que l’antenne sénégalaise du CJD international, dirigée par Ndèye Marième Fall, a offert l’opportunité à une cinquantaine de jeunes porteurs de projet de vivre les mille et une sensations d’un voyage exceptionnel. La caravane qui s’est ébranlée de Dakar le 1er avril 2012, a connu ses premières dif- Le tronçon Dakar-Casablanca est en réalité un véritable tapis roulant, un corridor du développement pour paraphraser le diplomate marocain. Axe routier stratégique, il va participer à l’intégration économique. 66 Les Afriques . 26 avril 2012 ficultés à Rosso Sénégal. Arrivée à 13 heures sur les lieux, il a fallu attendre jusqu’à 16 heures 30 pour faire la traversée du fleuve Sénégal. C’est parce que le bac «Trarza» observait une pause et était ainsi stationné de l’autre côté de la rive, en territoire mauritanien. Une fois la traversée accomplie, la caravane débarque à Rosso Mauritanie. Là aussi, les tracasseries n’ont pas manqué. Chaque membre du convoi doit débourser 50 euros et faire le change en monnaie locale(Ouguiyas).Renseignements pris, il s’agit de l’argent qui doit attester que le voyageur détient de l’argent de poche durant son séjour sur le territoire mauritanien. C’est là qu’on se rend compte que malgré sa proximité avec le Sénégal, la Mauritanie n’est pas membre de l’UEMOA. Une contrainte supplémentaire pour les membres de la caravane d’autant que la présence d’une guinéenne et de deux centrafricains dans le convoi va davantage corser les conditions de traversée de cet Etat, situé à la lisière de l’Afrique de l’ouest et du Maghreb. Pire encore, les gendarmes mauritaniens en rajoutent. Le bus venu de Dakar et qui transportait les passagers du convoi est interdit de rentrer dans le territoire mauritanien, conformément à une législation locale sur les transports en commun, en vigueur depuis quelques mois. Il a fallu moult interventions de l’ambassadeur du Sénégal et surtout du ministre mauritanien du commerce pour que la situation puisse se décanter enfin. Pas de problèmes sur la frontière marocaine Il était temps de poursuivre la route, parce que le convoi a passé près de cinq heures sur la frontière. Cap sur Nouakchott. Un trajet qui est avalé sans anicroches. Et puis nous voilà ensuite à la frontière Decouverte 20/04/12 05:00 Page67 entre la Mauritanie et le Maroc. Là aussi pas de difficultés majeures et la ville marocaine de Dakhla s’offre à la vue du visiteur. Dakhla, Boujdour puis Laayoune sont traversées. Nous sommes dans la partie sahraouie du royaume chérifien. Tout est nickel jusque là jusqu’à Marrakech avant que Casablanca n’accueille enfin des caravaniers exténués, mais tout heureux d’avoir eu la chance de participer au premier salon des entrepreneurs africains (Hub Africa) organisé par le CJD International. L’ère des Business Angels Pour le Président du CJD International Zakaria Fahim, l’Afrique est capable de passer du rêve à l’action et le thème de l’auto entrepreneuriat développé au cours de Hub Africa est plus que jamais d’actualité au moment où au Maroc et dans la plupart des autres pays africains, 70% du tissu économique est constitué de très petites entreprises(TPE). Le patron du CJD International, qui a tiré les enseignements majeurs du salon de Casablanca, estime aussi que le vrai financement alternatif est aujourd’hui lié à l’activité des Business Angels. Il s’agit là de particuliers, des indépendants, des entrepreneurs chevronnés qui Une vue du groupe des Jeunes dirigeants à Casablanca Le bus venu de Dakar est interdit de rentrer dans le territoire mauritanien, conformément à une législation locale sur les transports en commun, en vigueur depuis quelques mois. peuvent financer n’importe quel projet à condition que le Business Plan soit convaincant et reflète un dossier innovant. Pour sa part, la Présidente de l’antenne sénégalaise du CJD Ndèye Marième Fall reconnaît que l’Afrique du nord est un peu en avance sur la partie subsaharienne du continent, en matière de promotion des Business Angels.C’est un concept à développer au Sénégal plus particulièrement et le CJD entend s’y atteler. A l’endroit des jeunes porteurs de projets Sénégalais et Mauritaniens, elle les exhorte à profiter des opportunités offertes par le CJD, un réseau international de 5 000 membres qui peut leur être d’un apport inestimable en ce qui concerne l’accès au financement et l’encadrement technique. En définitive, le DG de Microsoft Maroc, Samir Makhlouf, est resté très optimiste en analysant les perspectives ouvertes par Hub Africa. Avec un riche potentiel d’un milliard d’individus, l’Afrique est à ce jour le seul continent qui va connaître des pics de croissance dans tous les domaines au cours des dix prochaines années, informe-t-il. C’est sans doute pourquoi le continent ne doit pas rater la révolution numérique comme elle a malheureusement raté la révolution industrielle. Envoyé spécial Mohamed Ndiaye 26 avril 2012 Les Afriques . 67 Arret Sud Soudan 20/04/12 05:01 Page68 ARRÊT SUR IMAGE Sud Soudan 10 avril 2012 au camp de refugiés de Yida (Sud Soudan). Un enfant attend le retour de sa mère partie chercher de l’eau. 68 Les Afriques . 26 avril 2012 Arret Sud Soudan 20/04/12 05:01 Page69 26 avril 2012 Les Afriques . 69 MEDIA 20/04/12 05:04 Page70 MEDIAS L’Afrique dans la presse britannique L’actualité africaine a été riche cette semaine. Il y a eu le coup d’Etat en Guinée-Bissau, la prestation de serment du nouveau président intérimaire malien Dioncounda Traoré, l’escalade du conflit entre les deux Soudans, la prestation de serment de la nouvelle présidente du Malawi, Mme Joyce Banda, et bien d’autres sujets. Guinée Bissau, un autre coup d’état Le Daily Telegraph affirme en titre: «Le président de la Guinée Bissau arrêté lors d’un coup d’état militaire». Le journal montre également une photo de Carlos Gomes Junior, le premier ministre sortant d’un bureau de vote, après avoir voté lors du premier tour, montrait son doigt imbibé d’encre indélébile. Si jeudi il y avait des incertitudes sur le sort de Gomes Junior, vendredi un porte-parole de l’armée annoncera que le président intérimaire Raimundo Pereira et le premier ministre Gomes avaient été arrêtés. Le quotidien britannique rapporte les propos des militaires qui affirment que cette action ne visait pas la prise du pouvoir pour gouverner le pays, mais qu’ils voulaient arrêter les velléités de militaires instructeurs angolais qui envisageaient de purger les forces bissau-guinéennes, au profit de Mr Gomes. Et selon le Financial Times, les forces angolaises dans le pays avaient pour mission de former l’armée de Guinée Bissau. Le Guardian montre une photo du domicile de Carlos Gomes Junior en ruine. Très tôt affirme le journal, le siège du parti au pouvoir, l’aéroport, la présidence et le domicile du premier ministre ont été investis. Et les émissions à la radio et à la télé ont été interrompues. Le sort des deux autres candidats à l’élection présidentielle avec Gomes Junior n’est toujours pas connu. On s’attendait à voir Carlos Gomes Junior remporter le second tour de l’élection présidentielle le 29 avril prochain selon le FT, car il avait déjà remporté le premier tour avec 49 % des voix. Pour le quotidien financier ce pays africain a une longue 70 Les Afriques . 26 avril 2012 tradition d’instabilité. En 2009, l’ancien président Joao Bernardo Vieyra avait été assassiné. La faiblesse de l’Etat avait aussi encouragé les narco-trafiquants à s’intéresser à ce pays. Dioncounda : Objectif assurer l’unicité du pays Le nouveau président a déclaré : «j’avertis les rebelles que les pillages et les viols doivent cesser, et qu’ils doivent quitter les villes qu’ils ont occupé». Tous les journaux britanniques annoncent la prestation de serment du président intérimaire malien Dioncounda Traoré. Le Telegraph indique que le nouveau président, un mathématicien entré en politique parle six langues. Un premier ministre sera nommé et des élections organisées dans 40 jours. Le journal rappelle que les mutins avaient justifié leur coup d’Etat par la mauvaise gestion de la crise touarègue, ce qui a abouti à la conquête du nord du pays par les groupes touaregs et des militants islamistes, divisant le pays en deux. Dans son discours inaugural le nouveau président a déclaré : «j’avertis les rebelles que les pillages et les viols doivent cesser, et qu’ils doivent quitter les villes qu’ils ont occupé». Pour le Guardian il y a des incertitudes au delà de l’échéance des 40 jours, car on ne sait pas qui dirigera le pays après cette échéance? Et le Guardian précise que les rebelles ont conquis une région vaste comme la France, en quelques jours seulement. Malawi: Joyce Banda la deuxième femme présidente en Afrique Le nouvelle présidente du Malawi n’a perdu aucun temps pour prendre ses premières décisions en mettant un terme notamment au mandat du chef de la police Peter Mukhito. Un limogeage bien accueilli MEDIA 20/04/12 05:04 Page71 affirme le Guardian qui précise que le renouvellement de l’ancienne garde a commencé. Beaucoup d’espoir repose sur la nouvelle présidente qui est la première en Afrique australe à être nommée chef d’Etat, et la seconde sur le continent. Le journal reprend les propos d’un activiste des droits de l’homme qui affirme que «Nous étions une nation apeurée». Il y avait de nombreuses arrestations arbitraires et une oppression soutenue des droits de l’Homme. Déjà le climat aurait beaucoup changé dans le pays. Il y a une atmosphère formidable de liberté au Malawi déjà. Les gens peuvent parler en toute liberté ce qui n’était plus possible. Le Times de son côté s’intéresse aux prédictions d’un pasteur évangélique nigérian qui dès février de cette année avait prédit la mort d’un chef d’état africain n’appartenant à l’ouest de l’Afrique. Le journal qui affiche une belle photo de la nouvelle présidente du Malawite indique que celle-ci est une admiratrice du pasteur TB Joshua, l’auteur des prédictions. Soudan : Risque de guerre Le Telegraph rejette totalement la prise de contrôle de la ville pétrolière soudanaise de Heglig par l’ar- Le colonel Dabana na Walna de Guinée-Bissau Beaucoup d’espoir repose sur la nouvelle présidente qui est la première en Afrique australe à être nommée chef d’Etat, et la seconde sur le continent. mée sud-soudanaise. En décidant d’envahir cette région vitale pour le Soudan il y a un risque de reprendre une nouvelle guerre avec des conséquences qui pourraient aller au-delà des frontières de ces deux pays. Khartoum n’aurait d’autres choix maintenant que de lancer une contre-offensive. Le journal rappelle que c’est l’année dernière que le sud s’est séparé du Soudan après 56 ans de guerre qui a coûte la vie à près de deux millions de personnes. Le Times affirme que le nouvel état africain, le SudSoudan est très proche d’une guerre totale avec son ennemi farouche, le Soudan. Les bombardements soudanais se sont poursuivis dans la ville de Heglig, après sa prise. Le président soudanais, selon ce journal, a affirmé que «ces frères du sud ont choisi le chemin de la guerre». La région envahie par l’armée sud-soudanaise représente la moitié de la production pétrolière du Soudan. Enfin signalons que plusieurs journaux britanniques, comme le Guardian signalent aussi la mort du père de la nation algérienne Ahmed Ben Bella, premier président algérien qui vient de mourir à 95 ans. 26 avril 2012 Les Afriques . 71 Archives d’Afrique 20/04/12 05:05 Page72 ARCHIVES D'AFRIQUE Gabon, 52 ans après…. Photo prise vers 1960 de Jean-Hilaire Aubame, Premier ministre du gouvernement provisoire du Gabon en 1964, année où il prit le pouvoir par un coup d'Etat (le 18 février) avorté par une intervention militaire française qui réinstalla le président Léon M'Ba à la tête de l'Etat. Le Premier ministre français Georges Pompidou (G) accueille le vice-président gabonais Omar Bongo, le 22 mai 1967 à Paris, lors de sa visite officielle en France. Portrait pris vers 1960 de Léon M'ba, président de la République du Gabon du 13 février 1961 jusqu'à sa mort, le 28 novembre 1967. Le président français Charles de Gaulle (D) s'entretient avec son homologue gabonais Omar Bongo, le 05 janvier 1968 à Paris, lors de sa première visite officielle en France, depuis son accession à la présidence. Photo prise le 20 mars 1961 à Marseille du président du Gabon Léon M'Ba (2eD) en compagnie du maire de la ville, Gaston Defferre (2G), de M Foccart (D), secrétaire général de la Communauté et du président de la chambre de commerce, M Bethous. Le vice-président Albert-Bernard Bongo (à G-devenu Omar Bongo Ondimba) prête serment aux côtés du président du Gabon Leon M'ba, réélu le 19 mars 1967, lors de la cérémonie de prestation de serment à l'ambassade du Gabon à Paris, le 12 avril 1967. 72 Les Afriques . 26 avril 2012 Omar Bongo (C), President gabonais félicite le nouveau président du Conseil de l'Ordre de l'Etoile Equatoriale et du Mérite Gabonais Paul-Marie Yembit (D), le 26 septembre 1971 sous le regard Leon Mebiame (G), vice-President du gouvernement. Le conseiller de l'Elysée pour les affaires africaines, Jacques Foccart (G), accueille le président gabonais Omar Bongo, le 15 novembre 1973 à Paris, dans le cadre de sa visite officielle en France. Archives d’Afrique 20/04/12 05:05 Page73 25 mai 1990, Omar Bongo tente de bloquer les caméras pointées envers lui : c’était lors des graves émeutes survenues à Libreville et à Port Gentil après la mort du leader de l’opposition Joseph Rendjambe. Avril 1974. Visite officielle au Sénégal. 15 octobre 1974. Omar Bongo, son épouse Josephine Bongo, lors de leur rencontre avec Mao Tse-Tung et Deng Xiaoping à Pékin. 20 juin 1990. Aux premières loges lors du fameux discours de la Baule qui marqua le point de départ du printemps africain. De gauche à droite, Denis Sassou Nguesso du Congo, Omar Bongo du Gabon, Gnassingbé Eyadema du Togo, François Miterrand, Hassan II, Hassan Gouled (Djibouti), André Kolingba (Centrafrique). 17 février 1975. A l’hôtel Matignon, avec un certain Jacques Chirac, Premier ministre de la France. 3 avril 2000. lors du Sommet Union Européenne –Afrique tenue au Caire. Photo du président français François Mitterrand (D) s'entretenant avec son homologue gabonais Omar Bongo à bord du train «transgabonais», lors de son voyage officiel au Gabon en janvier 1983. L’actuel président, Ali Bongo, en compagnie du Roi Pelé qui découvrait sa statue à Libreville le 9 février 2012. 26 avril 2012 Les Afriques . 73 Pied de lettre 20/04/12 05:06 Page74 PIED DE LETTRE Quand valider peut être fatal Et l’arnaque en ligne perdure T rop c’est trop, est-on tenté de dire ! Avec tous ces mails qui vous bombardent, si jamais vous n’avez pas la présence d’esprit de «blinder» votre boîte électronique pour qu’ils passent directement en spam. Hélas, face au nombre important de victimes de l’auteur de tels messages, il est urgent de remettre les pendules à l‘heure. Internet doit servir au progrès, à l’essor des populations, pas une machine à arnaquer d’honnêtes citoyens. De la séduction, à la fausse maladie, en passant par l’appât du gain, tout y passe ! De grâce, il ne faut surtout pas répondre à ces courriers électroniques ! Les appels de la prétendue Isabelle Chevalier appartenant à la pseudo-Fondation Bill Gates, suivis de plaintes, ont fini par faire le tour du web, tant Escrocs.net, et autres Arnaquesbêbêtes.com, en ont été saturés ! Les messages habilement introduits, par un aguichant «Bonjour bien aimé», peuvent se poursuivre par «Je m'excuse pour cette intrusion, je me nomme Burdy Geraldinnes née le 08 Octobre 1963 originaire de la France. J'ai dû vous contacter de cette sorte parce que je souhaite faire une chose très importante. Cela vous semblera un peu suspect bien vrais que vous ne me connaissez pas et que je ne vous connais pas. Je souffre d'un cancer du cerveau qui est en phase terminale, mon médecin traitant vient de m'informer que mes jours sont comptés du fait de mon état de santé dégradé, ...» Ne prenez pas la peine de faire des corrections sur ces e- 74 Les Afriques . 26 avril 2012 Daouda Mbaye, Secrétaire de Rédaction. mails bourrés de fautes d’orthographes! Souvent c’est la preuve de l’arnaque. Dans les cas de leurre, celui-ci ne manque pas de toupet. Appréciez la dextérité-encore une fois, je vous le livre tel quel ! «JEAN MARI CLAUDE : Je suis d'origine française résident au BENIN et je travaille dans le domaine pétrolier. Je dispose d'un capital de 5.800.000.00 € qui servira à octroyer des prêts aux particuliers à court et long terme à un taux de 5% d'intérêt l'an. Vous pouvez rembourser sur 4 à 10 ans selon la somme prêtée. C’est à vous de voir pour les mensualités. Si cela vous intéresse, veuillez me contacter sur mon numéro téléphonique direct ou par mail». Les exemples ne manquent pas. Les cas de la déléguée médicale et directrice de promotion et d'organisation ACS, KELIZA ELENA, 28 ans et célibataire, qui prétend être de nationalité canadienne, en quête d’amis sur le Net, de Miss Beauty Musa de Gambie, de Marie Brigitte Prouvost, d’Issa Ibrahim, ou de la veuve Tartempion, dépositaire d’une grosse somme, souvent plusieurs millions d’euros ou de dollars, à partager sonnent dangereusement faux ! L’erreur fatale à ne pas commettre est de fournir ses coordonnées (nom prénom, numéros de téléphones, fonction, âge, situation familiale, …). Si jamais, ces racketteurs n’arrivent pas à vous soutirer quelque 50 euros par transfert d’argent, votre boîte sera alors piratée. Tous vos contacts vont recevoir d’invraisemblables mails pour vous venir en «aide», … Et le tour est joué ! Pied de lettre 20/04/12 05:06 Page75 Pied de lettre 20/04/12 05:06 Page76