MAJA SMREKAR // K9_topology : ECCE CANIS | 5
que la science le décrit, mais également un loup qui est un produit de l’esprit/imagination
humaine, une construction conditionnée socialement et culturellement, parfois nommée
« loup symbolique ». À l’opposé les chiens sont des « machines à aimer », comme l’écrivain
Michel Houellebecq les appellent dans son livre La Possibilité d’une île, même si le roman
articule une vision restrictive et confuse de l’amour, servant le propos du roman, et où
l’amour entre un homme et une femme se retrouve assimilé à l’amour pour un animal de
compagnie. De ce point de vue, le chien pourrait être considéré comme une espèce invasive
pour le loup. Dès le début de la culture, les êtres humains ont développé des stratégies de
plus en plus élaborées dans le processus de domestication des plantes et des animaux, et
depuis maintenant 35 ans, la biotechnologie peut transformer l’ADN d’organismes. C’est
pourquoi la plupart du monde contemporain vivant est dans un certain sens un artefact
culturel qui reflète les souhaits, les besoins et les craintes de la société humaine.
Performance réalisée le 8 novembre 2014 au Nadir, Friche L’Antre-Peaux en partenariat
avec Jacana Wild Life Studios :
Maja Smrekar – I Hunt Nature and Culture Hunts Me – Rencontres Bandits-Mages 2014
from Ewen Chardronnet
Performance, note conceptuelle :
« La partie performative du projet consiste à provoquer la réflexion sur l’interaction avec les
chiens dans notre société, sur notre attitude sur la science et l’art, sur l’interaction de
l’homme avec les chiens, leurs origines, et les conséquences de l’évolution parallèle basée
sur les mêmes pressions de sélection dans un environnement commun.
Dans les années 70, Joseph Beuys (particulièrement dans sa performance I Love America
and America Loves Me) traitait, parmi d’autres choses, de la croyance que les animaux
conservaient un instinct naturel que les humains ont perdu. Oleg Kulik durant les années 90
exécutait ses performances dans un cadre « zoocentrisme versus anthropocentrisme » au
travers duquel il commentait les relations entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est et
les représentations de la Russie contemporaine dans la constitution d’une nouvelle Europe,
comme un « autre » bâtard, démuni, non-sophistiqué qui est charmant tant qu’il reste
passif, soumis, exclu et ne mord pas en retour.
La critique explicite de Kulik de l’anthropocentrisme semble être une extension
posthumaniste radicale de ses craintes à propos de l’Eurocentrisme et un développement