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1. Le culte – un événement marginal? 
Le culte passe toujours dans la compréhension que les Églises réformées ont d’elles-
mêmes et pour ses pasteurs pour une manifestation centrale. Cette conviction est 
cependant depuis longtemps mélée d’une incertitude. En effet, l’abstinence dominicale 
si souvent citée d’une claire majorité des membres de l’Église ne fait pas que durer, elle 
augmente. Pas un article de presse qui ne commence par rappeler le cliché des bancs 
d’église vides – une remarque qui montre que même pour les journalistes, le culte reste 
la manifestation centrale de l’Église, sauf que le constat s’avère négatif pour l’Église. 
On a l’impression que beaucoup restent membres de l’Église à cause de ses 
prestations en faveur des marginaux et de sa fonction de socialisation pour la jeune 
génération. Cette interprétation se trouve confirmée par le débat au Grand Conseil 
bernois de l’été 2007 sur une motion du PLR demandant la suppression de l‘impôt 
ecclésiastique des personnes morales. La motion fut rejetée clairement par 119 voix 
contre 20. Mais ce qui nous intéresse ici, ce sont les arguments invoqués de droite à 
gauche de l’hémicycle contre la motion. La plupart des parlementaires mirent l’accent 
sur la position indispensable de l’Église dans la société. Un inventaire impressionnant 
des offres de l’Église fut présenté. Une manquait: le culte. La proclamation, la liturgie de 
l’Église ne furent pas mentionnée sous la coupole. L’Église jouit du PS à l’UDC d’une 
haute estime – mais pas à cause du culte qu’elle célèbre. C’est pourquoi les 
sociologues conseillent de temps à autre à l’Église de prioriser différemment ses offres. 
Charles Landert par exemple constate dans son étude sur la ville de Zurich que "les 
Églises jouissent d’une large approbation plus à cause de l’utilité de ses services et 
oeuvres qu’à cause de sa liturgie et de sa proclamation". Il suggère discrètement un 
"changement de perspective vers des activités régies par les besoins et non par 
l’offre".1 S’il en est ainsi, est-ce que les „simples“ membres perçoivent le culte à la 
différence des théologien-ne-s comme un phénomène marginal? Doit-on voir ici 
l’ancienne priorité réformée du „faire“ de l’Évangile sur son écoute, du service sur le 
témoignage ?2  
Il y a toutefois des observations qui corrigent cette image. L’étude du Fonds National 
„Coût et utilité des églises en Suisse“ (Dienstleistungen, Nutzen und Finanzierung von 
Religionsgemeinschaften FAKIR) de l‘automne 2010 arrive à la conclusion que les 
                                                 
1 Charles Landert, Reform als Chance. Hintergründe und Gelingensbedingungen der Stadtverbandsre-
form, in: Niklaus Peter (Hg.), Urbanes Christentum. Festschrift zum Jubiläum 100 Jahre Verband der 
stadtzürcherischen evangelisch-reformierten Kirchgemeinden, Zürich 2009, 97-112.110f. 
2 Sur le lien qui réunit témoignage et service voir: Die Kirche Jesu Christi. Der reformatorische Beitrag 
zum ökumenischen Dialog über die kirchliche Einheit (Leuenberger Texte 1), Frankfurt a.M. 1995, 35f.