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Doi Yoshitake
Même au 20ème siècle, Henri Pirenne, a noté dans son livre Les Villes du Moyen Age, essai
d’histoire économique et sociale, 1927, qu’elles sont nées avec la liberté de commerce et de celle
de déplacement. Les citoyens ou les commerçants ont acquis cette liberté à travers des conits
engagés vis-à-vis des seigneurs féodaux pour universaliser ces privilèges ; privilège des
commerçants comme liberté des citoyens. C’est ainsi que la plus grande contribution des
villes médiévales est la formation de la notion de citoyens libres (liberté civile).
Les idées des historiens occidentaux ont conué vers les historiens japonais, parmi lesquels
Hani Gorō qui a écrit La Ville, 1949. Là, il citait Coulange et Von Mauer pour évoquer de
nouveau l’idéal d’autonomie des Villes, la liberté des citoyens et la démocratie, pour
encourager cette fois la libération et la démocratie d’après Guerre.
A nos yeux Hani Gorō est trop romantique et légèrement démodé, mais il semble que sa
vision ait été partagée à cette époque, parce qu’on la retrouve dans le 8ème Congrès
International des Architectes Modernes, en 1951. A cette occasion, Giedion a écrit Le
Contexte Historique des Cœurs de Ville, pour reprendre l’idée ou l’idéal du 19ème siècle sur
l’Agora grec et les places de marché des villes médiévales comme symboles d’autonomie et de
la démocratie des villes. Tange Kenzō, lui aussi, a présenté dans cette réunion, son projet de
Centre de la Paix de Hiroshima pour marquer que son espace de pilotis était un espace, à
l’échelle sociale, pouvant servir de place publique au sens occidental.
Ces sortes de discussions étaient légèrement naïves, démodées et nostalgiques. L’on n’a pas
prêté attention aux processus de démantèlement des communautés traditionnelles devant le
nouveau capitalisme. Par contre, quelque sociologues et économistes discutaient du processus
pour rendre claire la rupture entre ces communautés traditionnelles et le capitalisme
moderne, donc celle entre l’espèce et le genre selon les termes de Tanabe Hajime.
Max Weber, dans son Wirtschaft und Gesellschaft (dont le titre japonais est la typologie des
villes 都市の類型学) a discuté l’autonomie des Villes en terme d’économie marxiste, en
distinguant trois modes de production, antique, classique et germanique. Ceux-ci précèdent
la production capitaliste. En réalité il a comparé villes orientales et occidentales, antiques et
médiévales, nord et sud européennes selon des critères tels que : la maturité des communautés
civiques, la faiblesse des éléments raciaux, l’autonomie des activités commerciales. Selon la
dénition occidentale de la ville, il n’y a pas de ville en Orient, et la première formation de
ville se situe dans la Grèce antique. Mais ce n’est pas là que la formation du capitalisme y est
visible, mais dans les villes médiévales. Et Weber s’est interrogé sur la raison pour laquelle le
capitalisme avait eu pour origine les villes du moyen âge. Sa réponse étant la suivante : les
anciens étaient des politiques, tandis que les citadins du moyen âge étaient eux, des
économistes.
Sous l’inuence de Max Weber, l’économiste japonais, Ōtsuka Hisao, dans sa éorie de
base sur la communauté, de 1955, a commencé avec la théorie des trois modes de production
marxiste, selon laquelle les individus, dans le mode asiatique de production, ne peuvent se
libérer. Mais il a analysé le processus de dissolution des communautés dans la formation du
capitalisme dans chacune des trois catégories de communauté. Selon lui, il y a contradiction
entre la possession commune de terrains et l’utilisation individuelle, le dualisme inhérent
selon ses propres termes amènerait la dissolution de la communauté et ouvrirait ainsi la porte
au Capitalisme.
Ce sera pour Tanabe un exemple de conit entre l’individu et l’espèce. Jürgen Habermas,
dans son Structurwandel der Öentlichkeit (ou publicité), indique que la sphère publique est le
troisième domaine qui se situe entre pouvoir publique et sphère privée. Il distinguait vie