AG E N DA La Halle au Blé DÉCOUVRIR GR ANVILLE MUSÉES DE FRANCE Musée Christian Dior- Villa Les Rhumbs Le bâtiment de la Halle au Blé, est désormais reconnu en tant que lieu d’expositions temporaires du musée du Vieux Granville. Rue d’ Estouteville - 50400 Granville Jusqu’au 23 septembre : exposition Stars en Dior Ouvert tous les jours de 10h à 18h30 sans interruption ouverture le samedi 27 octobre 2012 : Exposition Automne - Hiver 2012 Informations: 02 33 61 48 21 – www.ville-granville.fr Musée d’art moderne Richard Anacréon d’expositions temporaires du musée du Vieux Granville, musée d’ethnographie et d’histoire locale. L’exposition estivale, intitulée Terre de pêcheries, 4000 ans d’archéologie et d’histoire sur le littoral de la Manche, est consacrée aux pêcheries. Elle sera visible jusqu’au 30 septembre (informations pratiques dans l’agenda). Dans une perspective de développement durable de ce site, des travaux de mise en accessibilité et d’amélioration de l’accueil des publics sont programmés à compter de novembre prochain. L’ancienne Halle au Blé, située Place de l’Isthme, ayant été détruite durant la Révolution Française, la Halle au Blé actuelle est construite en 1824, après des négociations entre la Ville de Granville et les autorités militaires, propriétaires des terrains du Roc. Son aspect est initialement sensiblement différent de ce que l’on peut voir aujourd’hui. En effet, la façade intérieure, sur ses trois côtés, est ouverte sur la cour et possède un préau sous lequel se déroule le commerce. Elle est rétrocédée au Génie Militaire en 1884, qui doit lui donner son aspect actuel fermé, avant de redevenir propriété de la Ville de Granville. Le bâtiment de la Halle au Blé, est désormais reconnu en tant que lieu Un nouvel espace de projection de 32 places permettra la diffusion de documentaires, de films ou de court-métrages en lien direct avec les collections des trois Musées de France – musée d’art moderne Richard Anacréon, musée Christian Dior, musée du Vieux Granville. Les groupes scolaires du premier et second degré du bassin de vie granvillais pourront en outre fréquenter le lieu tout au long de l’année. La Halle au Blé aura également pour vocation d’accueillir le Centre d’Interprétation Architecturale et Patrimoniale (CIAP) induit par le label Villes et Pays d’art et d’histoire. Avec une nouvelle entrée principale respectant la symétrie des lieux et préservant le caractère historique de la bâtisse, munie d’un hall d’accueil adapté, la Halle au Blé deviendra rapidement un lieu connu pour son harmonie, entre valorisation du patrimoine et cohésion sociale. Candidature au label Ville et Pays d'Art et d'Histoire / le point sur la démarche Le quartier de la Haute Ville a pu conserver son architecture originelle à la faveur de la délocalisation de l’activité dans la ville basse. L’année scolaire 2011-2012 a été propice à l’approfondissement de nos connaissances du territoire. La présence des quatre étudiants en Master II Restauration et réhabilitation du patrimoine bâti, qui effectuaient leur stage à Granville et Saint-Pair-sur-Mer, a été l’occasion de déterminer concrètement notre évolution urbanistique, à travers l’analyse des ressources cartographiques existantes. De plus, nos étudiants ont effectué une étude réfléchie du quartier de la Haute Ville, et réalisé un inventaire de son patrimoine en identifiant la typologie de son bâti. Ainsi, quatre catégories de bâtiments ont été clairement identifiées. La plus représentée est celle des édifices d’habitat (36,6 % de l’ensemble du bâti de la Haute Ville), suivie des bâtiments destinés à la location (30%), ex-æquo avec ceux à vocation commerciale (30%), et enfin les maisons notables. Il est à préciser que le quartier a pu conserver son architecture originelle à la faveur de la délocalisation du centre commercial et économique dans la ville basse. Par ailleurs, la mission de six mois de Mathilde Peraldi, diplômée en Master II Restauration et réhabilitation du patrimoine bâti, et volontaire en Service Civique à Granville et Saint-Pair-sur-Mer, est arrivée à son terme. Au cours de sa présence, elle a réalisé plusieurs actions de médiation du patrimoine. En effet, elle a conçu une visite commentée du quartier SaintNicolas, dont les richesses patrimoniales, peut-être méconnues, méritent amplement une mise en lumière. Ce parcours, présenté à l’occasion des Journées du Patrimoine de Pays en juin dernier, a connu un vif succès de participation. Il a été marqué par l’enthousiasme manifesté par les participants, parmi lesquels figuraient de nombreux habitants du quartier Saint-Nicolas. Elle a également créé deux livrets (un pour Granville et un pour SaintPair-sur-Mer) intitulés : La villa balnéaire, la villa de vacances de nos grands-mères. Ces documents servent de support à une animation à destination des enfants (âgés de 7 à 12 ans), dont l’objectif est de sensibiliser notre jeune public à l’architecture balnéaire. Ces visites, programmées et testées au cours du festival Festi’récré, organisé par la Communauté de Communes du Pays Granvillais, ont convaincu les enfants qui y ont participé. Le succès de ces manifestations nous amènera à les proposer de nouveau à l’avenir. La prochaine est d’ores est déjà programmée dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, qui se dérouleront les 15 et 16 septembre prochains. Mathilde a en outre rédigé les fiches descriptives et réalisé les diagnostics sanitaires de nos Monuments Historiques et de nos bâtiments non protégés, mais dignes d’intérêt patrimonial. Ces éléments abondent le dossier de présentation des atouts patrimoniaux de Granville et Saint-Pair-sur-Mer demandé par les services de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), préalablement à la candidature officielle au label Villes et Pays d’art et d’histoire. Ce dossier, dont l’intitulé complet est le suivant : Présentation des atouts de Granville et Saint-Pair-sur-Mer et bilan en matière de politique patrimoniale, est en phase d’achèvement. Une première relecture par les deux collectivités a permis de déterminer des ajustements qui sont actuellement en cours de réalisation. Ce dossier sera remis aux services de la DRAC d’ici la fin août. La première étape décisive de travail arrivera alors à son terme. REDAC TION / PHOTOGRAPHIE / GRAPHISME... D i re c te u r d e l a p u b l i ca t i o n / Daniel C ARUHEL - D i re c te u r d e l a ré d a c t i o n / Pa trick B AILBÉ Co o rd i n a t i o n d e l a ré d a c t i o n / Marlène TUR GIS Co m i té d e ré d a c t i o n / Pa trick B AILBÉ, M arie -Louise DEL AMARE, Virginie FR OUIN, Marlène TUR GIS Cré d i t s p h o to s / Commune de S aint-Pair-sur-Mer, ser vice Communica tion-Tourisme, collec tions musée d’ar t mo derne R ichard A nac réon, musée Christian D ior, François Levalet. Co n ce p t i o n / ré a l i s a t i o n / Eric QUESNEL - ww w.quesnel- creation.fr - I m p re s s i o n / D iamen France Imprimerie Place de l’Isthme - La Haute-Ville - 50400 Granville Jusqu’au 23 septembre : Colette « … je vais écrire encore. Il n’y a pas d’autre sort pour moi » Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h Visites commentées adultes et enfants régulières, spectacles. Informations et réservations: 02 33 51 02 94 – www.ville-granville.fr Musée du Vieux Granville 2 rue Lecarpentier - La Haute Ville – 50400 GRANVILLE Collections permanentes sur l’histoire de Granville Pêche à Terre-Neuve, pêche côtière, bains de mer, collections ethnographiques normandes - Ouvert jusqu’au 30 septembre : tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h (18h30 en été)- Fermé le mardi. D’octobre à mars : le mercredi, samedi et dimanche de 14h à 18h et sur rendez-vous. Informations : 02 33 50 44 10 – www.ville-granville.fr Halle au Blé – rue du Roc – 50400 GRANVILLE Du 12 juillet au 30 septembre : Terre de pêcheries, 4000 ans d’archéologie et d’histoire sur le littoral de la Manche. Ouvert jusqu’au 30 septembre : tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h30 - Fermé le mardi. Informations : 02 33 91 88 39 ou 02 33 50 44 10 – www.ville-granville.fr MUSÉE PRIVÉ Le Roc des Harmonies Pointe du Roc – boulevard Vaufleury – 50400 GRANVILLE Collections permanentes jardin des papillons, aquarium, palais minéral, féérie des coquillages. Ouvert jusqu’au 30 septembre : tous les jours de 10h à 19h. Du 1er octobre au 31 mars : tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30. Informations : 02 33 50 19 83 – www.aquarium-du-roc.com VILLAGE DU MARITÉ Exposition permanente : rétrospective de l’histoire du Marité, dernier terreneuvier français, et de l’histoire granvillaise de la Grande Pêche à Terre-Neuve. Exposition extérieure, accès permanent. Gratuit. Exposition temporaire : Terre-neuvas, clichés d’Anita Conti, la Dame de la mer. Gratuit. - Animations régulières, spectacles. Ouvert jusqu’au 31 août : tous les jours de 15h à 19h. Septembre : tous les week-ends de 15h à 18h. Nouveau : à partir d’août : visite commentée du Marité : montez à bord de ce fameux trois-mâts pour en percer tous les secrets. Informations – calendrier - réservations : 02 33 06 69 15 – lemarite.com VISITES COMMENTÉES – VISITES THÊATRALISÉES Visites-découvertes thématiques de la ville jusqu’au 20 août – rendez-vous à l’Office municipal de Tourisme Granville balnéaire, les plus beaux panoramas le mardi à 11h – visite théâtralisée le 7 août Granville maritime et portuaire : le jeudi à 11h – visite théâtralisée le 16 août Vieilles pierres : le mercredi à 11h ( pas de visite le 15 août) - le samedi à 15h René, petit mousse à Terre-Neuve : le vendredi à 15h Réservations (obligatoires pour les visites théâtralisées et René Petit Mousse) – informations - Office municipal de Tourisme de Granville : 02 33 91 30 03 Visite-conférence de l’église de Notre-Dame : mardi 7 août à 15h Réservation obligatoire - informations - Office municipal de Tourisme de Granville 02 33 91 30 03 Visites commentées de la pêcherie Cavey : Jeudi 2 août à 14h15 / Vendredi 3 août à 15h00 Dimanche 5 août à 16h00 / Lundi 6 août à 16h45 Mardi 7 août à 17h00 / Vendredi 17 août à 13h45 Mardi 21 août à 16h15 / Mercredi 22 août à 16h45 Jeudi 23 août à 17h15 / Vendredi 31 août à 13h45 Samedi 15 septembre à 13h30 - Rendez-vous à l’entrée de la Promenade du Plat Gousset - prévoir un équipement adapté (bottes ou chaussures fermées) Réservation obligatoire - informations - Office de Tourisme : 02 33 91 30 03 AGENDA CULTUREL Samedi 4 et dimanche 5 août : nuit des Soudeurs et des Soudeuses Samedi 4 et dimanche 5 août : salon du livre Du samedi 11 au samedi 18 août : festival Jazz en Baie Dimanche 12 août : marché aux livres et aux vieux papiers de la Haute Ville Dimanche 12 août : brocante des professionnels Samedi 15 et dimanche 16 septembre : journées européennes du Patrimoine Août 2012 Journal du patrimoine granvillais Démarche de candidature au label Ville et Pays d'Art et d'Histoire N°3 DOSSIER Réhabilitations et restaurations Réhabilitations et restaurations ont une finalité identique : la transmission de notre patrimoine aux générations futures. Le Palais Royal du Louvre, la gare d’Orsay, les abattoirs de Toulouse : que seraient-ils devenus s’ils n’avaient pas bénéficié de travaux de réhabilitation ? Existeraient-ils encore ? Leurs changements de destination les transformant en musées, leur ont permis de connaître une seconde vie et, ainsi, de subsister. Le Logis du Roy, la maison familiale Dior, l’école Paul Bert, la Halle au Blé ou encore la gare de Saint-Pairsur-Mer ont connu le même dessein : tous ces endroits ont été métamorphosés en lieux dédiés à la culture : les premiers sont devenus des Musées de France à Granville et le dernier accueille désormais la médiathèque de Saint-Pair-sur-Mer. Ces modifications ont été rendues possibles grâce à des travaux de réhabilitation qui ont favorisé leur requalification, tout en optimisant l’espace, au gré des avancées techniques et technologiques. Les travaux de restauration, quant à eux, ont un objectif différent. Si l’interprétation, voire l’invention, telles que les pratiquait Viollet-le-Duc, furent un temps des méthodes officielles, de nos jours, la restauration, sur des bâtiments désignés comme d’intérêt historique, consistent strictement en une remise en état à l’identique. De telles mesures vont être appliquées à la pêcherie Cavey, située sur la plage du Plat-Gousset. Réhabilitations et restaurations : la finalité de leur mise en œuvre répondent à un besoin identique, qui est de transmettre notre patrimoine en héritage, dans les meilleures conditions, aux générations futures. Conser vation et non pas conser vatisme Conservation et non pas conservatisme, c’est bien dans cet esprit que Saint-Pair-sur-Mer a rejoint Granville dans la recherche de l’obtention du label national Villes et Pays d’art et d’histoire. Conscients de notre mission d’élus mais aussi par ambition de transmission aux générations futures, nous avons décidé dans le cadre d’un budget pluriannuel d’investissements de consacrer chaque année une somme conséquente à la restauration du patrimoine. Cette richesse commune et partagée que constitue le patrimoine nécessite chaque année une surveillance et des travaux très spécifiques d’entretien et de restauration. Nous travaillons donc en étroite collaboration avec M. GERMAINE, architecte des bâtiments de France et Mme GALBRUN, conservatrice des antiquités et objets d’art au sein du Conseil Général de la Manche pour évaluer les besoins et les priorités en matière d’inventaire, de restauration et de mise en valeur. Pour cette année, l’aménagement des abords de l’Oratoire Saint Gaud (première tranche) ainsi que la restauration de deux objets inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques ont déjà été réalisés. Il s’agit d’un fragment de retable du XVII ème siècle situé dans l’Église de Saint-Pair-sur-Mer et d’un Christ en croix du XVIII ème siècle visible dans l’Église de Kairon. D’autres priorités sont déjà établies comme la réhabilitation de la Fontaine Saint Gaud ou la restauration de la mosaïque située dans le chœur de l’Église de Saint-Pair-sur-Mer, œuvre réalisée par Odorico (père), célèbre mosaïste italien du début du XX ème siècle. Au-delà des objets ou des bâtiments, notre patrimoine naturel est également au cœur de nos préoccupations. C’est là encore dans un but de conservation, que nous avons entamé un travail de recensement des zones humides de notre ville, conscients de l’importance de préserver ces lieux uniques de biodiversité. Je voudrais enfin citer l’immense travail accompli par l’association Saint-Pair Vivum qui œuvre elle aussi dans un souci de préservation de notre patrimoine commun et notamment par le recueil de témoignages oraux très riches en savoirs et savoir-faire. Notre patrimoine est riche et varié, qu’il soit architectural, environnemental et paysager. Le valoriser, le préserver et le transmettre sont là des ambitions qui témoignent de notre attachement à notre cité et de notre volonté affirmée d’offrir une qualité de vie à tous nos concitoyens, d’aujourd’hui et de demain. Bertrand SORRE L A L E T T R E D U PAT R I M O I N E ÉDITO Les Journées du patrimoine, celles du Patrimoine de Pays, les Rendez-vous aux Jardins ou la Nuit des Musées, donnent l’occasion de mesurer la valeur de cet héritage du passé et le fort intérêt porté par beaucoup d’entre vous à sa sauvegarde et à sa valorisation. On ne peut donc que se féliciter de l’implication des habitants du Pays Granvillais dans ces manifestations à l’initiative de nos deux Offices de Tourisme de Granville et de SaintPair-sur-Mer. Tout autant qu’il y a lieu de se réjouir de l’intérêt porté aux pêcheries de notre littoral, en particulier à celle du Casino, dont l’association des Amis de la pêcherie de la Tranchée a pris en main le destin sous la conduite du CRéCET* et des archéologues de la DRAC*. Nous arrivons également au terme de notre travail d’inventaire et de diagnostic du patrimoine dans le cadre de la démarche Villes et Pays d’art et d’histoire. Le bilan patrimonial, étape obligée et préalable au dossier de candidature, sera remis au Directeur régional des Affaires culturelles le 30 août prochain. Nos très vifs remerciements à toux ceux qui ont contribué avec enthousiasme et pertinence à ce lourd travail ! CRéCET : Centre Régional de Culture Ethnologique et Technique DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles Patrick BAILBÉ Adjoint au Maire chargé de la vie culturelle Premier Adjoint au Maire de Saint-Pair-sur-Mer, en charge de la Culture et du Patrimoine. La Lettre journal du patrimoine Granvillais - N°3 REGARD La pêcherie Cavey REGARD Par Marie-Louise DELAMARE Secrétaire de l’association Saint-Pair Vivum L’objectif premier de notre association est d’assurer une remise en état de la pêcherie Cavey à l’identique et dans le respect de l’écosystème. La pêcherie Cavey, située sur la plage du Plat-Gousset, est emblématique de la tradition séculaire de pêche côtière par emprisonnement des poissons, rendue possible par le phénomène des marées. Exemplaire particulièrement bien conservé, elle participe pleinement de la valorisation du patrimoine de Granville pour sa candidature au label Villes et Pays d’art et d’histoire. Rencontre avec Jacqueline BOUDEAU, présidente de l’association Les amis de la pêcherie de la Tranchée. À qui appartient la pêcherie ? La première trace écrite de l’existence de la pêcherie Cavey remonte à 1151. Elle appartenait alors aux abbesses de l’Abbaye de Mortain. La pêcherie actuelle a été construite vers les années 1545. Suite à l’impossibilité d’identifier ses héritiers, malgré des années de recherches, la Ville, par délibération du Conseil municipal, s’est déclarée propriétaire et a donc inscrit cet ouvrage dans son domaine privé. Toute action autour de la pêcherie Cavey reste donc de l’initiative et de la responsabilité de la Ville. Comment s’est constituée l’association ? Consciente de la valeur patrimoniale de la pêcherie, la Ville de Granville a organisé une réunion publique le 24 février dernier, dans le but de créer une association qui contribue à la sauvegarde de la pêcherie. C’est ainsi qu’est née notre association : Les amis de la pêcherie de la Tranchée. Qu’est-ce qui vous a amenée à prendre la présidence de l’association ? Je suis très attachée à Granville et à son patrimoine maritime. La preuve, j’ai fait partie des personnes qui ont gratté la bisquine La Granvillaise en 2008, alors qu’elle était attaquée par la mérule. De plus, je suis passionnée d’histoire et les challenges ne me font pas peur. Je me suis rendue à cette réunion, prioritairement afin de m’informer sur la pêcherie. J’y ai alors rencontré des gens passionnés, avec qui les échanges ont été d’une telle richesse que j’ai eu envie de m’engager pleinement dans le projet d’association autour de la pêcherie. C’est de cette manière que j’en ai été élue présidente. Quels sont les objectifs de l’association ? L’objectif premier de l’association est d’assurer une remise en état à l’identique et dans le respect de l’écosystème de la pêcherie Cavey. Dans cette perspective, une convention de mise à disposition de la pêcherie a été signée entre la Ville de Granville et notre association, afin que nous puissions assurer cette fonction. Le second objectif est d’assurer la gestion de l’exploitation de la pêcherie restaurée. Mais attention, même si l’association se charge de valoriser la pêcherie, c’est un bâtiment public qui appartient à tous. D’ailleurs, l’association est soumise à la loi de 1901, elle poursuit donc une finalité non lucrative. En conséquence, elle ne peut en aucun cas vendre le produit de l’exploitation de la pêcherie. Les bénévoles sont néanmoins très soucieux du respect de l’écosystème. Ainsi nous opérerons une surveillance à caractère pédagogique, avant tout pour garantir la sécurité des promeneurs mais également afin de s’assurer que les tailles, quotas, périodes de pêche, ainsi que les milieux naturels d’habitat des poissons soient respectés. Enfin, nous sommes en charge de la valorisation culturelle de la pêcherie. Nous assurons depuis le mois de juillet des visites commentées durant lesquelles nous expliquons son fonctionnement (ndlr : agenda des visites en page 4). Alors, comment fonctionne-t-elle ? Tout d’abord, la pêcherie est idéalement située sur l’estran à mi-chemin entre le point le plus bas atteint par l’eau à marée basse et le rivage, soit à un kilomètre du rivage, afin d’assurer un rendement maximum. La pêcherie Cavey est construite en pierres sèches, sans liant entre elles. Ce type de construction fait appel à un savoir-faire spécifique : les pierres sont placées de façon très précise pour résister au mieux à la puissance des marées. De plus, bien qu’il n’existe pas de joints entre les pierres, les murets, dont la hauteur varie de 1,50 à 1,60 mètres, sont parfaitement hermétiques jusqu’à ce qu’ils soient submergés. Comme la plupart des pêcheries, sa forme optimale constitue un V, sa pointe tournée vers le large. Le V se termine par un goulet, qui est fermé par une porte supportée par deux poteaux. On place une nasse de 10 à15 mètres derrière la porte, où tous les poissons se retrouvent emprisonnés, une fois la porte ouverte. Ensuite, la nasse est vidée dans une auge en pierre, afin que les poissons soient triés. Ce tri tient compte de l’écosystème et des saisons. De quelle manière va se dérouler la restauration ? Le travail ne va pas commencer immédiatement. Auparavant, le service d’archéologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles doit venir fouiller le secteur, de manière préventive, et expertiser la pêcherie, afin de nous donner les préconisations les mieux adaptées à la restauration. Ceci dit, la pêcherie est en relativement bon état, bien qu’elle n’ait pas été exploitée depuis 50 ans. Pour preuve, elle est toujours utilisable pour la pêche. Cependant, l’assaut des marées l’a endommagée et le passage humain l’a fragilisée : un bras est affaissé, les pierres doivent être reposées, l’autre bras présente un trou qu’il faut combler. Même si par chance, les matières premières nécessaires à sa restauration sont à proximité immédiate de la pêcherie, un travail de reconstruction d’envergure, à réaliser essentiellement à la main, est à fournir. De plus, nous sommes soumis à une difficulté supplémentaire liée au rythme naturel imposé par les marées. En effet, le temps durant lequel il est possible de travailler en toute sécurité est estimé à moins d’une heure. Ainsi la bonne volonté de tous les membres de l’association sera mise à contribution ! La Médiathèque de Saint-Pair-sur-Mer un exemple de réhabilitation de « patrimoine de pays » Les rails ayant été récupérés par les allemands dès 1939, la gare se métamorphose en logements sociaux, puis en médiathèque municipale en 2001. À la fin du XIXème, début XXème siècle, la grande mode des ou acheter des provisions. Il promènera aussi de nombreux Des boulets à la curieuse destinée bains de mer engendra des trains de plaisir, qui amenaient estivants dans ses baladeuses (wagons ouverts) et laissera Bientôt les abords de la médiathèque sont agrémentés d’une les voyageurs sur la côte. de bien beaux souvenirs aux Anciens…. vingtaine de grosses pierres rondes qui intriguent les visiteurs. Dans notre région, grand nombre de stations venaient Mais hélas, la Grande Guerre, l’inflation, l’arrivée de l’automo- François Marette, féru d’histoire, en a cherché l’explication : d’être créées : Saint-Pair-sur-Mer, Jullouville, Carolles, bile vont être néfastes pour la ligne. La Compagnie, après Pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453), des chargements Saint-Jean-le- Thomas, Genêts. Chaque station réclamait sa gare. avoir remplacé le tram par des automotrices, supprimera de pierres taillées pour servir de projectiles, ont été envoyés La Compagnie des Chemins de Fer de la Manche créa donc totalement le service le 1er février 1935 sur la ligne Gran- à Saint-Pair-sur-Mer pour le siège de Cherbourg. Ils provien- son réseau, à voie métrique. La ligne Granville – Sourdeval ville-Sourdeval. draient des carrières de Carolles. partait du port de Granville, passait au Val-ès-Fleurs, Depuis longtemps déjà, de nombreux chemins de randonnée Selon lui, « Il est possible de penser que ces pierres partaient à Donville-les-Bains, Saint-Pair-sur-Mer, Kairon, Jullouville- pittoresques ont remplacé les anciennes voies (les rails par la mer de Saint-Pair-sur-Mer à destination d’Omonville, et Bouillon, Carolles-plage, Carolles-bourg, Champeaux, Saint- avaient été récupérés par les allemands dès 1939). de là, au siège de Cherbourg, par la terre ». Jean-le-Thomas, Dragey, Genêts, Bacilly, Vains, Avranches, La gare, qui avait logé les chefs de station, va servir, un En 1933, pour commémorer le 1900ème anniversaire de la puis filait vers Sourdeval. certain temps de logements sociaux. En 2001 le bâtiment mort du Christ, le chanoine Pinel, curé de Saint-Pair-sur-Mer, se métamorphose en médiathèque municipale. Elle sera fait ériger une croix au carrefour de la route de l’Ecutot et inaugurée en janvier 2002. de la route du Croissant. On lui amène des boulets qui vont Cette année, nous fêtons donc les 10 ans de cette média- décorer la construction. La Croix des Ardilliers va ainsi être thèque très appréciée des enfants des écoles, des Saint-Pairais entourée d’un mur sur lequel dix-neuf boules représentent et des estivants. les dix-neuf siècles. Une gare devenue halte culturelle À Saint-Pair-sur-Mer, sur le modèle des grandes gares de la ligne, le bâtiment se composait d’un corps central assez vaste, avec un étage, pour loger le chef de gare et sa famille. D’un côté, une halle sur quai haut permettait de décharger les marchandises, et de l’autre : une bâtisse sans étage. Cette gare accueillit le petit train, pour la première fois le 29 août 1908 (jour des courses de chevaux à Saint-Pair-sur-Mer). élèves qui habitaient le long de la ligne de rejoindre leurs éta- Deux cents boulets ont été recensés sur la commune de Saint-Pair-surMer et plus d’une soixantaine sont éparpillés sur tout le territoire granvillais. Voilà une idée de jeu de piste. Ouvrez l’œil, peut-être pourrez- blissements scolaires à Granville ou à Avranches, et aux pay- vous alors tous les trouver. Ce petit train, tramway, tacot ou tortillard, permettra aux sans des alentours d’aller au marché vendre leurs produits La pêcherie Cavey La gare de Saint-Pair-sur-Mer La maison Dior LES ACQUISITIONS DES MUSÉES Maison des Illustres Les musées de Granville mènent une politique d’acquisitions dynamique. Gros plan sur quelques œuvres qui viennent enrichir les fonds permanents des Musées de France. Patrick BAILBÉ juin 2012 La maison d’enfance de Christian Dior a été honorée le 20 juin dernier par l’attribution du label Maisons des Illustres, en présence d’Adolphe Colrat, Préfet de la Manche et Kléber Arhoul, Directeur régional des Affaires culturelles. À l’instar de la maison de Erik Satie à Honfleur, celle de Jean-François Millet à Gréville-Hague ou du connétable des lettres Jules Barbey D’Aurevilly à Saint-Sauveur le Vicomte, le Ministère de la Culture a souhaité valoriser un ensemble patrimonial, une maison qui conserve et transmet la mémoire d’un homme qui s’est illustré dans l’histoire culturelle de la France. C’est donc à ce titre que la maison des parents de Christian Dior est désormais « illustre ». Comment d’ailleurs aurait-il pu en être autrement si l’on note malicieusement la parenté de ces deux mots Illustre et Dior, tous deux issus de la même racine : la lumière. Construite par l’armateur Beust à la fin du XIXème siècle, la villa Les Rhumbs doit son nom au terme de marine désignant les 32 divisions de la rose des vents. Les parents de Christian Dior, Maurice et Madeleine Dior, acquièrent la maison en 1906. La famille Dior développe une entreprise prospère en exploitant les algues du littoral. Le père de Christian Dior et son oncle Lucien - lui-même polytechnicien, député de la Manche en 1904 et ministre du Commerce - étendent l’activité aux engrais phosphatés dont, à l’époque, la France est le plus grand pays producteur. C’est donc dans ce contexte que Christian vient au monde à Granville le 21 janvier 1905. Elevé par une mère attachée aux bonnes manières, c’est elle qui va marquer et inspirer profondément le futur couturier. C’est aussi à Granville que Christian Dior va nouer de solides amitiés qui plus tard deviendront ses collaborateurs : Serge HeftlerLouiche, Suzanne Luling ou Nicole Riotteau. Christian Dior affectionne particulièrement Granville et cette propriété. Acteur fidèle du Carnaval et des joies naissantes des bains de mer, Christian et Madeleine s’emploient à la transformation du jardin : un jardin de falaise empli d’essences méditerranéennes, un jardin à l’anglaise fait de découvertes romantiques, une pergola construite par Christian en 1925 avec un miroir d’eau, et une roseraie appuyée sur le mur longeant le sentier des douaniers. De fait, si Christian Dior met longtemps à comprendre ce qu’est sa vocation, il sait tout de suite ce qu’il ne veut pas faire : reprendre l’usine de son père. Son guide, c’est Madeleine, sa mère, jusqu’à sa mort prématurée en 1931. Annus horribilis puisque cette année-là verra aussi le début de la chute de l’entreprise familiale. La propriété est alors mise en vente puis achetée par la Ville de Granville. De sa maison d’enfance, Christian Dior garde – dit-il – «le souvenir le plus tendre et le plus émerveillé. Que dis-je ? Ma vie, mon style doivent presque tout à sa situation et à son architecture». «Il y a deux Christian Dior, moi et l’autre» précise-t-il dans son autobiographie. Nous nous enorgueillissons à Granville d’avoir accueilli les deux : berceau d’un enfant très sage et terre d’inspiration pour un couturier audacieux. Granville sait aussi ce qu’elle doit à cet homme illustre. En 1997, la villa Les Rhumbs devient Musée Christian Dior, unique Musée de France entièrement consacré à un couturier. Avec l’Association Présence de Christian Dior, la Ville de Granville reste fidèle au souvenir de la maison familiale et de son jardin. Ce lieu de mémoire restitue aujourd’hui à travers ses expositions, modèles, photographies, dessins, peintures et objets, l’itinéraire du couturier et son époque. Depuis 1997, 16 expositions ont animé cette belle maison depuis La femme mise en scène jusqu’aux Stars en Dior en passant par l’exposition du Centenaire en 2005, Christian Dior, homme du siècle. C’est aussi et depuis quelques mois une exposition automne-hiver d’octobre à février ouverte en particulier au public scolaire. Musée ouvert également aux initiatives de l’État : Nuit des Musées, Journées du Patrimoine, Rendez-vous aux Jardins, etc. Car là est bien la mission d’un Musée de France et désormais d’une illustre maison. Permettre à chacun d’accéder aux origines du talent, d’ouvrir l’esprit, l’âme et le cœur de tous aux mystères de la création artistique. De montrer ce qu’est le beau, de laisser loin derrière les effets de mode pour découvrir, comme le disait Alfred de Vigny, «l’interminable discours de l’humanité dont chaque homme illustre est une idée». Ce label Maison des Illustres ne peut que nous encourager à poursuivre nos projets de développement de ce beau lieu marqué par la mémoire et le génie de Christian Dior. En 1957, en Italie, Christian Dior est rappelé à Dieu – diront certains – pour rhabiller les anges. «Et même si les hommes illustres ont pour tombeau la terre entière», et au risque de contredire Thucydide, la terre rose et grise de Granville a retenu tout du cœur de Christian et l’âme de Monsieur Dior. Chats Jacques Nam et Colette 1935, papier vélin d’arches à la forme, in folio Robe de jour Christian Dior printemps-été 1949 New York - Popeline de coton imprimée Il s’agit d’une robe d’été en popeline de coton imprimée de fleurs exotiques et de palmettes bleues sur fond blanc, datée de l’été 1949. Cette acquisition a un triple intérêt pour le musée Christian Dior : elle vient étoffer le nombre de modèles historiques, créés par Christian Dior lui-même au sein de la maison de couture, ses caractéristiques techniques et esthétiques sont particulièrement remarquables, enfin, les exemples de robes d’avant 1950 griffés Christian Dior New York sont rares. L’album est illustré de 5 eaux-fortes originales en couleurs hors-texte de Jacques Nam, toutes numérotées et signées par l’artiste, illustrant cinq textes de Colette (Le Siamois, Simplette, Le petit chat noir, Capucin et Adimah et Fastaguette). Colette écrira cette dédicace sur l’exemplaire du peintre : «il n’y a pas de chats plus chats que les chats de Nam» (Carteret V, 52 ; Monod, 2987). Jacques Nam, souvent qualifié d’artiste animalier, est déjà représenté dans la collection du MAMRA. Cet ouvrage illustre aussi l’attachement particulier de Colette pour les chats. Il vient compléter les collections de livres illustrés du MAMRA, et est actuellement présenté dans l’exposition Colette ( voir agenda des expositions en page 4). Colette et Willy aux Folies Bergères Zamora 1940, gouache, crayon gras et mine de plomb Papier, 31x24 cm Le dessin, qui s’inscrit également dans le cadre de l’exposition consacrée à l’écrivain Colette, la représente avec son premier mari Willy, assis dans une loge, regardant un spectacle. Il illustre bien la participation active de Colette à la vie artistique et culturelle parisienne. José de Zamora (Madrid 1899-1971 Barcelone), peintre, illustrateur, décorateur et auteur, fut l’élève d’Eduardo Chicharro. Il dessina de nombreux modèles pour le couturier Paul Poiret et collabora à de nombreuses revues françaises dont la célèbre Gazette du Bon ton. Il mit son talent au service de nombreuses revues parisiennes. Ce dessin est vraisemblablement une reprise d’un précédent dessin effectué au début des années dix, avant la séparation de Colette avec Willy en 1912. La Lettre journal du patrimoine Granvillais - N°3