Global Entrepreneurship Monitor L’entrepreneuriat en comparaison internationale Rapport national suisse 2009 Rico J. Baldegger Andreas A. Brülhart Mathias J. Rossi Patrick E. Schüffel Réalisé avec le soutien de: Remerciements Les auteurs tiennent à remercier vivement les experts natio­ naux qui ont aimablement accepté de nous donner leur point de vue sur les conditions cadres de la création d’entreprise en Suisse. Nous remercions également les 2024 personnes qui ont accepté de participer à l’enquête téléphonique réalisée par l’entreprise DemoSCOPE. Ce rapport n’aurait pas pu se concrétiser sans l’appui géné­ reux de l’agence pour la promotion de l’innovation (CTI) et de l’Institut suisse pour la formation à l’entrepreneuriat. Diverses personnes ont contribué de manière exceptionnelle à cette étude d’envergure. Les auteurs souhaitent en premier lieu remercier Muriel Berger, collaboratrice scientifique de l’Institut Entrepreneuriat & PME, qui a assuré la coordina­ tion avec efficience et efficacité ainsi que Danièle Rueger et Otto Raemy pour la révision constructive et la traduction. Les auteurs tiennent aussi à remercier l’équipe de coordina­ tion du projet GEM, en particulier Mick Hancock, Chris Aylett, Niels Bosma, Alicia Corduras et Yana Litovsky, ainsi que les commanditaires du projet GEM au Babson College, Babson Park, MA (USA), à l’Universidad del Desarollo, Santiago, au Chili et à l’Université de Reykjavik, Reykjavik, Islande. Ce rapport reprend certains éléments des résultats du rapport mondial «Bosma, N. & Levie, J. (2010). Global Entrepre­ neur­ship Monitor 2009 Executive Report», disponible en ligne à l’adresse suivante: http://www.gemconsortium.org. Les données utilisées dans cette étude ont été collectées et traitées de manière centralisée par le consortium GEM. Les auteurs assument toute la responsabilité en ce qui concerne l’analyse et l’interprétation des données. Les auteurs du rapport GEM En tant que professeur de gestion et d’entrepreneuriat à la Haute école de gestion de Fribourg, Rico J. Baldegger di­ rige l’Institut Entrepreneuriat & PME et exerce le rôle de responsable académique du Master in Entrepreneurship. Il a fait ses études à l’Université de St-Gall et a obtenu son doc­ torat à l’Université de Fribourg. Il est l’auteur de nombreuses publications sur les thèmes des processus de fondation d’en­ treprises, de l’internationalisation des PME et de la réorga­ nisation des entreprises familiales. Andreas Brülhart est responsable de filière pour le Master in Entrepreneurship à la Haute école de gestion de Fribourg. Il a étudié à Fribourg et Vaduz et travaille actuellement à son doctorat à la Hochschule Liechtenstein. Ses sujets de recherche se situent dans les domaines «Opportunity Recognition» et «Entrepreneurship Education». Il bénéficie de plusieurs années d’expérience dans les start-ups. Mathias J. Rossi est professeur en organisation et en res­ sources humaines à la Haute école de gestion de Fribourg. Docteur de la faculté des HEC de l’Université de Lausanne, ses intérêts de recherche et ses publications récentes portent sur l’entrepreneuriat féminin, l’entrepreneuriat senior, l’en­ trepreneuriat social et la mesure de la performance entrepre­ neuriale. Patrick Schüffel travaille en tant que business developer et consultant à Zurich et est chargé de cours à la Haute école de gestion de Fribourg. Après avoir obtenu un diplôme à l’Uni­ versité de Mannheim, un master à la Haute école de gestion de Bergen en Norvège, il a terminé un doctorat à la Henley Business School de l’Université de Reading. Il a publié de nombreux articles et ouvrages sur le thème de l’entrepreneu­ riat, de la stratégie et du commerce international. 2009 Swiss Executive Report 1 Management Summary Ce cinquième rapport national suisse du projet Global Entrepreneurship Monitor (GEM) décortique l’activité entrepreneuriale en Suisse, et traite de sujets particuliers comme l’entrepreneuriat social, l’entrepreneuriat féminin et le financement des activités entrepreneuriales. Le projet GEM est un projet de recherche international lancé conjointement dans les années 1990 par la London Business School en Angleterre et le Babson College aux Etats-Unis. Le rapport global du GEM compare les résultats obtenus dans 54 pays, alors que le rapport suisse se concentre sur les résultats dans notre pays, et les compare essentiellement avec ceux des pays dont l’économie est aussi basée sur l’innova­ tion. En outre, ce rapport met l’accent sur certains thèmes particuliers, comme l’esprit d’entreprise, les activités et les ambitions, ainsi que les conditions cadres pour entreprendre. Enfin l’impact de la récession économique sur les activités des entreprises sera développé. Attitudes entrepreneuriales et perceptions de l’entrepreneuriat: en règle générale, les attitudes et les perceptions de la population adulte à l’égard de l’entrepreneuriat sont supé­ rieures à la moyenne des pays dont l’économie est basée sur l’innovation. Par contre, l’attention portée en Suisse à l’entre­ preneuriat et aux entrepreneurs par les médias pourrait être améliorée. Activités entrepreneuriales: au moment de l’enquête, à peine 7,7 % des adultes en Suisse étaient en phase de créa­ tion d’entreprise (entrepreneurs potentiels) ou à la tête d’une entreprise de moins de 3 ans (jeunes entrepreneurs). Ce taux d’activité entrepreneuriale (TEA) est en constante augmen­ tation depuis 2005, et permet à la Suisse d’occuper le 6e rang parmi les pays comparables. 2 2009 Swiss Executive Report Ambitions entrepreneuriales: les ambitions entrepre­ neuriales pour les entreprises à fort potentiel de croissance (HEA) obtiennent un score de 0.6 %, plaçant ainsi la Suisse en 13e position parmi les 20 pays dont l’économie est ba­ sée sur l’innovation. La composante innovante considérée comme un indicateur supplémentaire de la volonté d’entre­ prendre n’est en Suisse pas supérieure à la moyenne. Cette image de l’ambition entrepreneuriale peut être complétée par une orientation internationale relativement modérée des ac­ tivités entrepreneuriales. Conditions cadres pour entreprendre: les conditions cadres en Suisse ont été évaluées par les experts comme étant sensi­ blement meilleures que dans les autres pays dont l’économie est basée sur l’innovation. Les points forts de la Suisse sont les infrastructures matérielles, la protection de la propriété intellectuelle, les finances, les connaissances et la techno­ logie ainsi qu’une stabilité du marché intérieur. Par contre, les règles administratives, la fiscalité, l’engagement politique ainsi que les normes et valeurs sociétales ont été moins bien notés. L’entrepreneuriat et la récession 2008-2009: la crise écono­ mique a laissé des traces visibles dans l’activité entrepreneu­ riale en Suisse. Bien que l’indépendance en tant que choix de carrière continue à être perçue favorablement (plus d’en­ treprises ont été créées que durant la même période l’an der­ nier), les jeunes entrepreneurs ont été plus nombreux à cesser leur activité et les ambitions internationales des entreprises ont été nettement redimensionnées. Un sentiment de pessi­ misme est clairement perceptible à propos des opportunités d’affaires, de la création ou du développement des entreprises. La situation est encore plus grave puisque nous constatons qu’elle touche les entrepreneurs de tous âges, toutes branches et tous types de formation. Sommaire Figures 4 Tableaux 5 1 Introduction 1.1 Le modèle GEM 1.2 Comment le GEM mesure-t-il l’entrepreneuriat? 1.3 Le GEM en Suisse 6 6 9 9 2 Une vue d’ensemble de l’entrepreneuriat en 2009 2.1 Attitudes et perceptions vis-à-vis de l’entrepreneuriat 2.2 Activité entrepreneuriale 2.3 Ambitions entrepreneuriales 2.4 Les conditions cadres pour entreprendre 10 10 13 20 23 3 L’entrepreneuriat et la récession de 2008-2009 3.1 Impacts de la récession sur le processus d’entrepreneuriat 3.2 Impacts de la récession sur le type d’entrepreneur 27 28 29 4 Thème spécial I: Activité entrepreneuriale sociale «Social Entrepreneurship» 4.1 Propagation de l’activité de création entrepreneuriale sociale 4.2 Comparaison entre les taux TAE et l’activité entrepreneuriale sociale 4.3 Typologie de l’activité entrepreneuriale sociale 34 35 35 36 5 Thème spécial II: «Entrepreneurial Finance» 5.1 Capital initial informel 5.2 Le Business Angel en Suisse 5.3 Capital-risque 38 38 40 40 6 Thème spécial III: «Female Entrepreneurship» 6.1 Evolution de l’activité entrepreneuriale féminine 6.2 Profil de l’entrepreneuriat des femmes 6.3 Perspectives 42 42 42 43 Bibliographie 44 Liste des experts 45 Glossaire 46 Notes 47 © Copyright 2010 R. Baldegger, A. Brülhart, M. Rossi et P. Schüffel Graphisme et mise en page: STLDESIGN - Estelle Hofer-Piguet Dans le présent document, toute désignation de personne, de statut et de fonction vise indifféremment l’homme ou la femme. 2009 Swiss Executive Report 3 Figures Figure 1: Le modèle GEM 8 Figure 2: Les étapes clés de l’entrepreneuriat 9 Figure 3: Crainte d’échouer chez les individus ayant une bonne opportunité d’affaires en relation avec la population interrogée, 2009 10 Figure 4: Taux d’activité entrepreneuriale dans les 20 pays dont l’économie est basée sur l‘innovation, avec un intervalle de confiance de 95 % 13 Figure 5: Raisons de la cessation d’une activité économique, par groupes de pays et en Suisse, 2009 14 Figure 6: Taux d’activité entrepreneuriale et PIB par habitant en USD (source: GEM et FMI, 2009) 15 Figure 7: Activité entrepreneuriale (TEA) par secteurs, 2009 15 Figure 8: Entreprises établies par secteurs 16 Figure 9: Taux d’activité entrepreneuriale par catégories d‘âge et groupes de pays, 2009 17 Figure 10: Activité entrepreneuriale par catégories d‘âge pour la Suisse 17 Figure 11: Entrepreneurs seniors par secteurs, 2009 18 Figure 12: Taux d’activité entrepreneuriale par genre dans les pays dont l’économie est basée sur l‘innovation, 2009 19 Figure 13: Activité de création d’entreprises à forte aspiration de croissance (HEA), 2004-2009 20 Figure 14: Propagation relative de créations d’entreprises à croissance forte et modérée, 2004-2009 21 Figure 15: Taux des activités entrepreneuriales (TEA) avec de nouveaux produits et/ou marchés, 2004-2009 22 Figure 16: Part des activités de création d’entreprises avec orientation internationale, 2004-2009 23 Figure 17: Protection des travailleurs et activité entrepreneuriale à haut potentiel de croissance, 2004-2009 24 Figure 18: Conditions cadres pour entreprendre (avis d’expert) par groupes de pays et pour la Suisse (moyenne non pondérée) 25 Figure 19: Normes et valeurs sociales (avis d’experts) en Suisse, 2009 26 Figure 20: Transfert technologique et scientifique (avis d’experts) en Suisse, 2009 26 Figure 21: Point de vue des entrepreneurs sur les opportunités de créer une entreprise en comparaison annuelle, par niveau de développement des pays (moyennes nationales non pondérées), 2009 29 Figure 22: Point de vue des entrepreneurs sur les opportunités de croissance d’une entreprise en comparaison annuelle, par niveau de développement des pays (moyennes nationales non pondérées), 2009 30 Figure 23: Effets de la crise économique sur la perception des opportunités d’affaires par les entrepreneurs, par niveau de développement des pays (moyennes nationales non pondérées), 2009 31 4 2009 Swiss Executive Report Figure 24: Effets de la crise économique sur la perception des opportunités d’affaires par les entrepreneurs, par niveau de développement des pays et selon l’âge des interrogés (moyennes nationales non pondérées), 2009 32 Effets de la crise économique sur la perception des opportunités d’affaires par les entrepreneurs, par niveau de développement des pays et selon le niveau de formation des interrogés (moyennes nationales non pondérées), 2009 33 Figure 26: Activité entrepreneuriale sociale (SEA) par pays dans les économies mues par l’innovation, 2009 34 Figure 27: Activité entrepreneuriale sociale (SEA) par groupe d’âge, 2009 36 Figure 28: Typologie des activités de l’entrepreneuriat social, 2009 37 Figure 29: Part d’investisseurs informels parmi la population des 18 à 64 ans (avec un intervalle de confiance de 95 %), 2009 38 Figure 30: Niveau du capital initial informel en pour cent du PIB (sources: GEM et IMF), 2009 39 Figure 31: Capital initial nécessaire par rapport au PIB par habitant en USD (moyenne) (Sources: GEM et FMI), 2009 39 Figure 32: Investissement en capital-risque en pourcentage du PIB, après une phase de croissance (Source: EVCA.com et les associations nationales de capital-risque) 41 Figure 33: Evolution de l’activité entrepreneuriale féminine entre 2003 et 2009 42 Figure 34: Taux d’activité entrepreneuriale des femmes, par secteurs, 2009 43 Figure 25: Tableaux Tableau 1: Attitudes et perceptions entrepreneuriales dans les 20 pays dont l’économie est basée sur l’innovation. (Source: GEM et FMI, 2009) 11 Tableau 2: Activité entrepreneuriale dans les 20 pays dont l’économie est basée sur l‘innovation 12 Tableau 3: Classement des conditions cadres (avis d’experts), 2009 25 Tableau 4: Tendances entrepreneuriales dans les pays basés sur l‘innovation (Source: GEM et FMI), 2008-2009 en comparaison avec 2006-2007 28 Tableau 5: Activité entrepreneuriale sociale tout au long du processus entrepreneurial, GEM 2009 35 2009 Swiss Executive Report 5 1 Introduction 1.1 Le modèle GEM L’année 2009 restera dans toutes les mémoires en raison de la récession et notamment de ses incidences négatives mon­ diales dans la plupart des économies. Alors que les nations et les régions tentent de reconstruire leur économie, la compré­ hension générale de la relation entre initiative entrepreneu­ riale et développement économique reste encore incomplète. Ceci est d’une part imputable au fait que les deux domaines sont observés séparément. D’autre part, les données inter­ nationales harmonisées sont insuffisantes dans le domaine de l’entrepreneuriat. Depuis 1997, l’organisation Global Entrepreneurship Monitor (GEM) s’efforce donc de com­ bler cette carence en menant chaque année une collecte har­ monisée de données et en recourant dans le monde entier à la collaboration d’experts du domaine de l’entrepreneuriat. Le Global Report, contenant une comparaison de tous les pays participants, est à chaque fois publié au début de l’année et constitue la base des rapports nationaux publiés par la suite. Le projet de recherche GEM concentre ses intérêts sur trois grands objectifs: • mesurer les différences relatives au niveau des activités entrepreneuriales entre les pays, • déceler les facteurs qui influencent les activités entrepre­ neuriales au niveau national, • identifier les conditions politiques à même de favoriser les activités entrepreneuriales. Les analyses traditionnelles de la croissance économique et de la compétitivité ont tendance à négliger le rôle des nouvelles et petites entreprises dans l’économie nationale. L’étude GEM implique par contre une approche complète, qui tient compte du degré des activités entrepreneuriales au sein d’un pays et détermine les différentes natures et phases de l’entrepreneuriat. Bien que seuls des pays à revenu éle­ vé aient participé aux premières études GEM, l’ambition a toujours été d’intégrer autant de pays que possible afin de soutenir les décideurs politiques dans leurs efforts de promo­ tion du développement économique par le biais d’activités entrepreneuriales. En 2009, le nombre des pays participants 6 2009 Swiss Executive Report a augmenté de 25 % pour atteindre 54 pays. Les 54 nations présentent une forte différence en termes de développement économique, raison pour laquelle elles sont depuis 2008 at­ tribuées aux catégories suivantes: économies mues par les fac­ teurs, par l’efficacité et par l’innovation.I La comparaison entre pays – ne comparer que le comparable Depuis le «GEM Global Report 2008», la compa­ raison entre pays utilise la classification du «Global Competitiveness Report» (Porter, Sachs et McArthur, 2002). Cette classification prévoit la subdivision des pays en trois groupes. Un premier groupe est composé des pays de faible puis­ sance économique, lesdites économies mues par les fac­ teurs. La croissance de ces pays découle principalement d’une plus grande utilisation de facteurs de production primaires (terres, gisements de matières premières, main-d’œuvre peu qualifiée). La croissance économique du deuxième groupe (économies mues par l’efficacité) repose avant tout sur une augmentation de l’efficacité, obtenue assez souvent par des investissements directs étrangers (p. ex., importation de technologies de produc­ tion). Les pays du troisième groupe, les économies mues par l’innovation, se caractérisent par de gros investisse­ ments dans la formation, la recherche et le développe­ ment, tant de la part de l’Etat que du secteur privé. Des processus sociaux d’apprentissage, des hiérarchies planes dans les organisations ainsi que des échanges intenses entre producteurs et clients favorisent le développement et le lancement de nouveaux produits et services. Dans ce contexte, de jeunes entreprises innovantes peuvent jouer un rôle important. La Suisse fait partie des économies dites «innovationdriven». Parmi les 54 entreprises ayant participé au GEM 2009, 20 proviennent de pays appartenant à ce groupe. Ces pays constituent le groupe de comparaison pour les données de la Suisse. Economies mues par les facteurs: Arabie Saoudite*, Cisjordanie et Bande de Gaza, Algérie*, Guatemala*, Jamaïque*, Liban*, Maroc, Ouganda, Tonga, Venezuela*, Yémen. Economies mues par l’efficacité: Afrique du Sud, Argentine, Bosnie-Herzégovine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Croatie*, Equateur, Hongrie *, Iran, Jordanie, Lettonie*, Malaisie, Panama, Pérou, République Dominicaine, Roumanie*, Russie*, Serbie, Tunisie, Uruguay. Economies mues par l’innovation: Allemagne, Belgique, Corée du Sud, Danemark, Emirats Arabes Unis, Espagne, Etats-Unis d’Amérique, Finlande, France, Grande-Bretagne et Irlande du Nord, Grèce, HongKong, Islande, Israël, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Slovénie, Suisse. * Pays en voie de transition vers le niveau suivant L’entrepreneuriat joue un rôle différent dans chacune des phases du développement économique. Dans les économies mues par l’innovation, les activités industrielles se déplacent progressivement vers le secteur des prestations de service, la recherche et le développement sont renforcés et l’inten­ sité des connaissances augmente dans le secteur industriel et tertiaire. Ces développements ouvrent la voie à des activités entrepreneuriales innovantes. Il n’est pas rare que de jeunes entreprises innovantes disposent, lors de la création d’inno­ vations, de certains avantages par rapport à des grandes en­ treprises établies et représentent ainsi une part importante de «destruction créatrice». Les jeunes entreprises mues par l’innovation et en quête d’opportunités peuvent contribuer à une part considérable de la croissance et de la création de bien-être, pour autant qu’elles soient nées dans un environ­ nement économique et financier sain et stable. 1.1.1 Attitudes, activités et ambitions entrepreneuriales Diverses définitions de l’entrepreneuriat circulent dans la littérature. Le modèle GEM intègre les diverses perspec­ tives de l’entrepreneuriat et admet qu’une série de grandeurs peuvent influencer les attitudes, l’activité et les ambitions (Attitudes, Activities and Aspirations) entrepreneuriales. L’interaction dynamique de ces trois composantes donne lieu à une activité entrepreneuriale productive – création d’emplois et de bien-être. Les attitudes entrepreneuriales sont des attitudes par rap­ port à l’entrepreneuriat. Dans quelle mesure la population croit-elle qu’il y a de bonnes opportunités d’affaires ou de quel statut les entrepreneurs jouissent-ils dans la société? Ceci dépend de l’attitude entrepreneuriale. Quels risques est-on prêt à courir ou comment estime-t-on les capacités, le savoir et l’expérience en matière de création d’entreprise, en sont d’autres éléments importants. Les attitudes entrepreneuriales influencent l’activité des entrepreneurs et vice-versa. Les in­ dividus qui connaissent des entrepreneurs ou des fondateurs et sont donc familiariser avec ce processus auront tendance à avoir une attitude plus positive envers l’entrepreneuriat. Et ce sont justement les pays mus par l’innovation qui ont besoin d’individus à même d’identifier et de réaliser des opportuni­ tés d’affaires. Une attitude positive envers l’entrepreneuriat au niveau national s’exprime par des mesures de soutien, la mise à disposition d’une aide financière et d’autres appuis. L’activité entrepreneuriale peut prendre différentes formes. Dans ce cas, le nombre absolu d’entreprises fondées par la population est important, de même que le rapport entre les créations et les fermetures d’entreprise. Les activités en­ trepreneuriales peuvent se différencier aux niveaux les plus divers. Elles sont par exemple subdivisées par branche, par taille de l’équipe des fondateurs ou selon des indicateurs dé­ mographiques comme le sexe, l’âge ou le niveau de formation du fondateur. L’activité entrepreneuriale est perçue comme un processus (Gartner, 1985). C’est pour cette raison que le GEM enregistre l’activité entrepreneuriale à divers stades – de l’intention de fonder l’entreprise jusqu’à l’arrêt de l’activité entrepreneuriale, en passant par l’entreprise établie. Les ambitions entrepreneuriales décrivent l’aspect qualitatif de l’activité entrepreneuriale. Par exemple, les efforts entrepris pour lancer de nouveaux produits ou processus, pour prospec­ ter les marchés internationaux, pour mettre en place une nou­ velle organisation ou pour générer de la croissance avec des capitaux externes. Les ambitions entrepreneuriales mises en œuvre peuvent avoir une incidence déterminante sur l’activité entrepreneuriale. GEM a effectué des mesures en vue d’identi­ fier les activités entrepreneuriales présentant un haut potentiel de croissance (high-aspiration entrepreneurship). 2009 Swiss Executive Report 7 1.1.2 Conditions cadres entrepreneuriales Les conditions cadres entrepreneuriales décrivent les proprié­ tés de l’environnement socio-économique qui ont une inci­ dence notable sur l’entrepreneuriat. Les conditions cadres de l’entrepreneuriat dans des économies mues par les facteurs et l’efficacité sont tirées du Global Competitiveness Report 20092010 (Schwab, 2009). Le modèle GEM élargit des conditions cadres spécifiques pour l’entrepreneuriat et l’innovation (voir Levie et Autio, 2008 pour ce qui est des bases théoriques). Les conditions cadres sont toutes déterminantes pour un pays, qu’il soit mû par les facteurs, l’efficacité ou l’innovation. Les pays sont classés selon la phase qui est la plus importante pour le niveau de développement actuel; en conséquence, l’importance des conditions cadres entrepreneuriales dépend également de la phase du développement économique. Toutes les conditions cadres peuvent être tirées du modèle GEM (figure 1). Le modèle GEM explicite de quelle manière l’entrepre­ neuriat est influencé par le contexte national. Dans le pro­ jet GEM, les conditions cadres sont saisies via un entretien standardisé avec des experts nationaux de l’entrepreneuriat. Les trois composantes de l’entrepreneuriat (attitudes, activité et ambitions) peuvent également être tirées du modèle. Ces éléments sont recueillis par le biais d’une enquête harmonisée au niveau international de la population adulte. 1.1.3 GEM et la relation entre entrepreneuriat et développement économique Bien que le projet GEM saisisse des données uniques en leur genre dans le domaine des conditions cadres et des attitudes, activités et ambitions entrepreneuriales, il n’est pas envisagé de définir l’effet de l’entrepreneuriat sur le développement économique. Cette relation est plutôt difficile à appréhender. Différents types et différentes phases d’entrepreneuriat in­ fluencent la croissance économique (Sternberg et Wennekers, 2005). En outre, la relation est réciproque. L’entrepreneuriat influence la croissance économique qui, à son tour, influence l’entrepreneuriat. De premières approches permettant de dé­ mêler cette interdépendance complexe sont fournies par Van Stel et al. (2005), Acs et Varga (2005), Acs et Amoros (2008) ainsi que par Koellinger et Thurik (2009).II Exigences de base - Institutions - Infrastructure - Stabilité macroéconomique - Santé et formation de base Depuis d’autres sources disponibles Contexte social, culturel, politique Facteurs d'accroissement de l'efficacité - Formation universitaire et professionnelle - Efficacité du marché des marques - Efficacité du marché du travail - Sophistication du marché financier - Disponibilité technologique - Taille du marché Innovation et entrepreneuriat Tiré du GEM National Expert Survey Figure 1: Le modèle GEM 8 2009 Swiss Executive Report - Financement entrepreneurial - Politique gouvernementale - Programme gouvernemental pour l'entrepreneuriat - Formation entrepreneuriale - Transfert R&D - Infrastructure légale et commerciale pour l'entrepreneuriat - Ouverture du marché intérieur - für Unternehmertum - Infrastructure physique pour l'entrepreneuriat - Normes socioculturelles Entreprises établies (Primary Economy) Nouvelle branche, croissance de l'entreprise Entrepreneuriat Attitudes: - Opportunités / occasions saisies - Capacité saisie Croissance économique nationale Activité: - Stade précoce (early-stage) - Persistance/endurance - Exits (innovation des postes de travail et innovation technique) Ambitions: - Croissance - Innovation - Création de valeurs sociales Tiré du GEM Adult Population Survey (APS) 1.2 Comment le GEM mesure-t-il l’entrepreneuriat? 1.3 Le GEM en Suisse En 2009, la Suisse a participé pour la cinquième fois au pro­ jet GEM, qui existe depuis 1999. A l’avenir, elle vise une participation annuelle au projet GEM, afin d’établir pour la Suisse une base de données fiable sur le thème de l’entrepre­ neuriat. Une base de données qui présente un fort potentiel d’analyse et offre les bases pour des mesures politiques et pri­ vées et d’autres études. Contrairement à la plupart des autres jeux de données sur l’entrepreneuriat, le GEM n’effectue pas ses mesures au ni­ veau de l’entreprise, mais à celui de l’individu. GEM examine le rôle, le comportement de l’individu par rapport aux atti­ tudes, activités et ambitions entrepreneuriales. Dans l’optique du processus de l’entrepreneuriat, l’activité entrepreneuriale est subdivisée en diverses phases (figure 2). Le paiement des salaires à une personne, y compris le pro­ priétaire sur une période de plus de trois mois, est inter­ prété comme une création d’entreprise. Les personnes qui préparent activement des ressources en vue d’une création, mais qui n’ont pas encore procédé à la création, sont appe­ lées «Entrepreneurs émergents» (nascent entrepreneurs). Les individus qui possèdent et gèrent une entreprise, mais qui n’ont pas encore payé de salaires pendant plus de 42 mois, sont appelés «Entrepreneurs nouveaux» (new business owner-managers). Les 42 mois correspondent à une durée issue de conclusions théoriques et pratiques sur la phase de démarrage des entreprises (voir à ce sujet Reynolds, Bosma, Autio et al., 2005). Le taux total d’activité entrepreneuriale (TAE ou Total Entrepreneurial Activity, TEA) est obtenu en additionnant les entreprises émergentes et nouvelles. Les personnes qui ont versé des salaires pendant plus de 42 mois sont définies comme des «Entrepreneurs établis» (established business owner). Enfin, les individus qui ont cessé une ac­ tivité entrepreneuriale durant les douze derniers mois sont également saisis. Au printemps et en été 2009, l’institut d’étude de marché reconnu Demoscope a interrogé par téléphone 2024 per­ sonnes, âgées de 18 à 99 ans et choisies au hasard en Suisse. En outre, 36 experts nationaux de l’entrepreneuriat ont été interviewés sur les conditions cadres de l’entrepreneuriat en Suisse. La direction du projet GEM pour la Suisse est assu­ mée par l’Institut Entrepreneuriat & PME de la Haute école de gestion de Fribourg (www.gem-suisse.ch). Le rapport de cette année contient différents thèmes spé­ ciaux, en plus des données sur l’activité entrepreneuriale en général et des analyses sur les incidences de la récession. Le chapitre 4 est consacré aux explications sur le «Social Entrepreneurship» alors que le chapitre 5 traite de l’«Entre­ preneurial Finance». La série des thèmes spéciaux s’achève par un chapitre consacré au «Female Entrepreneurship». Fermeture de l'entreprise Taux d'activité entrepreneuriale (TAE) Entrepreneurs potentiels: opportunités, savoir et compétences Entrepreneurs émergents: travaillent sur des projets d’entreprise en gestation Conception Nouveaux entrepreneurs: propriétaires dirigeants d'entreprises nouvelles (moins de 3.5 années) Fondation Entrepreneurs établis: propriétaires dirigeants d’entreprises établies (plus de 3.5 années) Pérennité Figure 2: Les étapes clés de l’entrepreneuriat 2009 Swiss Executive Report 9 2 Une vue d’ensemble de l‘entrepreneuriat en 2009 Dans ce chapitre, nous montrerons comment se situe la Suisse en ce qui concerne les attitudes, les activités et les mo­ tivations entrepreneuriales. La Suisse sera comparée avec les 20 pays à économie basée sur l’innovation. La partie 2.1 pré­ sentera tout d’abord les attitudes et les perceptions par rap­ port à l’entrepreneuriat. La partie 2.2 présentera ensuite une analyse de l’activité entrepreneuriale en Suisse, en examinant successivement cette activité sous l’angle de l’abandon d’ac­ tivité, de la répartition par âge et par genre, et des secteurs économiques où elle s’exerce. Le chapitre se clôt par une dis­ cussion sur les ambitions entrepreneuriales et les conditions cadres qui régissent l’activité d’entreprendre en Suisse. lancement d’une activité entrepreneuriale. Nous savons que le nombre ou la nature des opportunités perçues, de même que les compétences estimées, peuvent être développées par des éléments touchant aux spécificités nationales comme la crois­ sance de l’économie ou de la population, la culture, de même que les politiques menées en faveur de l’entrepreneuriat. Il y a pourtant d’autres facteurs en jeu. Une confrontation de la population, dans leur région ou à travers les médias, à des entrepreneurs talentueux qui font preuve de succès, pour­ rait conduire les gens à estimer plus fortement leurs compé­ tences, sans d’ailleurs que le niveau de compétences effectif s’en trouve amélioré. 2.1 Attitudes et perceptions vis-à-vis de l’entrepreneuriat L’effet sera d’autant plus fort lorsque le climat économique est favorable. Enfin, on pourra constater parmi la population certaines différences quant aux compétences estimées, diffé­ rences qui s’expliqueront par des raisons historiques socioéconomiques ou des raisons d’ordre culturel. Pour qu’une activité entrepreneuriale, quelle qu’elle soit, puisse avoir lieu dans un pays donné, deux éléments doivent être présents: des opportunités entrepreneuriales, et des personnes ayant les compétences nécessaires à une activité entrepre­ neuriale. Il est donc autant important pour des individus de percevoir des opportunités d’entreprendre dans la région où ils vivent que d’estimer avoir les compétences nécessaires au Qu’une personne manifeste une perception positive à l’égard de l’entrepreneuriat n’implique en rien qu’elle se retrou­ vera avec certitude impliquée dans une activité de nature Figure 3: Crainte d’échouer chez les individus ayant une bonne opportunité d’affaires en relation avec la population interrogée, 2009 60% Peur de l'échec: % de la population (18-64 ans) 55% GR ES FR 50% IT DE 45% DK IL 40% KR 35% US IS UK SI CH JP FI AE HK 30% NO NL 25% BE 20% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% Peur de l'échec: % des individus ayant une bonne opportunité d’affaires 10 2009 Swiss Executive Report 50% 55% entrepreneuriale. Il y a en réalité plusieurs choix à faire, consciemment ou non. La première question qui se pose est celle des coûts d’opportunité: il s’agit de comparer les retom­ bées estimées d’une activité entrepreneuriale à celles qu’on peut escompter en pratiquant une autre activité, l’alternative la plus commune dans nos régions étant le statut de salarié. La seconde question est celle du risque, ou plus précisément le lien entre le risque pris et les retombées espérées. Même dans le cas où les retombées positives d’une activité entrepreneu­ riale sont considérablement supérieures à celles de toute autre alternative, le risque estimé peut être considéré comme étant trop élevé pour se lancer. Si les perceptions individuelles liées à la prise de risque sont évidemment déterminantes lorsqu’il s’agit de passer d’un statut d’employé à celui d’entrepreneur, des considérations démographiques comme le genre, l’âge ou l’origine jouent aussi un rôle. Les éléments mentionnés ci-dessus pourraient mener des individus à déclarer une intention de démarrer une entre­ prise, et même à agir dans ce sens. En Suisse comme dans la majorité des pays développés, il s’agit d’un entrepreneu­ riat par opportunité, par opposition à la situation d’entre­ preneuriat par nécessité qu’on peut trouver dans des pays moins riches. Le Tableau 1 compare les indicateurs permettant d’estimer la perception vis-à-vis de l’entrepreneuriat en Suisse et dans les pays comparables, ceux dont l’économie est basée sur l’inno­ vation. Dans ces pays, on s’attend en général à une opinion plutôt positive vis-à-vis de l’entrepreneuriat, couplée à une relativement faible intention d’entreprendre. C’est le cas en Suisse, où des scores plutôt élevés en matière de perceptions de l’entrepreneuriat cohabitent avec des intentions entrepre­ neuriales plutôt faibles. Tableau 1: Attitudes et perceptions entrepreneuriales dans les 20 pays dont l’économie est basée sur l’innovation. (Source: GEM et FMI, 2009) Opportunités perçues Compétences perçues Peur de l'échec * Intentions entrepreneuriales ** Entrepreneuriat en tant que bonne chance de carrière Statut plus élevé des entrepreneurs prospères Attention des médias envers l'entrepre­neuriat Belgique 15 37 28 5 46 49 33 Danemark 34 35 37 3 47 75 25 Allemagne 22 40 37 5 54 75 50 Finlande 40 35 26 4 45 88 68 France 24 27 47 16 65 70 50 Grèce 26 58 45 15 66 68 32 Hong Kong 14 19 37 7 45 55 66 Islande 44 50 36 15 51 62 72 50 Israël 29 38 37 14 61 73 Italie 25 41 39 4 72 69 44 Japon 8 14 50 3 28 50 61 Pays-Bas 36 47 29 5 84 67 64 Norvège 49 44 25 8 63 69 67 Suisse 35 49 29 7 66 84 57 Slovénie 29 52 30 10 56 78 57 Espagne 16 48 45 4 63 55 37 Corée du Sud 13 53 23 11 65 65 53 69 Emirats Arabes Unis 45 68 26 36 70 75 Etats-Unis 28 56 27 7 66 75 67 Royaume-Uni 24 47 32 4 48 73 44 Moyenne (non pondérée) 28 43 34 9 58 69 53 * Dénominateur : population 18-64 ans percevant de bonnes opportunités pour démarrer une affaire. ** Dénominateur : population 18-64 ans n’étant pas engagée dans une activité entrepreneuriale. 2009 Swiss Executive Report 11 Ceci s’explique certainement par les revenus relativement plus élevés que l’on peut obtenir avec le statut de salarié. D’autres éléments pourraient être considérés: en Suisse, selon les déclarations des experts, si le capital nécessaire est dispo­ nible, certaines lourdeurs administratives peuvent être vues comme un obstacle. Le questionnaire GEM demande aussi aux répondants si la crainte de l’échec les empêcherait de démarrer une activité. Il est assez logique de penser que la crainte de l’échec est moins présente chez les personnes qui décèlent de bonnes opportunités dans un avenir proche que dans la population en général, et c’est bien sûr le cas en Suisse. Notre pays se range parmi ceux où la crainte de l’échec, que ce soit pour les personnes décelant une opportunité ou pour la population en général, est la moins forte. Tous nos voisins affichent des scores bien plus élevés. S’il est difficile d’interpréter cette dif­ férence, on pourrait risquer l’hypothèse que la relative bonne couverture sociale rend somme toute l’échec moins pénali­ sant que dans d’autres pays. Les attitudes générales vis-à-vis de l’entrepreneuriat en Suisse sont mesurées par les trois indicateurs qui figurent sur le côté droit du tableau 1. Le premier indicateur évalue dans quelle mesure les répondants estiment que, en Suisse, l’entrepreneuriat est considéré comme un choix de carrière acceptable. On sait que cet indicateur est d’autant plus faible que le développement économique du pays en question est élevé, et de ce point de vue, la Suisse ne déroge pas à la règle. Le deuxième indicateur vérifie la considération dont béné­ ficient les entrepreneurs qui font preuve de succès. Ici, les différences entre les économies sont moins marquées, les en­ trepreneurs à succès sont crédités d’un bon statut social par environ trois quarts des répondants. Le troisième indicateur quant à lui s’intéresse à la popularité du thème de l’entrepre­ neuriat en demandant aux répondants s’ils estiment bonne la Tableau 2: Activité entrepreneuriale dans les 20 pays dont l’économie est basée sur l‘innovation Entrepreneurs émergents Belgique Danemark Activité Nouveaux Entrepreneurs entrepreneuriale entrepreneurs établis totale (TAE) Fermeture de l’entreprise Création par nécessité − pas d’autre option ( % du TAE) Création par opportunité − amélioration du revenu ( % du TAE) 2 1.6 3.5 2.5 1.3 9 55 1.6 2 3.6 4.7 1.1 7 56 Allemagne 2.2 2.1 4.1 5.1 1.8 31 43 Finlande 2.9 2.3 5.2 8.5 2.1 19 62 France 3.1 1.4 4.3 3.2 1.9 14 67 Grèce 4.5 4.7 8.8 15.1 2.6 26 47 Hong Kong 1.6 2.2 3.6 2.9 1.5 19 49 Islande 7.6 4.2 11.4 8.9 4 10 58 Israël 3.4 2.7 6.1 4.3 4 25 48 Italie 1.8 1.9 3.7 5.8 1.1 14 57 Japon 1.9 1.3 3.3 7.8 1.4 30 62 Pays-Bas 3.1 4.1 7.2 8.1 2.5 10 57 Norvège Suisse 5 3.9 8.5 8.3 3.7 9 74 4.3 3.5 7.7 8.4 2.1 7 67 Slovénie 3.2 2.1 5.4 5.6 1.3 10 69 Espagne 2.3 2.8 5.1 6.4 2 16 41 Corée du Sud 2.7 4.4 7 11.8 3.9 45 37 Emirats Arabes Unis 6.5 7.4 13.3 5.7 6.5 9 79 Etats-Unis 4.9 3.2 8 5.9 3.4 23 55 Royaume-Uni 2.7 3.2 5.7 6.1 2.1 16 43 Moyenne (non pondérée) 3.4 3.1 6.3 6.8 2.5 17 56 12 2009 Swiss Executive Report couverture médiatique de l’entrepreneuriat. Si, globalement, l’image de l’entrepreneuriat est bonne en Suisse, meilleure que dans les pays comparables, notre pays se distingue nette­ ment par le statut élevé qu’obtiennent chez nous les entrepre­ neurs qui ont du succès. La Suisse, avec un TAE de 7.7 %, se situe dans la moyenne supérieure des pays industrialisés, derrière les Emirats Arabes Unis, l’Islande et la Grèce, mais très largement devant tous ses voisins directs. Le TAE de la Suisse est par ailleurs en progression constante depuis 2005. 2.2 Activité entrepreneuriale Nous avons demandé aux personnes, qui ont abandonné leur affaire dans les douze mois précédant l’enquête, de préciser les raisons de cette cession. De ce point de vue, la Suisse se distingue des pays à structure économique comparable sur trois points: en Suisse, on abandonne dans une plus large me­ sure son entreprise pour des raisons de retraite, parce qu’on a vendu son entreprise, et beaucoup moins parce qu’on a trouvé un emploi. Sans examen en profondeur, il est difficile de se prononcer sur ces différences. Tout au plus pourrionsnous faire l’hypothèse que chez nous, le choix se fait entre la retraite et l’activité entrepreneuriale. Est-ce dû au relatif confort financier de la situation de bien des retraités, ou aux pièges fiscaux que cache l’attribution d’une rente parallèle­ ment à un revenu? Le tableau 2 synthétise, pour les pays dont l’économie est ba­ sée sur l’innovation, l’implication dans des activités entrepre­ neuriales à différents stades du processus. Les principaux indices mesurés dans ce tableau sont le taux d’activité entrepreneuriale (TAE), autrement dit le taux d’en­ trepreneurs émergents et le taux d’entrepreneurs nouveaux. Le taux d’entrepreneurs émergents donne une indication des entreprises qui sont en gestation. Le taux d’entrepre­ neurs nouveaux indique, quant à lui, la participation des ré­ pondants dans une entreprise ayant payé des salaires depuis moins de 3 ans et demi au moment de l’enquête. Pour ces deux indicateurs, l’étude a pris en compte des entreprises dans laquelle les personnes interrogées étaient directement impliquées dans la gestion, sans en être forcément proprié­ taires à 100 %. Le taux d’activité entrepreneuriale (TAE) pré­ senté dans la figure 4 est l’addition du taux d’entrepreneurs émergents et du taux d’entrepreneurs nouveaux. Les barres verticales représentent les intervalles de confiance de 95 %, ou marge d’erreur, et indiquent la précision des estimations. En ce qui concerne la vente de son entreprise, la Suisse fait face à une vague importante de personnes possédant leur entreprise et arrivant à l’âge de la retraite. Or la remise de son entreprise dans le cercle extra-familial, souvent par le biais d’une vente plutôt qu’au sein de la famille, est une pra­ tique attestée de plus en plus courante (Halter, Schrettle & Baldegger, 2009). Cesser son activité pour changer d’emploi 15% 10% 5% Islande Emirats Arabes Unis Grèce Norvège Etas-Unis Suisse Pays-Bas Israël Corée du Sud Royaume-Uni Slovénie Finlande Espagne France Allemagne Italie Hong Kong Danemark Belgique 0% Japon % de la population (18-64 ans) 20% Figure 4: Taux d’activité entrepreneuriale dans les 20 pays dont l’économie est basée sur l‘innovation, avec un intervalle de confiance de 95 % 2009 Swiss Executive Report 13 est plus fréquent dans les pays qui nous entourent, c’est peutêtre là le signe d’une plus grande mobilité sur le marché du travail, ou peut-être, dans certains cas, l’indice que l’entre­ preneuriat n’est souvent considéré que comme une situation provisoire, en attendant de trouver une autre activité salariée. 2.2.1 TEA La figure 6 met en évidence la relation entre les TAE natio­ naux et produit national brut (PNB) avec parité de pouvoir d’achat (PPA) par habitant. Les pays ayant un faible revenu par habitant ont une économie nationale caractérisée par une importante proportion de très petites entreprises (TPE). Au fur et à mesure que le revenu par habitant augmente, l’indus­ trialisation ainsi que des économies d’échelle permettent à des entreprises de taille plus importante de satisfaire une de­ mande en expansion et de jouer ainsi un rôle de plus en plus important dans l’économie. Une certaine stabilité politique et économique est importante pour générer de la croissance, et ceci n’est possible que par le développement d’institutions fortes, et d’un appareil législatif transparent et communé­ ment accepté. L’augmentation du rôle de ces grandes entre­ prises peut s’accompagner d’une diminution du nombre de créations d’entreprises, les gens trouvant un emploi salarié dans ces grandes organisations. Ainsi, on voit bien sur le graphique que l’activité entrepreneu­ riale n’est pas simplement fonction des différences de déve­ loppement socio-économique, mais est aussi influencée par d’autres facteurs, comme la croissance de la population, qui aura un effet sur la demande, ou la taille de la population d’en­ trepreneurs, qui pourra jouer un rôle de modèle. La Suisse, qui se situe très clairement dans la partie droite du graphique, là ou le PIB par habitant est élevé, est plutôt dans la moyenne supérieure en ce qui concerne le TAE, au-dessus de la courbe. Figure 5: Raisons de la cessation d’une activité économique, par groupes de pays et en Suisse, 2009 100% 90% Incident 80% Raisons personnelles 70% Retraite 60% Cessation prévue d’avance 50% Autre possibilité d’emploi/d’affaires 40% Occasion de vendre l’entreprise 30% Problèmes de financement 20% Entreprise non profitable 10% 0% Economies mues Economies mues par les facteurs par l’efficacité 14 2009 Swiss Executive Report Economies mues par l’innovation Suisse Figure 6: Taux d’activité entrepreneuriale et PIB par habitant en USD (source: GEM et FMI, 2009) 35% % des 18 à 64 ans impliqués dans une création d'entreprise (TEA) UG 30% GT 25% JM CO PE YE 20% 15% 10% CN VE TG DO DZ LB CL MA EC BR AR UY IR JO LV IS IL ES UK HR MY BA NL KR ZA 5% GR HU PA TN SY AE YU RO SA RU SI FR IT JP NO US CH FI DK DE BE HK 0% 0 10 20 30 40 50 60 PIB par tête, parité de pouvoir d'achat épurée, en milliers ($) 1. secteur 2. secteur 3. secteur: orienté business 3. secteur: orienté consommateurs Economies mues par les facteurs Economies mues par l’efficacité Economies mues par l’innovation Suisse 0% 20% 40% 60% 80% 100% Figure 7: Activité entrepreneuriale (TEA) par secteurs, 2009 2009 Swiss Executive Report 15 Les graphiques 7 et 8 montrent la distribution par secteurs, pour les entrepreneurs établis et récents. De ce point de vue, la Suisse se distingue des pays à économie comparable par la plus grande part de ses entreprises actives dans les ser­ vices aux entreprises, ce qui s’explique probablement par la prééminence de services liés aux finances. Si l’on compare les deux catégories d’entrepreneurs, on peut constater que les entrepreneurs récents privilégient ces services aux entre­ prises, catégorie qui semble donc en croissance. A l’inverse, le secteur de l’extraction est plus fourni chez les entrepreneurs établis que chez les entrepreneurs récents. 2.2.2 Structure selon l’âge et le genre Le graphique 9 montre bien que l’activité entrepreneuriale diffère selon les groupes d’âge, et ceci quel que soit le niveau de développement économique. En règle générale, le groupe des 25-34 ans est celui qui, en moyenne, atteint le taux le plus élevé. On peut aussi constater que, les plus jeunes mis à part, la volonté de créer une entreprise décroît à mesure que l’âge, et notamment les compétences perçues, augmentent. De ce point de vue, la Suisse se distingue par une proportion élevée d’entrepreneurs dans les catégories d’âge élevées, le groupe des 45-54 ans et le groupe de 55-64 ans, qui s’explique pro­ bablement par la part importante des individus s’établissant comme indépendants dans le domaine d’activité qui était le leur en tant que salarié, souvent la finance ou le conseil. Figure 8: Entreprises établies par secteurs 1. secteur 2. secteur 3. secteur: orienté business 3. secteur: orienté consommateurs Economies mues par les facteurs Economies mues par l’efficacité Economies mues par l’innovation Suisse 0% 16 2009 Swiss Executive Report 20% 40% 60% 80% 100% 18-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 25% % de la population (18-64 ans) 20% 15% 10% 5% 0% Economies mues par les facteurs Economies mues par l’efficacité «Senior Entrepreneur» Le comportement entrepreneurial, soit la création d’une nouvelle entreprise, est associé généralement aux per­ sonnes jeunes, et semble décliner avec l’âge. Pourtant, de plus en plus de travaux mettent en évidence un phé­ nomène qui prend de l’importance dans nos pays indus­ trialisés: la création d’entreprises par des personnes âgées, proches de la retraite, ou déjà retraitées, phénomène que l’on nomme parfois l’«entrepreneuriat senior». L’enquête Total Junior (<55) Suisse Economies mues par l’innovation Figure 9: Taux d’activité entrepreneuriale par catégories d‘âge et groupes de pays, 2009 GEM permet de mettre en évidence l’existence de ce phé­ nomène. Le taux d’entrepreneuriat senior progresse en effet régulièrement depuis 2005, passant de 2.9 % à 6 %. De ce point de vue, la Suisse se distingue des pays com­ parables avec une proportion plus élevée d’entrepreneurs dans les groupes d’âge élevés (voir graphique 10), et tout laisse à penser que ce phénomène ira en s’amplifiant, ce qui justifie de dresser un profil de l’entrepreneur senior, à partir de ses motivations et de ses caractéristiques. En examinant la répartition par secteurs d’activités, on constate que les entrepre­ neurs seniors sont essentielle­ ment présents dans le secteur de la transformation, et beau­ coup moins présents dans les autres secteurs (figure 11). Senior (55-64) 9% 8% 7% 6% 5% 4% 3% 2% 1% 0% 2005 2007 2009 Figure 10: Activité entrepreneuriale par catégories d‘âge pour la Suisse 2009 Swiss Executive Report 17 Junior (<55) Senior (>=55) 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% 1. secteur 2. secteur 3. secteur: orienté business 3. secteur: orienté consommateurs Figure 11: Entrepreneurs seniors par secteurs, 2009 Lorsqu’on interroge les seniors sur leurs ambitions en terme de croissance, d’internationalisation, ou d’utilisa­ tion de nouvelles technologies dans leur offre de produits ou de services, ils ont systématiquement moins d’ambi­ tion que les plus jeunes. Par opposition aux catégories plus jeunes, les seniors semblent donc moins présents dans les entreprises à haut potentiel de croissance en termes de part de marché et de création d’emplois. Les entrepreneurs seniors deviendront probablement dans un avenir proche une catégorie incontournable du paysage économique suisse. De ce point de vue, il n’est 18 2009 Swiss Executive Report pas inutile de s’y préparer, afin de faciliter, voire d’en­ courager, ce genre d’activités. En effet, des obstacles spécifiques à cette classe d’âge existent probablement, parmi lesquels on pourrait mentionner une certaine dif­ ficulté à accéder au financement, la question des pièges fiscaux liés à l’obtention d’un revenu parallèlement à une rente, le manque de certaines compétences spéci­ fiques, ou encore les stéréotypes liés aux représentations des personnes âgées. Prendre en compte ces éléments permettra ainsi de mettre en valeur ces entrepreneurs qui font partie d’un tissu économique entrepreneurial diversifié. Le graphique 12 compare pour chaque pays du GEM le taux d’activité entrepreneuriale masculin et féminin. Le ra­ tio hommes femmes varie considérablement suivant les pays, pour des raisons culturelles, liées à la place laissée aux femmes dans l’activité économique. On constate que dans les pays dont l’économie est basée sur l’innovation, le ratio est en gé­ néral d’une femme pour deux hommes. La Suisse se distin­ gue ici en occupant la seconde place, juste derrière l’Islande, avec un ratio de 2 femmes pour 3 hommes. Les spécificités de l’entrepreneuriat féminin en Suisse sont développées à la section 6. Femmes 16% 14% 12% 10% 8% 6% 4% 2% Islande Suisse Emirats Arabe Unis Grèce Pays-Bas Etats-Unis Israël Norvège Finlande Espagne Royaume-Uni Allemagne Corée du Sud Slovénie Belgique Danemark France Hong Kong Italie 0% Japon Anteil der männlichen/weiblichen Bevölkerung( 18-64 Jahre) Hommes 18% Figure 12: Taux d’activité entrepreneuriale par genre dans les pays dont l’économie est basée sur l‘innovation, 2009 2009 Swiss Executive Report 19 2.3 Ambitions entrepreneuriales 2.3.1 Activité entrepreneuriale à forte aspiration de croissance Dans ce chapitre, les résultats GEM sont comparés sur plu­ sieurs années (2004-2009) afin d’en faire ressortir les diffé­ rentes ambitions entrepreneuriales des activités de création d’entreprises. La comparaison est effectuée à l’aide d’indica­ teurs indissociables de la croissance des entreprises, tels que le nombre de postes de travail à créer, l’innovation et l’orien­ tation internationale de l’activité de création. Les entreprises à forte croissance, également appelées «ga­ zelles», apparaissent de plus en plus sous les feux de la rampe et bénéficient d’une considération accrue dans les pro­ grammes de soutien gouvernementaux, car leur contribution à la création de nouveaux emplois est supérieure à la moyenne (Autio, 2007; Acs, 2008). La figure 13 explicite la propaga­ tion de l’activité de création d’entreprises à forte aspiration de croissance (HEA) dans les économies mues par l’innova­ tion. Avec une activité entrepreneuriale à forte croissance de 0,6 % (HEA), la Suisse se trouve en milieu de peloton. La tête de liste est occupée par les Emirats Arabes Unis (3,9 %), suivis par un groupe de pays présentant un taux HEA com­ pris entre 1,9 % (Islande) et 1 % (Australie). Des pays comme le Danemark, la Slovénie, l’Allemagne et la Suède se situent au niveau de la Suisse, alors que les taux les plus bas sont enregistrés en Espagne et en Finlande. Un regard au-delà des économies mues par l’innovation ré­ vèle que la Chine (4 %) et la Colombie (3,9 %) présentent un niveau d’activité de création d’entreprises à forte croissance similaire à celui des Emirats Arabes Unis. Au niveau juste en dessous, on trouve le Pérou (1,9 %), le Chili (1,8 %) et la Russie (1,7 %). Les taux HEA les plus bas sont enregistrés par le Mexique, la Hongrie, l’Afrique du Sud, la Jamaïque et l’Inde. Dans le cadre de l’étude, tous les fondateurs identifiés ont été interrogés sur le nombre d’employés qu’ils désiraient en­ gager durant les cinq prochaines années. Les aspirations de croissance des entrepreneurs émergents et des entrepreneurs nouveaux peuvent être mises en évidence sur la base des emplois qu’ils veulent créer. 35,6 % des activités de création d’entreprises en Suisse visent une création de postes de tra­ vail durant les cinq prochaines années. Parmi elles, 9,5 % des % de la population (18-64 ans) 5% 4% 3% 2% 1% 20 2009 Swiss Executive Report Emirats Arabes Unis Islande Canada Etats-Unis Hong Kong Irlande Singapur Israël Norvège Australie Royaume-Uni Slovénie Danemark Suisse Suède Allemagne Italie Pays-Bas France Grèce Japon Belgique Finlande Figure 13: Activité de création d’entreprises à forte aspiration de croissance (HEA), 20042009 Espagne 0% Espérance: 20 postes de travail ou plus Espérance: 5-19 postes de travail 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% Emirats Arabes Unis Japon Hong Kong Singapur Israël Canada Slovénie Suède Islande Royaume-Uni Danemark Etats-Unis Italie Australie Irlande Suisse Norvège Belgique Allemagne France Pays-Bas Finlande Grèce Espagne 0% Figure 14: Propagation relative de créations d’entreprises à croissance forte et modérée, 2004-2009 activités de création d’entreprises envisagent de créer 20 em­ plois ou plus et font partie de celles à forte croissance, alors que 26,1 % visent la création de 5 emplois ou plus. Une com­ paraison entre pays éclaire la position de la Suisse en queue du peloton central, au niveau d’autres états européens, à l’ex­ ception du Danemark (14,6 %; 27,9 %), de la Suède (13,1 %; 34,8 %) et de la Slovénie (13,7 %; 35,7 %). 2.3.2 Activité entrepreneuriale axée sur l’innovation L’innovation et l’entrepreneuriat sont indissociables et in­ fluencent la croissance de l’entreprise. Schumpeter (1934) prétendait que des entreprises ruinent l’équilibre du marché en lançant de nouvelles combinaisons de produit/marché ou lorsque des innovations éliminent du marché des socié­ tés moins productives. GEM évalue les innovations d’une part dans le contexte entrepreneurial, en demandant à des entrepreneurs émergents, nouveaux et établis comment ils jugent la teneur innovante de leurs prestations de marché par rapport à l’expérience des clients. D’autre part, chaque entrepreneur a dû répondre à des questions portant sur le ni­ veau de compétitivité, notamment s’il percevait sur le marché beaucoup, peu ou aucun acteur proposant des produits ou des services similaires. La teneur innovante des activités de création d’entreprises est d’autant plus intéressante que, ces derniers temps, la Suisse s’en est particulièrement bien sortie en matière d’indicateurs d’innovation. Une comparaison au sein des pays mus par l’in­ novation révèle une bonne position (mais pas éminente) des activités entrepreneuriales suisses en matière d’innovation. D’autres pays affichent un pourcentage plus élevé de nou­ veautés, que ce soit au total ou pour l’important indicateur de nouveauté du produit et de marché. On trouve en tête de classement des pays comme le Canada, les Emirats Arabes Unis ou le Danemark. En détail, cela signifie que plus de la moitié des activités de création d’entreprises en Suisse tente de s’imposer avec une innovation: 29,6 % avec une nouveauté de produit et de marché, 23 % avec une nouveauté de produit 2009 Swiss Executive Report 21 l’international. Les données de tous les pays montrent que les pays de grande superficie, comme l’Inde, l’Iran, le Brésil, la Russie, la Chine et l’Australie, affichent normalement une moindre internationalisation. ou de marché. Le Danemark se targue d’un total de 60 %, dont 38,9 % représentent une nouveauté de produit et de mar­ ché et 19,6 % une nouveauté de produit ou de marché. Ou le Canada avec 34,9 % de nouveautés de produit et de marché et 25,8 % sur un nouveau marché ou avec un nouveau produit. Dans un tel contexte, les résultats de la Suisse, seulement 18,9 % de forte orientation internationale, peuvent sur­ prendre. Hongkong (39,6 %), les Emirats Arabes Unis (38,3 %), Singapour (34,6 %) ou la Belgique (34,3 %) af­ fichent deux fois plus d’activités entrepreneuriales à forte orientation internationale. Il est par ailleurs frappant de constater les taux élevés de forte internationalisation des pays d’Europe de l’Est, comme la Roumanie, la Croatie, la Lettonie ou la Slovénie. 2.3.3 Orientation internationale Le troisième indicateur de croissance ne change pas fon­ damentalement la situation de la Suisse dans la comparai­ son internationale des activités entrepreneuriales. Avec son économie réticulaire, la Suisse est représentée comme ex­ trêmement orientée à l’international et des thèmes comme les start-ups globales, les Born Globals, y sont thématisés. Les activités entrepreneuriales qui affichent plus de 25 % des clients hors du pays sont définies dans le GEM comme for­ tement orientées vers l’international et celles comptant deux clients ou plus à l’étranger comme modérément orientées vers Les ambitions internationales des entrepreneurs suisses peu­ vent par conséquent être qualifiées de modérées. Un coup Figure 15: Taux des activités entrepreneuriales (TEA) avec de nouveaux produits et/ou marchés, 2004-2009 Produit ou marché nouveau Produit et marché nouveau 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 22 2009 Swiss Executive Report Irlande Australie Emirats Arabes Unis Etats-Unis Canada Royaume-Uni Danemark Suède Slovénie Norvège Pays-Bas Islande Suisse France Allemagne Israël Espagne Belgique Italie Finlande Singapur Grèce Japon Hong Kong 0% 2.4 Les conditions cadres pour entreprendre d’oeil sur les pays voisins le démontre. Alors que l’Italie se place au niveau de la Suisse, l’Allemagne ne présente certes que 15 % d’activités entrepreneuriales fortement internatio­ nales, mais 59,4 % des activités entrepreneuriales se font avec deux clients ou plus en dehors du pays. En d’autres termes, 74,4 % en tout, contre 54,4 % en Suisse, sont orientées sur l’international. En France, ce total approche également les trois quarts, avec 24,5 % fortement et 48,5 % modérément orientées vers l’international. Les conditions cadres pour entreprendre (CCE) représentent les différents éléments du contexte national ayant un impact sur l’esprit d’entreprise dans le pays. Dans cette perspective, nous savons qu’il y a une relation négative entre la protection de l’emploi et le taux d’entrepreneuriat à haut potentiel de croissance. Les indicateurs de l’OCDE du degré de protec­ tion de l’emploi III mesurent les procédures et les coûts qu’im­ plique le licenciement de travailleurs à titre individuel ou de groupes de travailleurs, ou les procédures d’embauche de tra­ vailleurs sous contrats de durée déterminée et sous contrats de travail temporaire. Les explications de cette évolution peuvent être multiples et doivent être recherchées d’une part dans la personne de l’en­ trepreneur, en se demandant à quel point il décèle, évalue et réalise des opportunités d’affaires internationales. D’autre part, l’activité internationale peut être fortement tributaire de la situation des ressources et compétences internes, ainsi que des conditions cadres nationales et internationales. Deux types d’explications sont avancés pour expliquer le ré­ sultat constaté: premièrement, les entrepreneurs placés dans Figure 16: Part des activités de création d’entreprises avec orientation internationale, 2004-2009 Plus de 25% des clients hors du pays Deux clients ou plus en dehors du pays 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% Canada Singapur Islande Etats-Unis Allemagne France Belgique Slovénie Hong Kong Emirats Arabes Unis Islande Norvège Irlande Suisse Italie Grèce Japon Pays-Bas Dankemark Royaume-Uni Australie Suède Finlande Espagne 0% 2009 Swiss Executive Report 23 Figure 17: Protection des travailleurs et activité entrepreneuriale à haut potentiel de croissance, 2004-2009 24 2009 Swiss Executive Report % de la population active (18-64 ans) dans une entreprise à forte croissance (HEA) un contexte de restriction forte perçoivent celle-ci comme un frein au développement et à la croissance, ce qui ne sera pas le cas, toutes choses étant égales par ailleurs, des entrepre­ neurs placés dans un contexte ou la protection est moindre. Deuxièmement, les entrepreneurs potentiellement créateurs d’entreprises à forte perspective de croissance peuvent consi­ dérer le salariat comme une alternative plus intéressante. Non seulement parce qu’ils bénéficient d’une meilleure protection en tant que salariés, mais aussi parce que la perspective en­ trepreneuriale s’avère moins attractive. Il faut bien entendu tenir compte des normes sociales et de la culture nationale. Cependant, les résultats du graphique 17 suggèrent qu’une protection moindre des travailleurs peut avoir une consé­ quence positive pour ces derniers sur le long terme, par le fait de la création de places de travail par les entrepreneurs. Remarquons que la Suisse, si elle se situe clairement parmi les pays ou la protection de l’emploi est jugée faible, ne se distingue pas particulièrement par son taux d’entrepreneurs à haut potentiel de croissance. En ce qui concerne plus précisément les conditions cadres telles qu’elles ont été discutées dans l’enquête GEM, elles ont été évaluées par un panel représentatif de 36 experts en création et développement d’entreprise dans chacun des pays participant à l’étude. Chaque expert a fait l’objet d’une inter­ view détaillée sur la base d’un questionnaire structuré. La figure 18 présente pour chacun des 3 types d’économie les différentes conditions cadres telles qu’elles ont été évaluées par les experts. Globalement, les pays économiquement plus développés donnent de meilleurs scores à leurs conditions cadres que les pays plus pauvres, ce qui est cohérent avec le modèle GEM pour qui plus l’économie est développée, plus le développement des conditions cadres sont prioritaires aux yeux des gouvernements. En ce qui concerne l’évaluation des conditions cadres, la Suisse est en général mieux notée que la moyenne des pays dont l’économie est basée sur l’innovation. Le tableau 3 1.6% US 1.4% CA 1.2% IE 1.0% R2=0.57 AU 0.8% NO UK 0.6% CH SE DK NL 0.4% JP FI 1.5 2 SI DE GR IT FR ES BE 0.2% 0.0% 0 0.5 1 2.5 Expression de la protection des travailleurs 3 3.5 Figure 18: Conditions cadres pour entreprendre (avis d’expert) par groupes de pays et pour la Suisse (moyenne non pondérée) Economies mues par l’efficacité Economies mues par l’innovation Suisse 4.5 4.0 3.5 3.0 2.5 2.0 1.5 Normes socioculturelles Infrastructure physique pour l’entrepreneuriat Ouverture du marché intérieur 2: barrières à l’entrée Ouverture du marché intérieur 1: dynamique Infrastructure légale et commerciale Transfer R&D Formation en entrepreneuriat 2: niveau tertiaire et niveau non scolaire Formation en entrepreneuriat 1: niveau primaire et secondaire Infrastructure publique de promotion Politique gouvernementale 2: législation, fiscalité Politique gouvernementale 1: priorité, engagement 1.0 Financement entrepreneurial Echelle (1 = min., 5 = max.) Economies mues par les facteurs 5.0 Tableau 3: Classement des conditions cadres (avis d’experts), 2009 Suisse 1er rang 2ème rang 3ème rang Valeur*/Pays Valeur*/Pays Valeur*/Pays 4.65 4.65/Suisse 4.61/USA 4.55/Allemagne 3.83 3.83/ Suisse 3.79/USA 3.60/Espagne 1 3.49 3.49/ Suisse 3.13/Belgique 2.98/Allemagne Infrastructure publique de promotion 2 3.45 3.48/Hong Kong 3.45/Suisse 3.41/UAE Formation en entrepreneuriat − Niveau tertiaire et niveau non scolaire 2 3.43 3.76/Allemagne 3.43/Suisse 3.30/Espagne Normes et valeurs sociales 5 3.26 4.18/Alleamgne 3.98/Slovénie 3.85/Islande Financement 1 3.24 3.24/Suisse 3.15/Belgique 3.02/UAE Politique 2: Législation et fiscalité 4 3.21 4.14/USA 3.63/Allemagne 3.34/Espagne Ouverture du marché intérieur 2 3.19 3.36/Belgique 3.19/Suisse 3.10/Allemagne Politique 1: Priorité et engagement 4 3.16 3.39/Espagne 3.28/Belgique 3.26/Israël Formation en entrepreneuriat − Niveau primaire et secondaire 2 2.51 2.93/UAE 2.51/Suisse 2.48/UK Dynamique du marché intérieur 1 1.84 1.84/Suisse 2.31/UAE 2.5/Grèce Rang Valeur* Infrastructure physique pour l’entrepreneuriat 1 Protection de la propriété intellectuelle 1 Transfert de savoir et de technologie Valeur*: Les valeurs correspondent au classement moyen des experts d’une série d’énoncés sur une échelle allant de 1 (tout à fait faux) à 5 (tout à fait vrai). Plus la valeur est élevée, mieux les conditions cadres sont évaluées. Pour la dynamique du marché intérieur uniquement, une échelle inverse est appliquée. 2009 Swiss Executive Report 25 Figure 20: Transfert technologique et scientifique (avis d’experts) en Suisse, 2009 26 2009 Swiss Executive Report 3.83 La culture de mon pays souligne que la responsabilité individuelle (plutôt que collective) est nécessaire pour gérer sa propre vie. 4 Un bon support est à disposition des ingénieurs et des scientifiques pour leur permettre de commercialiser leurs idées via des entreprises nouvelles et croissantes. 3.13 La culture de mon pays encourage la créativité et l'innovation. 3.36 Les bases scientifiques et technologiques soutiennent efficacement la création de nouvelles entreprises de classe mondiale basées sur la technologie (dans au moins un domaine). 3 Il existe des moyens publics adéquats pour aider les entreprises nouvelles et croissantes à acquérir de nouvelles technologies. La culture de mon pays encourage à prendre des risques entrepreneuriaux. La culture de mon pays met en évidence l'autosuffisance, l'autonomie et l'initiative personnelle. 3.46 Les entreprises nouvelles et croissantes peuvent s'offrir les technologies les plus modernes. 4 Les entreprises nouvelles et croissantes bénéficientdu même accès aux résultats des recherches et aux technologies que les grandes entreprises établies. La culture de mon pays apporte un fort soutien au succès individuel obtenu par l'effort personnel. Figure 19: Normes et valeurs sociales (avis d’experts) en Suisse, 2009 Les nouvelles technologies, sciences, ou autres connaissances sont transférées avec efficacité aux entreprises nouvelles et émergentes par des hautes écoles ou des instituts publics de recherche. compare les conditions cadres en Suisse aux meilleurs ré­ sultats des pays économiquement développés. Sans grande surprise, les points forts de la Suisse consistent en infrastruc­ ture commerciale, finance, transfert en R&D, et dynamique interne, ainsi qu’en infrastructure physique. La Suisse est relativement mal évaluée en ce qui concerne les politiques nationales, ainsi que les normes culturelles et sociales, ce qui met en perspective les plutôt bons résultats obtenus dans ce domaine lors de l’enquête. En examinant les réponses en dé­ tail, on constate que le principal reproche fait à la Suisse en matière de politique nationale touche au temps nécessaire à l’octroi de permis et d’autorisations. Quant à la culture na­ tionale, c’est le faible goût du risque qui est mis en évidence. En ce qui concerne les points positifs, relevons le bon score obtenu par les hautes écoles dans le domaine du transfert en R&D. 5 3.19 3.53 2.81 2 1 5 3.42 3.88 3.19 3.74 3 2 1 3 L’entrepreneuriat et la récession de 2008-2009 On a souvent répété par le passé que l’attitude positive de l’entrepreneur et la perception des chances faisaient partie intégrante de l’entrepreneuriat (Shane et al., 2000). Afin de souligner les chances par rapport aux risques, on citait sou­ vent le bon mot de John F. Kennedy (1959), selon lequel les caractères chinois désignant le mot crise contiennent aussi bien le mot «danger» que le mot «chance» [voir p. ex., Baron & Ensley (2006)]. Avec l’irruption de la crise, le centre de gravité s’est décalé. L’optique, jusqu’à présent axée sur la chance, a quelque peu fait place à une vue orientée vers les risques. Les raisons en sont tout aussi variées que les incidences générées par le pro­ cessus de désendettement de cette crise. En particulier, on a pu observer dans le monde entier les incidences suivantes, fondamentalement négatives pour les entreprises: durcis­ sement des conditions de crédit, réduction des dépenses publiques, réduction des dépenses de consommation, infla­ tion menaçante, amplification des fluctuations des cours de change et protectionnisme. Durcissement des conditions de crédit. Des banques globales (Sidel et al., 2007) et des grandes compagnies de Private Equity (Strasburg et al., 2008) jusqu’aux limites des cartes de crédit (Bewernick, 2010), en passant par les finan­ cements M&A (Whitney, 2009) – presque chaque acteur de l’économie globale a été négativement affecté par le durcis­ sement des directives de crédit. Certes, aucun resserrement significatif du crédit n’a été jusqu’à présent enregistré en Suisse tant par les instances officielles (SECO, 2010) que par les banques (Ihle, 2010), mais dans la pratique, les PME se plaignent constamment des plus grandes difficultés d’obtenir des crédits (Flütsch, 2009). Réduction des dépenses publiques. Avec la crise, les ad­ ministrations publiques ont dû faire face à de nouvelles dé­ penses. Ainsi, plusieurs états étrangers et même l’état suisse ont dû débloquer massivement des fonds budgétaires pour soutenir les banques et les assurances (NZZ, 2008; PWC, 2010), voire pour les étatiser entièrement (Forelle, 2008; Smith et al., 2009). Ces dépenses, de même que le durcis­ sement susmentionné des conditions de crédit, restreignent la capacité d’action des institutions publiques et leur laissent une marge de manoeuvre moindre pour les dépenses pu­ bliques et les subventions. Réduction des dépenses de consommation. L’éclatement de la crise a été accompagné, tant à l’étranger qu’en Suisse, par une baisse de la confiance des consommateurs (SECO, 2008). Cette baisse a provoqué un nouvel attentisme des consom­ mateurs qui, notamment à l’étranger, s’était déjà amplifié du fait du durcissement susmentionné des conditions de crédit. Certes, le fait que les limites de crédit fortement réduites des cartes de crédit et des crédits automobiles aux USA (Kim, 2007) aient pu avoir un impact sur les PME suisses peut sembler exagéré au premier regard. Mais si on se rappelle que les PME suisses ne représentent pas seulement 70 % de tous les emplois en Suisse (Habersaat, Schönenberger, & Weber, 2001), mais que 50 % de tous les postes de travail en Suisse sont tributaires des exportations (Mayer, 2003), il devient manifeste que des PME actives, par exemple dans le secteur automobile, ont pu être touchées par le recul des dépenses de consommation en Suisse et à l’étranger. Inflation menaçante. Pour contrer les effets négatifs de la crise économique, les banques centrales du monde entier ont augmenté massivement les masses monétaires en réduisant leurs taux directeurs et en achetant en masse des titres sur le marché. Après cette extension massive des masses mo­ nétaires, diverses banques centrales redoutent maintenant l’éventualité d’une inflation accrue (Reddy, 2008; Trumbull, 2008). Une inflation plus élevée, induite exclusivement par les masses monétaires, conduira à moyen terme non seule­ ment à une augmentation des prix des biens réels, mais ren­ dra encore plus difficiles les processus d’octroi de crédits et, partant, aggravera encore une pénurie potentielle de crédit. Amplification des fluctuations des cours de change. Les mesures prises par les banques centrales pour lutter contre la crise varient grandement d’un pays à l’autre. Les démarches entreprises par les gouvernements des Etats concernés sont tout aussi différentes. Les courbes de récession et de redresse­ ment dans les pays sont donc, elles aussi, très différentes. En conséquence, les cours de change sur les marchés des devises ont commencé à fluctuer encore plus fortement qu’avant la crise, notamment entre les pays en développement et les pays industriels [p. ex., la Chine (Asia Pulse, 2009)]. Protectionnisme. Les difficultés inhérentes à la crise éco­ nomique ont incité les Etats à se concentrer d’abord sur la maîtrise des problèmes de leurs économies nationales. Les 2009 Swiss Executive Report 27 mesures protectionnistes gagnent par conséquent à nouveau du terrain. Ainsi, la World Bank a rapporté que, pour la pre­ mière fois depuis la conclusion du GATT, on a introduit da­ vantage de mesures entravant le commerce que de mesures le favorisant (Gamberoni et al., 2009). En résumé, on peut dire que les incidences négatives poten­ tielles identifiables auxquelles une entreprise est exposée dans l’environnement actuel sont particulièrement nombreuses et variées. Il faut noter ici que les cinq premiers points peu­ vent valoir pour pratiquement chaque entreprise, alors que les deux dernières thématiques se répercutent négativement sur les sociétés orientées vers l’international. Pour ces entre­ prises, l’amplification des fluctuations des cours de change et le protectionnisme peuvent agir comme un multiplicateur des problèmes cités auparavant. Ces facteurs négatifs ont-il eu un impact sur les entreprises en l’an 2009, et si oui, quelle a été leur ampleur? Ces questions seront abordées dans les paragraphes suivants. 3.1 Impacts de la récession sur le processus d’entrepreneuriat Tous les pays participant à l’étude ont dû lutter contre les ef­ fets négatifs de la crise. Chacun d’eux a connu une baisse si­ gnificative de son produit intérieur brut. De nombreux pays, qui avaient même encore enregistré des taux de croissance durant l’année précédente, ont présenté une croissance néga­ tive en 2009. Le tableau suivant montre dans quelle mesure ces effets se sont répercutés sur les attitudes, l’activité et les ambitions des entrepreneurs. Alors que le produit intérieur brut de la Suisse avait encore augmenté de 1.8 % en 2008, il a baissé de 2 % en 2009. Ceci s’est traduit par un changement de l’attitude des questionnés envers le thème de l’entrepreneuriat. Curieusement, les per­ sonnes en Suisse qui ont perçu l’entrepreneuriat indépen­ dant comme un bon choix de carrière sont plus nombreuses que l’année précédente. Une tendance positive similaire a Tableau 4: Tendances entrepreneuriales dans les pays basés sur l‘innovation (Source: GEM et FMI), 2008-2009 en comparaison avec 2006-2007 Variation du PIB par tête par rapport à l’année précédente (au prix courant) Belgique Danemark Allemagne Finlande France Grèce Islande Israël Italie Japon Pays-Bas Norvège Suisse Slovénie Espagne Emirats Arabes Unis Royaume-Uni Etats-Unis 2008 1 -1.2 1.2 1 0.3 2.9 1.3 4 Attitudes 1. Opportunités perçues 2. Peur de l’échec 3. Intentions 4. Bon choix de carrière 1 -0.7 2 2.1 1.8 3.5 0.9 7.4 0.7 2009 -3.2 -2.4 -5.3 -6.4 -2.4 -0.8 -8.5 -0.1 -5.1 -5.4 -4.2 -1.9 -2 -4.7 -3.8 -0.2 -4.4 0.4 -2.7 - 2 - 3 4 + - + + - - Activité 5. Entrepreneurs émergents 6. Nouveaux entrepreneurs 7. Fermeture 8. Création par nécessité (en % du TAE) 5 - 6 + - + + + + + + + - - + + + + - - + - - - - + + + + + + + + 2009 Swiss Executive Report + - - 10 11 12 + + + + + + - - + - + Remarque: + indique une tendance positive, - indique une tendance négative. Les cellules vides représentent une legère modification. 28 9 - - + + 8 + + + + + + 7 Ambitions (en % du TAE) 9. Création de nouveaux emplois (espérance) 10. Nouveaux produits 11.Nouveaux marchés 12.Internationalisation + + + + - - + - + - - également été constatée dans le domaine de la nouvelle activité entrepreneuriale: en 2009, il y avait davantage de personnes occupées à créer des entreprises, donc en passe de devenir des entrepreneurs émergents, qu’encore une année auparavant. 3.2 Impacts de la récession sur le type d’entrepreneur 3.2.1 Opportunités d’affaires pour la création et la croissance d’une entreprise Des points de repère intéressants sur les effets de la crise res­ sortent également de la question demandant si les chances de création d’une entreprise et de croissance se sont améliorées ou dégradées. L’ampleur totale de l’activité de création entrepreneuriale (Total Entrepreneurial Activity, TEA) a néanmoins dimi­ nuée. Ceci indique que le nombre total d’entreprises émer­ gentes et nouvelles est en baisse, ce qui permet de penser que le nombre de nouvelles entreprises à avoir quitté le marché durant l’année dernière est de nouveau plus élevé. En principe, tous les groupes d’entrepreneurs estiment, indé­ pendamment du niveau de développement de leur économie nationale respective, que la situation actuelle était encore plus mauvaise que ce n’était le cas il y a une année. Les ambitions des entrepreneurs suisses ont enregistré l’an­ née dernière une tendance négative dans le domaine de l’orientation internationale. Les entrepreneurs s’engagent apparemment moins à l’étranger qu’il y a seulement une an­ née auparavant. Ceci pourrait s’expliquer par le fait qu’une expansion internationale exige toujours des ressources sup­ plémentaires qui pourraient être utilisées dans le pays pour affronter la crise. Par ailleurs, les effets de la crise augmen­ tent la complexité du commerce à l’étranger et, partant, éga­ lement le risque de l’engagement à l’étranger. Pour ce qui est des économies mues par l’innovation, parmi lesquelles la Suisse, il en résulte toujours une image diffé­ renciée en fonction du type d’entrepreneur, c’est-à-dire sous l’angle de l’entrepreneur émergent, de l’entrepreneur nouveau et de l’entrepreneur établi. Il s’avère ici que plus de 50 % des entrepreneurs émergents interrogés estiment que la situation relative aux créations d’entreprise est plus difficile que l’année Figure 21: Point de vue des entrepreneurs sur les opportunités de créer une entreprise en comparaison annuelle, par niveau de développement des pays (moyennes nationales non pondérées), 2009 Economies mues par les facteurs Economies mues par l’efficacité Economies mues par l’innovation Suisse 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% % Moins difficile A peu près autant Plus difficile Entrepreneurs émergeants Moins difficile A peu près autant Plus difficile Entrepreneurs émergeants Moins difficile A peu près autant Plus difficile Entrepreneurs émergeants 2009 Swiss Executive Report 29 précédente. Un autre 30 % des entrepreneurs émergents in­ terrogés considère que la situation est tout aussi difficile et moins de 20 % sont d’avis que la situation est devenue plus facile. Si l’on différencie l’évolution sur la base des réponses de nouveaux entrepreneurs, les points de vue sont encore plus divergents: plus de 60 % des participants à l’étude estiment la situation plus difficile que l’année précédente. Un peu plus de 20 % sont d’avis que la situation est restée quasi équivalente et env. 15 % des nouveaux entrepreneurs pensent que la si­ tuation s’est améliorée. Les différences dans la perception de la situation concernant la création d’entreprise s’accroissent encore lorsque l’on prend en considération les déclarations des entrepreneurs établis. Là, près de 70 % des interrogés in­ diquent que la situation s’est dégradée, alors qu’ils sont 20 % à prétendre qu’elle est restée à peu près équivalente et seu­ lement 10 % à dire que la situation concernant la création d’entreprise s’est améliorée. En ce qui concerne la question concernant les chances de croissance des entreprises, il en ressort une image tendanciel­ lement similaire à celle résultant de la question sur la situa­ tion des créations d’entreprise, mais avec d’autres nuances. Ici, la majeure partie des entrepreneurs émergents interrogés dans les économies nationales mues par l’innovation ont ré­ pondu que les perspectives de croissance se sont dégradées (env. 38 %). Un peu plus de 20 % des entrepreneurs émer­ gents interviewés ont déclaré que la situation était restée plus ou moins la même, alors qu’ils étaient près de 20 % à penser qu’il était devenu entre-temps plus difficile de dé­ velopper leur affaire. Parmi les nouveaux entrepreneurs, les appréciations négatives sont aussi plus nombreuses que les positives: ils étaient près de 40 % à penser que la situation actuelle était moins bonne qu’une année auparavant et plus de 20 % à la trouver meilleure. Moins de 20 % des nouveaux entrepreneurs pensaient que les perspectives de croissance étaient restées à peu près les mêmes. La tendance dégagée parmi les entrepreneurs établis était clairement à la dégrada­ tion: 50 % des interrogés estimaient qu’une expansion était devenue plus difficile, un peu moins de 30 % déclaraient que la situation était restée la même alors que moins de 20 % in­ diquaient qu’elle était plus facile. L’appréciation fondamentale selon laquelle la crise éco­ nomique influence les chances entrepreneuriales peut être Figure 22: Point de vue des entrepreneurs sur les opportunités de croissance d’une entreprise en comparaison annuelle, par niveau de développement des pays (moyennes nationales non pondérées), 2009 Economies mues par les facteurs Economies mues par l’efficacité Economies mues par l’innovation Suisse 60% 50% 40% 30% 20% 10% % Moins difficile A peu près autant Plus difficile Entrepreneurs émergeants 30 2009 Swiss Executive Report Moins difficile A peu près autant Plus difficile Nouveaux entrepreneurs Moins difficile A peu près autant Plus difficile Entrepreneurs établis déduite de la question concernant les opportunités d’affaires («Business Opportunities»). En principe, le vote de tous les entrepreneurs, de toutes les sortes d’économies nationales, peut s’interpréter de la même manière, à savoir qu’il y a aujourd’hui nettement moins d’op­ portunités d’affaires que l’an dernier. Ceci est certes parti­ culièrement vrai pour les économies mues par les facteurs et l’efficacité, mais également, quoique dans une moindre me­ sure, pour les économies mues par l’innovation. Une différenciation plus poussée par type d’entrepreneur au sein du groupe des économies mues par l’innovation montre que les entrepreneurs émergents classent mieux la situation que les nouveaux entrepreneurs et que, à leur tour, ces der­ niers jugent la situation meilleure que leurs pairs établis. Alors que les entrepreneurs émergents sont près de 40 % à avoir perçu moins d’opportunités d’affaires que durant l’année précédente, ces pourcentages montent à 45 % pour les nouveaux entrepreneurs et à plus de 50 % pour ceux établis. En même temps, nettement plus de 20 % des entrepreneurs émergents estiment qu’il y a davantage d’opportunités d’af­ faires que l’année précédente, mais juste un peu plus de 20 % des nouveaux entrepreneurs et seulement env. 15 % des en­ trepreneurs établis. Il est par conséquent permis de supposer que la crise écono­ mique actuelle laisse des traces sensibles dans la perception des opportunités d’affaires potentielles. La différenciation de cette perception au sein des divers groupes d’âge fait l’objet du graphique suivant. Si l’on suit les indications des entrepreneurs des économies mues par l’innovation, il s’est dessiné ces dernières années une tendance de fond selon laquelle les opportunités d’affaires sont devenues nettement moins nombreuses. Il importe en Figure 23: Effets de la crise économique sur la perception des opportunités d’affaires par les entrepreneurs, par niveau de développement des pays (moyennes nationales non pondérées), 2009 Economies mues par les facteurs Economies mues par l’efficacité Economies mues par l’innovation Suisse 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% Entrepreneurs émergeants Nouveaux entrepreneurs Plus d’opportunités A peu près autant Moins d’opportunités Plus d’opportunités A peu près autant Moins d’opportunités Plus d’opportunités A peu près autant Moins d’opportunités % Entrepreneurs établis 2009 Swiss Executive Report 31 Plus d'opportunités A peu près autant Moins d'opportunités 100% 80% 60% 40% outre de noter ici que la réduction des possibilités d’affaires est perçue de manière très différente selon les classes d’âge et qu’il y a à nouveau des écarts selon le type d’entrepreneur. Alors que les entrepreneurs émergents des deux groupes d’âge expriment des estimations similaires quant au fait qu’il y a plus, tout autant ou moins de possibilités d’affaires qu’il y a seulement une année, les opinions des nouveaux entre­ preneurs et des entrepreneurs établis divergent dans les deux groupes d’âge. Dans le groupe des jeunes (18-34 ans), il y avait encore nettement plus de 20 % de nouveaux entrepre­ neurs à percevoir davantage d’opportunités d’affaires que ce n’était le cas encore une année auparavant, alors qu’ils étaient nettement moins de 20 % dans le groupe d’âge des seniors (35-64 ans). Cette différence de perception est encore plus marquée au sein des entrepreneurs établis: ici, encore plus de 20 % du plus jeune groupe d’âge voyaient davantage de possibilités d’affaires qu’il y encore un an, mais seulement un 32 2009 Swiss Executive Report 18-34 ans 35-64 ans Economies mues par l'efficacité 18-34 ans Entreprises établies Nouvelles émergentes Entreprises émergentes Entreprises établies Nouvelles émergentes Entreprises établies 35-64 ans Economies mues par l'innovation Entreprises émergentes Nouvelles émergentes Entreprises établies 18-34 ans Entreprises émergentes Nouvelles émergentes Entreprises émergentes Entreprises établies Nouvelles émergentes Entreprises émergentes Entreprises établies Nouvelles émergentes Entreprises établies 35-64 ans Economies mues par les facteurs Entreprises émergentes Nouvelles émergentes Entreprises établies 18-34 ans Entreprises émergentes Figure 24: Effets de la crise économique sur la perception des opportunités d’affaires par les entrepreneurs, par niveau de développement des pays et selon l’âge des interrogés (moyennes nationales non pondérées), 2009 Nouvelles émergentes 0% Entreprises émergentes 20% 35-64 ans Suisse peu plus de 10 % du plus vieux groupe d’âge. Les déclarations indiquant une baisse des opportunités d’affaires ont donc évoluées à l’inverse de l’année précédente. Dans l’ensemble, ces tendances fournissent des indices semblant prouver que les entrepreneurs établis et les entrepreneurs plus âgés pré­ sentent éventuellement une plus grande aversion aux risques que les nouveaux et les jeunes entrepreneurs. Une différenciation par niveau de formation permet de tirer d’autres conclusions sur la manière dont la crise est ressentie. Il est intéressant de constater, dans les économies mues par l’innovation, des tendances parallèles aux classes d’âge citées précédemment: tandis que les deux groupes d’entrepreneurs, c’est-à-dire ceux avec une formation universitaire et ceux sans, perçoivent en principe moins de possibilités d’entre­ prendre qu’il y a encore un an, l’écart entre les groupes est A peu près autant Plus d'opportunités Moins d'opportunités 100% 80% 60% 40% Niveau tertiaire Economies mues par les facteurs considérable. Alors que juste un peu moins de 40 % des en­ trepreneurs de formation universitaire au sein des entreprises émergentes ont perçu moins d’opportunités d’affaires qu’il y a encore un an, ce pourcentage était nettement inférieur à 50 % parmi les entrepreneurs sans formation universitaire au sein des entreprises émergentes. Les différences entre les groupes de formation des entrepreneurs dans les nouvelles entreprises sont tout aussi marquées. Dans les entreprises établies, l’optique négative était particulièrement prononcée parmi les entrepreneurs sans formation universitaire: alors que tout juste 50 % des interrogés au bénéfice d’une forma­ tion tertiaire déclaraient percevoir moins de possibilités qu’il y a encore une année, les entrepreneurs sans formation uni­ versitaire étaient nettement plus de 60 % à être de cet avis. Cette tendance semble en principe indiquer que la sensibilité d’une entreprise face à la crise diminue lorsque le niveau de formation de l’entrepreneur s’élève. Niveau tertiaire Niveau tertiaire Economies mues par l'efficacité Niveau tertiaire Niveau tertiaire Economies mues par l'innovation Niveau tertiaire Entreprises établies Nouvelles émergentes Entreprises établies Entreprises émergentes Nouvelles émergentes Entreprises émergentes Entreprises établies Nouvelles émergentes Entreprises établies Entreprises émergentes Nouvelles émergentes Entreprises émergentes Entreprises établies Nouvelles émergentes Entreprises émergentes Entreprises établies Nouvelles émergentes Entreprises établies Niveau tertiaire Entreprises émergentes Nouvelles émergentes Entreprises émergentes Entreprises établies Figure 25: Effets de la crise économique sur la perception des opportunités d’affaires par les entrepreneurs, par niveau de développement des pays et selon le niveau de formation des interrogés (moyennes nationales non pondérées), 2009 Nouvelles émergentes 0% Entreprises émergentes 20% Niveau tertiaire Suisse Pour conclure, on peut constater que le développement éco­ nomique durant la dernière année a laissé des traces très nettes dans l’entrepreneuriat suisse. L’entrepreneuriat indé­ pendant a certes été recommandé en tant qu’option de car­ rière et les entreprises créées ont été plus nombreuses que l’année précédente, mais en même temps, davantage de nouvelles entreprises ont fermé et les entrepreneurs suisses ont mis une sourdine à leurs ambitions. La baisse de l’am­ biance en matière de création d’entreprise et d’expansion commerciale constatée en général dans toutes les économies nationales étudiées était particulièrement prononcée dans les économies mues par l’innovation, parmi lesquelles la Suisse. Ce résultat est d’autant plus grave qu’il n’est pas seulement constaté dans tous les types d’entreprise, mais également sur toutes les classes de formation et d’âge des entrepreneurs. 2009 Swiss Executive Report 33 4 Thème spécial I: Activité entrepreneuriale sociale «Social Entrepreneurship» lucratif ainsi que pour des sociétés enregistrées ou non en­ registrées (Bosma et Levie, 2009). L’activité entrepreneuriale sociale est très différente selon la manière dont l’organisation est lancée et selon le problème qui doit être résolu par l’acti­ vité entrepreneuriale. Le «Social Entrepreneurship» est depuis plusieurs années un thème sensible dans les économies mues par les fac­ teurs et, en partie, mues par l’efficacité. Comme le Social Entrepreneurship a également été davantage thématisé dans les économies mues par l’innovation durant ces dernières an­ nées, le rapport GEM 2009 s’attaque pour la première fois à ce sujet particulier et compare les activités entrepreneuriales dans le secteur social de 49 pays. Dans ce rapport, l’activité entrepreneuriale sociale recouvre des domaines comme l’éducation, la santé, la culture et le développement économique. Les différences entre les pays se situent surtout au niveau de la situation ou de la problé­ matique de l’activité entrepreneuriale sociale. Dans les éco­ nomies mues par les facteurs, les thématiques comme les soins médicaux élémentaires, l’accès aux installations d’eau et sanitaires ou les activités agricoles sont prédominantes dans les zones agraires. Dans les économies mues par l’innovation, des entrepreneurs sociaux opèrent dans le lancement d’entre­ prises à orientation culturelle, dans des prestations de service pour handicapés physiques, dans le recyclage des déchets et la protection de la nature ou offrent des activités Open Source comme des réseaux sociaux en ligne. Il existe des définitions très différentes du Social Entrepreneur­ ship qui ne permettent pas d’en tirer une définition générale (Brock, 2008; Short, Moss et Lumpkin, 2009). La défini­ tion utilisée dans le GEM 2009 est large et intègre au Social Entrepreneurship des activités entrepreneuriales d’individus et d’organisations ayant un but social (Mair et Marti, 2009; Van de Ven, Sapienza et Villanueva, 2007; Zahra et al., 2009). Le questionnaire utilisé dans le présent rapport comprend toutes les activités à but social, y compris les travaux sociaux ou collectifs pour des organisations à but lucratif et non % de la population (18-64 ans) 6% 5% 4% 3% 2% 1% 34 2009 Swiss Executive Report Etats-Unis Islande Suisse Finlande France Royaume-Uni Slovénie Grèce Israël Belgique Italie Pays-Bas Norvège Corée du Sud Allemagne Emirats Arabes Unis Figure 26: Activité entrepreneuriale sociale (SEA) par pays dans les économies mues par l’innovation, 2009 Espagne Hong Kong 0% 4.1 Propagation de l’activité de création entrepreneuriale sociale L’étude 2009 affiche dans les 49 pays GEM une activité entrepreneuriale sociale (SEA) de 1,8 % en moyenne, avec des taux variant de 0,1 % à 4,3 % et, normalement, inférieurs aux taux généraux de création d’entreprise (Bosma et Levie, 2009). Les résultats montrent une légère augmentation des taux moyens d’activité entrepreneuriale sociale avec l’accrois­ sement du développement économique. Parmi les économies mues par l’innovation (moyenne SEA de 1,9 %), les taux SEA les plus élevés sont observés dans les Emirats Arabes Unis, avec 4,3 %, suivis par les USA et l’Islande, avec 3,9 % et par la Suisse avec 2,7 %. Suivent juste après la Finlande (2,6 %), la France (2,2 %), la GrandeBretagne (2,1 %) et la Slovénie (2 %). L’Allemagne et la Corée du Sud avec 0,7 % ainsi que l’Espagne et Hong Kong (0,5 %) affichent l’activité entrepreneuriale sociale la plus faible. L’activité entrepreneuriale sociale en Suisse est ainsi net­ tement supérieure à la moyenne et également plus positive par rapport à ses voisins que sont la France, l’Allemagne et l’Italie. 4.2 Comparaison entre les taux TAE et l’activité entrepreneuriale sociale Afin d’obtenir d’autres informations, l’activité entrepreneu­ riale sociale est ci-après examinée tout au long du processus entrepreneurial (tableau 5). En Suisse, la part d’entreprises sociales émergentes, de 2,4 %, est à nouveau nettement supé­ rieure à la moyenne (1,2 %) des économies mues par l’innova­ tion; seuls les Etats-Unis (2,9 %) font mieux. Les parts pour l’Allemagne (0,5 %), la Corée du Sud et l’Espagne (0,4 %) ainsi que Hong Kong (0,2 %) sont comparativement faibles. Les idées sociales semblent ainsi être un important stimula­ teur pour les entreprises émergentes en Suisse. Tableau 5: Activité entrepreneuriale sociale tout au long du processus entrepreneurial, GEM 2009 Belgique Finlande France Allemagne Grèce Hong Kong Islande Israël Italie Corée du Sud Pays-Bas Norvège Slovénie Espagne Suisse Royaume-Uni Emirats Arabes Unis Etats-Unis Moyenne (non pondérée) Activité sociale au sein des entreprises émergentes Activité sociale au sein des entreprises nouvelles Activité sociale au sein des entreprises établies Total des entreprises émergentes et nouvelles socialement actives (SEA) 1.00 % 1.20 % 1.60 % 0.50 % 1.30 % 0.20 % 2.30 % 0.90 % 0.80 % 0.40 % 0.50 % 0.60 % 1.30 % 0.40 % 2.40 % 0.80 % 2.40 % 2.90 % 1.20 % 0.70 % 1.40 % 0.60 % 0.20 % 0.60 % 0.20 % 1.60 % 0.90 % 0.40 % 0.40 % 0.40 % 0.30 % 0.70 % 0.20 % 0.30 % 1.30 % 2.00 % 1.10 % 0.70 % 0.90 % 1.90 % 0.40 % 0.40 % 0.80 % 0.30 % 1.50 % 1.40 % 0.50 % 0.10 % 0.40 % 0.00 % 1.10 % 0.20 % 0.10 % 1.80 % 0.40 % 0.50 % 0.70 % 1.70 % 2.60 % 2.20 % 0.70 % 1.90 % 0.50 % 3.90 % 1.80 % 1.20 % 0.70 % 0.90 % 0.90 % 2.00 % 0.50 % 2.70 % 2.10 % 4.30 % 3.90 % 1.90 % 2009 Swiss Executive Report 35 Ce résultat sera par la suite atténué par l’activité sociale de nouvelles entreprises (0,3 %) et surtout par l’activité entre­ preneuriale sociale marginale (0.1 %) dans les entreprises établies, toutes deux inférieures à la moyenne. Pour les pro­ priétaires et dirigeants d’une entreprise de plus de 3,5 ans d’existence, les activités entrepreneuriales sociales sont large­ ment sous-représentées par rapport aux pays des économies mues par l’innovation. On pourrait en rechercher une raison dans le fait que la définition d’une entreprise traditionnelle et d’une entreprise sociale se recouvrent de plus en plus dans les pays fortement développés. Une autre raison pourrait se cacher dans le manque de force de réalisation d’idées vi­ sionnaires des entrepreneurs suisses et dans l’influence du contexte institutionnel (Baumol, 1990, 1993). 4.3 Typologie de l’activité entrepreneuriale sociale Une typologie de quatre groupes a été développée sur la base de la grande variété d’activités entrepreneuriales sociales contenues dans le présent rapport. La typologie a été déduite à partir de trois différentes fonctions du comportement en­ trepreneurial social: premièrement, en fonction de l’harmo­ nie des objectifs sociaux et économiques, deuxièmement sur la base de l’autofinancement de l’entrepreneur social (Earned Income-Strategie) et, troisièmement, de la présence d’inno­ vations. Les quatre catégories sont: 1. ONG traditionnelles (objectifs sociaux/environnemen­ taux de haut niveau; statut non lucratif ) 2. entreprises sociales à but non lucratif (objectifs sociaux/ environnementaux de haut niveau; statut non lucratif; innovation) 3. entreprises sociales hybrides (objectifs sociaux/environne­ mentaux de haut niveau; stratégie Earned Income) 4. entreprises sociales à but partiellement lucratif (objectifs sociaux/environnementaux de haut niveau mais pas ex­ clusivement; stratégie Earned Income) L’activité entrepreneuriale sociale (SEA) a été analysée se­ lon divers critères, mais seul le critère de l’âge a été pris en compte ci-après. Ce critère est d’autant plus intéressant que, en comparaison internationale, la Suisse présente une activité sociale supérieure à la moyenne pour les personnes de 18 à 24 ans. De 5,6 %, le TAE pour la Suisse se situe loin au-dessus de la moyenne des économies mues par l’innovation (2,1 %), mais également par rapport aux économies mues par l’effica­ cité (2 %) et par les facteurs (1,1 %). 18-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans % de la population (18-64 ans) 6.0% Figure 27: Activité entrepreneuriale sociale (SEA) par groupe d’âge, 2009 36 2009 Swiss Executive Report 5.0% 4.0% 3.0% 2.0% 1.0% 0.0% Economies mues par les facteurs Economies mues par l'efficacité Economies mues par l'innovation Suisse Une cinquième catégorie d’activité entrepreneuriale sociale, visant en premier lieu des bénéfices, recouvre l’interface entre l’activité entrepreneuriale sociale (SEA) et l’activité entrepre­ neuriale générale (TAE). Parmi les auteurs d’activités sociales interrogés en Suisse, 3 % peuvent être qualifiées d’ONG traditionnelles, 17 % d’entre­ prises sociales à but non lucratif, 20 % d’entreprises sociales hybrides, 31 % d’entreprises à but partiellement lucratif ainsi que 17 % d’entreprises sociales visant d’abord un profit. Une comparaison entre pays ne nous apprend pas grand-chose; néanmoins, il semble que la part des comportements entre­ preneuriaux sociaux visant un profit est plus prononcée en Suisse et en Corée du Sud que dans les autres pays des éco­ nomies mues par l’innovation. Figure 28: Typologie des activités de l’entrepreneuriat social, 2009 Objectifs sociaux et écologiques en % de l'ensemble des objectifs Objectifs sociaux et écologiques > 67 % de l'ensemble des objectifs Objectifs sociaux et écologiques 67% > 50% de l'ensemble des objectifs Objectifs sociaux et écologiques 50% > 1% de l'ensemble des objectifs Stratégie Earned Income? Entreprise socialement engagée Stratégie Earned Income? Non ONG Oui Non Entreprise sociale hybride CAT. 3 Oui Entreprise sociale à but partiellement lucratif CAT. 4 Entreprise mue par l'innovation Innovations réalisées? Non ONG traditionnelle CAT. 1 Oui Entreprise sociale à but non lucratif CAT. 2 2009 Swiss Executive Report 37 5 Thème spécial II: «Entrepreneurial Finance» 5.1 Capital initial informel population suisse entre 18 et 64 ans ont soutenu financiè­ rement une start-up durant les trois dernières années. C’est ce qui ressort de l’enquête 2009. La Suisse se situe ainsi à la quatrième position parmi les pays mus par l’innovation. La dernière valeur mesurée pour la Suisse en 2007 s’élevait à 5.0 %. Ainsi, la diminution due à la récession en Suisse est toutefois moindre que dans des pays au centre de la crise ban­ caire (p. ex., USA et Grande-Bretagne). Toute activité entrepreneuriale, peu importe les ambitions qu’elle recèle, est uniquement réalisable avec le capital initial nécessaire. En Suisse comme ailleurs, le capital en phase ini­ tiale est le plus souvent mis à disposition par le fondateur ou des personnes qui lui sont proches (famille, amis, naïfs). Ce capital initial informel permet uniquement le processus de création. Mais il présente aussi la particularité d’être injecté le plus souvent directement dans l’économie, lorsque le fon­ dateur l’utilise pour acquérir les biens et services nécessaires à son projet. Sous cet angle et grâce à l’effet multiplicateur, les emplois indirectement soutenus sont bien plus nombreux que ceux directement créés dans la start-up. Les premiers bailleurs de fonds recourent à leur épargne, ou plus rarement à leur revenu actuel, pour soutenir un projet de création. Une chute des marchés boursiers, comme celle survenue suite à la crise bancaire, peut considérablement influencer l’étendue du «capital initial informel» mis à disposition. Afin d’obtenir une meilleure estimation de l’importance du capital initial informel pour une économie nationale, le total du capital initial informel d’une année (nombre d’in­ vestisseurs multiplié par le montant investi en moyenne) est comparé à la puissance économique (mesurée par le PIB). Comme le montre la figure 30, le capital initial cédé à de nouvelles entreprises par les investisseurs privés en Suisse re­ présente un tout petit pour cent du produit intérieur brut. Comparativement aux autres pays de même niveau de déve­ loppement, la Suisse se situe ainsi dans le peloton du milieu. En plus du capital mis à disposition par des privés, il importe également de considérer le capital initial moyen nécessaire. Les entrepreneurs opérant dans des pays ayant des coûts de démarrage plus élevés ont également besoin d’un plus grand capital initial. La figure 31 montre le capital moyen Dans le cadre de l’enquête GEM, on a demandé à la popu­ lation adulte si elle avait, durant les trois dernières années, mis à disposition des fonds pour soutenir durant leur phase initiale des entreprises créées par d’autres. Il s’agit donc d’un coefficient lissé. La figure 29 montre que les 4.7 % de la Figure 29: Part d’investisseurs informels parmi la population des 18 à 64 ans (avec un intervalle de confiance de 95 %), 2009 10% 8% 6% 4% 38 2009 Swiss Executive Report Emirats Arabes Unis Islande Norvège Suisse France Etats-Unis Israël Corée du Sud Espagne Slovénie Hong Kong Grèce Belgique Finlande Danemark Pays-Bas Italie Japon 0% Allemagne 2% Royaume-Uni % de la population (18-64 ans) 12% nécessaire à la création par rapport au produit intérieur brut par tête selon les parités de pouvoir d’achat. Plus un pays se situe loin en dessous (dessus) de la courbe de tendance, plus la création de l’entreprise est avantageuse (plus chère) en comparaison internationale. La Suisse peut être qualifiée de pays équilibré pour ce qui est des coûts de fondation et du capital initial informel accessible, sous l’hypothèse que le capital investi depuis la Suisse soit également consacré à des créations d’entreprise en Suisse. Figure 30: Niveau du capital initial informel en pour cent du PIB (sources: GEM et IMF), 2009 Capital initial informel en % du PIB 3.0% 2.5% 2.0% 1.5% 1.0% 0.5% Islande Hong Kong Emirats Arabes Unis Israël Etats-Unis Slovénie Grèce Belgique Italie Suisse Danemark Pays-Bas France Allemagne Corée du Sud Espagne Finlande Norvège Royaume-Uni Finlande 0.0% 350'000 NL Capital de fondation nécessaire en $ 300'000 R2 = 0.56 DK 250'000 BE AE 200'000 IS IT 150'000 SI ES US FR JP DE UK 100'000 CH HK IL NO FI 50'000 KR - 10'000 20'000 30'000 40'000 PIB par tête, parité de pouvoir d’achat épurée, en $ 50'000 60'000 Figure 31: Capital initial nécessaire par rapport au PIB par habitant en USD (moyenne) (Sources: GEM et FMI), 2009 2009 Swiss Executive Report 39 5.2 Le Business Angel en Suisse 5.3 Capital-risque Le Business Angel en Suisse a investi en moyenne durant les trois dernières années CHF 74 000 dans des entreprises nouvellement créées. Les 50 % des Business Angels ont mis moins de CHF 29 000 à disposition durant ces trois ans – l’autre moitié plus de CHF 29 000. Près de la moitié des investissements (47 %) provient de membres de la famille proche. Dans 21 % des cas, le soutien est allé à une personne plus ou moins connue, ayant une bonne idée d’affaires. Le reste des investissements est le fait d’amis ou voisins (11 %), de collègues de travail (8 %), de parents éloignés (6 %) et d’autres personnes (7 %). Toutes les start-ups reçoivent un capital initial de leur propre fondateur ou de Business Angels. Mais seule une toute pe­ tite partie d’entre elles, une création d’entreprise sur mille aux USA, décroche un capital-risque. En Europe, seules 594 entreprises en phase de création ont obtenu un capital-risque d’un bailleur de fonds en 2008. Le nombre de créations finan­ cées par un capital-risque est minime, mais la contribution que ces créations fournissent à leur environnement économique est souvent très grande. Ainsi, l’augmentation des postes de tra­ vail dans des entreprises européennes financées par un capitalrisque a été de plus de 30 % entre 1997 et 2004. IV Dans la catégorie internationalement comparable des 18 à 64 ans, la part des Business Angels en Suisse est de 4.7 %. Si l’on se base sur la population adulte totale (18 à 99 ans), cette part augmente quelque peu à 4.9 %. En moyenne, le Suisse qui investit dans de nouvelles entreprises a 50 ans. La médiane se situe également à 50 ans. Mais cette médiane est nettement plus élevée si l’on tient également compte de la hauteur du montant investi. Ceci signifie que la moitié du capital investi provient de Business Angels âgés de plus de 68 ans. 61 % des Business Angels suisses sont des hommes et représentent ensemble les 86 % du capital investi. La figure 32 montre la relation entre le capital-risque investi et le produit intérieur brut d’un pays. Elle distingue en plus entre le capital investi dans la phase initiale (Seed, Start-up et Early Stage) de l’entreprise et toutes les rondes de finance­ ment du capital-risque. En 2008, en Suisse, 0.027 % du pro­ duit intérieur brut a été investi dans la première phase d’une entreprise. Si l’on y additionne les rondes de financement ef­ fectuées à une phase de vie ultérieure d’une société, le capitalrisque s’élève à 0.046 % du PIB. Ses valeurs classent la Suisse juste devant son voisin du Nord, l’Allemagne, un peu plus nettement devant l’Autriche et l’Italie, mais très clairement derrière la Suède, la Grande-Bretagne, l’Irlande, la Finlande, le Danemark ou les Pays-Bas. Israël, l’Afrique du Sud et les USA sont clairement en tête. 40 2009 Swiss Executive Report Toutes les rondes de financement du CR 44% 10% 43% Seed, Start-up, Early Stage 20% 18% 16% 14% % du BIP 12% 10% 8% 6% 4% 2% Israël Afrique du Sud Suède Etats-Unis Chine Royaume-Uni Irlande Canada Corée du Sud Finlande Danemark Espagne Pays-Bas France Norvège Japon Suisse Belgique Allemagne Portugal Nouvelle-Zélande Hongrie Roumanie Autriche Pologne Italie Australie Grèce Slovénie Serbie Croatie 0% Figure 32: Investissement en capital-risque en pourcentage du PIB, après une phase de croissance (Source: EVCA.com et les associations nationales de capital-risque) 2009 Swiss Executive Report 41 6 Thème spécial III: «Female Entrepreneurship» 6.1 Evolution de l’activité entrepreneuriale féminine En comparant le taux d’activité entrepreneuriale des femmes en Suisse à celui de nos voisins ou aux pays aux économies comparables (les économies à forte prédominance innovante), la Suisse est en excellente position. Avec un taux de 6.6 % de femmes entrepreneurs, elle se situe en seconde position, juste derrière l’Islande. Ce fait est d’autant plus réjouissant qu’il témoigne d’une augmentation régulière de ce taux. La Suisse est aussi en excellente position lorsqu’on compare la répartition entre hommes et femmes. Avec une stabilité remarquable, depuis 2005, environ 40 % des entrepreneurs en Suisse sont des femmes, ce qui, de ce point de vue en tout cas, nous place dans le peloton de tête des pays à l’économie à prédominance innovante les plus égalitaires en la matière. 6.2 Profil de l’entrepreneuriat des femmes L’enquête GEM 2009 permet de brosser un petit portrait de l’entrepreneuriat féminin en Suisse. Lorsqu’elles entreprennent, les femmes se retrouvent lar­ gement dans les activités de service. Ces activités ont lieu au niveau local et demandent en général relativement peu de ressources. Elles sont sous-représentées dans l’industrie de transformation, et dans les services métier. Ces données confirment ainsi que l’entrepreneuriat féminin s’exerce dans Total Hommes des établissements de taille réduite, dans la santé, les activités sociales et l’enseignement . Il est donc logique qu’elles soient bien moins nombreuses que les hommes (quatre fois moins nombreuses) à imaginer créer 20 emplois ou plus. La somme investie par l’entrepreneur lui-même au démarrage est-elle la conséquence du type d’activité, ou témoigne-t-elle d’un manque de ressources? Quelle que soit la réponse, ici aussi les femmes se distinguent des hommes; le capital qu’elles inves­ tissent en moyenne correspond aux 40 % de celui des hommes et le capital estimé nécessaire est deux fois moins élevé. Pourquoi se lancent-elles? Leur motivation principale est l’indépendance, comme leurs collègues masculins, mais dans une proportion sensiblement plus élevée. Elles sont moins nombreuses que les hommes à déclarer vouloir faire croître leur niveau de revenu. Par ailleurs, les femmes entrepreneurs sont bien plus nombreuses (24 %) à conserver une activité à temps partiel que les hommes. Les femmes expriment aussi moins que les hommes la volon­ té de développer leur entreprise. Alors que nous savons qu’en Suisse, la croissance de l’entreprise passe souvent par l’inter­ nationalisation de ses activités, il s’avère que les femmes ont bien moins l’intention d’internationaliser leur entreprise que les hommes. Les entreprises à haut potentiel de développe­ ment se retrouvant souvent dans des secteurs technologique­ ment innovants, les femmes mentionnent deux fois moins souvent utiliser des technologies nouvelles dans leur offre de produits et de services. Femmes 12% 10% 8% 6% 4% 2% Figure 33: Evolution de l’activité entrepreneuriale féminine entre 2003 et 2009 42 2009 Swiss Executive Report 0% 2003 2005 2007 2009 L’insertion dans un réseau, le fait de connaître quelqu’un qui œuvre dans le même champ d’activité ou qui a le même type de préoccupations, représente sans aucun doute un élément déterminant dans le choix de lancer une activité entrepreneu­ riale, aussi bien qu’une ressource précieuse pour la réussite de son entreprise. 6.3 Perspectives Si l’on ne considère que les chiffres, l’entrepreneuriat fémi­ nin se porte bien en Suisse, plaçant notre pays en excellente position en comparaison avec les autres économies. En exa­ minant la nature des entreprises créées (et dirigées) par des femmes, la réalité est plus nuancée. Les activités entrepre­ neuriales des femmes sont globalement moins ambitieuses en terme de croissance et moins orientées vers de nouvelles technologies. Ce ne sont a priori pas ces entreprises qui crée­ ront des emplois. Il est difficile à ce stade de se prononcer sur les raisons de cet état de fait. Si on considère l’opinion que les femmes ont de l’entrepreneuriat (à travers les questions choix de carrière et statut de l’entrepreneur), il n’y a pas de différences significatives entre hommes et femmes. Fait posi­ tif par ailleurs, il y a une évolution positive de ces questions. Par contre, les femmes sont beaucoup plus réservées lorsqu’il s’agit de se lancer. Elles voient moins de bonnes opportunités d’affaires dans un avenir proche, estiment globalement avoir moins souvent les compétences et les connaissances néces­ saires à lancer une activité, et enfin la crainte de l’échec les retient plus souvent que les hommes. De ce point de vue, les femmes sont défavorisées. Elles sont bien moins nombreuses (28 % contre 44 % pour les hommes) à connaître dans leur entourage un entrepreneur, quelqu’un qui a créé son entreprise dans les deux ans précédant l’en­ quête. Nous pouvons supposer aussi qu’elles sont bien moins nom­ breuses à solliciter les services d’un organisme de soutien à la création d’entreprise. Les raisons sont peut-être à aller cher­ cher dans la nature des activités des femmes entrepreneurs, mais peut-être aussi dans les difficultés liées aux préjugés ou dans le manque de soutien spécifique offert à cette catégorie de la population entreprenante. Si tel était le cas, les organismes de soutien destinés spécifi­ quement à l’entrepreneuriat féminin prendraient ici tout leur sens. Pourquoi ces réticences? Différentes raisons ont été avancées, parmi lesquelles on peut mentionner les contraintes que sont les doubles rôles, familial avec enfants et professionnel, les préjugés des parties prenantes, leur manque de confiance en elles, ou le manque de modèles d’identification. Hommes 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Femmes 63.9 50.5 24.7 21.5 18.3 13.2 3.3 4.7 1. secteur 2. secteur 3. secteur: orienté business 3. secteur: orienté consommateurs Figure 34: Taux d’activité entrepreneuriale des femmes, par secteurs, 2009 2009 Swiss Executive Report 43 Bibliographie Acs, Z.J. & Amorós, E. (2008). Entrepreneurship and Competitiveness Dynamics in Latin America. Small Business Economics, 31(3), 305-322. Acs, Z.J. & Szerb L. (2009). The Global Entrepreneurship Index (GEINDEX). Foundations and Trends in Entrepreneurship, 5(5), 341-435. Acs, Z.J. & Varga, A. (2005). Entrepreneurship, Agglomeration and Technological Change. Small Business Economics, 24(3), 323-343. Asia Pulse (2009). Chinese Exporters Fear New Wave Of Exchange Rate Fluctuations, Asia Pulse: Guangzhou. Autio, E. (2007). Global Entrepreneurship Monitor 2007, Global Report on High Growth Entrepreneurship. London, UK: London Business School and Babson Park, MA: Babson College. Baron R.A. & Ensley M.D. (2006). Opportunity recognition as the detection of meaningful patterns: Evidence from comparisons of novice and experienced entrepreneurs. Management Science 52(9): 1331-1344. Ihle, P. (2010, 10. February 2010). Es findet ein Paradigmenwechsel statt, Handelszeitung. IMF (2009). World Economic Outlook, October 2009: Sustaining the Recovery: Washington, DC. Kennedy, J.F. (1959). Remarks at the Convocation of the United Negro College Fund. The John F. Kennedy Presidential Library and Museum: Indianapolis, IN. Kim, J.J. ( 2007). Credit Crunch Moves Beyond Mortgages. Wall Street Journal - Eastern Edition 250(44): D1-D2. Koellinger, P. & Thurik, R. (2009). Entrepreneurship and the Business Cycle, Tinbergen Institute Discussion Paper, TI 2009-032/3, Erasmus School of Economics, Erasmus University Rotterdam, EIM Business and Policy Research, Zoetermeer, The Netherlands, Tinbergen Institute. Levie, J. & Autio, E. (2008): A Theoretical Grounding and Test of the GEM Modell. Small Business Economics, 31(3), 235-263. Baumol, W.J. (1990). Entrepreneurship: Productive, Unproductive and Destructive. Journal of Political Economy, 98(5), 893-921. Mair, J. & Marti, I. (2006). Social Entrepreneurship Research: A Source of Explanation, Prediction and Delight. Journal of World Business, 41(1), 36-44. Baumol, W.J. (1993). Entrepreneurship, Management, and the Structure of Payoffs. Cambridge, MA: MIT Press. Mayer, M.J. (2003). Exportförderung für KMU: Prioritäten des Bundes. Die Volkswirtschaft(6): 38-41. Bewernick, J. (2010). Die Vorteile von hybridem Geld, Handelszeitung, Handelszeitung Online ed.: Zurich. NZZ (2008). Nationalbank und Bund helfen der UBS, NZZ, NZZ Online ed. Bosma, N. & Levie, J. (2010). Global Entrepreneurship Monitor 2009 Executive Report. Babson Park, MA: Babson College, Santiago, Chile: Universidad del Desarollo und Reykjavik, Island: Reykjavik University. Porter, M.; Sachs, J. & McArthur, J. (2002). Executive Summary: Competitiveness and Stages of Economic Development. In: Porter, M.; Sachs, J.; Cornelius, P.K.; McArthur, J.; Schwab, K.; (Eds.): The Global Competitiveness Report 2001-2002. New York: Oxford University Press, 16-25. Brock, D.D. (2008). Social Entrepreneurship Teaching Resources Handbook: Ashoka. PWC (2010). Staat bleibt bei Banken an Bord: Frankfurt. EVCA – European Private Equity & Venture Capital Association (n.d.). Public and Regulatory Policy. Key Facts and Figures. www.evca.com Reddy, S. (2008). Fed Holds Rate Steady As Inflation Worries Rise. (Cover story). Wall Street Journal - Eastern Edition 251(149): A1A11. Flütsch, A. (2009). Wir prüfen einen Kreditfonds für KMU, TagesAnzeiger: Zurich. Reynolds, P.; Bosma, N.; Autio, E.; Hunt, S.; De Bono, N.; Servais, I.; Lopez-Garcia, P. & Chin, N. (2005). Global Entrepreneurship Monitor: Data Collection Design and Implementation, 1998-2003. Small Business Economics, 24(3), 205-231. Forelle, C. (2008). As Banking ‘Fairy Tale’ Ends, Iceland Looks Back to the Sea. Wall Street Journal - Eastern Edition 252(86): A1-A12. Gamberoni, E. & Newfarmer, R. (2009). Trade Protection: Incipient but Worrisome Trends. In IT Department (Ed.), Trade Notes. World Bank: Geneva. Gartner, W.B. (1985). A Conceptual Framework for Describing the Phenomenum of New Venture Creation. Academy of Management Review, 10(4), 696-706. Habersaat, M.; Schönenberger, A. & Weber, W. (2001). Die KMU in der Schweiz und in Europa. Bern: seco. Halter, F. & Schrettle Th. & Baldegger, R. J. (2009). Effective Succession Management: A study of emotional and financial aspects in SMEs, February 2009. 44 2009 Swiss Executive Report Schumpeter, J. A., (1934). The Theory of Economic Development. Cambrigde, MA: Harvard University. Schwab, K. (2009). Global Competitiveness Report 2009-2010. World Economic Forum. Geneva, Switzerland. SECO (2008). Weiter eingetrübtes Konsumentenvertrauen: Bern. SECO (2010). Kreditkonditionen. In EV EVD (Ed.). Staatssekretariat für Wirtschaft SECO. Shane, S.A. & Venkatamaran, S. (2000). The promise of entrepre­ neurship as a field of research. Academy of Management Review 25(1): 217-226. Short, J.C.; Moss, T.W. & Lumpkin, G.T. (2009). Research in Social Entrepreneurship: Past Contributions and Future Opportunities. Strategic Entrepreneurship Journal, 3, 161-194. Sidel R., McCracken J & Enrich D. 2007. Citigroup Model Is Left Shaken By Credit Crunch. Wall Street Journal - Eastern Edition 250(90): A1-A14. Smith, G.T.; Henning, E.Y.; Launder, W. & Blackstone, B. (2009). Austria Nationalizes Bank, With ECB Chief ’s Aid. Sternberg, R. & Wennekers, A.R. (2005). The Determinants and Effects of New Business Creation Using Global Entrepreneurship Monitor Data. Small Business Economics, 24(3), 193-203. Strasburg J., Lattman P. &Bryan-Low C. (2008). Credit Crunch Rocks Bain, As Funds Fall Up to 50 %. Wall Street Journal - Eastern Edition 252(97): C1-C2. Trumbull, M. (2008). A global war on inflation. (Cover story). Christian Science Monitor 100(152): 1-10. Van DeVen, A.; Sapienza, H. & Villanueva, J. (2008). Entrepreneurial Pursuits of Self- and Collective Interests. Strategic Entrepreneurship Journal, 1(3–4), 353–370. Van Stel, A.J.; Carree, M.A. & Thurik, A.R. (2005). The Effect of Entrepreneurial Activity on National Economic Growth. Small Business Economics, 24 (3), 311-321. Whitney, M. (2009). Credit Cards Are the Next Credit Crunch. Wall Street Journal - Eastern Edition 253(56): A15. Zahra, S.A.; Gedajlovic, E.; Neubaum, D.O. & Shulman, J.M. (2009). A Typology of Social Entrepreneurs: Motives, Search Processes and Ethical Challenges. Journal of Business Venturing, 24(5), 519-532. Liste des experts Patrick Aebischer, Professeur et Président EPFL, Lausanne Armand Lombard, Président honoraire, GENILEM, Genève Jan Bamholt, Co-fondateur et Partenaire, Brains To Ventures, St-Gall Hansueli Loosli, CEO, Coop, Bâle Pius Baschera, Professeur en Entrepreneurship, ETH, Zurich Pascal Marmier, Directeur, swissnex, Boston, MA (USA) Hans Baumgartner, Responsable Small and Medium Enterprise Clients, Crédit Suisse, Zurich Johannes Matyassy, Ambassadeur et Directeur, Présence Suisse, Berne Martin Bopp, Responsable Start-up Promotion et Entrepreneurship, KTI/CTI Start-up, Berne Marie-Hélène Miauton, Fondatrice, M.I.S. TREND, Lausanne Edgar Brandt, Fondateur, Edgar Brandt Advisory, Genève Martin Naville, CEO, Swiss American Chamber of Commerce, Zurich Heinrich Christen, Partenaire et Directeur du programme Entrepreneur oft the Year (EOY), Ernst&Young, Zurich Geneviève Morand, CEO, Rezonance, Genève Alain Nicod, Managing Partner, venture incubator, Zoug Robin Cornelius, Fondateur et PDG, Switcher, Le Mont-surLausanne Dirk Reich, Executive Vice President Contract Logistics, Kühne & Nagel, Zurich Peter Dietrich, Directeur, SWISSMEM, Zurich Gerhard Roth, Partenaire, GHR Rechtsanwälte, Berne Lucia Döbeli, Membre de la Direction, Partner Management, OSEC, Zurich Beat Schillig, Directeur, Institut für Jungunternehmen, St-Gall Nicolas Florin, Directeur, GS1, Berne Peter Friedli, Investment Manager et PDG, New Venturetec, Zoug Gregory Gerhardt, Co-fondateur et Managing Director, Amazee, Zurich Peter Hogenkamp, Fondateur, Blogwerk, Zurich Daniel Isler, Fondateur et CEO, Fargate, Zurich Alain Schindler, CEO, Westiform, Berne Peter Schurtenberger, Professeur, Université de Fribourg, Fribourg Gerhard Schwarz, Rédacteur en chef adjoint, NZZ, Zurich Lesley Spiegel, Directrice, Technopark Zurich, Zurich Jean-Claude Strebel, Vice-Président et Directeur, Fondation de Vigier, Soleure Philippe Jeanneret, Chef du Secteur Politique PME, SECO, Berne Thierry Volery, Directeur, Institut suisse de recherche pour les PME, Université de St-Gall, St-Gall Anja König, Managing Director, Novartis Venture Funds, Bâle Jean-Pierre Vuilleumier, Managing Director, CTI Invest, Berne Olivier Küttel, Directeur, Euresearch, Berne Christian Wiesmann, Urbaniste, Ville de Berne, Berne 2009 Swiss Executive Report 45 Glossaire Mesure Définition Attitude et perception entrepreneuriale Opportunités perçues Part des répondants (18-64 ans) qui disent percevoir de bonnes opportunités d’entreprendre dans leur environnement Compétences perçues Part des répondants (18-64 ans) qui disent avoir les compétences nécessaires au démarrage d’une activité entrepreneuriale Peur de l‘échec Part des répondants (18-64 ans) qui perçoivent de bonnes opportunités dans leur environnement, mais que la crainte d’un échec empêcherait de démarrer une activité. Intentions entrepreneuriales Part des répondants (18-64 ans) qui n’exercent pas encore d’activité entrepreneuriale, mais qui déclarent vouloir créer une entreprise dans les 3 prochaines années Entrepreneuriat en tant que bon choix de carrière Part des répondants (18-64 ans) qui disent que dans leur pays, l’entrepreneuriat est considéré comme un bon choix de carrière Statut élevé pour les entrepreneurs qui réussissent Part des répondants (18-64 ans) qui disent que dans leur pays, les entrepreneurs qui réussissent bénéficient d’un statut social élevé Attention portée à l’entrepreneuriat par les médias Part des répondants (18-64 ans) qui disent que dans leur pays, les médias font souvent état d’entrepreneurs qui réussissent Activité entrepreneuriale Taux d’entrepreneurs émergents Part des répondants (18-64 ans) qui sont actuellement en phase de préparation ou de démarrage de leur entreprise, dont l’entreprise paie des salaires depuis 3 mois au maximum Taux de jeunes entrepreneurs Part des répondants (18-64 ans) qui sont actuellement en phase de préparation ou de démarrage de leur entreprise, dont l’entreprise paie des salaires depuis 3 mois au maximum Taux d’activité entrepreneuriale (TAE) Part des répondants (18-64 ans) qui tombent dans les catégories «entrepreneurs émergents» et «jeunes entrepreneurs» Taux d’entrepreneurs établis Part des répondants (18-64 ans) qui dirigent ou possèdent une entreprise, dont l’entreprise paie des salaires depuis 42 mois ou plus Taux de cessation d’activité Part des répondants (18-64 ans) qui, pour diverses raisons (vente de l’entreprise, fermeture, retraite, etc.), ont cessé leur activité entrepreneuriale dans les 12 mois précédant l’enquête. Il ne s’agit pas d’une mesure du taux d’échec entrepreneurial Activité entrepreneuriale par nécessité, prévalence relative Part du taux d’activité entrepreneuriale (TAE) qui relève de la nécessité, parce qu’il n’existe pas d’alternative en terme de revenu Activité entrepreneuriale par opportunité, prévalence relative (ImprovementDriven Opportunity Entrepreneurial Activity: Relative Prevalence) Part du taux d’activité entrepreneuriale (TAE) qui relève de a) l’activité entrepreneuriale suite à la perception d’une opportunité, et b) dont la motivation principale est d’accroître le revenu (et non de le maintenir à son niveau existant) ou d’entreprendre par désir d’indépendance Activité naissante dans le domaine de l’entrepreneuriat social (SEA)(EarlyStage Social Entrepreneurial Activity) Part des activités naissantes (TEA) en pourcentage qui mentionnent avoir un but de nature sociale Ambitions entrepreneuriales Taux d’activités entrepreneuriales naissantes avec un potentiel de croissance élevé (HEA) (High-Growth Expectation Early-Stage Entrepreneurial Activity) 46 2009 Swiss Executive Report Part des répondants (18-64 ans) engagés dans une activité entrepreneuriale qui prévoient d’employer au moins 20 personnes dans les 5 années à venir Notes I Les phases utilisées sont identiques à celles des niveaux de développement du Global Competitiveness Report. Voir à ce sujet Schwab (2009). II Acs et Szerb (2009) ont tenté d’appréhender l’interdépendance à l’aide d’un index, le Global Entrepreneurship Index (GEI). De plus amples informations sont fournies sur le site web de GEM – www.gemconsortium.org. III Les indicateurs de l’OCDE sur la protection de l’emploi, www.oecd.org/emploi/protection IV European Private Equity & Venture Capital Association (EVCA). Public and Regulatory Policy. Key Facts and Figures. www.evca.com 2009 Swiss Executive Report 47