DP les soleils pâles 2 v legere - Culture Aubervilliers

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L ES SOLEILS PÂLES
UNE PI ÈCE TO UT P UBLIC À P ART IR DE HUIT ANS
DE M A R C - A N T O I N E C Y R
M ISE EN SCÈNE
M
A R C
B
E A U D I N
D OSSIER PÉDAGOGIQUE
C H E R S
E N S E I G N A N T E S
E T
E N S E I G N A N T S ,
Pour préparer la venue de vos élèves au théâtre, nous vous proposons ici quelques
pistes de dialogue et d’action pédagogique autour du spectacle Les soleils pâles.
Ce document comporte des éléments qui aideront vos élèves à mieux appréhender les
thématiques de la pièce, mais surtout à prendre connaissance du vaste travail de
création que nécessite la mise au monde d’un spectacle.
En étant attentifs aux différentes composantes de cette forme d’art qu’est le théâtre,
nous souhaitons avec vous, avec eux, faire de cette sortie culturelle un événement
mémorable et participer à notre manière à leur éveil au monde et à ses contradictions.
Car bien que la pièce semble aborder des thématiques plutôt sombres, elle le fait sur
un ton joyeux, lumineux, propice à une plaisante réflexion.
C’est ainsi que nous souhaitons faire briller Les soleils pâles.
document préparé par la compagnie
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L ES SOLEILS PÂLES
C R É A T I O N
TEXTE
E N
F
R A N C E
Marc-Antoine Cyr
M I S E E N S C È N E Marc Beaudin
A V E C M a rie C u velier // A n t o i n e L e s i m p l e // R a p h a ë l e T r u g n a n
S C É N O G R A P H I E E T L U M I È R E S N ic o l a s C h a r l e s
E N V I R O N N E M E N T S O N O R E G a ëlle H ispard
C O S T U M E S Véronique Dupont
PREMIÈRE LE 11 FÉVRIER 2014
Spectacle créé en résidence à l’Espace Renaudie
en partenariat avec
la ville d’Aubervilliers
Le texte Les soleils pâles paraîtra dans la collection Le TARMAC chez Lansman.
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Dans la jungle, les animaux ne dorment que d’un œil, la peur au ventre…
Moi c’est pas de la peur que j’ai dans le ventre.
Moi j’ai peur de rien.
Même pas de la jungle.
- T RISTAN
L
E S
S O L E I L S
P Â L E S
,
S C È N E
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L A
P I È C E
Au milieu d’un monde qui ressemble à une jungle, il y a un hôpital en rénovation,
bientôt voué à la démolition.
Dans cet hôpital, il y a Tristan et Élodie, deux enfants malades qui apprennent à
survivre, à vivre, à s’aimer avant qu’il ne soit trop tard.
Il y a la jungle et ses lois.
Avec Mademoiselle Florence, leur infirmière, Tristan et Élodie tentent de sauver leur
hôpital, leur nid.
Ils découvrent que les plus forts ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
Il y a la lutte d’une petite communauté d’amochés, qui oppose aux démolisseurs
d’hôpital ses drôles de chansons.
Il y a le soleil qui perce, mais pâle.
L E S
P E R S O N N A G E S
Dans l’hôpital, il y a :
TRISTAN , un garçon malade et révolté, qui s’invente des griffes de tigre.
Il est hospitalisé depuis quelques mois déjà à cause d’une faiblesse au cœur. Il lutte
pour sa guérison. L’intransigeance est le nerf de sa guerre. Pour parer aux coups, il en
donne parfois, des coups. Il croit que sa méchanceté le protège.
ÉLODIE , une petite fille au corps vieilli.
Elle est atteinte de progeria, le vieillissement prématuré.
Si elle n’a que huit ans, son corps en a quatre-vingt-deux. Elle sait qu’elle mourra
bien avant d’être une adulte, alors elle essaie de vivre vite et de comprendre tout d’un
seul coup.
Elle ne semble pas avoir très peur des tigres.
MADEMOISELLE FLORENCE , une infirmière très dévouée, acharnée, qui refuse qu’on
lui piétine son territoire. Elle est excessivement obèse et elle en a honte.
C’est comme si elle devait porter tout l’hôpital sur son dos.
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C E
Q U ’ E N
D I T
L ’ A U T E U R
À travers cette pièce, je voulais parler de la
vulnérabilité, de la faiblesse, de ce que c’est de ne pas y
arriver, je voulais dire la peine, la misère, le manque…
qui sont de grandes et belles choses qui constituent la
vie et notre humanité.
Je voulais parler de ça. Dire ça.
Mais je voulais dire aussi ce que je constate, souvent :
que dans le monde où l’on vit, il est rarement de bon
ton de dévoiler humblement sa souffrance, sa
vulnérabilité. On nous dit : sois fort. Ne montre pas que
tu as du mal, de la misère, de la peine. On nous veut
gagnants, premiers de classe, ambitieux, fonceurs.
Alors je voulais remettre tendrement cette vulnérabilité
au centre, au cœur, lui redonner sa valeur. Dire que
rien de solide ne sera construit, ni personnellement ni
collectivement, si on fait comme si elle n’existait pas,
ou si on affirme qu’elle est une tare.
Je le crois toujours. Aujourd’hui. Plus encore.
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C E
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S C È N E
Le monde pour Tristan est une jungle où seuls les plus forts
s’en sortiront. C’est un monde qui ressemble cruellement à
celui que nous partageons tous (ou du moins la perception
que nous en avons).
Tristan refuse sa condition, il la rejette. Sa jungle est
extérieure tant qu’intérieure et génère en lui une énorme
violence, celle des bagarreurs. C’est ce qu’on lui a appris.
Face à la menace, une seule solution : sortir les griffes et
devenir un tigre. Mais avec Élodie, il pourrait choisir le
chemin de la tendresse, malgré sa peur d’être différent. Et
s’il trouvait là une nouvelle façon de résister ?
J’aborde la pièce sans passer uniquement par le prisme de la
maladie. Elle est là, elle existe, mais là n’est pas le sujet de
l’œuvre. La maladie engonce les corps, mais elle précipite
surtout le duel avec l’autre, avec la vie à faire, avec sa survie.
Elle force les personnages à réinventer une façon d’être, un
nouveau rapport au monde. Plus le temps compte et plus le
désir est fort. Le spectacle se veut nerveux, physique, plus
urgent qu’attendrissant.
Les soleils pâles est une pièce de résistance. De ses paradoxes
assumés, le rire naîtra. Plus fort, plus vrai, car viscéral,
nécessaire. Libérateur. Comme un défi lancé à la mort qui,
dans la vie comme dans la jungle, arrive parfois trop tôt.
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L ’ H I S T O I R E
En ouverture de la pièce, on assiste à une situation assez drolatique : la répétition de
la chorale de l’hôpital. Bien que quelques fausses notes fusent de ci de là, la répétition
suit son cours et Élodie a même droit à un solo, ce qui l’enchante complètement. Tout
irait bien si Tristan ne décidait pas de saboter son instant de gloire et de la faire
apparaître telle quelle en pleine lumière : Élodie est une enfant malade. Son corps et
sa voix portent des marques qu’elle ne peut pas cacher. Une tête de petit moineau.
Des bras comme des ailes d’oiseaux. Et juste sa voix fluette pour piailler de temps en
temps.
La méchanceté de Tristan n’est pas tout à fait gratuite. Lui aussi est un enfant malade.
Depuis quelques mois, on essaie de le soigner pour une faiblesse de son cœur, qui
menace d’exploser en mille miettes à chaque sursaut. Alors pour ne pas être un faible,
Tristan fait semblant d’être un fort. Ce n’est pas facile pour lui : il n’a que son corps
fragile et ses poings de gamin. Mais son grand frère lui a dévoilé un secret : le monde
est une jungle. Pour survivre, Tristan doit devenir un tigre. À force de patience et
d’acharnement, Tristan est convaincu qu’il saura faire pousser ses griffes. Mais ce
n’est pas si évident.
Heureusement qu’il y a Mademoiselle Florence, leur infirmière, qui veille et qui
protège ses malades comme une maman lionne. Mais en voulant trop fort les
défendre du monde, peut-être que Mademoiselle Florence oublie de leur montrer ce
qu’est la vie. Diriger le service d’un hôpital comme le sien n’est assurément pas si
commode. C’est peut-être pour ça que Mademoiselle Florence mange sans arrêt des
biscuits qu’elle cache dans ses poches et qu’à cause de ça elle grossit, grossit, grossit.
Des personnages singuliers vivent ici. À l’abri. Entre deux répétitions de la chorale et
deux mauvais coups de Tristan, la vie fragile suit son cours.
Mais quand tout ce petit groupe apprend que l’hôpital est en danger, que de vils
promoteurs immobiliers veulent en casser les murs pour installer dans l’immeuble
des appartements de luxe, alors le monde semble véritablement se transformer en une
jungle sauvage et sans merci.
Comment faire pour y survivre quand on est déjà passablement amoché ?
Il s’agit maintenant d’apprendre la solidarité.
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E X T R A I T
S CÈNE 12
En otage
Élodie cherche Tristan dans l’hôpital. Elle entre dans sa chambre.
É LODIE − Tristan ?
Elle entend du bruit dans le cagibi. Elle s’en approche.
La porte s’ouvre d’un coup. Tristan empoigne Élodie comme un kidnappeur.
T RISTAN − Qu’est-ce que tu fais ici ?
É LODIE − Je te cherchais.
T RISTAN − Qu’est-ce que tu veux ?
É LODIE − Te faire chanter.
T RISTAN − Niaiseuse. On va se faire prendre.
Il l’entraîne avec lui dans le cagibi et en referme la porte.
T RISTAN − Parle pas.
É LODIE − Tu me fais mal. Tu vas me faire craquer les os.
T RISTAN − Je te lâche mais crie pas.
É LODIE − Tu peux me tenir mais pas fort.
Tristan tend l’oreille. Rien.
Il lâche Élodie.
T RISTAN − C’est correct. Il y a personne.
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É LODIE − Qu’est-ce que tu fais ici ?
T RISTAN − C’est pas de tes affaires.
É LODIE − Quoi pas de mes affaires ?
T RISTAN − T’est trop petite pour comprendre.
É LODIE − Je suis assez vieille.
T RISTAN − Ça c’est vrai.
Pourquoi tu me cherches toi d’abord ?
É LODIE − On a besoin de toi. La chorale.
Viens. Je vais t’apprendre la chanson si tu veux.
T RISTAN − Plutôt mourir que de retourner avec la bande de débiles.
É LODIE − Débarre-moi la porte. Le loquet est trop haut.
T RISTAN − C’est barré !
Élodie renifle un coup, deux, elle ouvre la bouche et va éclater à nouveau d’un sanglot long
et strident.
T RISTAN − Braille pas ! Braille pas niaiseuse !
Je vais encore me faire engueuler à cause de toi !
Élodie hoquette, elle tente de retenir son sanglot, y parvient à peu près, se calme.
É LODIE − Excuse. Je sais pas pourquoi. Ça me fait toujours ça.
T RISTAN − Refais plus ça. C’est con de pleurer.
É LODIE − Excuse. Je suis malade !
T RISTAN − Moi aussi j’ai envie de brailler des fois. Mais je me retiens.
Moi aussi je sens que ça crève en dedans. Mais je le montre pas.
Élodie se retient encore de pleurer, comme submergée.
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É LODIE − Je serai pas chanteuse. Oké. Oké d’abord.
(elle cherche et trouve une raison de ne pas pleurer) Je vais être.
Ton otage ! Oké !
T RISTAN − Je vais te débarrer la porte mais juste si t’arrêtes de chialer. J’ai pas envie
d’entendre une braillarde. Tu pourras retourner à ton spectacle de chansons avec les
cons. Mais ça servira à rien. C’est pas ça qui empêchera l’hôpital de s’effondrer. Faut
vraiment être con pour penser ça. Mais vas-y toi si tu veux. Vas-y chanter comme un
pingouin. Je vais te la débarrer la porte. Si tu peux juste me laisser tranquille. Si tout le
monde peut juste me laisser tranquille !
Il s’est emporté. Il est étourdi. Il doit s’appuyer quelque part et se laisser choir.
Élodie veut appeler à l’aide, mais sa voix s’étrangle.
É LODIE − Au secours ! Au secours !
Je peux pas crier plus fort. Excuse.
T RISTAN − J’ai rien. C’est rien. J’ai pas mal.
Je vais te l’ouvrir la porte. Deux minutes.
J’ai juste manqué ma piqûre de trois heures.
Je vais te l’ouvrir la porte. Attends.
É LODIE − Non. Non je veux rester avec toi.
T RISTAN − Je veux pas que tu restes avec moi.
Tu peux sortir. Attends.
É LODIE − Non. Je suis ton otage. On est embarrés.
T RISTAN − Tes chansons. La chorale.
É LODIE − Je veux rester avec toi.
T RISTAN − Je vais pas mourir tout de suite hein Élodie ?
Je vais avoir du temps pour grandir.
Je vais pas mourir. Pas maintenant.
É LODIE − Aie pas peur.
Si tu meurs je suis là avec toi. C’est pas grave.
Temps.
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T RISTAN − Comment ça ça te fait pas peur à toi ?
É LODIE − Non. Ben non. Peur ?
Quand elle va arriver la mort moi tout ce que je pourrai lui dire c’est : hein quoi déjà ?
Pourquoi j’aurais peur ?
Temps.
T RISTAN − Oké.
Oké tu peux rester avec moi s’il te plaît.
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T H É M A T I Q U E S
On peut maintenant isoler les thématiques qui traversent la pièce :
LA DIFFÉRENCE
Étant malades, Tristan et Élodie sont donc des enfants « différents » des autres.
Mais outre les symptômes qui affaiblissent leur corps, en quoi sont-ils si différents ?
Pourquoi Tristan s’en veut-il de n’être pas comme les autres ?
Est-ce que tout enfant n’est pas au fond différent aux yeux de ceux qui le regardent ?
La différence est-elle une force ou une tare ?
LA VULNÉRABILITÉ
Tous les personnages de la pièce traversent des moments de combat pour lesquels ils
ne semblent pas suffisamment armés. Que ce soit pour survivre à la maladie ou pour
affronter les démolisseurs d’hôpital, chacun doit mener la lutte contre un ennemi
imprévu.
Mais comment faire quand on ne sait pas vraiment se défendre ?
Les plus forts sont-ils nécessairement ceux que l’on croit ?
Et si on pouvait apprendre à faire une force de ses faiblesses ?
LE COURAGE DEVANT L’ADVERSITÉ
Pour affronter autant de soucis, nos protagonistes ont besoin d’une bonne dose de
bravoure et d’entêtement. Aucun d’entre eux n’a envie de se laisser abattre. Ensemble,
ils vont relever leurs manches, lever leurs bras bien haut et se battre pour leur petite
place dans le monde.
Le combat contre la maladie leur demande de l’énergie, mais aussi de maintenir une
humeur imparable pour faire de chaque jour un moment précieux. Nous qui ne
sommes pas malades, on l’oublie souvent. On oublie parfois de garder courage. On
oublie peut-être que nos soucis n’attendent que notre énergie pour être surmontés.
Mais pas eux.
Le combat pour le maintien de leur abri va aussi exiger d’eux des efforts incroyables.
Ensemble, en tenant bon, ils comptent bien montrer aux méchants et aux forts de ce
monde qu’on ne piétine pas ainsi impunément le territoire des « plus faibles que
soi ».
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POURQUOI AVOIR CHOISI DE PARLER DE CES THÈMES-LÀ ?
ET POURQUOI DE CETTE MANIÈRE-LÀ ?
J’avais vu sur internet un reportage montrant une petite fille atteinte de progeria*.
Je connaissais mal cette maladie à l’époque. Il s’agit d’un syndrome qui fait vieillir le
corps très, très vite. Cette petite fille d’à peine douze ans avait déjà l’air d’une très
vieille dame, mais elle restait quand même une enfant. J’ai été fasciné par elle, ému
par elle, inspiré par elle. Au départ, j’avais très envie de pleurer en assistant à son
histoire, mais j’ai vite séché mes larmes, parce que son histoire n’était pas triste, bien
au contraire. Cette petite fille avait un rêve tout simple : celui de chanter dans une
chorale. Elle ne parlait pas sans arrêt de sa maladie. Elle voulait vivre des émotions
normales, des activités normales, des rencontres normales, mais elle devait les vivre
très vite parce qu’elle savait qu’elle mourrait tôt. Pour elle, le temps était compté,
alors il était important. Et c’est ce qui m’a le plus frappé dans son histoire : elle avait
le courage de célébrer sa différence et d’en faire une force de vie. Et c’est une belle
leçon, ça, non ?
ET D’OÙ SONT VENUS LES AUTRES PERSONNAGES ?
J’ai tenté d’imaginer un personnage de garçon un peu méchant, comme j’en ai croisés
quelques-uns dans la cour de mon école. À l’époque, j’avais du mal à les comprendre.
Ce n’est qu’après que j’ai pu me dire que la méchanceté peut cacher une blessure plus
grave et qu’il suffit parfois de tendre l’oreille pour entendre les mots doux sous les
mots plus durs. Alors j’ai inventé Tristan, qui souffre d’une anomalie cardiaque, mais
qui ne supporte pas de ne pas être comme les autres. Son moyen de défense, c’est la
méchanceté. C’est dans sa pugnacité qu’il puise l’énergie de lutter. Mais au fil de la
pièce, il va devoir apprendre à canaliser autrement son énergie. Il va aussi devoir
comprendre que le « chacun pour soi » n’est pas très utile dans sa situation et qu’il
doit non seulement se laisser aider, mais surtout aider les autres.
Pour le personnage de Mademoiselle Florence, c’est un peu différent. Je voulais
montrer un personnage d’adulte pas toujours compétent. Je voulais montrer que les
adultes ont aussi leurs failles, leurs faiblesses, et que ce sont ces failles et ces faiblesses
qui forgent leur caractère. Dans leurs maladresses se cachent souvent beaucoup
d’appels à l’aide. Alors j’ai imaginé cette femme très seule, qui gère son hôpital
comme une mission, et qui mange sans arrêt. Elle mange pour se donner contenance,
mais aussi, je pense, pour se faire une armure contre les coups. Son corps de plus en
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plus gros masque sa douceur et sa fragilité. Il s’agit d’une adulte qui fait simplement
ce qu’elle peut. Et en puisant au courage des faibles, elle peut faire bien plus que ce
qu’elle croit.
EST-CE QUE LE SUJET NE RISQUE PAS D’ÊTRE PERÇU COMME TROP TRISTE
POUR UNE PIÈCE JEUNE PUBLIC ?
Je ne crois pas. En tout cas, je ne l’ai pas écrite comme telle. Évidemment, le sujet de
la maladie infantile est triste parce que nous entrons tous en compassion devant les
enfants malades, même si on n’a pas été malade soi-même. Toutefois, au cours de mes
recherches sur le sujet, je me suis rendu compte que les enfants malades possèdent
une joie de vivre bien plus grande ou en tout cas bien plus visible que ceux qui sont
en santé. Ils n’ont pas de temps à perdre, alors ils essaient d’être heureux le plus fort
qu’ils peuvent, chaque fois qu’ils le peuvent. Et c’est surtout cette joie que j’ai voulu
montrer. Et c’est aussi comme ça que le sujet s’universalise, parce qu’il concerne tous
les enfants. Je me suis dit : on peut faire un spectacle drôle et rassembleur même avec
ce sujet grave. Artistiquement et humainement, c’est un très grand défi. Et en même
temps, si on y parvient, je pense que les spectateurs vont aussi ressentir une grande
émotion en côtoyant avec humour ces personnages de faibles qui se battent contre des
forts. Quelque chose d’inattendu, qui nous touche et qui nous fait rire à la fois. Je
crois aussi qu’au fond de nous-mêmes, on s’est tous déjà sentis un peu comme eux, à
devoir se battre alors que l’on ne voulait qu’être protégés. En ce sens, on est tous un
peu des soleils pâles.
ET POURQUOI CE TITRE ?
Au début de l’écriture, la pièce s’intitulait Les amochés. C’était un mot qui décrivait
bien mes personnages, je pensais que ça irait. Mais à un moment donné, le mot m’a
semblé négatif, alors que tout le projet repose sur la lumière, sur les aspects les plus
positifs de mes thèmes. Je me suis imaginé que mes personnages étaient eux-mêmes
des petites lanternes, des petits soleils qui brillent autant qu’ils peuvent. Ils ne
brillent pas très fort, mais ils brillent tout de même, comme des soleils pâles. Et il
émane d’eux une lueur très douce. Il faut s’en approcher pour pouvoir la voir, la
ressentir, s’y réchauffer.
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*
LA
P R O G E R I A
La progeria, aussi connue sous le nom de syndrome de Hutchinson-Gilford ou
vieillissement prématuré, est une maladie d’origine génétique extrêmement rare.
Elle provoque chez la personne atteinte une accélération du vieillissement des cellules
et lui donne ainsi une apparence de vieillard ou d’oiseau. Le développement mental,
par contre, reste normal. L’espérance de vie des personnes atteintes est de 13 à 16 ans.
On ne connaît pas encore de traitement pour cette maladie .
Pour voir le reportage au sujet d’Ashley Hegi, qui a inspiré à l’auteur le personnage
d’Élodie, suivre ce lien : www.youtube.com/watch?v=5M7Rtr_ya9M
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QUEL A ÉTÉ L’ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR DE CE PROJET ?
À la lecture de la pièce, j’ai aimé ses contradictions. Je m’attendais à être attristé par
les thèmes, mais j’ai surtout beaucoup ri. J’ai trouvé la pièce très vive, très vivante.
C’est une impression qui s’est répandue autour de moi quand j’ai fait lire la pièce aux
acteurs. Il y a quelque chose d’inattendu à traiter de ces thèmes-là sur un mode très
vif. Chacun des acteurs a vite été happé par l’histoire et s’est mis à chercher les clefs
pour incarner physiquement ces personnages étranges, décalés, sans verser dans le
pathos ni dans la caricature. Il ne s’agit pas d’amoindrir la maladie, mais plutôt de ne
pas chercher à attendrir les spectateurs avec elle. Il faut surtout chercher la force dans
les désirs de vie des personnages, dans leurs pulsions. Les faire exister comme des
enfants dans un monde qui n’est pas exactement fait pour eux. C’est en soi un très
beau défi de metteur en scène et ça m’a plu.
COMMENT AMENER DES ACTEURS ADULTES À JOUER DES PERSONNAGES
D’ENFANTS ?
Ce n’est pas très différent d’incarner un adulte ou un enfant. Le but est de rester juste
et vrai, de ne pas chercher à caricaturer l’enfance en prenant une voix fluette, par
exemple. Au-delà de l’âge et de la maladie, les personnages vivent des émotions très
fortes et communes à tous : la peine, l’amour, la découverte de l’autre. Ils la vivent
simplement avec davantage de naïveté, comme une première fois. C’est dans la vérité
de ces états-là que se trouve la sincérité des personnages. J’ai aussi cherché avec les
acteurs à évoquer des symptômes, des manifestations ponctuelles de la maladie en
eux, mais de manière théâtrale. La magie du théâtre est là, de savoir évoquer les
choses avec un geste, avec une image toute simple qui va témoigner d’un univers
entier. Lors de nos représentations exploratoires, un enfant atteint du même mal que
Tristan, une anomalie cardiaque, a en quelque sorte « validé » le travail de l’acteur
qui l’incarne, parce qu’il l’a trouvé très vrai, très reconnaissable. Il s’est identifié à lui
grâce aux symptômes qu’il percevait, alors qu’on ne l’imitait pas. Ses camarades qui
n’étaient pas malades s’identifiaient par ailleurs davantage à son côté rebelle, un peu
méchant. Ils prenaient plaisir à le voir transgresser certaines règles et ensuite
apprendre de ses erreurs. C’est une chose que chaque spectateur, enfant ou adulte,
ressent quand les personnages, même très différents de nous, semblent
reconnaissables dans leurs travers, ou dans leurs symptômes.
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C OMMENT ALLEZ-VOUS « REMPLIR » L’HÔPITAL DE LA PIÈCE AVEC SEULEMENT
TROIS ACTEURS AU PLATEAU ?
D’abord, pour représenter la pression du monde extérieur sur le plateau, j’utilise les
ombres déformées du dehors. J’installe, avec la collaboration de mon scénographe
Nicolas, un dispositif dans lequel les protagonistes sont assaillis par les autres, par la
maladie bien sûr, mais surtout par leurs propres peurs, qui sont toutes bien plus
hautes qu’eux. Un travail d’ombres nous fait également sentir toute la vie de l’hôpital,
ses mouvements, sa déconstruction, ses opérations, comme la vaste jungle qu’elle
devient et qui entoure Tristan et Élodie. Entre les scènes, je crée des tableaux, des
entre-scènes où suinte la vie normale qui coule elle aussi. Sans mot, mais nourrie du
combat qui se mène en ce lieu. Ainsi, on croit percevoir toute une communauté, et
pas seulement les trois personnages de l’intrigue.
Y A-T-IL UNE DIFFÉRENCE ENTRE LE THÉÂTRE POUR LE JEUNE PUBLIC
ET LE THÉÂTRE DIT « GRAND PUBLIC » ?
Pour moi, le théâtre jeune public ne génère pas de différence de mise en scène par
rapport au théâtre pour adultes. L’urgence de dire, de montrer, de questionner notre
rapport au monde est la même. Le théâtre ne peut se faire que dans la rencontre et je
souhaite ainsi participer à ce rendez-vous avec l’autre. Avec eux, les plus jeunes qui
sont bien sûr des adultes en devenir, mais aussi, surtout, des êtres humains à part
entière qui ont les mêmes peurs que moi, les mêmes questionnements que moi. Ils les
posent peut-être différemment, mais nous les partageons quand même, sans que l’âge
nous oppose. Prendre le plateau pour eux, c’est parler avec la langue du cœur pour
revenir à l’essence même du théâtre et offrir une représentation artistique forte,
pleine, libérée des références culturelles et des codes que demande une représentation
théâtrale dite pour adultes.
QUE DEVRAIT-ON RETENIR AU SORTIR D’UNE REPRÉSENTATION DES
SOLEILS PÂLES ?
L’idée n’est pas de livrer un message, mais bien de s’attarder sur le sort de
personnages dits « faibles », ou disons vulnérables. De donner à entendre des voix
auxquelles on n’a jamais vraiment accès en dehors des clichés ou bien des téléthons.
L’hôpital de la pièce est aussi un condensé de notre société, avec ses codes et ses lois.
Un univers dans lequel on peut reconnaître bien des situations de pouvoir qui ne sont
pas forcément situées dans le milieu hospitalier. La différence et la lutte concernent
tous les enfants et tous les adultes aussi. L’idée, c’est de savoir ce que l’on fait avec
cette différence, comment on l’utilise, comme on l’accepte en soi et chez les autres
pour vivre dans un monde plus solidaire, plus juste.
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M ADEMOISELLE F LORENCE − Je te jure Tristan que mon hôpital va pas fermer. Oh non. Parce qu’ici
je vous abrite. Je vous garde. Je vous soigne. Je vous protège.
T RISTAN − Vous pourrez rien faire. Vous êtes juste une infirmière. Pas de mari pas d’amis pis trop
gourmande.
M ADEMOISELLE F LORENCE − Je te le jure quand même Tristan.
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Q U E L Q U E S
P A R O L E S
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Témoignages recueillis lors des représentations expérimentales d’avril 2012 à Montreuil :
« L’infirmière doit être grosse car elle porte tout l’hôpital
en elle. »
« Moi je comprends, elle est morte parce qu’il lui a dit : je
t’aime. »
« Les acteurs, ils peuvent jouer des enfants comme nous
tant qu’ils portent des vêtements de marque. »
« Élodie, la première fois qu’elle meurt, c’est pour de
vrai. Mais la deuxième fois, elle fait semblant. »
« Quand on fait de la peine aux autres souvent c’est
parce qu’on a soi-même de la peine. »
« J’imagine que dans la chambre de Tristan tombent des
lianes et qu’on entend rugir les animaux de la jungle. »
« Quand Tristan et Élodie s’embrassent, ça m’a fait trop
bizarre. C’est pas normal de vouloir s’aimer autant à
leur âge. »
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A P P R O C H E
S C É N O G R A P H I Q U E
Nicolas Charles, responsable du décor et des éclairages du spectacle, a cherché ses
inspirations chez l’artiste contemporain français Christian Boltanski. Il a été
particulièrement sensible à son travail sur les ombres chinoises, les projections, les
transparences. En puisant aux mêmes codes, il tentera de donner aux murs de
l’hôpital des dimensions oniriques, magiques. Ainsi, la jungle dont parle Tristan
pourrait parfois faire irruption dans le décor, à l’aide de simples formes projetées et
d’ombrages.
// Inspiration : Christian Boltanski, Le théâtre d’ombres
Afin de montrer les divers lieux que suggère la pièce à l’intérieur de l’hôpital (la chambre
de Tristan, le bureau de Mademoiselle Florence, le cagibi, etc.), Nicolas Charles cherche à
créer un dispositif scénique qui permettra d’évoquer tous ces lieux sans chercher à les
reproduire de manière réaliste, afin de laisser une plus grande part d’imaginaire aux
spectateurs.
Ses premières ébauches mettent en place une structure modulable, ouverte, ainsi que des
rideaux de plastique qui permettent divers jeux de lumière.
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C R O Q U I S
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N I C O L A S
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Ébauche du décor des Soleils pâles :
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P I S T E S
P É D A G O G I Q U E S
AVANT LA REPRÉSENTATION
Afin de préparer les enfants à assister au spectacle, on peut d’abord aborder avec eux
quelques questions relatives à son sujet :
// Avez-vous déjà été malade ? Connaissez-vous quelqu’un qui l’a été ?
// Vous êtes-vous déjà senti vulnérable ? Différent ?
// Que peut vouloir dire le titre du spectacle Les soleils pâles ?
// Que signifie avoir du courage pour vous ?
À PROPOS DU DÉCOR, APRÈS AVOIR VU LES ÉBAUCHES DE NOTRE SCÉNOGRAPHE
// Quels sont les éléments essentiels pour représenter un hôpital sur un plateau de
théâtre ?
// Comment imaginez-vous une jungle qui entrerait dans une chambre ?
À PROPOS DE LA MUSIQUE ET DE L’UNIVERS SONORE
// Comment, au théâtre, traiter les sons provenant du dehors (bruits de travaux,
démolition) ?
// Comment évoquer toute une chorale qui chante avec seulement trois acteurs au
plateau ?
APRÈS LA REPRÉSENTATION
On peut organiser un cercle de parole et poser aux enfants les mêmes questions que
précédemment à propos des thématiques, du décor et de la musique, et noter si leurs
réponses vont varier.
On peut aussi enquêter sur les diverses émotions vécues durant la représentation :
// Est-ce que c’était drôle ? Pourquoi ?
// Est-ce que c’était triste ? Pourquoi ?
EXERCICE D’ANALYSE DE SCÈNE
En utilisant l’extrait de texte proposé dans ce dossier, en le relisant à voix haute en
classe, on peut se questionner sur les motivations des personnages.
// Pourquoi Tristan s’est-il enfermé dans le cagibi ?
// Pourquoi Élodie tient-elle à voir Tristan s’il a été méchant avec elle ?
// Le rapport de Tristan et d’Élodie à leur maladie est-il le même ?
// Tristan est-il un véritable méchant ?
// Élodie est-elle aussi fragile qu’on le croit ?
On peut aussi tenter de reconnaître les expressions ou tournures de phrases
québécoises dans le texte, sachant que l’auteur a grandi au Québec.
Trouver des équivalents en français normatif.
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E XERCICE D’ÉCRITURE
Imaginer la suite de l’histoire : que devient Tristan après la pièce ?
Seul ou en équipe, écrire un épisode de sa vie qui se passerait après cette histoire-là.
ANALYSE DE POÈME
À la fin de la pièce, Mademoiselle Florence offre Tristan un poème de l’écrivain turc
Nazim Hikmet (né en 1901 et mort en 1963) intitulé Voilà.
Je suis dans la clarté qui s’avance.
Mes mains sont toutes pleines de désirs, le monde est beau.
Mes yeux ne se lassent pas de voir les arbres
Les arbres si pleins d’espoir, les arbres si verts.
Un sentier ensoleillé s’en va à travers les mûriers.
Je suis à la fenêtre de l’infirmerie.
Je ne sens pas l’odeur des médicaments.
Les œillets ont dû s’ouvrir quelque part.
Être captif, là n’est pas la question.
Il s’agit de ne pas se rendre, voilà.
// Pourquoi lui offre-t-elle ce poème ?
// Que signifie ce texte ?
EXERCICE PRATIQUE / BRICOLAGE
Les membres de la chorale dont il est question dans la pièce sont évoqués par des
statuettes de formes étranges inspirées par celles que l’on trouve au Musée du Quai
Branly et qui proviennent de certaines tribus d’Océanie.
// Pourquoi avoir choisi ces statuettes ? Que représentent-elles ?
En classe, on peut organiser un atelier bricolage permettant à chacun de fabriquer sa
propre statuette inspirée de celles-ci :
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Parce que dans ma peau à moi un jour c’est une semaine. Un mois c’est un an.
Une année c’est comme l’éternité.
Alors j’ai pas le choix moi je veux tout ce qui passe.
Je veux tout tout de suite je veux tout au complet parce que je peux pas attendre.
- É LODIE
L
E S
S O L E I L S
P Â L E S
,
S C È N E
1 3
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É Q U I P E
A R T I S T I Q U E
L ’ A U T E U R // M A R C - A N T O I N E C Y R
Diplômé de l'École nationale de théâtre du Canada en 2000, il voyage et promène ses écrits entre le
Québec et la France. Il signe une quinzaine de textes dramatiques, tant pour le grand public que pour les
enfants. Parmi ses textes créés à la scène, mentionnons Le Fils de l'autre, Les Oiseaux du Mercredi, Je
voudrais crever, Les Flaques (ces deux derniers textes sont publiés chez Dramaturges Éditeurs).
La pièce Les soleils pâles a obtenu en 2007 le prix du meilleur texte de la relève en théâtre jeune public
du CEAD et de la Maison Théâtre à Montréal. D’autres de ses pièces ont été lues à Paris au Théâtre du
Rond-Point, au Théâtre de la Huchette, au Théâtre de l’Aquarium, au Tarmac, aux TAPS de Strasbourg
et à Act’Oral à Marseille, entre autres. Il a été accueilli en résidence à Limoges, Villepinte, Strasbourg,
Mexico et Beyrouth. Quand tu seras un homme a obtenu en avril 2009 l'Aide à la création du Centre
National du Théâtre, en plus de marquer son entrée aux éditions Quartett. Coup de cœur du comité de
lecture, le texte a été lu au Tarmac à Paris en 2010.
Le travail de Marc-Antoine Cyr a été soutenu par les Conseils des Arts du Québec et du Canada, ainsi
que par le Centre National du Livre de France. Sa dernière pièce, Fratrie, est elle aussi distinguée par le
CNT qui lui accorde pour une seconde fois l’Aide à la création. Le texte est édité en mars 2012 chez
Quartett et fera l’objet d’une double création, en France et au Québec, en 2014. En 2013, le CNT lui
accorde pour une troisième fois l’Aide à la création pour son texte Les soleils pâles.
LE METTEUR EN SCÈNE // MARC BEAUDIN
Formé entre Montréal, la France et l'Italie, il explore le monde tant par le voyage que par le théâtre.
Membre de la troupe de Pol Pelletier, il partage son temps entre le jeu, la mise en scène et les plateaux de
doublage. Il a été dirigé à Montréal et en tournée par Téo Spychalski, Peter Batakliev et Reynald
Robinson, entre autres. En Suisse, il fut d’une création de Stéphane Jacques à Genève. Il vient ensuite
parfaire sa formation à la mise en scène à Paris où il obtient un Master pro mise en scène et dramaturgie
de l’Université Paris-Ouest Nanterre-la Défense. Durant sa formation, il côtoie Philippe Adrien, David
Lescot, Jean Jourdeuil et Philippe Minyana, entre autres, et il met en scène plusieurs auteurs (Marivaux,
Lagarce, Brecht, Beckett). Il termine en présentant une maquette de son adaptation d’Océan Mer, roman
d’Alessandro Baricco. En 2010, il est l’assistant de Jacques Allaire sur Les habits neufs de l’empereur au
Studio-Théâtre de la Comédie-Française.
Parallèlement à son parcours de metteur en scène, Marc Beaudin poursuit sa carrière d’acteur et fait
partie de la troupe du Théâtre de la Huchette où il interprète le rôle du Capitaine des pompiers dans La
Cantatrice Chauve d’Eugène Ionesco et où il dirige diverses lectures sélectionnées par le comité du
théâtre. Il en est à sa deuxième collaboration artistique avec Marc-Antoine Cyr avec qui il a créé Santa
Mimosa au Théâtre des 4 Sœurs en 2003. Les soleils pâles sera sa première mise en scène en sol français.
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R APHAËLE T RUGNAN // ÉLODIE
Après une formation au Théâtre École de Montreuil, au Théâtre du Zéphyr,
puis avec Christophe Marchand (de Jacques Lecoq), elle travaille avec la
Compagnie du Fil et la Cie Lez’armuses. Elle cofonde La Fine Compagnie
(théâtre de rue et marionnettes). Elle joue dans Mystère maison, un spectacle
pour enfants de Marc Soriano. Elle travaille ensuite avec Sonia Ristíc sur
Sniper Avenue et sur l'adaptation de son roman Orages, mise en espace par
Véronique Vellard. Depuis 2005, elle travaille avec les compagnies Les
Grandes Personnes et Méliadès. Depuis 2010, elle collabore également avec la
Cie Les Anges Mi-Chus.
A NTOINE L ESIMPLE // TRISTAN
Formé à l’École régionale d’acteurs de Cannes (ERAC), il y travaille avec
Ludovic Lagarde, Laurent Poitreaux et Valérie Dréville, entre autres. Il joue
ensuite Hémon dans Antigone de Sophocle, mis en scène par Paulo Correia,
une création du Théâtre national de Nice, puis dans Edouard II de Marlowe
créé au Théâtre national de Bretagne. Il travaille également avec Jean-Louis
Raynaud pour Pendant que Marianne dort de Gilles Aufray, Jean-Pierre
Ceton dans On ne peut pas avoir écrit Lol. V Stein et désirer être encore à
l’écrire de Marguerite Duras et Samuel Bodin, entre autres. À la télé, il est le
Henry de la Lazy Company.
M ARIE C UVELIER // MADEMOISELLE FLORENCE
Au théâtre, elle a travaillé en particulier avec Philippe Mentha (Les Rustres de
Carlo Goldoni), Marcel Cuvelier (La leçon de Eugène Ionesco, Clara d’Arthur
Miller, Le domaine des femmes d'après Anton Tchekhov, L'augmentation de
Georges Pérec), Philippe Lefèvre (Le barbier de Séville de Beaumarchais),
Maurice Attias (Comme tu me veux de Luigi Pirandello), André Oumanski
(Douce de Dostoïevsky), Marie Hermès (La jeune fille Violaine de Paul
Claudel), Rachel Salik (Puck en Roumanie de Anca Visdéi), Roger Planchon
(Approches de Hölderlin de Charles Juliet, S'agite et se pavane d’Ingmar
Bergman), Nicolas Bataille (La cantatrice chauve d’Eugène Ionesco) et Laurent
Baffie (Toc Toc de Laurent Baffie).
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SCÉNOGRAPHIE ET LUMIÈRES // NICOLAS CHARLES
Après une formation littéraire et un apprentissage au Grand Théâtre de Reims, il travaille au Centre Dramatique
de Reims comme assistant lumière sur les créations de Julia Grand et Pierre Liabastre pour des mises en scène de
Christian Schiaretti. Il passe à la conception lumière en théâtre de rue avec les Compagnies Babylone, La Fine
Compagnie, et en spectacle musical avec Pony Hoax, Dominique A, Bernard Lubat, Philippe Katherine…
Constructeur de décors pour les Bâtisseurs d’Éphémère, Les anges Mi-Chus, il travaille pour la Fondation
Cartier pour des expositions consacrées à Jean-Paul Gaultier, Raymond Depardon, ou encore Agnès Varda.
COSTUMES // VÉRONIQUE DUPONT (DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE)
Après un Bac technique Habillement section modélisme, elle intègre l’ENSATT section costume. Dès sa sortie de
l’école de la rue Blanche, elle travaille dans différents ateliers de costumes avant d’entrer à la Comédie-Française
comme habilleuse. Parallèlement à son travail à la Comédie-Française et en tournée à l’étranger, elle est engagée
comme costumière sur plusieurs longs métrages et séries télé. Depuis 2001, elle est chef-habilleuse adjointe à la
Comédie-Française et continue de concevoir des costumes pour diverses productions extérieures.
ENVIRONNEMENT SONORE // GAËLLE HISPARD
Après une formation musicale au Conservatoire de Saint-Cloud, elle entame une formation à l’Université Paris
Ouest-Nanterre La-Défense où elle obtient un Master pro en mise en scène et dramaturgie en 2011. Cette double
formation, musicale et théâtrale, l’amène à collaborer à plusieurs projets comme comédienne et comme
compositeur-interprète. Elle crée l’univers sonore de plusieurs créations dont, entre autres, Kroum et
Appartement, mises en scène par Véronique Gallet. Elle joue dans Bal Trap, mis en scène par Camille Hugues,
au Ciné 13. Elle accompagne, en musique, la lecture de Histoires de la folie ordinaire, mise en lecture par Éric
Vigner au Théâtre du Rond-Point. Elle en est à sa deuxième collaboration artistique avec Marc Beaudin avec qui
elle créa la musique d’Océan Mer, présenté au BMK de Nanterre. Elle est aussi membre fondateur du groupe de
musique française Les Damoiselles.
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C O N T A C T
MARC BEAUDIN, DIRECTEUR ARTISTIQUE
06.82.48.95.15
01.77.17.39.24
[email protected]
sidengo.com/epaulejete
Les images ont été prises lors des représentations expérimentales d’avril 2012.
Crédits photographiques : Audrey Arneodo et Émile Lansman.
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