Samedi Saint – Office de la descente aux enfers Frère Jean-Christophe Matthieu 27, 57-66 Samedi 7 avril 2007 Église Saint-Gervais, Paris Notre-Dame du Samedi Saint Le voile du Temple s’est déchiré quand Jésus a remis son esprit. La terre s’est entrouverte pour accueillir en son sein Jésus, l’Envoyé du Père. Et la pierre du tombeau a été roulée. Comme une page qui se tourne. Comme la nuit qui tombe au soir du jour. En ce matin, jour de sabbat à Jérusalem, il ne reste plus que le poids du silence, de l’absence. Chacun est retourné chez soi. Jésus aussi retourne au Père. Mais il y en a une qui ne revient pas chez elle : c’est Marie, la mère de Jésus. Obéissant à l’ultime parole de Jésus – Voici ton fils –, elle a rejoint la demeure du disciple que Jésus aimait. Silence du grand sabbat où Jésus visite ceux qui sont endormis dans la mort et où Marie frappe à la porte de tous ceux qui croient en son Fils, à la porte de notre cœur pour y faire sa demeure. À la croix, quand Jésus est tout tendu vers cet Autre, son Père, il donne à sa mère un autre fils. Ce que ni la chair ni le sang ne peuvent réaliser, le Christ mourant l’accomplit. À sa mère, appauvrie même de son enfant, il donne une autre maternité Silence du grand sabbat où Jésus se présente à ceux qui gisent dans la mort comme l’aîné d’une multitude de frères et où Marie se découvre mère de tous les hommes. 1/3 Marie est associée à l’heure de son Fils. Le cri de Jésus : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? s’entrechoque en son cœur avec la parole de l’ange Gabriel à l’Annonciation : Tu enfanteras un fils. (…) Il règnera sur la maison de Jacob et son règne n’aura pas de fin (Lc 1,31-33). Dieu aurait-il repris sa promesse ? Marie croit contre toute espérance. Elle sait que rien n’est impossible à Dieu (Lc 1,39). Silence du grand sabbat où Jésus se tait et où Marie se laisse purifier jusque dans sa foi comme l’or au creuset. Marie a approché la mort de près en restant debout au pied de la croix, quand le glaive a transpercé son âme. Personne n’a pu suivre Jésus jusque dans sa mort, pas même ceux qui étaient prêts à donner leur vie pour lui. Silence du grand sabbat où Jésus est ce grain de blé jeté, seul, en terre et où Marie communie à son Fils par l’offrande d’elle-même et la prière. Marie n’assiste pas à la pâque de son Fils. Elle y participe et en est toute transformée. Déjà rachetée dès avant sa conception, elle est rachetée de surcroît au calvaire. Déjà morte avec Jésus hier, elle ressuscite déjà avec lui. Docile à Jésus, elle s’est laissée déposséder jusqu’à maintenant disparaître des Écritures. L’ultime mention de sa présence sera pour notifier sa place au milieu des croyants au Cénacle. Silence du grand sabbat où Jésus descend au plus bas de notre humanité et à Marie s’abaisse jusqu’à s’effacer avec humilité, cédant le pas à l’autre Marie, celle de Magdala, qui, au matin de Pâques, verra le Ressuscité et deviendra l’apôtre des Apôtres. 2/3 Sainte Vierge Marie, Notre-Dame du Samedi Saint, Notre-Dame de l’espérance, Notre-Dame de la foi nue, prie pour nous maintenant et à l’heure de notre mort. Amen. FMJ – Tous droits réservés. 3/3