Hamlet
D’après William Shakespeare
M. e. s. Jean-Luc Revol / Philippe Torreton
Théâtre
2 et 3 février à 20h
www.forum-meyrin.ch
Contact presse: 022 989 34 00
Ushanga Elébé / [email protected]
Delphine Neuenschwander /
L’histoire
La tragédie d’Hamlet, prince du Danemark, est la plus longue et l’une des plus célèbres pièces de
William Shakespeare. La date exacte de composition n’est pas connue avec précision, la première
représentation se situe sûrement entre 1598 et 1601. Le texte fut publié en 1603.
Le roi du Danemark, le père d’Hamlet, est mort récemment. Son frère Claudius l’a remplacé
comme roi et, moins de deux mois après, il a épousé Gertrude, la veuve de son frère. Le spectre
du roi apparaît alors et révèle à son ls qu’il a été tué par Claudius. Hamlet doit venger son père et,
pour mener à bien sa tâche, simule la folie. Mais il semble incapable d’agir et, devant l’étrangeté
de son comportement, on en vient à se demander dans quelle mesure il a conservé sa raison.
On met cette folie passagère sur le compte de l’amour qu’il porterait à Ophélie, lle de Polonius,
chambellan et conseiller du roi.
Hamlet a fait l’objet d’analyses critiques extrêmement nombreuses et variées, psychanalytiques,
thématiques, stylistiques, historiques...
La note d’intention
Le spectre en ce château
Il y a une multitude de questions et de problèmes insolubles soulevés dans Hamlet. Et je ne crois
pas que l’on trouve la réelle « signication » de la pièce en trouvant les réponses à ces problèmes.
Au contraire. Il vaut mieux essayer de comprendre les sentiments qui sous-tendent les personnages
et qui les poussent à poser ces questions et qui font de Hamlet une des pièces les plus étouffantes
et les plus « claustrophobiques » de Shakespeare. En tout cas pour les personnages (pas pour
les spectateurs !).
« Hamlet, venge-toi ! »
Hamlet est une pièce bâtie sur la vengeance. Souvent, une tragédie de la vengeance aboutie à
une purication. Ici les choses sont plus complexes. Car cette vengeance étouffe tout héroïsme
et toute noblesse. Seuls règnent le soupçon et la trahison des volontés brisées. De ce fait, il est
difcile de sympathiser d’emblée avec le héros puisqu’il est à la fois l’assassin de Polonius et le
vengeur de son père dans l’histoire principale.
Mais qui est Hamlet ? Peut-être simplement un esprit titanesque qui se débat dans la prison de
son être… Mais dans cette prison, n’est-il pas le roi d’un espace inni ? On peut alors penser que
c’est un être naïf et mélancolique, perpétuellement tiraillé entre conscience et action. Il accepte la
situation qui lui est imposée tout en se révoltant contre elle, en restant extérieur au rôle qu’on veut
lui faire jouer, tout en le dépassant.
Mais c’est aussi un étudiant et ses plaisirs appartiennent à la vie de l’esprit. De ce fait, l’appel
à la vengeance du spectre, dans son aspect primitif, ne donne aucun aliment à la vie intérieure
d’Hamlet, elle distille simplement une terrible ambiguïté entre la vie et la mort qui transforme la
pièce en un labyrinthe cauchemardesque sans issues.
Introduite par le fantastique (tout comme Macbeth), la pièce est aussi une grande pièce politique. La
peur, au château d’Elseneur, ronge tout et la politique pèse sur chaque sentiment. Les personnages
en sont asphyxiés jusqu’à la folie. Tous se surveillent et s’épient. Jusqu’au carnage nal et l’arrivée
du jeune Fortinbras qui balaiera les cadavres et se positionnera en nouveau chef de le. Elseneur
est une réduction du mécanisme de la terreur. Une dictature miniature. Il n’y a plus de place pour
l’amour. Hamlet se dissimule derrière le masque de la folie pour mieux accomplir son coup d’état.
Et c’est cette vengeance politique qui tue tous les autres sentiments, car à ce stade-là, la politique
devient elle-même une terriante folie. La question bien sûr étant : Hamlet est-il réellement fou ?
Elseneur, un rêve de glace fantomatique
Hamlet se déroule au château d’Elseneur, au Danemark…
L’espace sera organisé en fonction de l’architecture même du lieu. Un sol travaillé sur le plateau
dans l’espace devant le perron du château. Mosaïque somptueuse mais glaciale de grande salle
de banquet. Autour, de la terre battue, car on enterre beaucoup autour du château… L’ambiance se
doit d’être fantastique… Peut-être un arbre enneigé lui aussi en arrière-plan (au niveau du perron)…
Une atmosphère de danse macabre soulignée, par les lumières délicates de Bertrand Couderc.
Mais ce ne sera pas pour autant une vision ultra-réaliste. Nous essaierons de nous approcher
d’un Elseneur enneigé imaginaire, comme lorsque Fellini pouvait rêver la Venise enneigée du
Casanova. On pourrait même imaginer une tempête de neige faisant appel à la grande machinerie
du théâtre, avec ventilateurs apparents et bruits de tôles !
Il y aura peu de choses en scène, à part le nécessaire (sièges, paravent…). Privilégier les corps
et la parole des acteurs… Laisser l’espace le plus ouvert possible... L’éclatement mental d’Hamlet
correspondant à la multitude des lieux intérieurs/extérieurs (Château intérieur/extérieur, cimetière,
rempart, lande…). Nous utiliserons la façade et nous l’éclairerons comme une vision de château
fantomatique et irréelle, une illusion de château… N’oublions pas qu’Hamlet est une tragédie qui
emprunte constamment au fantastique…
J’aimerais que les costumes de la cour soient surchargés de brocards et de fourrure, mêlant
l’inspiration du siècle d’or espagnol à la rudesse nordique, et en totale rupture avec ceux des
autres personnages (fossoyeurs, prêtres, soldats, comédiens ambulants…), comme une lignée
en n de race vivant leur dernières heures avec somptuosité. Mais évidemment, il ne s’agit pas de
faire « le musée du costume ». Plutôt d’inventer aussi une imagerie de ce que pourrait être cette
cour d’Elseneur.
Jean-Luc Revol, septembre 2010
Pourquoi jouer Hamlet ?
Cette question n’a presque pas de sens, pourquoi ne pas vouloir jouer Hamlet aurait plus de
pertinence. Cette pièce contient le théâtre et, contenant le théâtre, elle contient le monde comme
cette coquille de noix renfermant un royaume inni.
Travailler sur Hamlet est une preuve de vie, une épreuve de vie. C’est s’atteler à une monture dont
on ne descendra sans doute jamais. C’est accepter d’avance que l’on se questionnera toujours.
Car travailler sur Hamlet revient à déposer ses maigres bagages devant tout le monde et dire tout
haut son impuissance.
Être sûr que de ce que l’on dit aux saltimbanques, sur l’art de jouer et de représenter et se retrouver
inrme l’instant d’après une fois le comédien parti. Posséder le verbe mais que le verbe. Tomber
dans tous les pièges du terrible vivant. Hamlet c’est nous toujours à jamais. C’est nous face au
monde qui n’en ni tellement pas de ne pas nous correspondre. Jouer Hamlet c’est être.
Philippe Torreton, septembre 2010
Les biographies
Jean-Luc Revol, metteur en scène
Jean-Luc Revol mène une double carrière de metteur en scène et de comédien. Il crée la compagnie
T.C.F. Théâtre du Caramel fou en 1986 en Bourgogne, qui est aujourd’hui toujours ancrée à
Nevers et conventionnée par le Ministère de la Culture – DRAC Bourgogne.
Dans ses mises en scène, il explore d’abord des textes contemporains : trois de ses textes Side-
Car, Pacic-Champagne et Ciné-Mondes, Une Station-service de Gildas Bourdet, Chambres de
Philippe Minyana. A partir de 1991, il s’oriente vers une recherche d’œuvres méconnues d’auteurs
illustres : Le Théâtre de foire de Lesage, La Princesse d’Elide de Molière, La Comédie des erreurs
de William Shakespeare, Le Plus heureux des trois d’Eugène Labiche. Parallèlement, il entame
un long travail autour de Marivaux avec Le petit-maître corrigé, L’indigent chevalier, L’heureux
stratagème. En 1995-1996, il monte Les heures blêmes d’après les nouvelles de Dorothy Parker.
Les années 1997-1999 sont marquées par une étroite collaboration avec le Théâtre National de
Marseille La Criée et la création de La Tempête de William Shakespeare avec Michel Duchaussoy,
Jean Marais, puis Georges Wilson et Les 30 millions de Gladiator d’Eugène Labiche. Il met en
scène Une Souris verte de Douglas Carter Beane (2008), Le Cabaret des hommes perdus de
Christian Siméon (2006), Vincent River de Philip Ridley, avec Cyrille Thouvenin et Marianne Epin
(2005).
A la Maison de la Culture de Nevers, il met en scène Le Préjugé vaincu de Marivaux (2007), La
Fameuse invasion de la Sicile par les ours d’après Dino Buzzati (2003-2004), Conquistadores
d’après Antoine Martin (2003), Visiteurs de Botho Strauss (2002), Tartuffe ou l’imposteur de
Molière, avec Xavier Gallais (2001), Le Voyage en Italique de Lydie Agaesse (2001) et La Farce
enfantine de la tête du dragon de Ramon del Valle Inclan (2000).
Hors du T.C.F., il met en scène La Valse à Manhattan d’Ernest Thompson, adaptée par Michel
Blanc, avec Danièle Darrieux et Dominique Lavanant (2001), Qui a peur de Virginia Woolf ?
d’Edward Albee avec Judith Magre et Niels Arestrup (1997-1998).
Il a également mis en scène des opéras et des spectacles musicaux : D’Amour et d’Offenbach de
Tom Jones, adaptation de Stéphane Laporte (2006), Le Toréador d’Adolphe Adam (2004), Don
Pasquale de Donizetti (2002), Al-Andaluz, Le Jardin des lumières de Christina Rosmini et Daniel
San Pedro (2002), Les Péchés de vieillesse de Gioachino Rossini avec le Pôle d’Art vocal de
Bourgogne (2001), Le Manège de glace de Manon Landowski (1997) et La Fille de Mme Angot de
Charles Lecoq (1993).
Il a été collaborateur artistique de Philippe Torreton sur Don Juan de Molière (2007).
Au théâtre, il est dirigé notamment par Philippe Calvario, Jean Macqueron, Christian Sinniger,
Christophe Lidon, Olivier Breitman, Gil Galliot, Jacques Fabbri, Pierre Naftule (comédie musicale),
Georges Bonnaud, Robert Hossein, Gilles Gleize, Raymond Acquaviva.
Pour le cinéma et la télévision, il est dirigé par Marcel Bluwal, Jean-Daniel Verhaeghe, Marie-
Pascale Osterrieth, Pascal Heylbroeck, Stéphane Kappes, Bertrand van Effenterre, Patrick
Martineau, Pierre Boutron, Paul Carpita, Laurent Dussault, Jean-Michel Ribes, Benoît Cohen,
Pierre Tchernia, Gilles Béhat, Josée Dayan, Françoise Etchegarray, Eric Rohmer qu’il assiste sur
Le Conte d’hiver et Les Jeux de société et Haydée Caillot qu’il assiste sur Les Volets bleus.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !