Jeanne obtient le titre de comtesse du Barry. Maîtresse choyée d’un roi taciturne et triste
qu’elle égaie, Jeanne évolue en mécène éclairée. Elle s’intéresse peu à la politique mais
supporte le parti du maréchal duc de Richelieu, son ancien galant, contre le parti du duc de
Choiseul.
Pour avoir voulu la guerre contre les Anglais, Choiseul est écarté. La comtesse Jeanne du
Barry règne alors sur Versailles et sur le cœur du roi :
« (…) Sa majesté a souri et m’a dit qu’elle ne pouvoit rien me refuser (…) »(5).
Mais Louis XV meurt trop tôt, le 10 mai 1774, laissant un successeur bien jeune : Louis XVI
est peu préparé à poursuivre les réformes commencées par son grand-père, Louis XV. Peu
appréciée de Marie-Antoinette, la nouvelle souveraine, Jeanne du Barry est chassée de
Versailles et trouve refuge dans son château de Louveciennes (Yvelines), cadeau de Louis
XV.
Le vol
Jeanne du Barry est âgée d’une cinquantaine d’années à l’aube de la Révolution française ; la
demeure de Louveciennes, quelques rentes et ses bijoux lui assurent une fin de vie aisée.
Elle garde ses diamants et ses perles dans sa chambre. Elle en a aussi dissimulé dans le
jardin…
Le 11 janvier 1791, Jeanne part fêter l’Epiphanie. A son retour, bijoux et objets précieux ont
disparu.
Un procès-verbal détaillé est dressé par la maréchaussée ce 11 janvier et relate le vol.
A l’origine, Jeanne du Barry n’avait ni rang, ni fortune. Le vol d’une partie de son trésor (d’une
valeur actuelle d’environ 60 millions d’euros) la prive du lustre qu'elle a acquis.
Jeanne du Barry ne cessera de multiplier les
démarches pour retrouver son bien.
La comtesse fait distribuer une liste précise des
pierres volées dans les postes de police et chez les diamantaires français et
étrangers, avec promesse de récompense.
Les pierres sont retrouvées assez rapidement à Londres et déposées dans une
banque anglaise. Les voleurs sont emprisonnés mais, au XVIIIe siècle, les
conditions d’extradition entre la France et l’Angleterre sont inexistantes : les
voleurs, arrêtés en Angleterre, doivent purger leur peine en Angleterre, pour
recel, avant de retourner (de leur plein gré) en France pour être jugés pour vol…
et pour que Jeanne puisse se faire restituer ses pierres par la banque.
En ces temps troublés, la quête agitée de Jeanne du Barry va faire porter
l’attention sur elle.
Les voyages en Angleterre
Plongée dans ce labyrinthe juridictionnel, en pleine Révolution française, Jeanne du Barry va effectuer pas moins de quatre
voyages entre la France et l’Angleterre, entre 1791 et 1793 dans l’espoir de récupérer son bien. Pour sortir du territoire
français, elle doit obtenir des papiers dans un contexte qui se durcit vis-à-vis des aristocrates émigrés.
Durant ses séjours en Angleterre, elle s’installe dans un quartier où logent ses concitoyens, des émigrés parfois en
mauvaise posture et à qui elle offre gite et couvert. Résidant en Angleterre lors de la décapitation du roi Louis XVI, le 21
janvier 1793, Jeanne du Barry n'hésite pas à en porter le deuil.