
nent pas, les investisseurs n’investissent pas et les banques ne prêtent pas.
Nous sommes face à une paralysie presque totale… » 11.
C’est en fait le scénario du pire, qui crée les dépressions – qui n’est par ha-
sard un mot venu de la psychiatrie. Et, en effet, les marchés et les bourses ne
connaissent que deux états : maniaque et dépressif. Si on laisse la maladie se
développer ; on arrive à ce que nous vivons aujourd’hui.
On pourrait penser que les banques spéculatives ont tiré les leçons de leur
mésaventure. Si seulement c’était un casino, comme le pensent beaucoup !
Mais il s’agit d’une véritable industrie nancière qui – mue par la chasse à
l’argent rapide – a continué (ou presque) comme avant 2008. Voir l’UBS, où
la direction de la banque laisse un jeune joueur jouer pour son propre compte
aussi longtemps que cela marche. Si cela va mal, on le fait arrêter.
Comme au cours de la crise mondiale de 1929, il manque au minimum des
règles strictes – si on considère qu’on ne peut pas se débarrasser tout de suite
du capitalisme comme système. Aux États-Unis, le Glass-Seagal Act a tracé
une frontière stricte entre banques d’investissement et banques commerciales
« normales ». L’abrogation de cette loi en 1999 sous Bill Clinton a contribué
largement à la gravité de la crise de 2008.
Le secteur nancier, qui a grandi de façon gigantesque, est enchâssé dans
un nouveau système capitaliste où le secteur industriel est négligé car les di-
videndes tirés de l’investissement nancier sont nettement plus élevés. Pour
l’économie réelle, on a inventé de nouvelles « théories » comme celle de la
valeur pour l’actionnaire, où le gain rapide à n’importe quel prix a été élevé
en principe suprême. Là encore, ce sont principalement les investisseurs -
nanciers (banques, fonds, assurances) qui en ont tiré prot.
Dans les pays industrialisés, tout cela a conduit à la baisse de la part des
salaires. Aux États-Unis, l’écart entre pauvres et riches, écrit même la Neue
Zür cher Zeitung (NZZ), serait « entre-temps devenu plus élevé que dans les
républiques bananières traditionnelles ». Le 1 % le plus riche de la population
américaine accapare aujourd’hui (chiffres de 2007) plus de 18 % du revenu
national. Les salaires les plus élevés équivalent à 531 fois le salaire moyen.
En 1980, le rapport était encore de 1 à 4112. Il est intéressant de noter qu’en
1929, cette extrême répartition des revenus était semblable à ce qu’elle est
aujourd’hui. Le 1 % le plus favorisé accaparait 18,4 % de tous les revenus,
contre 18,3 % en 200713. Il serait intéressant de savoir, pour la recherche sur
les causes des crises nancières, si une telle conguration porte en germe la
formation de bulles spéculatives.
Dans une économie fermée, on devrait assister à une inévitable crise de
sous-consommation. Le néolibéralisme a résolu le problème de façon « créa-
tive » : la délocalisation de la production dans des pays à faibles salaires a
ouvert un espace pour la baisse des salaires réels dans les économies riches,
ce qui permet et élargit les comportements traditionnels de consommation.